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Jean Longuet

 | 
Candar Gilles

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Géographique :

France

Texte intégral

Mort et mémoire de Jean Longuet

Des funérailles socialistes

  • 1 Lettres de Longuet à Paulhan, 3 et 17 août 1938, archives IMEC, Fonds Paulhan. Lettres à Gaston Ri (...)
  • 2 Le n° 299, 1er août 1938, que Longuet commenta dans sa dernière lettre à Paulhan : « J’ai lu avec (...)
  • 3 Lettre de Longuet à Richet, 3 septembre 1938, CARAN, archives Depreux, 456 AP 6. Concernant l’issu (...)

1Jean Longuet et son épouse partirent en vacances dans les Alpes au début d’août 19381. Son repos s’accompagnait de lectures, notamment le dernier numéro paru de la NRF2, de l’audition d’opéras de Mozart à la radio, et de la rédaction de Mémoires, qui devaient paraître à Paris, chez Denoël, et en même temps à Londres et à New York. Une centaine de pages dactylographiées, écrites avec l’aide d’un collaborateur, Jacques Calmy, journaliste roumano-américain, existait déjà, mais Longuet avouait avoir plus de goût pour travailler aux petits articles et filets suscités par la lecture abondante de la presse anglo-saxonne, qu’il adressait au Populaire ou à la presse travailliste. Longuet s’apprêtait à quitter sa villégiature pour Genève, où il comptait assister à la séance prévue de la SDN, lorsqu’il fut victime d’un accident automobile. Un militant socialiste de la région l’avait en effet emmené avec son épouse pour qu’il admirât les sites de la région. Sa femme eut le poignet brisé lors de l’accident, Jean Longuet se crut légèrement blessé à la jambe. Il assura encore une dernière réunion de propagande le 2 septembre3. Une hémorragie interne non décelée ne tarda pas cependant à aggraver son état de santé, dont la détérioration se lit dans les quelques lettres alors écrites à Gaston Richet, son adjoint à Châtenay-Malabry. Il mourut le dimanche 11 septembre 1938 à la clinique d’Aix-les-Bains où il avait été trop tardivement transféré.

  • 4 Lettre d’Anita Longuet à Depreux, 20 octobre 1940, CARAN, archives Depreux, 456 AP 6.

2Sa mort laissa sa femme dans une situation financière difficile, avec des dettes (40 000 francs ?) et sans droit à pension (faute de cotisations suffisantes). La tradition familiale (Marx, Longuet, Lafargue…) ne fut jamais très économe, avec des habitudes de vie (voyages, vacances…) assez dispendieuses, mais cette situation soulignait aussi qu’après de quarante ans de vie publique et l’exercice de plusieurs mandats électifs, Longuet mourait pauvre. À l’automne 1940, Depreux, avec le soutien de Blum, fi t accorder à Madame Longuet, comme cela était d’usage en pareil cas, un secours (recettes d’un débit de tabac) du conseil général de la Seine4.

  • 5 Le parti communiste utilise toujours la portion contiguë, incluse dans la 97e division. La partie (...)
  • 6 Le mot de Bracke : « On l’aimait tant » fut amplement répété. Dunois insista sur le fait que Longu (...)
  • 7 Paul Faure évoqua avec une audace certaine « son cher Longuet » pour soutenir Chamberlain, au moti (...)
  • 8 Le Populaire, 18 septembre 1938.
  • 9 L’Alerte, 24 septembre 1938 et L’Ordre, 19 septembre 1938.

