Présentation
p. 79-86
Entrées d’index
Index géographique : France
Texte intégral
1Entre la réification d’un groupe donné comme allant de soi et la charge de Sarah Maza, qui ne voit dans la bourgeoisie qu’un mythe inventé par les libéraux du xixe siècle, repris à leur compte par Marx et un long cortège d’historiens, marxistes ou non d’ailleurs, la catégorie de bourgeoisie a-t-elle encore quelque pertinence ? Ce qui est sûr, c’est que les historiens qui l’ont effectivement étudiée, y compris en se référant aux sources ordinaires de l’histoire sociale, ont eux-mêmes souligné la malléabilité de la catégorie bourgeoise. Ainsi Adeline Daumard écrivait-elle : « La bourgeoisie apparaît comme un groupe fluide […], car la bourgeoisie contrairement à d’autres groupes sociaux qui peuvent être dénombrés avec précision grâce à des caractères de type institutionnel, professionnel ou autre, est un groupe qu’on ne peut définir a priori sauf à admettre un postulat par essence indémontré et indémontrable. » Cette difficulté, certains la perçoivent surtout dans l’absence de conscience de soi, qui invaliderait l’existence de la bourgeoisie. Cette antienne, remise à jour par Sarah Maza, avait notamment été mise en avant par William Doyle : « La bourgeoisie pré-révolutionnaire n’avait aucune conscience de classe. Elle ne se considérait pas comme un groupe social distinct ayant ses propres intérêts, ses propres valeurs et son propre mode de vie, jugés supérieurs à ceux d’autres groupes […]. L’aspiration suprême de la plupart des bourgeois était donc de devenir nobles » ; et l’auteur d’invoquer d’une part la littérature de l’époque, d’autre part les transfuges bourgeois vers la noblesse. À quoi Sarah Maza ajoute aujourd’hui que « même si elle était en essor, la bourgeoise demeurait la classe qui n’osait pas dire son nom », indice suffisant à ses yeux pour renoncer à l’ériger en protagoniste de la Révolution.
2Ceci expliquant peut-être aussi cela, dans les mêmes décennies du dernier quart du xxe siècle, la reprise du dossier de la prétendue montée de la bourgeoisie et de son rôle dans la « révolution bourgeoise » s’avérait timide. Albert Soboul en avait reformulé les propositions essentielles, dans des termes d’ailleurs moins caricaturaux que ses détracteurs ne l’ont prétendu, en faisant place notamment à la multiplicité des catégories bourgeoises ; mais, pour l’essentiel, l’argumentaire était soit refoulé par crainte du procès en archaïsme intellectuel, soit avancé sur un mode plutôt incantatoire. Les publications récentes osant une franche affirmation de l’existence d’une classe bourgeoise s’avèrent d’ailleurs rares, plutôt confidentielles et somme toute peu renouvelées sur le fond. Ainsi, Henry Heller propose une synthèse à contre-courant de l’historiographie ambiante, mais il écrit, très conventionnellement : « L’expansion décisive du rôle du profit dans l’économie et la croissance en nombre, en richesse et en confiance de la bourgeoisie permirent à cette classe de tirer parti du soulèvement populaire pour conquérir l’État aux dépens de la classe dominante d’Ancien Régime. »
3L’histoire sociale de la Révolution est-elle donc condamnée à choisir entre ce schéma aussi univoque que ressassé, et le syllogisme dit « révisionniste » qu’on peut résumer en « puisque la bourgeoisie ne se dit pas comme telle, elle n’existe pas » ? Nous ne le pensons pas, et quelques essais, rappelés dans les bilans historiographiques qui ouvrent ce volume, ont montré la voie du dépassement de ces schémas. Il s’agit d’aller plus loin, d’abord en sortant de la guerre de tranchées historiographiques tellement valorisées jusque dans les années 1980. Soulignons à cet égard que Michel Vovelle avait, dès 1989, mis en question certaines partitions : « Finalement, ne peut-on se demander s’il convient encore de s’attacher aux dénominations reçues, étriquées, ambiguës et surtout réductrices ou au contraire d’en finir avec les étiquettes de « jacobins et révisionnistes » ? […] Plutôt que d’écraser le courant adverse sous le poids de la polémique ou d’un silence entretenu, peut-être convient-il de reconnaître qu’il n’existe pas aujourd’hui de lecture hégémonique et que c’est sans doute un bien. »
