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    Plan détaillé Texte intégral INTRODUCTION UNE PHASE INTERMÉDIAIRE : LA « DÉCRISPATION » MARCHE FORCÉE VERS LA CONFÉRENCE NATIONALE LA MISE EN ŒUVRE DU RENOUVEAU POLITIQUE UN RECADRAGE DES RELATIONS AVEC LA FRANCE CONCLUSION Notes de bas de page Auteur

    Pouvoirs anciens, pouvoirs modernes de l'Afrique d'aujourd'hui

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    Les modalités de la transition démocratique au Niger : l’expérience de la conférence nationale

    The terms of the transition to democracy in Niger: the example of the National Conference

    Élodie Apard

    p. 153-167

    Résumés

    La mort en 1987 du général Seyni Kountché, qui, depuis 1974, incarnait la confiscation du pouvoir par un parti unique et un pouvoir hégémonique, et son remplacement par son chef d’état-major, le colonel Ali Saïbou, coïncidaient avec une volonté profonde de changement dans la population nigérienne.
    Le nouveau président dut bientôt céder aux exigences d’un mouvement social de grande ampleur et, acculé, accepta l’ouverture au multipartisme ainsi que la tenue d’une conférence nationale, qui se déroula du 29 juillet au 3 novembre 1991. La conférence nationale est un événement majeur dans le processus de transformation politique déclenché au Niger par la mort de Kountché. Par ailleurs, elle donna lieu à un recadrage des relations avec la France, jugée trop présente et néocolonialiste. La conférence nationale malgré ses « ratés » cristallise jusqu’à aujourd’hui les espoirs déçus de la population qui y voyait la promesse de solutions durables pour l’amélioration générale du pays.

    The death of President Kountché –who since 1974 was the living symbol of the confiscation of power under single-party rule and of an hegemonic power– and President Kountché’s replacement by his Chief of Staff Colonel Ali Saïbou, occurred at the very moment when the Nigerien population was driven by a deep-rooted will for change. The new President was soon compelled to give in to the demands of a broad social movement and compelled to accept opening up to multiparty politics and organizing a National Conference, which took place from July 29th to November 3rd 1991. The National Conference is a significant event in the process of political transformation triggered in Niger by Kountché s’ death. Furthermore, it led to a reframing of relations with France, considered to be too present and neo-colonial.

    Texte intégral INTRODUCTION UNE PHASE INTERMÉDIAIRE : LA « DÉCRISPATION » MARCHE FORCÉE VERS LA CONFÉRENCE NATIONALE LA MISE EN ŒUVRE DU RENOUVEAU POLITIQUE UN RECADRAGE DES RELATIONS AVEC LA FRANCE CONCLUSION Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    INTRODUCTION

    1Au Niger, au début des années 1990, un désir de renouveau socialement construit se greffe sur le déclin du régime militaire et entraîne une reconfiguration de l’espace politique qui, aidée par le contexte international, conduit très logiquement le pays sur la voie de la démocratisation. La conférence nationale est le point d’orgue de cette période ; la libéralisation de la vie politique nigérienne déclenche un phénomène de déconstruction des modèles précédents et la classe politique, qui s’élargit alors soudainement, prend en main la gestion des affaires publiques dans un élan aussi fervent que déstructuré. Les questions nationales et internationales se posent alors dans le cadre flou de la restructuration, où de nombreux acteurs, jusque-là contraints au silence, se saisissent de la parole politique. Ce mouvement est à la fois aidé et desservi par le contexte mondial qui, s’il est favorable à la démocratisation des États africains, est par ailleurs économiquement très contraignant. Malgré les épreuves qui jalonnent cette période charnière – et en particulier l’éclatement de la rébellion touarègue – le Niger réussit, de manière relativement rapide et efficace, à transformer son appareil politique afin d’amorcer le processus de démocratisation. Cette restructuration ne se fait pas uniquement sur le plan interne, elle implique également une redéfinition des relations avec l’extérieur, notamment avec l’ancienne puissance coloniale, ainsi qu’un dialogue renouvelé avec les acteurs de l’aide au développement.

    UNE PHASE INTERMÉDIAIRE : LA « DÉCRISPATION »

    2Après trois décennies de confiscation du pouvoir par un parti unique, puis un gouvernement militaire autoritaire, interviennent les premiers signes d’une modification profonde du système politique nigérien. Depuis l’indépendance, les dirigeants avaient mis en place des pratiques politiques exclusives qui écartaient du domaine public les questions de gouvernance et qui cantonnaient l’expression politique au niveau des élites. Le général Seyni Kountché, au pouvoir depuis 1974, incarnait à lui seul cette logique du pouvoir personnifié et hégémonique. Lorsqu’il meurt, en novembre 1987, c’est son chef d’état-major, le colonel Ali Saïbou, qui est désigné pour le remplacer. Certes, le pouvoir reste aux mains des militaires, cependant cette nomination entraîne une détente généralisée du climat politique et social, car à la fermeté et la rigueur de son prédécesseur, Ali Saïbou oppose bonhomie et flexibilité. Pour les Nigériens, que les années de dictature ont rendus avides de souplesse, ce changement est de bon augure. La volonté de Saïbou de répondre aux attentes du peuple s’illustre immédiatement avec la libération des prisonniers politiques, le retour des opposants en exil ou encore la suppression de la police politique. La nouvelle présidence engage donc le Niger sur la voie de l’ouverture. Pourtant, la cause naturelle du départ de Kountché donne à cette transition une dimension spécifique ; jusqu’à sa mort, son pouvoir n’a été ni ébranlé, ni même contesté1. Or, la logique persistante de monopolisation du pouvoir politique, ainsi que la longévité du régime militaire ont profondément marqué la construction de l’identité de l’État et c’est à la lumière de ce contexte particulier que le processus de démocratisation doit être observé. La période transitoire qui s’ouvre avec l’arrivée au pouvoir d’Ali Saïbou est d’ailleurs appelée la « décrispation » par les Nigériens, y compris les autorités, qui reconnaissent donc implicitement qu’il y avait jusqu’alors « crispation ».