3« Jean Longuet a eu les obsèques qu’il aurait aimées » selon Amédée Dunois. Son vieil ami ne risquait guère de se tromper : homme de rites et de traditions, pratiquant le « culte des ancêtres », Longuet a eu des funérailles dont le souvenir s’est longtemps conservé dans la mémoire militante : « Toutes les sections de la fédération de la Seine, un grand nombre de sections de Seine-et-Oise […] avec leurs drapeaux innombrables, leurs insignes, leurs couronnes. » La pompe des obsèques de Longuet ne fut pas entièrement une manifestation spontanée de l’hommage des socialistes au fondateur du Populaire. La famille était intervenue expressément pour donner à l’événement une certaine solennité. L’ampleur et l’émotion des funérailles de Longuet furent également servies par les circonstances. Les remous liés à la lente agonie du Front populaire et surtout le danger de guerre mondiale en ces jours qui allaient précéder la conférence de Munich avivaient les angoisses et la volonté de démonstration militante. En outre, Longuet était mort brusquement, à soixante-deux ans seulement et à un moment où il retrouvait une nouvelle jeunesse militante. Deux cérémonies se succédèrent : une cérémonie locale à Châtenay le matin, une nationale l’après-midi au Père-Lachaise, au pied du mur des Fédérés5. Dunois, Depreux, Allemane, Blum et de Brouckère y parlèrent au nom du Syndicat des journalistes socialistes, des sections du canton, de la fédération, du parti et de l’Internationale. Outre de nombreux dirigeants français (Blum, Faure, Bracke, etc.) et internationaux (Adler, Albarda, Dan, Nenni, Modigliani, Pollak, Jarblum…), assistèrent aux obsèques des représentants du parti communiste (Cachin, Marrane, Renoult), des radicaux (Herriot, Campinchi, Cot, Steeg) et des républicains socialistes (Viollette), des syndicalistes, des coopérateurs et des membres de la Ligue des droits de l’homme ou du Rassemblement populaire (Basch, Langevin, Mauss, Francis Jourdain) ainsi que des élus de gauche de sa région (Mounié, Fleurot, Fiancette, Petit) et quelques camarades de sa jeunesse (Buré, Zévaès). Les éloges du charme de son caractère doux et conciliant ne manquèrent pas (de Brouckère, Blum, Allemane, Dunois6). Depreux insista sur « le ralliement des pacifistes contre le mysticisme et l’hystérie nationaliste7 », sans évoquer les appels de Longuet à la fermeté contre le fascisme, et Blum le présenta comme « un moment de la conscience humaine », louant « sa gentillesse, son charme, son caractère juvénile » qui le faisaient parfois paraître comme « un adolescent ayant trop vite grandi », sa bonté profonde avec laquelle « il oubliait, il effaçait ce qui avait pu le blesser ou lui nuire ». Ces qualités humaines se complétaient par l’identification de Longuet au parti et au Populaire, son « rôle de synthèse et de conseil » dans les diverses instances. Discours émouvant, mais qui contournait le contenu politique des récentes interventions du disparu8. Son combat contre la non-intervention et la politique d’apaisement ne fut mis en évidence que par deux articles : « La crise internationale, la Tchécoslovaquie et l’Espagne » de Zyromski et « Patriotisme et socialisme » de Buré9.

Les avatars de la mémoire socialiste

4Que le souvenir de Jean Longuet, après de telles funérailles, se soit néanmoins estompé rapidement n’a rien de surprenant. Les événements internationaux accaparèrent vite l’attention : Munich quelques jours après, l’occupation de la Tchécoslovaquie au printemps 1939, les revendications nazies sur Dantzig et le corridor, la guerre enfin… L’oubli ne fut que trop naturel. Après la Libération, en revanche, il aurait pu en être autrement. Dans la phase de reconstruction de la SFIO, il n’aurait pas été inimaginable de se servir de la mémoire d’un dirigeant socialiste qui n’avait pas failli, partisan de la fermeté face aux dictatures fascistes, et dont l’image pouvait accompagner la volonté de pureté idéologique et morale de la nouvelle direction… Au moment où Daniel Mayer et son équipe reprenaient en quelque sorte à leur compte le mot d’ordre de Verfeuil, après la première guerre mondiale, en faveur des « épurations nécessaires », où reparaissait une Revue socialiste, Jean Longuet aurait pu servir au moins de drapeau, sinon de référence.

  • 10 Le fils cadet, Karl, sculpteur, avait des convictions civiques et participa à des activités de rés (...)
  • 11 « Il donnait l’impression de s’être mis à son compte », ce reproche exprimé par Daniel Mayer n’est (...)

5Être en situation ne suffit sans doute pas. Une mémoire s’entretient aussi. Il faut un groupe de fidèles. Or, Longuet en manquait. Son fils aîné et son frère Edgar militaient dans la SFIO, leur rupture pour des raisons politiques et personnelles avec ce parti en 1938, l’adhésion d’Edgar au PCF, l’éloignement de Robert-Jean aux États-Unis, sa proximité ensuite avec les positions défendues par le PCF, ne favorisaient pas l’utilisation de la mémoire de Jean Longuet par le parti socialiste10. Celui-ci n’avait jamais été non plus homme de tendance11. Il n’avait donc pas un groupe pluslarge qui aurait pu ranimer la flamme. À la rigueur, Zyromski, dont il était proche à la fin de sa vie aurait pu jouer ce rôle, mais celui-ci ne participa plus à l’animation de la vie politique après la Libération et son ralliement au PCF. L’amitié entre Longuet et Blum avait-elle été plus loin, de la part du second, qu’une certaine estime affectueuse ?

  • 12 Ce relatif mais net oubli est confirmé par les souvenirs de Robert Verdier (lettre du 27 juillet 1 (...)
  • 13 Il ne résidait à Châtenay que depuis décembre 1936. Cf. J. Girault, Militants…, op. cit.
  • 14 Originaire de Pologne, Albert Schneidermann collabora au cabinet de Longuet pendant deux décennies (...)
  • 15 Cf. D. Lefebvre, Claude Fuzier, Bruno Leprince, 2005.
  • 16 Le Populaire de Paris, 8 et 9 octobre 1963. Furent présents à la cérémonie, outre les membres de l (...)
  • 17 Cf. M. Livian, Le Socialisme et l’immigration, op. cit. ; « Jean Longuet et les réfugiés », op. ci (...)

