Le rôle de la diaspora irlandaise de Nantes dans le commerce antillais durant la seconde moitié du XVIIe siècle
p. 15-29
Résumés
Les marchands étrangers ont joué à l’époque moderne un rôle fondamental dans la vie commerciale des ports de la façade atlantique française. Rouen, La Rochelle, Nantes, Le Havre ou encore Bordeaux ont accueilli d’importantes communautés étrangères. La colonie irlandaise fut la dernière à s’établir à Nantes dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Elle se montra très active dans le commerce de cabotage en direction de l’Irlande. L’intérêt croissant des marchands nantais pour les Antilles, à partir des années 1660, amena les Irlandais à vouloir prendre part à ce commerce. Dès lors, quelle place occupa la diaspora irlandaise de Nantes dans le trafic antillais du port ? La première partie de cette étude est consacrée à une présentation des Irlandais de Nantes investis dans la droiture antillaise. La seconde s’intéresse à leurs activités négociantes. La dernière est consacrée à la diaspora installée aux Antilles et à l’importance des liens familiaux dans l’établissement de puissants réseaux commerciaux.
In the modern era, foreign merchants played a fundamental role in the commercial life of the ports of the French Atlantic coast. Rouen, La Rochelle, Nantes, Le Havre or Bordeaux welcomed large foreign communities. The Irish colony was the last to settle in Nantes in the second half of the seventeenth century. It appeared very active in the cabotage trade in the direction of Ireland. The growing interest of Nantes merchants for the West Indies, from the 1660s, prompted the Irish to take part in this trade. Therefore, which place did the Irish diaspora occupy in the West Indian trade of the port? The first part of this study is devoted to a presentation of Nantes Irish invested in Caribbean righteousness. The second part deals with their trade activities. The last part is concerned with the Caribbean diaspora and the importance of family ties in establishing strong commercial networks.
Texte intégral
« Nantes est comme on sait une des villes du royaume la mieux située pour le commerce à cause de sa proximité de la mer et de la commodité de la rivière de Loire qui arrose quantité de provinces et villes considérables traversant pour ainsy dire la meilleure partie du Royaume, cela luy procure un grand débouché et consommation de toutes sortes de marchandises et denrées que les estrangers enlèvent par mer1. »
1Cet extrait met en perspective la situation géographique privilégiée du port de Nantes comme carrefour d’échanges nationaux et internationaux. Il bénéficie de la proximité de l’estuaire de la Loire, situé à 55 kilomètres et de la convergence des routes menant à la Bretagne, l’Anjou et le Poitou. La rencontre de ces voies maritimes, fluviales et terrestres fait de Nantes une place commerciale importante. Avec près de 40 000 habitants au milieu du XVIIe siècle, Nantes, à l’échelle du royaume, est une grande ville. Ouverte au grand commerce maritime, elle accueille alors des étrangers attirés par : la position de la ville sur des axes majeurs de communication, la présence d’importantes activités maritimes, et le dynamisme économique de son port.
2Dans les ports français, la liberté d’établissement était la règle. La mise en place d’une administration du commerce et l’élaboration de règlements nationaux ne provoque aucune restriction à l’installation de marchands étrangers2. Ils ont joué à l’époque moderne un rôle fondamental dans la vie commerciale des ports de la façade atlantique française3. Rouen, La Rochelle, Nantes, Le Havre ou encore Bordeaux ont accueilli d’importantes communautés étrangères. Les Espagnols puis les Allemands sont les premiers à venir s’installer à Nantes dès le XVe siècle4. Au milieu du XVIe siècle, l’embryon d’une colonie portugaise commença à se former lorsque les Marranes fuyaient les persécutions religieuses5. Le XVIIe siècle fut marqué par la formation progressive d’une communauté hollandaise suite à la pacification religieuse résultant de l’édit de Nantes de 1598. La colonie irlandaise fut la dernière à s’établir dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Nantes comptait alors un nombre important de marchands irlandais actifs dans le commerce de cabotage en direction de leur pays d’origine. L’intérêt croissant des marchands nantais pour les Antilles, à partir des années 1660, incita les Irlandais à vouloir prendre part à ce commerce.
3Dès lors, quelle place occupa la diaspora irlandaise de Nantes dans le cadre du trafic antillais ?
PRÉSENTATION DE LA COLONIE IRLANDAISE DE NANTES
Qui sont ces Irlandais et d’où viennent-ils ?
4Chassés de leur terre par la politique répressive de Cromwell à partir de 1649, ils commencent à affluer dans le royaume de France6. La fuite de Jacques II face à Guillaume d’Orange en 1689 marque véritablement le début d’une forte émigration à l’origine de la grande diaspora irlandaise7, plus connue sous le nom du « vol des oies sauvages8 ». C’est ainsi que 2 000 Irlandais s’installent dans les ports de France majoritairement en Bretagne et pour l’essentiel à Saint-Malo et à Nantes9.