    3Changement de chef donc, et changement de ton, mais la transformation du système politique reste toutefois très progressive ; les premières réformes institutionnelles interviennent en septembre 1989, avec l’adoption d’une nouvelle Constitution et l’instauration de la IIe République. La tâche à laquelle s’attache le nouveau président – qui n’a par ailleurs, jamais eu l’intention de gouverner – est particulièrement ardue, car les défis posés par l’après Kountché sont nombreux. Sur le nouveau pouvoir se greffent, en effet, à la fois les attentes des Nigériens, les logiques françaises de préservation des rapports privilégiés qui avaient été établis depuis l’indépendance, ainsi que les aspirations de l’armée, affaiblie par les crises internes. La politique de décrispation atteint rapidement ses limites face à un contexte national très instable, marqué par une crise économique profonde, des revendications sociales de plus en plus affirmées et les prémices d’un mouvement de rébellion ; autant de facteurs de tension que le pouvoir se révèle incapable de contrôler.

    4Dans ce processus, le contexte international joue un rôle important puisqu’il est favorable à l’évolution des modèles de gouvernement en Afrique, où les États ne sont plus soumis aux tiraillements entre deux blocs politiques antagonistes, qui avaient fait du continent l’échiquier de leur rivalité. Mais si le triomphe du capitalisme élargit la marge de manœuvre des pays africains qui ne sont plus confinés dans l’appartenance à un camp ou à un autre, le libéralisme économique qui l’accompagne retire en revanche à ces mêmes États nombre de leurs prérogatives. C’est le phénomène auquel on assiste au Niger, lors de la crise provoquée par la chute des cours mondiaux des matières premières à la fin des années 1980, qui entraîne une pénurie des ressources de l’État et déclenche un phénomène de désétatisation que l’intervention des instances financières internationales parachève. Ces difficultés financières ont un impact social conséquent : les secteurs publics tels que la santé et l’éducation sont les premiers touchés par les restrictions budgétaires consécutives à l’application des plans d’ajustement structurel élaborés par la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI). Cette situation économique constitue un levier pour la contestation populaire – notamment estudiantine – qui, si elle s’insurge contre le maintien du régime militaire, fustige aussi les effets du libéralisme économique.

    5La crise que traverse alors l’État nigérien résulte de l’addition de facteurs internes et externes. Si l’on suit l’analyse du politologue nigérien Abdoulaye Niandou Souley2, une part de cette crise est imputable à la politique menée par Seyni Kountché, qui a continué à cumuler dépenses de prestige, surendettement et distributions tous azimuts censées garantir la fidélité de l’armée, alors même que les revenus de l’État étaient en chute libre. Cependant, le régime militaire a tenté de mener une politique de développement et si certaines sommes ont servi aux prébendes, le budget de l’État a également été attribué aux investissements publics, à l’équipement et au paiement des salaires. Ce que Niandou Souley appelle « la faillite de l’État ambitieux3 » n’est pas un phénomène uniquement issu d’une gestion patrimoniale et d’une dilapidation des deniers publics, c’est aussi la conséquence d’une politique menée à grands frais dans le but de moderniser le pays. Il est nécessaire de considérer cette période comme une étape importante dans la construction de l’identité politique du Niger ; les réalisations de la période Kountché – de même que, dans un autre registre, celles de la période Diori – sont nées d’une démarche politique propre, parfois guidées par des intérêts extérieurs mais également menées dans le cadre d’une réflexion à l’échelle nationale, en dépit des vides laissés par l’État colonial et de l’absence de relais locaux capables de prendre en charge une partie de la responsabilité du développement4.

    MARCHE FORCÉE VERS LA CONFÉRENCE NATIONALE

    6Si la mort de Kountché est l’événement déclencheur de la transformation du système politique nigérien, c’est la situation économique et sociale qui provoque le véritable changement de régime. L’État, dont les recettes diminuent et dont le niveau d’endettement s’aggrave, n’est plus en mesure d’assurer les dépenses courantes. Les licenciements se multiplient, les arriérés de salaires s’accumulent et, en retour, la contestation sociale prend de l’ampleur. Les organisations syndicales commencent à s’organiser et les mouvements de grèves se succèdent ; de manifestations étudiantes en journées « ville morte », la tension sociale est de plus en plus palpable. Au mois de juin 1989, une manifestation de commerçants dégénère et Niamey connaît sa première émeute5. Au cours des mois suivants, les événements s’accélèrent, entraînant une crise que le pouvoir ne peut plus endiguer et qui atteint son paroxysme lorsque le 9 février 1990, la situation échappe définitivement au contrôle de l’État. Ce jour-là, après plusieurs mois de revendications et de grèves au sein du campus, les étudiants de l’université de Niamey organisent une grande manifestation à laquelle se joignent également les élèves du secondaire. Afin de rejoindre la ville, le cortège des étudiants, fort de plusieurs milliers de personnes, s’engage sur le pont Kennedy6. Le même jour, le président Saïbou7 est en partance pour la Guinée Bissau. Cependant, les forces de sécurité reçoivent l’ordre de se poster à l’autre bout du pont, et d’empêcher la progression de la manifestation, de la bloquer avant qu’elle ne gagne la ville. Rapidement, la confrontation tourne mal et la police, appuyée par la gendarmerie venue en renfort, tire à balles réelles sur les étudiants. Plusieurs centaines sont blessés et trois d’entre eux sont tués. Cette tragique journée déclenche une virulente contre-attaque du mouvement étudiant qui organise une série de grèves et de marches, dénonce la responsabilité du pouvoir dans la mort de ses camarades et demande la démission du président Ali Saïbou. À partir de ce moment, les velléités démocratiques sont d’autant plus fortes que le mouvement étudiant, représenté par l’Union des Scolaires Nigériens (USN) est renforcé par le soutien des syndicats de travailleurs qui appuient alors ses revendications. Comme le souligne Mamadou Gazibo, alors que l’Union Syndicale des Travailleurs Nigériens (USTN) ne s’était jusqu’alors pas réellement opposée au processus politique engagé par le pouvoir militaire d’Ali Saïbou, l’année 1990 est celle de la radicalisation du mouvement syndical et de l’union de l’USN et de l’USTN dans le combat pour la démocratisation8. Les événements du 9 février ont donc un effet majeur sur le déroulement de la transition et ce, à plusieurs niveaux : d’une part, ils marquent un point de non-retour dans l’opposition entre le pouvoir et le mouvement social, d’autre part, le conflit ouvert qui en découle devient un des principaux moteurs de l’organisation de la conférence nationale. De plus, les étudiants, victimes de la répression, gagnent une légitimité qui leur permet ensuite de s’imposer dans les débats et les travaux de la conférence nationale.