6En tout état de cause, le nom de Jean Longuet resta peu cité par la presse socialiste12. Même à Châtenay-Malabry, le maire socialiste, Constant Mougard, en place à partir d’octobre 1947, l’avait peu connu13. Seules deux rues de communes de son canton avaient pris son nom (Châtenay et Bagneux dès 1938), et même Sceaux, administré jusqu’en 1959 par son fidèle ami Depreux, ne trouva pas de voie communale ou de bâtiment public susceptibles d’être baptisés « Jean Longuet ». Les temps de la guerre froide et de la Troisième Force ne lui étaient pas favorables. Le vingtième anniversaire de sa mort fut la première occasion notable de célébrer sa mémoire. Le XXe congrès du PC soviétique et la déstalinisation entreprise par Khrouchtchev, voire la crise du socialisme français avec la guerre d’Algérie et la décolonisation, le retour au pouvoir du général de Gaulle ouvraient une autre époque. La cérémonie au demeurant resta discrète : une allocution à Châtenay-Malabry de Maurice Delépine, conseiller d’État et ancien animateur de la « minorité ». Le vingt-cinquième anniversaire fut célébré avec plus d’éclat au Père-Lachaise. La responsabilité en incombait sans doute à l’activité d’Albert Schneidermann, ancien secrétaire de Longuet, qui s’efforçait de mettre sur pied une association des Amis de Jean Longuet14 et à celle du secrétaire fédéral de la Seine, Claude Fuzier, favorable à un certain gauchissement de la ligne de son parti et attaché lui aussi à la mémoire historique du socialisme comme élément constitutif de son identité15. La période (premiers dialogues entre socialistes et communistes, floraison des clubs, émergence de l’histoire du socialisme et du mouvement ouvrier à l’Université) allait également dans le sens de cette redécouverte, toute relative, de Longuet16. Ainsi, localement, deux nouvelles nominations vicinales furent accordées à Jean Longuet par le maire socialiste de Fontenay-aux-Roses, Maurice Dolivet, et par le maire communiste du Plessis-Robinson, Robert Levol, dans les beaux temps de l’entente entre PCF et FGDS (1967). En outre, l’activité de Longuet au service des réfugiés antifascistes, et notamment des antinazis allemands, fut fréquemment rappelée par des historiens et militants allemands17.

  • 18 É. Depreux, Souvenirs d’un militant, op. cit., p. 20-21.
  • 19 Par exemple, J. Lacouture, Léon Blum, op. cit. ; M. Bilis, Socialistes et pacifistes, op. cit., to (...)
  • 20 J.-P. Chevènement, Les Socialistes, les communistes et les autres, Aubier/Montaigne, 1977. Cf. aus (...)
  • 21 Des « Journées Jean Longuet » furent organisées les 26 et 27 avril 1985 pour le soixantième annive (...)

7Édouard Depreux, secrétaire national honoraire du PSU, fort critique sur le passé de la SFIO, rendit dans ses mémoires le plus vif hommage à son ancien mentor, présenté comme « trop oublié aujourd’hui », mais incarnant « la fidélité aux principes qui ont été la règle et l’honneur d’une vie au cours de laquelle rien de ce qui était socialiste ne lui a été étranger18 ». La fi n des années 1970 fut dans l’ensemble assez favorable à la mémoire des militants qui paraissaient avoir entrouvert ou réfléchi à d’autres perspectives que celles qui devaient finalement l’emporter : les ouvrages d’histoire du socialisme parus dans cette période évoquèrent avec sympathie la personnalité de Jean Longuet19. De son côté, Jean-Pierre Chevènement montrait quelque attention au « centrisme » de l’après-guerre et à « l’Internationale Deux et demi », à cette volonté d’unir et de dépasser à la fois le communisme et le réformisme, préfigurant ainsi, à grands traits, l’action de son propre courant, le CERES20. La municipalité de Châtenay-Malabry a longtemps continué à entretenir une mémoire vivante de l’action et de la vie de son ancien édile21. Regain limité certes, et sans doute momentané, lié à la conjoncture des avancées de l’union de la gauche des années 1970 et 1980.

L’épreuve de la vie

  • 22 L. Marin, « Rue Traversière », Lectures traversières, Albin Michel, 1992, p. 15.

8La présence de Jean Longuet dans la mémoire du socialisme et de la République reste donc ténue. Ce ne peut être totalement surprenant. L’ambition même du personnage l’impliquait : vouloir être avant tout un « passeur » du socialisme, celui qui informait des initiatives et des pratiques d’un pays à l’autre, entre ce qu’il voulait concevoir comme des « sections nationales » de l’Internationale, amenait à ne pas privilégier la mise en scène de son propre nom et de son œuvre. Les limites de Longuet étaient donc contenues dans son projet de vie. Il ne risquait pas de confondre sa biographie avec l’histoire du monde. « Pas de souci de reconnaissance, point d’inquiétude de légitimation22 » : cela aurait pu être la devise de Longuet, c’est aussi, selon Louis Marin, le propre des œuvres traversières.

  • 23 F. Mauriac, Bloc-notes, 9 janvier 1966, op. cit., Mauriac applique à la politique cette formule du (...)

