Défendre l’Amérique espagnole au temps de l’Union des couronnes (1701-1709)
Defend empires and colonies during the War of Spanish Succession
p. 69-79
Résumés
Les possessions américaines du Roi Catholique ont toujours semblé un peu à l’écart de la guerre de Succession d’Espagne. Elles ne sont mentionnées que pour illustrer combien les rivalités commerciales structurèrent le conflit et son dénouement ou pour quelques opérations spectaculaires contre Rio de Janeiro par exemple. Pourtant, les correspondances des officiers du Roi Catholique et des ministres de Louis XIV soulignent comment les espaces américains furent intégrés au conflit. Les missions d’inspection des fortifications comme les rapports illustrent le risque et les craintes de voir le conflit s’exporter dans ces possessions éloignées du théâtre européen du conflit. La mise en défense des possessions américaines de Philippe V constitua une priorité absolue pour les cours de Madrid et de Versailles durant la guerre.
The American territories of the Catholic King have always seemed to stay somewhat on the sidelines of the War of the Spanish Succession. They are only mentioned to illustrate how trade rivalries shaped the conflict and its outcome, or to evoke some spectacular operations against Rio de Janeiro for instance. And yet, the correspondence between the Catholic King’s officers and Louis XIV’s ministers reveal how these territories were integrated into the war. The missions inspecting the fortifications, and their reports, expose the risk and the fear of an extension of the conflict in theses lands remote from the European scene. Therefore, organising the defence of Philip V’s American possessions became an absolute priority for the courts of Madrid and Versailles during the war.
Texte intégral
1Lorsqu’il évoquait la guerre de Succession d’Espagne, Louis XIV assurait que « le principal objet de la guerre présente est celui du commerce des Indes et des richesses qu’elles produisent1 ». De nombreux spécialistes utilisent cette citation dans leurs travaux sur la guerre de Succession ou dans leurs ouvrages consacrés aux territoires américains. Pourtant, il est rare de disposer d’une vue d’ensemble de la place du continent américain dans ce conflit. Les dichotomies et les césures de l’historiographie – notamment entre une Amérique du Nord plutôt anglaise et française et une Amérique du Sud plus hispanique ou portugaise – demeurent très présentes. Les travaux les plus récents comme ceux de James Pritchard2, Kenneth Banks3, Paul Mapp4, ou encore ceux de Pablo Pérez-Mallaína5, tentent de sortir des logiques nationales mais il est rare que le point de vue ne soit pas celui perçu depuis Londres, Versailles, Madrid ou directement des territoires américains. En d’autres termes, l’articulation entre deux types de logiques – celles d’un territoire et d’une société locale d’une part, et celles d’un prince et de ses intérêts en Europe d’autre part – demeure très rarement proposée. Il est toujours aussi difficile d’envisager une vision d’ensemble d’un sujet dès lors qu’il n’a été étudié que sous des angles géographiques et chronologiques parcellaires.
2De surcroît, il peut sembler paradoxal de vouloir s’interroger sur la place d’un continent dans un conflit demeuré très européen dans ses principales opérations militaires. En effet, les territoires et populations américains semblent avoir été peu, ou moins, concernés par des mouvements d’ampleur à l’inverse de l’Allemagne, de l’Italie du Nord, ou encore de la péninsule Ibérique, avec l’Aragon et la Catalogne plus particulièrement. Pourtant, cela ne signifie pas que cette zone ait été exclue des réflexions stratégiques des contemporains ou qu’elle ait été délaissée sur le plan des fortifications et d’une mise en défense. En d’autres termes, l’absence de batailles emblématiques comme Oudenarde, Malplaquet ou Almansa ne signifie pas qu’il n’y ait eu aucune opération militaire ou aucun projet. La guerre ne se réduit pas aux territoires sur lesquels les opérations les plus spectaculaires se déroulent.
3Dans ce conflit qui opposa, d’une part, le roi de France et son petit-fils, Philippe V d’Espagne et, d’autre part, une grande coalition emmenée par l’Angleterre, la Hollande et l’Empereur, on peut se risquer à une hypothèse : les possessions américaines, loin d’être oubliées ou négligées, ont constitué en réalité l’un des cœurs stratégiques du conflit. Il ne fut ni la transposition sur des espaces ultramarins d’enjeux considérés comme européens, ni la récupération d’un conflit par des acteurs locaux au service de leurs propres intérêts. La guerre de Succession revêt ces deux dimensions à la fois puisque l’Amérique espagnole eut des implications directes dans la conduite de la guerre, notamment par la mise en défense des ports et des territoires habités.
4Il s’agit ici de mettre en évidence comment les cours de Versailles et Madrid ont envisagé la défense et la protection des possessions américaines du Roi Catholique à travers les dispositions communes ou à défaut conjointes. Il est non seulement question d’analyser un dispositif de mise en défense dans sa seule réalité matérielle et concrète mais aussi dans sa conception et son organisation initiale.