    7Trois mois plus tard, l’attaque de Tchin-Tabaraden marque le début d’une autre crise aux enjeux plus larges encore, puisqu’elle est le point de départ d’une rébellion armée et d’un conflit fratricide long de plusieurs années. Dans la nuit du 6 au 7 mai 1990, un groupe de jeunes gens issus des contingents touaregs rentrés de Libye, déçus comme beaucoup d’entre eux des conditions d’accueil et de réinsertion, tente de pénétrer dans le poste de gendarmerie de Tchin-Tabaraden, localité de la région de Tahoua9. L’affrontement, qui fait plusieurs morts, est suivi dès le lendemain et dans les jours qui suivent, d’un important déploiement des forces de sécurité. D’abord dans la ville puis dans la région, celles-ci traquent les responsables de l’attaque et se livrent à de violentes actions de répression – exécutions sommaires, tortures – qui font de nombreux morts dans la communauté touarègue. Le mois de mai 1990 marque indéniablement une étape décisive dans l’évolution de la situation politique du Niger. Ces événements révèlent en effet les graves tensions existant entre des populations qui se sentent ostracisées et le pouvoir centralisé de Niamey qui, héritant des logiques coercitives du régime militaire, se montre incapable de gérer la situation autrement que par la répression. L’« affaire de Tchin-Tabaraden » et sa gestion politique jouent un rôle majeur dans le déclenchement du mouvement de rébellion armé dans le nord du Niger. Si les événements de Tchin-Tabaraden ne portent pas de revendications démocratiques aussi affirmées que le mouvement étudiant du 9 février, ils participent néanmoins à une démarche de délégitimation du pouvoir incarné par Ali Saïbou.

    8La contestation sociale, amplifiée par les conséquences de ces deux crises successives, se trouve ainsi renforcée face à un pouvoir profondément déstabilisé. L’image de réformateur sympathique et souple du président Saïbou est alors gravement assombrie et sa marge de manœuvre politique drastiquement réduite. Incapable d’imposer efficacement son autorité, il doit bientôt céder aux exigences d’un mouvement social de grande ampleur et, acculé, accepte l’ouverture au multipartisme ainsi que la tenue d’une conférence nationale. Il annonce ces deux décisions le 15 novembre 1990, devant les députés de l’Assemblée nationale10. Dans son bilan de la démocratisation, Abdoulaye Niandou Souley relativise le caractère forcé de ce consentement, estimant qu’Ali Saïbou se plie « sans rechigner outre mesure11 » aux revendications exprimées par les Nigériens. Au regard des événements de l’époque, il semble cependant que les options du chef de l’État soient, de toute manière, limitées par la situation sociale et les menaces d’instabilité qui pèsent sur le pays. S’il apparaît que le contexte international est également favorable à une évolution démocratique – en particulier après la déclaration faite par le président Mitterrand au sommet de La Baule12 – c’est pourtant bien le poids des événements nationaux qui pèse le plus lourdement sur le régime militaire nigérien, jusqu’à provoquer son implosion.

    LA MISE EN ŒUVRE DU RENOUVEAU POLITIQUE

    9Appelée de ses vœux par le mouvement social nigérien tout au long de l’année 1990, annoncée par le président Saïbou en novembre, préparée de mai à juin 1991 par une commission nationale préparatoire, la conférence nationale se tient du 29 juillet au 3 novembre 1991. La France y porte un intérêt certain, en particulier en raison de la portée – réelle et symbolique – du discours de La Baule sur le processus de démocratisation en Afrique et ne peut, dans une telle configuration politique, qu’apporter son soutien à la conférence nationale du Niger. C’est ainsi que Jean-Christophe Mitterrand, en visite à Niamey en février 1991, annonce une contribution française de 40 millions de francs ; 30 millions de « concours exceptionnel » et 10 millions de « contribution13 ». La date de l’ouverture, initialement prévue le 8 mai, est plusieurs fois repoussée, d’abord au 27 mai, puis au 15 juillet jusqu’à ce que, deux jours avant le début des travaux, le toit du Palais des Congrès, dans lequel la conférence devait se tenir, s’effondre. Conscient que l’armée – et lui-même – risquent d’être accusés de sabotage, le président Ali Saïbou trouve une solution dans l’urgence : la conférence s’ouvre finalement le 29 juillet au Palais de Sports de Niamey. Au préalable, la commission nationale préparatoire a mis en place l’organigramme ainsi que le calendrier de la conférence14, elle en a défini les structures et fixé ses objectifs :

    « La conférence nationale a pour attribution de faire un bilan des actions passées et en cours, dans tous les secteurs de la vie nationale en vue : d’en tirer les leçons et de dégager les responsabilités collectives et individuelles ; d’élaborer de nouvelles orientations sur la vie politique, économique et socioculturelle du pays pour la période de transition ; de dégager les nouvelles idées de droit sur la base desquelles seront élaborés la future Constitution et les autres textes fondamentaux ; de fixer le calendrier électoral ; de mettre en place un gouvernement de transition ; de mettre en place un organe de contrôle et de suivi de l’exécution des décisions de la conférence nationale et de se pencher sur toutes autres questions d’intérêt national15. »

    10Le président Ali Saïbou qui s’est résolu – malgré l’opposition d’une partie de l’armée – à la tenue de la conférence, prononce le discours d’ouverture. Il y souligne les efforts accomplis sous sa présidence pour favoriser le contexte d’ouverture, mais reconnaît également le rôle du mouvement social, ainsi que la nécessité de la démocratisation au Niger :

    « Voici donc réunie la conférence nationale tant attendue par l’ensemble de notre peuple et sur laquelle reposent nos espérances de renouveau et d’établissement d’une paix sociale durable dans notre pays. […] La conférence des forces vives de la nation nigérienne n’est assurément ni un événement spontané, ni due au fait du hasard. Si elle a été d’abord voulue par les forces sociales organisées de notre pays, elle a été de toute évidence préparée et rendue possible par l’émergence de la nouvelle situation politique prévalant au Niger depuis 1987. Elle s’inscrit également dans les aspirations nouvelles des temps contemporains et constitue l’un des effets induits du vent de démocratie qui souffle avec tant de force sur l’Afrique et le reste du monde16. »