5L’immigration irlandaise résulte d’une triple motivation. D’abord, elle découle d’un phénomène politique consécutif à une révolution et à un changement de dynastie. Ensuite, elle est religieuse, il s’agit de fuir les persécutions. La position de Nantes très attachée à la défense du catholicisme ne pouvait que séduire les Irlandais fuyant la répression d’un pouvoir politique protestant. Enfin, elle est économique, il s’agit de bénéficier des avantages commerciaux d’un grand port.
6Ce sont donc des marchands installés dans les ports irlandais notamment Galway, Waterford, Limerick et Dublin qui viennent s’établir à Nantes.
7L’immigration est souvent familiale à l’image de la famille Mac Nemara, dont trois frères sont installés à Nantes tandis que le dernier reste à Limerick. Cette stratégie permet de tisser de puissants réseaux d’affaires et de contourner l’interdiction qui pèse sur les exilés irlandais de trafiquer avec les îles Britanniques. Ainsi, sous couvert de leur frère resté en Irlande, les Macnemara commercent et arment des navires pour les îles Britanniques.
8Sous le règne de Louis XIV, l’activité commerciale des Irlandais est dominée par une poignée de marchands.
Combien sont-ils ?
9Grâce aux minutes notariales nantaises, il est possible d’estimer leur nombre à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle. Deux périodes peuvent être distinguées.
10Pour la première, de 1661 à 1685, 16 Irlandais et Irlandaises sont recensés sur un total de 118 étrangers, représentant environ 13 % de l’échantillon. Cinq marchands se distinguent par leur participation au trafic antillais10.
Tableau 1. Répartition par nationalité des négociants étrangers11

11Pour la période postérieure (1685-1715), le nombre d’Irlandais s’est considérablement accru. 89 sont présents dans le port de Nantes dont une quarantaine d’entre eux apparaissent dans cet eldorado colonial12.
Tableau 2. Familles irlandaises investies dans le trafic antillais (1685-1715)

12Dès leur arrivée dans le port de Nantes, la volonté d’intégration des marchands irlandais dans le milieu négociant est manifeste. Les demandes de naturalisation formulées entre le milieu du XVIIe siècle et le premier quart du XVIIIe siècle en sont l’illustration13.
Tableau 3. Les Irlandais naturalisés intéressés dans le commerce avec les Antilles

LA PLACE DES IRLANDAIS DANS LA DROITURE ANTILLAISE
Des Irlandais peu impliqués dans la propriété des navires
13Parmi les 246 propriétaires de navires antillais, seuls 13 étrangers ont été relevés dont sept Irlandais14.
Tableau 4. Les principaux Irlandais propriétaires de navires destinés au trafic antillais (1673-1697)

14Parmi ces sept Irlandais, le marchand Dominique Knolles est intéressé dans six navires15. Ses activités marchandes sont toutefois inconnues. La famille Lee, qui possède moins de navires est néanmoins très active dans l’armement et le trafic sucrier16.
15Les Irlandais restés au pays sollicitent leurs compatriotes de la place nantaise pour armer des navires en leur nom comme ce fut le cas de Nicolas Lee. En 1691, à la demande d’Augustin Walsh, marchand de Waterford, il arme La ville de Nantes de 150 tonneaux à destination des îles françaises de l’Amérique17. L’investissement commercial des Walsh à Nantes sera d’ailleurs considérable au XVIIIe siècle puisqu’ils compteront parmi les plus grands armateurs négriers18.
16Lorsque la propriété des navires est partagée, les Irlandais ne s’associent pas nécessairement entre eux mais préfèrent s’allier à de grands marchands nantais dans une volonté d’intégration et de reconnaissance par le milieu négociant local19.
17Les armements en droiture ont peu intéressé les Irlandais. Leur installation relativement tardive dans le port et l’importance des capitaux nécessaires à cette activité peuvent expliquer leur relative absence. La mise en place de l’Exclusif colonial, par l’ordonnance du 10 juin 1670, qui défendait aux navires étrangers de commercer avec les Antilles en est également la cause20. Bien qu’elle visât essentiellement les Hollandais il est vrai, elle s’appliquait néanmoins à tous les étrangers. Seuls les Irlandais naturalisés apparaissent alors dans les registres des propriétaires, les autres étant de fait exclus. Colbert renforça sa politique. Par l’ordonnance du 24 octobre 1681, il imposa que tous les navires construits ou acquis par des Français fassent désormais l’objet d’une déclaration à l’amirauté, les propriétaires ne pourront avoir de participants étrangers21.
18La prise d’intérêt des Irlandais repose essentiellement sur le trafic de redistribution des marchandises coloniales.
Leur participation aux trafics de redistribution des produits coloniaux
19L’attrait de la communauté irlandaise de Nantes pour le trafic antillais s’explique d’abord par la place privilégiée qu’occupe l’Irlande.