5Il convient dans un premier temps de souligner combien l’ensemble du continent américain a été impliqué dans des opérations militaires ponctuelles et sans ampleur mais observées et suivies avec attention en Europe. La seconde partie sera consacrée aux inspections et aux fortifications de plusieurs places américaines.
LES DIMENSIONS AMÉRICAINES DE LA GUERRE DE SUCCESSION
6À la mort de Charles II en 1700, les possessions américaines du Roi Catholique s’étendent du Mexique à la Terre de Feu. Les vice-royautés de Lima et de Mexico sont chargées d’organiser la défense et la protection de ces territoires, assistés en cela par l’Armada de Barlovento qui n’est plus que l’ombre d’elle-même en 1700. Elle comptait alors quatre navires mal entretenus et à l’équipage des plus réduits6. Chargée de défendre l’ensemble du golfe du Mexique, la capitana est un vaisseau de seulement 50 canons. La mer du Sud, c’est-à-dire le Pacifique, est quant à lui défendu par 11 navires7.
7Depuis le milieu du XVIIe siècle, les incursions des Anglais, des Français et des Hollandais ne cessent de grignoter des territoires et leurs présences constituent un défi pour les autorités espagnoles. Les Pontchartrain, continuateurs de la politique de Richelieu et de Colbert, poursuivent un travail de renforcement des possessions françaises, au gré de leurs moyens. Biloxi sur le golfe du Mexique est fondée en 1700, tandis que Detroit l’est un an plus tard et Mobile en 1702. À la fin du XVIIe siècle, ces incursions et ces installations étaient considérées comme les principales menaces pesant sur l’Amérique espagnole8. L’objectif de ces établissements était d’ouvrir une voie dans le Mississippi afin de trouver un chemin vers les mines du Nord de la Nouvelle-Espagne9. L’intérêt de Pontchartrain et de Louis XIV au contrôle de la baie d’Hudson s’explique aussi par l’idée selon laquelle elle ouvrirait la voie vers le Pacifique espagnol10.
8C’est dans ce contexte d’une Amérique espagnole déjà menacée et mal défendue qu’intervient la déclaration de guerre en 1702. Les pirates sont les premiers à profiter de la situation en tentant des coups de main sur plusieurs postes, particulièrement dans une zone centrale. La province du Darién au niveau de l’actuel isthme de Panama faisait l’objet d’attaques de pirates depuis les années 168011. En 1700, deux tentatives initiées par des marchands écossais, qui tentèrent de profiter des faiblesses des autorités locales pour s’en emparer, échouèrent12. Plus tard, les Anglais projetèrent à nouveau de s’installer dans cette province, notamment en 1708. La correspondance des ambassadeurs de Louis XIV auprès de Philippe V avec leur souverain révèle combien la protection de cette zone inquiétait autant les autorités espagnoles que les ministres du roi de France13.
9En 1701, c’est au tour du fort de Sainte-Marthe (Santa Marta) d’être attaqué. Fondé en 1525, ce poste de l’audience de Santa Fe avait pour mission de protéger la côte nord de l’actuelle Colombie. Il faillit être pris par une expédition de pirates hollandais14. Preuve de son rôle stratégique, sa défense donna lieu à l’une des rares batailles navales qui eut lieu dans l’espace caraïbe. Du Casse affronta plusieurs vaisseaux anglais entre le 30 août et le 4 septembre 170215. Cette opération navale considérée comme une défaite dans l’historiographie anglaise ne demeura pas sans lendemain puisque le poste fit de nouveau l’objet d’opérations, mais sans conséquences, entre 1707 et 1708. Les navires anglais prirent ainsi la suite de pirates hollandais, soulignant la continuité entre une logique de piraterie et celle d’une escadre navale poursuivant des buts de guerre définis par un souverain. Les affrontements entre des souverains européens faisaient ainsi l’objet d’une instrumentalisation ou d’une récupération par les acteurs locaux qui trouvaient un moyen de justifier et légitimer leurs propres attaques. Il ne s’agissait parfois que d’un argument rhétorique mais il permettait de raviver des oppositions.
10Non loin de Sainte-Marthe, la cité de Porto Rico fit également l’objet de trois attaques, au demeurant mineures, dont deux furent menées par des Anglais et la troisième par des Hollandais, entre 1702 et 170316. Les territoires du Roi Catholique ne sont pas les seuls à être l’objet de convoitise. Les Français installés à Saint-Christophe sont chassés de cette île en 1702 qui devint dès lors une possession britannique (Saint-Kitts). La guerre de Succession réveilla aussi les rivalités maritimes dans les Antilles qui apparaissent comme un terrain de prédilection pour chaque belligérant. La configuration de ces îles, sous la forme d’un chapelet disposé sur la route maritime menant vers la Mésoamérique, offrait des opportunités de conquêtes bien comprises tant chez les princes que chez les pirates. Durant tout le conflit, les opérations se multiplièrent. En 1712, les Hollandais prirent ainsi l’île de Montserrat17.