    11Au moment où il parle, le président connaît déjà l’issue de l’événement, il sait qu’il doit abandonner ses fonctions politiques, laisser une nouvelle dynamique prendre forme et, en attendant les résultats de la conférence, se placer au-dessus des débats. Conscient, également, que son régime, l’armée et lui-même feront l’objet de critiques, d’interpellations et d’accusations par les participants à la conférence, il s’attache à souligner, dans son discours d’ouverture, l’esprit de fair-play et la bonne volonté qui l’animent :

    « À la vérité, notre conférence nationale se tenant après tant d’autres, son déroulement et ses conclusions réserveront peu de surprises. J’ai donc conscience qu’elle se proclamera souveraine, qu’elle mettra en place des institutions provisoires pour conduire la période transitoire, qu’un Haut Conseil sera installé et qu’un Premier ministre chef de gouvernement sera désigné à l’issue des travaux pour mettre en œuvre le programme arrêté en commun. Soyez assurés que je n’y ferai pas obstacle car on n’arrête pas le courant de l’histoire. Il importe cependant que dans chacun de vos actes vous ayez un strict respect de la République, de la démocratie, des libertés et de l’État de droit. […] Mon espoir est donc que cette conférence soit, non pas un point d’arrivée mais le point de départ pour des actions nouvelles, concertées, énergiques et efficaces, aptes à faire le salut du Niger et de son peuple. Sachez que je ne m’opposerai à aucune de ses décisions et n’entrerai en conflit avec aucun des responsables qu’elle aura choisis17. »

    12La conférence se déclare effectivement souveraine dès le lendemain et procède, dans les jours qui suivent, à d’importants aménagements institutionnels, dont la suspension de la Constitution, la dissolution de l’Assemblée nationale ainsi que celle du gouvernement18. Prenant le contrôle de l’ensemble des services de l’État, elle prononce le maintien provisoire du président de la République dans des fonctions honorifiques. Afin de mettre en application les décisions et de superviser les travaux, la conférence nationale se dote d’une instance de direction qu’elle nomme le présidium. Les neuf membres qui le composent – président, vice-présidents, rapporteurs et trésoriers – sont choisis parmi les participants et élus par l’assemblée en séance plénière. Certes limitées dans le temps, les responsabilités du président du présidium sont néanmoins importantes ; la gestion de la conférence lui incombe, ainsi que la gestion administrative du pays puisqu’il est chargé de s’assurer du bon fonctionnement des services de l’État pendant cette période. Son élection a lieu le 6 août et oppose deux historiens : Djibo Hamani et André Salifou. À la dernière minute, le professeur Djibo Hamani se désiste au profit de son collègue, qui, acclamé par l’assistance, ne peut contenir son émotion et, au moment de prendre la parole, fond en larmes19. La scène, retransmise à la télévision nationale, est un des moments forts de la conférence et reste, aujourd’hui encore, un des souvenirs marquants que les Nigériens gardent en mémoire. Elle illustre l’importance de l’événement et la volonté des participants de dépasser les conflits de personnalités, mais elle symbolise surtout l’émoi suscité par ce soudain accès à la libération de parole.

    13Sous le terme « conférence nationale », on retrouve un ensemble complexe de structures et de sous structures qui régissent la marche du Niger pendant plus de trois mois. D’une part, pour plus de fluidité dans la coordination générale et d’efficacité dans la gestion administrative, le présidium est secondé par six commissions techniques intervenant dans les domaines publics et sur les aspects logistiques. D’autre part, pour faciliter la conduite des travaux, les participants – plus d’un millier au total20 – sont identifiés selon trois catégories : les « délégués », les « observateurs », les « personnes-ressources », et réparties comme suit.

    14Les délégués :

    • Union des Syndicats des Travailleurs du Niger (USTN) : 100 délégués,
    • Union des Scolaires Nigériens (USN) : 100 délégués,
    • partis politiques : 14 délégués par formation politique sur la base des formations politiques officiellement reconnues (soit 252 délégués),
    • patronat : 100 délégués,
    • syndicats non affiliés à l’USTN : 10 délégués pour chacun des deux syndicats reconnus (le Syndicat National de l’Administration Diplomatique [SNAD], et le Syndicat National des Enseignants-Chercheurs du Supérieur [SNECS]),
    • associations : 2 délégués par associations sur la base des 69 associations reconnues (soit 138 délégués),
    • pouvoir (gouvernement, Assemblée nationale) : 100 délégués.

    15Les autres participants sont également répartis selon leurs fonctions ou la structure à laquelle ils appartiennent :

    • cadres de l’administration centrale : 30 personnes,
    • Forces Armées Nigériennes et groupes paramilitaires : 40 personnes,
    • représentants du monde rural : 64 personnes,
    • représentants des Nigériens de l’extérieur : 50 personnes,
    • personnes-ressources : 50 personnes,
    • Amnesty International : 2 personnes,
    • presse internationale : 10 personnes,
    • Ligue Africaine des Droits de l’Homme : 2 personnes,
    • bailleurs de fonds : 50 personnes,
    • Association des juristes africains : 2 personnes,
    • Nigériens membres des institutions internationales : 20 personnes21.

    16La catégorie « personnes-ressources » rassemble de potentiels intervenants, notamment des membres d’organismes internationaux, n’ayant pas le statut de délégué mais capables d’apporter leur expertise ou leur éclairage sur certains sujets. Enfin, pour cadrer les réflexions et les travaux nécessaires à la réalisation des objectifs de la conférence nationale, sept commissions spécialisées sont créées. Chacune d’entre elles, présidée par une personnalité nigérienne reconnue comme éminente, est composée de cadres, d’experts et de techniciens appelés à faire des propositions pertinentes et innovantes sur les sujets qui leur sont soumis :

    • la commission Affaires politiques, présidée par M. Badroum Mouddour (syndicat SNECS) ;
    • la commission Affaires économiques, présidée par M. Sanoussi Tambari Jackou (parti politique CDS Rahama) ;
    • la commission Socioculturelle, présidée par Mme Bagnan Aïssata Fall (syndicat USTN) ;
    • la commission Crimes et Abus, présidée par M. Maman Abou (journaliste) ;
    • la commission Éducation, présidée par M. Djibo Hamani (enseignant-chercheur à l’université Abdou Moumouni) ;
    • la commission Développement rural, présidée par M. Abba Malam Boukar (parti politique CDS Rahama) ;
    • la commission Communication, présidée par M. Mahamane Mazou (représentant de l’administration22).

