La Coupe de France « fête nationale du football français » dans l'entre-deux-guerres
p. 95-109
Texte intégral
1La Coupe de France ou plus exactement sa finale disputée au mois d'avril ou de mai, a constitué l'un des événements sportifs les plus populaires de la France de l'entre-deux-guerres avec le Tour de France cycliste. Fête de printemps clôturant pour partie la saison du football, jeu d'automne et d'hiver, quand la « Grande Boucle » consiste en un long festival d'été, elle est surnommée par la presse sportive et la direction de la Fédération française de football association (FFFA) « la fête nationale du football français » par analogie au 14 juillet et... au Tour de France.
2Malgré son caractère « français » la rencontre terminale de cette compétition et l'épreuve en elle-même ne peuvent être appréhendées comme un objet historique sans avoir recours à une perspective comparative. En effet, loin d'être une invention hexagonale, ce qui fut initialement la Coupe Charles Simon du nom du secrétaire-général de la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France (FGSPF) et président fondateur du Comité français interfédéral (CFI), tombé près d'Arras le 15 juin 1915, a d'abord été pensé comme la réplique la plus exacte possible de la compétition admirée par les footballeurs-sportsmen du début du vingtième siècle : la FA Cup autrement dit Coupe d'Angleterre. De fait, parmi les nombreux avatars de la première épreuve « nationale » de l'histoire du football, créée elle, dès la saison 1871-1872, la Coupe de France a sans doute été celui qui a connu le succès populaire le plus grand, bien supérieur à celui de la Kronprinzpokal créée en 1909, et qui, patronnée par le prince-hériter Guillaume de Prusse, opposait des équipes régionales, ou de la Coppa Italia à l'existence intermittente entre 1922 et 1958.
3À ce titre, la version française de la FA Cup offre un excellent point d'observation des processus de transfert culturel à l'œuvre dans le champ du sport. Au cœur de ce processus qui structure une partie des débuts du sport moderne sur le continent européen, doit être d'abord identifiée une variante de l'anglomanie sportive. Non pas la fascination élitaire d'un Pierre de Coubertin puisant dans le modèle des public schools l'inspiration de son projet de « chevalerie sportive1 », mais bien plutôt un regard vers le bas, une curiosité pour le divertissement et la passion d'un prolétariat pacifié et une excellence sportive au professionnalisme assumé. L'objet « Coupe de France » permet ensuite d'aborder un moment encore peu étudié du sport français : la Grande Guerre au cours de laquelle se cristallisent les mutations émergeant depuis 1910 environ, en particulier le succès croissant de l'« association » symbole et vecteur de la démocratisation du sport et de l'essor de la presse sportive. Le chercheur doit enfin sonder l'insertion de l'imaginaire construit autour et par la Coupe de France dans la culture républicaine dont l'hégémonie sort renforcée du premier conflit mondial, avant de s'effriter partiellement pendant l'entre-deux-guerres. En d'autres termes, l'importation et l'acculturation d'une épreuve passant pour éminemment anglaise aura emprunté deux spécificités culturelles et politiques de la France de la Troisième République : la mise en scène du spectacle sportif par les vecteurs de la culture de masse apparus depuis la seconde moitié du xixe siècle, notamment une presse sportive particulièrement vigoureuse en France, et les rituels de la fête républicaine renouvelés et aussi assombris par l'épreuve de la Grande Guerre.
La Coupe de France et l'anglomanie sportive
4Le 28 décembre 1916, la direction de la FGSPF décida donc d'organiser une compétition commémorant la mémoire de Charles Simon, son actif secrétaire-général, grand apôtre du football association2. Lancée à l'automne 1917, la première édition réunit plus de 48 clubs et s'acheva le 5 mai 1918 par la victoire de l'Olympique de Paris 3-0 sur la formation du FC Lyon au stade de la Légion Saint-Michel dans le quinzième arrondissement de Paris. La saison suivante, 59 équipes se disputèrent le trophée offert par le docteur Michaux, président de la FGSPF, finalement remporté (3-1) par le CASG, le club de la Société Générale, face à l'Olympique de Paris devant 8 000 spectateurs réunis au Parc des Princes.
5Si un tel parterre de spectateurs constituait une forte affluence au regard de la diffusion du football en France, il correspondait alors en Angleterre à une partie de troisième rang. De fait, la finale de la FA Cup ainsi que les principaux matchs de la Ligue professionnelle attiraient plusieurs dizaines de milliers de spectateurs depuis les années 1890. Ainsi, la rencontre conclusive de la Coupe d'Angleterre remportée par Aston Villa face à West Bromwich Albion dans le stade de Crystal Palace avait été suivie, en avril 1895, par 42 000 personnes venues en grande partie de Birmingham, la métropole industrielle des Midlands. Or, c'est ce succès populaire de la « tradition » sportive « inventée » d'outre-Manche que les membres de la FGSPF et du CFI cherchaient à égaler.
6En effet, depuis la première décennie du vingtième siècle, l'épreuve modelée sur la « cock house competition » du collège d'Harrow3 faisait l'objet d'une curiosité croissante sur la rive sud de la Manche. C'était celle d'un Henri Delaunay secrétaire-général de la FFFA qui, en 1927 juste avant la première finale honorée par la présence du président de la République Gaston Doumergue, rappelait ses souvenirs émus d'adolescent :
« Quand à l'âge de 17 ans je vis, pour la première fois, en la capitale du Pays du football une finale de Coupe et que, noyé dans le flot humain qui avait envahi les gradins de Crystal Palace, je contemplais de loin la "Challenge Cup" et la tribune royale, je pensais avec mélancolie à notre football d'alors4 ! »
7C'était également l'intérêt et la fascination croissants des principaux périodiques sportifs français pour cette épreuve, allant de l'organe de l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA), Tous les Sports, au quotidien L'Auto, en passant par l'hebdomadaire des sportsmen, La Vie au Grand Air, publié par les éditions Pierre Laffitte.
