L'observatoire de Toulouse aux xviiie et xixe siècles
|Deuxième partie. La science bureaucratisée (1789-1870)
Chapitre 4. Acteurs, lieux, outils : les contours d'une métamorphose
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Géographique :
FranceTexte intégral
- 1 G. Bigourdan, « Histoire de l'astronomie à Toulouse de l'origine à la fondation de l'observatoire (...)
- 2 AMT, 5S 33, cahier de Cambon, 48 p.
1Les tourments révolutionnaires coïncident à Toulouse avec la disparition de la génération des astronomes qui ont fondé leurs propres observatoires. Antoine Darquier meurt en 1802, son observatoire est abandonné et « ses instruments ont été dispersés1 ». Riquet de Bonrepos décède en 1791. Son établissement disparaît également : l'inventaire des biens de son château dressé en 1792 ne mentionne aucun espace d'observation, ni aucun outil technique2.
2Parallèlement à cet effacement des figures majeures de l'astronomie toulousaine du xviiie siècle, les structures classiques de la société d'Ancien Régime volent en éclats et la vie savante subit, elle aussi, les effets de cette déflagration politique.
- 3 AMT, 2R 3, Décret de la convention nationale, 8 août 1793, article I.
- 4 Ibid., article II.
3On assiste à une recomposition du paysage scientifique local qui épouse les formes d'une métamorphose politique. L'observatoire est peu à peu pris dans les rets d'une nouvelle organisation administrative. L'établissement échappe au décret du 8 août 1793 qui prévoit « la suppression de toutes les Académies & Sociétés littéraires patentes ou dotées par la Nation3 », mais précise dans son deuxième article que « les jardins botaniques & autres, les cabinets, muséum, bibliothèques & autres monuments des sciences & des arts attachés aux académies & sociétés supprimées4 » sont maintenus.
- 5 Clive H. Church, « The Social Basis of the French central Bureaucracy under the Directory, 1795-17 (...)
- 6 Sur la création du département de la Haute-Garonne voir P. Nelidoff, op. cit.,p. 104-112.
4Le pouvoir central révolutionnaire dicte sa volonté et plie les autorités municipales à ses désirs5. Il se démultiplie sur le territoire en dirigeant les structures départementales6.
- 7 Joseph Ben-David, « La croissance scientifique. Point de vue sociologique », in Éléments d'une soc (...)
- 8 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre de l'administration municipale de Toulouse aux administrateurs dépar (...)
5Dans le même temps, la mise en place de nouvelles institutions savantes parisiennes, comme le Bureau des Longitudes, interrompt « une tendance philosophique essentiellement antiscientifique7 ». Les astronomes de la Capitale organisent au sein de ce centre la vie savante provinciale. Ainsi, lorsque l'ancien observatoire de l'Académie toulousaine « est compris dans les biens nationaux à vendre8 », le Bureau des Longitudes s'inquiète de ce projet et mobilise le ministre des Finances qui s'empresse d'écrire aux administrateurs :
- 9 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre du Ministre des Finances aux administrateurs du département de la Ha (...)
Je vous recommande de ne donner aucune suite aux soumissions qui auraient pu être fournies sur l'Observatoire de Toulouse de rejeter celles qui seraient offertes, et, dans le cas ou lors de la réception de la lettre, l'objet se trouverait vendu, ce qui serait fort à regretter, vous voudriez bien m'en informer et veiller provisoirement, à ce que l'acquéreur ne fit ni dégradations, ni innovations9.
- 10 Jean Tulard, « Le Consulat et l'Empire », in Louis Fougère, Jean-Pierre Machelon, François Monnier(...)
- 11 L'historien revient sur ce mythe d'une administration napoléonienne présentée comme le modèle d'un (...)
- 12 Décret impérial du 27 juillet 1808, Mémorial administratif du département de la Haute-Garonne, tom (...)
6Le mythe d'une « centralisation napoléonienne10 » sous l'Empire a été largement commenté par Jean Tulard, qui souligne au contraire la tentation d'indépendance des municipalités11. La ville de Toulouse affirme en 1808 sa volonté de gérer l'observatoire et après son passage dans la cité, l'Empereur signe un décret restituant l'établissement savant à la municipalité12.
7De la Restauration à la chute du Second Empire, une répartition subtile des pouvoirs autour de l'institution astronomique de la cité garonnaise s'opère entre Paris et la commune.
- 13 ADHG, 5T 10, Décret ministériel, 17 février 1814.
- 14 AN, F17 3263, copie de la Loi sur les attributions municipales du 18 juillet 1837, article 12.
8Le décret du 17 février 1814 prévoit que le directeur de l'observatoire est nommé par le ministre de l'Intérieur et que la municipalité assurera l'entretien des bâtiments et le traitement de l'astronome13. La loi sur les attributions communales de 1837 stipule que la désignation du savant à la tête de l'établissement est désormais du seul ressort du Maire de Toulouse14.
- 15 Alfred de Beauchamp, Recueil des lois et règlements sur l'enseignement supérieur comprenant les dé (...)
9Enfin la loi de 1852 confirme le statut municipal de l'observatoire toulousain qui, à la différence de celui de Marseille, reste en dehors de l'influence parisienne15.
10Sur la période qui court de la chute de l'Ancien Régime à l'avènement de la IIIe République, dans ce cadre administratif et politique à la fois inédit et mouvant, il convient d'examiner la mise en place d'un nouveau mode d'organisation de l'activité astronomique à Toulouse.
11La création d'une fonction de directeur, associée à des tâches d'enseignement, impose la figure inédite d'un savant désormais rémunéré par la collectivité publique. Le lieu même où s'effectuent les observations, après avoir été enfermé dans une représentation mythique, connaît à Toulouse une translation spectaculaire. Enfin, la recomposition du capital instrumental permet de mieux saisir les évolutions d'une économie technique aux multiples acteurs.
12La relative autonomie des observatoires par rapport à un régime monarchique intangible laisse la place à une dépendance très forte de l'établissement de la cité garonnaise à un ensemble de structures administratives et politiques, locales ou nationales, désormais inscrites dans des temporalités plus courtes et soumises à de chaotiques changements de régime.
De l'astronome au directeur
- 16 P. B ret, op. cit., p. 17.
- 17 J. Ben-David, « La croissance scientifique. Point de vue sociologique », art. cité, p. 243.
13La constellation d'observateurs travaillant chacun dans leurs maisons disparaît avec Darquier et Riquet de Bonrepos. La Révolution impose à Toulouse la création d'un emploi rémunéré de directeur de l'établissement astronomique, fonction jusqu'ici inédite et qui signale l'affirmation désormais totale de ce que Patrice Bret appelle, pour la recherche appliquée, un « État prométhée16 », dont les projections départementales relaient la volonté de créer une architecture à son service17. Cette professionnalisation de l'activité astronomique à Toulouse est un effet presque mécanique du maintien de l'observatoire dans la cité garonnaise.
- 18 C. C. Gillispie, « Révolution française et science », in M. Blay, R. Halleux (dir.), op. cit., p. (...)
14La traduction, dans le monde savant, du renversement des valeurs passe par « l'acceptation par tous de l'axiome bourgeois selon lequel les carrières, tant dans le secteur public que privé, devraient s'ouvrir au talent et non à la naissance18 », rappelle Charles Gillispie.
15Désormais choisis par les instances locales ou nationales, selon des critères fluctuants, les astronomes de la cité garonnaise doivent s'accommoder, en plus de leur recherche, d'une obligation d'enseignement dont ils étaient épargnés au siècle précédent. La proximité du directeur de l'observatoire avec les autorités politiques et administratives induit un contrôle plus sensible de l'activité astronomique.
Modalités et critères de nomination
16Le passage d'une pratique de l'astronomie réservée aux seules personnes capables de fonder leurs propres observatoires, à une activité scientifique rémunérée et ne reconnaissant que le mérite et les compétences individuelles, est un schéma théorique trop rigide pour rendre compte d'un processus qui s'élabore de la chute de l'Ancien Régime à l'avènement de la IIIe République. La permanence d'établissements particuliers, comme celui de Darquier à Toulouse jusqu'en 1802, ou celui de Jacques Vidal dans sa ville natale de Mirepoix après 1808, signale clairement qu'il ne s'agit nullement d'une rupture brusque, mais davantage d'une lente transition vers un nouveau régime de pratiques.
17Afin de mieux comprendre l'émergence d'une carrière astronomique professionnelle, on peut s'interroger sur la logique administrative et les exigences scientifiques qui président au choix des observateurs placés à la tête de l'établissement toulousain.
18Une analyse liminaire des textes législatifs en vigueur de la Révolution à la chute du Second Empire, précisant les modes de recrutement du directeur et la structure dont il dépend, est indispensable pour saisir le nouvel ordre hiérarchique dans lequel s'insère l'observateur de la cité garonnaise.
- 19 Le premier arrêté signé en 1794 est cité dans l'« Extrait des Registres de l'administration centra (...)
- 20 ABDL, Procès verbaux du Bureau des longitudes, an III-an Y, séance du 19 prairial an v, et Procès (...)
19Pendant la période révolutionnaire et l'Empire, le ministre de l'Intérieur nomme, sur proposition de l'administration centrale de la Haute-Garonne, les premiers directeurs de l'établissement astronomique19. Le Bureau des Longitudes supervise cette procédure et indique ses choix20.
- 21 AN, F17, Ministère de l'Instruction Publique et des Cultes, Rapport du Ministre, 16 décembre 1865.
- 22 A. de Beauchamp, op. cit., T. II : 1848-1874, p. 209. Dispositions organiques concernant l'Instruc (...)
20L'arrêté du 17 février 1814 répartit subtilement les rôles entre les instances ministérielles qui désignent l'astronome à la tête de l'établissement de la cité garonnaise et la ville qui le rémunère. Ce principe de fonctionnement et ce partage des tâches perdurent « jusqu'à la loi sur les attributions municipales du 18 juillet 1837 qui attribua la nomination du Directeur au Maire de Toulouse21 ». Le décret du 9 mars 1852 exclut l'établissement de la cité garonnaise des compétences de l'autorité centrale22.
21Cette architecture législative, dense et complexe, semble indiquer un désengagement politique sensible, un net retrait des instances parisiennes en ce qui concerne le choix du directeur de l'observatoire de Toulouse. Il convient d'examiner les dispositifs mis en place, de 1789 à la chute du Second Empire, pour sélectionner les astronomes à la tête de l'établissement de la cité garonnaise.
22La période révolutionnaire et l'Empire voient l'avènement d'une nouvelle génération d'observateurs, héritiers des astronomes du siècle précédent.
- 23 ADHG, 1L 1021-4, Extrait des Registres de l'administration centrale du département de la Haute-Gar (...)
- 24 ADHG, 1L 1021-15, Copie de la lettre de Jacques Vidal aux membres du Jury d'Instruction de l'École (...)
- 25 ABDL, Procès-verbaux du Bureau des Longitudes, an III-an V, séance du 19 prairial an V, Lettre d'A (...)
- 26 ADHG, 1L 1021-2, Rapport du Jury d'Instruction de l'École Centrale du département de la Haute-Garo (...)
23L'administration centrale du département de la Haute-Garonne charge Vidal dès le 11 janvier 1794 « de diriger l'observatoire de feu Garipuy ». Il démissionne deux ans plus tard23 et conseille au Jury d'Instruction du département de solliciter « le Citoyen hadancourt aîné qui depuis longtemps fait avec succès sa principale occupation de l'astronomie24 ». Interrogé, Antoine Darquier confirme au Bureau des Longitudes « le mérite de M. Hadancourt qui demande l'observatoire de Toulouse25 ». Le jury qui retient finalement cette candidature souligne que l'ancien élève et assistant a « acquis les principes et la pratique [de l'observation] avec le Cn Darquier dont les connoissances à cet égard sont reconnues par les Savans de l'Europe26 ».
- 27 M. D. Tournon, « Notice sur Jérôme Hadancourt », art. cité, p. 359.
- 28 AN, F17, 1947, Lettre de Jean-Baptiste Delambre au Grand Maître de l'Université Impériale, s.d. [1 (...)
- 29 ADHG, 5T 10, Lettre du Grand Maître de l'Université Impériale de Toulouse au Préfet de la Haute-Ga (...)
- 30 AN, F17, 1947, Lettre de Jean-Baptiste Delambre au Grand Maître de l'Université Impériale, s.d. [1 (...)
24Jérôme Hadancourt décède le 22 avril 180027 et l'administration municipale puise à nouveau parmi les anciens élèves et assistants des fondateurs d'observatoires du xviiie siècle en désignant Vidal. Ce dernier démissionne pour la seconde fois en 1809 et l'autorité départementale ne peut plus faire appel aux anciens élèves et assistants des observateurs célèbres du siècle des Lumières, qui ont disparu ou se sont éloignés de l'astronomie. Elle tente donc de trouver une solution satisfaisante en désignant le chevalier Pierre d'Aubuisson. L'avis du Bureau des Longitudes est ici déterminant. Delambre, un des membres les plus influents de l'institution parisienne, souligne qu'il est « en correspondance28 » avec d'Aubuisson depuis plusieurs années. Les « observations et les calculs » régulièrement envoyés par le candidat, témoignent des capacités de cet enseignant au Lycée de Marseille, natif de Toulouse29. Toutefois, Delambre, note prudemment qu'il ne « connai[t] M. D'Aubuisson que par sa correspondance30 »
25Lorsque le ministre de l'Intérieur et les autorités municipales président conjointement à la destinée de l'observatoire sous la Restauration, la sélection repose principalement sur les compétences en physique et en mathématiques, l'expérience pédagogique, et les options politiques des candidats.
- 31 Philippe-Émile Brassine, « Notice sur M. Vauthier », Histoire et Mémoires de l'Académie Nationale (...)
- 32 AMT, 2D 183, Registre des correspondances du Maire de Toulouse, Lettre du Maire de Toulouse à Jean (...)
- 33 P.-É. Brassine, « Notice sur M. Vauthier », art. cité, p. 268.
- 34 Marcel Guy, Du Collège Delbene au Lycée Laperouse. Trois siècles d'histoire d'un établissement sec (...)
- 35 Ulysse Lala, « L'enseignement supérieur à Toulouse pendant un demi-siècle (1832-1882) », Revue des (...)
26En 1832, Jean-Charles Vauthier est désigné par le conseil municipal pour prendre la tête de l'observatoire de Toulouse. Son biographe Brassine rappelle que ce sont « ses talents connus comme Professeur31 » qui déterminent l'autorité municipale à lui confier la direction de l'établissement astronomique32. Jean Vauthier enseigne les mathématiques au Collège de Toulouse33, après avoir professé à Albi34. Son prédécesseur, Boisgiraud, qui démissionne avant même d'avoir exercé ses fonctions, est lui aussi recruté en raison de son parcours professoral. Cet ancien élève de l'École Polytechnique occupe de 1827 à 1832 la chaire de « physique à la Faculté des sciences de Toulouse35 ».
- 36 « Éloge de Jean-Pierre Marqué », Histoire et Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et (...)
27La nomination de Jean-Pierre Marqué, connu sous le nom de Marqué-Victor, révèle une implication politique très forte dans le choix du directeur de l'observatoire. Ce prêtre ordonné en 1791 subit la répression révolutionnaire avant de revenir à Toulouse où il avait fait ses études. Il se lie peu à peu « avec les personnes de cette ville qui cultivaient les sciences, soit par état, soit par goût ». Les relations amicales qu'il entretient lui permettent de professer au Collège Royal et à la faculté nouvellement créée, où il dispense « les cours de physique expérimentale36 ».
- 37 AN, F17 1947, Extrait du Registre des délibérations de la Commission de l'Instruction Publique, 10 (...)
28Ses qualités d'enseignant ne le distinguent pas particulièrement. En 1811, le titulaire de la chaire de physique, Roger Martin, décède, et Marqué-Victor écarté pour lui succéder, ne conserve que la suppléance37.
- 38 ADHG, 5T 10, Lettre du Préfet de la Haute-Garonne au Ministre de l'Intérieur, 7 septembre 1822.
- 39 Joseph Léon est titulaire de la chaire de « Mathématiques Spéciales au Collège Royal de Toulouse » (...)
- 40 Jean-Louis Assiot, professeur de physique au Collège Royal de Toulouse, a enseigné « les mathémati (...)
- 41 ADHG, 5T 10, Lettre du Préfet de la Haute-Garonne au Ministre de l'Intérieur, 7 septembre 1822.
- 42 Georges Fournier, « Entre nostalgies et aspirations nouvelles (1800-1851) », in M. Taillefer (dir. (...)
- 43 Olivier Devaux, L'enseignement à Toulouse sous la Restauration, Toulouse : Presses de l'Université (...)
29Lors de sa nomination à la tête de l'observatoire de Toulouse en 1822, le Préfet explique que si Marqué-Victor est retenu, c'est en « raison de ses bons principes politiques38 ». Deux autres candidats, Joseph Léon39 et Jean-Louis Assiot40, ont certes « l'un et l'autre des titres pour obtenir l'emploi vacant41 ». Cependant, dans un contexte toulousain royaliste42, le choix de Marqué-Victor, connu pour ses opinions libérales43, permet aux instances de la Capitale qui tentent de contrer les assauts réactionnaires de réaffirmer leur autorité.
- 44 G. Fournier, « Entre nostalgies et aspirations nouvelles (1800-1851) », art. cité, p. 213.
- 45 Sur la vie du Comte de Montbel voir : 1787-1831, Souvenirs du Comte de Montbel, Ministre de Charle (...)
- 46 ADHG, 5T 10, Lettre du Maire de Toulouse au Préfet de la Haute-Garonne, 30 avril 1825.
- 47 AMT, 1R 288, Décoration du Lis, 1er août 1814.
30La mort de Marqué-Victor en 1825 coïncide avec une recomposition politique générale qui rapproche la municipalité toulousaine des orientations parisiennes désormais assujetties aux opinions ultraroyalistes. Le maire de Toulouse Joseph Villèle devient président du Conseil des ministres en 1821 et suit « de près les affaires de la ville44 », désormais dirigé par le Comte de Montbel, fidèle au régime conservateur45. L'édile choisit Alphone Desplas, qui a enseigné « la physique et les mathématiques dans les collèges » d'Auch, Tournon et Condom. Le Comte de Montbel reconnaît « sa capacité [et] son application à remplir ses devoirs », et souligne surtout son « inaltérable dévouement à l'auguste dynastie des Bourbons46 ». Desplas a reçu en 1814, au début de la Restauration, la « Décoration de la Fleur-de-lis47 » comme signe de fidélité au régime.
31Pendant la Restauration, les aptitudes à l'observation et les compétences dans le domaine de la science des astres restent en dehors des critères de choix et la place de directeur de l'établissement ne coïncide plus alors avec la qualité d'astronome. Le seul point commun des candidats concerne les enseignements de mathématiques et de physique qu'ils dispensent dans les Collèges de Toulouse et des environs.
32Les alternances politiques qui se succèdent à Toulouse comme à Paris de 1814 à 1838, permettent au ministère et à la municipalité de marquer leur autorité par la désignation de directeurs dont les opinions sont concordantes.
- 48 AN, F17 3763, Observation par M. le Baron de Puymaurin sur la nécessité de nommer un astronome, je (...)
33Une attitude pragmatique s'est substituée aux considérations et aux critères scientifiques en vigueur pendant la Révolution et sous l'Empire. Les structures d'enseignement locales fournissent à l'observatoire des professeurs et non des astronomes. Le baron de Puymaurin admet dès 1825 qu'« il existe à Toulouse d'excellents mathématiciens, mais pas un astronome qui ait observé et qui connaisse l'usage des instruments48 ».
34Le conseil municipal, qui à partir de 1837 décide seul, sans l'approbation parisienne, du choix du directeur de son observatoire, souhaite dans un premier temps élargir la géographie du recrutement, qui constituait jusqu'alors un handicap sévère.
- 49 AOP, B4 9-12, Lettre de Benjamin valz à François Arago, 14 juin 1838.
- 50 AMT, 2D 178, correspondance Municipale (1837-1838), lettre n° 1792 du Maire de Toulouse à MM. D'Au (...)
35Joseph Arnoux, maire de la cité garonnaise, écrit en 1837 à Benjamin Valz, directeur de l'observatoire de Marseille, pour lui offrir « la direction de l'observatoire [toulousain] avec augmentation de traitement et adjonction de la chaire d'astronomie à la faculté des sciences49 », ce qu'il refuse. L'édile toulousain met ensuite « au concours la place de directeur de l'observatoire de Toulouse » et cherche à réunir un jury chargé d'arrêter « le nombre et la nature des épreuves auxquelles les candidats seront soumis50 ».
36Bien que la municipalité puisse librement désigner un astronome pour son établissement, Joseph Arnoux s'adresse à l'autorité savante la plus éminente, François Arago qui est aussi député des Pyrénées Orientales. Le maire lui demande « son opinion sur le mode de concours » qu'il met en place. En somme, la ville recherche la tutelle scientifique de la Capitale afin d'obvier aux désagréments d'un recrutement local et limité.
- 51 Ibid., Lettre n° 278, Lettre du maire de Toulouse à François Arago, 31 janvier 1838.
- 52 Ibid., Lettre n° 1174, Lettre du maire de Toulouse à Pierre d'Aubuisson, 22 juin 1838.
- 53 Ibid., Lettre n° 1194, Lettre du maire de Toulouse à François Arago, 25 juin 1838.
37Dans sa réponse, au début de l'année 1838, Arago signale qu'un projet d'« organisation des Facultés des Sciences dans les départements » pourrait permettre à Toulouse d'obtenir du ministère de l'Instruction Publique, un poste d'astronome. Il promet cependant de donner « suite activement à ce concours51 », si la proposition de redéploiement des structures d'enseignement supérieur sur le territoire national ne devait pas voir le jour. Arnoux ne manque pas de souligner au printemps 1838 l'échec de la réforme des facultés et propose de « reprendre sans plus de retard les opérations confiées au jury ». Il insiste auprès des membres de son conseil pour « faire intervenir le Bureau des Longitudes dans le jugement des candidats52 ». Cependant, la commission initialement prévue ne parvient pas à se réunir et elle disparaît avant même d'avoir entamé l'examen des postulants. Le Maire de Toulouse mobilise à nouveau François Arago, et lui indique, en juin 1838, qu'il renonce au concours, pour s'en remettre à lui, afin d'obtenir « un observateur digne de cet emploi53 ».
- 54 Frédéric Petit est nommé le 25 juillet 1838. Nicolas Joly, « Éloge de M. Frédéric Petit », Extrait (...)
38Quelques semaines plus tard, l'astronome parisien s'exécute et propose un de ses élèves, Frédéric Petit, pour occuper la direction de l'établissement scientifique toulousain, ce que le conseil municipal accepte immédiatement54.
- 55 Sur le parcours scolaire et universitaire de Frédéric Petit, voir Adolphe Gatien-Arnoult, « Éloge (...)
- 56 Ibid., p. 644.
