Les politiques maritimes militaires dans la défense et la protection des colonies néerlandaises de l’Atlantique au XVIIe siècle
Maritime military policies in the defense and protection of the Dutch Atlantic colonies in the 17th century
p. 55-68
Résumés
Au cours du XVIIe siècle, la défense des colonies néerlandaises incombaient à la WIC, ainsi qu’aux corsaires. Ce n’est que tardivement que les États-Généraux prennent conscience de l’importance de leurs colonies et envoient des flottes de guerre dont le rôle fut important au cours des deux dernières guerres anglo-hollandaise du siècle, pour devenir par la suite le seul élément de défense maritime.
In the 17th century, most of the defense and protection from the dutch colonies was made by the WIC and privateer. It’s only since the 2nd and 3rd anglo-dutch wars that it appear for the General States to protect this Atlantic colonies. Some fleet from the dutch was send and this would became now the principal maritime defence of this colonies.
Texte intégral
1Au XVIIe siècle, les Provinces-Unies sont une puissance économique et coloniale, rivalisant avec les autres puissances européennes. Grâce à la Vereenigde-Oost Indische Compagnie (VOC), Compagnie néerlandaise des Indes orientales, cette nation établit un dominium incontesté sur l’océan Indien jusqu’au XVIIIe siècle1, une emprise qu’elle n’a pu réaliser dans l’océan Atlantique. Elle perd ainsi ses implantations au Brésil et en Amérique du Nord, ne conservant que quelques territoires dans la mer des Caraïbes et sur les côtes africaines. Cependant, cette perte n’a pas été sans que diverses mesures de protection et de politiques maritimes défensives n’aient été engagées. Quelle a été le rôle des différents acteurs, la West Indische Compagnie (WIC), Compagnie des Indes occidentales, les particuliers et l’État dans la défense des colonies ?
UNE STRATÉGIE DÉFENSIVE PARTICULIÈRE DÉVELOPPÉE PAR LA WIC
2Dès la fin du XVIe siècle, les Néerlandais fréquentent les eaux américaines. Les premières installations datent des années 1610-1630 dans les Antilles, les bouches de l’Orénoque et en Amérique du Nord2, résultant de l’activité privée et de la WIC3.
3Cette compagnie, consœur de la VOC, est un acteur non négligeable dans l’histoire de l’Atlantique4. La charte octroyée par les États-Généraux le 3 juin 1621, deux mois après la rupture de la trêve signée en 1609 avec l’Espagne, lui accorde pour une durée de 24 ans le monopole commercial vers l’Afrique et les Indes occidentales, ainsi que des droits régaliens dont le droit d’armer en course5. Le projet, appelé le « Grand Dessein », établi en 1623, présente la conquête du Brésil, notamment Salvador de Bahia, comme capital, suivit des possessions africaines. Les attaques aux Antilles devaient compléter ce plan et ainsi déboucher sur une vision globale et transatlantique. La lutte contre l’Espagne et le Portugal, que des historiens ont appelé « a global war6 », monopolisera l’essentiel des forces et des finances de la WIC. L’adage « No Peace beyond the line » est appliqué littéralement. Les Néerlandais affrontent de 1630 à 1654 les Ibériques dans l’espace Atlantique mais aussi Indien, alors qu’en métropole ils sont en paix avec l’Espagne depuis 1648 et qu’ils soutiennent le Portugal en 1641 contre cette dernière7, jusqu’en octobre 1657 date à laquelle les Provinces-Unies et le Portugal sont de nouveau en guerre jusqu’au 24 mai 1662. Ce paradoxe n’échappe pas à Janot, représentant français aux Pays Bas, qui écrit dans sa lettre du 4 janvier 1651, que 8 capres de Zélande ont pris 3 vaisseaux de Saint-Malo frétés aux Portugais à la côte du Brésil :
« Je ne sais comment ceux-ci gousteront lesd 3 prises vu le bruit qu’ils font lorsque nous empechons leurs vaisseaux de porter des munitions de guerre à nos ennemis puisquils prennent nos vaisseaux chargés de marchandises libres frettés à des alliés communs contre lesquels ils ne sont pas déclarés faire la guerre ou la devoir faire8. »
4Du point de vue maritime, la lutte pour le Brésil se divise en deux périodes : 1630-1644, 1645-16549.
5Au cours de la première période, les flottes de la WIC jouent le principal rôle dans ce conflit10. Elles assurent la protection de la colonie brésilienne, en maintenant les liaisons avec la mère patrie et apportant tant bien que mal des renforts en troupes, munitions, et moins souvent en vivres. Recife connaît durant les années 1645-1646 la disette. La ville ne sera sauvée que par l’arrivée, le 26 juin 1646, de deux navires chargés principalement de nourriture. La stratégie défensive consiste en une protection de l’implantation autour de Recife tant par des confrontations avec les flottes ennemies, qu’en interrompant et menaçant les liens entre les provinces sous contrôle portugais avec leur métropole. La tactique mêle des raids, à un blocus de Bahia et des opérations en course.
6Les confrontations navales sont rares dans cette partie du monde, la première étant fortuite. La bataille des Abrolhos du 12 septembre 1631 voit s’affronter la flotte de la WIC sous Adriaen Janszoon Pater et Martin Thijssen forte de 17 navires, 2 130 hommes et 472 canons, et celle espagnole sous Don Antonio Oquendo composée de 56 navires portant 439 canons et 3 000 hommes dont 1 200 soldats de troupes napolitaines11. Ce combat tourne en faveur des Espagnols du fait de l’inégalité des forces ainsi que de la défection de plusieurs capitaines hollandais12.
7La ville de Recife voit à diverses occasions croiser au large des flottes ennemies sans que celles-ci ne mènent d’opérations d’envergure13. Le 10 janvier 1639, une armada ne débarque que quelques troupes alors que Maurice de Nassau gouverneur général depuis 1636 avait dégarni la garnison de Recife en renforçant l’escadre de Cornelis Jol partie en course dans les Antilles14. Le comte de Nassau, informé par des éclaireurs des préparatifs du conde de Torres, réunit 41 navires et 2 800 hommes. À partir du 12 janvier 1640, cette flotte affronte durant cinq jours à Itamarca celle des Portugais, forte de 87 navires et de plus 6 000 hommes15. La victoire revient aux Néerlandais qui empêchent le débarquement des Ibériques, suivit de la dispersion de cette armada16.