    17Organisés en séances publiques, les débats de la conférence sont ouverts et chacun peut y assister librement. De plus, ils sont retransmis en direct à la télévision nationale et peuvent donc être suivis par un grand nombre de Nigériens sur l’ensemble du territoire. Les commissions travaillent à l’élaboration de propositions concernant, notamment, l’avenir des structures politiques du pays, l’état des finances publiques ou encore les réformes à apporter à l’enseignement. Le nombre de sujets abordés est incalculable, toutefois, certains problèmes suscitent particulièrement l’attention des Nigériens et notamment les questions abordées par la commission Crimes et Abus, chargée « de rechercher, d’enquêter et de recenser tous actes, comportements ou faits susceptibles d’engager la responsabilité politique, administrative, pénale et/ou civile de leur auteur23 ». Les Nigériens fondent beaucoup d’espoirs sur le résultat des travaux de cette commission ; ils attendent que la justice soit rétablie sur de nombreuses affaires et notamment celle de Tchin-Tabaraden, celle du 9 février ou encore sur la tentative de coup d’État d’octobre 1983.

    18La situation politique générale est également discutée en séance plénière. Les interventions et les débats consistent à établir un bilan des années écoulées et formuler des propositions pour le modèle démocratique en construction. Une virulente critique des régimes précédents est effectivement faite et des témoins sont sollicités pour rapporter les moyens mis en œuvre dans la répression des opposants politiques24. Selon le président du présidium de la conférence, un des principaux objectifs est de « désacraliser le pouvoir et le parti unique25 ». Dans son processus global, la conférence nationale procède effectivement à une profonde remise en question des politiques menées au Niger depuis l’indépendance, des modes de gouvernance ainsi que des logiques économiques imposées depuis trente ans. La question de l’exploitation minière et de la gestion des ressources est étudiée en séance plénière, notamment à travers le bilan des actions de l’Office National des Ressources Minières (ONAREM). La commission des Affaires économiques dresse le constat d’une « mainmise de la France sur le système minier du Niger » et de la « complicité de certains cadres nigériens » dans l’hypothèque du sous-sol nigérien26. La nationalisation des mines d’uranium est d’ailleurs proposée par plusieurs délégués27.

    UN RECADRAGE DES RELATIONS AVEC LA FRANCE

    19D’une manière générale, la France et les rapports politiques et économiques qu’elle a instaurés avec le Niger depuis les années 1960 sont amplement critiqués pendant la conférence nationale, en particulier par les étudiants, très actifs dans les débats et dont les nombreuses interventions fustigent la politique néocolonialiste de l’ancienne métropole. La conférence est l’occasion pour l’USN de tenter de renforcer son positionnement anti-impérialiste en y faisant adhérer une large partie du mouvement social nigérien. Le rejet des Plans d’Ajustement Structurel (PAS) par la commission Affaires économiques intervient notamment sous l’effet de la diffusion des idéaux de l’USN :

    « Les étudiants africains s’élevant contre la domination et l’exploitation impérialistes, se sont engagés aux côtés des forces progressistes pour revendiquer la libération du continent ; tout comme nous luttons aujourd’hui aux côtés des forces démocratiques favorables au changement afin d’instaurer un ordre nouveau. […] L’ouverture de la conférence nationale, le 29 juillet 1991, constitue pour nous un symbole lourd de sens, mais aussi une étape historique dans la lutte que nous menons depuis trois décennies28. »

    20Pour Moussa Tchangari, représentant de l’USN à la conférence, les critiques dont la France fait l’objet portent sur la nature des échanges franco-nigériens et doivent permettre de repenser le système relationnel dans lequel le Niger s’est inscrit jusqu’alors :

    « Avec la conférence nationale, le Niger a clairement marqué sa volonté d’être un pays indépendant souverain où les dirigeants, élus par nous-mêmes, mènent une politique qui cadre parfaitement avec nos intérêts et pas avec les intérêts d’une autre puissance. […] Nous avons estimé qu’il fallait revoir nos rapports avec la France et que d’un point de vue diplomatique il fallait s’orienter d’avantage vers une intégration avec les autres pays africains, notamment avec le Nigeria29. »

    21Régulièrement prise à partie par les détracteurs de sa politique africaine, la France, en ne prenant pas part aux discussions, adopte une attitude d’apparente neutralité. Soutenant, dans le principe, la tenue de la conférence, l’ambassadeur de France au Niger, Michel Lunven, reste très attentif au déroulement de ses travaux et s’attache à maintenir des relations aussi étroites que possible avec le président du présidium. De son côté, André Salifou joue le jeu de la connivence et s’entretient régulièrement avec le diplomate. Il fait d’ailleurs le compte rendu de leurs rencontres devant l’assemblée à laquelle il fait part de « l’intérêt » que la France porte à la conférence, de sa satisfaction à voir « la manière dont évolue le processus démocratique au Niger » et de son soutien réaffirmé30.

    22Selon son propre témoignage, Michel Lunven est sollicité par les autorités nigériennes pendant toute la période de transition et garde, au moment de la conférence, un rôle très actif :

    « Tout au long de l’année 1991, devant la gravité de la situation et à la demande officieuse tant du pouvoir que de l’opposition, notre ambassade, néocolonialiste jusqu’au bout, va jouer les bons offices31. »

    23Fidèle à la politique franco-africaine mise en place par Jacques Foccart – auprès de qui il a forgé son expérience – Michel Lunven privilégie une gestion individualisée des rapports franco-africains32. Multipliant les contacts directs, l’ambassadeur s’implique personnellement dans le processus politique nigérien. Il affirme participer, en collaboration avec André Salifou et Ali Saïbou – qui requièrent tous deux ses conseils et son soutien – au contrôle de la situation intérieure et au maintien de la stabilité du Niger33. Tentant de nuancer la vision d’une omniprésence de la France dans la transition, André Salifou décrit quant à lui le mouvement démocratique dans lequel s’insère alors le Niger comme un mouvement autonome, animé par des volontés et des énergies endogènes :

    « Les conférences nationales ont été liées au discours de La Baule mais pourtant, la conférence nationale du Bénin a eu lieu en 1990, avant La Baule. Elles sont donc à lier au contexte national. […] Nous avons simplement hérité des schèmes de pensée français, donc parmi les interlocuteurs, un partenaire qui a les mêmes schèmes de pensée est préférable34. »

    24À l’issue de la conférence, Salifou reçoit néanmoins des lettres personnelles de Valéry Giscard d’Estaing et de Jacques Chirac, qui le félicitent et lui expriment leur satisfaction devant les efforts accomplis par le Niger35. François Mitterrand en revanche, et malgré son récent engagement en faveur de l’évolution démocratique des États africains, ne se manifeste pas.