4Notre démarche a donc consisté à ne pas considérer comme forclose la question de l’appréhension sociale de la bourgeoisie, à sortir de l’ensevelissement sous les histoires culturelle ou politique, qui l’ont quasiment reléguée dans les caves quelque peu ténébreuses de l’histoire, pour enfin remettre ensemble ces différents modes d’interrogation du changement social, notamment en révolution. C’est pourquoi cette partie propose en fait deux démarches inégalement développées, mais qui nous semblent fondamentalement complémentaires : d’une part l’étude multiforme de cheminements, par-delà la Révolution, de groupes aux contours aussi fluctuants que celles des pièces du puzzle social, et d’autre part l’examen des dynamiques qui fondent les identités collectives en assemblant – ou pas – ces groupes. Le rapprochement des deux démarches et la recherche du commun dans le multiple légitiment-ils encore la catégorie globale de bourgeoisie ? Ou bien le pluriel serait-il décidément tellement envahissant qu’il ôterait toute pertinence à l’invocation de cette catégorie pour expliquer la Révolution ?
Itinéraires bourgeois par-delà la Révolution
5Quatre exemples s’inscrivent en quelque sorte comme une relance du programme qu’avait proposé Ernest Labrousse : « une sorte de procédure des suspects » fondée sur l’enquête et l’observation, visant à examiner les comportements et les trajectoires de groupes et d’individus qui peuvent relever des catégories bourgeoises.
6Ainsi, David Garrioch propose le suivi d’individus et de familles roturières aisées et notables du Faubourg Saint-Marcel à Paris : à la fin de l’Ancien Régime, ils sont fabricants, responsables manufacturiers aux Gobelins, maîtres de pension, hommes de loi ou de lettres ; propriétaires, leur aisance est variable ; ils partagent l’exercice de fonctions publiques dans le quartier et une notoriété généralement appuyée sur un fort enracinement. Les engagements et les parcours sociaux dans la Révolution se révèlent évidemment divers, mais l’adaptation et la traversée victorieuse des aléas révolutionnaires sont majoritaires ; ceux-ci se marquent néanmoins par la promotion de quelques nouveaux venus.
7Variante de la même démarche, c’est un milieu professionnel que scrute Hervé Leuwers, celui des gens de loi. De ce milieu dont on souligne couramment le rôle majeur qu’il a joué dans les assemblées révolutionnaires, il montre qu’il était, au xviiie siècle, marqué à la fois par une grande diversité des fonctions, des revenus et de prestige, « un carrefour d’états » nous dit Hervé Leuwers, et par la valorisation traditionnelle de la noblesse du droit, avec ses valeurs spécifiques comme le désintéressement et la mise en œuvre de structures particulières à l’ordre. Le résultat de la Révolution et de l’Empire réside dans la conversion franche aux cadres nouveaux sous la forme de la promotion de la « profession » (et non du métier) appuyée sur une « nationalisation » de l’organisation et des règles, débarrassée des velléités d’identification à la noblesse. Une bourgeoisie de robe s’est alors constituée.
8Troisième cas, troisième démarche, envisagée par Jean-Pierre Jessenne : l’examen d’une catégorie informelle et particulièrement sujette à discussion, celle de « bourgeoisie rurale ». Partant de l’observation des difficultés à la fois communes et particulières qui obèrent l’analyse de la société rurale, de l’indétermination de la bourgeoisie rurale chez son principal promoteur, Georges Lefebvre, Jean-Pierre Jessenne examine les multiples caractéristiques, depuis les stratégies productives et financières jusqu’aux positions dans le système de pouvoir au village ou les rapports à la ville, qui peuvent légitimer la notion, tout en l’éloignant de certaines acceptions trop étroitement associées à la propriété. Du coup, c’est la place de ce groupe rural dominant dans la Révolution au village qui se trouve réévaluée et justifiée, mais pas pour autant uniformisée.