8La stratégie défensive comporte cependant un volet offensif. En effet, Maurice de Nassau prend la mesure que le maintien de la colonie nécessite une relance de l’économie sucrière et l’élimination de Bahia. Parmi les éléments de son plan, il intègre la capture d’Elmina et des comptoirs portugais en Angola avec un siège sur mer et par terre de Bahia. Les documents capturés sur des navires l’informent non seulement des intentions des Portugais mais aussi de leur moral. Il sait ainsi que la ville manque de farine en 1635, ainsi que de viande et de savon en 1636. Cela l’incite à lancer une expédition contre la ville au cours du printemps 1637, à laquelle participent 1 000 Amérindiens. Elle se conclut par un désastre17. Il renouvelle l’expérience en 1638 et en 1639. En mars 1640, ayant reçu des renforts, il envoie en représailles des destructions commises par les Portugais, l’amiral Lichthart détruire leurs plantations. D’autres raids suivront en juillet. Au printemps 1641, il regroupe ses forces afin de s’emparer de Loanda en Angola18. L’expédition forte de 21 navires et 3 000 hommes dont 240 Indiens sous l’amiral Cornelis Jol et le colonel Henderson quitte Recife le 23 mai 1641. La ville de Loanda est capturée, suivie de Benguela, des îles São Tomé et Annobom en octobre, d’Axim en février 1642, mais le climat fauche grand nombre d’hommes19. Entre-temps, Maurice de Nassau était retourné en métropole.
9La donne change en 1641. Les coûts financiers et les pourparlers de paix entre Néerlandais et Portugais conduisent à un moindre effort de la part de la WIC, qui licencie les troupes alors que la révolte s’enclenche dans les territoires brésiliens occupés en 1642. À partir de 1644-1645, la métropole prend conscience de l’importance de cette colonie. L’idée chemine d’un soutien conjoint assuré par la marine de guerre et la WIC, dont la situation financière est exsangue. Malgré les succès de la course, la dette de la compagnie ne cesse de s’accroître : de 18 millions en 1636 elle passe à 36 millions en 164820.
101645 est une année charnière. Les Portugais reprennent l’initiative en bloquant Recife le 11 août ; mais leur flotte est défaite. Les Néerlandais disposent alors de la domination des mers interdisant le transport de renforts aux révoltés. Cette même année 1645, non seulement les États-Généraux décident de prolonger la durée de la charte accordée à la WIC en 1621 ; mais ils s’accordent avec la compagnie en décembre pour lui accorder un don de 700 000 florins afin qu’elle arme une flotte de 36 navires avec 6 000 hommes dont 1 800 volontaires de l’armée payés par les États-Généraux.
11Le texte n’est pas signé que les prétentions sont revues à la baisse : les provinces tardent à verser l’argent et le recrutement est rendu difficile du fait de la mauvaise réputation du Brésil et de la concurrence d’une campagne d’engagement pour une flotte destinée à soutenir Venise21. Le rigoureux hiver 1646 voit les ports bloqués par la glace et la tempête. Le départ est étalé entre février et mai 1646, avec des arrivées entre juillet et novembre. En tout, 20 navires portant 2 000 hommes arrivent sur zone sous le commandement de Joost Banckert, un officier général de la marine22. Durant son expédition il s’empare en février 1647 de l’île d’Itaparica et de plusieurs navires sur les côtes. Banckert fait face aux effets du climat sur les hommes et les navires23, aux soucis liés au ravitaillement ainsi qu’au paiement de la solde des hommes24. Ces difficultés perdurent avec son successeur, Witte de With25, ces facteurs jouant un rôle dans la perte de la colonie.
12Joao IV, roi du Portugal, conscient que la perte de Bahia entraînerait celle du Brésil et compromettrait la survie du pays en lui interdisant l’arrivée de sucre, source de revenu lui permettant de lutter contre les Espagnols, prend la décision d’envoyer l’Armada Real do Mar Oceano en mai 1647. Elle quitte Lisbonne le 18 octobre 1647 sous le commandement d’Antonio Teles de Menezes, capitaine général de l’armada, et de Luis Da Silva Teles, amiral et mestre de camp, forte de 21 navires portant 1 000 marins, 2 812 soldats et volontaires. La WIC arrive à la même conclusion que Joao IV mais elle est paralysée par les dissensions entre les provinces, principalement entre la Zélande et la Hollande. La seconde ayant plus d’intérêts dans le commerce avec la péninsule Ibérique souhaite la signature de la paix et l’abandon de la colonie alors que la première veut un soutien à la WIC pour conserver le Brésil, quitte à faire la paix avec l’Espagne. L’accord est conclu au bout de 9 mois. La VOC prévoit de soutenir la WIC en mars 1647 en lui versant une subvention de 1,5 million de florins sur 5 ans. Le 10 août, les États-Généraux votent l’envoi d’une flotte de 12 navires avec 6 000 hommes payés par la subvention de la VOC et une somme de 600 000 florins par les provinces. La WIC devait armer alors 39 navires et 1 350 hommes. Maurice de Nassau refuse le commandement et c’est ainsi que les États-Généraux nomment Von Schoppe pour l’armée et Witte de With pour la marine le 19 août 164726.
13La mobilisation est ralentie pour les mêmes raisons qu’au cours de la période 1645-1646. Ce n’est que le 26 décembre 1647 que Witte de With quitte les Provinces-Unies avec une partie de la flotte. Il est rejoint par Matthijs Gillisen et dispose de 34 navires en tout type27. De With arrive avec l’essentiel de la flotte le 18 mars 1648, les derniers qu’en août. La flotte croise au large des côtes durant tout l’été et l’automne capturant plusieurs vaisseaux chargés de sucre, non sans combattre comme lors du 28 septembre 1648. Le 7 décembre 1648, de With convoie 23 navires avec 2 400 soldats pour une expédition envoyée contre la baie de Tous-les-Saints détruire les plantations de sucre. Entre le 11 décembre et le 11 janvier 1649, pas moins de 23 fabriques partent en fumée et 1 500 caisses de sucre sont ramenées. Suite à des différends avec le gouvernement local et du mauvais état de sa flotte, de With rentre en métropole fin 164928.