    25L’ambassadeur Lunven, dans ses mémoires, dresse son propre bilan des événements :

    « Malgré toutes ses imperfections, cette conférence représente vraiment un grand moment de démocratie, qui laissera son empreinte sur la vie politique ultérieure de ce pays. Si cette Assemblée constituante se déroule sans drame majeur, les mérites conjoints en reviennent au président Ali Saïbou qui sait s’effacer dignement, au président du présidium André Salifou qui maîtrise habilement tous les débordements, à l’armée qui se tient sur la réserve malgré les violentes attaques dont elle a été l’objet, et… à l’action discrète de l’ambassade36. »

    26Cette analyse – moins afro-centrée que celle de Salifou – fait la part belle au rôle de la France, oubliant de souligner que la grande modération dont font preuve les Nigériens tout au long de la conférence est un facteur essentiel de sa réussite.

    27Processus accélérateur de la démocratisation, la conférence nationale est cependant soumise à de vives critiques, pendant et à l’issue de son déroulement. Certains observateurs nigériens, tels que Aboubacar Yénikoye Ismaël, enseignant-chercheur à l’université de Niamey, la considèrent comme une « révolution infantile », dominée par les revendications radicales de l’USN. Dans les articles de presse qu’il rédige au moment des faits, la conférence nationale est tantôt taxée de « conférence démission37 », conduite par des adolescents tout-puissants, « imbus de la légitimité du 9 février », réussissant à imposer leurs vues grâce à la « lâcheté et la couardise38 » des adultes, tantôt de « conférence conquête du pouvoir39 », où les réflexions constructives pour l’exercice de fonctions politiques cèdent la place aux luttes internes. Si certains animateurs de la conférence – comme Sanoussi Tambari Jackou, président de la commission Affaires économiques – lui attribuent des avancées majeures en matière de démocratie, ils reconnaissent néanmoins que, par la suite, certains acteurs « se sont reniés40 »– appliquant les politiques contre lesquelles ils s’étaient élevés – et que plusieurs de ces acquis ont été « liquidés41 », notamment lors de la reprise du pouvoir par l’armée et par les membres de l’ancien parti unique.

    CONCLUSION

    28Dans le processus de transformation politique déclenché au Niger par la mort de Kountché, la conférence nationale est un événement majeur. Point culminant d’une aspiration collective à la démocratisation, elle n’en représente cependant qu’une des nombreuses étapes. En effet, les mutations du système politique nigérien sont loin de constituer un schéma uniforme et continu d’évolution vers la démocratie. Au contraire, la voie empruntée par le Niger à l’orée des années 1990 est ponctuée de difficultés, de contretemps et même de quelques retours en arrière. À l’intérieur de cette période, extrêmement dynamique et extrêmement tourmentée, les trois mois de travaux de la conférence incarnent une épreuve nationale collectivement remportée ; le bon fonctionnement de l’appareil d’État pendant cette période, ainsi que la maîtrise de l’effervescence provoquée par l’événement sont des gages de réussite indéniables et de fierté légitime pour les Nigériens.

    29La tenue de la conférence permet également de mettre sur pied de nouvelles instances politiques chargées de superviser la transition, en s’attachant notamment à faire respecter le calendrier électoral. La création du Haut Conseil de la République présidé par André Salifou et l’élection du Premier ministre Amadou Cheiffou comptent parmi les réalisations de la conférence contribuant à l’émergence d’un système politique totalement renouvelé. Avec le temps cependant, ces acquis perdent du poids et de la visibilité. Les propositions inapplicables, les problèmes organisationnels ou encore les difficultés de mise en œuvre des décisions prises par le présidium ont assurément des conséquences néfastes sur la perception de la conférence ainsi que sur la phase qui lui succède. Les « ratés », souvent plus prégnants que les réussites, contribuent en effet à déprécier ses actions et les reproches se répètent à propos du traitement de certaines affaires, relevant le manque de fermeté ou l’impartialité des décisions. De plus, le niveau d’endettement du pays, la réaction des institutions financières internationales après le rejet du PAS, puis, trois ans plus tard, la dévaluation du franc CFA, créent des conditions extrêmement difficiles pour les nouvelles institutions politiques nigériennes. Or, cette décennie 1990 – caractérisée par une instabilité récurrente, secouée par la rébellion et la crise économique – a débuté avec la conférence nationale. Associée, dans l’esprit de nombreux Nigériens, à la faillite du système démocratique, elle cristallise jusqu’à aujourd’hui les espoirs déçus de la population qui y voyait la promesse de solutions durables pour l’amélioration générale du pays.

    Notes de bas de page

    1 Plusieurs tentatives de putsch ont eu lieu entre 1974 et 1987 au sein de l’armée, mais jamais la population civile n’a manifesté son rejet du régime militaire.

    2 Niandou Souley A., « Ajustement structurel et effondrement des modèles idéologiques : crise et renouveau de l’État africain », Études internationales, vol. 22, no 2, 1991, p. 253-265.

    3 Ibid.

    4 Medard J.-F., « L’État patrimonialisé », Politique africaine, no 39, octobre 1990, p. 25.

    5 Lunven M., Ambassadeur en Françafrique, Paris, Guéna, 2011, p. 83.

    6 La ville de Niamey est traversée par le fleuve Niger, qui sépare le centre-ville et Harobanda, quartier périphérique, isolé du reste de la ville par cette situation géographique particulière. C’est de ce côté du fleuve que se trouvent l’université et le campus. Pour rejoindre la ville, le seul passage possible est, à cette époque, le pont Kennedy, unique pont et unique voie d’accès vers le centre de Niamey.

    7 Sur le déroulement des événements du 9 février et leur impact sur le mouvement étudiant, voir Aghali A., « En Afrique, l’enseignement supérieur sacrifié », Le Monde diplomatique, mars 2002, p. 20.

