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Les voix d'Apollon

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Philippe Monbrun

Seconde partie. Les savoirs de l’archer : le dieu archer et musicien est le dieu omniscient

Chapitre V. Le « savoir lointain » de l’Archer : une transposition des valeurs de la flèche

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Extrait du texte

La flèche jette un « pont » par-delà l’espace et le temps

Tirée dans le ciel, la flèche permet l’anticipation mentale de la mainmise sur un bien convoité, gibier à la chasse, victoire ou conquête à la guerre, « attachant » ainsi l’archer à sa proie. Immobile en plein vol avec Zénon d’Élée, les chasseurs à l’arc et les images aériennes de G. Bachelard, mais aussi invisible pour l’archer qui la décoche, la flèche relie ce qui est éloigné dans le temps et dans l’espace. Comme accrochée au ciel, suspendue entre « ici » et « plus loin », entre « maintenant » et « plus tard », la flèche prend tout son pouvoir de transcendance : c’est comme si elle ouvrait une brèche dans l’espace et dans le temps, s’affranchissant de leur contrainte, abolissant leur réalité, pour agir efficacement sur ce qui est hors de portée de l’archer et de la condition humaine.

La flèche en vol a un pouvoir d’anticipation

Tirer à l’arc, c’est jeter un pont – que l’on pense à la forme courbée de l’instrument et à la traj...

© Presses universitaires de Rennes, 2007

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