14Avant son retour, les États-Généraux avaient prévu en juillet de lui adresser des renforts. Cependant, les événements en Baltique conduisent à armer des navires contre le Danemark, afin de protéger les intérêts néerlandais. Ce départ entraîne un nouveau rapport de force en faveur des Portugais qui n’en profitent pas. En avril et mai 1650 arrive la flotte du colonel Haulthain sans réaction de la part des Portugais, car le roi Joao IV craint une extension de cette guerre officieuse vers l’Asie, et malgré les victoires brésiliennes il se demande s’il n’est pas préférable de céder Pernambuco aux Néerlandais. Les opérations qui suivent l’arrivée d’Haulthain ne représentent pratiquement que des opérations corsaires. L’étau se resserre progressivement autour de Recife. Du 26 février au 3 mars 1652 un des derniers combats se conclut par l’explosion d’un galion portugais mais la flotte hollandaise se retire car les navires sont en mauvaises conditions : cela fait 2 ans qu’ils opèrent dans ces eaux sans avoir été carénés. Entre la fin mars et le début du mois d’avril 1652, les 8 derniers navires de guerre retournent au pays. Joao IV comprend qu’il faut attaquer Recife comme lui suggère depuis 1648 Barretto et Vieira, mais les Anglais bloquent le Tage en 1650. La paix signée en 1651, le plan est relancé le 1er juillet 1652. Mais la crainte d’une entente anglo-néerlandaise29, fait que ces efforts ne sont consentis qu’en 1653. La flotte forte de 77 unités, dont l’armement est connu depuis octobre par La Haye, arrive sans encombre devant Recife le 20 décembre 1653. Les autorités de la ville qui avaient déjà vu des flottes conséquentes passées en 1650 et 1652 sans que la ville ne soit attaquée, pensent la même chose jusqu’à ce que le port soit bloqué et des troupes débarquées. Durant l’année 1653, les prises faites par la course avaient permis de constituer des stocks de nourritures et de revendre des caisses de sucre. Mais la faiblesse du moral des troupes, malgré l’arrivée de renforts, conduit à une capitulation signée le 26 janvier 1654. En 1645 quand Pieter Poty écrit à Filipe Camarao : le Brésil sera dominé par la mer, il ne se trompait pas, sauf sur le vainqueur final.
LE RÔLE DE LA COURSE ATLANTIQUE DANS LA SURVIE ET LA DÉFENSE DES COLONIES
15La course coloniale n’a pas fait l’objet d’une étude globale30. L’explication se trouve dans des raisons matérielles mais aussi par le risque de confusion avec la flibuste, à laquelle de nombreux Néerlandais participent tels que Roc le Brésilien, Laurent de Graff, Nicolas van Hoorn, Jan Willems dit Yankey31. Le cas de Jan Erasmus Reyning et de Jurriaen Aernouts étant typique du mélange des genres.
16Cependant, la course constitue parfois la seule force protectrice des comptoirs dans les Antilles, comme le rappelle l’historienne Anita van Dissel dans un ouvrage paru en 201032. Les chartes de 1621 et de 1674 autorisent la WIC à pratiquer cette activité33. Elle constitue l’un des trois piliers de la compagnie sur la période 1621-1674 en représentant une importante source de revenu34. Selon Johannes de Laet (1582-1649), auteur d’une histoire de la WIC, entre 1623 et 1637, 609 navires sont pris en tout pour 118 millions de florins soit un bénéfice net de 36 millions de florins. La WIC tire des revenus des ventes et autorisations accordées aux particuliers35. En effet, à partir de 1632, les États-Généraux lui confèrent l’autorisation d’accorder des commissions de course à des particuliers pour qu’ils puissent s’adonner à la course dans son espace géographique en contrepartie d’un pourcentage sur les prises, appelé la recognitie. Malheureusement, il n’existe aucune étude du bénéfice de la course sur la période post-1636. Après 1672, la WIC arme peu en course36, laissant cette activité aux particuliers.
17Cette compagnie stimule l’initiative privée. La chambre de Zélande autorise la fréquentation et l’emploi de ses arsenaux aux particuliers pour y construire et réparer les corsaires. Le 6 décembre 1646, sous l’impulsion de ses directeurs, est créée à Middelburg une « Brasilse Directie », une structure ad hoc pour développer et coordonner la course au Brésil. Elle se compose d’armateurs corsaires qui réorientent leur activité après la chute de Dunkerque. Active jusqu’en 165437, elle réalise de 1647 à 1648, 249 prises portugaises, anglaises, françaises et même hollandaise38. Ces prises frappent durement l’économie brésilo-portugaise : près de 130 navires avaient pour port de départ ou d’arrivée Salvador de Bahia. Le commerce du sucre suffoque et le trésor portugais de Salvador est contraint à de nouvelles impositions39. Pour contrer cette hécatombe, Joao IV autorise la création de la Companhia Geral para o Estado do Brazil (1649-1720) qui se charge d’envoyer deux fois par an une flotte escortée par 18 navires de guerre. Son financement s’appuie sur des taxes sur les marchandises transportées ainsi que le monopole de l’exportation du bois-brésil et l’importation du vin, de la farine, d’huile et de morue au Brésil. La fin de la guerre avec l’Angleterre et la reprise du conflit avec le Portugal en 1657 conduit de nombreux Zélandais à armer en course et ce jusqu’à la signature de la paix définitive en 1663.
18La participation de la guerre de course à la défense des colonies est diversifiée. L’interception de navire permet d’obtenir des renseignements sur les intentions de l’ennemi, sur son moral et l’empêche de recevoir des armes, des renforts et du ravitaillement. Dans le cas brésilien, le 6 mai 1647 à 90 miles de Bahia, deux corsaires zélandais s’emparent de 2 pinasses portant le nouveau mestre de camp Francisco Barreto de Menezes et son second Felipe Bandeira de Melo.
19La capture d’un vaisseau permet de tirer profit de sa marchandise et de son fret. Recife dispose ainsi en 1653 d’entrepôts pleins. Il en est de même dans les Antilles. Entre 1673 et 1675, Reyning rompt le blocus de l’île de Tobago et leur permet de se ravitailler et de poursuivre la traite illégale avec l’Amérique espagnole40. Curaçao qui est un centre d’interlope à direction des colonies espagnoles41, constitue une base corsaire tout comme Essequibo. Gillis Vlaminck en 1689 ou Andrée Goons Gillis en 1692 y conduiront leurs prises françaises faites au large de l’Afrique. La capture de plusieurs navires dans ces eaux et au large de l’Afrique participe à l’économie locale tournée vers les produits coloniaux et la traite illégale. En 1704, le directeur général de Curaçao Nicolas Van der Beek, qui délivrera plusieurs commissions en course entre 1701 et 1704, rappelle que les habitants de l’île ne peuvent vivre sans la course, car elle constitue une importante source de revenus.