    8 Gazibo M., « Gloire et misères du mouvement syndical nigérien », Politique africaine, no 69, mars 1998, p. 128.

    9 Poussés par les grandes sécheresses de 1973-1974 puis de 1983-1984, de nombreux Touaregs ont quitté le Niger et le Mali pour rejoindre la Libye. Sous Kountché, les Touaregs faisaient l’objet de suspicion, accusés d’avoir pris part aux différentes tentatives de coup d’État. Lorsque Saïbou arrive au pouvoir, il encourage leur retour et leur promet une réinsertion facilitée dans la société nigérienne. En 1990, dans la localité de Tchin-Tabaraden se trouve un des camps abritant les Touaregs rapatriés de Libye.

    10 Chaïbou M., Répertoire biographique des personnalités de la classe politique et leaders d’opinion du Niger de 1945 à nos jours, vol. II, Niamey, Niger, Édition Démocratie, 2000, p. 480.

    11 Niandou Souley A., « La démocratisation au Niger : bilan critique », in Kimba I. (dir.), Le Niger, État et démocratie, Paris, L’Harmattan, 2001.

    12 Le 20 juin 1990, au cours de son allocution d’ouverture à la 16e conférence des chefs d’État de France et d’Afrique de La Baule, François Mitterrand déclare : « Il est impossible de proposer un système tout fait. La France n’a pas à dicter je ne sais quelle loi constitutionnelle qui s’imposerait de facto à l’ensemble de peuples qui ont leur propre conscience et leur propre histoire et qui, s’ils veulent bien retenir le principe édicté – la démocratie est un principe universel – doivent savoir comment s’y diriger. Et il n’y a pas trente-six chemins. À la démocratie, il faut un État, à la démocratie, il faut le développement et il faut l’apprentissage des libertés. La France, bien entendu, liera, dans sa démarche, tous ses efforts de contribution à tous les efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté », voir M’Bokolo E. et Sainteny P., Afrique, une histoire sonore (1960-2000), op. cit., CD 5 : « La Baule et après ? », piste 2.

    13 Entretien avec Michel Lunven, réalisé à Paris le 22 juin 2007.

    14 Prévus par la Commission nationale préparatoire pour durer 38 jours, les travaux de la conférence s’étalent finalement sur 98 jours.

    15 Acte fondamental du 30 juillet 1991 : statuts et règlement intérieur, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    16 Discours prononcé par le général de Brigade, Ali Saïbou, président de la République, à l’ouverture de la conférence nationale, Niamey, 29 juillet 1991. Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    17 Ibid.

    18 Les 98 jours de vérité. La conférence nationale au Niger, documentaire produit par la télévision nationale, réalisé par Mamane Mahamadou, Archives vidéo de la conférence nationale, Niamey, ORTN.

    19 Ibid.

    20 1 204 participants initialement prévus, rapport de synthèse de la journée du 30 juillet 1991, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    21 Acte II, règlement intérieur, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    22 Ibid.

    23 Ibid.

    24 Débats sur la situation politique, synthèse des débats des 15-18 août 1991, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    25 Entretien avec André Salifou, réalisé à Niamey le 8 septembre 2008.

    26 Synthèse du 7 octobre 1991, affaire ONAREM, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    27 Entretien avec André Salifou, op. cit.

    28 Communication de l’USN à la conférence nationale, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    29 Entretien avec Moussa Tchangari, réalisé à Niamey le 29 février 2004.

    30 Synthèse des débats du 9 août 1991, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    31 Lunven M., Ambassadeur en Françafrique, op. cit., p. 102.

    32 Michel Lunven commence sa carrière auprès de Jacques Foccart, au sein du secrétariat pour les affaires africaines et malgaches. En 1986, Foccart est nommé conseiller technique pour l’Afrique auprès du Premier ministre Jacques Chirac et il fait recruter Michel Lunven en qualité de chargé de mission.

    33 Michel Lunven affirme notamment mobiliser, par le biais de la mission française de coopération, les réseaux de renseignement constitués par les quatre cents coopérants français présents au Niger, l’assistance militaire technique et l’attaché de défense, le colonel Chevrier (Lunven M., Ambassadeur en Françafrique, op. cit., p. 105).

    34 Entretien avec André Salifou, op. cit.

    35 Ibid.

    36 Lunven M., Ambassadeur en Françafrique, op. cit., p. 104.

    37 Yenikoye I. A., Chroniques de la démocratisation au Niger, t. I, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 21.

    38 Ibid.

    39 Ibid., p. 29.

    40 Entretien avec Sanoussi Tambari Jackou, réalisé à Niamey le 20 septembre 2008.

    41 Ibid.

    Auteur

    • Élodie Apard
      Chercheure à l’IFRA-Nigeria (Zaria & Ibadan), titulaire d’une thèse de doctorat en histoire sur les relations politiques franco-nigériennes à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, elle s’est spécialisée dans l’étude des processus politiques au Sahel et l’analyse des mouvements transfrontaliers, en particulier les circulations religieuses entre le Niger et le Nigeria.
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    1 Plusieurs tentatives de putsch ont eu lieu entre 1974 et 1987 au sein de l’armée, mais jamais la population civile n’a manifesté son rejet du régime militaire.

    2 Niandou Souley A., « Ajustement structurel et effondrement des modèles idéologiques : crise et renouveau de l’État africain », Études internationales, vol. 22, no 2, 1991, p. 253-265.

    3 Ibid.

    4 Medard J.-F., « L’État patrimonialisé », Politique africaine, no 39, octobre 1990, p. 25.

    5 Lunven M., Ambassadeur en Françafrique, Paris, Guéna, 2011, p. 83.

    6 La ville de Niamey est traversée par le fleuve Niger, qui sépare le centre-ville et Harobanda, quartier périphérique, isolé du reste de la ville par cette situation géographique particulière. C’est de ce côté du fleuve que se trouvent l’université et le campus. Pour rejoindre la ville, le seul passage possible est, à cette époque, le pont Kennedy, unique pont et unique voie d’accès vers le centre de Niamey.

    7 Sur le déroulement des événements du 9 février et leur impact sur le mouvement étudiant, voir Aghali A., « En Afrique, l’enseignement supérieur sacrifié », Le Monde diplomatique, mars 2002, p. 20.