11Dans la zone caraïbe, largement disputée depuis la fin du XVIIe siècle, la guerre prit le relais d’une situation déjà largement conflictuelle18. Toutefois, les affrontements ne se limitaient pas à cet unique espace. Le Nord et le Sud du continent américain ont été largement intégrés dans les stratégies de conduites de la guerre. Là encore, les populations locales profitaient de l’occasion pour mener des raids et des pillages – avec la bénédiction des autorités locales – contre des voisins jugés menaçants. Très souvent oubliée de l’historiographie française ou anglo-saxonne, la colonie de Sacramento constitua néanmoins l’un des enjeux de la rivalité entre les couronnes portugaise et espagnole. Ce poste situé dans le Rio de la Plata face à Buenos Aires constitua un motif de querelles récurrentes entre Espagnols et Portugais. Trop souvent, l’ignorance ou le rejet d’une histoire des relations internationales autorise à omettre de souligner que cette colonie fut l’un des points cruciaux des négociations menées en 1701 et par lesquelles le roi de Portugal forma, dans un premier temps, une alliance avec Louis XIV et Philippe V. Durant les négociations, il réussit à obtenir que le Roi Catholique renonçât, au demeurant de manière assez floue, à ce poste19. Aussi, dès le revirement de la cour de Lisbonne en 1703 et son alliance avec les Anglais par le traité de Methuen, un raid espagnol enleva Sacramento aux Portugais20. Plus connus que la prise de Sacramento, le raid et le pillage de Rio de Janeiro en 1711, après une tentative en 1710, ont fortement marqué les mémoires brésiliennes21. Cette entreprise menée par Du Casse eut un retentissement puissant au point que le roi du Portugal songea à se retirer du conflit dans une forme de neutralité.
12Enfin, la zone frontalière entre les Français et les Anglais en Amérique du Nord connut également des combats. Les raids menés par des Indiens avec le soutien de colons s’inscrivent dans une logique de guérilla et de combats sporadiques depuis les années 1670 mais la guerre de Succession revivifie les oppositions en ce qu’elle offrait un mobile supplémentaire pour attaquer. À partir de 1703, les Abénakis multiplient les attaques contre les colons du Maine tandis que plus au nord, l’établissement de Deerfield dans la Massachusetts fit l’objet d’une attaque particulièrement cruelle le 22 février 1704. Plus au sud, la Floride espagnole fit l’objet d’attaques incessantes22. Ainsi, les colons de Caroline et leurs alliés indiens brûlèrent la ville de Saint-Augustine en 1702 mais ils ne purent prendre le fort de Saint-Marc, tout juste achevé23. En 1704, ils ravagèrent les établissements espagnols poussant les habitants à fuir24. En représailles, les Espagnols et les Français organisèrent une opération combinée contre Charleston qu’ils échouèrent néanmoins à prendre25. Cette attaque contre Charleston fut rendue possible par l’assistance des colons français de Louisiane aux Espagnols de Floride. Largement connue, elle fit l’objet de remerciements appuyés du gouvernement de Philippe V à l’ambassadeur de Louis XIV26. Elle servit les intérêts de la politique dite d’« Union des couronnes » développée durant la première partie du conflit (1700-1709) et qui se fondait sur l’alliance étroite des deux couronnes des Bourbons afin de protéger les possessions des deux monarchies. En 1704, plusieurs officiers du Conseil des Indes suggérèrent d’ailleurs que le gouverneur de Floride confère avec le gouverneur du Canada afin d’étudier la possibilité de monter une offensive conjointe sur les Anglais simultanément dans le sud et le nord27.
13En 1707, c’est au tour de Pensacola d’être attaqué par les Anglais de Caroline28. Ce poste situé sur le golfe du Mexique avait été à l’origine de frictions entre les cours de Versailles et de Madrid. En 1701, Du Casse, envoyé pour négocier le contrat de l’asiento, c’est-à-dire le privilège de pratique de la traite dans l’Amérique espagnole, reçut également dans ses instructions d’obtenir un accord sur Pensacola. Des tensions existaient autour de ce site29 car le conseil des Indes refusait d’accepter la présence des Français dans le golfe du Mexique. On évita alors prudemment d’en parler. Là encore, les correspondances révèlent le souci constant, pour ne pas dire l’obsession de conserver cette place dans le giron de Philippe V30.
14Un rapide tour d’horizon des différents combats survenus sur le continent américain révèle combien la guerre fut présente sous la forme d’un climat de tensions revivifiées par l’envoi de troupes et d’escadres. Si ces attaques ne constituaient pas une nouveauté puisqu’elles s’inscrivent dans une logique de conflits latents depuis le milieu du XVIIe siècle, la guerre de Succession d’Espagne leur a conféré une dimension supplémentaire. Elle a abouti à une reconfiguration des oppositions locales puisque les sujets du roi de France se retrouvaient aux côtés des Espagnols qu’ils avaient combattus jusqu’alors.