20Certains corsaires reprennent des colonies. En février 1660, près des Açores, Toussaint Le Sage avec trois corsaires zélandais, s’empare du corsaire français Le Neptune dirigé par Jacques Duquesne, frère d’Abraham Duquesne, qui naviguait sous une commission suédoise avec laquelle il s’était emparé du fort de Goere (Gorée en français) en Afrique ainsi que d’un navire de la WIC. Il s’en retourne avec le butin pour Brest mais il meurt dans la lutte. Goere ainsi que deux autres navires seront repris par les corsaires zélandais, Jan Crijnssen et Evert Langers.
DES INTERVENTIONS LIMITÉES DE LA FLOTTE DE GUERRE NÉERLANDAISE : DU SOUTIEN INDIRECT À LA DÉFENSE ET À LA RECONQUÊTE DES COLONIES
21Si la VOC parvient à obtenir de larges aides indirectes de la part des États-Généraux (subventions financières), la WIC réussit à ce que ceux-ci envoient des navires de guerre et des troupes après 1645, en tout 40 navires jusqu’en 1651. Il faut attendre la deuxième guerre anglo-hollandaise et le déclin de la WIC pour que la marine néerlandaise intervienne directement dans la défense des colonies. Le pensionnaire Johan de Witt projette secrètement de reprendre les colonies en Amérique du Nord et en Afrique tombées dans les mains anglaises en 1662-166442. Afin d’éviter de créer un incident diplomatique que provoquerait l’armement d’une flotte, l’état de guerre n’étant pas encore déclaré, l’idée est d’envoyer l’escadre agissant sous Michiel de Ruyter en Méditerranée contre les Barbaresques43. Ce dernier, informé le 1er septembre 1664 de sa nouvelle mission, prépare discrètement sans en informer ses officiers la campagne qui va suivre44. Gorée est reprise le 24 octobre et plusieurs comptoirs anglais sur les côtes africaines sont détruits. Les forts renforcés, il quitte en mars 1665 cette zone pour les Antilles. Il échouera dans l’attaque contre la Barbade le 30 avril mais cela ne l’empêche pas, durant le mois qui suit, de s’emparer de plusieurs marchands anglais qu’il vend à Saint-Eustache et Saint-Christophe. Le 17 mai, il entame le retour pour l’Europe sans avoir pu reprendre la colonie de Nouvelle-Néerlande. De Ruyter disposait de moins d’hommes et comptait plusieurs prises, sans compter qu’informés de sa présence, les Anglais avaient renforcé les défenses. Sur le chemin du retour, il détruit plusieurs pêcheries anglaises près de Terre-Neuve. Son arrivée à Delft le 6 août 1665 est triomphale car il revient de cette longue expédition sans perte de navires, avec très peu de pertes humaines et un impressionnant butin, ce qui lui vaudra une promotion45.
22Alors que De Ruyter est sur le chemin du retour, le pensionnaire de Zélande Pieter de Huybert réfléchit à l’envoi d’une escadre pour intercepter la flotte anglaise des Indes orientales et saccager les installations américaines. Ce plan secret, qui bénéficie du soutien de Johan de Witt, sera repoussé suite aux événements de 1665-1666 (les multiples défaites de la flotte néerlandaise ainsi que le raid sur Terschelling) et amendé. Toutefois, les États de Zélande qui en sont informés le 2 décembre 1666 décident deux jours plus tard de l’accepter et d’assurer seul cet armement. La flotte sous le commandement d’Abraham Crijnssen, forte de 6 navires, 120 canons et 925 marins et soldats, quitte le 30 décembre 1666 la Zélande. Elle s’empare en février et mars 1667 des implantations anglaises sur le Surinam, interceptant par ailleurs plusieurs navires anglais dont un revenant d’Afrique avec 270 esclaves46. Renforcé par trois navires, il apprend la reprise des colonies d’Essequibo et Pomeroon, et se dirige vers Tobago. Entretemps, les Anglais avaient été chassés par les Français47. Crijnssen restaure le fort et y laisse une garnison. Il joindra ses forces aux gouverneurs français Lefebvre de la Barre, Clodoré et De Lions soit un total de 16 navires et 270 canons de toute sorte et plus de 1 100 hommes, pour combattre une flotte anglaise de 14 navires sous le commandement de John Berry48. L’escarmouche du 20 mai 1667 est brève : les Anglais perdent près de 80 hommes et 3 navires contre 20 hommes du côté des franco-hollandais. Crijnssen croisera au large de la Virginie en juin 1667 avant de revenir le 25 août en Zélande ayant à son palmarès une trentaine de navires de guerre et marchand chargés de produits coloniaux. Il repart le 4 février 1668 reprendre Surinam, que la paix de Bréda restitue aux Hollandais, tombé entre les mains des Anglais en octobre 166749.
23Le succès de Crijnssen en 1667 dans les Antilles, conduit les États de Zélande à renouveler cet exploit en 1672. Ils nomment Cornelis Evertsen de Jongste à la tête d’une flottille comportant trois vaisseaux et trois autres plus petits portant 586 hommes et 115 canons50. La campagne sera une des plus longues de sa carrière. Ses instructions secrètes prévoient la capture de l’île de Sainte-Hélène afin de s’emparer des navires de l’EIC qui reviennent. Parti le 10 décembre 1672, il arrive à la fin du mois de janvier aux Canaries. Alors qu’il s’approvisionne en eaux aux îles du Cap-Vert, il rencontre une escadre anglaise expédiée pour reprendre l’île de Sainte-Hélène qui avait été prise par une flotte de la VOC en janvier 1673. Evertsen parvient à s’échapper et la décision est prise le 5 mars de ne pas poursuivre vers Sainte-Hélène51. La seconde partie de sa mission lui ordonne de reprendre Cayenne, mais les mauvaises conditions climatiques et la géographie des lieux rendent ce but impossible au vu des moyens dont il dispose. Il s’en suit une halte de deux mois au Surinam. Ayant repris la mer, il croise le 1er juin une escadre de 6 navires, dont deux prises armées, dirigée par Jacob Binckes. Elle avait été armée dans le plus grand secret par l’amirauté d’Amsterdam. Evertsen signe une alliance avec Binckes. Les deux commandeurs décident alors d’attaquer les intérêts anglais en Amérique. Après une attaque sur Montserrat et Nevis, ils reprennent Saint-Eustache le 8 juin. Le 21 juillet, ils sont au large de la Virginie et le 9 août 1673 New York redevient hollandaise. La désolation que sème cette flotte frappe de nouveau les pêcheries anglaises et françaises de Terre-Neuve, détruisant les installations ainsi que 70 à 150 navires de toute taille. Après d’autres péripéties qui ne concernent plus cet espace colonial, la flotte d’Evertsen revient en Zélande le 3 juillet 1674 après près de deux ans de campagne.
