Défense statique et défense dynamique, le cas de Saint-Domingue dans la seconde moitié du XVIIe siècle
Static and dynamic defense, the case of Santo Domingo in the second half of the 17th century
p. 41-53
Résumés
La colonie de la Tortue et la côte de Saint-Domingue se sont formées sans l’intervention royale. Colons et boucaniers sont très attachés au « droit de la hache », mais, malgré la tentation hollandaise et parfois anglaise, les Dominguois se disent fidèles au roi de France, en dépit des faibles moyens dont dispose la colonie pour assurer sa défense : quelques soldats ramassés (pressgang), des ouvriers qui arrivent au compte-gouttes. L’argent nécessaire aux fortifications est âprement discuté par le secrétaire d’État. La solution pour les premiers gouverneurs réside dans l’emploi de la flibuste. Les flibustiers sont souvent incontrôlables mais ils sont extrêmement mobiles. Ils détournent l’attention, alimentent la rumeur et sont insérés dans le milieu économique antillais. Aucune colonie n’est capable d’assurer la défense intégrale de son territoire. Des choix sont à faire en permanence.
The Tortuga and coast of Hispaniola settlement developed without any royal interference. The settlers and buccaneers value “le droit de la hache” but, even if they may be tempted from time to time trade with the Dutch or the English, the inhabitants of coast of Hispaniola declare that they are faithful to the King of France, in spite of the fact that they have inadequate means in hand to protect their plantations: they only have a few soldiers with pressgang and a few workmen at their disposal. They also have trouble in getting enough money from the Secretary of State to build fortifications. In order to solve the problem, the first governors decide to make use of the buccaneers’services. It is difficult to maintain strict control over them but they are extremely mobile and they easily divert the enemy’s attention. They spread rumor and they are fully integrated into the West Indies economic system. No plantation is able to protect its whole territory, choices have to be constantly made.
Texte intégral
LES FORTIFICATIONS DOMINGUOISES À LA FIN DU XVIIe SIÈCLE
1Le dernier quart du XVIe siècle voit l’union se réaliser de toutes les nations rejetées d’Amérique par les Espagnols. Quand les navires ibériques ne sont pas attendus aux atterrages des îles Atlantiques, l’attaque est menée en droiture vers les eaux caraïbes. Cette menace oblige Madrid à concentrer les populations qui n’ont pas quitté les Grandes Antilles pour le continent. Celles-ci se recroquevillent dans des villes désormais mieux fortifiées. Dans le cas de la partie occidentale de la grande île d’Hispañola, mais aussi dans la partie nord-est (île de Samana), de véritables déserts humains font leur apparition. Ce vide sert opportunément les chasseurs de vaches qui voient l’occasion de vendre leurs cuirs sans être trop inquiétés. La nécessité de disposer d’un lieu de regroupement, éloigné de la capitale Santo Domingo, qui soit aisé à défendre, aboutit logiquement à faire le choix de la Tortue. L’île sert également de base aux flibustiers et aux forbans de tous crins et de toutes nations.
2La colonie de la Tortue à laquelle il est impossible de dissocier la côte de Saint-Domingue, est née toute seule, sans aide, sous l’effet d’une volonté qui émane du monde antillais. Pas de capitaux réunis en Europe, de compagnie de commerce, de fonds prévus pour alimenter une quelconque expédition de secours qui apporterait vivres, poudre et canons. Une initiative interne sans l’appui d’un roi. Une liberté, la fameuse liberté de la hache, mais qui se doit de demeurer discrète. L’absence de moyen conjuguée à l’absolu impératif de ne pas en faire trop, voilà qui permet de comprendre la lenteur à bâtir et la modestie du résultat. Le seul point fortifié, et ce depuis les années 1630, reste l’île de la Tortue. Le regretté Michel Camus avait, en 1987, fait paraître un article portant sur cette petite île dans la revue franco-haïtienne Conjonction. L’annexe XI porte sur les fortifications de la Tortue1. Elle évoque les six canons mis en batterie sur une plateforme dominant le port de Basse-Terre, placés là par les Anglais en 1631. Ceux-ci sont emmenés par les Espagnols trois ans plus tard. François Levasseur, qui prend le contrôle de l’île en 1640, est ingénieur et a été directeur des fortifications à Saint-Christophe. À quelques centaines de pas de la mer, sur une « roche en plate-forme », un fort est bâti battant la rade de Basseterre, capable selon le père Dutertre de contenir 400 hommes2. Un piton rocheux de trente pieds est utilisé à la manière d’un donjon pour servir de retraite (et de prison en temps normal). Dutertre fournit des précisions sur la source d’eau douce, le logement destiné au gouverneur et le magasin à poudre ainsi que sur les pièces mises en batterie, de quoi rassurer les flibustiers et les boucaniers, d’autant que le huguenot repousse une tentative espagnole en 1643 avec semble-t-il de lourdes pertes parmi les ennemis. Son successeur, le chevalier Hotman de Fontenay, améliore ce dispositif en 1653 en ajoutant de grands bastions de pierre de taille. Selon Moreau de Saint-Méry, les bastions sont de pierre sèche mais le côté face à la mer est plus solide puisque les moellons sont liés avec de la glaise3. L’espace ainsi protégé forme deux carrés de 20 mètres de côté.