9Enfin quatrième proposition, celle de Matthieu de Oliveira, qui consiste à se placer « en bout » de processus pour observer ceux qui perdent et ceux qui gagnent dans la Révolution, en insistant sur la figure équivoque du parvenu. Là encore, les itinéraires proposés suggèrent la pluralité des situations, d’où ressort quand même l’idée qu’au début du xixe siècle encore, l’argent ne suffit pas pour gagner la reconnaissance sociale et que là aussi il faut, grosso modo, trois générations pour effacer les traces de la macule des promotions par la richesse, si bien que paradoxalement le temps de la vraie promotion bourgeoise serait peut-être davantage la Restauration que l’Empire.
10Finalement, ces quatre études de cas s’avèrent évidemment irréductibles à un schéma unique qui renverrait enfin à cette définition unifiée de la bourgeoisie dont certains ont rêvé. Mais il ressort quand même trois convergences fortes de ces cheminements. Aussi divers soient-ils, ces bourgeois partagent le sens de la conjugaison de stratégies multiples pour valoriser leur capital financier et social ; l’appui sur la propriété, notamment foncière, constitue un ingrédient parmi d’autres de ces stratégies, qui réussissent surtout par la capacité à jouer sur les opportunités de toutes sortes, liées à toutes les formes de « marchés », du mariage au ravitaillement des armées, des produits d’entreprises aux capitaux : ne serait-ce pas là une des marques fortes de la catégorie bourgeoise ?
11Par ailleurs, la Révolution promeut des redéploiements territoriaux significatifs dans les horizons professionnels et familiaux de ceux, majoritaires, qui parviennent à s’adapter : ils vont de l’élargissement des aires d’implantation ou influence du quartier ou du village, à la ville ou au département, jusqu’à la pensée nationale des organisations, dans le cas des avocats par exemple, si bien qu’un raisonnement en termes de catégorie professionnelle contribue évidemment à occulter les points communs avec les homologues bourgeois.
12Enfin, troisième trait marquant, l’intégration demeure toujours un processus lent qui amalgame des marques de distinction puisées à des sources multiples – habitus anciens et nouveaux, richesse, réseaux, services rendus à l’État-nation et fonctions ou honneurs attribués par celui-ci – donc d’une maîtrise forcément incertaine et irréductible à la montée infaillible et massive d’une bourgeoisie sur la base d’un seul critère, le capital par exemple. Tout ceci plaide non seulement pour une chronologie étirée du changement social, enjambant très largement la Révolution jusqu’à la Monarchie de Juillet, mais aussi pour la conjugaison des critères identitaires dans les catégories de l’analyse sociale.
13Certaines des multiples suggestions ainsi proposées n’ont pas manqué de soulever des interrogations parmi lesquelles on retiendra notamment celle de Philippe Minard sur « l’auto-légitimation » des avocats par l’invocation du désintéressement, qui ne devrait pas empêcher d’évoquer la commercialisation des services juridiques, notamment mise en évidence par William Doyle, ou encore le désir de gloire qui anime les avocats lorsqu’ils s’impliquent dans les causes célèbres. Plus globalement, c’est l’éventail des cas bourgeois qui est en question. Gérard Béaur souligne les nécessaires différenciations au sein des hommes du droit, entre notaires et avocats par exemple ; Michel Vovelle insiste de son côté sur la place à reconnaître aux rentiers du sol, « bourgeois auto-définis » si importants dans la France du Sud-Est étudiée par Maurice Agulhon. Denis Woronoff, quant à lui, appelle à élargir cette palette des cas bourgeois dont il faut reconsidérer la place et le rôle, y compris au travers des études régionales ou sectorielles, plus nombreuses dans l’historiographie française qu’on ne l’a affirmé, de la banque à la métallurgie… Dans le même ordre d’idée, Matthias Middell se demande s’il faut traiter le cas des planteurs coloniaux comme celui de la bourgeoisie rurale métropolitaine.