39Le nouvel observateur, né à Muret en 1810, a fait ses études secondaires au Collège Royal de Toulouse. Après ses baccalauréats de lettres et de sciences, il quitte la cité garonnaise et poursuit son cursus à Paris. Licencié ès sciences en 1834, il obtient le grade de docteur le 26 mars 1836, avant d'être attaché à l'Observatoire de Paris où il travaille sous la férule de François Arago55. Petit subit un cuisant échec lorsqu'il postule à l'Université « par la voie non moins périlleuse que glorieuse des concours56 ». Les circonstances de son accession à la tête de l'observatoire toulousain, ainsi que son insuccès précédent, alimentent une vive polémique dont les journaux se font l'écho.
- 57 L'article de l'Émancipation est explicitement cité dans le Journal politique et littéraire de Toul (...)
- 58 Lettre d'Adolphe Gatien-Arnoult, Journal politique et littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonn (...)
- 59 AMT, 7Z 233, Copie d'une lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, s.d. [1839].
40L'Émancipation dénonce le « favoritisme qui [...] aurait décidé du sort de l'Observatoire57 ». Gatien-Arnoult, rédacteur dans ce quotidien rappelle la déconvenue de Petit « dans le concours pour l'agrégation des collèges », et soutient, en évoquant le rôle d'Arago dans le choix du directeur, que les concours sont « bien préférables à l'arbitraire d'un homme, surtout quand cet homme ne peut juger des qualités requises pour la place à laquelle il doit nommer58 ». Pendant toute sa carrière, Frédéric Petit n'aura de cesse de réfuter ses accusations de collusion et de népotisme. Dans une lettre adressée au maire de la cité garonnaise, rédigé alors qu'il entre tout juste en fonction, l'astronome protégé d'Arago écrit que « ce ne sont pas des vues d'intérêt qui [l'] ont conduit à Toulouse ; [s]a position et [s]on avenir se Présentaient à Paris sous les auspices les plus favorables59 ».
- 60 AN, F17 21476, Lettre du Recteur de l'Académie de Toulouse Roustan au ministre de l'Instruction Pu (...)
- 61 AN, F17 3763, Rapport du ministre de l'Instruction Publique et des cultes au Maire de Toulouse, 16 (...)
41Frédéric Petit meurt en 1866. Le Recteur de l'Académie Roustan se fait alors le porte-parole du Maire de la ville et s'adresse au ministre de l'Instruction Publique afin de lui trouver un successeur. « Il importerait, écrit-il, que ce fût un savant en même temps qu'un observateur éprouvé60. » Les édiles toulousains espèrent que l'administration parisienne pourvoira aux besoins de l'observatoire de Toulouse et désignera un astronome compétent. Mais le ministre Victor Duruy rappelle à Roustan qu'il n'est pas dans ses attributions de nommer un directeur pour l'établissement de la cité garonnaise. Si l'initiative de François Arago en 1838 avait laissé penser que l'autorité centrale intervenait dans ce domaine, il ne s'agissait en fait que d'une intervention ponctuelle qui ne remettait pas en question « la loi sur les attributions municipales du 18 juillet 183761 », laissant au maire le choix du directeur de l'observatoire. Malgré tout les édiles toulousains tentent à nouveau de mobiliser les instances savantes de la Capitale.
- 62 AMT, 2D 192, correspondance Municipale (1863-1866), Lettre n° 3644, Lettre du Maire de Toulouse à (...)
- 63 AMT, 2D 192, correspondance Municipale (1863-1866), Lettre n° 3644, Lettre du Maire de Toulouse à (...)
- 64 Gaston Darboux, « Notice sur la vie et les travaux de M. Despeyrous », in Théodore Despeyrous, Cou (...)
- 65 AN, F17 20595, État des services de M. Théodore Despeyrous, 1883.
- 66 Despeyrous, tout en « donnant des leçons [...] put acquérir les grades de licencié et de docteur »(...)
- 67 AN, F17 20509, Lettre du Recteur de l'Académie de Toulouse Roustan au ministre de l'Instruction Pu (...)
42Le maire, Jean Amilhon, rédige une missive au directeur de l'observatoire de Paris, Urbain Le Verrier, en espérant pouvoir s'« honorer de [son] patronage62 », pour la désignation d'un astronome. L'irascible savant de la Capitale propose à la ville de Toulouse de nommer Théodore Despeyrous63, auquel il témoigne son « amitié64 » et qui occupe la chaire d'Astronomie à la faculté des sciences de Dijon65. Les compétences pédagogiques sont une nouvelle fois mises en avant pour valoriser le candidat. Mathématicien66 rompu aux calculs de mécanique céleste, il goûte fort peu la pratique de l'astronomie, il démissionne en novembre 1866, « poussé par une défiance honorable de son habitude de l'observation et du maniement des instruments67 ».
- 68 Ibid.
- 69 Jules Brunhes, « Éloge de M. Daguin », Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles (...)
- 70 AN, F17 20509, État des services de M. Daguin,1882.
- 71 M. Prévost, « Édouard Filhol », in Roman D'Amat (dir.), Dictionnaire de biographie française, T. V (...)
- 72 J. Brunhes, « Éloge de M. Daguin », art. cité, p. 58.
- 73 Ibid., p. 60.
43L'administration choisit alors Pierre-Adolphe Daguin qui « possède au contraire [de Despeyrous] les qualités de l'observateur68 ». Né en 1814, ce physicien est entré à l'École Normale Supérieure en 1835 dont il sort agrégé en 18 3 869. Il enseigne à Moulin, Tours et enfin Toulouse à partir de 184770. Les compétences astronomiques de Pierre-Adolphe Daguin sont réduites, puisqu'il n'a jamais pratiqué d'observations avant d'être promu directeur de l'établissement toulousain. Mais sa nomination relève d'une autre logique que la pratique assidue de la science des astres. En 1867, un nouveau maire est désigné par décret impérial : il s'agit d'Édouard Filhol. Ce professeur de chimie dirige l'École de Médecine71 et entretient à ce titre des liens d'amitié avec Daguin, son collègue de la faculté des Sciences. Porté à la tête de l'administration municipale, Filhol le convainc « d'accepter la direction de l'Observatoire de Toulouse ». Et, « en attendant les améliorations » qu'il « se promettait d'accomplir, il fallait à peu près se borner à des observations météorologiques72 ». Or Daguin connaît cette discipline puisqu'il consacre une large part de ses recherches « à l'étude de la physique du globe73 ».
44Le critère décisif dans le choix du physicien à la tête de l'observatoire toulousain réside dans cette transformation provisoire de la destination de l'espace savant. Sa vocation astronomique est mise entre parenthèses et le maire puise dans son réseau de connaissances pour faire coïncider la nécessité d'un directeur compétent et la réorientation thématique du lieu. La nomination de Pierre-Adolphe Daguin illustre ce pragmatisme qui a présidé à toutes les désignations d'astronomes à l'observatoire de la cité garonnaise, de la Révolution à la chute du Second Empire.
45Les entrelacs des orbes décisionnels fluctuants font apparaître une grande diversité dans les modalités de recrutement dans lesquelles la compétence d'astronome n'est pas toujours essentielle.
- 74 Florian Charvolin, L'invention de l'environnement en France. Chroniques anthropologiques d'une ins (...)
46À une logique administrative idéale, qui imposait la pratique astronomique comme élément déterminant dans le choix du directeur, se substitue une logique empirique, fondée sur les qualités éducatives, mais également très sensible aux aléas politiques. Florian Charvolin a analysé, pour la création du ministère de l'Environnement en France au xxe siècle, ce passage « d'un schéma analytique à un schématisme pragmatique74 », qui participe à la définition des institutions et à leur activité, entre un cadre prédéfini et des aménagements permanents. La fonction même de directeur de l'observatoire de Toulouse au début du xixe siècle ne se limite pas aux énoncés législatifs, elle se structure dans un ordre politique complexe et dans cet écart géographique, qui fonde un espace ambigu d'autonomie et de dépendance, entre Paris et la cité garonnaise.
47Le siècle des Lumières fournit les premiers directeurs parmi les anciens élèves des astronomes toulousains reconnus. Puis les qualités d'enseignant dans le domaine scientifique suffisent pour être promu, quand les orientations politiques du candidat conviennent au régime en place. La nomination de Frédéric Petit et les multiples tentatives du conseil municipal pour impliquer les instances savantes parisiennes dans leurs choix, montrent toutefois un désir souterrain de confier à la Capitale cette désignation du directeur. Paradoxalement, à mesure que les textes législatifs restituent à la cité garonnaise ses prérogatives dans ces domaines, les édiles toulousains semblent se rapprocher de l'autorité centrale, gage de compétence et de reconnaissance.
48Les compétences éducatives, même si elles ne sont pas prioritaires, constituent malgré tout le socle commun à la plupart des recrutements. La pratique scientifique est désormais indissociable de l'exercice pédagogique. Cette exigence s'inscrit clairement dans les transformations du paysage savant qui, à partir de la Révolution, s'appuient en particulier sur l'indispensable nécessité d'enseigner pour les scientifiques.
L'obligation d'enseigner
- 75 Terry Shinn, Savoir scientifique et pouvoir social. L'École Polytechnique, 1794-1914, Paris : Pres (...)
- 76 Marie Jean Antoine Caritat, Marquis de Condorcet, Cinq mémoires sur l'instruction publique, Paris (...)
- 77 R. Fox, G. Weisz, « The institutional basis of French science in the nineteenth century », art. ci (...)
49La Révolution puis l'Empire tentent de mettre en place des « structures nouvelles dans l'enseignement supérieur, scientifique et technique75 ». Les réflexions directrices de Condorcet, présentées à l'Assemblée Législative en 179276, puis dans une problématique différente, les initiatives napoléoniennes concernant les grandes écoles et les facultés77, tracent les contours d'un paysage éducatif largement modifié et fortement centralisé. L'observatoire de Toulouse est, comme nous l'avons vu, très vite associé à ce vaste mouvement de restructuration.
- 78 Olivier Devaux, La Pique et la Plume. L'enseignement à Toulouse pendant la Révolution, Toulouse : (...)
- 79 ADHG, 1L 1021-4, Extrait des registres de l'administration centrale du département de la Haute-Gar (...)
- 80 O. Devaux, La Pique et la Plume, op. cit., p. 60.
50L'Institut fondé par l'administrateur du département de la Haute-Garonne, Paganel, en 1793, sur le modèle des « idées développées par Condorcet78 », rassemble dès l'année suivante le cours de d'astronomie et la direction de l'établissement savant toulousain, et les confie à Jacques Vidal79. Olivier Devaux souligne dans sa thèse que l'Institut Paganel est un échec patent : « l'enseignement encyclopédique n'obtient pas le succès escompté80 ».
- 81 Ibid., p. 89.
- 82 Ibid., p. 91.
- 83 AMT, 5S 74, Bordereaux des sommes à payer pour le traitement du trimestre aux professeurs et emplo (...)
- 84 ABDL, Registre des procès-verbaux des séances, an VIII-an V, séance du 29 prairial an V.
- 85 ADHG, 1L 1021-14, Copie de la lettre du jury d'instruction près de l'École Centrale du Département (...)
51Dans le même temps à la Convention, Joseph Lakanal propose un projet d'Écoles Centrales vouées aux sciences, aux lettres et aux arts, réparties sur l'ensemble du territoire81. C'est ainsi qu'à Toulouse le 9 janvier 1796, l'administration départementale désigne « le jury d'instruction et le directoire des études de l'École Centrale82 ». Jérôme Hadancourt est chargé d'enseigner la science des astres83 au sein de cette nouvelle institution, en même temps qu'il dirige l'observatoire84. Le jury d'instruction de l'École Centrale explique en 1796 que « la conservation de l'observatoire, [.] l'établissement des Écoles [Centrales], [.] tout [.] porte à croire qu'il doit y avoir dans cette commune un professeur d'astronomie en activité85 ».
- 86 O. Devaux, L'enseignement à Toulouse sous le Consulat et l'Empire, Toulouse : Presses de l'Institu (...)
52L'École Centrale disparaît à son tour et laisse la place en 1805 à une « école spéciale des sciences et des arts », au sein de laquelle Jacques Vidal assure un cours d'astronomie tout en occupant la fonction de directeur de l'observatoire86.
53Le rapprochement de ces deux activités est donc inscrit très tôt dans le projet d'enseignement supérieur à Toulouse. Les mutations des différentes institutions éducatives et leurs reconfigurations permanentes ne contrarient jamais la volonté politique de maintenir cette association entre la pratique astronomique et l'activité pédagogique.
54L'irruption d'une obligation d'enseigner modifie radicalement la position de l'observateur qui, jusqu'à la fin du siècle de Lumières, ne pouvait compter sur sa qualité de savant pour vivre, alors que le professorat est, lui, rémunéré ce qui modifie considérablement l'activité de l'astronome. Elle n'était accessible, jusqu'à la fin du xviiie siècle qu'aux seuls savants fortunés dont la fonction ou la profession fournissait les fonds nécessaires à leur subsistance.
55Cependant l'intégration des observateurs dans les institutions d'enseignement qui s'ébauchent à partir de la Révolution n'est pas sans contrepartie, et les différentes structures administratives et politiques qui gèrent ce nouvel ordre éducatif ne manquent pas de rappeler les exigences auxquelles sont soumis les professeurs, ni de souligner la philosophie générale dans laquelle ils doivent s'inscrire.
- 87 ADHG, 1L 1021-14, Copie de la lettre du jury d'instruction près de l'École Centrale du Département (...)
- 88 AMT, 2D 183, Délibérations du Conseil Municipal, séance du 2 prairial an XII, (22 mai 1804), f 62.
56En octobre 1796, les responsables de l'École Centrale rappellent à Jacques Vidal, dont la démission est proche, que « le service public » ne doit pas être « interrompu87 ». Le conseil municipal en 1804, invite les enseignants de l'École Spéciale à « demeurer à leur Poste et à continuer avec zèle la tâche pénible que leur impose l'amour des Sciences et des Arts et plus encore leur dévouement à la Patrie88 ».
- 89 Nicole et Jean Dhombres, Naissance d'un nouveau pouvoir : sciences et savants en France 1793-1824,(...)
- 90 ADHG, 1L 1021-36, Lettre de Jérôme Hadancourt à l'administration du département de la Haute-Garonn (...)
- 91 ADHG, 2O Toulouse 110, Copie d'une lettre de Jacques Vidal à M. Descoulombre, vice-président du Co (...)
- 92 AMT, Bx 35, Registre des délibérations du Bureau d'administration de l'École Spéciale Communale de (...)
57Si une transformation complète de la définition de l'astronome s'amorce avec la Révolution, elle n'est ni évidente, ni immédiate. Il n'est pas possible pour l'observatoire de Toulouse, de dire avec Nicole et Jean Dhombres, qu'à cette époque « la profession d'enseignant était bien née89 ». La nouvelle armature administrative qui impose aux observateurs de se faire pédagogues coïncide mal avec les aspirations des savants formés au xviiie siècle, peu enclins à se conformer aux obligations d'enseignement. Le 27 avril 1799, Jérôme Hadancourt répond à l'administration du département qui lui intimait l'ordre « d'ouvrir un cours d'astronomie ». L'ancien élève d'Antoine Darquier indique qu'il ne pourra assurer ses heures d'enseignement le 7 mai suivant, « mercure devant passer sur le disque solaire », il doit en faire l'observation « qui durera presque toute la journée90 ». Jacques Vidal qui succède à Hadancourt à la tête de l'établissement astronomique toulousain, se fait lui aussi chapitrer en 1805 pour n'avoir pas commencé son enseignement. Le savant souligne dans sa réponse « qu'un observateur n'a presque point d'instant qui ne soit pris par quelqu'une des observations dont il est chargé ». En outre, ajoute-t-il, la lecture « trop littérale de la partie du programme [...] des études concernant l'observatoire deviendroit nuisible à celui-cy sans être une activité perceptible pour le public ». Vidal soutient qu'un cours ne peut avoir lieu à heures fixes, car « les observations ne peuvent point compatir avec une telle fixation ». L'astronome insiste en expliquant que « les passages de la Lune au Méridien, qui d'un jour à l'autre se font trois-quart d'heure plus tard, fournissent à eux-seuls une preuve de cette assertion91 ». L'argumentation de Vidal porte donc sur l'irréductible incompatibilité entre l'activité d'astronome assujettie aux phénomènes célestes fluctuants, et la pratique pédagogique soumise à des horaires réguliers. Le Bureau de l'École Spéciale qui condamne l'attitude de l'observateur toulousain n'est pas dupe de son attitude. Il remarque « que les fonctions du Sieur Vidal ne se Bornent pas aux seules observations astronomiques, et qu'en sa qualité de Professeur, il est Également tenu d'enseigner cette science92 ».
- 93 ADHG, 2O Toulouse 110, Rapport du Jury d'Instruction de l'École Centrale du département de la Haut (...)
58Le Jury d'Instruction de l'École Centrale rappelait déjà à Hadancourt, quelques années auparavant qu'il avait été « choisi pour exercer la double fonction de professeur d'astronomie et de conservateur de l'observatoire93 ».
- 94 AMT, Bx 35, Registre des délibérations du Bureau d'administration de l'École Spéciale Communale de (...)
- 95 Ibid., f° 192.
- 96 AMT, 5S 74, Examen du Bureau d'administration de l'École Spéciale sur la situation de l'École pend (...)
59Les refus et l'obstination des deux astronomes irritent l'administration scolaire. Le Bureau de l'École Centrale s'offusque en 1807 que Vidal « ne cherche qu'à Éluder de se Livrer à l'entier exercice de ses devoirs94 ». Il rappelle qu'« un Professeur est Comptable de l'emploi de son temps à l'administration qui le paye95 ». Les responsables de l'institution scolaire pointent les divergences entre leurs objectifs et ceux de Vidal. Si l'astronome toulousain « se livre tout entier aux Progrès de la Science, [.] les Résultats de ses études et de ses observations sont Perdues pour le Public » car il travaille surtout « pour son Propre Compte et pour sa gloire96 ».
60Vidal, comme Hadancourt, formés au siècle des Lumières, ont conservé les règles d'une pratique astronomique indépendante des contraintes de l'enseignement. La nouvelle organisation scientifique qui se met en place et intègre la dimension scolaire dans son redéploiement, impose des normes étrangères aux observateurs du siècle précédent. Cette inadéquation entre les savants recrutés et les objectifs qui leur sont désormais assignés, illustre un changement complet dans la perception de l'activité d'astronome. Cependant les réticences sont fortes et les signes d'une impossible adaptation aux exigences pédagogiques sont nombreux jusqu'à la fin de l'Empire.
61La localisation du cours d'astronomie témoigne de cet écart entre la culture savante du xviiie siècle et celle qui s'ébauche dans les premières années du xixe siècle.
- 97 AMT, Bx 35, Registre des délibérations du Bureau d'administration de l'École Spéciale Communale de (...)
- 98 Ibid., f° 103.
- 99 Ibid., séance du 29 avril 1806, f° 52.
- 100 Ibid., séance du 22 août 1807, f° 191.
- 101 Ibid., séance du 23 décembre 1807, f° 220.
62L'École Spéciale de la cité garonnaise s'installe en 1805, dans les bâtiments du « Collège national » et impose aux professeurs des différentes disciplines de venir y délivrer leur enseignement. Vidal demande à « changer le lieu qui lui a été assigné pour donner ses leçons et de transférer sa classe dans la maison de l'observatoire ». L'astronome soutient « qu'il est impossible de transporter sans danger de l'observatoire au Collège national les instrumens qu'on est obligé de mettre quelques fois les yeux des Élèves97 ». Les membres du Bureau de l'École Spéciale refusent cet arrangement en arguant qu'un déplacement du lieu d'enseignement pourrait avoir de « graves inconvéniens attendu que l'Observatoire est trop Éloigné du Centre des Études et qu'il serait impossible à La plupart des élèves de suivre le cours d'Astronomie sans en abandonner d'autres qui entrent également dans la Série des Connaissances qui doivent compléter leur instruction98 ». Les administrateurs de l'établissement scolaire soulignent en particulier que si le cours se divise « en théorie et pratique, il est naturel que la première de ces deux branches doive s'enseigner dans Le Local ordinaire de L'École Spéciale99 ». Vidal reste sourd à cette proposition et regimbe contre l'autorité municipale. Dans une missive du 3 mai 1806 il assure « qu'il est dans l'intention de faire un cours, mais qu'il ne peut le faire ailleurs qu'à l'observatoire100 ». À plusieurs reprises l'ancien protégé de Riquet de Bonrepos fait part de « ses observations sur l'éloignement du Collège de l'Observatoire » et trouve « très désagréable d'être obligé de s'y rendre pour faire un cours101 ».
63L'obstination de Vidal à ne pas vouloir quitter son observatoire témoigne de son attachement à la pratique astronomique du xviiie siècle, qui était strictement circonscrite à l'espace de recherche, y compris pour former des élèves. Mais la double fonction de directeur et de professeur qui s'impose à partir de la Révolution étend plus largement les compétences pédagogiques de l'astronome et rend public un enseignement jusqu'ici confidentiel.
64Si, sous l'Empire, le recrutement des directeurs de l'observatoire parmi les membres du corps enseignant réduit définitivement cette inadéquation, la définition administrative de cette nouvelle activité n'est pas sans poser problème dans la répartition des rôles des instances tutélaires.
- 102 O. Devaux, L'enseignement à Toulouse sous le Consulat et l'Empire, op. cit., p. 244.
- 103 Ibid., p. 245.
- 104 ADHG, 5T 9, Lettre du Recteur de l'Académie Impériale de Toulouse au Maire de Toulouse, 4 novembre (...)
65Le décret napoléonien « du 17 mars 1808 crée une faculté des sciences auprès du lycée de chaque chef-lieu d'académie102 ». À Toulouse, la section sciences de l'École Spéciale « est purement et simplement convertie en faculté103 ». D'Aubuisson dirige alors l'observatoire et enseigne « les mathématiques appliquées dont l'étude de l'astronomie fait partie104 ».
66Le morcellement administratif et la distribution des prérogatives entre Paris et les autorités locales laissent visible la séparation entre la fonction de directeur et celle d'enseignant. Les structures politiques doivent elles aussi ajuster leurs modes de fonctionnement à la nouvelle activité d'astronome. L'enseignement de la science des astres, sous l'Empire et la Restauration, tente de concilier exigences scientifiques et adaptation au paysage éducatif remodelé par Napoléon.
- 105 ADHG, 5T 10, Décret ministériel, 17 février 1814, article 2.
- 106 À partir du 1811, Marqué-Victor remplace Roger Martin au Collège Royal et le supplée « provisoirem (...)
- 107 Jean Vauthier professe les « mathématiques élémentaires au Collège de Toulouse » (P.-É. Brassine, (...)
- 108 Ibid., p. 269.