20D’intenses échanges de marchandises se développent entre Nantes et l’Irlande. Les marchands nantais s’y procurent des produits indispensables à l’alimentation de l’équipage, comme du hareng et du bœuf salé qui constitue la pièce maîtresse des cargaisons. Les navires font alors une halte à Cork ou Kinsale avant de partir pour les Antilles22. Pour effectuer ce chargement, une autorisation de la monarchie est toutefois nécessaire. Pour l’obtenir, le capitaine s’engage à faire son retour directement au port de départ du navire23. C’est un moyen pour la monarchie de contrôler les arrivées de marchandises coloniales conformément aux principes de l’Exclusif. Toutefois le recours au bœuf irlandais nuisait aux produits locaux. En janvier 1671, Colbert prit alors la décision d’interdire le chargement de viande provenant d’Irlande sur les navires à destination des Antilles. Dans une lettre à Brunet, directeur de la Compagnie des Indes occidentales, il écrit :
« Vous ferez cet établissement de sorte qu’à l’avenir on ne prendra plus de viande d’Irlande pour envoyer dans nos isles ; c’est la suite principale que j’attends de votre travail24. »
21Brunet s’applique alors à exécuter la demande de Colbert qui reconnaît dans une seconde missive la qualité de son travail.
« Il ne se peut rien de mieux, pour le commerce du royaume et pour celuy des Isles, que de porter tous les marchands à acheter uniquement des beufs de France. Continuez toujours à vous appliquer à tout ce qui pourra fortifier cet établissement25. »
22Toutefois, cette interdiction semble temporaire. En décembre 1671, une circulaire de Colbert autorise les marchands à envoyer du bœuf salé d’Irlande aux îles de l’Amérique jusqu’au 1er février 167226. Cette politique d’interdiction s’accompagnait là encore d’une politique d’encouragement27. Comme pour la construction navale, un système de prime fut mis en place. Les marchands qui envoyaient du bœuf salé français aux îles recevraient 4 livres par baril28.
23Cette politique d’interdiction ne semble pas avoir été maintenue car les cargaisons des navires nantais partant aux Antilles mentionnent à de nombreuses reprises du bœuf irlandais.
24Les Irlandais s’approvisionnaient en produits coloniaux dans trois espaces :
- les Antilles françaises, notamment la Guadeloupe et la Martinique qui concentrent à elles deux 75 % de la production sucrière des Antilles françaises dans les années 1680 ;
- les Antilles anglaises, notamment la Barbade29 mais aussi l’île de Montserrat et de Niévès30 ;
- en Virginie ; dans les années 1660-1670, la famille Lee a ainsi approvisionné l’Irlande et l’Angleterre en tabac de Virginie produit dans la baie de Chesapeake, dans un circuit reliant la Nouvelle-Angleterre aux ports de Galway et Falmouth, avec une étape nantaise31.
25Les marchandises coloniales acheminées à Nantes par les Irlandais étaient destinées à l’exportation. Ils étaient ainsi infiltrés dans le commerce de redistribution, beaucoup plus dans le cabotage maritime, que dans la liaison avec les villes marchandes du réseau ligérien32.
26Les réseaux commerciaux de la diaspora irlandaise s’étendent en premier lieu à l’Irlande33 (Dublin, Waterford, Galway) mais aussi à La Rochelle34, Rouen35, Bilbao36 et même à la communauté anglaise installée à San Sebastian en Espagne37. Le testament laissé par Jean Stapleton en 1698 illustre également la toile commerciale tissée par la communauté jacobite. Y sont mentionnés des marchands de Londres et de Galway38.
27Les Irlandais sont également connectés au milieu du raffinage sucrier. Une liste retrouvée dans un fonds privé évoquant la première raffinerie nantaise mentionne, pour les années 1657-1658, les principaux fournisseurs de sucre brut. Thomas Barnaval y figure en 3e place39.

Graphique 1. Noms des fournisseurs de sucre brut de la raffinerie du Coudray (1657-1658).
28Marchand irlandais catholique originaire du « comté et diocèse de Meath en Irlande », il a été naturalisé en 1651 peu après son installation à Nantes40. Les sucres fournis par Thomas Barnaval à la raffinerie nantaise du Coudray proviennent du Brésil et de Saint-Christophe, qui constituent au milieu du XVIIe siècle, les filières majeures d’approvisionnement41.
29Thomas Barnaval illustre parfaitement le profil marchand de la communauté irlandaise. Outre le trafic sucrier, ses activités sont classiques et s’inscrivent dans le circuit de redistribution des produits traditionnels hérités du Moyen Âge comme le sel. S’approvisionnant dans les grandes régions productrices comme la baie de Bourgneuf ou la presqu’île du Croisic, il redistribue ce sel en Irlande ; utilisé ensuite à la salaison des morues de Terre-Neuve. Son rôle de commissionnaire pour des marchands de Dundalk, Cork, Galway et Saint-Malo en fait un personnage important de la cité nantaise.
Tableau 5. Affrètements de navires de Thomas Barnaval

La guerre de la Ligue d’Augsbourg : l’appel aux marins irlandais
30Au-delà de la diaspora installée dans le port de Nantes, les Irlandais de « passage » ont joué un rôle important sur les navires partant de Nantes pour les Antilles.