14Plus globalement et sur plusieurs des exemples étudiés, c’est la question de l’insertion dans les dynamiques sociales globales de groupes segmentaires – qu’on les appréhende par la profession, par l’ancienneté dans la position sociale, par le territoire concerné ou l’activité – qui demeure souvent en discussion et sujet de recherche prioritaire sans doute, notamment pour éviter de passer, selon l’expression de Steven Kaplan, de la polyphonie à la cacophonie sociale.
15C’est là bien sûr que s’impose la nécessaire réflexion sur la dialectique du multiple et de l’un dans la fabrique des catégories et notamment dans celle de bourgeoisie. Jean-Pierre Hirsch y a insisté avec force : pourquoi exiger l’unification et a fortiori l’uniformité, l’énonciation claire de la conscience de classe pour parler de bourgeoisie, alors que cette exigence n’a cours pour aucune autre catégorie. Comme l’a rappelé Philippe Minard dans son état des lieux historiographique, ce qui importe dans la compréhension des dynamiques sociales, c’est que « les individus vivent dans des groupes, s’identifient à des groupes ou s’inventent des groupes : c’est cela qu’on doit saisir. […] Il s’agit notamment d’articuler une topologie des positions relatives des agents dans le champ considéré avec l’étude des formes de mobilisation, qui dépendent du travail de représentation que font ces mêmes agents sur eux-mêmes ».
Réinterroger les identités sociales
16Colin Jones et Haïm Burstin nous proposent de leur côté deux exemples de ces nécessaires « mises en connexion » des dynamiques sociales, le premier en se situant dans le champ de la commercialisation des pratiques médicales au xviiie siècle, le second en mettant l’accent sur les liens entre pratiques sociales et politiques dans Paris en révolution. Logiquement, la référence à l’ouvrage de Sarah Maza, The Myth of the French Bourgeoisie, a occupé une place importante tant dans les contributions que dans les débats sur cette reconsidération sociale (l’auteure, invitée, n’avait hélas pas pu participer aux débats).
17En désaccord avec la thèse de S. Maza, Colin Jones insiste sur quatre arguments principaux. Ce n’est pas parce qu’un groupe ne se donne pas lui-même comme tel et ne se nomme pas, qu’il n’existe pas. Les identités sociales relèvent de processus plus complexes que le seul imaginaire social réducteur qu’envisage Sarah Maza. Elle donne en effet de la conscience sociale, dont elle fait une condition sine qua non de l’existence d’une classe sociale, une interprétation extrêmement exigeante, plaçant la barre bien plus haut que ne le faisait Marx lui-même, et donne à l’émergence de cette conscience de classe une allure de « big bang », de brutale révélation, qui semble largement illusoire. Or, la bourgeoisie inclut des professionnels bien plus divers que les seuls entrepreneurs et négociants, notamment les praticiens médicaux, ceux du droit mais aussi certains personnels d’État… Ils partagent dès le xviiie siècle un goût avéré pour le luxe non ostentatoire et une adaptation notoire aux pratiques du marché. Plurielle et une, la (ou les) bourgeoisie(s) reste(nt) une catégorie pertinente pour penser le changement social au xviiie siècle, souligne C. Jones, qui remarque aussi que cet ouvrage stimulant présente en tout cas le grand mérite d’obliger justement à repenser les catégories de l’analyse sociale.
18Cette vertu est parfaitement illustrée par la densité des débats auxquels ont donné lieu ces propositions et les réactions qu’elles ont suscitées. Steven Kaplan, quoiqu’en net désaccord avec la construction linguistique idéaliste de Sarah Maza, insiste cependant sur le caractère stimulant des mises en débat que ses thèses provoquent, notamment pour une historiographie française qu’il juge parfois en « panne d’interrogation », mais aussi trop peu fournie en recherches empiriques sur les catégories bourgeoises. « Jugement brutal » considèrent plusieurs intervenants, qui donnent des exemples multiples de travaux et s’interrogent, inversement, sur la faible référence à l’historiographie française récente chez certains chercheurs états-uniens. Par ailleurs, Claude Mazauric, (comme Colin Jones dans son texte), relève le caractère souvent « enfantin » de la conception des classes qu’on prête à Marx, faute notamment d’une relecture des analyses historicisées et complexes proposées dans Le capital, au profit d’interprétations plus sommaires et circonstancielles. Ces discussions conduisent ainsi à d’autres interrogations sur les cheminements historiographiques dans les différents univers historiens : malgré l’intensification des échanges, ne demeure-t-il pas des formes de non-communication, qui tiennent soit à des malentendus dans la compréhension de certaines catégories, soit peut-être à des interrogations et à des contextes idéologiques et politiques différents ? En France – en Europe peut-être – la préoccupation historienne est plutôt à la compréhension de la complexité des phénomènes collectifs et à la recomposition des contradictions, là où d’autres historiographies, notamment américaine, sont tentées par la revitalisation d’interprétations tranchées, y compris en tenant peu compte des autres historiographies.