67Le décret du 17 février 1814 ajoute à la confusion en interdisant aux directeurs de l'observatoire de Toulouse de faire partie de « l'Académie Universitaire » et « de la Faculté des Sciences105 ». Marqué-Victor106 et Vauthier107, qui enseignent dans le secondaire, poursuivent malgré tout leur œuvre pédagogique, en même temps qu'ils sont à la tête de l'établissement savant. Jean Vauthier modifie même le programme de ses leçons pour faire coïncider ses nouvelles fonctions avec son enseignement. Il dispense un cours présentant « l'ensemble des principes de l'astronomie, réunis dans une cosmographie générale108 ». Alphonse Desplas a dû, lui, se défaire de ses activités professorales avant d'accepter la direction de l'institution savante toulousaine, mais accepte de faire une leçon parallèle à celle du professeur de mathématiques appliquées à la faculté, Joseph Léon, pour qu'il initie ses élèves à l'astronomie.
- 109 AN, F17 21476, État des services de Frédéric Petit, 25 septembre 1850.
- 110 AMT, 1D 50, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1846-1848), séance du 27 janvier 1847 (...)
- 111 AN, F17 21476, Lettre du Recteur Charles Rémusat au Ministre de l'Instruction Publique, 22 octobre (...)
- 112 AN, F17 21476, Lettre de Frédéric Petit au Ministre de l'Instruction Publique, 15 avril 1850.
- 113 N. Joly, « Éloge de M. Frédéric Petit », art. cité, p. 6.
- 114 AN, F17 21476, Arrêté du Ministre de l'Instruction Publique et des Cultes, 13 juin 1850.
- 115 François Arago, « De l'utilité des pensions accordées aux savants, aux littérateurs, aux artistes (...)
- 116 AMT, 2D 192, Registre des correspondances du maire (1863-1866), lettre n° 3852 du maire du Toulous (...)
68Cependant, la fonction de directeur et l'activité d'enseignant sont définitivement liées à Toulouse grâce à l'influence d'Arago. Son élève Frédéric Petit est, comme son prédécesseur « chargé de suppléer Mr. Léon, Professeur de Mathématiques à la Faculté des Sciences de Toulouse » à partir de 1840. Puis en 1848, il dispense un « cours d'astronomie109 », sans toutefois occuper une chaire universitaire. Le conseil municipal souligne en janvier 1847, « qu'il serait à désirer que le gouvernement complétat [l'observatoire] en créant auprès de lui aux frais de l'État un professeur d'Astronomie110 ». Le recteur de l'Académie de Toulouse, Charles Rémusat, tente, en 1849, de convaincre le ministre de l'Instruction Publique et lui rappelle « que l'observatoire de Toulouse importe au cours d'astronomie, et que le cours est nécessaire à l'observatoire ». Il insiste quelques mois plus tard en expliquant qu'« il y a tout intérêt à ce que la même personne professe le cours d'astronomie et soit chargée de la direction de l'observatoire de la Ville111 ». Frédéric Petit, de son côté, réclame cette chaire et espère que le ministre accueillera « favorablement [s]a demande112 ». François Arago ne ménage ni sa peine, ni son énergie pour que son élève puisse intégrer le système universitaire et use de son « influence alors toute-puissante113 ». L'arrêté ministériel du 13 juin 1850 nomme Petit « professeur d'astronomie à la facilité des sciences de Toulouse114 ». Désormais l'activité d'enseignant et celle de directeur sont définitivement liées et lorsque le Maire désigne Théodore Despeyrous en 1866 pour succéder à Petit, il lui écrit que sa récente « promotion à la chaire d'Astronomie115 à la Faculté des Sciences de Toulouse » le « désignait naturellement [...] à la direction de l'observatoire116 ».
- 117 John M. Burney, Toulouse et son université. Faculté et étudiants dans la France provinciale du xix(...)
69Cette progressive entrée des astronomes dans le système universitaire marque aussi leur « intégration [...] à l'élite toulousaine117 », dont John M. Burney souligne qu'elle compte tous les professeurs des facultés de la cité garonnaise. La Révolution, puis les différents régimes qui lui succèdent, permettent l'émergence de la fonction de directeur de l'observatoire, mais l'ordre bourgeois qui se met en place maintient, comme au xviiie siècle, les observateurs dans une situation sociale privilégiée.
70Les réformes révolutionnaires et napoléoniennes ont légitimé l'enseignement et la recherche astronomique au cœur de l'appareil d'État. La nouvelle activité d'astronome qui unit la direction de l'espace savant et la pratique pédagogique, se construit parallèlement à la formation d'une structure davantage centralisée. Le contraste est saisissant avec la période précédente. La figure du savant aristocrate, soumis aux seules exigences de la communauté scientifique, s'efface peu à peu. Les observateurs garonnais de la première moitié du xixe siècle prennent place dans une architecture administrative aussi complexe que puissante. Ils y exercent des fonctions précises et sont insérés dans un réseau dense et fluctuant de structures tutélaires. Ces dernières exercent en permanence un contrôle et une surveillance qui assujettissent l'astronome et s'immiscent dans la pratique savante.
Surveillance et discipline : l'horizon panoptique
71Les différentes structures administratives et politiques qui apparaissent sous la Révolution et dont le maillage s'étoffe avec l'Empire et la Restauration, cherchent à mettre en place, autour de l'observatoire, un système de surveillance. Les astronomes sont rémunérés pour effectuer certaines tâches. Ils ont des devoirs très clairement définis par les autorités locales ou nationales. Celles-ci tentent donc de discipliner la pratique des observateurs et surtout de contrôler leurs activités.
- 118 AMT, 1D 40, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1827-1830), séance du 10 juin 1829, f (...)
- 119 AMT, 2D 171, Registre des correspondances du maire (1828-1829), lettre n° 468 du maire de Toulouse (...)
72La municipalité, en particulier lorsqu'elle est en charge de l'établissement savant et lui fournit des subsides, signale très clairement son autorité et affirme sa volonté d'examiner attentivement le fonctionnement quotidien de l'observatoire toulousain. Le premier magistrat de la cité garonnaise recueille, en juin 1829, de multiples informations sur les travaux du directeur Alphonse Desplas, alors en place. L'édile, Jean Gournon, assure qu'il réclame ces renseignements « comme surveillant naturel de tous les établissements dotés par la ville118 ». Quelques semaines plus tôt, le maire invitait l'astronome en poste à bien se « pénétrer pour l'avenir des devoirs qui sont attachés à des fonctions dotées par la ville119 ».
73Le traitement que perçoit le directeur, ainsi que les investissements indispensables au bon fonctionnement de l'observatoire, justifient le contrôle qu'exerce l'administration et autorise le déploiement de nombreux modes de surveillance. La municipalité n'est pas la seule à puiser dans cet arsenal panoptique et les différents cercles administratifs et politiques qui prennent en charge le directeur et l'établissement astronomique usent abondamment de ces dispositifs de pouvoir.
- 120 ADHG, 5T 8, Lettre de Jacques Vidal à M. Duparc, rédacteur du Journal de la Haute-Garonne, 15 brum (...)
74L'envoi de rapports circonstanciés et de synthèses d'observations permet aux savants de justifier leurs recherches et de souligner leur zèle. Dans sa missive du 16 octobre 1805 au rédacteur du Journal de la Haute-Garonne qui désire publier ses travaux météorologiques, Jacques Vidal précise qu'il souhaite que le Préfet reconnaisse dans son « assiduité [...], le garant de [s]on empressement futur120 ».
- 121 AMT, 2D 170, Registre des correspondances du Maire (1826-1828), lettre n° 1484 du Maire de Toulous (...)
- 122 AMT, 1M 6, Lettre du maire de Toulouse, Jean Gounon, à Alphonse Desplas, 5 mai 1829.
75Les autorités politiques cherchent à organiser un contrôle serré de l'activité astronomique à Toulouse et exigent la production régulière de rapports. Toutefois, les résistances sont nombreuses et la volonté d'une surveillance panoptique de la pratique scientifique ne parvient pas à s'imposer à Toulouse dans la première partie du xixe siècle. Ainsi en 1827, le Comte de Montbel à la tête de l'administration municipale engage Desplas « à ne pas [s'] affranchir du tribut mensuel de [ses] observations astronomiques121 ». Deux ans plus tard, le nouveau maire de la cité garonnaise, Jean Gounon, réitère cette demande en termes presque identiques. Il assure au directeur de l'observatoire « qu'une des obligations inhérentes à [sa] qualité de Directeur est de [lui] faire parvenir les résultats de [ses] travaux scientifiques122 ».
- 123 ADHG, 5T 10, Décret ministériel du 17 février 1814.
76Les structures locales ne sont pas les seules à tenter de mettre en œuvre une politique de contrôle des activités scientifiques. Les instances parisiennes cherchent également à évaluer le travail des observateurs garonnais. L'architecture juridique qui, en 1814, circonscrit la place de l'observatoire de Toulouse, prévoit que les astronomes fassent connaître au « Bureau des Longitudes » et à « la première Classe de l'Institut Impérial de France, le résultat de [leurs] observations astronomiques et météorologiques123 ». Cette tutelle scientifique doit permettre au ministre de l'Intérieur, dont dépend le directeur de l'établissement toulousain, de prendre la mesure des recherches engagées et de juger la qualité des résultats présentés. Toutefois, sous la Restauration, les astronomes garonnais ne correspondent presque jamais avec le Bureau des Longitudes. Celui-ci ignore donc en grande partie les activités menées au sein de l'établissement garonnais.
77Les instances politiques nationales et locales ne contrôlent donc qu'imparfaitement la production de l'observatoire, malgré la mise en place d'un maillage administratif très contraignant. La puissance publique ne renonce pourtant pas à son désir panoptique et s'invite donc régulièrement dans l'espace savant pour analyser concrètement le travail de l'astronome, vérifier ses méthodes et contrôler sa pratique. La visite in situ, comme nouveau mode de surveillance, émerge donc peu à peu à partir de la Restauration et tend à s'institutionnaliser sous le Second Empire.
- 124 AMT, 1M 6, Lettre de d'Aubuisson au Maire de Toulouse, 8 janvier 1819.
78En 1814, « Mrs. Poisson et Mathieu membres du Bureau des Longitudes et sçavants très-distingués, sont venus visiter l'observatoire de Toulouse124 ». Ils s'attardent surtout sur les aménagements de l'observatoire et la qualité des outils dont dispose l'astronome toulousain d'Aubuisson.
- 125 Archives du Château d'Abbadia (ACA), Carton d'astronomie et de géodésie, Lettre n° 184 de Frédéric (...)
79Frédéric Petit à la tête de l'établissement savant de la cité garonnaise en 1861, relate la venue d'un « inspecteur de l'Université » qui a examiné « [s]es registres ainsi que [s]es instruments ». La visite à l'observatoire de Marseille semble s'être particulièrement mal passée, le représentant des instances universitaires confie à Petit que dans l'institution astronomique phocéenne, « tout est dans un incroyable désordre125 ».
- 126 AOP, Ms 1060 V, Lettre de Théodore Despeyrous à Charles Delaunay, 9 novembre 1871.
80Ces visites n'ont cependant aucune régularité et ne sont en aucun cas institutionnalisées comme des rituels de contrôle et d'évaluation systématique du travail des observateurs garonnais. En 1865, Despeyrous accueille le directeur de l'observatoire de Paris, Urbain Le Verrier, « de passage »126dans la cité garonnaise.
81Les efforts que déploient les autorités politiques et administratives pour contrôler la pratique savante au sein de l'observatoire toulousain, de la Révolution à la chute du Second Empire, n'ont qu'une traduction partielle et inachevée dans l'application concrète et quotidienne des mesures de surveillance.
- 127 ADHG, 5T 10, Lettre du Ministre de l'Intérieur au Préfet de la Haute-Garonne, 28 mai 1820.
- 128 ADHG, 5T 10, Lettre de Pierre d'Aubuisson au Préfet de la Haute-Garonne, 11 décembre 1820.
82Le ministre de l'Intérieur fait ainsi parvenir au Préfet de la Haute-Garonne en mai 1820, « un règlement qui été arrêté par le Bureau des Longitudes, pour les observatoires Royaux des Départements127 ». D'Aubuisson, alors à la tête de l'établissement toulousain, rechigne à appliquer ce texte et argue du mauvais état du bâtiment pour échapper à l'emprise législative. Il rédige une lettre à l'intention du ministre « en lui demandant ce qui étoit nécessaire pour que ce règlement fut observé vu l'état actuel de l'observatoire de Toulouse128 ». Ce peu d'entrain semble retarder la mise en place de mesures dictant la conduite de l'astronome au sein de son espace d'observation.
- 129 AMT, 2D 172, Registre des correspondances du Maire (1820-1830), Lettre n° 1180 du Maire de Toulous (...)
- 130 AMT, 2D 172, Registre des correspondances du Maire (1820-1830), Lettre n° 909 du Maire de Toulouse (...)
83L'idée d'un règlement surgit à nouveau, neuf ans plus tard, à l'initiative du ministre de l'Intérieur, qui exige en 1829 que soit codifié le « Service de l'Observatoire129 ». Jean Gounon, le maire de la cité garonnaise, mobilise alors plusieurs enseignants du Collège Royal et de la faculté des sciences, afin qu'ils concourent à la « rédaction d'un projet de règlement pour [...] l'observatoire130 ».
- 131 Ibid., Lettre n° 1180 du Maire de Toulouse Jean Gounon à MM. Boisgiraud, Vauthier, Romieux, Léon, (...)
- 132 Ibid., Lettre n° 900 du Maire de Toulouse Jean Gounon à François Arago, 28 juin 1830.
84L'établissement astronomique toulousain est entretenu par la ville qui apprécie mal les intrusions parisiennes. Jean Gounon, qui souhaite contrer la tentation hégémonique du Ministère, insiste donc pour que soit établi « un règlement spécial à l'usage de L'observatoire de Toulouse131 ». L'édile s'adresse ensuite à François Arago, secrétaire du Bureau des Longitudes pour qu'il rédige lui-même ce « règlement spécial132 ».
- 133 R. Fox, G. Weisz, « The institutional basis of French science in nineteenth century », art. cité, (...)
85La multiplication des difficultés, née des tensions entre Paris et Toulouse permettent aux directeurs de l'observatoire de la cité garonnaise de se soustraire à ce nouveau mode de contrôle. Le dessein politique d'une stricte réglementation de l'activité astronomique ne suffit pas pour que son application soit effective. L'héritage napoléonien d'un système scientifique conçu comme « a bureaucrat's dream133 » construit un mode idéal d'organisation et de contrôle des moindres provignements institutionnels. Un puissant désir disciplinaire et une indéniable volonté d'assujetissement des forces savantes aux pouvoirs administratifs et politiques se font jour en France dans la première partie du xixe siècle. Ils dessinent un horizon panoptique en grande partie asymptotique. En ce qui concerne l'observatoire de la cité garonnaise, l'hégémonie centralisatrice est encore contestée par la résistance de la ville, la fragmentation des tutelles dont dépend l'observatoire et la dilution des responsabilités.
86Les différents dispositifs de contrôle partiellement mis en place visent à soumettre les astronomes aux règles de civilité qui marquent la reconnaissance et le respect de leur autorité. Les attitudes et les comportements des observateurs doivent témoigner de leur docilité et de leur subordination. L'étatisation de la science et la fonctionnarisation des savants devraient, pour les autorités administratives, induire de nouveaux comportements de la part des observateurs qui sont fermement invités à témoigner leur docilité et leur subordination. Ici encore l'exigence politique d'une réduction des idiosyncrasies des agents de l'État affronte de nombreuses résistances locales et individuelles.
- 134 AMT, Bx 35, Registre des délibérations du Bureau d'administration de l'École Spéciale communale de (...)
- 135 Ibid., séance du 25 juin 1808, f° 253.
87Ainsi, sous l'Empire, le refus de Vidal d'ouvrir un cours d'astronomie exaspère les responsables municipaux qui souhaitent, dans l'intérêt de l'École Spéciale, mettre un terme « à une lutte qui tend à avilir son autorité134 ». Le bureau d'administration de la nouvelle structure d'enseignement s'insurge contre l'obstination et la résistance de Vidal : « ne nous obligeraient-elles pas à le rappeler à ses devoirs135 ? », s'interroge-t-il en 1808.
- 136 AN, F17 3763, Lettre du Préfet de la Haute-Garonne au Ministre de l'Intérieur, 8 novembre 1814.
88Le chevalier d'Aubuisson est lui aussi sévèrement critiqué pour son comportement. Le préfet de la Haute-Garonne prévient le ministre de l'Intérieur que cet astronome « sait peu garder avec l'autorité les convenances et les égards auxquels elle a droit, [.] il l'assiège journellement pour les moindres objets et [.] son impatience est telle qu'il ne se prête qu'avec peine aux délais et formalités indispensables136 ».
- 137 AMT, 1D 40, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1827-1830), séance du 10 juin 1829, f (...)
89L'autorité municipale reproche à Desplas, quelques années plus tard, d'ignorer, de la même manière, les codes de bonne conduite, et de ne pas respecter la distance nécessaire avec les organes du pouvoir. Le conseil municipal considère que le directeur de l'observatoire a « dans ses rapports avec l'administration [.] méconnu les règles de subordination et de convenances dont il devrait naturellement se faire une loi, en appréciant bien la position vis à vis d'elle137 ».
- 138 Ibid., séance du 25 juin 1828, f° 256.
- 139 AMT, 1M 6, Lettre du maire Jean Gounon à Alphonse Desplas, 5 mai 1829.
- 140 AMT, 2D 172, Registre des correspondances du Maire (1829-1830), Lettre n° 921 du 3 juillet 1830, d (...)
90L'administration communale accuse Desplas de contrarier son voisin qui loge dans la partie inférieure de l'observatoire. Il s'agit de « tracasseries138 » inadmissibles, qu'il convient de faire cesser. Desplas ne répond pas aux injonctions du maire, Jean Gounon, qui lui intime l'ordre de rendre des rapports complets sur ses activités au sein de l'observatoire dont l'astronome se dispense139. Il se montre en particulier rebelle à l'autorité municipale puisqu'il refuse la visite d'une commission chargée de vérifier l'inventaire des instruments présents dans le bâtiment astronomique. Jean Gounon s'emporte contre le directeur de l'observatoire dont l'entêtement a « entravé le service » et peut désormais être regardé « par l'administration municipale comme une marque d'insubordination et d'inconvenance140 ». L'exercice de cette autorité, les signes de respect qu'elle tente d'obtenir par la coercition illustrent cet enchâssement disciplinaire qui émerge peu à peu entre l'observatoire et les différentes structures politiques dont il dépend.
91La fonctionnarisation des savants toulousains au début du xixe siècle suscite, de la part des astronomes, de nombreuses résistances. Certains observateurs garonnais refusent de se plier aux règles inhérentes à leur activité. Ils tentent, par tous les moyens, d'échapper au système de surveillance et de contrôle qui s'empare de l'observatoire. Ces oppositions et ces regimbements illustrent le passage difficile d'une science aristocratique à une science de professionnels. Les astronomes du siècle des Lumières n'étaient soumis qu'aux exigences de la cité savante. Les observateurs de la première partie du xixe siècle sont, eux, contraints de rendre compte de leurs travaux aux différentes autorités administratives qui les rémunèrent. L'émergence d'un ordre bureaucratique soucieux de gérer la science et ses pratiques génère donc des faisceaux de résistance et d'insoumission.
- 141 Michel Foucault, Histoire de la sexualité. T. I : La volonté de savoir, Paris : Gallimard, 1976, p (...)
- 142 Ibid., p. 127.
92Michel Foucault notait « que là où il y a pouvoir, il y a résistance et que [...] par là même, celle-ci n'est jamais en position d'extériorité par rapport au pouvoir141 ». Le philosophe soulignait également que toutes les résistances « sont l'autre terme, dans les relations de pouvoir ; elles s'y inscrivent comme l'irréductible vis-à-vis142 ».
93À ce titre, la farouche opposition d'Alphonse Desplas est elle aussi, une forme d'exercice du pouvoir, affranchie des conventions, détachée des contraintes hiérarchiques. Sa ferme désobéissance lui permet de proposer, en miroir des obligations qu'on lui impose, une autre définition de la fonction de directeur, et plus généralement de la place du savant dans les relations au pouvoir.
- 143 AMT, 4D 95, Lettre d'Alphonse Desplas au maire de Toulouse, Jean Gounon, 24 décembre 1829.
94Pour Desplas, il est nécessaire que l'activité scientifique ne soit soumise à aucune pression politique et il n'hésite pas à définir le rôle de la structure municipale, telle qu'il l'imagine. « Il ne faut point se le dissimuler, écrit-il au maire de Toulouse Jean Gounon en 1829, une bonne administration est surtout caractérisée par les facilités qu'elle donne à la marche des opérations ; toutes entraves introduites avec intentions, ou par négligence, ne peuvent être que préjudiciables à la confiance et à l'activité des services publics qui en dépendent143. » L'astronome redessine le système d'échange idéal qu'il conviendrait d'élaborer, entre l'établissement savant et l'administration municipale. Dans ses propos, on retrouve en filigrane le modèle d'une science aristocratique détachée de toute autorité bureaucratique.
- 144 AMT, 2D 173, Registre des correspondances du maire (1830-1832), Lettre n° 1196 du Maire Joseph Vig (...)
- 145 Ibid., Lettre n° 10 du maire Joseph Viguerie à Alphonse Desplas, 5 janvier 1832.
95La liberté que s'accorde Desplas au regard des convenances hiérarchiques ne peut cependant s'apparenter à l'exercice effectif du pouvoir dans sa dimension coercitive. Le maire, en revanche, dispose de multiples moyens de pression et il ne se prive pas de les employer. Le 1er septembre 1831, alors que Desplas persiste dans son refus d'accueillir la commission chargée de l'inventaire des instruments de l'observatoire, l'édile Joseph Viguerie admoneste le directeur et précise qu'il se voit « forcé avec peine, de requérir l'autorité de Monsieur le juge de Paix144 ». Quatre mois plus tard, le Maire réitère sa menace et demande à Desplas de se plier aux décisions du conseil municipal : « vous m'éviterez par là le désagrément de vous contraindre par tous les moyens que la loi met à notre disposition145 », lui écrit-il.
- 146 AMT, Bx 35, Registre des délibérations du bureau d'administration de l'École Spéciale communale de (...)
- 147 AMT, 1D 39, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1824-1827), séance du 14 juin 1830, f (...)
- 148 AMT, 1R 288, Lettre du maire Joseph Viguerie à Alphonse Desplas, 5 janvier 1831.
96La rétribution des directeurs constitue le levier principal de répression que possède l'administration municipale pour se faire obéir. Déjà en 1807, devant le refus de Vidal d'ouvrir un enseignement d'astronomie, le bureau de l'École Spéciale décide que son traitement « sera suspendu jusqu'à ce qu'il ait ouvert son cours dans le lieu qui lui a été désigné146 ». Dans sa séance du 14 juin 1830, le conseil municipal prend acte de l'insolence affichée de Desplas et refuse de « voter un traitement qui ne serait qu'une véritable sine cure147 ». Cette suppression des subsides est bientôt suivie de la « révocation148 » de Desplas.