15Une géographie des espaces apparaît. Les attaques révèlent les logiques d’occupation du continent. Elles mettent en évidence les points de peuplement concentrés sur les côtes, les rives des fleuves ou dans les îles. Les Antilles, peuplées, font l’objet de coup de main portant sur une île entière, tandis que ce sont les ports ou les frontières d’influence qui sont réellement concernés par les opérations militaires. Sauf en cas de zone frontalière, les espaces intérieurs sont peu concernés.
16La mise en défense des possessions espagnoles ne se réduisait pas à contrer les attaques et à mener quelques opérations. Il convenait également de fortifier ou de conduire des travaux de réparation des principales places.
INSPECTER ET FORTIFIER
17Analyser l’activité déployée par les ingénieurs militaires révèle également les logiques politiques des relations entre Versailles et Madrid. Leur travail, les rapports qu’ils préparèrent et les décisions qu’ils contribuèrent à forger permettent de mieux comprendre dans quelle mesure l’alliance formée par le roi de France et Philippe V, que l’on désignait comme l’« Union des couronnes », ne demeura pas seulement un discours dans les cabinets des princes mais qu’elle eut également des implications directes dans la manière de gouverner et d’administrer l’Amérique espagnole. En d’autres termes, le travail des ingénieurs ne se réduit pas pour l’historien aux plans et aux relevés de fortifications auxquels ils ont pu procéder mais souligne les enjeux du conflit, comme la rivalité des Anglais et des Français.
18Afin d’assurer la défense des vice-royautés de Nouvelle-Espagne et du Pérou, le roi de France apporta une aide militaire à son petit-fils. La marine joua un rôle prépondérant puisqu’elle permit de convoyer directement ou de protéger des retours de métaux précieux qui, s’ils n’étaient pas aussi importants qu’en temps de paix, n’en demeuraient pas moins stratégiques pour la conduite de la guerre. Cette assistance n’était pas désintéressée, car outre les retours en piastres, elle donnait lieu à une facturation expédiée avec rigueur à la cour de Madrid. Les travaux d’Erik Dahlgreen sur la navigation en mer du Sud et ceux de Philippe Hrodej sur l’amiral Du Casse, en passant par ceux de Pablo Emilio Pérez-Mallaína sur la politique navale de Philippe V, ont permis de souligner le rôle de la marine durant la guerre de Succession et plus particulièrement dans l’Atlantique. Le contrôle des routes maritimes et la multiplication des escadres ont favorisé la production de nombreux rapports, mémoires et documents peu connus et qui révèlent pourtant comment la défense des possessions américaines était envisagée. L’Amérique espagnole était loin de constituer un mystère pour les sujets du roi de France et cette abondante documentation permis d’incomparables progrès dans la connaissance de ce continent31.
19Le point commun de ces documents est leur caractère d’expertise. Précis et détaillés, ils sont souvent accompagnés de croquis, de dessins voire de tableaux. Le mémoire sur l’état des places et garnisons d’Amérique du chevalier de Surgères semble être l’un des premiers ou le premier de ces documents sur l’Amérique espagnole32. Rédigé en 1701, alors que la guerre se profilait, il dressait un inventaire des capacités de chaque place espagnole d’Amérique du Nord. Il avait accompagné d’Iberville dans sa traversée de l’Atlantique, depuis Rouen jusqu’à l’embouchure du Mississippi et Pensacola33. Ce capitaine de vaisseau connaissait bien la région pour l’avoir fréquenté à plusieurs reprises durant ses voyages. Parallèlement à cette expédition, l’escadre de Coëtlogon et de Château-Renault en 1701 transporta plusieurs ingénieurs français chargés de veiller aux fortifications des principales places mexicaines34. Signe des relations étroites entre les deux monarchies, le vice-roi reçut également des ordres pour payer ingénieurs et marins, et s’atteler au recrutement du personnel nécessaire aux travaux35.