3Les Espagnols lorsqu’ils s’emparent à nouveau de l’île en 1654 trouvent 44 pièces, la plupart de fonte, entre les deux bastions et le donjon auxquelles s’ajoutent 30 autres canons pris sur la plateforme. Ce qui n’est pas emporté est enterré. Tout est à recommencer pour les Français. Le 6 juin 1665, Bertrand d’Ogeron de la Bouère prend possession des lieux, portant commission et lettre de cachet de Sa Majesté au nom de la Compagnie des Indes occidentales. L’inventaire dressé par-devant notaire est éloquent : au bord de la mer, dans le sable, se trouvent trois canons de fer sans leur affût. Au fort appelé la Roche, quatre canons de fer montés sur la plateforme, avec une case « à la façon du pays en la forme du corps de garde ». Tout à côté, « une chambre basse palissadée de vieilles planches » où se trouvent 15 ou 16 livres de poudre et 80 boulets de divers calibres et rien de plus4. Deux canons de fer supplémentaires sans affût sont registrés au quartier de Cayonne. Ogeron propose à plusieurs reprises de
« construire un fort […] qui ne se puisse prendre sans y venir par la tranchée et qui commandât la rade (de Basseterre) de telle sorte que les vaisseaux y fussent en sécurité et les marchandises dans les magasins5 ».
4Plus loin, il fournit des précisions quant à ses ambitions :
« Comme le terrain où sera faite notre fortification est en côtière6, il faut qu’elle soit deux fois plus longue que large. La muraille, qui sera vers la hauteur, sera de plus de cinq pieds d’épaisseur et de sept à huit de hauteur, auprès de laquelle sera une autre muraille de trois pieds de hauteur, en façon de banquette. Au milieu de ladite muraille sera une tour de la même épaisseur que la muraille, de 15 pieds de hauteur, en terrasse par le haut avec quantité de meurtrières et d’embrasures depuis le bas jusqu’au haut. Comme elle commandera à toute la fortification, la garnison sera dedans. Je ne saurais dire la largeur du fossé, ni sa profondeur. Cela dépend de la facilité à percer le roc où sera fait ledit fossé. À quelque distance de là, il y aura un chemin couvert et une très excellente palissade dont les pieux seront tous gros comme la cuisse. Mais, quand la forteresse ne serait capable que d’empêcher toutes sortes d’insultes, cela suffit car, pourvu que nous puissions tenir huit jours, je réponds que nous aurons plus de 1 500 hommes à notre secours un an après que j’aurai commencé à travailler. »
5Tenir une semaine, de quoi relativiser. Ogeron s’engage à se charger, en échange de quelque permission, de l’entretien de la forteresse « lorsqu’elle sera faite » et qui se monte entre 15 et 20 soldats seulement. À la demande du nouveau gouverneur, Louis XIV dépêche un ingénieur, le sieur Blondel sieur des Croisettes, qui gagne la Tortue en avril 16677. Des dessins sont réalisés, et finalement une tour est dressée, qui, aux dires de Exquemelin, ressemble « mieux à un colombier qu’à la tour d’une forteresse8 ». Au vrai, cet ouvrage comprend trois batteries étagées avec deux plateformes contenant également du canon. Les fonds laissés par l’ingénieur de la marine avant qu’il ne s’en retourne aux îles du Vent s’élèvent à 2 200 livres. Le gouverneur, bien isolé, doit réunir le matériel. Surtout, il doit trouver des ouvriers. Dans un mémoire envoyé à Colbert deux ans plus tard, portant sur les dépenses à faire à Saint-Domingue, Ogeron évalue à 2 000 livres le prix de la levée en France, à 600 livres le prix des vivres sur quatre ans sachant que les soldats travailleront pour vivre ou survivre, 4 000 livres pour la solde sur la même durée, 600 livres pour l’armement individuel9. Bref, la tour de la Tortue représente 14 % du total des 52 000 livres demandées uniquement pour les frais liés à la garnison. Dans un autre mémoire, il estime qu’une forteresse coûte, « selon la cherté de toutes choses en ce pays », entre 80 000 et 100 000 livres avec cet inconvénient majeur qu’elle aurait pour effet de faire déserter les habitants à la pensée qu’elle attirerait sur elle toutes les forces espagnoles10.
6Une lecture attentive de la correspondance du père fondateur de la colonie ne laisse pas douter que la petite île n’est qu’un pis-aller. L’Angevin a un projet plus grandiose de colonisation de la Floride. Surtout il comprend qu’avec l’augmentation de la colonie, le glissement vers la Grande-Terre est inévitable. C’est au Cul-de-Sac qu’il entend faire passer le plus possible d’engagés : « Le plus grand nombre de nos Français y étant établi », mais aussi au Port-de-Paix qui fait face à la Tortue et que son prédécesseur Du Rausset a commencé à aménager. Cependant, bien que peu enthousiaste à l’idée de financer une imposante forteresse, il estime que celle-ci pourrait être édifiée à Léogane, l’endroit le plus accessible depuis la mer mais seulement dans le cas où l’on veuille faire une grande dépense. Comme le gouverneur insiste pour privilégier la présence de 300 ou 400 hommes armés pour tenir les chemins et surveiller les côtes, Versailles se garde bien de donner suite à ce projet qui n’intéresse personne.