9Affable et doux, Longuet pouvait être inébranlable et dépasser même sa fonction de passeur et de militant. Les moments importants de sa vie furent justement ceux où il constata qu’il ne lui était plus possible de s’en tenir à cette fonction recherchée de documentaliste et de modérateur au sein du mouvement socialiste. Homme du présent, il savait ressentir ou deviner les moments où ce présent exigeait de se livrer à un effort inhabituel pour être à la hauteur de l’événement. On pourrait dire de ce laïque qu’il avait reçu le « sacrement du moment présent » évoqué par Mauriac dans une de ses chroniques23 : « Chaque moment amène un devoir qu’il faut remplir avec fidélité. » Or Longuet, qui respectait à un si haut point la fonction mémorielle dans l’éducation socialiste ainsi que le souci du respect des règles définies par les grands historiens de la fin du xixe siècle, s’efforçait de fournir une réponse socialiste à chaque événement, pris non seulement comme un prétexte ou un élément du combat politique, mais comme un problème à résoudre dans un esprit socialiste. Ce n’était pas toujours simple, surtout lorsque les problèmes étaient nouveaux. Il devait élaborer des réponses qui ne fussent pas les répétitions des formules utilisées par les maîtres passés ou présents de la doctrine. Que ce fût lors de la guerre, de la discussion sur les conditions d’adhésion à la Troisième Internationale, de la lutte contre les fascismes, la caractéristique de chacun de ces moments particuliers, qui dessinèrent autant d’acmés dans la vie de Longuet, fut de se fonder sur l’émergence de l’inquiétude.

10Les réponses fournies par Longuet méritent évidemment quelques commentaires. Longuet a vécu trois périodes historiques, qui correspondent à peu près au découpage de cette étude, et qui englobent l’essentiel de la Troisième République : la phase d’expansion économique et d’émergence des partis politiques modernes, celle de la Première Guerre mondiale, et enfin presque toute la période de l’entre-deux-guerres. Jusqu’en 1914, Longuet se voulut avant tout un militant. Il l’était avec sa spécificité, celle d’un licencié de l’université, journaliste et avocat. Il nous fournit donc un éclairage particulier sur quinze à vingt années d’activité politique. Jeune homme, Longuet s’investit dans des formes nouvelles, le parti et la presse. Il en connut vite les rouages à des niveaux divers : groupes parisiens et provinciaux, fédérations, congrès nationaux et internationaux, organes de direction pour le parti, quotidiens, hebdomadaires et revues pour la presse. Il ne chercha pas à maîtriser les formes nobles, de la chronique ou de l’éditorial, plus traditionnelles, mais choisit celles du siècle qui venait. Il pratiqua l’information précise et informative, contribua à populariser l’interview et préféra aux revues académiques des publications plus militantes, plus populaires aussi, annonciatrices de nos modernes hebdomadaires.

11Son activité militante peut aussi se lire comme révélatrice de la sénescence des formes traditionnelles : partis « de secte », dont la discipline étroite pouvait servir de substitut à des pratiques insurrectionnelles abandonnées, parti de notables, réseau de comités électoraux, groupés autour de ses parlementaires. La solution à laquelle se rallia avec Longuet l’ensemble du mouvement socialiste fut de privilégier le cadre départemental. Les fédérations, par leur souplesse, permettaient l’équilibre entre élus et militants et représentaient le moyen idoine de conquête de l’électorat. Homme de la SFIO, ce « parti de citoyens » comme l’a établi Madeleine Rebérioux, Longuet devenait alors le technicien d’un parti moderne qui recherchait l’implantation nationale : ses propositions visaient à développer non seulement des services de parti, à l’organisation encore fort étique avant 1914, mais aussi à en rapprocher le fonctionnement et les coutumes avec les grands partis de l’Internationale (Allemagne et Belgique notamment). Ce parti une fois constitué, mis à part des améliorations ponctuelles proposées, la fonction qu’il privilégia fut d’assurer les relations et les passages entre le socialisme international et la France, particulièrement en ce qui concernait le monde anglo-saxon. Le socialisme français de la Deuxième Internationale ne doit pas seulement se lire dans son rapport avec la prestigieuse social-démocratie allemande. Certes, Longuet vénérait lui aussi le « Charlemagne » de l’Internationale, Karl Kautsky, mais qu’impliquait au juste cette vénération ? Elle ne lui interdisait pas d’avoir très tôt des vues divergentes avec le prestigieux maître de la Neue Zeit. En fait, le poids de la social-démocratie allemande ne doit pas faire négliger les relations avec d’autres forces socialistes, les Italiens un temps, les Belges, et, en notre domaine, les Britanniques. Longuet fut toujours à l’écoute des socialistes anglais, conscient des différences considérables avec la situation française, mais aussi des enjeux susceptibles d’être éclairés par leur pratique : ainsi, le soutien travailliste aux réformes de Campbell-Bannerman et de Lloyd George pouvait aussi permettre d’aider à définir quelles auraient pu être en France les conditions d’une coopération entre socialistes et radicaux. De même, les premières expériences gouvernementales menées en Australie n’étaient pas seulement affaire de spécialiste amateur d’enquêtes exhaustives. La SFIO était sans doute encore assez loin de la prise ou de la participation au pouvoir, mais elle y était candidate et devait donc approfondir sa connaissance des possibilités de gouvernement. À sa place de spécialiste des questions internationales, Longuet participait à ce travail de légitimation des partis socialistes. De plus en plus nettement s’affirmaient les nouveaux thèmes d’une politique internationale fondée sur l’intervention des peuples, la démocratie et le refus des traités secrets entre chancelleries. Si Longuet ne prit guère part aux débats sur l’impérialisme, il dénonça fréquemment les dangers de la montée des nationalismes et contribua à populariser l’idée d’émancipations nationales non liées à la constitution d’États-Nations (Autriche-Hongrie, Turquie…).