8À l'approche de la guerre, le quotidien dirigé par Henri Desgrange organisa ainsi un convoi « d'excursionnistes » pour aller suivre la finale opposant Barnsley à West Bromwich Albion le 20 avril 1912, match qui s'acheva sur un score de parité de 0 à 0. L'intérêt principal du voyage résidait dans la possibilité d'assister à « la plus formidable partie de ballon rond de l'année5 », autrement dit de voir à l'œuvre les as britanniques et non les ersatz amateurs ou professionnels venus prendre des vacances au frais des spectateurs et des clubs français.
9Outre l'excellence sportive, la finale de la compétition offrait aussi un intérêt « sociologique » voire « ethnologique ». La foule se rendant dans ce qui était alors le plus grand stade de Londres, l'enceinte de Crystal Palace dont la capacité dépassait les 100 000 spectateurs, était un spectacle en soi dans lequel on pouvait lire les différentes identités régionales d'Albion :
« Longues caravanes de promeneurs — notait l'envoyé de L'Auto Robert Desmarest — aux figures fatiguées témoignage d'une longue nuit de chemin de fer : ce sont les provinciaux qui viennent du Yorkshire et qui portent les couleurs de Barnsley, leur champion ; et les supporters de West Bromwich, venus de Birmingham et qui ont la boutonnière fleurie de fleurs "bleu et blanc6". »
10De fait, la finale de la Cup consentait au journaliste parti inspecter les « populaires » de peindre quelques tableaux de l'Angleterre populaire sans la noirceur des romans de Dickens : « chanteurs ambulants », vendeurs « de tuyaux pour les courses de Derby » ou encore « supporters munis de cloches, crécelles, ombrelles et chapeaux aux couleurs des clubs » offraient un spectacle autrement pittoresque que les maigres foules françaises.
11Pourtant, le ballon rond gagnait du terrain sur le continent : ainsi, en mars 1914, partant du constat que désormais les « joueurs d'association » étaient « plus nombreux que les joueurs de rugby7 », La Vie au grand air consacra un numéro spécial à « l'association triomphante ». Pour appuyer le panégyrique du football-association récité par les premières vedettes du ballon rond hexagonal Pierre Chayriguès, Gabriel Hanot ou Henri Bard, l'hebdomadaire proposait à ses lecteurs un reportage du même Robert Desmarest sur la « fête sportive nationale » qu'incarnait pour le journaliste la finale de la FA Cup.
12Pour synthétiser ce regard continental, l'intérêt de la Cup résidait en trois points : tout d'abord, la finale donnait une légitimité nationale au football association, puisque « chaque sport [avait] pour le glorifier une épreuve capitale8 ». Ensuite, les retombées économiques semblaient immenses : la finale disputée dans le stade de Crystal Palace réunissait plus de 125 000 spectateurs, contre des foules allant de 500 à 7 000 spectateurs en France. L'habile répartition des recettes permettait ainsi aux meilleurs clubs d'améliorer la préparation de leurs joueurs : « Les clubs riches — insistait Desmarest — envoient leurs joueurs sur des plages réputées pour la douceur de leur climat, et là l'entraînement bat son plein, sous l'œil vigilant du manager, de l'entraîneur et de quelques directeurs du club9. »
13Enfin, le troisième intérêt regardait le comportement de la foule. En effet, loin des excès du premier hooliganisme des années 1880-189010, la finale était suivie fort civilement par la foule des populaires qui « au coup de sifflet final, [...] se [ruait] vers la tribune présidentielle pour assister à la présentation de la Cup, puis sans heurts, ces milliers s'en [allaient] prendre tranquillement leur train ». La crainte « fin de siècle » de la foule « femelle et irrationnelle11 », exprimée également outre-Manche selon Tony Mason12, et qui se serait inscrite selon Alain Ehrenberg dans les plans des stades du début du vingtième siècle13, affleurait donc très discrètement pour prouver que le sport n'avait plus rien à craindre, tant les supporters anglais avaient tempéré leurs mœurs. Ainsi, par le miracle du sport, les classes laborieuses n'étaient plus les classes dangereuses, la respectabilité du public rejaillissant tout entière sur le prolétariat, puisque le roi Georges V vint assister à la finale de l'épreuve en 1914. En retour, la déférence manifestée par le public populaire, illustrait le consensus monarchique et le respect du bien fondé d'une société de classe par les ouvriers.
14Dans l'après-guerre, alors que la Coupe de France était bien lancée, la presse et les institutions sportives françaises mais aussi européennes continuèrent à rechercher dans la finale de la Cup le modèle organisationnel et comportemental, en particulier lors de l'inauguration du stade de Wembley lors de la finale de 1923, quand 180 000 spectateurs, ayant pénétré dans une enceinte de 120 000 places, se rangèrent pacifiquement aux ordres de la police, alors qu'au même moment sur le continent, des foules hostiles, conspuaient voire poursuivaient plus ou moins violemment l'arbitre14. Ainsi en janvier 1929, à la fin d'un seizième de finale de Coupe de France opposant Amiens au Havre, les supporters normands, mécontents de l'arbitrage, envahirent la pelouse du stade de Rouen, avant de faire le siège des vestiaires où s'était réfugié le trio arbitral pendant plus d'une heure15.