20Du Casse rédigea également un rapport en 1703, mais cette fois sur les Antilles qu’il connaissait bien grâce à sa fonction de gouverneur de Saint-Domingue36. Ce document servit à Pontchartrain, secrétaire d’État à la Marine, pour attirer la vigilance des ambassadeurs en poste à Madrid. Les envoyés du roi de France pouvaient ainsi dénoncer les fraudes d’officiers espagnols, attirer l’attention sur les loyautés douteuses voire obtenir leur renvoi37. Ce souci de mieux connaître les places espagnoles ne cessa jamais durant la guerre, comme le confirment les correspondances de l’ambassadeur du roi de France et des ministres de Philippe V qui nous révèlent la présence de l’ingénieur Le Merle envoyé pour inspecter la province du Darién en 170638. Revenu à Carthagène en 1708, il adressa un compte-rendu de sa mission à Pontchartrain. Il correspondait avec le secrétaire d’État à la Marine et également avec Amelot, l’ambassadeur de Louis XIV à Madrid39. Les efforts de Philippe V pour conserver l’ensemble des possessions espagnoles furent constants, y compris après la séparation de 1709 et la fin d’une politique qui soulignait l’étroite relation entre les deux cours. Louis XIV envoya ainsi Amédée-François Frézier chargé de repérer et de conseiller les fortifications et les mesures de protection nécessaires pour les places du Chili et du Pérou40. Cette mission débuta en janvier 1712 pour s’achever en août 1714. Il publia à la suite une relation de ce voyage au cours duquel il avait doublé le cap Horn à deux reprises41. L’objectif réel de cette mission est relativement flou. Si un fondement savant – le renseignement maritime – est donné à l’opération, elle répondait à des enjeux stratégiques alors que les princes sont en train de négocier la paix42. Il s’agissait de repérer en profondeur les côtes chiliennes. En outre, ces différents ingénieurs envoyés dans l’Amérique espagnole ne se limitaient pas à produire un rapport sur l’état d’une fortification ou les protections offertes naturellement par le relief. Accompagnés d’officiers de marine, ces hommes de guerre du roi de France disséminés dans l’Amérique espagnole permettaient de placer les officiers espagnols sous surveillance et d’exercer un contrôle, notamment des principaux gouverneurs comme celui de Sainte-Marthe qui fut dénoncé43.
21Le soin porté aux fortifications des postes proches de Veracruz, Porto Rico mais aussi de La Havane et du Darién souligne combien les expériences des guerres récentes guidaient la réflexion stratégique des ministres de Louis XIV et Philippe V. Ces points constituent des verrous qu’il convient de conserver à tout prix. Ils sont considérés comme les portes d’entrée vers l’Amérique espagnole. Le travail déployé par les ingénieurs français demeure mal connu, comme négligé car inscrit sur une période courte (1701-1714). Pourtant, il révèle, comme les papiers des ambassadeurs, combien le sort de la guerre ne dépendait pas seulement du Milanais, des Pays-Bas espagnols ou encore de la Bavière, mais que la maîtrise des territoires américains était considérée comme fondamentale. Pourtant, protéger Veracruz revenait également à défendre la route vers Mexico. Le contrôle du Darién, du poste de Sainte-Marthe et Carthagène assurait le contrôle de la route vers l’Amérique centrale ; tandis que La Havane, Saint-Augustine ou Pensacola interdisait la Floride et une bonne part des côtes du golfe du Mexique aux Anglais de Caroline.
22Au moins trois postes ont fait l’objet de réparations et de travaux d’importance entre la fin du XVIIe siècle et le début du XVIIIe. Il s’agit de Saint-Augustine en Floride, de Porto Rico et de San Juan de Ulúa à Veracruz. La multiplication des attaques de pirates à partir des années 1680 avait conduit les autorités espagnoles à entamer une série de travaux seulement achevés au début de la guerre de Succession et qui permettaient ainsi de mieux protéger ces territoires. Comme nous l’avons déjà souligné plus haut, le château de Saint-Marc fut achevé en 1701. Il assura une protection efficace de Saint-Augustine. Pour les spécialistes, San Juan de Ulúa constitue quant à elle la première forteresse semi-bastionnée de Nouvelle-Espagne bâtie selon les règles de la fortification moderne. L’influence de Vauban y est manifeste. En effet, après le pillage de Veracruz en 1683, la décision de fortifier la ville avait été prise. Les travaux débutèrent en 1687 pour s’achever quatre ans plus tard en 1691.
23Concernant Porto Rico, une lettre du vice-roi de Nouvelle-Espagne adressée à Philippe V en 1706 révèle les travaux entrepris pour des travaux de fortification44. Si les sommes engagées restaient largement inférieures à celles prévues (5 000 pesos sur les 40 000 prévues), les travaux furent menés à leur terme, sous la conduite du gouverneur et de l’un des ingénieurs français venus avec l’escadre de Du Casse. On ignore son nom mais sa présence est attestée dans les documents des Archives des Indes à Séville. Cet ingénieur est sans doute l’auteur d’un plan du château de Saint-Christophe datant de ces années et consultable dans le même fonds45.