97Les relations de pouvoir qui se nouent à Toulouse dans la première moitié du xixe siècle, entre les directeurs de l'observatoire et les différentes structures politiques tendent à assujettir les astronomes par la production d'un discours policé et l'exemplarité du comportement. Les résistances et les refus ménagent des espaces de liberté et d'expression aux observateurs toulousains, qui ne peuvent toutefois s'exposer sans danger à la puissance coercitive du pouvoir.
98Les autorités politiques et administratives déploient, dans la première partie du xixe siècle, un arsenal de mesures et de réglementations qui dessinent un horizon panoptique pour les activités savantes. Ce sourd désir de contrôle des pratiques astronomiques ne trouve qu'une imparfaite traduction concrète. Si l'établissement scientifique s'insère bien dans une trame administrative de plus en plus dense, il échappe largement aux dispositifs de surveillance qui sont mis en place, de la Révolution à l'avènement de la IIIe République, par les instances locales et nationales. Une certaine impuissance dans l'exercice de l'autorité politique limite les ambitions des pouvoirs publics.
99Parallèlement à ces transformations inabouties, l'observatoire lui-même subit à cette époque un changement radical. L'antique bâtiment de la rue des Fleurs, après avoir été protégé comme une relique d'un siècle glorieux est abandonné pour faire place à un établissement élevé sur une colline surplombant Toulouse.
Du mythe à la refondation
100L'espace d'observation toulousain, tel qu'il émerge au début du xixe siècle, est considérablement rétréci et se limite, après la disparition de Bonrepos en 1791 et de Darquier en 1802, au bâtiment conçu au-dessus de sa maison par François Garipuy.
101Ce lieu d'une intense pratique astronomique au xviiie siècle se nimbe peu à peu d'une aura mythique et se vitrifie dans le souvenir d'un passé glorieux. Jusqu'à l'arrivée de Frédéric Petit, l'observatoire de Toulouse reste immergé dans son histoire qu'édiles et savants mobilisent sans cesse.
102En 1838 cependant, les efforts souterrains d'Arago pour imposer son élève se doublent d'une entreprise de dénigrement d'une mémoire astronomique jusqu'ici encensée. Ce revirement soudain contraint la municipalité à envisager la construction d'un nouveau lieu consacré à la science des astres.
103La conception de cet observatoire, érigé sur la colline de Jolimont, à l'écart du centre urbain, révèle des tensions profondes entre exigences scientifiques et contraintes architecturales. Des plans à l'érection du bâtiment savant, Frédéric Petit et François Arago imposent au maître d'œuvre Urbain Vitry leurs points de vue et leurs exigences.
La construction d'un mythe
- 149 Daniel Hermant, « Le vandalisme révolutionnaire », Annales E.S.C., juillet-août 1978, p. 703-719.
- 150 Michel Vovelle, La mentalité révolutionnaire. Société et mentalités sous la Révolution française, (...)
- 151 Françoise Choay, L'Allégorie du patrimoine, Paris : le Seuil, 1992, la couleur des idées, p. 83. l (...)
- 152 Jean-Yves Andrieux, Patrimoine et Histoire, Paris : Belin, 1997, p. 49.
104La maison de Garipuy et l'espace astronomique construit à son sommet échappent à la destruction, au vandalisme du fracas révolutionnaire149 et à la politique de « la table rase », née de cet irrépressible désir « de changer le monde, de fond en comble150 ». Les travaux de Françoise Choay montrent que si la Révolution française reste marquée par des démantèlements architecturaux brutaux, elle n'en demeure pas moins la matrice d'un esprit de conservation151. L'archéologue Louis-Aubin Milli « attire l'attention de l'Assemblée constituante sur les "monuments historiques" dont il invente du même coup l'expression152 ».
- 153 Edouard Pommier, « Naissance des musées de province », in Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire (...)
105Édouard Pommier souligne en particulier que Toulouse est une ville attachée « à préserver la mémoire de la ville153 ». L'observatoire n'est toutefois pas à l'abri de la réorganisation générale des institutions savantes héritées de l'ancien régime.
- 154 AMT, 2R 3, Décret de la Convention Nationale, 8 août 1793.
- 155 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre de l'administration municipale de Toulouse aux administrateurs dépar (...)
- 156 ADHG, 2O Toulouse, 110, Extrait des registres des arrêtés de l'administration municipale de Toulou (...)
- 157 ADHG, 2O Toulouse, Lettre du ministre des Finances aux administrateurs du département de la Haute- (...)
- 158 ADHG, 1L 1021, Lettre du jury d'instruction de l'École Centrale du département de la Haute-Garonne (...)
106Le décret de la convention nationale du 8 août 1793 supprime les académies mais maintient « les jardins botaniques & autres, les cabinets, museums, bibliothèques & autres monuments des sciences & des arts154 ». Malgré cette protection, l'observatoire est « compris dans le Tableau des Biens nationaux à vendre155 » en 1796. La ville de Toulouse s'oppose immédiatement à cette cession et assure que l'établissement doit être retiré de « l'État des biens à soumissionner156 ». Le Bureau des Longitudes s'inquiète, dans le même temps, de ce projet de vente. Le ministre des Finances rédige une mise en garde pressante. Il recommande à l'administrateur du département de la Haute-Garonne le 1er août 1796, de ne pas donner suite aux propositions d'achat de l'observatoire157. Quelques semaines plus tard, le jury d'instruction de l'École Centrale de Toulouse rappelle que « la conservation de l'observatoire de Garipuy » a été « ordonnée par le Directoire exécutif »158.
107Dès lors, la ville, comme les autorités parisiennes, ne cessent de veiller à la protection de l'établissement astronomique de la cité garonnaise. Le choix du vocabulaire employé sous l'Empire dans les différents échanges épistolaires trahit cette volonté sans cesse réitérée de sauvegarder le bâtiment, et témoigne de ce puissant désir de préservation.
- 159 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre de l'architecte P. Virebent au maire de Toulouse Joseph Malaret, 26 (...)
- 160 Ibid., Lettre du secrétaire de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de T (...)
- 161 ADHG, 5T 6, Lettre de Jacques Vidal au Préfet de la Haute-Garonne, 3 prairial an XII (23 mai 1806)
- 162 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre du Préfet de la Haute-Garonne au maire de Toulouse, 17 novembre 1810
108L'architecte de la ville, Virebent, désigne en 1813 l'observatoire de Toulouse par l'expression « Monument astronomique159 ». En 1826, le secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences de la cité garonnaise informe le préfet des multiples dégradations qui affectent la maison de Garipuy et insiste sur « la ruine dont [est] menacée le plus beau monument scientifique160 » de la ville. Jacques Vidal, directeur de l'observatoire, loue la « sollicitude conservatrice161 » de la municipalité dès 1804. Le Préfet de la Haute-Garonne prend, en 1810, la mesure des améliorations à apporter « pour garantir la conservation de ce Beau et utile monument162 ». Les différentes administrations concernées puisent dans le registre sémantique de la protection et de la sauvegarde pour évoquer le bâtiment astronomique.
- 163 Ibid., Lettre de l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à Jérôme Hadancourt, 15 nivôse an XV
109Dans la période qui court de la Révolution à 1838, la définition même des missions du directeur de l'observatoire est imprégnée de cette thématique conservatrice. L'ingénieur des Ponts et Chaussées, chargé en 1797 de vérifier l'état de la maison de François Garipuy, souligne qu'Hadancourt, alors à la tête de l'établissement, a bien été nommé comme « professeur d'astronomie et conservateur de l'observatoire163 ».
110La protection de ce bâtiment, l'attention qu'on lui porte, trouvent leur justification dans un nécessaire maintien de la notoriété savante, acquise au siècle des Lumières.
111Pour l'Académie des sciences de Toulouse, conserver l'observatoire de Garipuy, c'est également conserver pour la cité garonnaise son statut de pôle astronomique majeur sur le territoire.
- 164 ADHG, 1L 1021-22-23, Lettre de Jacques Vidal à l'École Centrale de la Haute-Garonne, s.d. [1799-18 (...)
- 165 AMT, 2R 5, Procès verbaux des séances de la Société Académique connue sous le nom de Lycée et d'At (...)
112Les astronomes qui dirigent l'observatoire de 1793 à 1838 alimentent eux aussi cette idée d'un âge d'or passé, d'un lustre ancien dont il convient de maintenir l'éclat. Ils puisent donc fréquemment dans l'histoire de la science astronomique à Toulouse et construisent des fresques prestigieuses pour illustrer leurs propos. Dans un rapport adressé en 1800 à l'École Centrale, Jacques Vidal rappelle que « l'astronomie [était] cultivée à Toulouse dès 1732 par le citoyen Garipuy et de 1748 jusqu'à [1802] par le citoyen Darquier qui a publié six suites d'observations ». Le directeur soutient que l'observatoire était, grâce aux efforts déployés par ces glorieux prédécesseurs, « la source et le fondement des connaissances les plus certaines164 ». La Société des sciences, qui, sous l'Empire, succède un temps à l'Académie, prévient Jacques Vidal que ses travaux seront examinés à l'aune des données amassées au siècle des Lumières. « Les nombreux mémoires des Citoyens Garipuy et Arquier répandus dans les ouvrages de l'Académie des Sciences de Toulouse serviront [...] à établir des points entre les anciennes et les nouvelles découvertes165 », prévient la Compagnie savante en 1799. Les recherches menées par les deux principaux astronomes du siècle précédent constituent des repères essentiels pour le nouveau directeur. La qualité des travaux antérieurs, la notoriété qu'en a tiré la ville de Toulouse, doivent inciter au zèle et à l'assiduité.
- 166 AMT, 1M 6, Lettre d'Alphonse Desplas au maire de Toulouse, le comte de Montbel, mai 1828.
113Le passé sert d'horizon aux savants de la cité garonnaise du début du xixe siècle. Alphonse Desplas dans le compte rendu de ses travaux, qu'il fait parvenir en 1828 au premier magistrat de la ville, le comte de Montbel, cite le « grand recueil d'observations » édité par Darquier en 1777, loue le « bel observatoire » de Garipuy et rend hommage aux recherches de Bonrepos. Il tente ensuite de se situer relativement à cette glorieuse constellation d'observateurs toulousains en espérant rendre à l'astronomie « sa première célébrité166 ».
- 167 ADHG, 55T 10, Lettre de Jean Sorlin au Préfet de la Haute-Garonne, 19 juillet 1822.
114C'est un véritable culte à l'histoire savante de la ville qui est régulièrement célébré. Lors du recrutement pour la fonction de directeur en 1822, Jean Sorlin se porte candidat. Ce « docteur ès sciences et Professeur de Sciences Physiques au Collège Royal de Tournon », rédige une lettre au préfet de la Haute-Garonne pour faire valoir ses titres et indiquer ses motivations. Il assure que « l'observatoire de Toulouse a besoin d'un Astronome [.] capable de soutenir et maintenir sa réputation si justement établie par les travaux de Garipuy, Darquier, &c.167 ».
- 168 P.-É. Brassine, « Notice sur M. Vauthier », art. cité, p. 269.
115De la même manière, Philippe-Émile Brassine, retraçant la vie de Jean Vauthier, assure que l'autorité municipale lui a confié « les fonctions de Directeur de l'Observatoire, illustré par [...] Darquier168 ». La fascination pour cette période induit ici une confusion, car Darquier a finalement peu observé à la maison de Garipuy, préférant établir chez lui son propre espace de recherche. Dans cette reconstruction historique permanente de l'astronomie toulousaine l'important n'est pas l'exactitude des faits rapportés, mais le prestige des noms cités et l'ombre portée de leur souvenir encore vivace.
116Les directeurs de l'observatoire qui se succèdent jusqu'à l'arrivée de Frédéric Petit, ne sont pas les seuls à mobiliser les heures glorieuses d'une activité savante foisonnante au siècle des Lumières.
- 169 ADHG, 5T 9, Lettre de Jacques-Pascal Virebent au maire de Toulouse Joseph Malaret, 26 octobre 1813
117Les cercles politiques locaux, dans lesquels s'insère l'établissement savant de la cité garonnaise, se réfèrent eux aussi à ce passé brillant, à cet âge d'or d'une astronomie florissante. La municipalité, en particulier, s'intéresse à l'histoire de l'observatoire. En 1813 elle demande à l'architecte de la ville, Jacques-Pascal Virebent, de lui fournir « une notice sur l'origine de l'Établissement de l'Observatoire169 ».
118Cependant, la rhétorique qu'emploient les édiles pour mobiliser cette mémoire savante diffère sensiblement de celle dont usent les différents directeurs. La ville rend certes hommage aux recherches de Garipuy et Darquier, mais elle insiste surtout sur les mérites du premier dont elle gère désormais l'observatoire. Le conseil municipal en 1809, souligne « les Talens et les vertus qui ont illustré [la] carrière » de Garipuy. Sa seule évocation est plus importante que les recherches qui peuvent encore être menées dans son espace d'observation.
- 170 AMT, 1D 33, Registre des délibérations du Conseil Municipal (an XI-1806), séance du 2 prairial an (...)
119Descouloubre, membre de la commission municipale, chargé en 1806 d'examiner l'utilité d'un établissement astronomique à Toulouse, reconnaît que si la ville tient à ce lieu « c'est peut-être [davantage] en reconnaissance des services qu'à rendus l'homme estimable à qui [elle] le [doit] que pour l'intérêt qu'il offre à [ses] administrés170 ».
- 171 ADHG, 2O Toulouse 110, Extrait des registres du bureau d'administration de l'École Spéciale des sc (...)
- 172 AMT, 1D 35, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1809-1812), séance du 8 juillet 1809, (...)
120La municipalité s'approprie peu à peu le nom de Garipuy et l'intègre à la mémoire de la cité. Les deux filles de l'astronome, qui ont pris le voile avant la Révolution, se trouvent sans ressources lorsque les différentes congrégations ont été supprimées. Elles avaient accepté avec leur mère en 1782 de céder leur part d'héritage afin que la province du Languedoc devienne propriétaire de l'ensemble de la maison et cède l'observatoire à l'Académie. Dépourvues de subsides en 1809, elles s'adressent à la ville pour réintégrer le logement de leur père défunt. Le bureau de l'École Spéciale examine cette demande au nom de la municipalité. Garipuy est présenté comme un « savant aussi recommandable par ses connaissances que pour son amour pour le bien public ». Les fonctions capitulaires que l'astronome a occupées à partir de 1765 permettent à la ville de célébrer Garipuy à la fois comme observateur et comme édile. Les membres de l'École Spéciale, qui statuent sur la requête des sœurs Garipuy, signalent que « la reconnaissance [est] une dette sacrée que les villes comme les gouvernements contractent envers les descendants des hommes illustres qui rendirent des services importants à la patrie171 ». Nourrie du prestige de l'astronome, favorisée par son action politique, la cité s'approprie le souvenir de Garipuy dans un élan apologétique. Le conseil municipal accède finalement à la sollicitation des filles de l'astronome et leur cède une partie du bâtiment de l'observatoire. Les édiles concluent leur délibération en soulignant que Garipuy est « un citoyen dont la Mémoire sera toujours chère aux habitants de la ville de Toulouse172 ».
121L'astronome appartient à l'histoire de la cité et le conseil municipal ne manque pas de rendre hommage à un savant dont il retire une part de la notoriété. En s'attachant à vitrifier la mémoire de Garipuy, la ville personnifie d'avantage encore le mythe qu'elle construit. L'observateur et le lieu dans lequel il a travaillé sont intimement liés par le jeu d'une valorisation patrimoniale et d'une appropriation collective.
122Les directeurs d'observatoire et les membres de l'administration communale contribuent chacun à leur manière au façonnement d'une image parfaite du passé astronomique toulousain. Celui-ci quitte le champ discursif pour s'inscrire matériellement dans l'établissement.
- 173 ADHG, 1L 1021-31, Objets qui meublent l'observatoire national de Toulouse, 16 pluviôse an II (5 fé (...)
- 174 AMT, 2D 176, Registre des correspondances du maire (1834-1836), Lettre n° 179 du Maire à Jean Vaut (...)
- 175 AMT, 1D 45, Registre des délibérations du conseil municipal (1835-1837), séance du 19 novembre 183 (...)
123L'inventaire des « objets qui meublent l'observatoire » dressé en 1794, indique qu'« un tableau ovale [...] où est peint sur toile le portrait du citoyen Garipuy173 » orne les murs du bâtiment. Le 10 février 1836, le « portrait de M. Darquier » est retiré « des magasins du musée » de la ville « pour être placé dans une des salles de l'observatoire174 ». Quelques semaines plus tard, le conseiller municipal Arzac propose « de placer au-dessous de l'observatoire [.] une inscription qui puisse rappeler à [ses] concitoyens et aux Étrangers le nom et les services de M. Garipuy fondateur de ce monument scientifique175 ».
124Enfermé dans son histoire, l'observatoire devient peu à peu un temple sanctuarisé, peuplé de fantômes iconiques et de spectres dont on vénère le souvenir. L'ensemble architectural est, lui, gelé, maintenu coûte que coûte dans son état primitif. Les édiles et les astronomes du début du xixe siècle, soucieux de préserver le prestige de l'établissement astronomique, veillent à sa complète préservation.
125Pendant la Révolution et avant que les Académies ne soient supprimées, l'observatoire de la cité garonnaise est déserté par les astronomes.
- 176 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre du chef de la troisième division du Ministère de l'Intérieur (bureau (...)
- 177 ADHG, 2O Toulouse 110, Nouvel état estimatif des constructions et des changements projetés pour l' (...)
126Sous l'Empire et jusqu'à l'arrivée de Frédéric Petit en 1838, la Compagnie savante, qui reprend vie en 1807, et la ville, vont tenter de conserver l'aspect de l'observatoire et sa structure architecturale. Ils ne peuvent cependant éviter quelques modifications. En 1815, d'Aubuisson, qui est alors directeur de l'établissement astronomique demande à ce que la partie supérieure du bâtiment soit transformée afin « de rendre le comble tournant176 ». Le ministère de l'Intérieur soutient ce projet et la ville exécute les changements désirés. L'ancien dôme est supprimé et l'on érige à sa place « une nouvelle coupole en forme de cône ou de demi-sphère, dont la partie supérieure [est] tournante177 ».
- 178 AMT, 1D 39, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1824-1827), séance du 25 juin 1829, f (...)
127Dix ans plus tard le conseil municipal constate que si Garipuy avait conçu « une coupole aussi agréable que commode on y a substitué un cône tournant que tout le monde désapprouve178 ». Desplas qui vient de prendre ses fonctions à la tête de l'observatoire confirme l'avis des édiles. Il assure que « le toit tournant qui termine l'Observatoire était destiné à recevoir un Équatorial pour la recherche des Comètes ». L'astronome soutient que l'initiateur de ce projet, d'Aubuisson, « avait sacrifié au bien de la science la stabilité et la forme élégante auxquelles s'était particulièrement attaché M. de Garipuy fondateur de l'établissement ». Surtout Desplas révèle que « le public se sentit vivement privé en voyant enlever du faite de cet édifice le Dôme entouré d'une ballustrade qui fesait son plus bel ornement ».
- 179 AMT, 1M 6, Lettre d'Alphonse Desplas au Maire de Toulouse, le Comte d'Hargenvilliers, 30 juillet 1 (...)
128La réquisition de l'opinion publique dans ce débat passionné souligne le statut mythique dont jouissent Garipuy et son lieu de recherche dans l'identité de la cité. Pour justifier un possible retour en arrière et décider le conseil municipal à supprimer la coupole de d'Aubuisson, Desplas suggère que l'on redonne au faîte de l'observatoire « une forme régulière au public179 ».
- 180 ADHG, 2O Toulouse 110, Extrait du procès-verbal de la séance extraordinaire de l'Académie Royale d (...)
129Une commission de l'Académie des sciences de Toulouse rédige un long rapport dans lequel elle regrette l'installation du toit tournant et milite pour « remettre l'observatoire exactement tel qu'il avait été bâti par M. de Garipuy aussi savant astronome qu'habile ingénieur ». Matrice d'une pratique astronomique unanimement reconnue au siècle des Lumières, l'espace d'observation construit par le directeur des travaux de la province du Languedoc reste un lieu que la Compagnie toulousaine souhaite immuable et fidèle à l'esprit de son concepteur. Le rapport de la commission brosse un tableau idéal de l'observatoire sous l'Ancien Régime : « la salle d'observations, placée sous [l]e dôme était presque un objet d'admiration pour les étrangers », écrivent les membres de l'Académie. « La maison entière avait été bâtie et disposée de manière à supporter ces belles sommités180 », concluent-ils.
- 181 AMT, 2D 170, Registre des correspondances du maire (1826-1828), Lettre du Maire, le Comte de Montb (...)
- 182 AMT, 1M 6, Lettre d'Alphonse Desplas au maire de Toulouse, le Comte d'Hargenvilliers, 30 juillet 1 (...)
130La municipalité décide, à la lecture de ce rapport, de « rendre à l'observatoire sa forme et ses dispositions Primitives181 ». Les travaux à peine entrepris pour rétablir le dôme « sur le même plan que l'avait construit M. de Garipuy », Desplas décrit une euphorie complète. « Une approbation générale a éclaté, écrit-il au Maire, cet hommage était dû à sa mémoire ». Le directeur de l'observatoire se félicite « de pouvoir rendre à la science un établissement utile à l'instruction et de remplir en même temps envers son fondateur un devoir que commandait la reconnaissance182 ».
- 183 ADHG, 2O Toulouse, Observatoire national de Toulouse, s.d. [1828].
131La restitution de l'espace astronomique de Garipuy est aussi précise que pointilleuse. La ville tient absolument à ce que « la représentation du ciel étoilé dans l'intérieur de la coupole183 » soit établie scrupuleusement rétablie.
- 184 Maurice Halbwachs, La topographie légendaire des évangiles en terre sainte. Étude de mémoire colle (...)
132La municipalité, les astronomes, mais aussi l'opinion toulousaine entreprennent une véritable archéologie de l'observatoire qui doit lui rendre sa pureté originelle. À l'image de La topographie légendaire des évangiles en terre sainte décrite par Maurice Halbwachs, la restitution de l'espace d'observation toulousain à ses formes initiales révèle l'émergence d'une « mémoire collective184 », cherchant dans ses origines une hypothétique gloire disparue. La construction de ce mythe repose en effet sur les difficultés que connaît la pratique astronomique dans la cité garonnaise au début du xixe siècle. La disparition des premiers observateurs, le foisonnement des structures administratives locales ou nationales dont dépend l'établissement, et l'assujettissement des savants aux forces politiques, déstabilisent le paysage astronomique toulousain, marqué par un très grand équilibre au siècle des Lumières.
- 185 Roland Barthes, Mythologies, Paris : Le Seuil, 1970, p. 230-231.
- 186 Ibid., p. 231.