15En tout cas, au-delà des quelques fautes de goût des spectateurs français, la presse sportive se plaisait à souligner que l'épreuve constituait « la juste reproduction de cette grande Coupe d'Angleterre16 » alors que le partenaire officiel de la compétition, le quotidien Le Petit Parisien, avançait même qu'avec la FA Cup, la Coupe de France était « la plus importante épreuve de ce genre dans le monde17 ». De même, la présence à partir de 1927 du président de la République française, le radical Gaston Doumergue, constituait l'envers républicain du patronage du roi George V ou de ses fils.
La redéfinition d'une tradition sportive entre tranchées et rotatives
16Dans le premier article « historique » consacré à la compétition, Didier Braun a rappelé avec raison que l'invention de la Coupe de France eut fort à voir avec « la guerre des associations » que se livraient l'USFSA, la FGSPF et la Ligue de football association (LFA) pour le contrôle du ballon rond hexagonal18. Nous ne reviendrons pas sur les péripéties de cet affrontement, qui puisait une partie de ses origines dans la scission intervenue entre amateurs et professionnels anglais en juillet 1907 et qui provoqua la sortie de l'USFSA de la FIFA en 1908 par solidarité avec les « puristes » du football d'outre-Manche19. Malgré la réunion finale, avec l'adhésion de l'USFSA, des différents protagonistes au sein du CFI en 1913, il est clair que les différends étaient loin d'être réglés au moment de l'invasion de la Belgique par l'Allemagne. D'ailleurs, dès les premiers mois du conflit, les trois grandes fédérations administrant en France le football mirent sur pied des compétitions « de guerre » : l'USFSA organisait ainsi une Coupe nationale disputée par « les équipes premières, deuxièmes et troisièmes » (séparées) et une Coupe des alliés, la LFA avait créé le Challenge La Renommée « disputé par les équipes premières et inférieures », alors que la FGSPF organisait également sa Coupe nationale20.
17De plus, le CFI avait lancé depuis 1907 un « Trophée de France » auquel participaient les équipes des différentes fédérations adhérant progressivement à l'organisme trait-d'union fondé un an plus tôt. Or, en janvier 1915, Frantz Reichel, le sportsman « unioniste » dont le cœur balançait entre le rigorisme de l'ovale et les séductions du ballon rond, constatant que le Trophée ne pouvait plus être organisé en temps de guerre, proposa tout simplement au Bureau du Conseil de l'USFSA de créer une « Coupe Interfédérale » organisée chez « nous », c'est-à-dire au sein de l'USFSA mais « avec les autres fédérations affiliées au CFI » et sous le contrôle du CFI21. Autrement dit, sous des apparences de légalité, il s'agissait de reprendre la main face à un Comité, le CFI, et une Ligue, la LFA, qui tendaient à devenir les organes directeurs du football-association, en accaparant la compétition unitaire. Et dans le même esprit, Reichel conseilla par écrit en juillet 1915 aux membres du Bureau de l'USFSA, au lendemain de la mort de Charles Simon, que l'on « veille à ce qu'il ne soit pas pourvu à son remplacement22 », afin d'attendre la fin du conflit pour prendre la direction du CFI. En fait, tout au long de la guerre, les membres du bureau de l'USFSA menèrent une guerre sournoise pour réduire le rayonnement du CFI et de son influent secrétaire-général Henri Delaunay.
18On comprendra donc que la création de la Coupe Charles Simon porteuse de la mémoire d'un grand dirigeant du sport français et devant prendre la dénomination de « Coupe de France pour l'après-guerre23 », n'ait guère satisfait Frantz Reichel. S'opposant à l'accord de partenariat en passe d'être signé avec le mensuel Lectures pour Tous du groupe Hachette, Reichel rencontra Jules Rimet le 15 février 1917 à proximité des lignes de front où tous deux étaient engagés pour lui dire, selon le futur président de la FIFA, « des choses désagréables à propos des négociations préalables à l'épreuve en question ». Il lui parut « violemment opposé [au] contrat24 » qui stipulait que Hachette verserait une somme de 5 000 francs « destinée à assurer en tout ou en partie les frais divers qu'entraîner[ait] pour le CFI cette organisation et notamment les frais de déplacement des équipes », sans compter les breloques offertes aux joueurs des deux équipes finalistes et un trophée en réduction25. De fait, selon Delaunay, Reichel aurait souhaité que l'argent de Hachette vienne soutenir le rugby26.
19Quoi qu'il en soit, ce contrat, aussi modeste fût-il, consacrait l'inscription du sport et du football dans la culture de masse, puisque Lectures pour Tous était alors l'un des premiers périodiques de vulgarisation littéraire et scientifique. Ainsi, symboliquement, la partie était perdue pour les hérauts d'un sport pur, c'est-à-dire amateur et préservé des excès du sport-spectacle, qu'auraient incarné les rugbymen des clubs parisiens tels que le Racing Club de France, le Stade Français ou encore le SCUF, face aux tenants d'un sport plus populaire, en l'occurrence le football-association, et acceptant tacitement le professionnalisme. D'ailleurs, « l'ère du poilu sportif », pour reprendre l'expression d'Alfred Wahl27, avait surtout été celle du « footballeur soldat » : la guerre de masse avait en quelque sorte eu pour conséquence la diffusion de ce sport simple à comprendre et à pratiquer28 et entamé ainsi une standardisation des jeux populaires que l'hégémonie du football-association en tant que sport de masse allait consacrer pendant l'entre-deux-guerres.
20De même, Henri Delaunay reprenait-il la formule à succès du Tour de France qui consistait dans l'association d'un titre de presse avec une compétition à connotation nationale29, même si cette interaction entre la presse et les milieux sportifs se déclinait ici sur un mode mineur. Avant même que la culture républicaine ne vienne imprégner le rituel de la finale dans l'entre-deux-guerres, l'acculturation d'une compétition étrangère, la FA Cup, passait donc par l'association très française d'une épreuve sportive avec un groupe de presse.