24S’il apparaît difficile de dresser un tableau général des fortifications des possessions du Roi Catholique en Amérique au-delà des exemples évoqués, les correspondances permettent d’entrevoir des mouvements de fonds destinés aux fortifications. Là encore, ces mentions permettent de souligner la volonté très forte de conserver les possessions américaines mais aussi combien cette priorité n’était pas seulement celle des ministres de Philippe V. Lors de son passage dans le golfe du Mexique, Du Casse avait ainsi fait fournir plus de 35 000 piastres pour garnir en munitions les places du Mexique et de La Havane en 1706. La somme est faible au regard des demandes des officiers espagnols sur place mais elle n’en constituait pas moins un secours46. Les moyens disponibles sur place semblent dérisoires comme celle du gouverneur de Sainte-Marthe obligé de solliciter un donativo pour réparer le fort47.
25Cette assistance, matérialisée par l’envoi d’ingénieurs et l’aide apportée sur place pour combattre les adversaires des deux couronnes, visait à garantir l’autorité de Philippe V en Amérique. En effet, quand l’idée qu’il puisse renoncer à d’importantes parties de la péninsule comme l’Aragon et la Catalogne s’imposa, les territoires américains apparurent désormais comme des gages qu’il fallait conserver. Comme l’ambassadeur Amelot l’écrivit à son souverain lors des difficiles années 1706-1707, si le roi d’Espagne conservait la Castille et les Indes, il demeurerait un roi puissant48. C’est pourquoi Amelot exigea de nombreux officiers, en échange de leurs nominations aux Indes, qu’ils lui fassent la promesse d’ouvrir leurs ports à la marine française si les choses évoluaient dans un sens défavorable à Philippe V. Plusieurs d’entre eux acceptèrent.
26Au début du XVIIIe siècle, les espaces fréquentés et disputés par les Européens demeurent ceux du XVIIe siècle mais l’inflexion, qui sera celle du XVIIIe siècle davantage tourné vers la partie sud du continent et ce que l’on appela plus tard l’océan Pacifique, commence à apparaître. Il n’est donc pas surprenant que la guerre de Succession eut aussi lieu en Amérique, si l’on en juge par l’effort de fortifications, les sommes dépensées ou encore l’implication de l’allié principal de la monarchie hispanique. Cette ouverture géographique parallèlement à la modification des équilibres politiques par l’alliance des deux branches de la maison de Bourbon ignorait de surcroît les distinctions entre trois Amériques, celle du Nord, du Centre et du Sud. Il n’existait alors que des zones d’influence correspondant aux territoires peuplés.
27L’implication à défendre des territoires éloignés, leur intégration dans une stratégie d’ensemble à l’heure où se profilaient les pourparlers de la paix à partir de 1709, l’Amérique apparaît moins comme une périphérie que l’une des pièces maîtresses d’un jeu diplomatique de moins en moins européen.
Notes de bas de page
1 Lettre de Louis XIV à Amelot, 18 février 1709, in Girardot A. de, Correspondance de Louis XIV avec M. Amelot son ambassadeur en Espagne (1705-1709), Nantes, 1864, t. II, p. 121.
2 Pritchard J., In Search of Empire: the French in the Americas, 1670-1730, Cambridge, Cambridge University Press, 2004.
3 Banks K., Chasing empire across the sea: communications and the state in the French Atlantic, 1713-1763, Montréal - Ithaca, McGill-Queen’s University Press, 2002.
4 Mapp P., The elusive West and the contest for empire, 1713-1763, The University of North Carolina Press, 2011.
5 Pérez-Mallaína Bueno P., Política naval española en el Atlántico, 1700-1715, Séville, Escuela de estudios Hispano-Americanos, 1982.
6 Depuis le milieu du XVIIe siècle, le caractère stratégique du golfe du Mexique ne cessait de se renforcer. L’armada de Barlovento était chargée de le défendre. de la Torre Villar E., Chávez Orozco L., El contrabando y el comercio exterior en la Nueva España, Mexico, Publicaciones del Banco Nacional de Comercio Exterior, 1967, p. 27-29 ; Escamilla González I., « Campeche en la monarquía española », in Piña Chán R. (dir.), Enciclopedia histórica de Campeche. Epoca colonial, Mexico, Instituto de Cultura de Campeche, 2003, t. II, p. 664.
7 Deux de 70 canons, un de 60, trois de 50, deux de 40, trois de 30. Hrodej P., « Marine et diplomatie : les vaisseaux français, un outil au service du Bourbon de Madrid et de l’empire espagnol d’Amérique (1700-1713) », in Buchet C. (dir.), La mer, la France et l’Amérique latine, Paris, PUPS, coll. « Histoire maritime », p. 27.
8 Pour un aperçu général de l’installation des Français dans le golfe du Mexique, on pourra se reporter, entre autres, à Weber D. J., The Spanish Frontier in North America, New Haven - Londres, Yale University Press, 1992, p. 147 sqq.
9 Ibid., p. 156 ; Rule J. C., « Jérôme Phélypeaux, comte de Pontchartrain, and the Establishment of Louisiana, 1696-1715 », in McDermott J. F. (dir.), Frenchmen and French ways in the Mississippi Valley, Urbana, University of Illinois Press, 1969, p. 179-197.