133Cet observatoire mythique est nimbé « d'une clarté qui n'est pas celle de l'explication, mais celle du constat185 ». Pour construire cette image idéale d'un lieu parfait, les acteurs scientifiques et politiques ont recours à ce que Roland Barthes appelait des « allants de soi186 ». Ils utilisent principalement deux séquences argumentatives qui s'imposent comme des évidences et ne sont jamais remises en question.
- 187 ADHG, 1L 1021-20, Rapport du jury d'instruction de l'École Centrale, 24 floréal an VIII (15 mai 18 (...)
- 188 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre de Vidal à M. Descoulombre, vice président du Conseil de l'École de (...)
- 189 AMT, 1D 49, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1830-1833), séance du 29 janvier 1833 (...)
134La première concerne le climat toulousain. Le jury d'instruction de l'École Centrale qui doit trouver un successeur à Hadancourt en 1800, vante « la pureté de l'atmosphère187 » de la cité garonnaise pour justifier son obstination à recruter un directeur. Les astronomes comme les édiles célèbrent inlassablement la qualité du climat local. Vidal en 1804 soutient que l'établissement qu'il dirige est « placé sous un ciel singulièrement favorable aux observations astronomiques188 ». Le conseil municipal répète que l'espace d'observation est précieux car il est situé sous « un ciel pur189 ».
- 190 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre de Vidal à M. Descoulombre, vice président du Conseil de l'École de (...)
- 191 AMT, 1D 49, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1830-1833), séance du 29 janvier 1833 (...)
135Le second argument, lui aussi régulièrement mobilisé, porte sur la position géographique avantageuse de l'observatoire. Vidal remarque, dès son entrée en fonction, l'exceptionnelle situation de l'établissement astronomique de la cité garonnaise « dans une contrée méridionale190 », ce qui permet de faire des observations inaccessibles à Paris. Les édiles renchérissent en constatant que « la situation dans le midi de la France191 » est un avantage par rapport aux zones septentrionales.
136La construction d'un observatoire mythique au début du xixe siècle, repose donc sur une réappropriation collective du passé et se nourrit « d'allants de soi », scandés comme des antiennes. Pétrifié dans son histoire, le monument astronomique de Garipuy est considéré dans cette difficile époque de transition, comme un repère inaltérable, garant d'une notoriété savante précédemment acquise.
137L'arrivée de Frédéric Petit et l'intervention souterraine d'Arago détruisent rapidement ce mythe et imposent pour les acteurs locaux une nouvelle conception de l'espace astronomique toulousain.
Les astronomes, la ville et l'architecte
138La venue à Toulouse, en 1838, de Frédéric Petit, élève et protégé de François Arago modifie totalement les ambitions de la ville quant à l'astronomie. Le mythe jusqu'ici entretenu d'un observatoire dont l'importance repose sur un passé glorieux vole en éclats rapidement.
- 192 AMT, 7Z 233, Copie d'une lettre de Frédéric Petit à Alexis Bouvard, 29 août 1838.
- 193 Frédéric Petit, « Introduction », Annales de l'Observatoire de Toulouse, T. I, 1862, p. 3.
139Nommé en juillet 1838 dans la cité garonnaise, Petit fait parvenir quelques semaines plus tard à Alexis Bouvard, alors astronome à l'observatoire de Paris, une missive sans ambiguïté sur l'état du bâtiment qu'il vient d'investir. « Tout y a été fait au Rebours du Bon sens », explique-t-il à son correspondant. Le cœur même de la maison de Garipuy est certes un « Beau salon », mais le toit « est fixé et ne permet pas d'apercevoir les astres dont la hauteur à l'horizon dépasse 45° ou 50° ». Petit n'est guère plus enthousiasmé par la terrasse « sur laquelle on pourrait à la rigueur placer un instrument, mais [elle] est très étroite, un peu inclinée et n'est entourée ni de grilles, ni de murs, de sorte que la moindre inattention de l'observateur pourrait fort bien le faire descendre lui et sa lunette d'un mouvement accéléré ». L'astronome toulousain réclame donc « des réparations192 » pour pouvoir commencer ses travaux. À la fin de sa vie, Petit revient sur la découverte d'un observatoire « aux murs dilatés tout à fait irrégulièrement par le Soleil ou mis en vibration par le mouvement des voitures ». Les défauts architecturaux du bâtiment sont incompatibles « avec les exigences actuelles de l'astronomie193 », plaide-t-il.
- 194 Ibid., p. 4.
140Le nouveau directeur rompt avec la déférence emphatique dont ses prédécesseurs faisaient montre à l'endroit des premiers observateurs de la cité garonnaise. Frédéric Petit assure qu'en érigeant sa maison, « Garipuy avait moins eu pour objet de bâtir un établissement fondamental que de se créer une occasion de délassement, un but de diversion aux fatigues de sa vie officielle ». Cette condescendance à l'égard de Garipuy se double d'une certaine indulgence, car, précise le nouveau directeur, « on ne pourrait [.], sans injustice, reprocher à son œuvre des défauts inévitables dans l'emplacement où elle avait été fondée194 ». Darquier est également convoqué pour justifier cette sévère critique du lieu d'observation construit par Garipuy. Petit écrit au maire de Toulouse Armand Perpessac, en 1839, que « M. Darquier [...] a toujours blâmé la disposition actuelle de l'Observatoire et n'a cessé de le déclarer incompatible avec les Exigences de l'astronomie, même celles qu'on faisait il y a soixante ans ».
- 195 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse Armand Perpessac, 13 mai 1839.
141Cette remise en cause de l'héritage mythifié permet à l'astronome de la cité garonnaise d'engager un processus de rupture radicale et de changement complet d'espace d'observation. Frédéric Petit propose en 1839 à Perpessac « la translation » de l'établissement astronomique. Il assure, dans une rhétorique volontairement dramatique, que si le conseil municipal ne le suivait pas dans cette voie, « il vaudrait mieux anéantir complètement l'observatoire que de conserver par pure forme [...] une sinécure onéreuse et sans honneur pour la ville195 ».
- 196 AMT, 1D 45, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1838-1840), séance du 13 mai 1839, f° (...)
- 197 Ibid., f° 112.
- 198 F. Petit, « Introduction », art. cité, p. 4.
142L'argumentaire que développe Frédéric Petit joue assez classiquement sur l'orgueil de la ville et de ses édiles. Le général Cassagne propose le 13 mai 1839, au sein de l'assemblée communale, qu'une commission s'interroge sur l'opportunité « d'un projet entier qui consisterait a élever un nouvel observatoire196 ». Mais la séance est houleuse, et plusieurs conseillers manifestent leur désapprobation. L'un d'eux « n'admet pas [.] l'impossibilité prétendue de construire dans l'Enceinte de L'observatoire » de nouveaux aménagements, « les murs de la ville offrant, selon lui, un point d'appui solide pour les nouvelles constructions ». Le Conseil décide de suspendre toute décision et de « s'éclairer du témoignage des Savants et des astronomes197 ». Frédéric Petit suppose que ces réticences sont formulées « par un louable souvenir de reconnaissance pour la mémoire de Garipuy198 ».
- 199 AMT, 2D 169, Registre des correspondances du Maire (1838-1839), Lettre n° 1214 du Maire Armand Per (...)
143La municipalité qui a déjà fait appel à François Arago pour la nomination du directeur s'adresse à nouveau à l'astronome parisien pour « lui demander son avis sur l'opportunité d'établir un nouvel observatoire199 ».
- 200 AMT, 1D 44, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1837-1838), séance du 16 septembre 18 (...)
- 201 AMT, 4D 95, Lettre de François Arago au Maire de Toulouse Armand Perpessac, 10 août 1839 (le timbr (...)
144François Arago rédige finalement une missive à l'attention des édiles, le 10 août 1839. Elle est lue en séance de l'assemblée municipale le 16 septembre 18 3 9200. L'astronome parisien ne manque pas de rappeler son attachement à la cité garonnaise : « Je n'ai pas oublié que j'étais embrigadé à l'École Polytechnique parmi les élèves Toulousains », confie-t-il. Arago propose un projet ambitieux : « la ville savante du midi a grandement raison de vouloir posséder un véritable observatoire201 » assure l'astronome.
- 202 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au maire de Toulouse Armand Perpessac, 10 août 1839.
- 203 AMT, 4D 95, Lettre de François Arago au maire de Toulouse Armand Perpessac, 10 août 1839.
- 204 Annuaire administratif et commercial du département de la Haute-Garonne pour l'année 1840, Toulous (...)
- 205 Annuaire administratif, judiciaire et commercial du département de la Haute-Garonne pour l'année 1 (...)
145Petit ne souhaite pas que les plans du nouvel observatoire se fassent sans son avis ni celui d'Arago. Les deux observateurs tentent peu à peu de prendre l'ascendant sur les édiles et parviennent à infléchir leurs positions. Non contents d'avoir poussé à l'abandon de la maison de Garipuy, ils tiennent désormais à s'impliquer activement dans l'érection du bâtiment. Frédéric Petit demande au maire, Armand Perpessac, de « nommer [...] une commission chargée de rechercher avec [lui] l'emplacement le plus convenable202 » pour l'observatoire. François Arago précisait même dans sa lettre du 10 août 1839 qu'il serait « impardonnable » d'établir le monument astronomique « sur le penchant d'une colline. Un point culminant vaudrait beaucoup mieux, assurait-il, dût-on aller le chercher plus loin de Toulouse203 ». Le « plateau de Guillémery204 » initialement choisi est délaissé en raison d'importantes contraintes financières. Le « coteau des redoutes205 », à l'est de la cité garonnaise, est finalement désigné.
- 206 Yves Bruand, « Introduction », in Urbain Vitry à Toulouse. Catalogue de l'Exposition au Palais des (...)
- 207 M.-L. de Capella, op. cit., T. I, f° 189.
- 208 AMT, 4D 95, Lettre d'Urbain Vitry au maire de Toulouse, Arnaud Perpessac, 9 novembre 1839.
146La distribution des relations de pouvoir entre les savants et les édiles s'organise ensuite autour de l'architecte de la ville Urbain Vitry. Ce dernier, formé à l'École des Arts de Toulouse, a complété son parcours scolaire en « suivant de 1823 à 1825 les cours professés au Conservatoire des Arts et Métiers par le baron Charles Dupin ». Revenu dans la cité garonnaise il succède à « Pascal Virebent, comme architecte en chef de la ville206 ». Avant que la ville ne porte le projet de l'observatoire au concours, Vitry avait soumis au conseil municipal une série de dessins déjà approuvés par Petit207. Face aux inquiétudes d'Arago quant à l'opportunité d'un concours et alors que le plan dans lequel le directeur de l'observatoire toulousain est déjà impliqué s'ébauche rapidement, le maire renonce donc au prestigieux dessein d'une compétition architecturale. L'édile charge Urbain Vitry en 1839 de s'« entendre avec M. Petit à l'effet de Rédiger le projet d'un nouvel Observatoire208 ». L'astronome toulousain précise les termes de cette collaboration et définit le rôle de chacun dans cette vaste entreprise. Il met en garde le conseil municipal contre l'idée commune « que la construction de cet édifice ne présenterait pas plus de difficultés que celle de tout autre monument ». Petit assure que « la spécialité d'un tel établissement ne permet de donner un programme convenable, sans juger de la grandeur, de la position, et en quelque sorte de la composition la plus intime de toutes les parties de l'édifice, tous les plans devraient donc se ressembler et être une expression fidèle des idées de l'astronome qui les aurait inspirés ». La première ébauche du bâtiment a été imaginée « dans [s]es nombreuses conférences avec M. Vitry ». Frédéric Petit appuie son argumentaire sur de multiples échecs architecturaux, fruits d'un mépris des impératifs savants dans l'élaboration des observatoires. Le monument astronomique parisien construit au xviie siècle comporte, selon l'astronome toulousain « d'immenses défauts sous le rapport des applications à la science ». Cassini ne serait pas parvenu à limiter « l'influence de Perrault » plus soucieux de dégager un équilibre architectural qu'une cohérence fonctionnelle. Petit évoque également l'observatoire de Bruxelles érigé en 1827, dont le directeur « Mr. Quetelet, trop jeune alors pour avoir assez d'influence, essaya vainement d'arrêter l'exécution de ce projet », sans égards aux innombrables contraintes astronomiques. Enfin l'élève d'Arago cite l'exemple malheureux de l'espace d'observation bâti au Collège de France contre lequel « le Professeur, Mr. Binet, s'est vainement opposé ». Les astronomes relevèrent sa conception « bizarre » et lancèrent de « vives critiques » contre sa disposition. L'observatoire fut finalement démoli et reconstruit « sur un plan plus convenable ». Frédéric Petit tient à éviter ces erreurs de conception, et rappelle au maire de la ville que « toutes les fois qu'on a voulu livrer à un architecte le plan d'un observatoire, l'on n'a eu que de vicieuses constructions ».
- 209 Ibid., Lettre de Frédéric Petit au maire Armand Perpessac, 9 décembre 1839.
- 210 A. Gatien-Arnoult, « Éloge de M. Frédéric Petit », art. cité, p. 647.
- 211 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au maire Armand Perpessac, 9 décembre 1839.
- 212 Ibid., 28 juillet 1839.
147Les contraintes savantes élaborent un cahier des charges précis, le plan est « étudié ensuite sous toutes ses faces, dans tous ses rapports avec l'astronomie, modifié de mille et mille manières afin de satisfaire aux exigences si nombreuses et si variées de la science ». Urbain Vitry est relégué au second plan et Petit reconnaît que l'architecte « n'est en quelque sorte que le traducteur209 » des idées de l'observateur. Simple exécutant, il trace les lignes et les formes d'un agencement conçu par le savant. Adolphe Gatien-Arnoult, dans la notice biographique qu'il consacre à Frédéric Petit, souligne cette préséance de l'astronome et assure qu'il « eut la bonne fortune d'être secondé par le concours énergique d'un véritable architecte210 ». François Arago n'est pas absent de ces discussions autour du plan et il y « introduit quelques modifications nouvelles211 ». Il préfère en particulier que « tous les appartements fussent disposés au Rez-de-chaussée212 ». L'élaboration du plan de l'observatoire de Toulouse érigé sur le coteau des Redoutes est le fruit d'une réflexion menée par Frédéric Petit et son mentor parisien qui réussissent à convaincre le conseil municipal de la validité de leur projet et réduisent le rôle de l'architecte Urbain Vitry à celui d'un technicien du dessin.
- 213 AMT, 4D 95, Urbain Vitry, Devis descriptif, clauses et conditions de l'entreprise, construction de (...)
- 214 AMT, 4D 95, Achille Leclerc, Rapport fait au Conseil des Bâtiments Civils, 8 août 1840.
- 215 AMT, 4D 95, Extrait des registres des adjudications, 7 janvier 1841.
148Un devis descriptif est dressé le 13 février 1840213, la dépense estimée et prise en charge par la ville s'élève à 68 000 francs214 et les travaux sont confiés à l'entrepreneur Gilis215.
- 216 AMT, 4D 95, Rapport de Lambert et Faqué, 26 septembre 1840.
149Le Conseil des Bâtiments Civils agrée les plans, mais exige que le budget soit porté à 68 930 francs216.
- 217 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au maire de Toulouse Pierre Bories, 20 mai 1843.
150Bien que la construction soit en cours, Frédéric Petit ne cesse pour autant d'intervenir dans l'élaboration. Il écrit au Maire de Toulouse, Pierre Bories, le 20 mai 1843, une lettre empressée, pour porter à sa connaissance « quelques détails », qui lui paraissent « urgent de [lui] soumettre dans la crainte que les fonds alloués par le Conseil Municipal ne suffisent pas ». Le directeur de l'observatoire souligne que le projet initial n'incluait aucune dépense pour les trappes destinées à « recouvrir les ouvertures des lunettes ». Il assure qu'il serait indispensable d'en prévoir trois « au lieu de deux qui avaient été primitivement portées » au devis. Petit estime nécessaire « d'avoir trois instruments ». Outre les trappes, il convient donc de disposer « trois massifs » en « pierres de taille217 » pour les outils scientifiques, afin d'obvier aux oscillations.
- 218 AMT, 4D 95, Urbain Vitry, Rapport supplémentaire des travaux exécutés à l'observatoire, 27 mai 184 (...)
151Les interventions de l'astronome et les multiples exigences techniques dont il abreuve l'architecte suscitent quelques réticences de la part du conseil municipal. Les modifications demandées ne sont pas sans entraîner des frais additionnels : la nouvelle dépense s'élève à 17 500 francs218.
- 219 AMT, 1D 48, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1843-1844), séance du 22 avril 1843, (...)
- 220 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au maire Pierre Bories, 20 mai 1843.
- 221 AMT, 1D 48, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1843-1844), séance du 16 octobre 1843 (...)
152La séance du conseil municipal du 22 avril 1843 est agitée. Un membre s'insurge « qu'après avoir dépensé plus de 80 000 fr. lorsque d'après toutes les prévisions la dépense ne devait pas dépasser 60 000 fr., on demande un crédit nouveau aussi considérable ». L'édile fustige vigoureusement « les dépenses architecturales et de luxe que l'on se propose de faire219 » et auxquelles il s'oppose. De nombreux contempteurs se rallient à l'orateur déterminé et la discussion doit provisoirement être ajournée. Les débats reprennent le 16 octobre 1843 dans un climat apaisé. Frédéric Petit a, entre-temps, rédigé à l'intention du Conseil une missive explicative dans laquelle il se déclare « heureux » d'avoir toujours trouvé auprès des édiles, « tant de bienveillance pour l'observatoire220 ». La flagornerie calme les vives acrimonies et le crédit de 17 500 francs est finalement ouvert « pour l'achèvement du nouveau bâtiment de l'observatoire221 ».
- 222 Y. Bruand, « Introduction », art. cité, p. xi
- 223 AMT, 4D 95, Urbain Vitry, Devis descriptif, clauses et conditions de l'entreprise, construction de (...)
- 224 AMT, 4D 95, Requête du maire de Toulouse, Pierre Bories au Tribunal de première instance de Toulou (...)
- 225 AMT, 4D 95, Requête du Sieur Gilis auprès de l'huissier Pierre Garigue, huissier au Tribunal Civil (...)
- 226 AMT, 4D 95, Lettre d'Urbain Vitry au Maire Pierre Bories, 8 mai 1843.
- 227 M.-L. de Capella, op. cit., T. II, f° 40.
- 228 AMT 4D 95, État des dépenses de toute nature faites par la ville pour le nouvel observatoire, 27 n (...)
153Cependant cette construction de l'édifice astronomique connaît de nombreux retards et d'innombrables difficultés. L'architecte Urbain Vitry est victime d'une disgrâce à la suite du renversement de majorité à l'hôtel de ville en 1843, qui l'oblige à quitter ses fonctions222. Un nouveau maître d'œuvre, Bounal, poursuit l'édification de l'observatoire. L'entrepreneur Gilis est directement mis en cause dans la lenteur des travaux. L'article 19 du devis dressé en 1840 prévoyait que la construction devait être achevée « dans le délai de deux ans223 ». Or en 1843, l'établissement astronomique n'est toujours pas terminé et le maire de Toulouse, Pierre Bories, porte l'affaire devant le « tribunal de première instance224 » pour faire appliquer des pénalités financières. Gilis se défend et soutient que les travaux n'ont pu commencer le 7 janvier 1841 comme convenu, car à cette date « il était physiquement impossible de commencer les ouvrages sur un point inaccessible et entièrement dépourvu de chemins ». Les aménagements nécessaires à l'abord du coteau des Redoutes ont repoussé au mois de mai 1841 le début de l'ouvrage. Les difficultés d'accès obligent également Gilis à renoncer au transport en deux blocs des colonnes qui doivent soutenir l'entrée du bâtiment. Le découpage de ces masses de pierre en trois morceaux ainsi que les contraintes climatiques ont rendu impossible leur maniement jusqu'au sommet de la colline avant le printemps 1843. Gilis souligne en outre que le retard dans l'avancement des travaux est également imputable aux « changements et augmentations qu'a subies le plan primitif », aux hésitations « du pouvoir municipal », ainsi qu'à tous les « imprévus225 » auxquels il a dû faire face. L'architecte de la ville, consulté par les édiles, reconnaît la probité de l'entrepreneur et suggère qu'il lui soit accordé un délai supplémentaire « jusqu'au 15 novembre226 » 1843. Cependant l'observatoire n'est véritablement achevé qu'en 1844227. L'état des dépenses dressé en 1846 évalue à près de 120 000 francs228 la somme engagée par la ville pour l'édification de ce nouvel espace savant, soit pratiquement le double du budget prévu.
- 229 M.-L. de Capella, op. cit., T. II, f° 40.
154Le bâtiment est scindé en deux parties nettement distinctes mais reliées par un passage. La première réunit les appartements du directeur et l'ensemble des pièces d'habitation, alors que la seconde est dévolue à la pratique scientifique. La rupture entre ces deux blocs architecturaux contigus est rendue « visible de l'extérieur par l'utilisation d'un style différent229 » pour chacun.
- 230 M.-L. de Capella, « Observatoire de Toulouse. Projet de décoration pour le vestibule et salle de c (...)
- 231 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au maire Armand Perpessac, 28 juillet 1839.
- 232 Ibid.
- 233 M.-L. de Capella, op. cit., T. I, f 190.
- 234 Ibid., f° 191.
155Le logement s'étend sur deux étages et comprend des chambres, un cabinet de travail, une bibliothèque, une salle à manger, un salon de compagnie, ainsi qu'un vestibule monumental. Marie-Laure de Capella précise que la « décoration intérieure frappe par une grande sobriété traduisant toute la rigueur et un certain académisme qui se lient aux lieux d'études230 ». L'organisation de la partie destinée à l'observation est plus réduite et tient compte des contraintes instrumentales. Les soubassements aménagés sont en effet particulièrement importants. Petit a prévu « deux forts piliers en maçonnerie pour la lunette méridienne et un pilier pour le cercle mural231 ». L'astronome précise que ces piliers « devront être solidement établis sur des massifs construits en cailloux et en mortier franc232 ». L'ensemble est complété par « deux tourelles233 » dont l'une comporte un toit tournant. Le porche d'entrée est conçu sur un mode monumental avec les deux colonnes cannelées à chapiteau dorique, « soutenant un large entablement234 ».
- 235 M.-L. de Capella, « Observatoire, Coupe du bâtiment et élévation de la façade », in Cinq siècles d (...)
156Marie-Laure de Capella soutient que l'observatoire est « conforme à l'inspiration néoclassique235 » d'Urbain Vitry, et évoque ses autres réalisations dans la cité garonnaise, notamment l'École de médecine.
- 236 AMT, 1D 49, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1845-1846), séance du 6 août 1845, f (...)