21Si la nature éclectique de Lectures pour Tous entraîna l'arrêt, en 1921, de la collaboration avec ce qui était devenu le 7 avril 1919 la Fédération française de football association (FFFA) et le passage de témoin à un titre plus approprié, la Vie au grand air des éditions Pierre Laffitte groupe racheté par... Hachette en 1916, puis à l'hebdomadaire Sporting, la logique des « rotatives » aboutit à la signature, en 1923, d'un partenariat avec le premier quotidien français Le Petit Parisien héritier de la presse à un sou du xixe siècle et quotidien populaire par excellence. Contre la somme de 20 000 francs annuels et la fourniture d'une réduction de la Coupe et de breloques aux joueurs d'une valeur totale de 10 000 francs, la fédération s'engageait à faire « figurer sur toutes ses affiches d'annonce de matches, sur les feuilles d'arbitrage, feuilles de recette, sur les milliers de tickets d'entrée et tous les imprimés, que la Coupe de France [était] organisée par la Fédération Française de Football avec le concours du Petit Parisien30 ». Par la grâce d'un partenariat qui dura jusqu'en 1944, le nom du Petit Parisien fut toujours associé à l'organisation de l'épreuve au même titre que celui de la FFFA, sur un mode certes moins exclusif que la relation unissant le Tour de France à L'Auto.
Du roi au président : la « fête nationale » du football français
22Le succès populaire de la finale de la Coupe de France ne cessa de croître au cours des années 1920, surtout à partir de 1924 lorsque, après quelques années de tribulations qui virent l'événement sportif se jouer au stade Bergeyre situé aux Buttes-Chaumont à Paris, puis au stade Pershing construit dans le bois de Vincennes pour les Jeux interalliés de 1919, le stade de Colombes fut retenu comme cadre unique du terme de la compétition. D'une capacité de 60 000 places, fonctionnel et accessible depuis la gare Saint-Lazare31, l'enceinte pouvait désormais accueillir des foules s'approchant du modèle anglais, même si depuis 1923 la FA disposait avec Wembley d'un stade dont la capacité était deux fois plus grande. En tout cas, dès 1922, la finale réunit plus de 25 000 spectateurs, environ 30 000 cinq ans plus tard, pour atteindre presque le chiffre de 40 000 le 5 mai 1936, avec 39 726 spectateurs payants32. De plus, cette rencontre annuelle constituait un événement bien plus populaire que la finale du championnat de France dont la dernière édition, dans le cadre du premier championnat professionnel, n'avait attiré à Colombes que 12 000 spectateurs33. Si les sommets anglais étaient loin d'être égalés, ce n'était pas moins la population d'une ville que, selon Le Petit Parisien, « le grand stade ovale baigné de soleil déversait sur les routes34 » à la fin de la partie. Aussi, la presse sportive ainsi que la « cheville-ouvrière » de la FFFA, Henri Delaunay, se plaisaient à souligner les recettes au guichet qui à partir de 1934 atteignait presque le demi-million de francs et qui, depuis 1922, avaient été multipliées, en francs nominaux, par cinq35.
Recettes de la Coupe de France dans l'entre-deux-guerres en francs

Sources : Almanach-Guide de football saison 1936-1937.
23Toutefois, au-delà de montants censés prouver le succès populaire de la manifestation, la presse et la FFFA n'avaient de cesse de présenter la Coupe comme la « fête nationale du football », à l'instar d'un Henri Desgrange vantant le Tour comme « la fête nationale de la bicyclette36 ». Avant même que Gaston Doumergue ne vienne présider la finale, celle-ci fut consacrée « fête nationale », notamment en avril 1924 quand, pour la première fois dans la courte histoire de l'épreuve, « la province [allait] gagner la Coupe de France » puisque le match opposait le FC Cette (Sète) à son voisin l'Olympique de Marseille (OM)37. Dès lors, les confrontations proposées par le match ultime auraient pu illustrer un nouveau « Tour de France par deux enfants ». Ainsi en 1925 et 1926, les « Phocéens », comme la presse sportive aimait déjà appeler les joueurs de l'OM, affrontèrent et battirent les représentants de la France industrielle et industrieuse de l'US Quevilly la commune de la banlieue rouennaise dédiée à la métallurgie et l'US Valentigney dirigée par un membre d'une branche cadette des Peugeot. Si la présence méditerranéenne fut quasi constante jusqu'en 1936, le nord avec les deux clubs roubaisiens, la capitale avec le Club français ou le Racing Club de France et l'ouest avec le Stade Rennais U. C. vinrent nuancer la coloration régionale de la finale. Alors que le nombre total de participants avait augmenté de presque 400 % en moins de vingt ans (202 équipes en 1921-1922, 562 en 1934-1935 et même 778 en 1939-1940), la finale de la Coupe de France célébrait en raccourci la diversité de la France. Les clubs inscrits, dont les deux équipes finalistes incarnaient l'excellence sportive, appartenaient en effet aux France rurales et urbaines, aux quartiers bourgeois ou ouvriers, aux milieux laïcs ou catholiques38. C'était donc la diversité des « petites patries », source de richesse pour la nation, que Gaston Doumergue et ses successeurs contribuèrent à célébrer, à partir de la finale disputée le 7 mai 1927, ainsi que la grande réconciliation de la Première Guerre mondiale, celle des curés « sacs au dos » fraternisant dans les tranchées avec les hussards noirs de la République.