12Longuet fut aussi un élément non négligeable de la chaîne qui relia la tradition marxiste de la Deuxième Internationale à l’idéologie républicaine française, cas assez fréquent, et au libéralisme britannique, ce qui fut plus rare. Certes, il ne fut pas le seul à comprendre de plus en plus la révolution à venir comme un moment de l’évolution, de la maturation révolutionnaire. La révolution se fait par étapes, en respectant les divers stades prévus de l’évolution sociale et économique, d’où son menchevisme profond dans l’examen des affaires russes, en donnant la priorité à la voie parlementaire, mais en se refusant à exclure, au nom des souvenirs de la Grande Révolution, tout recours à l’insurrection. Par fidélité aux principes marxistes, sans doute stimulés par l’exemple travailliste, Longuet était en outre particulièrement sensible à la forte identité de classe que devaient conserver ou acquérir les forces socialistes : là encore, il aurait souhaité influencer le socialisme français pour le rapprocher des normes internationales. L’apport britannique se lisait également dans d’autres domaines. Son anticléricalisme perdit vite tout aspect antireligieux et, en tant qu’avocat, son souci des libertés individuelles se renforça certainement par la fréquentation du pays de l’habeas corpus.

13Longuet n’eut guère d’états d’âme en 1914. La France étant agressée, il fallait la défendre. L’invasion expliquait même que les socialistes prissent leur part de responsabilité en entrant dans le gouvernement. Jamais, jusqu’à la fin des hostilités, Longuet ne mit en cause le consensus national. « Il fallait tenir », les prolétaires avaient une patrie et se refusaient à l’asservissement. Mais, le conflit se prolongeant, Longuet eut aussi très vite le sentiment que les socialistes ne pouvaient se contenter de cette seule parole. L’étendue du désastre humain provoqué par « la grande boucherie » exigeait qu’une autre parole, soucieuse de paix et de réconciliation au sein de l’humanité déchirée, se fasse entendre. Comment sortir du cauchemar ? Protester contre l’Intolérable était bien, mais, homme politique et esprit pratique, Longuet devait aussi chercher les moyens politiques d’une issue. Il ne s’agissait pas de mettre en péril la France, mais d’éviter la poursuite sans fin du massacre. Ainsi, il fallait se fixer des objectifs, des buts de guerre, ne serait-ce que pour laisser vivre l’espérance raisonnable d’une fi n possible au conflit. Nous trouvons là l’origine de la sympathie immense des socialistes français pour Wilson.

14Il fallait préserver les voies de l’avenir, donc ne pas laisser le langage de guerre tout recouvrir. Il était nécessaire de laisser sa part au discours de paix, même si sa réalisation pratique n’était pas à l’ordre du jour. Il fallait limiter autant que faire se pouvait tout ce que la guerre de défense nationale avait précisément de guerrier, d’hostilité à l’ennemi, de contraignant et de menaçant pour la démocratie française et l’esprit républicain, les libertés collectives et individuelles, d’où une certaine sympathie envers les extrémistes zimmerwaldiens, malgré leurs « exagérations », car ils aidaient la besogne fondamentale de la minorité socialiste qui voulait maintenir les mots de paix et d’internationalisme dans la propagande socialiste, malgré l’apparence contraire des événements… Ce n’était pas secondaire, puisque cela renvoyait à l’essence eschatologique du socialisme. Cet enjeu du discours, qui ne remettait pas en cause le pacte national et républicain, était bien un débat essentiel du socialisme. Pour le reste, autour de la dualité de positions exprimées par la majorité et la minorité, le jeu des personnalités se situait à un autre niveau et il n’est guère surprenant qu’une approche individualisée fasse apparaître nuances et chatoiements divers. Longuet et ses amis étaient très engagés dans ce qui apparut bien comme les prémisses d’une autre politique républicaine, d’une politique d’alliance à gauche pour une paix de compromis. Il manqua surtout aux socialistes soucieux de réalisation concrète l’existence affirmée de partenaires possibles. La logique de guerre, le traumatisme provoqué par l’invasion du territoire, laquelle renvoyait à tous les drames de la mémoire républicaine, de 1793 à « l’année terrible », l’absence de perspectives fortes et comparables dans le camp des Empires centraux, obligèrent cet autre terme de l’alternative à rester une éventualité peu crédible. Si elle avait dû se réaliser, les lignes de démarcation entre les tendances socialistes se seraient probablement modifiées. Porte-drapeau de la minorité, Longuet fut aussi celui qui maintint des passerelles, de Brizon à Renaudel, utiles pour la sauvegarde de l’unité de la SFIO.