24Une dernière opération géostratégique de la marine de guerre a lieu en 1676 sous le commandement de Binckes52. En mars 1676, il quitte les Provinces-Unies avec plus de 10 navires de guerres sans compter ceux de transport. Il doit non seulement endommager les colonies françaises mais aussi renforcer Tobago, ce qui explique la présence de soldats (14 compagnies) et de familles. Arrivé aux Antilles, il s’empare de Cayenne, de Marie-Galante, de Saint-Martin en juin, transférant alors des familles françaises transfuges vers Tobago. Il mène un raid aussi sur Saint-Domingue. Face à cette menace, la France envoie l’amiral d’Estrée qui part de Brest le 6 octobre 1676 avec 8 navires et 400 soldats. On se trouve ici dans le cas d’une campagne de course mixte : le roi prête les navires et paye la solde des marins et soldats tandis que les vivres et l’armement du navire le sont par des fonds privés. Le 17 décembre d’Estrée attaque Cayenne qu’il prend et laisse la ville à son ancien gouverneur le chevalier de Lezy avec une garnison plus forte. En février 1677 renforcé par des miliciens des îles, il se trouve au large de Tobago avec 4000 hommes contre 1700 et 12-13 navires pour Binckes. D’Estrée fit deux tentatives, une en février et une le 3 mars qui se conclut par des semi-victoires néerlandaises : 10 navires détruits mais 4 du côté français. D’Estrée s’en retourne en métropole où il arrive en juillet. Le 27 septembre, une nouvelle flotte de 17 navires est armée dont il a le commandement. Le 1er novembre, les forts et la ville de Goere sont capturés. Le 6 décembre, il se retrouve devant Tobago. D’Estrée dispose de la supériorité militaire : Binckes n’a plus que 500 hommes et aucun navire. Après moins d’une semaine de siège, la ville se rend. D’Estrée vise alors la conquête de Curaçao. Il appareille de Saint-Christophe le 7 mai 1678 avec 18 navires de guerre royaux et 19 navires corsaires. Le 11 mai, c’est la catastrophe avec le naufrage aux îles d’Aves : 7 vaisseaux, 3 transports et 3 navires flibustiers coulent avec 500 hommes53. Le 23 octobre 1678, Colbert y enverra Job Forant qui remonta 364 des 494 canons54.
25L’essentiel de la défense des colonies atlantiques néerlandaises au XVIIe siècle est basé sur la WIC. L’effort colossal consenti dans l’acquisition et la protection du Brésil ont abouti à dégrader la situation économique de la compagnie. Le recours à la guerre de course n’a pas permis de combler les pertes malgré certains coups d’éclat. La compagnie assure non seulement la survie des colonies mais représente aussi la seule force de défense. La marine de guerre n’est cependant pas absente. Son soutien est direct en octroyant, prêtant et mettant à la disposition de la WIC des navires de guerre armés par les chambres. La collusion entre gouvernants, députés et membres de ces compagnies est forte. En dehors de la défense du pays, le rôle essentiel de la marine de guerre néerlandaise est orienté vers la protection des intérêts économiques de la nation. À côté des pêcheries, ce sont les flux commerciaux européens qui ont profité de cette protection. Il faut attendre la deuxième guerre anglo-hollandaise pour que commence un semblant de protection des lignes commerciales en provenance des Indes orientales et occidentales.
26Toutefois, en dehors des opérations de 1664-1665 et 1673-1677, la marine n’intervient que rarement. La protection des espaces coloniaux revient donc aux forces privées à savoir les corsaires, la WIC n’étant plus capable de disposer d’une force suffisante pour exercer cette fonction. Elle subira des pertes causées par des flottes d’autres puissances coloniales, mais elle devra aussi défendre ses privilèges contre des forces nationales. De nombreux contrebandiers néerlandais, notamment zélandais, viennent contester son monopole commercial. Face à ce risque, la WIC enverra plusieurs croiseurs protéger ses droits commerciaux en Afrique, capturant des interlopers ou lorrendrayers néerlandais entre 1674 et 1734, parfois après un terrible combat55.
27Pour les colonies américaines, les Provinces-Unies peuvent compter sur leur allié anglais : l’expédition du commodore Laurent Wright (1689-1690) envoyé protéger les colonies anglaises et néerlandaises56, se traduit par la reprise de Saint-Christophe et Saint-Eustache et un échec face à la Guadeloupe. Les Anglais enverront d’autres escadres attaquer les implantations françaises : Halph Wren et François Wheeler en 169257 ; Robert Wilmot58, sans oublier la flotte combinée anglo-néerlandaise de 1697 sous John Nevill (8 navires néerlandais sous le commandement George Mees qui meurt le 20 juillet de la même année)59. Pour la guerre de Succession d’Espagne, les flottes anglaises qui agissent dans ces eaux (Benbow, Whetstone, Walker, etc.) n’ont pas d’autres objectifs que de tenter de s’emparer des flottes espagnoles chargées d’or et d’attaquer les colonies françaises. Cette présence anglaise n’empêchera toutefois pas la prise de Saint-Eustache en 168960, le pillage d’Essequibo par des corsaires français en 170861, sans oublier la campagne de Cassard de 1712-1713 fatale à Curaçao et le Surinam62. Les établissements africains sont victimes aussi de corsaires français sans que l’on ait plus de précision63.
Notes de bas de page
1 S’agissant de la VOC, voir Gaastra F. S., Het Geschiedenis van de VOC, Zutphen, Walburg Press, 1994 ; ainsi que les sites http://www.vocsite.nl et http://vocwarfare.net. Sur la VOC, la guerre et la course, voir les travaux de Borschberg P. sur son site www.borschberg.sg ; Veen E. V., « VOC strategies in the Far East, 1605-1640 », Bulletin of Portuguese/Japanese Studies, vol. 3, 2001, p. 85-105 ; Knaap G., Teitler G., De Verenigde Oost-Indische Compagnie tussen oorlog en diplomatie, Leiden, Verhandelingen, KITLV, no 197, 2002 ; Enthoven V., « De VOC en de Staten Generaal », Armamentaria, Jaarboek Legermuseum, no 36, 2001-2002, p. 30-49.