24Selon Le Petit Parisien, la présence aux côtés du président de la République de diverses personnalités politiques plus ou moins liées aux milieux sportifs telles que Henry Paté alors vice-président de la Chambre des députés, s'expliquait par le fait que les « pouvoirs publics, qui [avaient] apprécié justement la très grande importance prise dans notre société par le sport moderne, [avaient] tenu à apporter aux organisateurs les plus précieux encouragements39 ». Ces derniers en retour mirent sur pied un cérémonial suivi pendant toutes les années trente dans un stade pavoisé des couleurs bleu-blanc-rouge. Accueil du président de la République à la porte d'honneur du stade de Colombes40, fanfare militaire exécutant La Marseillaise, présentation des joueurs sur la pelouse par Jules Rimet et les présidents des clubs et, enfin, remise par le plus haut magistrat de l'État du trophée offert par le docteur Michaux : le protocole, copié sur celui de la FA Cup, fut vite érigé au rang de rituel immuable et presque immémorial. Comme le soulignait Le Petit Parisien le 6 mai 1934, ni Paul Doumer qui avait lui aussi accepté à l'invitation de Jules Rimet de faire « l'honneur de sa présence à la finale de [cette] épreuve nationale » quelques jours avant d'être assassiné par le Russe blanc Pavel Gorguloff le 6 mai 1932, ni Albert Lebrun ne firent défaut à « l'heureuse tradition41 ».
25Signe sans doute de l'intérêt renouvelé de l'État pour le sport et l'éducation physique pendant l'entre-deux-guerres42, la présence du président permettait de fondre les vertus sportives dans le consensus républicain.
26Ainsi, évoquant la « première » de Gaston Doumergue, l'organe de la fédération France Football FFA insistait : « La foule applaudit vigoureusement le chef de l'État qui par sa présence et le geste symbolique qu'il accomplit en remettant l'objet d'art aux vainqueurs, consacra publiquement notre sport national et la grande épreuve, la Coupe de France43. » C'est sans doute le sens qu'il faut donner à la « véritable ovation44 » qui accompagna l'arrivée d'une aussi pâle personnalité que celle du président Lebrun avant le début de la finale Sète-OM en mai 1934.
27Cependant, le cérémonial républicain qui ponctuait selon la presse populaire ou de référence « l'une des plus importantes manifestations sportives de l'année45 » n'était toutefois pas du goût de tout le monde. Ainsi, Le Populaire, organe de la SFIO, omit de mentionner la présence de Doumergue dans son compte rendu de la première finale à laquelle participait un président de la République en mai 192746. Dans les années trente, si le réformisme socialiste imposait une certaine réserve, le conservatisme du modéré Albert Lebrun ainsi que le caractère cocardier du cérémonial étaient croqués de manière ironique comme en témoignait l'évocation de la présence du chef de l'État lors de la finale Sète-Olympique de Marseille. « En supplément au programme — peut-on lire dans Le Populaire — le président de la République, M. Albert Lebrun a serré la main des joueurs — avec un léger retard sur l'horaire. Marseillaise, bravos, bref le protocole inhérent à ces sortes de cérémonies. On passe ensuite aux choses sérieuses47 [...]. » Une telle retenue était absente des colonnes de L'Humanité, à la fin de la période de « bolchevisation » du Parti communiste français (PCF) et au temps de la tactique « classe contre classe ». Ainsi, si l'on suit l'organe du PCF, le public aurait sifflé, lors de la finale Olympique de Marseille-US Quevilly, et Gaston Doumergue « président de notre sanglante République48 » et « premier magistrat de l'État bourgeois49 » et la Marseillaise. Et, trois mois après le 6 février 1934, L'Humanité fustigeait encore, au travers de la finale de la Coupe de France opposant Sète et Marseille, la République, son plus haut représentant et ses attributs : « Pour ce gala d'importance, la mise en scène avait été particulièrement soignée, de grands oripeaux tricolores flottaient aux quatre coins du stade, et tout cela était présidé par le ridicule Lebrun, qui, par sa présence, mettait le cachet officiel sur cette vaste mascarade50. » S'il s'agissait également de condamner la « turpitude » du sport bourgeois, quand « le vrai sport ne s'accommod[ait] pas de Marseillaise51 », les attaques de L'Humanité révélaient également en creux l'échec d'un sport authentiquement prolétarien et l'appétence des masses ouvrières pour un spectacle-sportif qui n'était pas neutre idéologiquement parlant.
Tradition sportive inventée et culture politique républicaine
28De fait, la présence corporelle du président de la République ne constituait pas un simple élément du décor. Elle établissait le lien entre la compétition sportive et une signification morale et politique dépassant très largement la logique du vainqueur et du vaincu. Pour reprendre Éric Hobsbawm, selon lequel « l'histoire des finales des coupes britanniques de football nous en dit plus sur le développement d'une culture ouvrière que ce que les sources traditionnelles peuvent le faire52 », on peut considérer que l'interprétation donnée par la presse et les officiels de la FFFA à la compétition et à sa partie terminale rendait également compte de la diffusion de certaines valeurs du « modèle républicain » au temps de « son âge d'or, soit entre 1900 et 193053 ».
29Comme le rappelait son fils Pierre à l'occasion du cinquantenaire de la Coupe de France, Henri Delaunay « avait toujours admiré dans le système de [la Coupe d'Angleterre] qui [faisait] table rase des situations acquises, sa simplicité, enfin son caractère populaire et démocratique54 ». Reprenant le même principe que la FA Cup, c'est-à-dire l'ouverture de la compétition à toutes les équipes qu'elles fussent amateurs ou professionnelles et le système de l'élimination directe sur un seul match, la Coupe de France représentait par conséquent la compétition sur laquelle le principe égalitaire du sport paraissait le plus présider.