157Sous la pression conjuguée de Petit et de son maître parisien qui ont assujetti l'architecte Vitry à leurs volontés, la ville de Toulouse abandonne l'ancien observatoire de François Garipuy et finance un établissement spécifiquement conçu pour l'astronomie. En quelques années le mythe qui nimbait l'observatoire hérité du xviiie siècle s'effondre. Le 6 août 1845, le conseil municipal reconnaît sans état d'âme que l'ancienne maison de Garipuy « cesse d'être nécessaire pour les expériences et les observations Astronomiques236 ». Ce bâtiment est donc vendu sans qu'aucune question sur la conservation de ce patrimoine savant vienne troubler la séance.
158Dans sa démarche, Frédéric Petit s'est appuyé sur l'autorité de François Arago pour imposer l'abandon du vieil établissement et la construction d'un nouvel observatoire. L'aura de l'astronome parisien infléchit les résistances toulousaines et la dynamique novatrice qu'il souhaite insuffler balaie les attachements historiques de la ville à la figure de Garipuy.
159L'arsenal technique connaît une évolution similaire qui rompt également avec le siècle précédent.
Régénération de l'équipement instrumental
160À l'image du bâtiment érigé par François Garipuy, les instruments qu'il renferme font l'objet d'une scrupuleuse veille patrimoniale de la part des autorités politiques, comme des directeurs qui en ont la charge.
161Jusqu'à l'arrivée de Frédéric Petit en 1838, une procédure de contrôle et de protection de l'arsenal technique est mise en place par la ville et le département. Cependant que dans le reste de la communauté astronomique française, l'héritage instrumental du siècle des Lumières est rapidement frappé d'obsolescence, la cité garonnaise conserve soigneusement, tel un inestimable trésor entreposé dans son temple d'Uranie, l'outillage rassemblé par Garipuy.
162Petit brise cette religion du souvenir qui n'a cependant pas empêché l'observatoire de Toulouse d'entrer dans une économie technique qui se structure, se développe et détermine les règles de circulation des instruments.
Du patrimoine sauvegardé à l'héritage dédaigné
163Le Conseil Général de la ville de Toulouse, réuni le 31 octobre 1792, s'interroge sur les instruments entreposés dans l'observatoire de Garipuy acquis par le Province en 1782 et cédé à l'Académie des sciences. Le Conseil en appelle donc au « Directoire du département » pour la conservation de cet arsenal. Les autorités locales restent attentives pendant la tourmente révolutionnaire. Si cette attention portée au capital technique ne se dément jamais jusqu'à la chute du Second Empire, elle est particulièrement vive dans le premier tiers du xixe siècle. Le souvenir d'un passé glorieux, que nous avons évoqué, pousse les édiles toulousains et les responsables du département de la Haute-Garonne à redoubler d'égards pour ces objets ayant appartenu à Garipuy.
- 237 AMT, 1D 40, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1827-1830), séance du 19 juin 1829, f (...)
164Les ressorts de cette conscience aiguë d'une histoire astronomique prestigieuse, sont activés pour les instruments, de la même manière que pour le bâtiment lui-même. Le conseil municipal rappelle ainsi en 1829 que les outils techniques « sont précieux » et qu'il est « important de veiller à leur conservation237 ». Le vocabulaire employé pour l'arsenal astronomique est le même que pour l'observatoire. Leur sort est d'ailleurs très souvent lié dans le discours des responsables administratifs et politiques.
- 238 AMT, 1D 40, Registre des délibérations du Conseil Municipal (an XI-1806), séance du 2 prairial an (...)
- 239 AMT, 1D 37, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1817-1821), séance du 22 juin 1818, f (...)
165Motivés par un puissant désir de protection, le département, puis la ville, mobilisent leurs ressources financières pour conserver intact le capital technique hérité du siècle précédent. L'absence de sources précises sur la période 1807-1813 ne nous permet pas d'analyser ces contributions de manière exhaustive. On peut cependant remarquer que de 1803 à 1805, le budget attribué à l'École Centrale prévoit une somme de 300 francs pour la conversation de l'arsenal technique238. Les comptes municipaux n'indiquent aucune dépense pour les outils scientifiques lors des sessions de 1814 à 1818. En revanche, dès 1819 le Conseil de la cité garonnaise attribue systématiquement un secours de 100 francs pour l'« entretien des instrumens de l'observatoire239 ». Le montant de ce subside est même porté à 200 francs à partir de 1836.
- 240 AMT, 1D 48, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1843-1844), séance du 16 décembre 184 (...)
166Jusqu'à l'arrivée de Frédéric Petit, l'ensemble instrumental de l'espace astronomique fait l'objet d'une protection rigoureuse de la part des autorités politiques. La venue de l'élève d'Arago modifie sensiblement cette approche budgétaire. Outre le traitement du directeur, une somme de 200 francs est toujours versée, mais l'intitulé du poste auquel elle est dédiée change totalement. Il ne s'agit plus seulement de l'« entretien des instruments », mais également des « achats de petits appareils, de registres, d'ouvrages d'astronomie, [de] frais de correspondance et [de] menues dépenses240 ». La conservation et la protection des instruments rassemblés à l'observatoire ne sont plus, après 1838, les seules préoccupations des édiles. La protection du capital technique est désormais intégrée dans un ensemble plus vaste de dépenses qui ne se rapportent pas uniquement à la préservation des outils scientifiques. Jusqu'en 1838, au contraire, les engagements budgétaires indiquent clairement une sensibilité aiguë à l'égard du patrimoine instrumental et à l'héritage qu'il représente.
167Les outils techniques de Garipuy constituent, dans les premières années du xixe siècle, des objets patrimoniaux précieux qu'il convient de maintenir en état à tout prix. L'opération d'inventaire des instruments qui précède l'intronisation du directeur de l'observatoire évolue peu à peu pour prendre une forme ritualisée et presque sacramentaire.
- 241 ADHG, 1L 1021-26, Procès verbal contenant levée des scellés dans la maison de l'observatoire et dé (...)
168Jérôme Hadacourt meurt en 1800 et ses héritiers s'adressent au Préfet pour « obtenir la décharge des instruments D'astronomie » remis au directeur lors de son entrée en fonction. Celui-ci requiert « Jacques Pradines, commissaire aux séquestres » et invite le « citoyen Chalvet » pour procéder « à la Reconnaissance [...] et au Recensement de l'inventaire des Instrumens D'astronomie ». Le Marquis de Chalvet, qui a observé avec Vidal et s'est initié avec lui à la pratique de l'astronomie, est ici convoqué à titre d'expert. Le recolement consiste à faire correspondre la liste des objets que Jérôme Hadancourt utilisait et ceux présents à l'observatoire. Le Commissaire Pradines assure qu'il a trouvé « le tout conforme », à l'exception d'un objectif de lunette achromatique dont Chalvet lui indique qu'elle manque « depuis longtemps241 ».
169Les formes de cette recension se stabilisent peu à peu. Impulsé par l'administration départementale qui veille sur l'observatoire jusqu'en 1808, l'inventaire des instruments est repris, dans la première partie du xixe siècle, par la municipalité à chaque changement de directeur. D'Aubuisson, Marqué-Victor, Vauthier et Desplas doivent se plier à ce rituel.
170L'opération est menée par un aréopage, constitué de représentants de la commune, d'un membre des forces de l'ordre et de savants toulousains.
- 242 AMT, 7D 42, Copie de l'inventaire des Effets et Instruments déposés à l'observatoire de Toulouse, (...)
171Le 16 août 1822, Marqué-Victor qui vient prendre ses fonctions à l'observatoire, retrouve pour l'inventaire des instruments « MM. De Marsac, Desessars et Cassaigne membres du Conseil Municipal242 », le frère du chevalier d'Aubuisson, Ingénieur des Mines à Toulouse et le Commissaire François Pecharman.
- 243 AMT, 2D 173, Registre de la correspondance du Maire (1830-1832), lettre n° 252 du maire Joseph Vig (...)
172En 1832, lors de la nomination de Boisgiraud à la tête de l'établissement astronomique, le maire de la cité garonnaise, Joseph Viguerie, convoque les conseillers municipaux, « Romiguiers, Roucoule [et] de Malaret », ainsi que l'architecte de la ville, Urbain Vitry, afin de « dresser l'inventaire243 » des instruments disposés à l'observatoire.
- 244 AMT, 7D 42, Procès verbal du Commissaire de Police Antoine Alexis Salvoige de la Cippière.
173Le premier magistrat de Toulouse choisit minutieusement les membres de cette commission. Requérant le frère de d'Aubuisson, membre de l'Académie des sciences de la cité garonnaise, Viguerie lui assure qu'il possède les qualités nécessaires pour cette recension : « à qui pourrais-je mieux m'adresser qu'à vous qui cultivez les Sciences et les Arts avec tant de succès244 ».
- 245 AMT, 1D 174, Registre de la correspondance du maire (1832-1833), lettre n° 797 du maire Joseph Vig (...)
174Lors du départ houleux de Desplas, révoqué pour insubordination, celui-ci tente de jeter l'opprobre sur les membres de la commission chargée de recenser les outils scientifiques dont il disposait pour ses travaux. Le maire a convoqué pour l'occasion les conseillers « de Malaret et Roucoule », l'opticien Bianchi et le Commissaire de police Salvoige de la Cippière. L'édile, Viguerie, indique à Deplas qu'il s'agit là de « personnes [...] recommandables »245, dont les qualités ne peuvent être remises en cause.
175Quelle que soit la configuration de cette commission, les trois représentants de la ville, de l'ordre et du monde scientifique, sont systématiquement présents et se portent garants de l'inventaire.
176La reconnaissance de chaque objet est elle-même ritualisée et permet au futur directeur de prendre la mesure des responsabilités qui lui incombent.
- 246 AMT, 7D 42, Copie de l'inventaire des effets et Instruments déposés à l'observatoire de Toulouse, (...)
177Le procès-verbal dressé en 1822, signale que tous les instruments « ont été nominativement désignés par M. Marqué-Victor246 » qui entre alors en fonction.
- 247 AMT, 7D 42, Procès verbal du Commissaire de police Félix Gravelle, 3 août 1832.
178Le 3 août 1832, le Commissaire de police qui suit la recension explique dans son compte rendu comment toutes les personnes présentes ont « fait l'appel de tous les instruments et effets », puisqu'ils les ont « reconnus247 ».
- 248 AMT, 1R 288, Lettre du Maire de Toulouse Joseph Viguerie à Alphonse Desplas, 22 juin 1825.
179Desplas reçoit pour son intronisation en 1825 « un double de l'inventaire des instruments [...] appartenant à l'observatoire », afin qu'il puisse « reconnaître ces objets248 ».
180L'implication directe des astronomes dans la désignation des objets scientifiques les oblige à répondre de leurs actes dans l'usage qu'ils en font. Il ne s'agit nullement d'un exercice de pure forme mais bien d'une procédure légale et la procédure d'inventaire prend peu à peu la forme d'un acte juridique empruntant au droit les formules procédurales.
- 249 AMT, 7D 42, Procès verbal du Commissaire de Police Antoine Alexis Salvoige de la Cippière.
181Le vocable employé par Vauthier en 1832 s'apparente à un véritable serment. Le procès-verbal rédigé par le commissaire Gravelle confère à l'épisode un aspect théâtral : « Nous avons reçu du sieur Vauthier, écrit le représentant des forces de l'ordre, la déclaration qu'il prend à sa charge les instruments, [.] qui lui sont confiés ; et il s'est engagé à les représenter quand besoin sera & dans l'État où ils sont remis ». Une fois cet engagement dûment enregistré, Gravelle procède à la « remise des clefs des chambres où sont renfermés les dits instruments, ainsi que l'ordre [...] en a été donné par Mr. le Maire249 ».
- 250 AMT, 1D 41, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1830-1833), séance du 24 mars 1832, f (...)
- 251 AMT, 7D 42, Procès verbal du Commissaire de Police Antoine Alexis Salvoige de la Cippière et AMT, (...)
182L'arsenal dont les astronomes ont la charge ne se limite pas aux seuls objets techniques. L'inventaire établi le 7 décembre 1809 pour l'arrivée du chevalier d'Aubuisson à l'observatoire, associe les « livres » aux « instruments d'astronomie250 ». Les recolements suivants maintiennent cette réunion des ressources bibliographiques et des outils scientifiques251.
183On mesure donc combien la recension établie par Vidal en 1800 constitue la matrice d'une procédure qui n'a cessé de se raffiner jusqu'à l'arrivée de Petit. Ce rituel permet aux autorités locales d'affirmer leur pouvoir et surtout de veiller sur un équipement instrumental hérité du siècle des Lumières. Bien sûr, à la différence du bâtiment de l'observatoire, l'arsenal technique est quelque peu modifié. Les astronomes du premier tiers du xixe siècle le complètent et ne se contentent pas des outils rassemblés par Garipuy. Les différents directeurs mobilisent très régulièrement le conseil municipal à l'effet d'obtenir des crédits pour acquérir les objets scientifiques indispensables pour leurs observations. Ils s'immergent sans retenue, comme nous le verrons par la suite, dans l'économie technique qui se structure alors peu à peu.
- 252 AMT, 1R 288, Lettre du Maire de Toulouse Joseph Viguerie à Alphonse Desplas, 22 juin 1825.
184Il n'empêche, lorsque Desplas s'installe à la tête de l'établissement toulousain en 1825, le maire, évoquant les outils techniques, lui indique comme une évidence qu'il doit « veiller à leur conservation252 ». L'équipement rassemblé par Garipuy constitue pour les autorités locales du débat du xixe siècle un capital symbolique important qu'elles protègent et surveillent par un dispositif de préservation centré sur l'inventaire. Leur logique patrimoniale est en net décalage, à la même époque, avec les préoccupations des astronomes parisiens qui sont plus sensibles aux performances des instruments qu'à leur histoire.
- 253 Archives Départementales de l'Ariège (AD Ariège), 4T 34, Lettre du Préfet de l'Ariège au ministre (...)
- 254 AD Ariège, 4T 34, Inventaire raisonné des instruments d'astronomie appartenant à la succession de (...)
- 255 AD Ariège, 4T 34, Lettre de Jean-Baptiste Delambre au ministre de l'Intérieur, 1819.
185Vidal, après avoir quitté la direction de l'observatoire de Toulouse en 1808, se replie sur Mirepoix, sa ville natale. Il a installé, dans sa demeure, un espace d'observation équipé de l'arsenal que Riquet de Bonrepos lui avait légué. Jacques Vidal décède en janvier 1819. Le préfet de l'Ariège s'adresse au ministre de l'Intérieur quelques semaines plus tard en lui indiquant que sa maison réunissait « beaucoup d'instruments d'astronomie, dont l'acquisition pourrait être faîte par L'observatoire ou le Bureau des Longitudes de Paris ». Les autorités sollicitent l'astronome de la Capitale, Jean-Baptiste Delambre, qui rejette sans ménagement l'offre qui lui est faite de récupérer les outils scientifiques de Vidal. Il avoue au ministre « qu'à la réserve de deux lunettes et d'une pendule, aucun de ces instruments ne méritait d'être recommandé au Gouvernement ». Pour compléter son argumentaire, Delambre fournit « quelques Notes sur les instruments de M. Vidal ». Il méprise le quart de cercle de l'observateur mirapicien et indique que cet objet inspire « aujourd'hui moins de confiance253 ». Le savant parisien souligne également que la « lunette en cuivre d'environ deux pieds de foyer et six lignes d'ouverture à l'objectif254 » est « de dimension beaucoup trop petite255 ».
186Si la conscience d'une obsolescence des instruments d'astronomie hérités du siècle des Lumières frappe le capital personnel de Vidal en 1819, elle ne touche Toulouse qu'à l'arrivée de Frédéric Petit en 1838. Le recrutement de directeurs peu au fait du renouvellement des pratiques de la science des astres pendant le premier tiers du xixe siècle, explique en partie leur adhésion au processus patrimonial mené par la ville.
- 256 F. Petit, « Introduction », art. cité, p. 4.
- 257 AMT, 7Z 233, Copie d'une lettre de Frédéric Petit à Alexis Bouvard, 29 août 1838.
187Formé à Paris et mieux intégré dans la communauté des observateurs, Frédéric Petit est, en outre, totalement ignorant de cette entreprise de préservation de l'arsenal technique de Garipuy. L'élève d'Arago n'hésite donc pas, lorsqu'il prend la tête de l'observatoire toulousain en 1838, à dresser un inventaire sévère et sans concession des outils qui s'y trouvent. Dans l'introduction du volume d'Annales qu'il publie en 1863, Petit explique que les « appareils de précision » qu'il a trouvés au moment de son entrée dans l'établissement de la cité garonnaise, « n'avaient consisté jusqu'alors, qu'en petits quarts de cercle portatifs ou en lunettes méridiennes de très faibles dimensions256 ». Il confie à Alexis Bouvard, du Bureau des Longitudes, qu'il a trouvé un « petit télescope et des quarts de cercle portés sur des pieds mobiles et dont les lunettes ont à peine dix-huit lignes d'ouverture ». Si la « lunette méridienne » lui « paraît bonne », cet instrument est toutefois peu commode car il possède « un seul fil à son foyer ». Quant à l'héliomètre et aux micromètres, leurs fils sont « tout de travers257 ». Comme il l'a fait pour le bâtiment, Petit rompt avec le passé des instruments et ignore le culte dont ils faisaient l'objet. Cette inflexion radicale se traduit immédiatement par l'abandon du traditionnel inventaire qui précède la prise de fonction et dont Petit est dispensé. Despeyrous et Daguin qui lui succèdent dans les dernières années du Second Empire échappent également à ce rituel de la recension.
188La perception de l'arsenal technique toulousain évolue donc rapidement et, à partir de 1838, son caractère strictement historique disparaît pour faire place au souci de performance. Dans le même temps les astronomes de la cité garonnaise doivent s'adapter aux mutations, plus globales, du marché instrumental qui s'organise et ordonne le flux des outils scientifiques.
Éléments d'une économie technique
189Le régime d'acquisition des instruments se transforme totalement après la Révolution. Au siècle des Lumières, l'achat des objets techniques ne répondait qu'à des logiques individuelles. La fortune personnelle des astronomes toulousains et les relations qu'ils entretenaient avec les constructeurs déterminaient les ressources instrumentales de leurs observatoires. L'émergence d'une pratique savante insérée dans un système de contrôle administratif et soumise aux décisions politiques collectives modifie en profondeur le processus d'acquisition des outils scientifiques. L'achat, le don et la fabrication sur place restent les trois sources d'enrichissement de l'équipement technique. En revanche, l'économie instrumentale dans laquelle elles s'inscrivent, n'est plus régie par des logiques personnelles d'achat. Le régime d'acquisition des outils scientifiques se démocratise et fait intervenir trois types d'acteurs : les acteurs scientifiques, techniques et politiques. Ils nouent des relations, s'unissent ou s'opposent autour des instruments. Selon les modes d'acquisition ils ne sont pas tous actifs et leur implication varie selon les cas. Il n'empêche, l'économie des objets techniques de l'observatoire de Toulouse dans les deux premiers tiers du xixe siècle, se déploie dans le triptyque formé par les astronomes, les constructeurs d'instruments et les différentes autorités qu'elles soient locales ou nationales.
190Pour tenter de mieux saisir l'organisation du marché instrumental vu de Toulouse, nous examinerons les trois modes d'acquisition des outils techniques, en repérant à chaque fois le rôle des différents acteurs en présence.
191L'initiative de l'achat d'un instrument revient systématiquement, pour la période étudiée, aux astronomes qui définissent l'utilité de l'objet convoité.
192L'observatoire étant placé sous l'autorité des autorités politiques locales ou parisiennes, les directeurs ne peuvent acheter les instruments eux-mêmes et sont contraints de motiver les autorités de tutelle qui détiennent les ressources financières.
- 258 AMT, 1D 64, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1867-1869), séance du 25 (...)
193La description des objectifs scientifiques que l'achat de tel ou tel instrument permettrait d'atteindre, constitue une première série d'arguments régulièrement mobilisés. Daguin indique en juin 1868, qu'il souhaite faire l'acquisition « d'un anémomètre et d'un spectromètre direct » en précisant simplement que ces outils « sont indispensables pour un grand nombre d'observations importantes258 ».
- 259 AMT, 1D 49, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1845-1846), séance du 9 a (...)
- 260 Jacques Payen, « Les constructeurs d'instruments scientifiques au xixe siècle », Archives Internat (...)
- 261 F Petit, « Note de M. Petit, professeur à la Faculté des Sciences, et directeur de l'Observatoire (...)
- 262 AMT, 4D 95, Lettre de Brunner au Maire de Toulouse, 2 août 1847.
- 263 AMT, 1D 60, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1861-1863), séance du 28 (...)
- 264 François Arago dans son examen de l'éclipse de 1842 focalise son attention sur la « couronne lumin (...)
- 265 AMT, 1D 60, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1861-1863), séance du 28 (...)
- 266 AMT 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 30 avril 1847.
- 267 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 5 février 1863.
194Une vingtaine d'années auparavant, Frédéric Petit avait expliqué au conseil municipal de Toulouse que l'achat d'un cercle mural était d'une « absolue nécessité » pour « la facilité et la Régularité des Observations sidérales ». Le cheminement de cette affaire est exemplaire quant au rôle directeur de l'astronome dans la définition des objectifs scientifiques et techniques. Les édiles sont en effet convaincus dès 1845 de l'utilité d'une telle acquisition et débloquent « une somme de 10 000 fr. », complétant un crédit de « 1 000 fr. accordé par M. le Ministre [de l'Instruction Publique]259 ». Le projet est confié à Gambey qui jouissait « de la confiance des principaux savants260 » de l'époque. Mais, note Frédéric Petit, l'artiste « mourut lorsqu'il venait à peine de mettre la main à l'œuvre261 ». Gambey aurait désigné son successeur avant de mourir : Brunner. Celui-ci s'engage à construire, « pour l'observatoire de Toulouse dans le délai de deux ans [...] un cercle mural de deux mètres de diamètre262 » pour un prix identique à celui fixé initialement. Seize ans plus tard, Petit écrit au maire de la cité garonnaise pour l'informer « que M. Brunner chargé depuis 1847 de la construction d'un cercle mural [.] vient de mourir sans avoir même ébauché l'instrument qu'il avait promis de livrer en 1848 ». Le directeur de l'observatoire indique qu'il convient de « renoncer à l'acquisition de ce cercle [.] qui par suite des perfectionnements apportés à cet appareil serait aujourd'hui un peu suranné ». Frédéric Petit réoriente la destination des sommes mobilisées par le conseil municipal et « propose de substituer au cercle projeté un télescope de Foucault de 80 centimètres d'ouverture ». Surtout, insiste l'astronome, ce type d'outil technique est adapté aux recherches en cours, puisqu'il permettrait « l'étude de la constitution physique du ciel263 », chère à son maître François Arago264. Les édiles sont convaincus par l'argumentaire et « autorise[nt] M. le Maire de traiter pour l'acquisition d'un télescope de Foucault265 ». L'observateur fait donc intervenir quelques éléments scientifiques pour nourrir la réflexion des autorités politiques et emporter leurs convictions. Toutefois, les explications fournies restent lapidaires et superficielles. Il existe une disjonction entre les demandes formulées et les usages pratiques des instruments. Le cœur des argumentaires déployés par les astronomes toulousains repose davantage sur l'orgueil municipal que sur les détails techniques ou les objectifs scientifiques à atteindre. Les savants garonnais produisent donc un discours qu'ils imaginent plus familier aux édiles en insistant sur la réputation de la ville. Ils essaient fréquemment de réveiller l'amour-propre des édiles et de mettre en jeu la notoriété de la ville. Frédéric Petit tente en 1847, de convaincre le maire de Toulouse d'acquérir une lunette de grande taille construite par Cauche. Il souligne que ce serait là « pour la ville de Toulouse un juste motif d'orgueil de pouvoir la première posséder en France une lunette de très grande puissance266 ». En 1863, le même Petit réclame au conseil municipal « l'allocation de quelques fonds » nécessaires à la construction d'une « tourelle destinée au télescope de 33 cm d'ouverture ». Il s'agit, note le directeur de l'observatoire, de « contribuer à l'éclat scientifique de [la] ville267 ».
