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La prévention des risques psychosociaux

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Tony Machado

Quatrième partie. Prévenir le RPSO

Chapitre XI. Le pré-diagnostic

Texte intégral

1Le pré-diagnostic est la première étape d’un diagnostic du RPSO. Cette étape consiste à récupérer des données pertinentes au regard du RPSO, par ailleurs facilement accessibles en entreprise, ce sont les indicateurs de dépistage. Le pré-diagnostic a également pour objectif de convaincre les acteurs de l’entreprise à s’engager dans la démarche (Langevin et al., 2011). Se situant en amont du diagnostic, les informations issues du pré-diagnostic influenceront la démarche mise en place lors du diagnostic approfondi.

L’analyse des indicateurs

2Le pré-diagnostic s’intéresse aux données quantifiées existantes dans l’entreprise et pertinentes au regard du RPSO. La possession de ces données est indispensable afin d’apprécier l’ampleur de la problématique, l’exposition particulière d’un groupe d’individu, d’un service ou d’un site. Pourtant, comme le remarque Catherine Brun (2005), il existe un déficit d’indicateurs permettant de suivre les salariés au niveau de la santé au sein des entreprises. Deux principaux types d’indicateurs vont être observés, les indicateurs de fonctionnement et les indicateurs de santé.

Les indicateurs de fonctionnement

3Plusieurs documents peuvent être utilisés lors de cette étape : bilan social, document unique, procès-verbaux de CHSCT, procès-verbaux de DP, compte rendu de CE, et autres documents RH pertinents. Des indicateurs organisationnels (INRS et CRAM, 2010) peuvent être identifiés (temps de travail, nombre de jours moyens d’absence ; mouvement de personnel ; postes non pourvus, etc.), des indicateurs de production (quantité, qualité, rebus, etc.) ainsi que des indicateurs économiques (cotisations accidents de travail et maladies professionnelles, etc.).

Les indicateurs de santé et de sécurité

4La santé des collaborateurs peut s’apprécier à travers des indicateurs chiffrés (cotisations accidents de travail et maladies professionnelles, nombre d’accidents du travail, signes de mal-être au travail, nombre de visite au service de santé au travail à la demande du salarié, etc.), ainsi qu’avec des données médicales (rapports annuels du médecin du travail, nombre de visite volontaire auprès de la médecine du travail, etc.).

L’appréciation des indicateurs

La prise en compte d’indicateurs qualitatifs

5Les indicateurs bruts ne sont pas suffisants pour statuer sur la présence de déséquilibres PSO et nécessitent donc d’être interprétés (INRS et CRAM, 2010). Pour ce faire, plusieurs aspects peuvent être pris en compte comme leur variation dans le temps (ex : le suivi de l’absentéisme), la disparité entre services/sites, les comparatifs nationaux ; le cumul d’indicateurs dégradés traduisant une détérioration.

6Notons que Brun C. (2005) propose une troisième catégorie d’indicateurs, ceux relatifs aux plaintes individuelles et collectives exprimées sur le travail. Il s’agit des difficultés exprimées (ex : stress, souffrance, épuisement), des conditions de réalisation du travail (ex : charge, objectifs, autonomie), les relations de travail (ex : tensions, conflits) ou encore les perceptions du travail (ex : sentiment de changement permanents, perte de sens). Toutes ces informations sont intéressantes mais ne sont pas suivies par les entreprises, elles se rapportent même pour la plupart à des perceptions si bien que, selon nous, elles ne peuvent pas être considérées comme des indicateurs. En outre, d’autres informations retranscrites dans des documents internes à l’entreprise nécessitent d’être prises en compte dans le pré-diagnostic. L’ARACT Languedoc Roussillon (2010) propose de s’intéresser aux projets des entreprises, à leur histoire et aux événements marquants qui s’y sont déroulés. Cela permet d’avoir, à la fois un historique au regard du RPSO, mais aussi d’intégrer la projection dans l’avenir, en essayant de repérer les changements potentiels sur les conditions de réalisation du travail.