2 Sur l’histoire atlantique néerlandaise, voir www.kitv.nl ; ainsi que Souty F., Emmer P., Poton de Xaintrailles D., Les Pays-Bas et l’Atlantique 1500-1800, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009.
3 Sur le rôle des compagnies de commerce dans l’expansion coloniale, voir Ortiz C., Embryonic Multinational Corporations and Private Military Companies in the Expansion of the Early-Modern Overseas Charter System, Paper prepared for the 47th Annual ISA Convention : « The North-South Divide and International Studies », San Diego, 22-25 mars 2006, consultable à l’adresse http://www.privatemilitary.org/publications/ORTIZ-ISA2006-Embryonic%20PMCs.pdf.
4 Den Heijer H., Het Geschiedenis van de WIC, Zutphen, Walburg Press, 1994. Un débat existe entre les historiens sur le rôle de la WIC : Emmer P., The Dutch in the Atlantic Economy 1580-1880 : trade, slavery and emancipation, Aldershot, 1998 ; Id., « The Dutch Atlantic 1600-1800. Expansion without Empire », Jahrbuch für Geschichte Lateinamerikas, no 38, 2001, p. 31-48 ; de Vries J., Van Der Woude A., Nederland 1500-1815. De Eerste ronde van moderne economische groei, Amsterdam, Uitgeverij Balans, 2005. Dans ce dernier ouvrage, les auteurs soutiennent que la WIC a eu une faible importance dans l’Atlantique. Cette position est contestée dans Postma J. M., Enthoven V., Riches from Atlantic Commerce : Dutch transatlantic trade and shipping, 1585-1817, Leiden et Boston, Brill, 2003.
5 Van Ittersum M., «Mare Liberum in the West Indies? Hugo Grotius and the Case of the Swimming Lion, a Dutch Pirate in the Caribbean at the Turn of the Seventeenth Century», Itinerario, vol. XXXI, no 3, 2007, p. 59-94.
6 Emmer P., « The First Global War : The Dutch Versus Iberia in Asia, Africa and the New World 1590-1609 », PH, vol. 1, no 1, 2003. Sur l’empire portugais, nous avons utilisé Bethencourt F., Curto D. R. (dir.), Portuguese Oceanic Expansion 1400-1800, Cambridge, Cambridge University Press, 2007.
7 Ce soutien conduit à l’envoi de juin 1641 à janvier 1642 d’une flotte de 17 navires sous Artus Gijsel et Jacob Pietersz Tolck, deux anciens officiers de la VOC et de la WIC, et Michiel De Ruyter qui fait office de chef d’escadre temporaire. Elle affronte le 3 et 4 novembre 1641, près du cap Saint-Vincent, la flotte espagnole forte de 24 navires sous les ordres du comte de Ciudad Real. La victoire revient aux Néerlandais qui affligent de fortes pertes aux Espagnols. Pour une introduction à la guerre entre l’Espagne et le Portugal, voir Bély L., Bercé Y.-M., Meyer J., Quatrefages R., Guerre et paix dans l’Europe du XVIIe siècle, Paris, Sedes, 1991, p. 92-99.
8 Bibliothèque nationale de France (désormais BNF), fonds Clairambault 432, vol. 144, fo 12 sqq. Il avait déjà signalé auparavant dans d’autres courriers, tel celui du 9 février 1650 se trouvant dans Clairambault 425, vol. 137, fos 236-242, qu’ils n’appréciaient pas que les Français commercent avec les Portugais ; alors qu’eux autorisent des Espagnols à venir s’armer en Hollande contre la France.
9 Les opérations menées par les flottes de la WIC entre 1624 et 1630 se traduisent par la capture de nombreux navires espagnols et portugais dans les eaux de l’Atlantique sud et des Caraïbes, ainsi que par la prise de Récife et d’Olinda en 1630, les premiers comptoirs brésiliens. Voir les notices dans Hrodej P., Buti G. (dir.), Dictionnaire des corsaires et pirates, Paris, CNRS Éditions, 2013 ; Prud’homme Van Reine R., Admiraal Zilvervloot Biografie van Piet Hein, Amsterdam, Uitgeverij Arbeidpers, 2003 ; Id., « Hendrick Lonck (1568-1634) een zeeheld uit Roosendaal », Jaarboek de Ghulden Roos, no 65, 2005, p. 155-174.
10 Sur les navires de la WIC, voir la synthèse de Tim Wachelder du 24 octobre 2007 sur le site www.historie.nl.
11 Sur Antonio Oquendo, voir Stradling R., « Basque Seafaring Traditions and National Mythologies : A Historical-Ethical Essay », Itsas Memoria. Revista de Estudios Marítimos del País Vasco, 5, Untzi Museoa - Museo Naval, Donostia - San Sebastián, 2006, p. 145-155.
12 Boxer C., De Nederlanders in Brazilië 1624-1654, Aalphen an de Rijn, A. W Sijthoff, 1977, p. 64 ; Van Der Straaten H. S., Hollandse Pioniers in Brazilie, Franeker, Uitgeverij Van Wijnen, 1988 ; ce dernier auteur diffère sur les forces et la date.
13 Sur les forces armées et navales portugaises, voir Alves Salgado A. A., Portugal e Atlântico. Organizaçao militar et acçoes navais durante o periodo Filipino (1580-1640), université de Lisbonne, thèse de doctorat, 2009, 295 p.
14 La flotte sous don Fernando de Mascarenhas conde de la Torre quitte le Tage en septembre 1638 forte de 46 navires et 5000 soldats. Son avancée est lente et entravée par la perte de 3 000 hommes lors de son escale aux îles du Cap-Vert. Les Heren XIX doutent de l’envoi de l’armada espagnol croyant que le roi d’Espagne avait fort à faire en Europe avec la guerre contre la France. Henri Escoubleau, cardinal de Sourdis, détruira certains des navires qui doivent se joindre à celle du Tage.