31Les étrangers tiennent une place importante dans les équipages de navires à la fin du XVIIe siècle, notamment durant les dernières années de la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Comme le souligne Thierry Sauzeau pour le XVIIIe siècle, le recrutement étranger est d’autant plus important en période de conflit, « la plupart des migrants européens viennent profiter de l’inflation salariale des temps de guerre et quittent la France une fois le conflit terminé42 ».
32Ainsi, en 1694, 26 % des navires envoyés en direction des Antilles ont des étrangers dans leur équipage, ce chiffre atteint 45 % en 1695. Parallèlement, le pourcentage qu’il représentait sur chaque navire diminue : en 1694, 17 % des équipages de navires étaient étrangers, ce chiffre tomba à 7,5 % en 1695. Cette diminution du nombre d’étrangers par navire s’inscrivait dans une politique royale de contrôle des équipages des navires antillais rappelé par le roi en 1692.
« Il est necessaire de ne point delivrer ce passeport si tout ou la meilleure partie de l’equipage etoit de matelots des pays ennemis et qu’il faut que vous vous en expliquiez s’il vous plait avec M. les officiers de l’amirauté et qu’ils vous fournissent un rolle de l’equipage signé d’eux contenant les noms et pays desdits matelots43. »
33On sent par cette déclaration royale la méfiance régnant contre les étrangers, situation due à la guerre de la Ligue d’Augsbourg qui sévit depuis 1688. Ces étrangers pouvaient en effet constituer une menace à la bonne navigation du navire, obligeant les officiers de l’amirauté à procéder à une sélection rigoureuse des candidats à l’embarquement.
34Toutefois, la situation de pénurie de marins français, due à leur levée sur les navires du roi, explique le recours aux étrangers. Les Irlandais, qui représentent 36 % des marins étrangers venus s’embarquer sur les navires antillais à la toute fin du XVIIe siècle, sont les plus nombreux. Leur prédominance commença à partir des années 1696. La promulgation des « lois pénales » anticatholiques par Guillaume III en 1695 accentua le mouvement d’émigration expliquant la recrudescence des Irlandais. Ils représentaient ainsi 52 % des étrangers en 1696 et 63 % en 169744.

Graphique 2. Répartition des étrangers dans les équipages des navires nantais à destination des Antilles.
35Les matelots viennent des grands ports irlandais, en premier lieu de Dublin suivi de Cork et de Galway.

Graphique 3. Origines des Irlandais venant s’embarquer sur des navires partant de Nantes pour les Antilles (1694-1697).
36En temps de guerre, les marchands peuvent ainsi compter sur un contingent de marins irlandais aguerris pour s’embarquer sur leurs navires à destination des Antilles.
37La guerre de la Ligue d’Augsbourg a vu certains Irlandais se risquer à la guerre de course, incités par leurs parents et associés de Saint-Malo, qui constitue alors le bastion des corsaires. Edouard Luker fut associé à son beau-frère Walter Cruice marchand malouin dans la propriété de plusieurs navires corsaires45. En 1693, André Géraldin et son fils sont intéressés par leurs parents malouins dans l’armement du Coetquem, frégate de 180 tonneaux46.
38Toutefois, la participation irlandaise à la course demeure sporadique à l’image des Nantais, plus hésitants que les Malouins à s’engager dans la course47.
LE RÔLE DES IRLANDAIS AUX ANTILLES
39Les relations commerciales étaient intenses entre la diaspora irlandaise installée à Nantes et celle basée aux Antilles grâce à la création d’un réseau familial. Quelles familles s’implantent dans les Antilles ? Quel rôle y jouent les Irlandais ?
Un réseau familial essentiel : la diaspora antillaise
40Dès la fin du XVIIe siècle, les réseaux de la diaspora irlandaise se sont mis en place en Europe48. Au-delà de leur implantation européenne, les Irlandais s’installent également aux Antilles. Cette diaspora permit la création de vastes réseaux commerciaux s’appuyant sur des familles puissantes à l’image de la famille Macnemara49. Daniel résida plusieurs années à Saint-Christophe50. Marc, le frère de Simon Kirwan marchand à Nantes, s’est établi à la Martinique51. Le neveu de Jacques Rutlidge s’y fixe également52. Edouard Luker, marchand à Nantes, part s’installer à Bordeaux travailler avec son frère, Nicolas, avant que ce dernier ne parte pour la Martinique53.
41L’implantation irlandaise dans les Antilles obéit à une logique économique de contrôle de l’approvisionnement en produits coloniaux. Au XVIIe siècle, ils sont présents en nombre à la Martinique car elle concentre la majeure partie de la production sucrière française. Au XVIIIe siècle, ils se fixent à Saint-Domingue, « perle des Antilles ».
42Parmi les Irlandais installés aux Antilles, certains font partie de l’élite coloniale à l’image de Jean Stapleton.