15Un temps, il triompha même. La victoire du congrès d’octobre 1918, qui présida à la « belle année » 1919 du socialisme français, fut la sienne, celle d’un homme de parti, apte à exprimer la parole socialiste accompagnant la sortie de la guerre, grâce notamment à sa direction du Populaire. Inséré dans diverses trames militantes, acceptables par tous, il était le mieux placé pour réunir « la plus grosse majorité » qui s’imposait après les déchirements de la guerre. Il avait même la qualité rare de ne pas s’illusionner à l’excès sur ses propres capacités et donc, de se refuser à jouer le rôle du chef qui sait élaborer des propositions créatrices, représenter, mais aussi conduire son parti dans le jeu des confrontations politiques. Il tenta donc de réunir l’essentiel des forces militantes dans une direction rassemblée, laissant le cours des choses déterminer si tel ou tel responsable prendrait un ascendant particulier. Visiblement, Marcel Cachin, mais aussi très vite Léon Blum, paraissaient les mieux placés par la répartition des talents et des fonctions (la presse pour l’un, le travail parlementaire pour l’autre, l’art oratoire pour tous les deux).

  • 24 F. Furet, Le Passé d’une illusion, essai sur l’idée communiste au xxe siècle, Robert Laffont/Calma (...)
  • 25 Ibid., p. 36.

16La faiblesse de cette entreprise tenait en son caractère essentiellement politique. La grande force de Longuet était non seulement de connaître tous les rouages, et les hommes, du parti et de l’Internationale, mais aussi d’avoir un grand sens politique, d’être habile à exercer la « pratique du présent ». Cependant, tout cela comptait finalement peu en regard des profonds bouleversements engendrés par la guerre, dont Longuet, pas plus que quiconque, ne pouvait prendre la mesure. La guerre de 1914 « a labouré si profond dans la plus brillante des civilisations modernes qu’elle n’en laisse aucun élément qui ne soit transformé. Elle […] inaugure ce siècle féroce dont nous sortons […] formidable rupture avec ce qui la précède24 ». Ce constat souligne la fragilité intrinsèque extrême des projets politiques soucieux simplement de restaurer, de « reconstruire » d’anciens mondes, fussent-ils ceux de partis et d’une Internationale jadis révolutionnaires. Au contraire, la grande force du bolchevisme sera de trouver « des responsables […] à l’échelle du massacre25 », d’annoncer un monde nouveau où de semblables horreurs ne seraient plus possibles. Face à ce constat, le patient travail de regroupement, le sens des nuances et le rappel des justes principes par Longuet n’avaient guère de chances de s’imposer.

17Il ne pouvait empêcher que tout ce qui avait été fait pour préserver la parole socialiste de sa contamination par la guerre fut rapidement hors d’état de résister à la vague incoercible de toutes les souffrances charriées par l’hécatombe. Existait-il des chances de réussir ? Il aurait fallu que l’esprit d’abnégation politique fut beaucoup plus largement répandu, que les anciens majoritaires français serrassent d’emblée la main de leurs camarades allemands, que minoritaires et majoritaires allemands ou russes cessassent de se fusiller, bref, qu’existât un autre monde. Longuet avait certes l’âme politique et, comme le disait Blum, s’était assimilé intimement et entièrement au parti et était pénétré au plus profond de lui-même du sens international, mais une identification aussi poussée aux formes unifiées du socialisme de la Deuxième Internationale finissait par se confondre avec de l’utopie. Au demeurant, lui-même en eut conscience après quelques mois et il s’efforça de trouver des solutions de remplacement. Il aurait pu alors répéter la formule qu’il affectionnait « stupide comme un fait, mais vrai comme un fait ». La révolution russe était devenue un fait, un fait victorieux, revanche non seulement des prolétaires sur l’ordre capitaliste, mais revanche aussi des anciens combattants et victimes de guerre sur les États et les gouvernements rendus coupables de guerre. Longuet en prit acte, mais il ne put que rechercher des solutions d’attente ou explorer des voies qui s’avérèrent décevantes. Son tableau brossé à Tours du socialisme international était impressionnant, mais ce qui manquait à ces forces non ralliées au bolchevisme était une unité minimale. Ni les travaillistes, ni les indépendants allemands, ni même pour finir l’ensemble des reconstructeurs ne le suivirent. L’Union des partis socialistes de Vienne, l’ » Internationale Deux et demi », était dès l’origine condamnée à un retour sur des valeurs défensives, faute d’une coordination suffisante des principales forces susceptibles de s’y retrouver, faute surtout d’un projet mobilisateur. Le refus du bolchevisme ne suffisait pas à suppléer aux indéterminations et aux hésitations des socialistes.