19À cet égard, Haïm Burstin, fort de ses multiples travaux récents sur les sans-culottes, contribue à sortir des catégories posées comme de fausses évidences, d’abord en rappelant tout autant le schématisme dont ont été abusivement obérées les analyses d’histoire sociale du milieu du xxe siècle, notamment celles d’un Labrousse ou d’un Lefebvre, que la nécessité de mieux comprendre la combinaison des pratiques sociales et politiques dans les engagements collectifs. Aussi introduit-il un facteur qui nous a semblé essentiel dans cette reconfiguration des bourgeoisies dans le temps de la Révolution française : l’importance de la dynamique révolutionnaire elle-même, notamment des luttes d’influences, comme banc d’essai initiatique, dans lequel les bourgeois apprennent à louvoyer pour devenir des sujets politiques reconnus et sont notamment conduits à structurer leur identité dans leurs relations aux couches populaires. En effet, dans le faubourg Saint-Marcel dont Haïm Burstin a fait son laboratoire, ceux qu’il appelle les « coqs de quartier », s’emparent tout naturellement de la direction politique de la Révolution dès 1789, tout en utilisant le discours universaliste de circonstances qui vise à décrire un Tiers rassemblé contre ses ennemis et exempt de contradictions sociales. C’est leur « remarquable capacité de médiation entre le général et le particulier » qui permet à ces hommes de s’imposer dans un faubourg pourtant connu pour être le plus pauvre de Paris.
20Ainsi, confirmant la complexité des processus de formation des identités collectives, à la croisée des positions sociales et des comportements politiques, Haïm Burstin suggère notamment qu’il ne faut pas seulement chercher la prise directe et « grossière » du pouvoir pour appréhender l’hégémonie bourgeoise dans la Révolution. Parallèle éclairant entre la manière dont le Tiers de la Constituante réussit à se projeter dans la mise en œuvre de la souveraineté nationale par son œuvre constitutionnelle, et celle dont des bourgeois de quartier prennent la direction des affaires publiques locales, en devant tenir compte des pressions sans-culottes. Dans un cas comme dans l’autre, rien n’est joué d’avance et la maîtrise de l’ordre passe par bien des ajustements, des échecs, et la mise à l’écart de certains leaders.
21Plusieurs intervenants ont souligné combien il est nécessaire de penser la bourgeoisie en rapport avec les autres classes sociales, avec les mouvements populaires en particulier. Raymonde Monnier remarque que les contemporains, notamment à partir de la Convention thermidorienne usèrent d’un terme qui atteste à la fois que la réticence à se désigner n’était pas aussi générale qu’on le dit et que la situation au cœur du jeu social était cruciale : classe mitoyenne.
22Ainsi, se trouvent suggérées trois règles dans les manières d’associer bourgeois et Révolution : la nécessité de toujours penser ensemble la multiplicité des figures bourgeoises et la force des convergences au sein de la bourgeoisie ; l’exigence de considérer celle-ci dans ses relations avec les autres classes sociales, non seulement les « élites », mais aussi les plus nombreuses et singulièrement actives dans le moment révolutionnaire, la majorité des citoyens amalgamée dans la catégorie incertaine, elle aussi, de peuple ; enfin et très logiquement, le champ politique comme lieu de traitement des conflits et de fixation des normes, apparaît comme celui qu’il faut résolument investir pour assumer ces mises en relations.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008