De riches planteurs : les Stapleton
43Son parcours est remarquable. Parti d’Irlande « à cause des troubles », il rejoint les Antilles anglaises en 1688. Il passe ensuite dans la partie française de Saint-Domingue où il acquiert une habitation au lieu-dit la « Petite Anse54 ». En 1698, à son arrivée à Nantes, il rédige son testament dans lequel il déclare être propriétaire de trois plantations de sucre, deux à Saint-Domingue et une en l’île anglaise de Montserrat55. Il décède en 1701. La gestion de la plantation dominguoise est alors poursuivie par les héritiers en plaçant à sa tête des gérants56. La famille Stapleton s’inscrit parmi les grands planteurs57.
44Pour conclure, la diaspora irlandaise de Nantes fut présente dans l’ensemble des activités liées au trafic antillais : armement, course, trafic de redistribution, fourniture de sucre aux raffineries. Seule la propriété des raffineries, chasse gardée des Hollandais puis des Nantais, leur échappe. Il est vrai que leur investissement est ponctuel et peu affirmé encore au XVIIe siècle. L’armement est monopolisé par les Nantais et les Irlandais sont davantage axés sur la redistribution. Au siècle suivant, un tournant s’amorce. Les activités marchandes des Irlandais s’intensifient. De grands noms marquent le paysage nantais comme les O’Schiell, les Macnemara ou encore les Walsh. Ils ne sont plus cantonnés au rôle d’« exportateurs » qui les caractérisait au XVIIe siècle. Ils sont désormais présents avec force dans l’armement en droiture et dans le commerce négrier58. Pour exemple, Antoine-Vincent Walsh, fondateur de la société d’Angola en 1748, est l’un des plus grands armateurs négriers de Nantes au milieu du XVIIIe siècle59.
45Bien accueillis comme réfugiés catholiques, les Irlandais ont su s’intégrer au milieu marchand nantais. Les mariages contractés par les membres de la communauté en sont un exemple. Ainsi, Françoise, fille de Paul Sarsfield, commis, épouse en 1692 Joachim Descazaux60, sieur du Hallay, grand négociant de la place nantaise investi dans le trafic antillais et dans celui des « mers du Sud61 ».
46La réussite financière des Irlandais est importante. En 1725, Gérard Mellier, alors maire de Nantes, dresse un inventaire des fortunes négociantes nantaises. Thomas Macnemara figure à la 3e place avec un patrimoine de 350 000 livres. On retrouve aussi les héritiers de Daniel Macnemara, les O’Schiell, ou les Lee62.
47Les capitaux issus du commerce permettent aux Irlandais d’acquérir des immeubles et des domaines à l’image de Jean Stapleton propriétaire en 1701 du domaine des Dervallières63. À partir de la fin du XVIIe siècle, les Irlandais s’enracinent ainsi durablement dans la cité ligérienne.
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Notes de bas de page
1 Archives municipales de Nantes (désormais AMN), série HH, agriculture, industrie, commerce, HH 227 : mémoire sur le commerce de Nantes, non daté.
2 Jeannin P., « Les pratiques commerciales des colonies marchandes étrangères dans les ports français (XVe-XVIIIe siècles) », inButel P. et Cullen L. (dir.), Négoce et industrie en France et en Irlande aux XVIIIe et XIXe siècles, Actes du colloque franco-irlandais d’histoire de Bordeaux (mai 1978), Paris, CNRS Éditions, 1980, p. 11.
3 Gautier B. et Voss P., « Les communautés marchandes étrangères dans l’espace urbain bordelais (1620-1715) », inBottin J. et Calabie D. (dir.), Les étrangers dans la ville. Minorités et espace urbain du bas Moyen Âge à l’époque moderne, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1999, p. 329.
4 Jules Mathorez mentionne quant à lui la présence d’Espagnols dès le XIIIe siècle, mais cette vision est aujourd’hui largement mise en doute (Mathorez J., « Note sur les Espagnols et les Portugais à Nantes », Bulletin hispanique, Bordeaux, t. 14 et 15, 1912-1913, p. 1-8).
5 Mathorez J., « Note sur les Espagnols et les Portugais à Nantes », art. cité, p. 77.
6 Clarke de Dromantin P., Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2005, p. 20.
7 Bromley J. et Meyer J., « La seconde guerre de Cent Ans, 1689-1815 », inBedarida F., Crouzet F. et Johson D. W. J., De Guillaume le Conquérant au Marché commun : dix siècles d’histoire franco-britannique, Paris, Albin Michel, 1979, p. 153-190.
8 Ó Ciosáin É., « Les oies sauvages et sédentarisées : la migration irlandaise en France aux XVIIe et XVIIIe siècles et les familles irlandaises en Bretagne », XVe Congrès national de la Fédération française de généalogie, Brest 1999, Conférences et Actes, Brest, 2000, p. 59-68.
9 Chaussinand-Nogaret G., « Une élite insulaire au service de l’Europe : les jacobites au XVIIIe siècle », Annales ESC, no 5, 1973, p. 1099.
10 Il s’agit de Nicolas Lee, André Géraldin, Paul Sarsfield, Thomas Barnaval et Edouard Lucker.
11 Michaud V., Les négociants étrangers à Nantes pendant la première partie du règne de Louis XIV, mémoire de maîtrise, université de Nantes, 1996, p. 14.