10 Mapp P., op. cit., p. 125.
11 Céspedes Del Castillo G., «La defensa militar del Istmo de Panamá a fines del siglo XVII y comienzos del XVIII», Anuarios de Estudios Americanos, no 9, 1952, p. 235-275.
12 Young J. R., «The Scottish Parliament and the politics of empire: Parliament and the Darien Project, 1695-1707», Parliaments, estates & representation (Parlements, États et représentation), no 27, 2007, p. 175-190; Storrs Ch., «Disaster at Darien (1698-1700)? The persistence of Spanish imperial power on the eve», European history quarterly, 29/9, 1999, p. 5-38.
13 Archives du ministère des Affaires étrangères (désormais AMAE), correspondance politique (désormais CP), Espagne, t. 185, fos 259-262, lettre de Pontchartrain à Amelot (8 août 1708).
14 Mena García M., Santa Marta durante la guerra de Sucesión Española, Séville, Escuela de Estudios hispanos-americanos de Sevilla, 1982, p. 47.
15 Hrodej P., L’amiral Du Casse : l’élévation d’un gascon sous Louis XIV, Librairie de l’Inde, Paris, 1999, t. I, p. 306.
16 González Vales L., « El ataque a La Boca de la Riviera de Loyza en 1702 : ecos de al guerra de sucesión española en Puerto Rico », Revista Estudios de Historia Social y Económica de América, 1990, 6, p. 50.
17 Archives nationales (désormais AN), fonds Marine (désormais Mar.), B/4/36, fo 154, Mémoire sur l’entreprise contre Montserrat (1712).
18 Buchet C., La lutte pour l’espace caraïbe et la façade atlantique de l’Amérique centrale et du Sud (1672-1763), Paris, Librairie de l’Inde, 1991, 2 vol.
19 Frey L. et M., The Treaties of the War Spanish Succession, Greenwood Press, Westport-Londres, Greenwood Press, 1995, p. 335-336.
20 Cervera Pery J., « La Guerra de Sucesión en el escenario americano : la actitud naval », Revista de Historia Naval, 2000, no 71, p. 79 ; Téllez Alarcia D., La Manzana de la discordia : historia de la colonia del Sacramento desde la fundación portuguesa hasta la conquista por los Españoles (1677-1777), Barcelone, Ediciones Rubeo, 2008, p. 51.
21 Baptista Bicalho M. F., « Une ville assiégée par la peur : Rio de Janeiro et les incursions françaises au XVIIIe siècle », Histoire urbaine, 2000, no 2, p. 113-129.
22 Sur la guerre de Succession en Floride, on se reportera à Tepaske J., The governorship of Spanish Florida, Durham, Duke University Press, 1964, p 108-122.
23 Chatelain V. E., The Defense of Spanish Florida (1565 to 1763), Washington D.C., Carnegie Institution of Washignton Publication (511), 1941, p. 74 et plus largement sur la construction du fort, p. 59-75.
24 AMAE, CP, Espagne, t. 153, fos 96-100, lettre de Pontchartrain à Amelot (29 juillet 1705).
25 Weber D., op. cit., p. 159; Crane V., The Southern Frontier, 1670-1732, Durham, Duke University Press, 1928, p. 71-98; Wright Jr., Anglo-Spanish Rivalry in North America, Athens, University of Georgia Press, 1971, p. 62-68; Tepaske J., Governorship of Spanish Florida, op. cit., p. 116 sqq.
26 AN, Mar., B/7/471, fo 1, extrait d’une lettre de don Joseph de Grimaldo à Amelot (Madrid) : remerciement pour les secours donnés par les Français de Louisiane aux Espagnols de Floride, 13 décembre 1707, traduit de l’espagnol « Don Joseph de Grimaldo écrit à M. Amelot ce qui suit. Le Conseil des Indes ayant informé Sa Maté Cath que le 15 février de l’année 1705 les Maisons royales, magasins, corps de garde et fours du fort de Sainte Marie de Galbe ayant esté consommés par un incendie, le gouverneur françois de la Movila [Mobile] a fait fournir à cette garnison les vivres et les armes dont elle avait besoin. Sa Mté Cath a esté si sensible à cette générosité du gouverneur françois qu’elle a ordonné à Dn Joseph de Grimaldo de le faire sçavoir à M. Amelot, afin que ce ministre en rende compte au roy ».
27 Archivo General de Indias (Archives générales de l’Inde, désormais AGI), Santo Domingo, Legajos 852, Consulta de la junta de guerra, 18 juillet 1704 ; cité in Tepaske J., The governorship of Spanish Florida, Durham, Duke University Press, 1964, p. 116-117.