7Le neveu d’Ogeron, Neupveu de Pouancey, qui lui succède, réside encore à la Tortue. Malgré sa volonté de montrer à quel point la petite île est « nécessaire à la conservation de la côte de Saint-Domingue », un mémoire de 1677 montre bien que l’endroit perd de son importance. Le recensement des hommes portant l’arme n’est que de 120 avec 80 engagés sans arme alors qu’au Port-de-Paix voisin 300 hommes armés et 150 engagés sont comptabilisés11. D’ailleurs, un autre mémoire souligne que la préoccupation première est d’établir de petites fortifications dans tous les lieux sensibles, savoir au nord le Cap avec une « maison forte » pour 1 000 livres et, au centre, le fond du Cul-de-Sac où est dressée une batterie de 12 canons pour 4 000 livres12. Quant au donjon de la Tortue et aux 20 soldats qu’il faudrait destiner à sa garde, il s’agit avant tout de « tenir les libertins dans le devoir, plusieurs demeurant sans punition13 ». Tarin de Cussy, qui prend le gouvernement en 1684, renforce un peu plus ce dispositif. Il ajoute une batterie de 18 canons, un corps de garde et fait creuser des tranchées en bord de mer au Petit-Goave, fournissant l’architecte et les maçons tandis que les habitants y envoient travailler leurs esclaves. Surtout, suite à la concession d’une habitation le 16 décembre 1684, Cussy commence à faire bâtir une maison et une batterie au Port-de-Paix au mois d’avril 168514. Il s’agit de mettre le quartier hors d’état d’être insulté et d’empêcher que l’ennemi ne s’empare des navires au mouillage. Ainsi se produit le déménagement vers la Grande-Terre et la fondation d’une première capitale. Ces ouvrages selon Cussy sont « au-dessus de sa portée » et méritent « quelques secours ». L’affaire est enfin entendue à Versailles et l’intendant des îles a ordre de remettre 6 000 livres en 168715, en même temps qu’un ingénieur, le sieur Marc, qui s’emploie à conduire les travaux lors d’une mission16. Le lieu devient siège d’une sénéchaussée et la maison de bois prend le nom de fort du Port-de-Paix, accueillant la première garnison de 49 hommes en 1687 (dont 5 meurent et 7 désertent).
8C’est finalement sous le gouvernement de Du Casse que l’équilibre est établi entre défense statique et défense dynamique. Pour la première, l’œuvre du Gascon est considérable au vu de la situation trouvée à son arrivée. Les quartiers du nord ont été ravagés en 1691 par les Espagnols, son prédécesseur a été tué dans la savane de Limonade avec 200 ou 300 colons. Deux années après ce drame, le port du Cap, le plus important de la colonie, n’a pas un seul canon d’installé. Du Casse obtient plus d’argent que jamais auparavant avec 6 000 livres destinées aux fortifications chaque année17. Les habitants, particulièrement éprouvés dans les quartiers du nord, cèdent un dixième de leurs esclaves pour creuser les retranchements. L’ingénieur, Marc Payen, qui gagne la colonie au tout début de l’année 1693, peut enfin diriger les ouvrages. Des fours à chaux, à briques, des affûts sont construits en pleine guerre. La maison forte de Cussy devient une forteresse de 70 ou 80 canons, retranchements, redoutes et batteries protègent les abords des ports. Du Casse tente d’aller aussi loin que possible pour extorquer au ministre des fonds supplémentaires. Louis de Pontchartrain sait résister lorsqu’il reçoit un devis de 60 000 livres.
« J’espère, répond-il au gouverneur, que vous trouverez avec le sieur Payen des moyens de le diminuer en proportionnant l’étendue de la place au lieu où vous êtes […] en prenant garde de ne pas tomber dans les défauts ordinaires des ingénieurs qui proposent de grandes places par rapport à leurs idées sans savoir s’il y aura du monde pour les défendre18. »
9Qu’à cela ne tienne, le Gascon ne lit que la dernière phrase, et y répond à sa façon jurant bien que seuls l’amour de la patrie et le bien de l’État l’animent. Ce faisant, il s’attire les conseils de Pontchartrain, toujours désireux d’expliquer comment se passer des choses dont le besoin se fait sentir.
« Sa Majesté a été surprise de ce que vous dites qu’il faudra trois cents hommes pour garder le fort du Cap et deux cents pour garder le Port-de-Paix et vous ajoutiez que ces ouvrages ne serviraient qu’à les mettre en danger d’être insultés avec des moindres forces. Outre qu’il semble à Sa Majesté que pour les forts dans les principaux endroits comme au Cap particulièrement, qui est la tête de la colonie, on doit avoir surtout en vue des retraites en cas d’invasion [les fameuses maisons fortifiées], et après le succès d’une descente des ennemis, il aurait fallu se restreindre à s’embarrasser de terrain que le moins qu’on aurait pu et qu’autant qu’il aurait été nécessaire pour retirer les habitants propres à la défense, et en ce cas, il y aurait autant d’hommes qu’il serait nécessaire et assez dans ces autres temps pour une garnison ordinaire avec les soldats que vous pourrez y fournir.