Le découpage par unités de travail comme critère d’analyse

7Afin de construire le pré-diagnostic, l’ARACT Languedoc Roussillon (2010) propose un découpage en unités homogènes en termes de RPSO potentiels. Ce découpage peut être celui d’unités de travail, notamment celles utilisés dans le DUERP, si ces dernières sont pertinentes au regard du RPSO. L’objectif est alors de s’intéresser aux particularités de ces unités au regard des indicateurs par ailleurs pris en compte, afin de déterminer un périmètre d’actions, mais aussi d’identifier des services/sites nécessitant une attention toute particulière. Cependant, l’application pratique de ce découpage, à ce moment du diagnostic, reste difficile. En effet, les documents internes sur lesquels se base l’analyse des indicateurs ne renseignent pas suffisamment sur les différences entre unités de travail. Elles sont même dans la plupart des cas inexistantes si ce n’est pas le DUERP qui intègre encore rarement l’exposition au RPSO. Les critères de comparaison sont donc plutôt inter-individuels (âge, sexe, ancienneté, CSP) ne permettant pas de cartographie intra-unité de travail ni donc de comparaisons inter-unités de travail. Néanmoins, dès lors qu’une démarche de prévention a été initiée dans l’entreprise et que l’exposition au RPSO a été observée par unité de travail, ces informations sont essentielles et doivent être prises en compte lors du pré-diagnostic.

Les entretiens de précision des indicateurs

8Afin de trouver des explications à l’analyse de certains indicateurs et à leur croisement, le groupe projet est un relais efficace mais pas toujours suffisant. Ainsi, la réalisation de certains entretiens complémentaires peut avoir du sens. En accord avec le groupe projet (ARACT Languedoc Roussillon, 2010), les entretiens peuvent être menés avec des membres de la hiérarchie (direction, encadrement) des professionnels de santé (ex : médecin du travail) ou encore les membres élus des IRP. L’objectif de ces entretiens est de préciser certaines informations issues de l’analyse des indicateurs et d’en recueillir d’autres qui ne seraient pas retranscrites dans les documents internes (ex : plaintes, symptômes émotifs, perception de dégradation du climat social).

Synthèse chapitre xi

Le pré-diagnostic consiste à récupérer des données pertinentes au regard du RPSO, par ailleurs facilement accessibles en entreprise, ce sont les indicateurs de dépistage. Plusieurs documents peuvent être utilisés lors de cette étape : bilan social, document unique, procès-verbaux de CHSCT, procès-verbaux de DP, compte rendu de CE, et autres documents RH pertinents. Deux principaux types d’indicateurs vont être observés, les indicateurs de fonctionnement et les indicateurs de santé/sécurité. Les indicateurs de fonctionnement intègrent des indicateurs organisationnels (temps de travail, nombre de jours moyens d’absence ; mouvement de personnel ; postes non pourvus, etc.), des indicateurs de production (quantité, qualité, rebus, etc.) ainsi que des indicateurs économiques (cotisations accidents de travail et maladies professionnelles, etc.). Les indicateurs de santé/sécurité, prennent en compte des indicateurs chiffrés (nombre d’accidents du travail, signes de mal-être au travail, nombre de visite au service de santé au travail à la demande du salarié, etc.), des données médicales (rapports annuels du médecin du travail, nombre de visite volontaire auprès de la médecine du travail, etc.) ou encore des plaintes individuelles et collectives sur le travail. Les indicateurs bruts ne sont pas suffisants pour statuer sur la présence de déséquilibres PSO et nécessitent donc d’être interprétés (variation dans le temps, disparité entre services/sites, comparatifs nationaux, cumul d’indicateurs dégradés traduisant une détérioration). Afin de trouver des explications à l’analyse de certains indicateurs, des entretiens de précisions peuvent être menés avec certains acteurs.

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