12 Chazé S., Les négociants irlandais à Nantes à la fin du règne de Louis XIV (1685-1715), mémoire de maîtrise, université de Nantes, p. 117-118. Ces marchands appartiennent aux familles Browne, Géraldin, Kirwan, Knolles, Lee, Linch, Lucker, Macnemara, Murphy, Rirdan, Rutlidge, Sarsfield, O Schiell, Stapleton et Walsh.
13 La procédure de naturalisation débute par une demande individuelle adressée au roi, qui aboutit sans trop de difficulté à l’octroi de la « lettre de naturalité ». Celle-ci, enregistrée par la Chambre des comptes de Bretagne, reconnaît alors le demandeur comme sujet de sa majesté.
14 Les Irlandais sont : Josias Betford, Dominique Knolles, Nicolas Lee père et fils, André Géraldin, Edouard Lucker et Patrick Rirdan. Louis Ackland est le seul Anglais mentionné. Quant aux Hollandais, il s’agit de Cornélis Wils, Thymen Van Schoonhoven, Abraham Gill, Guillaume Van Bullestrate et Revixit Van Naerssen.
15 Tanguy M., L’essor d’un port atlantique connecté. Nantes et le commerce des « Isles de l’Amérique » durant le règne de Louis XIV (1661-1697), thèse de doctorat, sous la direction de Guy Saupin, université de Nantes, 2014, t. 3, p. 884.
16 Archives départementales de la Loire-Atlantique (désormais ADLA), série B, amirauté de Nantes, B 4732, enquêtes de l’amirauté, le 30 septembre 1670. La Marie de 50 tonneaux, propriété en partie de Nicolas Lee l’aîné, est de retour des îles de l’Amérique avec à son bord 151 barriques et 109 barils de sucre moscouade, 104 rolles de tabac et 15 petits barils d’indigo. ADLA, série B, amirauté de Nantes, B 4737, enquêtes de l’amirauté, le 7 mars 1689. L’Espérance, propriété en partie de la veuve Lee et fils en compagnie, est de retour des îles de l’Amérique chargée de sucre moscouade et sucre raffiné. Malheureusement, le navire a fait naufrage à l’entrée de la rivière de Loire.
17 ADLA, série B, amirauté de Nantes, B 4672, enregistrement des passeports pour la France, les colonies et l’étranger, le 27 novembre 1691.
18 Buffet P., Une famille de négriers nantais : les Walsh, mémoire de maîtrise, université de Nantes, 1977.
19 ADLA, 4 E 2/706, notaire Duteil, le 23 mai 1685 et ADLA, série B, amirauté, B 4734, enquêtes de l’amirauté : le 1er janvier 1685. Dominique Knolles est propriétaire de La Marie-Françoise de 130 tonneaux avec René Montaudouin. ADLA, 4 E 2/1987, notaire Villainne, le 13 mars 1693. Edouard Lucker achète à Claude Perrault 1/8 du navire Les Trois Roys du port de 200 tonneaux. Pierre Le Jeune et Jacques Souchay font partie des autres propriétaires : ADLA, série B, amirauté, B 4738, enquêtes de l’amirauté, le 6 novembre 1692.
20 ADLA, série C, Chambre de commerce, C 735 : « ordonnance du roy portant deffenses a tous vaisseaux & bâtimens estrangers, d’aborder dans les ports des Isles de l’Amerique occupées par les Sujets de sa Majesté, mouïller dans les rades desdites isles, ny naviguer aux environs d’icelles : ensemble à tous ses sujets habitans esdites isles, ou y faisant commerce, de recevoir aucunes marchandises, ny vaisseau estrangers, ny avoir aucune correspondance avec eux, le 10 juin 1670 ».
21 Pardessus J.-M., Collection des lois maritimes antérieures au XVIIIe siècle, Paris, 1837, t. 4, p. 415-416.
22 ADLA, série B, amirauté de Nantes, B 4732, enquêtes et procédures de l’amirauté : le 30 septembre 1670. Les propriétaires du navire La Marie de 50 tonneaux ont déclaré « qu’ils désirent envoyer ledit navire en Irlande pour faire sa charge de viande et de là aller directement aux isles de l’Amérique faire sa décharge et ensuite son retour en cette rivière ».
23 ADLA, série B, amirauté de Nantes, B 4732, enquête de l’amirauté, le 30 septembre 1670.
24 Clément P., Lettres, instructions et mémoires de Colbert, Paris, 1861, t. 2, 2e partie, p. 600. Lettre de Colbert à Brunet en date du 23 janvier 1671.
25 Ibid., p. 608.
26 Archines nationales d’outre-mer (désormais ANOM), fonds ministériel, série B, correspondance au départ, B4, Compagnies des Indes occidentales (1663-1678), B4, fo 1 : arrest du Conseil d’État qui permet au négociant d’envoyer du bœuf salé d’Irlande aux îles d’Amérique jusqu’au 1er février 1672, du 21 décembre 1671.