15 Boxer C., op. cit., p. 118-119.
16 Les navires revenant à Cadix et Lisbonne sont chargés de malades et d’affamés.
17 Boxer C., op. cit., p. 110-116.
18 Ibid., p. 132.
19 Ratelband K., « De expeditie van Jol naar Angola en Sao Tomé 30 Mei 1641 - 31 October 1641 », Linschoten Vereniging uit de West-Indische Gids XXIV,’s-Gravenhage, M. Nijhoff, 1943, 24 p. ; Van Overeem J.B., « De Reizen naar de West van Cornelis Cornelisz Jol alias kapitein Houtebeen 1626-1640 », Linschoten Vereniging uit de West-Indische Gids XXIV,’s-Gravenhage, M. Nijhoff, 1942, 37 p. ; Den Heijer H., « Piet Heyn en Cornelis Jol : twee zeehelden vergeleken », inAkveld L. M. (dir.), In het Kielzog : maritime-historische studies aangeboden aan Jaap R Bruijn bij zijn vertrek als hoogleraar zeegeschiedenis aan de Universiteit Leiden, Amsterdam, De Bataafse Leeuw, 2003, p. 371-382.
20 Den Heijer H., Het Geschiedenis van de WIC, op. cit., p. 43-44, 102. Un projet de fusion de la WIC avec la VOC est même évoqué.
21 Barazzutti R., « La marine vénitienne face à la menace turque », Chronique d’histoire maritime, 2006, no 60, p. 13-38.
22 Raven G., « De Banckerts. De naamgevers en voorgangers van de standaard en luchtverdedigingsfregatten, deel 4 », Marineblad, 1982, p. 518-526. L’auteur indique que Banckert dispose de 52 navires dont 7 feront naufrage au large des côtes anglaises, accusant une perte de 500 hommes.
23 Il meurt de fièvre tropicale sur le voyage de retour le 12 septembre 1647.
24 Roos D., Zeeuwen en de Westindische Compagnie, Hulst, Van Geyt Production, 1992, p. 57-63.
25 Doedens A., Witte de With 1599-1658 Werelwijde strijd op zee in de Gouden Eeuw, Hilversum, Verloren, 2008.
26 Il est prévu qu’il soit à la tête d’une flotte de 12 vaisseaux, 466 canons et 1 200 marins ainsi que 6 000 soldats.
27 Un vaisseau, un jacht et dix transports sont déjà partis et cinq vaisseaux suivront après le départ de Witte de With.
28 Doedens A., op. cit., p. 82-87. Voir par ailleurs Barazzutti R., « Job Forant : quelques précisions sur un marin méconnu », Chronique d’histoire maritime, 2005, no 57-58, p. 15-24.
29 Janot évoque un possible rapprochement entre Néerlandais et Anglais contre les Portugais : BNF, fonds Clairambault 432, vol. 144, fo 45 (18 janvier 1651).
30 Sur la course coloniale espagnole et néerlandaise, voir Cruz Barney O., « En torno al concepto, marco juridico y vigencia del corso español en Indias », Revista de Historia Naval, no 54, 1996, p. 35-52 ; Bruijn J.R., « Dutch Privateering during the second and Third Anglo-Dutch Wars », Acta Historiae Nederlandicae, no 9, 1977, p. 79-93 ; Francke J., Utiliteyt voor de Gemeene Saake. De Zeeuwse commissievaart en haar achterbaan tijdens de Negenjarige Oorlog (1689-1697), Koninklijk Zeeuwsch Genootschap der Wetenschappen, 2 vol., Middelbourg, 2001 ; Prud’homme Van Reine R., Van Der Oest E. W., Kapers op de Kust. Nederlandse kaapvaart en piraterij 1500-1800, Vlissingen, Uitgeverij ADZ, 1991 ; Verhees Van-meer J. T., De Zeeuwse Kaapvaart tijdens de Spaanse Successieorloog, Middelburg, Koninklijk Zeeuwsch Genootschap der Wetenschappen deel 3, 1986 ; West Lunsford V., Piracy and Privateering in the Golden Age Netherlands, New York, Palgrave Macmillan, 2005 ; Korteweg J., Kaperbloed en koopmansgeest. “Legale zeeroof” door de eeuwen heen, Amsterdam, Uitgeverij Balans, 2006.
31 Laprise R., « Capitaine flibustier dans la colonie française de Saint-Domingue : le cas de Jan Willems, alias Yankey (1681-1687) », Canadian Journal of Netherland Studies, 2007, XXVIII, p. 203-228. Voir son site Internet Le Diable Volant. Sur ces personnages, voir aussi Moreau J.-P., Pirates, Tallandier, Paris, 2006 ; Kingstone B., « Jan Erasmus Reyning, Privateer and Hero », Canadian Journal of Netherland Studies, 2007, XXVIII, p. 229-242.
32 Van Dissel A., Groen P., In de West: De Nederlandse Krijgsmacht in de caribische gebied, Franeker, Uitgeverij wan Wijnen, 2010.
33 Octroy, by de Hoogh Mogende Heeren Staten Generael, verleent aen de West Indische Compaignie in date den derden juin 1621,’s-Gravenhage, 1674, les articles 42 et 43.
34 Les enjeux financiers de la course sont plus conséquents pour la WIC que pour la VOC. Voir nos notices sur les compagnies de commerce néerlandaises dans Hrodej P., Buti G. (dir.), Dictionnaire des corsaires et pirates, op. cit.
35 Jacob van Straten attaque Montserrat en 1693 avec une commission délivrée par W. Keckrinck gouverneur de Curaçao.
36 Entre 1688 et 1713, la WIC obtiendra une commission en course pour une trentaine de ces navires, mais ceux-ci ne servent alors qu’à couvrir des opérations commerciales.
37 Lors de la guerre anglo-hollandaise de 1652-1654, cette structure participera à l’effort contre l’Angleterre. Voir Roos D, Zeeuwen…, op. cit., p. 71-77 et Binder F., « Die Zeelandische kaperfahrt 1654-1662 », Archief. Mededelingen van Het Koninklijk Zeeuws Genootschap der Wetenschappen, Koninklijk Zeeuwsch Genootschap der Wetenschappen, Middelburg, 1976, p. 40-92.