30Littéralement, le nivellement des valeurs et le hasard d'un jour comptaient parmi les ingrédients qui concouraient à satisfaire, au travers de l'épreuve, la libération contrôlée des émotions, cette sorte de soupape de sûreté de l'économie émotionnelle qui est au cœur de l'analyse éliasienne des fonctions du sport dans les sociétés industrielles55. Comme le rappelait L'Auto avant la finale opposant en mai 1929 le FC Sète au SO Montpelliérain, l'excitation provoquée par l'émulation entre les équipes et l'incertitude du résultat constituaient la raison principale du succès de la compétition : « Aussi nombreux seront cet après-midi, à Colombes — constatait le quotidien d'Henri Desgrange — les partisans de la Coupe qui voient en elle une compétition simple, nette et claire et lui doivent une foule d'émotions, tant de joie et de tristesse, et aussi de bien belles journées sportives56. »
31Toutefois, il convient d'identifier, au-delà du suspens « insoutenable » de certaines rencontres, des significations plus complexes qui fondaient en grande partie la popularité de l'épreuve. En particulier, il nous semble que la Coupe illustrait parfaitement le principe de la promotion républicaine « d'une société en progrès où l'ascension sociale individuelle d'abord, la démocratisation ensuite constituent le destin promis à tous57 », un principe qui proposait « un modèle attractif pour toute une fraction de la société [.], dans la classe moyenne certes, mais aussi dans une fraction non négligeable du monde ouvrier58 ».
32La formule de la Coupe récompensait en effet davantage que le système du championnat par point le courage et la motivation. De fait, dans les résultats de la Coupe de France, comme dans la vie, l'argent, le talent inné ne faisaient pas tout, il fallait aussi le travail, la persévérance, l'abnégation. Dans une compétition qui se jouait par élimination directe, l'égalité des chances semblait en partie rétablie et, comme l'écrivait Louis Aubert, l'éditeur du Livre d'or de la Coupe de France paru en 1936 : « Les chèvres de M. Seguin sont certes condamnées à être mangées. Mais en Coupe de France, il est des chèvres qui mettent en déroute plusieurs gros loups avant d'abaisser leurs cornes et de toucher de leur barbichette l'herbe du pré59. » Ainsi, la Coupe réinstaurait dans un football français, rongé pour certains par l'amateurisme marron puis le professionnalisme, la méritocratie et la petite équipe qui parvenait à passer quelques tours, voire à atteindre la finale transposait, dans le champ du sport, la figure du boursier60 de l'école tertio-républicaine qui s'élevait, à force de sacrifices, au-dessus de l'horizon qui lui était assigné par sa condition sociale. La Coupe de France était donc un autre lieu où s'exprimait cet idéal méritocratique s'idéalisant dans la revanche des « petits » contre les « gros », des « honnêtes gens » contre les « mercantis » du football professionnel : les Jean-Pierre Peugeot, Jean-Bernard Lévy et autres Georges Bayrou61.
33Dans ce jeu des représentations, la presse se plaisait aussi à souligner les différences de style de jeu des équipes finalistes, souvent révélatrices de moyens financiers très inégaux et de manières différentes de concevoir le sport. Ainsi, L'Auto, en présentant les finalistes de la Coupe 1927, l'Olympique de Marseille — équipe professionnelle par excellence — et l'US Quevilly que l'on pourrait qualifier de corporative puisqu'elle était présidée par Amable Lozai, patron d'un chantier naval, et alignait essentiellement des footballeurs-ouvriers, insistait sur l'opposition entre deux archétypes du football de haut niveau en France. Selon le quotidien de Desgrange, on avait « vanté la valeur technique et tactique des footballeurs marseillais, on [avait] chanté comme il convenait l'ardeur et le courage inébranlable des vaillants joueurs quevillais, qui à force de volonté se sont qualifiés pour l'ultime combat62 ». En d'autres termes, la formule niveleuse de la compétition qui pour certains contrariaient « les progrès de la technique et de la science intégrale63 », permettait aux plus humbles animés par leur volonté et les valeurs de l'amateurisme de pouvoir « atteindre au succès suprême et recueillir la gloire qui rejaillit sur le vainqueur64 ». Ce que L'Humanité interprétait dans une orthodoxie sportive « marxiste-léniniste » : « D'une part, l'Olympique de Marseille, l'équipe la plus notoirement professionnelle de la 3 F. A., toute constellée d'étoiles et de racolés. D'autre part Quevilly un onze composé en majorité de jeunes prolétaires enrégimentés et détournés de leurs organisations de classes par la bourgeoisie maîtresse et animés par un professionnel de classe Bonnardel65. »
Conclusion : la Coupe de France en perspective
34Après la Seconde Guerre mondiale, l'engouement populaire pour la Coupe de France ne se démentit pas. Alors que Le Petit Parisien, comme bien d'autres groupes de presse, avait sombré dans la collaboration, la FFF se vit proposer en novembre 1944 un nouveau partenariat avec France Soir, « en faveur d'une épreuve destinée à regrouper toute la jeunesse française autour d'une idée phare ». Le quotidien de Pierre Lazareff, tout en s'engageant à fournir les traditionnelles subventions et breloques, promettait aussi d'apporter son concours « entier en vue d'obtenir la présence effective et traditionnelle du chef du Gouvernement le jour de la finale66 ». Et de son côté, Henry Delaunay remit sur le métier la rhétorique de la fête nationale.