28 Weber D., op. cit., p. 159.
29 Hrodej P., L’amiral Du Casse, op. cit., t. I, p. 295.
30 AN, Affaires étrangères (désormais AE), BI 770, lettre d’Amelot à Pontchartrain (1er juillet 1705) ; lettre d’Amelot à Pontchartrain (10 août 1705) ; lettre d’Amelot à Pontchartrain (23 octobre 1705) ; AMAE, CP, Espagne, t. 153, fos 226-228, lettre de Pontchartrain à Amelot (2 septembre 1705) ; t. 154, fos 96-98, lettre de Pontchartrain à Amelot (4 novembre 1705).
31 On trouve de nombreux mémoires adressés à Jérôme de Pontchartrain dans AN, Mar., B/7/469-503.
32 Hrodej P., L’amiral Du Casse, op. cit., t. I, p. 299.
33 Ibid., t. I, p 257.
34 Calderón Quijano J. A., Historia de las Fortificaciones en Nueva España, Madrid, CSIC, 1984, p. 121.
35 Ibid.
36 AN, Mar, B/4/17, fo 24, mémoire de Du Casse sur les Antilles (1703).
37 Je me permets ici de renvoyer à ma thèse dans laquelle j’ai mis en évidence l’action d’Amelot pour la protection des possessions américaines : Hanotin G., Au service de deux rois : Amelot de Gournay et l’Union des couronnes, 1705-1709, sous la direction de Lucien Bély, université de Paris-Sorbonne, 2011, 2 vol.
38 AN, Mar., B/7/469, fo 682, mémoires envoyés à Jérôme de Pontchartrain, extraits de deux lettres de don Ferdinando d’Avila Bravo y Laguna, président de Panama : plaintes contre l’insolence de l’ingénieur français Le Merle envoyé inspecter la province de Darien (12 septembre et 17 décembre 1706).
39 AN, Mar., B/7/250, fos 56-61, lettre de Lemerle de Montpensier à Pontchartrain (25 juillet 1708).
40 Mapp P., op. cit., p. 127. Sur Frézier, voir Pluchon P., « Pouvoirs et littoraux : Saint-Domingue en 1721 selon un mémoire de Frézier », in Le Bouëdec G., Chappé F. (dir.), Pouvoirs et littoraux du XVe au XXe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2000, p. 171-180.
41 Blanchard A., Dictionnaire des ingénieurs militaires, Montpellier, Centre d’histoire de l’université Paul-Valéry, 1981, p. 307-308.
42 Brenot A.-M., « L’Araucanie, un arrêt sur images. Protocole de lecture et statut de l’image dans la relation de voyage de Frézier (1712-1714) », in Meunier P., Soubeyroux J., Le voyage dans le monde ibérique et ibérico-américain, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 1999, p. 387 sqq.
43 AN, Mar., B/7/246, fo 184, lettre de Daubenton à Pontchartrain (29 mai 1707) : « J’ay donné à M. Amelot l’extrait de la relation du voyage que le Sr Thomas capitaine d’un navire de Nantes a fait à l’Amérique espagnole, il a jugé à propos que j’en informe le Conseil des Indes, qui est pénétré de l’infidelle conduite du gouverneur de Sainte-Marthe [Santa Marta], aussy a-t-il donné des ordres pour le faire arrêter, et le conduire en Espagne. »
44 AGI, Gobierno, Mexico, 477, Exp. 7, lettre d’Albuquerque à Philippe V, 1er janvier 1706. Il rend compte des ordres qu’il a donnés aux officiers de l’envoi de fonds (5 000 pesos sur un total de 40 000 pesos prévus par une cédule du 26 décembre 1696) pour les travaux de fortifications de Puerto Rico, en exécution des ordres qu’il avait reçus datés du 15 août 1702. Le gouverneur de Porto Rico, Gabriel Gutierrez de Riva, avait entrepris des travaux de fortifications, notamment dans le château de San Cristoval. Un ingénieur venu avec l’escadre de Du Casse avait insisté sur cette partie. Les fortifications de Porto Rico avaient ainsi fait l’objet d’une étude d’un ingénieur du roi de France. Dans la série Mapas y Planos (Santo-Domingo, 114, octobre 1702, Puerto Rico, fuerte de San Cristóbal), il y a un plan en français, « Plan du fort de Saint-Christophe de l’isle de Porte Ric ».
45 AGI, Mapas y Planos, Santo Domingo, 114, « Plan du fort de Sainte Christophe de l’isle, de Porte Ric [sic] », août 1702.
46 AN, Mar., B/2/197, fo 583, Pontchartrain à Daubenton (27 avril 1707).
47 AGI, Santa Fe, 504 : correspondencia de gobernadores de Santa Marta. Lettre d’Alonso Valera à Philippe V, 30 janvier 1708. Cédule du roi avait autorisé le gouverneur à demander un donativo pour réparer les fortifications de Santa Marta. Il avait produit 1 681 pesos.
48 AMAE, CP, Esp., t. 162, lettre d’Amelot à Louis XIV, 11 octobre 1706, fo 37vo.
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