27 ANOM, fonds ministériel, série B, correspondance au départ, B4, Compagnies des Indes occidentales (1663-1678), B4, fo 22vo : ordonnance du roi pour favoriser les expéditions aux îles d’Amérique de bœuf salé originaire de France, le 18 février 1672.
28 ANOM, fonds ministériels, C8B 19 : édits, ordonnances et arrêts 1664-1786, fo 14 : ordonnance du roy qui déclare que les quatre livres pour chacun baril de bœuf sallé en France, accordées par l’ordonnance du 13 janvier 1672, seront payées incontinent après que les marchands & propriétaires d’iceux les aurotn fait visiter & marquer par les correspondans ou commissionnaire de la Compagnie des Indes occidentales, le 18 février 1672.
29 ADLA, 4 E 2/1943, notaire Verger, le 12 février 1667. Il aurait vendu et livré à Matthieu Desrieulx, marchand intéressé dans les raffineries de sucre nantaises, près de 260 000 livres de sucre provenant de l’île de la Barbade.
30 ADLA, 4 E 2/1979, notaire Verger, le 23 juillet 1698.
31 ADLA, 4 E 2/1940, notaire Verger, le 15 avril 1669.
32 Saupin G., « Les réseaux commerciaux des Irlandais de Nantes sous le règne de Louis XIV », inOhlmeyer J. et Parmentier J. (dir.), Irish and Scottish mercantile networks in Europe and overseas in the seventeenth and eighteenth centuries, Belgique, Academia Press, 2007, p. 125.
33 ADLA, 4 E 2/1940, notaire Verger, le 24 avril 1666. Pierre Kirwan et Thomas Browne marchands irlandais de Galway doivent la somme de 1 901 livres 16 sous 10 deniers à Nicolas Lee l’aîné, marchand à Nantes et à Nicolas Linch de Galway. Pour s’acquitter d’une partie de leurs dettes, les deux marchands irlandais confient à Nicolas Lee et Nicolas Linch, 99 rolles de tabac. Les bénéfices issus de leur vente permettent de couvrir 617 livres de la dette. ADLA, 4 E 2/713, no 112, notaire Duteil, le 21 février 1691. En 1690, Nicolas Lee charge 1 000 livres de tabac sur le navire La Fin pour le compte de François Bouchaud pour être conduites en Irlande.
34 Un « protest » de 1690 met en évidence des liens commerciaux existants entre Antoine Allaire de La Rochelle et Mlle Lee, son fils Nicolas et Edouard Lucker, marchands en compagnie. ADLA, 4 E 2/1972, notaire Verger, le 2 août 1690.
35 ADLA, 4 E 2/1950, notaire Verger, le 6 juillet 1670. Nicolas Lee oncle et neveu en compagnie font charger sur La Marie de 40 tonneaux, 18 pièces de moscouade pour être portées à Rouen aux sieurs Ley et Porter.
36 Nicolas Lee et sa femme en compagnie font charger 4 tonnes de sucre en pain sur Le Saint-Michel pour les conduire à Bilbao où ils sont adressés aux sieurs Jan Page et Jan Symon marchands. ADLA, 4 E 2/705, no 302, notaire Duteil, le 28 mai 1685.
37 ADLA, 4 E 2/1944, notaire Verger, le 22 septembre 1667. Dans cet acte de vente de portions de navire, Nicolas Lee l’aîné en compagnie agit pour le compte de Valentin Morgan marchand anglais résidant à Saint-Sébastien en Espagne et Lucas Forstall, marchand à Dublin.
38 ADLA, 4 E 2/1979, notaire Verger, le 23 juillet 1698.
39 ADLA, série J, archives d’origine privée, 46 J 73 : fonds de Guer, comptes des sucres achetés par la raffinerie du Coudray, 1657-1658.
40 ADLA, série B, commandements royaux, B 292 : le 28 avril 1651. Il est dit « vivre à la Fosse de Nantes depuis 6 ans ». Il se maria avec Marguerite Bouffard le 31 janvier 1655. ADLA, 4 E 2/1920, no 27, notaire Verger : contrat de mariage du 24 janvier 1655.
41 Tanguy M., L’essor d’un port atlantique connecté, op. cit., t. 2, p. 538-539.
42 Sauzeau T., « Entre nomades et “habitués” : les marins étrangers sur la flotte marchande à La Rochelle et à Rochefort à la fin du XVIIIe siècle », inAugeron M. et Even P., Les étrangers dans les villes-ports atlantiques. Expériences françaises et allemandes XVe-XIXe siècle, Les Indes savantes, Paris, 2010, p. 88.
43 Archives nationales (désormais AN), série B7, correspondance à l’arrivée, pays étrangers, commerce et consulat, B7 62, ordres et dépêches concernant le commerce (1690-1692), fo 356 : à monsieur de Chotard, passeport accordé pour les îles d’Amérique, 12 août 1692.