35Alors que plus de 1 010 clubs petits et grands participèrent à l'épreuve, la saison 1950-1951 vit l'US Valenciennes-Anzin pensionnaire de la deuxième division atteindre la finale « grâce — selon Delaunay — au grand courage dont firent preuve ses joueurs67 » et la victoire du RC Strasbourg.
« Ainsi — poursuivait le secrétaire général de la FFF — l'Alsace détient le trophée qui perpétue la mémoire de Charles Simon, ce précurseur de notre indépendance. Jamais notre finale n'a mieux illustré que cette année ses droits à son titre de fête nationale du football et le président de la République, par sa présence fidèle, a rehaussé une fois de plus le prestige de l'épreuve et de notre sport national68. »
36Outre le patronage de Vincent Auriol puis de René Coty, la Coupe de France restait fidèle aux idéaux méritocratiques en des temps où l'unité et l'identité nationales étaient passablement troublées. Lors de la saison 1954-1955, les clubs nord-africains furent admis à participer à l'épreuve et contribuèrent à la rhétorique égalitariste de la « Coupe » devant des foules enthousiastes. Ainsi, dès la saison 1956-1957, les amateurs algérois pieds-noirs d'El Biar « sortirent » de l'épreuve le Stade de Reims récent finaliste de la Coupe d'Europe des clubs champions. Depuis, l'intérêt de l'épreuve repose toujours sur cette « chasse au gros » et la promotion du « petit », comme ont pu en témoigner le parcours d'Auxerre finaliste malheureux face à Nantes en 1979 ou de Calais, « Petit Poucet de la Coupe » évoluant en Championnat de France Amateur, battu également de justesse par « l'ogre » de Loire-Atlantique en 2000.
37Cependant, on aurait tort d'adopter un point de vue trop déterministe sur le sens des compétitions sportives. En effet, la rhétorique de l'effort et du sacrifice n'a pas été, loin s'en faut, le monopole de la culture républicaine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, après être redevenue Coupe Charles Simon lors de la saison 1939-1940, l'épreuve subit en effet un ravalement idéologique de la part du Commissariat général aux Sports. Complétant les restrictions imposées au professionnalisme par Jean Borotra, le colonel Pascot transforma les clubs de haut-niveau en équipes provinciales. Ainsi, pendant la saison 1943-1944, la Coupe fut disputée par les représentants de ces « communautés naturelles » qu'étaient les provinces : en 1944 ce fut l'équipe de Lorraine composée des éléments du FC Sochaux qui l'emporta. Les finales de la Coupe de la France occupée offrirent aussi l'occasion de diffuser d'autres valeurs de Vichy : la finale « année jubilaire » 1943, permit ainsi à Abel Bonnard de gloser sur l'objectif de la nouvelle éducation : « Nous l'avons dit bien souvent — affirma dans son discours de fin de banquet le ministre de l'Éducation nationale — avec mon cher collaborateur le colonel Pascot, avec lequel je me trouve dans un accord parfait : les âmes doivent aujourd'hui renaître dans les corps et par les corps69. » De même, la formule « démocratique » et « égalitaire » de la Coupe fut illustrée en Espagne entre 1939 et 1975 par la Copa del Generalisimo dont la finale était disputée devant Franco en personne. La plasticité fondamentale du phénomène sportif doit par conséquent garder l'historien de généralisations trop hâtives et la Coupe de France, malgré sa très large inscription dans la culture et le modèle républicains, en est un excellent exemple.
Notes de bas de page
1 Clastres P., « Inventer une élite. Pierre de Coubertin et la "chevalerie sportive" », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, n° 22, 2e semestre 2005, p. 275-296.
2 Groeninger F., Sport, religion et nation. La Fédération des patronages de France d'une guerre mondiale à l'autre, Paris, L'Harmattan, 2004, p. 104-105.
3 Mason T., Association Football and English Society, 1863-1915, Brighton, The Harvester Press, 1980, p. 16.
4 France Football FFFA, 6 mai 1927, n° 180. On notera que le roi Edouard VII n'assista à aucune finale de la FA Cup présidée alors par le Lord-Mayor de Londres.
5 L'Auto, 22 avril 1912.
6 Ibid.
7 La Vie au Grand Air, 14 mars 1914.
8 Ibid.
9 Ibid.
10 Cf. Dunning E., Murphy P., Williams J., « Il teppismo calcistico », Roversi Antonio (dir.), Calcio e violenza in Europa. Inghilterra, Germania, Italia, Olanda, Belgio e Danimarca, Bologne, Il Mulino, 1990, p. 25-29.
11 Sur ces représentations et l'œuvre de Gustave Le Bon et de Gabriel Tarde : cf. Barrow S., Miroirs déformants : réflexions sur la foule en France à la fin du xixe siècle, Paris, Aubier, 1990.
12 Mason T., Association football..., op. cit., p. 228.
13 Cf. Ehrenberg A., « Aimez-vous les stades ? Architecture de masse et mobilisation », Recherches, n° 43, avril 1980, p. 25-55.
14 Pour le cas italien, nous nous permettons de renvoyer à notre article : « Pugni, bastoni e rivoltelle. Violence et football dans l'Italie des années vingt et trente », Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, Tome 108, 1996, n° 1, p. 203-240.
15 Le Miroir des Sports, 29 janvier 1929.
16 L'Auto, 26 avril 1927.
17 Le Petit Parisien, 8 mai 1927.
18 Braun D., « La première Coupe de France de football », L'Histoire, n° 24, juin 1980, p. 90-91.
19 Cf. Wahl A., Les Archives du football. Sport et société en France (1880-1980), Paris, Gallimard/ Julliard, 1989, p. 107-117.