Une grande place devient en effet une occasion de péril dans les circonstances de votre situation, du nombre des hommes que vous avez de soldats et de milice, et par rapport aux ennemis qui pourraient vous attaquer, vous défendriez mieux une petite place contre des forces maritimes et à l’égard des Espagnols de l’île, pour peu que vous ayez à vous mettre à couvert, ils ne peuvent pas être en état de faire un siège en venant par terre. Sa Majesté qui m’a ordonné de vous proposer ces considérations, veut que vous les examiniez avec toute l’attention possible pour lui rendre compte de votre sentiment et des raisons que vous avez à y opposer, même que vous vous réduisiez à ces principes si vous trouviez qu’on le puisse faire sans hasarder de plus grands inconvénients19. »
10À quoi Du Casse répond que la troupe seule est susceptible de défendre une forteresse exposée à l’envie des ennemis si elle n’est pas bien gardée. Quant aux habitants, ils
« ne regardent pas la conservation d’un fort comme leur souverain bien parce que cela ne peut arriver qu’ils ne soient ruinés par l’incendie de leurs maisons et la perte de leurs esclaves et bestiaux, et que l’ayant déjà essuyé une fois, ce serait toujours à recommencer, et qu’ayant 300 soldats, ils serviront toujours à défendre le pays et contenir les ennemis dans la crainte20 ».
11Au fond, faire des forts ne convainc pas le gouverneur et le problème reste inchangé depuis l’époque d’Ogeron. La ruine du Cap en 1695, depuis la terre et la mer par les Anglo-Espagnols et la prise du château du Port-de-Paix à la suite, ne feront que confirmer les doutes du Gascon quant à l’efficacité de ces défenses. Rien ne sera entrepris avant longtemps pour les restaurer. Le fort du Port-de-Paix ne conserve qu’une batterie basse où se trouvent 9 canons en 1727 avant que n’intervienne une reconstruction dans des proportions plus modestes en 175721. Ces fortins près des villes dont parle Philippe Chassaigne22 sont donc inexistants au moment où se clôt le XVIIe siècle. Seuls ont été entrepris des retranchements avec des batteries tout au long des côtes.
LA NATURE ET LES HOMMES : LES MEILLEURES DES DÉFENSES
12Ogeron le précise et le futur lui donnera à plusieurs reprises raison (1691, 1695, 1748) :
« Il ne faut attendre aucune résistance de nos habitants quand ils seront enfermés dans une forteresse et il y aurait lieu de craindre qu’ils ne nous forçassent à la rendre comme ils forcèrent le chevalier Hotman à rendre celle de la Tortue23. »
13Le gouverneur ajoute qu’il n’y a de plus sûre retraite que les bois où les Français sont accoutumés à vivre, à chasser et à tirer, d’autant que les Espagnols sont alors désavantagés, ne pouvant utiliser leurs lances. Le « colombier » de la Tortue, a-t-il été dit, n’a pour utilité que d’empêcher les insultes durant une grosse semaine, le temps de réunir des secours. De fait, parallèlement aux fortifications, c’est la mise en place de chemins qui fait l’objet de l’insistance des gouverneurs pour porter rapidement des renforts. Il y a 18 lieues du Cap au Port-de-Paix et 70 du Port-de-Paix au Petit-Goave. Lors de l’attaque anglo-espagnole de 1695, le secrétaire de Du Casse quitte le Cap au moment de l’effondrement de la ville et gagne Léogane en passant par le Port-de-Paix. Il arrive à destination le 5 juin, après sept jours de route. Un cavalier averti met deux à trois semaines pour effectuer l’aller et retour entre les quartiers du nord et ceux de l’ouest. « Ces quartiers, écrit Du Casse, n’ont pas plus de rapport l’un à l’autre que Le Havre et Dieppe et de Dieppe à Dunkerque […], et la terre, bois, montagnes et chemins impraticables24. » Déjà Ogeron préconisait la construction d’un chemin entre la Rivière Salée (face à la Tortue) et le Port-à-Piment de 12 à 15 lieues pour avoir des nouvelles en un jour et demi à deux jours plutôt que huit à quinze par mer, admettant en cela que le voyage par voie de terre durait plus longtemps encore.