18Après Tours, Longuet devint la conscience du parti socialiste, son mémorialiste et son sage, qui invitait à la réflexion dans La Nouvelle Revue socialiste ou cherchait à apaiser les querelles. Il était aussi celui qui maintenait face aux communistes le souvenir du socialisme pacifiste de la guerre, du refus de Tours, chargé de l’accueil des anciens revenus à la Vieille Maison. Cela ne facilitait pas ses rapports avec le Parti communiste, sans pour autant conforter sa position au sein de la SFIO où il était d’autant plus honoré qu’il était prêt à s’effacer. Il ne fut pas heureux en élections. Mais il n’abandonna pas son effort de reconstruction, souhaitant la reconstitution d’instances internationales fortes. Non seulement, il servit pour cela l’IOS, mais il accorda intérêt et confiance au Bureau international du travail (il se réconcilia même avec Albert Thomas !) et à la Société des Nations. On retrouve la même volonté de doter la SFIO d’armatures sérieuses dans son travail au conseil général ou dans son animation d’une mairie où il s’efforça de développer une culture socialiste : fêtes, sports, activités culturelles, solidarité internationale… En quelque sorte, il s’efforça de faire vivre une pratique socialiste de la politique. Celle-ci se fondait sur la prédominance d’activités destinées aussi bien à marquer son identité de classe qu’à préfigurer la société nouvelle. Elle n’échappait pas à une contradiction : annonçant la fin de l’histoire, l’avènement d’une société sans conflit, elle atténuait la portée des alternatives possibles et évacuait ainsi ce qui fondait la spécificité de la dimension politique. Lorsque le cours de l’histoire imposa toutefois ses choix, de manière tragique, Longuet se vit contraint de remettre en question cette organisation sociale et culturelle en redonnant le primat au politique. Il était alors singulier de voir son style, ses arguments et ses références se modifier. La phrase se raccourcissait. Les citations étaient plus brèves et moins empruntées au trésor des textes canoniques des fondateurs du « socialisme scientifique » ou de la vulgate des propagandistes du tournant du siècle. C’était une autre morale qui réapparaissait et s’imposait, qui proclamait la dignité du refus, et renouait avec les valeurs du siècle des Lumières et de la déclaration des droits de l’homme. Le petit-fils de Marx restait non seulement l’arrière-petit-fils d’un « patriote » de 1789, mais aussi l’ancien élève de professeurs tels Charléty au lycée Condorcet, un enfant de la Laïque et de la République.

  • 26 H. Cixous, L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk Roi du Cambodge, Tours, Mame/ Th (...)

19Longuet fut-il un grand homme ? Pesa-t-il sur le destin des événements ? Il n’est pas interdit de trouver la question oiseuse, et de toute façon si relative… Il n’était pas nécessaire de terminer ce travail pour constater que sa personnalité ne se plaçait pas sur le même plan que celle de Jaurès. Mais on pourrait également dire, à la manière du Sihanouk d’Hélène Cixous : Jaurès « est un géant gigantesque. Moi, celui que j’aime, c’est le nain gigantesque26 ». Métaphore osée s’agissant du longiligne Longuet, mais son mérite serait de rappeler que le rôle, la valeur, la grandeur même d’une personnalité ne tiennent pas nécessairement à une fonction de démiurge. Des hommes simples, ou de simples hommes, sont également susceptibles d’incarner « un moment de la conscience humaine ».

Notes

1 Lettres de Longuet à Paulhan, 3 et 17 août 1938, archives IMEC, Fonds Paulhan. Lettres à Gaston Richet, 7 et 13 août 1938, CARAN, archives Depreux, 456 AP 6.

2 Le n° 299, 1er août 1938, que Longuet commenta dans sa dernière lettre à Paulhan : « J’ai lu avec grand plaisir le dernier n° de la NRF qui contenait des choses excellentes. J’ai fort goûté la suite de “La Galère” de Chambon qui comporte un remarquable récit du 6 février, coloré, vivant et fort exact à mon avis. Sartre est un écrivain curieux et son “Intimité” est très savoureuse. Je suis tout à fait d’accord avec Jouve, en principe, dans ce qu’il écrit sur le deuil de Salzbourg hitlérisé. Cependant je dois vous dire que malgré mon horreur pour tout ce qui touche l’Allemagne nazifiée, je dois reconnaître que, malgré l’absence de Bruno Walter et de Toscanini, le “Dom Juan” qu’on nous a transmis de là-bas par la radio, ne m’a pas paru si inférieur que je ne le craignais aux anciennes exécutions. […] Quelle abomination que cet article de Claudel ! Comme poète, je ne méconnais pas son mérite, mais quelle mentalité a cet apologiste de Franco (qui ne dépare pas la collection des hommes que le Quai d’Orsay envoie pour représenter notre pays à travers le monde !) Certes, il y a à dire sur Staline. Mais pas de cette façon basse et frénétique. »

3 Lettre de Longuet à Richet, 3 septembre 1938, CARAN, archives Depreux, 456 AP 6. Concernant l’issue fatale, le docteur Le Savoureux évoque les effets d’un diabète négligé. Cf. M. Parent, op. cit., p. 197.