    8 Gazibo M., « Gloire et misères du mouvement syndical nigérien », Politique africaine, no 69, mars 1998, p. 128.

    9 Poussés par les grandes sécheresses de 1973-1974 puis de 1983-1984, de nombreux Touaregs ont quitté le Niger et le Mali pour rejoindre la Libye. Sous Kountché, les Touaregs faisaient l’objet de suspicion, accusés d’avoir pris part aux différentes tentatives de coup d’État. Lorsque Saïbou arrive au pouvoir, il encourage leur retour et leur promet une réinsertion facilitée dans la société nigérienne. En 1990, dans la localité de Tchin-Tabaraden se trouve un des camps abritant les Touaregs rapatriés de Libye.

    10 Chaïbou M., Répertoire biographique des personnalités de la classe politique et leaders d’opinion du Niger de 1945 à nos jours, vol. II, Niamey, Niger, Édition Démocratie, 2000, p. 480.

    11 Niandou Souley A., « La démocratisation au Niger : bilan critique », in Kimba I. (dir.), Le Niger, État et démocratie, Paris, L’Harmattan, 2001.

    12 Le 20 juin 1990, au cours de son allocution d’ouverture à la 16e conférence des chefs d’État de France et d’Afrique de La Baule, François Mitterrand déclare : « Il est impossible de proposer un système tout fait. La France n’a pas à dicter je ne sais quelle loi constitutionnelle qui s’imposerait de facto à l’ensemble de peuples qui ont leur propre conscience et leur propre histoire et qui, s’ils veulent bien retenir le principe édicté – la démocratie est un principe universel – doivent savoir comment s’y diriger. Et il n’y a pas trente-six chemins. À la démocratie, il faut un État, à la démocratie, il faut le développement et il faut l’apprentissage des libertés. La France, bien entendu, liera, dans sa démarche, tous ses efforts de contribution à tous les efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté », voir M’Bokolo E. et Sainteny P., Afrique, une histoire sonore (1960-2000), op. cit., CD 5 : « La Baule et après ? », piste 2.

    13 Entretien avec Michel Lunven, réalisé à Paris le 22 juin 2007.

    14 Prévus par la Commission nationale préparatoire pour durer 38 jours, les travaux de la conférence s’étalent finalement sur 98 jours.

    15 Acte fondamental du 30 juillet 1991 : statuts et règlement intérieur, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    16 Discours prononcé par le général de Brigade, Ali Saïbou, président de la République, à l’ouverture de la conférence nationale, Niamey, 29 juillet 1991. Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    17 Ibid.

    18 Les 98 jours de vérité. La conférence nationale au Niger, documentaire produit par la télévision nationale, réalisé par Mamane Mahamadou, Archives vidéo de la conférence nationale, Niamey, ORTN.

    19 Ibid.

    20 1 204 participants initialement prévus, rapport de synthèse de la journée du 30 juillet 1991, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    21 Acte II, règlement intérieur, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    22 Ibid.

    23 Ibid.

    24 Débats sur la situation politique, synthèse des débats des 15-18 août 1991, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    25 Entretien avec André Salifou, réalisé à Niamey le 8 septembre 2008.

    26 Synthèse du 7 octobre 1991, affaire ONAREM, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    27 Entretien avec André Salifou, op. cit.

    28 Communication de l’USN à la conférence nationale, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    29 Entretien avec Moussa Tchangari, réalisé à Niamey le 29 février 2004.

    30 Synthèse des débats du 9 août 1991, Archives de la conférence nationale conservées aux Archives nationales du Niger.

    31 Lunven M., Ambassadeur en Françafrique, op. cit., p. 102.

    32 Michel Lunven commence sa carrière auprès de Jacques Foccart, au sein du secrétariat pour les affaires africaines et malgaches. En 1986, Foccart est nommé conseiller technique pour l’Afrique auprès du Premier ministre Jacques Chirac et il fait recruter Michel Lunven en qualité de chargé de mission.

    33 Michel Lunven affirme notamment mobiliser, par le biais de la mission française de coopération, les réseaux de renseignement constitués par les quatre cents coopérants français présents au Niger, l’assistance militaire technique et l’attaché de défense, le colonel Chevrier (Lunven M., Ambassadeur en Françafrique, op. cit., p. 105).

    34 Entretien avec André Salifou, op. cit.

    35 Ibid.

    36 Lunven M., Ambassadeur en Françafrique, op. cit., p. 104.

    37 Yenikoye I. A., Chroniques de la démocratisation au Niger, t. I, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 21.

    38 Ibid.

    39 Ibid., p. 29.

    40 Entretien avec Sanoussi Tambari Jackou, réalisé à Niamey le 20 septembre 2008.

    41 Ibid.

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    Ce livre est cité par

    • Enongoué, Flavien. (2023) Que faire de tous ces partis politiques en Afrique ?. Afrique contemporaine, N° 275. DOI: 10.3917/afco1.275.0233

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    Apard, Élodie. (2015). Les modalités de la transition démocratique au Niger : l’expérience de la conférence nationale. In B. Salvaing (éd.), Pouvoirs anciens, pouvoirs modernes de l’Afrique d’aujourd’hui (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.62401
    Apard, Élodie. « Les modalités de la transition démocratique au Niger : l’expérience de la conférence nationale ». In Pouvoirs anciens, pouvoirs modernes de l’Afrique d’aujourd’hui, édité par Bernard Salvaing. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2015. https://doi.org/10.4000/books.pur.62401.
    Apard, Élodie. « Les modalités de la transition démocratique au Niger : l’expérience de la conférence nationale ». Pouvoirs anciens, pouvoirs modernes de l’Afrique d’aujourd’hui, édité par Bernard Salvaing, Presses universitaires de Rennes, 2015, https://doi.org/10.4000/books.pur.62401.

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    Salvaing, B. (éd.). (2015). Pouvoirs anciens, pouvoirs modernes de l’Afrique d’aujourd’hui (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.62326
    Salvaing, Bernard, éd. Pouvoirs anciens, pouvoirs modernes de l’Afrique d’aujourd’hui. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2015. https://doi.org/10.4000/books.pur.62326.
    Salvaing, Bernard, éditeur. Pouvoirs anciens, pouvoirs modernes de l’Afrique d’aujourd’hui. Presses universitaires de Rennes, 2015, https://doi.org/10.4000/books.pur.62326.
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