14Les Espagnols sont des bâtisseurs de villes qu’ils dotent d’universités, de cathédrales. Avec l’aide d’ingénieurs italiens (Antonelli), ils réalisent au prix fort d’impressionnantes fortifications. Rien de tel et pour longtemps côté français, cela a été dit. Ogeron le premier appuie sa stratégie de défense sur la nature du terrain. S’agissant de la Tortue, les courants et les vents contraires, l’absence de mouillage ne laissent que deux havres, Basseterre et Cayonne. Sur la Grande-Terre, d’autres éléments interviennent. Un coup d’œil sur les données hydrologiques de Haïti, montre l’importance du réseau hydrographique. La saison des pluies (ou des orages) commence au mois de mai, époque où l’ennemi, depuis l’Europe, est en mesure de gagner les Antilles, au sortir de l’hiver. Des crues fréquentes et brutales peuvent gêner considérablement l’avance de troupes à travers la forêt. En 1695, pour parcourir les 18 lieues séparant le Cap du Port-de-Paix, le régiment de Lillingston doit franchir des rivières en crue. Les 780 hommes sont partis avec 10 jours de vivres, ils mettront 16 jours à franchir cette distance. En chemin, 400 hommes sont morts de fatigue, 200 mourront encore dans les hôpitaux jamaïquains. Au chemin passant par l’Acul et le Limbé, les Espagnols ont préféré une route parallèle par Plaisance et le Gros-Morne, évitant la plaine boueuse. En plus de devoir se frayer un chemin à travers les mornes, eux aussi sont ralentis par les débordements des rivières auxquels s’ajoute le feu de défenseurs placés dans des retranchements au niveau des gués. L’épuisement est le même d’autant que la dysenterie fait son apparition. Les troupes espagnoles perdent 150 à 200 des leurs25. Cette terrible traversée ne fait que vérifier ce qu’avait pu en écrire Ogeron 26 ans plus tôt.
« L’on ne croit pas que l’Espagnol y ose rien entreprendre et les habitants n’en ont pas la moindre appréhension parce qu’il ne peut venir que par une rivière26 qu’il faut passer une infinité de fois, sujette à de grands débordements, au bout de laquelle il faut marcher plus de deux lieues sur le bord de la mer, lequel chemin est comme une espèce de défilé, outre qu’il est impossible que lesdits Espagnols puissent venir sans être découverts27. »
15La nature, hostile, à une époque où la forêt est encore profonde, joue tout aussi sûrement qu’une fortification, son rôle retardateur en attendant que la maladie ne s’en prenne aux troupes et ne les décime. S’il n’est pas toujours possible de s’appuyer sur le réseau hydrographique ou les reliefs, Nepveu de Pouancey met en avant des maisons fortes, des blockhaus à la hollandaise. Il annonce en 1677 avoir obligé quatre capitaines de milice à fortifier leurs cases,
« c’est-à-dire de les faire fortes et grandes et de les encorner de bons pieux de la hauteur de 12 pieds et de faire couvrir leurs cases d’essentes afin qu’elles ne se puissent brûler et que lesdites cases fussent en état de recevoir les habitants pour y faire une jonction de chaque quartiers28 ».
16Le neveu d’Ogeron met en avant un lieu abandonné par les Espagnols où se trouvent quantité de pierres et de briques de quoi, à condition d’envoyer des ouvriers, édifier une maison forte suffisamment imposante pour accueillir des chevaux. Ces constructions se retrouvent partout aux Antilles. À Montserrat, en 1712, Cassard doit renoncer à poursuivre la population qui s’est réfugiée avec ses nègres dans de tels lieux aménagés dans la montagne et camouflés que les habitants nomment des deodards29. Déjà en 1694, lors de la descente faite par les Dominguois à la Jamaïque, ce genre de maison fortifiée s’oppose à l’avancée des Français. Le père Le Pers souligne l’intérêt de ces constructions, sachant que l’effet de surprise passé, l’envahisseur aux Antilles ne peut se permettre le luxe d’une guerre d’usure sous peine d’être très vite rattrapé par la maladie.
« Une précaution des Anglais au moins des plus riches qui étaient en grand nombre dans ce quartier-là [celui de Spanish Town], avait été de se bâtir des espèces de châteaux ou maisons fortes où ils étaient en état de tenir longtemps contre un ennemi sans canon [d’où le fait que ces maisons ne sont établies qu’à l’intérieur des terres]. Un parti de nos flibustiers y fut pris d’abord ; il rencontra un de ces réduits où il crut entrer sans aucune difficulté. Mais une volée de mousquetade qui partit des meurtrières et en jeta bas plusieurs les avertit de ne pas aller si vite. Mais leur perte n’ayant fait que les animer au lieu de les rendre plus retenus, ils s’opiniâtrèrent inutilement à vouloir entrer dans cette maison [la maison Hubbard] et il leur en coûta près de 40 hommes du nombre desquels fut le capitaine François Le Sage30. »
17À Saint-Domingue, à l’exception des quartiers du nord où les Espagnols peuvent intervenir à travers la savane, les mornes protègent les colons : quelques tranchées suffisent à contrôler les défilés. La menace est donc essentiellement maritime. La mer est la seule façon de communiquer entre les quartiers. C’est aussi la seule possibilité pour l’ennemi d’amener du canon. Cependant, Saint-Domingue la moribonde, celle d’avant les sucreries, n’eut longtemps pas grand-chose à redouter non plus de ce côté.