- 268 AMT, 1D 60, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1861-1863), séance du 28 (...)
195Lorsqu'il est question de substituer au projet de cercle mural un télescope de 80 centimètres d'ouverture, l'ancien élève d'Arago n'hésite pas à placer l'établissement astronomique toulousain dans l'espace savant international. Petit explique au conseil municipal qu'il s'agit, en acquérant cet instrument, « de rivaliser [.] avec les grands observateurs européens268 ». Le plus souvent cependant, les termes de la compétition technique s'inscrivent dans le cadre national. Les différents directeurs de l'institution toulousaine tentent de s'inspirer des deux observatoires alors en activité sur le territoire français : Paris et Marseille.
196Les astronomes ne se contentent pas d'intéresser les autorités politiques à leurs projets d'acquisition, ils les informent également de l'organisation du champ technique. Ils éclairent pour eux les méandres de cette économie particulière et décrivent les subtilités du marché des instruments scientifiques.
- 269 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 7 août 1846.
197Brunner, à qui l'on confie la construction du cercle mural après la mort de Gambey, est décrit comme un artiste « capable ». Petit rappelle au maire de Toulouse en 1847 que l'ingénieur avait « obtenu la médaille d'or » lors de « la dernière exposition des produits de l'industrie ». L'astronome requiert l'opinion de son maître Arago, « si compétent dans la matière269 », qui reconnaît le mérite et les qualités de Brunner.
- 270 F. Arago, Œuvres complètes, T. II : Notices biographiques, Paris : Gide et Baudry Éditeur, Leipzig (...)
- 271 Ibid., p. 602-603.
- 272 Ibid., p. 602.
- 273 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 4 mars 1846.
198La faible lisibilité de l'économie technique en France dans la première moitié du xixe siècle contraint les observateurs de la cité garonnaise à éclairer les édiles. Arago rapporte que si « l'industrie française est appelée pendant la Restauration à une de ces grandes solennités qui portent une agitation fébrile dans tous les ateliers du royaume270 », les « instruments de précision271 » restent largement inconnus. Le directeur de l'observatoire de Paris admet que Henry-Prudence Gambey inspirait une « confiance illimitée [...] des savants272 », mais restait largement ignoré au-delà du cercle d'initiés. Frédéric Petit prend donc la peine d'expliquer au maire de la cité garonnaise en 1846 que Gambey « est le seul artiste français qui ait construit jusqu'à ce jour de grands [cercles] muraux destinés aux observations astronomiques ». Le directeur ajoute « que les travaux si remarquables de ce célèbre artiste ont bien reçu la sanction de l'expérience, certifiée d'ailleurs par le plus éclatant témoignage d'estime que l'Institut et le Bureau des Longitudes [...] puissent accorder273 ».
199Le marché des instruments n'est pas abstrait de l'économie générale ni des aléas politiques et sociaux les plus divers.
- 274 AMT, 4D 95, Lettre de Brunner au Maire de Toulouse, 21 juillet 1849.
- 275 AMT, 1D 57, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1854-1855), séance du 20 décembre 185 (...)
200Brunner s'excuse auprès du maire de Toulouse, en juillet 1849, de n'avoir pu exécuter le cercle mural comme prévu en raison « de la révolution de 1848 jointe à l'épidémie de 1849 ». Il sollicite auprès du conseil municipal « un sursis d'une année ». L'artiste déplore « l'état de souffrance [...] où les événements politiques ont jeté l'industrie274 ». Brunner reçoit l'appui de Petit et les édiles, d'abord surpris par le non-respect des délais, acceptent de proroger le traité passé avec le constructeur. Le Conseil admet « que des circonstances diverses ont mis jusqu'à présent obstacle à l'accomplissement [du] projet » de cercle mural, et « suspendu les opérations commencées par le Sieur Brunner ». L'autorité municipale reconnaît « que les explications fournies par ce dernier et les renseignements donnés par Mr. le Directeur de l'Observatoire sont pour le Conseil une garantie suffisante que le cercle mural est depuis plusieurs années en voie d'exécution275 ».
201Si le pouvoir politique découvre l'économie instrumentale et son organisation, les astronomes toulousains sont plus familiers des arcanes du marché technique. Ils y évoluent avec plus d'assurance et de hardiesse.
- 276 ACA, Carton Astronomie-Géodésie, Lettre n° 169 de Frédéric Petit à Antoine d'Abbadie, 14 avril 186 (...)
- 277 Sur Antoine d'Abbadie voir Gaston Darboux, Notice historique sur Antoine d'Abbadie, Paris : Gauthi (...)
- 278 Frédéric Soulu, Quelques instruments scientifiques d'Antoine d'Abbadie, Hendaye : Château d'Abbadi (...)
- 279 ACA, Registre de copie des lettres d'Antoine d'Abbadie, vol. J, lettre n° 167, adressée à Frédéric (...)
- 280 ACA, Carton Astronomie-Géodésie, Lettre n° 193, de Frédéric Petit à Antoine d'Abbadie, 24 juillet (...)
- 281 ACA, Carton Astronomie-Géodésie, Lettre n° 194, de Frédéric Petit à Antoine d'Abbadie, 16 novembre (...)
- 282 ACA, Carton Astronomie-Géodésie, Lettre n° 193, de Frédéric Petit à Antoine d'Abbadie, 24 juillet (...)
- 283 AMT, 2D 173, Registre des correspondances du Maire (1826-1828), Lettre n° 8015 du Maire de Toulous (...)
202En mai 1860, Petit préfère renoncer à acheter une « plaque de quartz et [.] trois prismes » à un « opticien de Toulouse qui [lui] donnerait probablement ce qu' [il] ne voudrai[t] pas276 ». Cette stigmatisation des artistes locaux ne signifie pas que les constructeurs parisiens trouvent grâce aux yeux du directeur de l'observatoire. Frédéric Petit correspond en effet avec son ami Antoine d'Abbadie, astronome et explorateur qui a fondé son propre établissement astronomique près d'Hendaye277, au sujet d'un instrument inventé par le savant basque : l'Aba. Ce théodolite de voyage est « destiné au relèvement d'angles géodésiques278 » et intéresse tout particulièrement l'observateur toulousain. Abbadie confie à un constructeur parisien, Hardy, le soin de fabriquer l'outil scientifique. L'astronome basque indique qu'il s'agit d'un « ouvrier soigneux279 ». Mais Frédéric Petit trouve les montants exigés par Hardy trop élevés et soutient qu'il paiera « dans les limites de la justice »280. Le directeur de l'observatoire assure qu'il vient de faire exécuter dans la cité garonnaise « au prix de 400fr., un pied avec deux cercles divisés de très jolis mécanismes pour le télescope de Foucault de 33 cm d'ouverture ». On lui avait « parlé de 4 000 fr. [.] pour le même objet construit à Paris281 ». Petit s'emporte contre « certains artistes de Paris » qu'il trouve « singulièrement écorcheurs282 ». Cette surenchère des tarifs de la Capitale pour les instruments scientifiques semble être une constante tout au long de la période qui s'étend de la Révolution à l'avènement de la IIIe République. Le Maire de Toulouse écrit à Desplas, en janvier 1827, que « les instruments Perfectionnés de Gambey et Fortin », réclamés par l'astronome « sont hors des ressources actuellement accordées par la ville283 ».
- 284 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 7 août 1847.
- 285 AMT, 4D 95, Lettre de Cauche à Frédéric Petit, 26 avril 1847.
203Les observateurs toulousains connaissent parfaitement l'économie instrumentale centrée sur la Capitale. Ce marché technique se caractérise également par un patriotisme exacerbé. Petit, alors qu'il tente en 1847 de persuader le Maire de confier la fabrication du cercle mural à Brunner après le décès de Gambey, assure qu'il s'agit « d'encourager l'artiste français qui paraît devoir lutter désormais [...] pour la construction des grands instruments d'Astronomie, contre les artistes de l'Allemagne et de l'Angleterre284 ». Les artistes répugnent également à livrer leurs outils à l'étranger. L'opticien Cauche informe Petit le 26 avril 1847 qu'il travaille à « un objectif d'un pied de diamètre » et qu'il serait « bien flatté que cette Lunette reste en France285 ».
204Le champ des ressources techniques semble, vu de Toulouse, polarisé sur Paris et replié sur les limites du territoire national. La concurrence étrangère effraie et favorise un marché très protectionniste.
205Outre les constructeurs d'instruments, l'acquisition d'outils scientifiques fait intervenir des acteurs politiques. Le statut fluctuant de l'observatoire multiplie les niveaux de médiation. Si la ville de Toulouse joue un rôle particulièrement important dans la gestion de l'établissement, l'autorité ministérielle n'est jamais totalement absente.
206Les investissements que représentent certains instruments obligent les instances politiques à coopérer, même si les luttes d'influence restent souterraines.
- 286 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre du Ministre de l'Instruction Publique au Maire de Toulouse, 2 mars 1 (...)
- 287 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre du Maire de Toulouse au préfet de la Haute-Garonne, 27 novembre 1846
- 288 AOP, Ms 1060 V, Lettre du Ministre de l'Instruction Publique et des Cultes au directeur de l'Ensei (...)
207Le 30 juin 1845, le ministre de l'Instruction Publique promet que l'État versera une somme de « 10 000 fr [.] qui doit concourir à l'acquisition d'un cercle méridien destiné à l'observatoire de Toulouse » et qui complète celle engagée par la mairie. Cependant, le ministre indique qu'il ne donne qu'une « une somme de 2 000 fr. Sur celle de 10 000 fr. promise286 ». Le premier magistrat de la cité garonnaise regrette que les « promesses de Mr. le Ministre n'aient pu recevoir leur entière exécution ». L'« épuisement des fonds287 » ministériels ne permet plus une forte implication des autorités nationales. Cette faible participation ne satisfait pas le conseil municipal, qui, par la voix de son premier magistrat sollicite à nouveau l'administration de l'Instruction Publique en 1856 afin qu'elle contribue « par une allocation, à l'acquisition d'un cercle méridien destiné à son observatoire288 » et dont la construction est désormais confiée à Brunner.
- 289 AMT, 4D 95, Extrait des registres de délibérations du Conseil Municipal, séance du 13 septembre 18 (...)
208L'abandon du cercle et la mise en chantier d'un télescope de 80 centimètres comme outil substitué ne suscitent guère l'enthousiasme du ministère. La ville ouvre un nouveau crédit de 12 000 francs en 1869, « pour l'acquisition d'un pied équatorial » destiné à cet important instrument et considère qu'il s'agit désormais d'une « propriété de la ville289 ». Le faible intérêt de l'administration nationale pour l'équipement technique de l'observatoire, permet au pouvoir municipal de s'affirmer et d'apparaître comme l'interlocuteur privilégié des constructeurs.
209L'achat d'instruments suppose une procédure particulière et des règles précises qui mettent aux prises la mairie et les artistes. Un traité permet de fixer les conditions de fabrication de l'objet.
- 290 Sur les travaux de Léon Foucault en ce qui concerne les miroirs, voir le chapitre 13 de l'ouvrage (...)
- 291 ADHG, 2O Toulouse 110, Traité de construction du télescope de 80 cm entre le Maire de Toulouse et (...)
210En décembre 1863, l'ingénieur parisien Louis Secrétan « promet et prend l'engagement de confectionner pour le compte de la ville de Toulouse avec toute la perfection nécessaire et moyennant la somme de Quatorze mille cinq cents francs [un télescope de 80 cm] dans le délai de quinze mois ». Le texte signé du maire et de l'opticien prévoit en outre que la somme ne sera versée que « sur la production d'un certificat délivré par MM. Foucault, astronome-physicien de l'Observatoire de Paris », concepteur du miroir290 et « M. Petit Directeur de l'Observatoire de Toulouse, constatant que l'instrument a été accepté par eux291 ».
211Les relations entre la municipalité et le constructeur parisien ne se limitent pas à ce traité et la conception du télescope induit une synergie plus étroite encore entre les deux acteurs.
- 292 AMT, 2R 110, Lettre de Louis Secrétan à Pierre-Adolphe Daguin, 11 septembre 1867.
- 293 AMT, 4D 95, Lettre de Louis Secrétan au Maire de Toulouse Filhol, 7 décembre 1869.
- 294 AMT, 2R 110, Lettre de Louis Secrétan à Pierre-Adolphe Daguin, 8 février 1870.
212Secrétan écrit à Pierre-Adolphe Daguin en septembre 1867 qu'il a « eu la visite, il y a environ 6 semaines de Mr. le Maire de Toulouse, et d'après l'entretien qu ['il a] eu avec lui, [il a] cru devoir reprendre le travail du Grand Télescope de 80 cm292 ». L'opticien écrit au premier magistrat de la cité garonnaise qu'il n'a pas été insensible à « l'impression agréable laissée lors de [sa] première visite293 ». Lorsque le Maire Filhol démissionne, Secrétan avoue à Daguin que sans son intermédiaire, il serait en proie « à une certaine inquiétude294 ».
213L'achat direct comme mode d'acquisition des instruments fait donc intervenir les trois acteurs scientifique, politique et technique. Les liens noués par les différents intervenants montrent combien le rôle des astronomes est prééminent. Ils orientent les achats, développent les arguments et déchiffrent l'économie technique. Ils jouent également le rôle d'intermédiaires entre les autorités politiques et les constructeurs.
214Outre les acquisitions directes, l'observatoire de Toulouse complète son arsenal instrumental par les dons, les prêts ou les dotations d'objets déjà utilisés.
- 295 AMT, 1M 6, Lettre de Pierre d'Aubuisson au Maire de Toulouse, 22 février 1819.
215Il convient de distinguer l'organisation de ce marché technique secondaire au niveau local et à l'échelle nationale. Dans le premier cas, l'abondance des outils hérités du siècle des Lumières constitue une réserve considérable d'instruments disponibles. Le 22 février 1819, le chevalier d'Aubuisson constate que le conseil municipal a « accueilli favorablement » sa proposition de récupérer plusieurs instruments ayant appartenu à Jacques Vidal qui vient de mourir. Le directeur de l'observatoire souhaite notamment pouvoir disposer d'« un beau quart de cercle de trois pieds », d'une « lunette achromatique de trois pieds de long, 24 lignes d'ouvertures », ainsi que de « Plusieurs baromètres et thermomètres ». Ainsi, souligne l'astronome, « l'observatoire de la ville seroit parfaitement pourvu et mieux que tout autre en France, hors de Paris, de manière qu'il deviendroit un monument précieux non seulement pour Toulouse, mais pour toute la France295 ». L'argument qui replace la cité garonnaise dans une perspective de compétition savante nationale est ici à nouveau exploité, comme pour les achats directs.
- 296 Nicolas Joly, « Éloge de M. Frédéric Petit », art. cité, p. 9.
- 297 AMT, 1D 59, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1859-1861), séance du 9 a (...)
- 298 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 25 avril 1861.
- 299 F. Petit, « Introduction », art. cité, p. 12.
- 300 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 25 avril 1861.
- 301 F. Petit, « Introduction », art. cité, p. 12.
216L'instauration d'un cours public d'astronomie élargit, au xixe siècle, l'audience du directeur de l'observatoire et lui permet de recevoir des dons des élèves les plus reconnaissants. Joseph Bousquet, « passionné pour la science astronomique [et] disciple enthousiaste du professeur » lui offre en 1852 « une somme considérable [de] 15 000 fr., en témoignage de sa gratitude296 ». Le testament que laisse Bousquet stipule explicitement que la somme léguée « doit être employée à l'utilité de l'observatoire et pour étendre le domaine de la science astronomique suivant les vues du directeur de cet établissement297 ». La destination de cette somme oppose le Maire et le directeur. Le 25 avril 1861, Petit écrit au premier magistrat de la cité garonnaise qu'il souhaite consacrer le legs Bousquet à la construction « de la tourelle destiné au télescope de Foucault298 ». L'astronome préfère que « la généreuse pensée de M. Bousquet » produise des « améliorations notables » qui auraient « échappé à [s]es efforts299 », plutôt qu'elle soit engloutie par des projets architecturaux dans lesquels les « conditions astronomiques300 » seraient omises. Frédéric Petit obtient finalement « un télescope de 33 centimètres » ainsi qu'un « chronomètre Winnerl301 ».
217Les dons et dotations qui s'organisent à l'échelle locale ne peuvent s'extraire du contrôle municipal qui exerce de multiples pressions pour orienter la destination des sommes et doit approuver les transactions. Le régime d'acquisition désormais soumis aux décisions politiques et collectives s'impose donc, dans la première partie du xixe siècle, à toutes les dimensions de l'économie technique.
218Lorsque la distribution et la circulation d'instruments astronomiques s'effectuent au niveau national, la cité garonnaise est en retrait, au profit du Bureau des Longitudes.
- 302 AMT, 2D 167, Registre des correspondances du Maire de Toulouse (1822-1824), lettre n° 1721 du Mair (...)
- 303 F. Petit, « Note de M. Petit, professeur à la Faculté des Sciences et directeur de l'Observatoire (...)
- 304 ABDL, Registre des procès-verbaux du Bureau des Longitudes (1829-1843) séance du 18 juillet 1838.
- 305 AMT, 2D 178, Registre des correspondances du Maire de Toulouse (1837-1838), lettre n° 1404 du Mair (...)
- 306 Ibid., lettre n° 1451, du Maire de Toulouse à Frédéric Petit, 4 août 1838.
- 307 F. Petit, « Introduction », art. cité, p. 7.
- 308 AMT, 2D 179, Registre des correspondances du Maire de Toulouse (1838-1839), lettre n° 1 du Maire d (...)
- 309 ABDL, Registre des procès-verbaux du Bureau des Longitudes (1829-1843) séance du 10 octobre 1838.
- 310 AMT, 2D 179, Registre des correspondances du Maire de Toulouse (1838-1839), lettre n° 1 du Maire d (...)
219En décembre 1823, le chevalier d'Angos, membre de l'institution savante parisienne propose à Marqué-Victor de lui « confier l'excellent quart de cercle de 18 pouces de rayon construit par l'ingénieur Bird302 ». Cet outil était convoité depuis longtemps par l'observatoire de Berlin, mais le Bureau des Longitudes s'est montré « jaloux de conserver à la France, malgré son origine étrangère, un instrument qui avait donné naissance, entre les mains d'un astronome [l'abbé Lacaille] à l'œuvre jusqu'alors la plus grandiose de l'Astronomie303 ». L'argument patriotique est une nouvelle fois mis en avant dans la répartition des instruments par le Bureau des Longitudes. Les rapports privilégiés qu'entretiennent Petit et Arago renforcent les liens de l'observatoire de Toulouse avec l'institution astronomique parisienne. Le célèbre astronome parisien convainc le conseil municipal de Toulouse de nommer son élève à la tête de l'établissement scientifique, en juillet 1838. Dans le même temps, il profite de sa position dominante au Bureau des Longitudes pour faire attribuer à la cité garonnaise « le mural de l'École militaire ». Arago ajoute que cela « assurerait la conservation de cet instrument ». Le savant de la Capitale « propose en outre de donner à l'Observatoire de Toulouse la lunette méridienne, dont Mr. Valz ne fait plus usage304 ». Le Bureau accède à toutes ces demandes et le maire de la cité garonnaise adresse à Arago ses « remerciements305 » pour l'obtention de ces deux objets scientifiques. Quelques semaines plus tard, Frédéric Petit annonce au premier magistrat de la ville que l'institution astronomique parisienne offre la possibilité de recouvrer « le plus léger des toits tournants existant à l'École militaire306 ». Il convient de noter que cette munificence du Bureau des Longitudes n'est pas fortuite, alors qu'Arago impose son élève à Toulouse. L'autorité de l'astronome parisien est, nous l'avons vu pour la nomination du directeur, considérable. Son influence est ici encore prépondérante et les dons qu'il fait, ont pour but à la fois d'effacer les dernières réticences du conseil municipal et de renforcer la position de Frédéric Petit, son protégé, dans l'espace savant français. Cette stratégie d'Arago ne doit pas masquer le rôle du Bureau des Longitudes, omniprésent désormais dans la circulation des objets techniques de seconde main. L'institution parisienne oriente les instruments, assure leur répartition, maîtrise leur diffusion et équilibre les rapports de force qui peuvent naître entre les différents observatoires. Petit reconnaît que la lunette méridienne lui « fut accordé[e] malgré les puissantes influences qui le sollicitaient pour la ville de Lyon307 ». Le rapatriement de cet instrument à Toulouse est particulièrement difficile puisqu'il prive l'astronome gardois Benjamin Valz d'un outil précieux. L'observateur spolié émet « quelques réclamations » et indique qu'il souhaite « conserver à Nîsmes la lunette méridienne308 ». Mais sa requête est vaine et le Bureau des Longitudes souligne qu'on ne peut priver plus longtemps « le nouvel Observatoire de Toulouse d'un instrument qui lui est indispensable et qui lui a été promis309 ». La décision de l'institution parisienne est irrévocable et elle se fait fort de la faire appliquer. La cité garonnaise, de son côté, se déclare ravie de bénéficier de « sa protection et de [s]a bienveillance310 ».
- 311 AMT, 7Z 233, Brouillon de la lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, s.d. [1838].
220Les intervenants politiques sont ici en retrait et n'interviennent que pour prendre acte des choix de l'administration savante et obéir à ses injonctions. Lorsqu'il est question d'obtenir la lunette méridienne et le cercle mural de l'École militaire en 1838, Frédéric Petit écrit au premier magistrat de la ville pour s'assurer que le conseil municipal « autoris[e] les Présents du Bureau des Longitudes311 ».
221Le marché technique des instruments de seconde main s'organise autour des autorités scientifiques parisiennes qui gèrent le flux de ces objets et soumettent les acteurs politiques à leur volonté.
- 312 Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse (...)
- 313 ACA, Carton Astronomie-Géodésie, Lettre n° 187 de Frédéric Petit à Antoine d'Abbadie, 24 juillet 1 (...)
- 314 Ibid., lettre n° 188, 10 décembre 1862.