4 Lettre d’Anita Longuet à Depreux, 20 octobre 1940, CARAN, archives Depreux, 456 AP 6.

5 Le parti communiste utilise toujours la portion contiguë, incluse dans la 97e division. La partie en contrebas, mince bande de terrain (76e division) où sont enterrés de nombreux communards n’a plus accueilli de dirigeant politique depuis Longuet. Celui-ci est enterré en compagnie de sa femme, de ses deux fils décédés en 1984 et 1987 et de Paul et Laura Lafargue. Son caveau est situé entre celui de la famille Rouanet et celui de Dejeante, non loin des tombes de Malon, Clément, Brousse, etc.

6 Le mot de Bracke : « On l’aimait tant » fut amplement répété. Dunois insista sur le fait que Longuet n’avait pas seulement un délicieux caractère, mais qu’il était « homme de caractère » : « Il pliait, mais ne rompait pas. Modéré, mais inébranlable. »

7 Paul Faure évoqua avec une audace certaine « son cher Longuet » pour soutenir Chamberlain, au motif que « quand on parle et qu’on négocie, on ne se bat pas » (« Vingt ans après », Le Populaire, 17 septembre 1938).

8 Le Populaire, 18 septembre 1938.

9 L’Alerte, 24 septembre 1938 et L’Ordre, 19 septembre 1938.

10 Le fils cadet, Karl, sculpteur, avait des convictions civiques et participa à des activités de résistance, mais sans intervenir de manière directe en politique.

11 « Il donnait l’impression de s’être mis à son compte », ce reproche exprimé par Daniel Mayer n’est-il pas une autre façon de souligner l’indépendance, mais aussi le relatif isolement de Longuet ? (Entretien avec Daniel Mayer, 7 octobre 1994).

12 Ce relatif mais net oubli est confirmé par les souvenirs de Robert Verdier (lettre du 27 juillet 1994), secrétaire adjoint de la SFIO à la Libération et directeur du Populaire jusqu’en 1954 qui ne se rappelle guère avoir entendu le rôle de Longuet évoqué, en dehors des témoignages de Depreux.

13 Il ne résidait à Châtenay que depuis décembre 1936. Cf. J. Girault, Militants…, op. cit.

14 Originaire de Pologne, Albert Schneidermann collabora au cabinet de Longuet pendant deux décennies, traducteur de yiddish pour les dirigeants socialistes et un temps chroniqueur sportif au Populaire.

15 Cf. D. Lefebvre, Claude Fuzier, Bruno Leprince, 2005.

16 Le Populaire de Paris, 8 et 9 octobre 1963. Furent présents à la cérémonie, outre les membres de la famille, Ernest Cazelles, secrétaire général adjoint de la SFIO, Pierre Mauroy, Maurice Coutrot, sénateur, maire de Bondy, Jacques Carat, maire de Cachan, Georges Levillain, maire de Clichy, des conseillers de Paris. Une représentation donc plus régionale que nationale. Fuzier et Moutet, doyen du Sénat, prononcèrent des allocutions.

17 Cf. M. Livian, Le Socialisme et l’immigration, op. cit. ; « Jean Longuet et les réfugiés », op. cit.

18 É. Depreux, Souvenirs d’un militant, op. cit., p. 20-21.

19 Par exemple, J. Lacouture, Léon Blum, op. cit. ; M. Bilis, Socialistes et pacifistes, op. cit., tous deux parus en 1979 ; R. Verdier, Bilan d’une scission, op. cit., 1981.

20 J.-P. Chevènement, Les Socialistes, les communistes et les autres, Aubier/Montaigne, 1977. Cf. aussi Enjeu, janvier 1986.

21 Des « Journées Jean Longuet » furent organisées les 26 et 27 avril 1985 pour le soixantième anniversaire de l’élection de la première municipalité Longuet. Les actes furent publiés sous le titre Jean Longuet, la conscience et l’action par la Revue Politique et Parlementaire (diffusion PUF) en 1988, (préface de Maurice Agulhon). Jusqu’au changement de majorité municipale (1995), les maires socialistes successifs, Jean Vons et Jean-François Merle, ainsi que leurs adjoints à la culture, Roger Tropéano, puis Michel Canet, poursuivirent commémorations officielles et aide à la recherche, avec le concours notamment de Jacques Girault, historien et universitaire, mais aussi conseiller municipal de Châtenay-Malabry de 1977 à 1989.

22 L. Marin, « Rue Traversière », Lectures traversières, Albin Michel, 1992, p. 15.

23 F. Mauriac, Bloc-notes, 9 janvier 1966, op. cit., Mauriac applique à la politique cette formule du père de Caussade, extraite de L’Abandon à la providence divine envisagé comme le moyen le plus facile de sanctification.

24 F. Furet, Le Passé d’une illusion, essai sur l’idée communiste au xxe siècle, Robert Laffont/Calmann-Lévy, 1995, p. 35.

25 Ibid., p. 36.

26 H. Cixous, L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk Roi du Cambodge, Tours, Mame/ Théâtre du Soleil, 1985, p. 77.

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