« Il est vrai, comme l’affirme Ogeron, que si une flotte nous tombait sur les bras, nous ne serions pas en état de combattre. Mais que pourrait-elle faire si ce n’est de brûler de méchantes cases que nous rétablirions en trois jours et nous chasser dans les bois où nous vivrions malgré nos ennemis. Cependant, nous leur dresserions des embuscades et nous leur tuerions des gens qu’ils conservent avec grand soin. Au bout du compte, qu’auraient-ils gagné puisqu’ils ne pourraient pas toujours demeurer dans une rade et qu’il faudrait enfin qu’ils s’en retirassent31. »
18Les établissements qui se multiplient sur la Grande-Terre, la nature même des plantations, les indigoteries et quelques timides sucreries modifient la donne et expliquent les retranchements destinés à empêcher les descentes. En 1695, le fort du Port-de-Paix est évacué lors d’une héroïque sortie. Certes, une centaine d’habitants s’était réfugiée avec ses esclaves dans la forêt et manquait à la défense. Ceux restés derrière les murs, regrettaient amèrement de n’avoir pas suivi cet exemple. Mais c’est bien l’absence de retranchements du côté de la mer qui permet aux troupes du commandant Wilmot de débarquer et d’établir des batteries sur les hauteurs. Pour surveiller les lieux possibles de débarquement, les Dominguois doivent par conséquent fournir des vigies placées le long des côtes (des groupes de trois ou quatre hommes). Une fois l’alerte donnée, les hommes disponibles gagnent les retranchements ou les batteries et font en sorte de retarder l’ennemi, le temps que les milices des quartiers voisins (c’est-à-dire de la même partie, nord, ouest ou sud) soient réunies en nombre suffisant et se portent au secours de leurs camarades. L’élément majeur de la défense par rapport à une attaque navale reste donc le nombre d’hommes portant l’arme et leur bonne volonté à obéir aux ordres.
19C’est la grande victoire d’Ogeron. Selon le gouverneur, la colonie consistait en 400 hommes portant l’arme en 1665, quatre ans après, il y en avait 1 500, 2 100 sans compter 1 000 à 1 200 flibustiers en 1677, 4 000 en 1681. Ce nombre, sans doute exagéré, se maintient à peu près à 3 000 en 1700. Lorsque l’attaque est de faible ampleur ou lorsque l’ennemi est affaibli, ce système de défense très simple est payant à condition d’avoir de bonnes armes de maître, celles des boucaniers. Cela se vérifie en 1687, où 70 forbans espagnols viennent piller le Petit-Goave. Les quelques miliciens et flibustiers présents, rejoints par ceux du quartier de l’Acul, obligent l’ennemi à se replier dans la maison de garde en attendant l’arrivée des renforts de Léogane. Dix-sept Espagnols sont tués, 42 pendus et les chefs de l’entreprise venue de Cuba sont rompus vifs32. Le Cul-de-Sac et l’Ester sont attaqués par des forces plus puissantes le 16 mai 1691. Les Anglais comptent sur l’affaiblissement de la colonie après l’attaque espagnole des quartiers du nord. Le bombardement qui dure trois jours laisse le temps aux Français d’organiser leurs retranchements. Les Anglais s’emploient alors à sonder le Petit-Goave puis débarquent à Nippes. Aux cris de « Embarque ! », « Au secours ! » ou « À cheval ! », selon la déclaration du major Deslandes, 200 hommes se portent à la rescousse obligeant au rembarquement de l’ennemi avec quelques pertes33. Le 8 juillet 1697, à la suite de l’expédition de Pointis sur Carthagène et de la prise d’une partie de la flotte flibustière, George Mees fait débarquer 900 hommes à la pointe du jour sur le Petit-Goave. Aucune alarme n’est donnée, c’est dire si le réveil est brutal. Du Casse se sauve par la fenêtre, en chemise, mais rallie 180 hommes tandis que les marins anglais incendient le bourg. L’alcool joue ici l’effet retardateur espéré, permettant au gouverneur et au lieutenant de roi Beauregard de mener la contre-attaque34.
20Plus que les fortifications, Du Casse, prolongeant la politique de ses prédécesseurs, tente de renforcer sa colonie en hommes acclimatés. Il préconise l’affranchissement systématique des combattants noirs et leur intégration dans les milices. Il parvient surtout à renforcer considérablement les troupes réglées. En imposant sur place un autofinancement (chose très rare aux colonies) à l’aide d’une taxe sur l’indigo, il réunit les fonds nécessaires à la venue de six nouvelles compagnies franches de la marine qui se joignent aux deux que Tarin de Cussy avait péniblement réussi à obtenir35. Les colons vont ainsi pouvoir se consacrer à faire de Saint-Domingue la Perle des Antilles avec une façon plus normée de mener la guerre. Les fortifications s’adaptent à la forte croissance et parfois à l’explosion des villes, le nombre de canons (voir le tableau en annexe pour 1784) est un indicateur qui va dans ce sens.