20 L'Auto, 7 décembre 1914.
21 Archives du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), USFSA, Procès verbaux, Bureau, Conseil et Congrès, 1914-1915, séance du 26 janvier 1915 du Bureau du Conseil, p. 3.
22 Archives du CNOSF, USFSA, Procès verbaux, Bureau, Conseil et Congrès, 1915, séance du 13 juillet 1915 du Bureau du Conseil, p. 3.
23 Archives de la Fédération française de football (FFF), dossier Coupe de France, copie de la lettre d'Henri Delaunay à Jules Rimet datée du 8 février 1917.
24 Ibid., copie de la lettre de Jules Rimet à Henri Delaunay datée du 16 février 1917.
25 Texte du contrat signé entre le CFI et Hachette le 3 mars 1917 reproduit dans Cinquantenaire de la Coupe de France de football : 1917-1967, Paris, Amphora, 1967, p. 27-28.
26 Archives FFF, copie de la lettre d'Henri Delaunay à Jules Rimet datée du 8 février 1917.
27 Wahl A., Les Archives..., op. cit., p. 131.
28 Sur la diffusion et la pratique du football-association pendant la Grande Guerre, nous nous permettons de renvoyer à nouveau à l'un de nos travaux : « La guerre, ou le "grand match" : le sport, entre représentation de la violence et expérience combattante », Cazals R., Picard E., Rolland D. (dir.), La Grande Guerre. Pratiques et expériences, Toulouse, Éditions Privat, 2005, p. 45-54, ainsi qu'à Waquet A., Terret T., « Ballons ronds, Tommies et tranchées : l'impact de la présence britannique dans la diffusion du football-association au sein des villes de garnison de la Somme et du Pas-de-Calais (1915-1918) », Modern & Contemporary France, vol. 14, n° 4, novembre 2006, p. 449-464.
29 Cf. Bœuf J.-L., Léonard Y., La République du Tour de France 1903-2003, Paris, éditions du Seuil 2003.
30 Archives de la Fédération française de football (FFF), dossier Coupe de France, copie de la lettre d'Henri Delaunay au directeur du Petit Parisien datée du 3 octobre 1923.
31 Sur le stade de Colombes, cf. Pizzorni-Itié F. (dir.), Les yeux du stade. Colombes, temple du sport français, Thonon, l'Albaron, 1993.
32 Almanach-Guide de football saison 1936-1937, p. 107.
33 Almanach du Football saison 1933-1934, p. 64.
34 Le Petit Parisien, 9 mai 1927.
35 Cf. Delaunay H., « Historique », dans Le Livre d'or de la Coupe de France (1917-1936), Saint-Brieuc, Louis Aubert Éditeur, 1936, p. xviii.
36 Cf. Bœuf J.-L., Léonard Y., op. cit., p. 95.
37 L'Auto, 13 avril 1924.
38 Voir par exemple les photographies des équipes participant à l'édition 1935-1936 reproduites dans Le Livre d'or de la Coupe de France (1917-1936), op. cit.
39 Le Petit Parisien, 7 mai 1927.
40 Le Temps, 9 mai 1927.
41 Le Petit Parisien, 6 mai 1934.
42 Cf. pour un point de vue synthétique, Dietschy P., Clastres P., Sport, société et culture en France du xixe siècle à nos jours, Paris, Hachette, 2006, p. 99-127.
43 France Football FFFA, 13 mai 1927, 4e année, n° 181.
44 Le Petit Parisien, 7 mai 1934.
45 Le Temps, 8 mai 1934.
46 Le Populaire, 9 mai 1927.
47 Le Populaire, 7 mai 1934.
48 L'Humanité, 8 mai 1927.
49 L'Humanité, 9 mai 1927.
50 L'Humanité, 7 mai 1934.
51 L'Humanité, 8 mai 1933.
52 Hobsbawm E., Granger T. (dir.), The Invention of Tradition, Cambridge, Cambridge University Press, 1983, p. 12.
53 Berstein S., Rudelle O., « Un modèle politique opératoire et complexe », Berstein S., Rudelle O. (dir.), Le modèle républicain, Paris, PUF, 1992, p. 9.
54 Cinquantenaire de la Coupe de France de football : 1917-1967, Paris, Amphora, 1967, p. 16.
55 Cf. « La quête du plaisir dans les loisirs », Elias N., Dunning E., Sport et civilisation. La violence maîtrisée, Paris, Presses-Pocket, Agora, 1998, p. 83-121.
56 L'Auto, 5 mai 1929.
57 Berstein S. et Rudelle O., op. cit., p. 227.
58 Ibid., p. 228.
59 Le Livre d'or de la Coupe de France (1917-1936), op. cit., p. i.
60 Même si selon Jean-François Sirinelli, il convient de relativiser un système de promotion bénéficiant surtout aux classes moyennes. Cf. « Des boursiers conquérants ? École et "promotion républicaine" sous la IIIe République », Berstein S., Rudelle O., op. cit., p. 243-262.
61 Jean-Pierre Peugeot, Jean-Bernard Lévy et Georges Bayrou étaient les présidents de deux des plus importants clubs professionnels : le FC Sochaux, le Racing Club de Paris et le FC Sète.
62 L'Auto, 8 mai 1927.
63 L'Auto, 5 mai 1929.
64 L'Auto, 8 mai 1927.
65 L'Humanité, 8 mai 1927.
66 Archives FFF, dossier Coupe de France, lettre de A. Blank, l'un des directeurs de France Soir, à Henri Delaunay, datée du 18 novembre 1944.
67 Archives FFF, « Compte rendu moral de l'exercice 1950-1951 par le secrétaire général ».
68 Ibid.
69 Le Miroir des Sports, 10 mai 1943.
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