38 BNF, fonds Clairambault 425, vol. 137, fos 146-149, Janot évoque dans sa lettre du 26 janvier 1650, un navire de Nantes pris par WIC. Dans BNF, fonds Clairambault 424, vol. 136, fo 414, le consul au Portugal annonce le départ le 18 décembre 1649 de 13 navires pour le Brésil avec 6 000 hommes dont 2 ingénieurs français (Guittau et Pelefigue) et un mineur (Du Mont). Le 21, six autres bateaux sous Salvador Correa da Sa partent pour Rio de Janeiro en passant par l’Angola, dont un est commandé par Régimont de Dieppe et chargé de blé pris en Bretagne pour 300 tonneaux sans passeports. Ce Régimont de Dieppe, ou Rézimont, participera à l’escadre de La Roche de Saint-André de 1656 à destination du Brésil et des Indes orientales. La participation française aux côtés du Portugal se retrouve aussi dans le mémoire des frères Massiac de 1660 : Roussier P., « Deux mémoires inédits des frères Massiac sur Buenos Ayres en 1660 », Journal de la société des Américanistes, t. 25, no 2, 1933, p. 219-249.
39 Lenk W., State and Warfare in Portuguese Brazil during the Dutch war 1624-1654, paper presented at XIV International Economic History Congress, Helsinki, 2006, 23 p. Consultable à l’adresse suivante : http://www.helsinki.fi/iehc2006/papers2/Lenk.pdf.
40 Il participe à la défense de l’île en 1677 et 1678.
41 Voir les ouvrages de Goslinga C. C., The Dutch in the Caribbean and on the Wild Coast 1580-1680, Gainesville, University of Florida Press, 1971 et de Postma J. M., The Dutch Atlantic Slave Trade 1600-1815, Cambridge, Cambridge University Press, 1990.
42 Ollard R., Man of War Sir Robert Holmes and the Restoration Navy, London, Phoenix Press, 1969, 2001, p. 59-132.
43 Sur ce personnage, voir Prud’homme Van Reine R., De Rechterhand van de Staat. Biografie van Michiel Adriaenszoon de Ruyter, Amsterdam, Uitgeverij Arbeidpers, 4e éd., 2002 ainsi que Bruijn J. R., Prud’homme Van Reine R., Van Hövell Tot Westerflier R. (dir.), De Ruyter Dutch Admiral, Rotterdam, Karwansaray Publishers, 2011 (notamment l’article de Den Heijer H., p. 162-181). Ses forces se composent de 12-13 navires, 516 canons et de 2 277 à 2 318 hommes selon les sources.
44 Croisant l’amiral anglais Lawson, il lui dira qu’il poursuit les Barbaresques dans l’océan Atlantique. À remarquer que 6 des 11 capitaines de son escadre seront officiers généraux par la suite.
45 Pour une brève analyse de cette expédition, voir Buchet C., Lutte pour l’espace caraïbe et la façade Atlantique de l’Amérique centrale et du Sud (1672-1763), Paris, Librairie de l’Inde Éditeur, 1991, p. 1134-1136. Par ailleurs De Ruyter effectuera une deuxième campagne dans les Antilles en 1674 visant à détruire les colonies françaises : ibid., p. 93-102.
46 Ibid., p. 1142-1151.
47 Ibid., p. 1140-1141.
48 Ibid., p. 1143-1145. Sur cette bataille, l’auteur indique que les franco-hollandais disposaient de 19 navires : 5 de la flotte de Crijnssen, 4 navires de la compagnie des Indes occidentales françaises et 10 autres de l’escadre de Lefebvre de la Barre. John Berry commande la flotte anglaise sur le navire Coronation de 56 canons et 16 autres navires.
49 L’escadre est dirigée par Harmann qui s’était déjà emparé de Cayenne en septembre 1667.
50 Shomette D. G., Haslacht R. D., Raid on America. The Dutch Naval Campaign of 1672-1674, Columbia, University of South Carolina Press, 1988; Roos D., Twee eeuwen varen en vechten 1550-1750. Het admiralengeslacht Evertsen, Vlissingen, Doeke Roos, ADZ, 2003. En français on trouve une synthèse chez Buchet C., op. cit., p. 90-93. Il faut cependant corriger un point : ainsi les armements n’ont pas été financés sur fonds privés mais sur ceux des amirautés. Il semble que l’auteur n’ait pas eu connaissance de l’ouvrage de D. G. Shomette et R. D. Haslacht.
51 Elle retombe en mai aux mains des Anglais qui profiteront de ce que la nouvelle ne soit pas connue aux Pays-Bas pour s’emparer par surprise d’un navire de la VOC.
52 Buchet C., op. cit., p. 102-129 et l’analyse des expéditions de 1664-1676, p. 130-161.
53 Voir à ce sujet la notice dans le livre de Villette-Mursay Ph. de, Mes campagnes de mer sous Louis XIV, présentation et introduction par M. Vergé-Franceschi, Paris, Tallandier, 1991.
54 Le reste fut récupéré par les Néerlandais et sujet de tractations. Archives nationales, Affaires étrangères, correspondance consulaire, AE BI 619-621, La Haye (1663-1688).
55 Paesie R., Lorrendrayen op Africa. De illegale goederen en slavenhandel op West-Afrika tijdens het achttiende-eeuwse handelsmonopolie van het West-Indische Compagnie, 1700-1734, Amsterdam, De Bataafsche Leeuw, 2008.
56 Buchet C., op. cit., p. 163-164.
57 Ibid., p. 165-171.
58 Ibid., p. 173-176.
59 Nevill se lance à la poursuite de l’escadre française qui a pillé Carthagène : Nerzic J.-Y., Buchet C., Marins et Flibustiers du Roi-Soleil 1697, Carthagène 1697, Aspet, Pyrégraph, 2002. Sur les différents officiers généraux cités, voir aussi Barazzutti R., « Étude comparative des officiers généraux aux Provinces-Unies, en France et en Angleterre à l’époque de Louis XIV (1643-1715) », Revue d’histoire maritime, PUPS, no 12, 2010, p. 119-152.
60 Le 23 juillet 1665, Henry Morgan s’empare de cette île profitant du départ de De Ruyter. Elle est reprise par les Français en juin 1666 (Roos D., Zeeuwen…, op. cit., p. 104-105). En mars 1689, elle est prise par le comte de Blénac (Buchet C., op. cit., p. 162).
61 Moreau J.-P., op. cit., p. 155.
62 Hrodej P., Jacques Cassard, armateur et corsaire du Roi-Soleil, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2002.
63 En 1708, Jérôme Pontchartrain donne deux frégates à Jacques Cochard et Jacques Gratton pour attaquer les établissements anglo-hollandais en Afrique.
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