LA FLIBUSTE COMME DÉFENSE PÉRIPHÉRIQUE
21Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, la nature même de l’économie de plantation dominguoise (pétun voire indigoteries pour les plus nantis) montre bien que les habitants ne sont pas si inquiets d’éventuelles descentes ennemies. Le risque, hors la vie, est de perdre quelques esclaves ou quelques bestiaux. La violence de ce côté des lignes des amitiés est certes plus forte mais des cartels d’échange sont mis en place et cette violence récurrente arrange nombre de colons qui ont ainsi un excellent motif, guerre ou pas, d’exercer des représailles : l’objectif n’étant pas d’assouvir une vengeance mais bien de se refaire après d’éventuelles pertes voire de réaliser du bénéfice grâce au butin. La loi du talion nécessite de disposer de moyens maritimes d’où l’utilité de la flibuste où bien des boucaniers ont trouvé refuge. Versailles n’adopte pas la politique britannique des garde-côtes en station la majeure partie du temps. Il a été montré que les frégates sont expédiées au compte-gouttes dès lors qu’il s’agit de mission de surveillance. Ceci a pour résultat de laisser les marchands au mouillage ou en mer sans protection face aux flibustiers ennemis ou aux forbans36. La seule possibilité pour les agents de l’État, en plus de la réquisition de frégates privées suffisamment bien armées, souvent venues pour pratiquer l’interlope, est de recourir aux flibustiers. Beaucoup a été écrit et il n’est pas besoin de développer plus avant sauf à souligner l’aspect dynamique de ce qui est également un moyen de défense. Représailles ou butin, le jeu antillais veut qu’une fois le danger passé, une descente soit préparée. Dans tous les cas, les flibustiers sont autant d’agents de renseignement. Les prisonniers parlent, la correspondance est saisie, des confidences sont recueillies. Les frères de la côte se font aussi les propagandistes de la désinformation, ce qui peut aboutir à retarder ou annuler des opérations après que l’ennemi a cru comprendre qu’une escadre française était annoncée. Les liquidations à Saint-Thomas, illégales au vu d’un dixième dont on ne sait à qui il faut le verser exactement, n’autorisent pas seulement l’achat de Noirs. C’est le lieu de toutes les indiscrétions et toutes les rumeurs. Ogeron voit clairement dans la flibuste, en plus du moyen de s’enrichir personnellement comme armateur, la possibilité d’y placer de jeunes gens impropres à faire des habitations et qui finissent par s’acclimater. Du Casse, après une période de gloire puis une période de grande détresse et de dispersion, réussit à domestiquer cet outil volatile. Sans quasiment de moyens depuis la métropole, il porte la terreur à la Jamaïque en 1694 pour le plus grand bonheur des habitants. Les flibustiers montrent encore leur utilité devant Carthagène trois ans plus tard. Au quotidien, la présence de navires fortement armés en hommes à la puissance de feu précise est un élément dissuasif. Mais encore faut-il savoir utiliser ces hommes. Si un soldat doit normalement demeurer dans son retranchement en attendant les ordres, un flibustier n’entend rien à la stratégie défensive. Il marche à la gloire et surtout au butin ou à la récompense d’où un emploi délicat dès lors que la colonie est menacée par une attaque d’envergure. Du Casse a toutes les peines du monde à retenir ces gens alors qu’il attend de pied ferme le débarquement ennemi dans les quartiers de l’ouest en 1695. En revanche, l’orage évanoui, les frères de la côte mènent une série de raids retentissants montrant aux Anglais à quel point ils existent.
22La chance, la saison, la maladie, le renseignement, l’effet de surprise, la longueur des opérations, la personnalité de ceux qui conduisent à la guerre, les bonnes dispositions ou non des combattants, les moyens mis en œuvre, le conflit colonial a ses règles propres qui n’ont qu’un lointain rapport avec l’art de la guerre en Europe. Le mérite des pionniers de Saint-Domingue reste d’avoir résisté aux crises avec des fortifications dérisoires, ce qui ne doit pas occulter une autre réalité : des Anglais ou des Espagnols, supprimer cette colonie pouvait porter en germe bien des inconvénients dont le renforcement de l’autre n’était pas le moindre. Plus que ses bastions, Saint-Domingue la moribonde, n’a-t-elle pas survécu parce qu’aucun des deux belligérants ne voulait que l’autre ne s’en empare ?
Annexe
ANNEXE
Évolution des fortifications sous les quatre premiers gouvernements de Saint-Domingue

* La partie du sud dispose de 153 canons de 8 à 36 livres opérationnels.
Note 3737
Notes de bas de page
1 Camus M., « Histoire de l’île de la Tortue (1492-1803) », Conjonction, revue scientifique franco-haïtienne de l’Institut Français en Haïti, Port-au-Prince, 1987, p. 121. L’auteur qui se réfère aux Calendars of State Papers souligne que la Providence Company fournit poudre et canons, tandis que les colons se chargent des fortifications par une contribution au vingtième sans que ne soit précisée la nature des revenus.
2 Dutertre J.-B., Histoire générale des Antilles habitées par les François, Paris, T. de Jolly, 1667-1671, t. I, p. 175.
3 Moreau de Saint-Méry M. L. E., Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’île de Saint-Domingue, Paris, Publications de la Société française d’histoire d’outre-mer, 3e éd., 2004, vol. 2, p. 700. Pour la plate-forme, l’auteur estime à 200 hommes une possible garnison avec une douzaine de canons.