44 Contrairement à Nantes, les Italiens étaient très présents sur les navires des flottes de La Rochelle et de Rochefort au XVIIIe siècle (Sauzeau T., « Entre nomades et “habitués” : les marins étrangers », art. cité, p. 88).
45 Edouard Lucker est propriétaire de 1/32 dans La Reine du Havre de 300 tonneaux, pour 1/24 dans Le Prince de Galles de 120 tonneaux et pour 1/32 dans Le Grand Joseph alors qu’il était déjà propriétaires des corsaires Le Fidèle et La Ville de Namur (Chazé S., Les négociants irlandais, op. cit., p. 61).
46 ADLA, 4 E 2/1984, notaire Lebreton, le 26 octobre 1694.
47 Tanguy M., L’essor d’un port atlantique connecté, op. cit., p. 367-369.
48 Chaussinand-Nogaret G., « Une élite insulaire au service de l’Europe », art. cité, p. 1109.
49 Sablé M., Une famille d’Irlandais en France au XVIIIe siècle : les Macnemara, mémoire de maîtrise, sous la direction d’Éric Noël, université de Nantes, 2003-2004.
50 Ibid.
51 ADLA, 4 E 2/1940, notaire Verger, le 24 avril 1666.
52 Chaze S., Les négociants irlandais à Nantes, op. cit., p. 92.
53 ADLA, série B, amirauté de Nantes, B 4743, enquêtes de l’amirauté, le 13 juillet 1696.
54 ADLA, 4 E 2/1998, notaire Villainne, le 1er octobre 1701. Il est fait mention de cette habitation dans l’acte notarié.
55 ADLA, 4 E 2/1979, notaire Verger, le 23 juillet 1698. « Jean Stapleton, originaire du comté de Tiperary en Irlande, habitant et faisant sa demeure ordinaire au quartier de Petite Anse, coste des Iles de Saint-Domingue en l’Amérique, étant présentement chez le sieur Rutlidge, Md Irlandais, résidant à la Fosse de Nantes, et sur le point d’aller à Paris, lequel nous a déclaré être âgé de 37 ans […]. Déclare le dit Testateur qu’il possède au quartier de la Petite Anse, proche du cap Français de la dite île Saint-Domingue en l’Amérique, une habitation où sont sa sucrerie et ses nègres. Plus au quartier Morin de la dite île, une autre habitation où sont ses bestiaux. Et à l’île de Monserrat d’Amérique, une sucrerie montée avec tous ses ustensiles et dépendances. »
56 Bonnet N., « Les Stapleton, de l’Irlande aux plantations antillaises », Cahiers des Anneaux de la Mémoire, no 10, 2007, p. 91-110.
57 Bonnet N., Seigneurs et planteurs entre Ouest Atlantique et Antilles : quatre familles du XVIIIe siècle, thèse de doctorat, sous la direction de Guy Saupin, université de Nantes, 2006.
58 Hervé É., Une famille de négociants-armateurs irlandais à Nantes au XVIIIe siècle : les O’Shiell (1689-1799), mémoire de maîtrise, université de Nantes, 2003. SABLÉ M., Une famille d’Irlandais en France, op. cit., t. 2, p. 103. Ils sont propriétaires de 32 navires. La droiture antillaise représente un quart de leurs armements contre 65 % pour le cabotage européen. Buffet P., Une famille de négriers nantais, op. cit.
59 Michon B., « La traite négrière nantaise au milieu du XVIIIe siècle », Cahiers des Anneaux de la Mémoire, no 10, 2007, p. 51-52. Établie avec un capital de 1 600 000 livres, elle contrôle à elle seule 28 % des armements négriers nantais. Suret-Canale J., « De la traite négrière à l’aristocratie foncière : les Walch-Serrant », inDaget S. (éd.), De la traite à l’esclavage, Paris, L’Harmattan, 1988, t. 1, p. 361-375. OMINE M., « Le commerce international de Nantes au XVIIIe siècle : l’exemple des Walsh », Mémoire de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, t. 81, 2003, p. 252-282.
60 ADLA, 4 E 2/713, no 271, notaire Duteil, le 10 juin 1692. Contrat de mariage de Françoise Sarsfield et de Joachim Descazaux.
61 Meyer J., « Un destin de grand négociant : Joachim Descazaux du Hallay », in La France d’Ancien Régime. Études réunies en l’honneur de Pierre Goubert, Toulouse, 1984, p. 463-470. Roblin L., Le commerce de la mer, Nantes 1680-1730, thèse de 3e cycle, université Paris-Sorbonne, 1987, p. 355-357.
62 AMN, série CC, impôts et comptabilité, CC 484.
63 ADLA, 4 E 2/1998, notaire Villainne, le 1er octobre 1701. On peut citer également l’exemple de Nicolas Lee qui achète en 1692 le « lieu, maison noble et appartenances de la Garotterie » aux paroisses de Saint-Herblain et de Saint-Martin de Chantenay pour la somme de 8 000 livres. ADLA, 4 E 2/1974, notaire Verger, le 28 octobre 1692.
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