4 Archives nationales d’outre-mer (désormais ANOM), fonds Colonies (désormais COL) C9A 1, procès-verbal de la prise de possession de la Tortue par M. Ogeron au nom de la Compagnie des Indes occidentales, 6 juin 1665.
5 ANOM, COL C9A 1, mémoire à Colbert, île de la Tortue, 20 septembre 1666.
6 En pente assez raide.
7 ANOM, COL C9A 1, lettre à Colbert, île de la Tortue, 20 avril 1667.
8 Exquemelin A.-O., Histoire des aventuriers flibustiers, Ouellet R. et Villiers P. (éd.), Laval, Presses de l’Université Laval - PUPS, 2005, p. 66. Exquemelin est arrivé à la Tortue en septembre 1666. Il est a priori présent lors des faits et rapporte que les plans de l’ingénieur n’ont pas entièrement été exécutés.
9 ANOM, COL C9A 1, mémoire à Colbert, Paris, 12 janvier 1669.
10 ANOM, COL C9A 1, mémoire à Colbert, 1669.
11 ANOM, COL C9b 1, mémoire pour Bellinzani sur l’état des établissements fait à Saint-Domingue (1677).
12 Bibliothèque nationale de France (désormais BNF), nouvelles acquisitions françaises 9325, lettre de Pouancey à Bellinzani, le Cap (28 février 1678).
13 ANOM, COL C9b 1, mémoire pour Colbert, la Tortue, 4 mai 1677.
14 ANOM, COL F3 164, mémoire pour Seignelay, le Cap, 11-26 mai 1685.
15 ANOM, COL C9A 2, mémoire pour Seignelay, au Port-de-Paix, 26 juin 1689. Cette allocation de 2 000 écus n’est versée qu’une seule fois. Cussy comprend bien qu’il doit employer à l’affaire partie de ses appointements pour entretenir les canonniers, la garnison et favoriser les travaux. Le reste est histoire d’arrangement avec le ministre pour notamment des facilités à utiliser les vaisseaux du roi et pratiquer un commerce à bon compte.
16 BNF, Clairambault 888. État de dépense du feu sieur de Cussy. Cussy a d’abord employé comme ingénieur le sieur Javel durant 15 mois pour 1 250 livres de gages. À la mort de ce dernier en août 1686, le sieur La Plante prend la relève durant trois ans (jusqu’en septembre 1689). Il a aussi utilisé pour les travaux du Port-de-Paix au moins 11 maçons, 2 briquiers, 5 menuisiers, 2 tonneliers, 2 canonniers, 1 serrurier, des engagés et 15 de ses nègres, le tout pour quelque 35 800 livres auxquelles s’ajoutent 6 360 livres de fortifications au Petit-Goave et 16 500 livres pour l’entretien de la compagnie.
17 Il amène sur son vaisseau en 1691 le reliquat de trois années, soit 18 000 livres.
18 ANOM, COL B 14, Versailles, 27 août 1692.
19 ANOM, COL B 14, 29 juillet 1693.
20 ANOM, COL C9A 2, lettre à Louis de Pontchartrain, au Port-de-Paix, 10 novembre 1693.
21 Moreau de Saint-Méry M. L. E., op. cit., p. 687.
22 Chassaigne Ph., Saint-Domingue dans les conflits maritimes de la seconde moitié du XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise, université de Bordeaux 3, 1984.
23 ANOM, COL C9A 1, mémoire qui regarde la Tortue, 1669.
24 ANOM, COL C9A 3, lettre à Louis de Pontchartrain, Léogane, 30 août 1695.
25 Calendar of State Papers 1693-1696. Voir par exemple le journal du commissaire Murry no 1983 ou le récit traduit en anglais du général espagnol no 2021.
26 Cours d’eau appelé les Trois-Rivières qui atteint la mer à l’ouest du Port-de-Paix.
27 ANOM, COL C9A 1, lettre à Colbert, Paris, 12 janvier 1669.
28 ANOM, COL C9b 1, mémoire pour Colbert, la Tortue, 4 mai 1677.
29 Hrodej Ph., Jacques Cassard, armateur et corsaire du Roi-Soleil, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2002, p. 166.
30 BNF, manuscrit français, no 8992.
31 ANOM, COL C9A 1, mémoire qui regarde la Tortue, 1669.
32 ANOM, COL F3 165, mémoire pour Seignelay, le Port-de-Paix, 27 août 1687.
33 ANOM, COL C9A 2, relation de Deslandes, Léogane, 5 juillet 1691.
34 Archives nationales, fonds Marine B/4/18, relations de Du Casse et de Beauregard, 9 août 1697.
35 Hrodej Ph., L’amiral Du Casse, l’élévation d’un Gascon sous Louis XIV, Paris, Librairie de l’Inde, 1999, 2 vol., p. 192 sqq.
36 Hrodej Ph., « L’établissement laborieux du pouvoir royal à Saint-Domingue au temps des premiers gouverneurs », in Le Bouëdec G., Chappé F. (dir.), Pouvoirs et littoraux du XVe au XXe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2000, p. 157-173.
37 Service Historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes, MR 1 107, État général des forts et batteries, bouches à feu sur la côte de l’île de Saint-Domingue, 1er avril 1784.
Auteur
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