222Le dernier mode d'acquisition de l'arsenal instrumental concerne la construction et la modification des outils d'observation par les astronomes toulousains eux-mêmes. L'abbé Marqué-Victor, qui est à la tête de l'établissement de la cité garonnaise de 1822 à 1825, prend en charge, comme Garipuy et Vidal au siècle précédent, les transformations instrumentales. Il a en effet inventé de nombreux instruments météorologiques, magnétiques et une lunette parallactique « montée sur un mécanisme présentant plusieurs cercles » qui permettent de la diriger vers un point dont les coordonnées sont connues et surtout de « leur faire suivre d'un mouvement uniforme les différents points d'un parallèle quelconque312 ». Cependant cette invention est la dernière qui, à Toulouse, indique clairement l'implication du savant dans les travaux d'adaptation technique. Avec Frédéric Petit la rupture semble consommée entre l'astronome et l'amélioration des instruments. Déplorant une nouvelle fois auprès de son ami d'Abbadie le coût exorbitant des services des constructeurs parisiens, l'astronome toulousain reconnaît toutefois la nécessité de recourir à leurs compétences : « il est des choses pour lesquelles nous sommes forcés de recourir à eux et dans ce cas nous ne pouvons guère éviter les fourches caudines313 ». En décembre 1862, Petit assure qu'il aimerait se passer des artistes « autant que possible », mais admet : « il est des cas où l'on serait forcé de se faire artiste soi-même pour les remplacer complètement et alors adieu les autres travaux314 ».
223Une césure apparaît ici entre science et technique. L'affirmation d'un marché technique et la prépondérance des constructeurs contraignent l'astronome à reconnaître les compétences spécifiques de ces derniers, même s'il n'estime pas impensable de les acquérir. L'activité savante et l'activité technique sont donc deux choses différentes qui ne peuvent, pour des raisons de temps, être menées par la même personne.
224L'achat, le don et la construction comme modes d'acquisition des objets techniques subsistent depuis le xviiie siècle. Ils sont cependant profondément transformés en raison de la mise en place d'acteurs incontournables dont le rôle structure le marché instrumental. Les autorités politiques, les instances savantes et les constructeurs interviennent selon les cas. Les fabricants sont bien évidemment exclus des dons et des élaborations strictement personnelles des astronomes toulousains. Les acteurs politiques, s'ils constituent une ressource financière importante, restent soumis aux savants auxquels ils doivent se fier pour déchiffrer l'économie technique. L'apparition du Bureau des Longitudes en 1795 modifie totalement la répartition des outils de seconde main. L'institution parisienne règne en maître sur cet arsenal et décide de son attribution à tel ou tel observatoire.
225L'ensemble des instruments de l'établissement toulousains, sans cesse remodelé, permet aux astronomes d'envisager des entreprises observationnelles ambitieuses.
Notes
1 G. Bigourdan, « Histoire de l'astronomie à Toulouse de l'origine à la fondation de l'observatoire actuel », art. cité, p. A6.
2 AMT, 5S 33, cahier de Cambon, 48 p.
3 AMT, 2R 3, Décret de la convention nationale, 8 août 1793, article I.
4 Ibid., article II.
5 Clive H. Church, « The Social Basis of the French central Bureaucracy under the Directory, 1795-1799 », Past and Présent, 1967, p. 59-62.
6 Sur la création du département de la Haute-Garonne voir P. Nelidoff, op. cit.,p. 104-112.
7 Joseph Ben-David, « La croissance scientifique. Point de vue sociologique », in Éléments d'une sociologie historique des sciences, Paris : Presses universitaires de France, 1997, Sociologies, p. 243.
8 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre de l'administration municipale de Toulouse aux administrateurs départementaux, 6 prairial an IV
9 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre du Ministre des Finances aux administrateurs du département de la Haute-Garonne, 13 thermidor an IV.
10 Jean Tulard, « Le Consulat et l'Empire », in Louis Fougère, Jean-Pierre Machelon, François Monnier (dir.), Les communes et le pouvoir. Histoire politique des communes françaises de 1789 à nos jours, Paris : Presses universitaires de France, 2000, p. 169.
11 L'historien revient sur ce mythe d'une administration napoléonienne présentée comme le modèle d'une centralisation parfaite dans son ouvrage Napoléon. Le pouvoir, la nation, la légende, Paris : Librairie Générale Française, 1997, p. 28.
12 Décret impérial du 27 juillet 1808, Mémorial administratif du département de la Haute-Garonne, tome cinquième contenant les six derniers mois de 1808, n° 86-112, p. 266-267.
13 ADHG, 5T 10, Décret ministériel, 17 février 1814.
14 AN, F17 3263, copie de la Loi sur les attributions municipales du 18 juillet 1837, article 12.
15 Alfred de Beauchamp, Recueil des lois et règlements sur l'enseignement supérieur comprenant les décisions de la jurisprudence et les avis des Conseils de l'Instruction Publique et du Conseil d'Etat, T. II : 1848-1874, Paris : Delalain Frères, 1882, p. 209. Dispositions organiques concernant l'Instruction Publique, 9 mars 1852.
16 P. B ret, op. cit., p. 17.
17 J. Ben-David, « La croissance scientifique. Point de vue sociologique », art. cité, p. 243.
18 C. C. Gillispie, « Révolution française et science », in M. Blay, R. Halleux (dir.), op. cit., p. 157.
19 Le premier arrêté signé en 1794 est cité dans l'« Extrait des Registres de l'administration centrale du département de la Haute-Garonne », 17 pluviôse an IV, qui nomme Hadancourt en 1796 sur le même mode. (ADHG, 1L 1021-4).
20 ABDL, Procès verbaux du Bureau des longitudes, an III-an Y, séance du 19 prairial an v, et Procès verbaux du Bureau des Longitudes, an VI-an VIII, séance du 29 floréal an VIII.
21 AN, F17, Ministère de l'Instruction Publique et des Cultes, Rapport du Ministre, 16 décembre 1865.
22 A. de Beauchamp, op. cit., T. II : 1848-1874, p. 209. Dispositions organiques concernant l'Instruction Publique, 9 mars 1852, chapitre I, article 12 et 13.
23 ADHG, 1L 1021-4, Extrait des Registres de l'administration centrale du département de la Haute-Garonne, 17 pluviôse an IV.
24 ADHG, 1L 1021-15, Copie de la lettre de Jacques Vidal aux membres du Jury d'Instruction de l'École Centrale, 1er Brumaire an V, 17 juin 1796.
25 ABDL, Procès-verbaux du Bureau des Longitudes, an III-an V, séance du 19 prairial an V, Lettre d'Antoine Darquier.
26 ADHG, 1L 1021-2, Rapport du Jury d'Instruction de l'École Centrale du département de la Haute-Garonne à l'administration centrale, 27 octobre 1796, 6 brumaire an V.
27 M. D. Tournon, « Notice sur Jérôme Hadancourt », art. cité, p. 359.
28 AN, F17, 1947, Lettre de Jean-Baptiste Delambre au Grand Maître de l'Université Impériale, s.d. [1809].
29 ADHG, 5T 10, Lettre du Grand Maître de l'Université Impériale de Toulouse au Préfet de la Haute-Garonne, 5 juillet 1809. Jean-Pierre Marguerite Chevalier d'Aubuisson de Voisin « était né à Toulouse en mai 1770 ». Après une carrière militaire au cours de laquelle il sert dans « l'armée de Condé », d'Aubuisson se consacre « à l'étude des sciences exactes, dont il n'avait jamais cessé de s'occuper par goût dans ses campagnes les plus pénibles ». Choisi pour enseigner les mathématiques au Lycée de Marseille, il emploie « tous les moments de loisir que lui laisse l'exercice de ses fonctions à l'étude de l'astronomie théorique et pratique » (« Éloge de M. le Chevalier d'Aubuisson », Histoire et Mémoires de l'Académie Royales des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 300-301).
30 AN, F17, 1947, Lettre de Jean-Baptiste Delambre au Grand Maître de l'Université Impériale, s.d. [1809].
31 Philippe-Émile Brassine, « Notice sur M. Vauthier », Histoire et Mémoires de l'Académie Nationale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 268-269.
32 AMT, 2D 183, Registre des correspondances du Maire de Toulouse, Lettre du Maire de Toulouse à Jean-Charles Vauthier, 21 juillet 1832, n° 866.
33 P.-É. Brassine, « Notice sur M. Vauthier », art. cité, p. 268.
34 Marcel Guy, Du Collège Delbene au Lycée Laperouse. Trois siècles d'histoire d'un établissement secondaire de province. Le Collège, l'Ecole Centrale, le Lycée d'Albi (1623-1950), Toulouse : chez l'auteur, s.d., p. 112. Voir également : Jean Basile, Histoire du Collège d'Albi, Albi : Imprimerie Ernest Desrue, 1873, 14 p. ; Edouard Baugy, « Le Lycée d'Albi », Bulletin de l'Université et de l'Académie de Toulouse, nouvelle série, n° 5, mars 1930, p. 165-183.
35 Ulysse Lala, « L'enseignement supérieur à Toulouse pendant un demi-siècle (1832-1882) », Revue des Pyrénées, T. XXI, 1910, p. 271.
36 « Éloge de Jean-Pierre Marqué », Histoire et Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. II, 1830, p. xxvii-xxviii.
37 AN, F17 1947, Extrait du Registre des délibérations de la Commission de l'Instruction Publique, 10 juillet 1818.
38 ADHG, 5T 10, Lettre du Préfet de la Haute-Garonne au Ministre de l'Intérieur, 7 septembre 1822.
39 Joseph Léon est titulaire de la chaire de « Mathématiques Spéciales au Collège Royal de Toulouse » (ADGH, 5T 10, Lettre du maire de Toulouse au Préfet de la Haute-Garonne, 8 août 1822).
40 Jean-Louis Assiot, professeur de physique au Collège Royal de Toulouse, a enseigné « les mathématiques, l'Astronomie, la chimie pendant 22 ans » (ADGH, 5T 10, Lettre du Maire de Toulouse au Préfet de la Haute-Garonne, 8 août 1822).
41 ADHG, 5T 10, Lettre du Préfet de la Haute-Garonne au Ministre de l'Intérieur, 7 septembre 1822.
42 Georges Fournier, « Entre nostalgies et aspirations nouvelles (1800-1851) », in M. Taillefer (dir.), Nouvelle histoire de Toulouse, Toulouse : Éditions Privat, 2002, p. 199-221.
43 Olivier Devaux, L'enseignement à Toulouse sous la Restauration, Toulouse : Presses de l'Université des Sciences Sociales de Toulouse, 1994, p. 136.
44 G. Fournier, « Entre nostalgies et aspirations nouvelles (1800-1851) », art. cité, p. 213.
45 Sur la vie du Comte de Montbel voir : 1787-1831, Souvenirs du Comte de Montbel, Ministre de Charles X, publiés par son petit fils Guy de Montbel, Paris : Librairie Plon, 1913, 436 p.
46 ADHG, 5T 10, Lettre du Maire de Toulouse au Préfet de la Haute-Garonne, 30 avril 1825.
47 AMT, 1R 288, Décoration du Lis, 1er août 1814.
48 AN, F17 3763, Observation par M. le Baron de Puymaurin sur la nécessité de nommer un astronome, jeune, actif, possédé de l'amour de la science, pour remplir une place de Directeur de l'Observatoire de Toulouse, 23 avril 1825.
49 AOP, B4 9-12, Lettre de Benjamin valz à François Arago, 14 juin 1838.
50 AMT, 2D 178, correspondance Municipale (1837-1838), lettre n° 1792 du Maire de Toulouse à MM. D'Aubuisson, Romieu, Boisgiraud, Saint Guilhem et Borel, 9 octobre 1837.
51 Ibid., Lettre n° 278, Lettre du maire de Toulouse à François Arago, 31 janvier 1838.
52 Ibid., Lettre n° 1174, Lettre du maire de Toulouse à Pierre d'Aubuisson, 22 juin 1838.
53 Ibid., Lettre n° 1194, Lettre du maire de Toulouse à François Arago, 25 juin 1838.
54 Frédéric Petit est nommé le 25 juillet 1838. Nicolas Joly, « Éloge de M. Frédéric Petit », Extrait du Journal d'Agriculture pratique et d'économie rurale pour le midi de la France, Janvier 1866, Toulouse : Imprimerie Ch. Douladoure, 1866, p. 5.
55 Sur le parcours scolaire et universitaire de Frédéric Petit, voir Adolphe Gatien-Arnoult, « Éloge de Frédéric Petit », Mémoires de l'Académie Impériale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 6e série, T. IV, 1866, p. 643, infra 1.
56 Ibid., p. 644.
57 L'article de l'Émancipation est explicitement cité dans le Journal politique et littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonne, 30 avril 1840, p. 1. Il ne nous a pas été possible de retrouver une collection complète et exhaustive de l'Émancipation dans les différentes bibliothèques et dépôts d'archives toulousains.
58 Lettre d'Adolphe Gatien-Arnoult, Journal politique et littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonne, 30 avril 1840, p. 1.
59 AMT, 7Z 233, Copie d'une lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, s.d. [1839].
60 AN, F17 21476, Lettre du Recteur de l'Académie de Toulouse Roustan au ministre de l'Instruction Publique, Victor Duruy, 24 octobre 1865. La lettre de Roustan et les démarches du maire de Toulouse précédent la mort de Frédéric Petit car l'état de santé critique de ce dernier à la fin de l'année 1865 ne laissait entrevoir qu'une issue fatale.
61 AN, F17 3763, Rapport du ministre de l'Instruction Publique et des cultes au Maire de Toulouse, 16 décembre 1865.
62 AMT, 2D 192, correspondance Municipale (1863-1866), Lettre n° 3644, Lettre du Maire de Toulouse à Urbain Le Verrier, 5 décembre 1866.
63 AMT, 2D 192, correspondance Municipale (1863-1866), Lettre n° 3644, Lettre du Maire de Toulouse à Théodore Despeyrous, 30 janvier 1866.
64 Gaston Darboux, « Notice sur la vie et les travaux de M. Despeyrous », in Théodore Despeyrous, Cours de mécanique, T. I, Paris : Hermann, Librairie scientifique, 1864, 1884, p. vii.
65 AN, F17 20595, État des services de M. Théodore Despeyrous, 1883.
66 Despeyrous, tout en « donnant des leçons [...] put acquérir les grades de licencié et de docteur » en mathématiques (M. Tillol, « Éloge de M. Despeyrous », Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 8e série, T. VII, 1885, p. 100).
67 AN, F17 20509, Lettre du Recteur de l'Académie de Toulouse Roustan au ministre de l'Instruction Publique, 22 novembre 1866.
68 Ibid.
69 Jules Brunhes, « Éloge de M. Daguin », Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 8e série, T. VII, 1885, p. 51.
70 AN, F17 20509, État des services de M. Daguin,1882.
71 M. Prévost, « Édouard Filhol », in Roman D'Amat (dir.), Dictionnaire de biographie française, T. VII, Paris : Librairie Letouzey et aîné, 1956, p. 1331.
72 J. Brunhes, « Éloge de M. Daguin », art. cité, p. 58.
73 Ibid., p. 60.
74 Florian Charvolin, L'invention de l'environnement en France. Chroniques anthropologiques d'une institutionnalisation, Paris : La Découverte, 2003, Textes à l'appui/Anthropologie des sciences et techniques, p. 106.
75 Terry Shinn, Savoir scientifique et pouvoir social. L'École Polytechnique, 1794-1914, Paris : Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1980, p. 9.
76 Marie Jean Antoine Caritat, Marquis de Condorcet, Cinq mémoires sur l'instruction publique, Paris : GF-Flammarion, 1994 [1re édition 1792], 380 p.
77 R. Fox, G. Weisz, « The institutional basis of French science in the nineteenth century », art. cité, p. 1-8.
78 Olivier Devaux, La Pique et la Plume. L'enseignement à Toulouse pendant la Révolution, Toulouse : Éché, Éditions Universitaire du Sud, p. 52.
79 ADHG, 1L 1021-4, Extrait des registres de l'administration centrale du département de la Haute-Garonne, 17 pluviôse an 3, 5 février 1794.
80 O. Devaux, La Pique et la Plume, op. cit., p. 60.
81 Ibid., p. 89.
82 Ibid., p. 91.
83 AMT, 5S 74, Bordereaux des sommes à payer pour le traitement du trimestre aux professeurs et employés de l'École Centrale, germinal an VI.
84 ABDL, Registre des procès-verbaux des séances, an VIII-an V, séance du 29 prairial an V.
85 ADHG, 1L 1021-14, Copie de la lettre du jury d'instruction près de l'École Centrale du Département de la Haute-Garonne à Jacques Vidal, 26 vendémiaire an V, 18 octobre 1796.
86 O. Devaux, L'enseignement à Toulouse sous le Consulat et l'Empire, Toulouse : Presses de l'Institut d'études politiques, 1990, p. 191 et 195.
87 ADHG, 1L 1021-14, Copie de la lettre du jury d'instruction près de l'École Centrale du Département de la Haute-Garonne à Jacques Vidal, 26 vendémiaire an V, 18 octobre 1796.
88 AMT, 2D 183, Délibérations du Conseil Municipal, séance du 2 prairial an XII, (22 mai 1804), f 62.
89 Nicole et Jean Dhombres, Naissance d'un nouveau pouvoir : sciences et savants en France 1793-1824, Paris : Payot, 1989, p.554.
90 ADHG, 1L 1021-36, Lettre de Jérôme Hadancourt à l'administration du département de la Haute-Garonne, 27 avril 1799.
91 ADHG, 2O Toulouse 110, Copie d'une lettre de Jacques Vidal à M. Descoulombre, vice-président du Conseil des Écoles de Toulouse, nivôse an IV (décembre 1804-janvier 1805).
92 AMT, Bx 35, Registre des délibérations du Bureau d'administration de l'École Spéciale Communale des Sciences et Arts de Toulouse, an XIII-1808, T. I, séance du 17 mai 1806, f° 58.
93 ADHG, 2O Toulouse 110, Rapport du Jury d'Instruction de l'École Centrale du département de la Haute-Garonne, 15 nivôse an VI.
94 AMT, Bx 35, Registre des délibérations du Bureau d'administration de l'École Spéciale Communale des Sciences et Arts de Toulouse, séance du 22 août 1807, f° 192.
95 Ibid., f° 192.
96 AMT, 5S 74, Examen du Bureau d'administration de l'École Spéciale sur la situation de l'École pendant les trois premiers mois de 1807.
97 AMT, Bx 35, Registre des délibérations du Bureau d'administration de l'École Spéciale Communale des Sciences et Arts de Toulouse, an XIII-1808, T. I séance du 10 janvier 1807, f° 101.
98 Ibid., f° 103.
99 Ibid., séance du 29 avril 1806, f° 52.
100 Ibid., séance du 22 août 1807, f° 191.
101 Ibid., séance du 23 décembre 1807, f° 220.
102 O. Devaux, L'enseignement à Toulouse sous le Consulat et l'Empire, op. cit., p. 244.
103 Ibid., p. 245.
104 ADHG, 5T 9, Lettre du Recteur de l'Académie Impériale de Toulouse au Maire de Toulouse, 4 novembre 1813.
105 ADHG, 5T 10, Décret ministériel, 17 février 1814, article 2.
106 À partir du 1811, Marqué-Victor remplace Roger Martin au Collège Royal et le supplée « provisoirement à la faculté, où il a fait, pendant six ans, les cours publics de physique expérimentale » (« Éloge de Marqué-Victor », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. II, 1830, p. xxviii).
107 Jean Vauthier professe les « mathématiques élémentaires au Collège de Toulouse » (P.-É. Brassine, « Notice sur M. Vauthier », art. cité, p. 268).
108 Ibid., p. 269.
109 AN, F17 21476, État des services de Frédéric Petit, 25 septembre 1850.
110 AMT, 1D 50, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1846-1848), séance du 27 janvier 1847, f° 74. 17
111 AN, F17 21476, Lettre du Recteur Charles Rémusat au Ministre de l'Instruction Publique, 22 octobre 1849.
112 AN, F17 21476, Lettre de Frédéric Petit au Ministre de l'Instruction Publique, 15 avril 1850.
113 N. Joly, « Éloge de M. Frédéric Petit », art. cité, p. 6.
114 AN, F17 21476, Arrêté du Ministre de l'Instruction Publique et des Cultes, 13 juin 1850.
115 François Arago, « De l'utilité des pensions accordées aux savants, aux littérateurs, aux artistes », Œuvres Complètes, T. III, Paris : Gide éditeur, Leipzig : T.O. Wegel, 1855, p. 624.
116 AMT, 2D 192, Registre des correspondances du maire (1863-1866), lettre n° 3852 du maire du Toulouse à Théodore Despeyrous, 30 janvier 1866.
117 John M. Burney, Toulouse et son université. Faculté et étudiants dans la France provinciale du xixe siècle, Paris : Presses Universitaires du Mirail, Éditions du CNRS, 1988, p. 40.
118 AMT, 1D 40, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1827-1830), séance du 10 juin 1829, f° 458.
119 AMT, 2D 171, Registre des correspondances du maire (1828-1829), lettre n° 468 du maire de Toulouse à Alphonse Desplas, 24 mars 1828.
120 ADHG, 5T 8, Lettre de Jacques Vidal à M. Duparc, rédacteur du Journal de la Haute-Garonne, 15 brumaire an XIV (6 octobre 1805).
121 AMT, 2D 170, Registre des correspondances du Maire (1826-1828), lettre n° 1484 du Maire de Toulouse, le Comte de Montbel à Alphonse Desplas, 24 octobre 1827.
122 AMT, 1M 6, Lettre du maire de Toulouse, Jean Gounon, à Alphonse Desplas, 5 mai 1829.
123 ADHG, 5T 10, Décret ministériel du 17 février 1814.
124 AMT, 1M 6, Lettre de d'Aubuisson au Maire de Toulouse, 8 janvier 1819.
125 Archives du Château d'Abbadia (ACA), Carton d'astronomie et de géodésie, Lettre n° 184 de Frédéric Petit à Antoine d'Abbadie, 28 juin 1861.
126 AOP, Ms 1060 V, Lettre de Théodore Despeyrous à Charles Delaunay, 9 novembre 1871.
127 ADHG, 5T 10, Lettre du Ministre de l'Intérieur au Préfet de la Haute-Garonne, 28 mai 1820.
128 ADHG, 5T 10, Lettre de Pierre d'Aubuisson au Préfet de la Haute-Garonne, 11 décembre 1820.
129 AMT, 2D 172, Registre des correspondances du Maire (1820-1830), Lettre n° 1180 du Maire de Toulouse Jean Gounon à Alphonse Desplas, 9 décembre 1829.
130 AMT, 2D 172, Registre des correspondances du Maire (1820-1830), Lettre n° 909 du Maire de Toulouse Jean Gounon à MM. Vauthier, Léon, Romieux, Boisgiraud et Carney, 26 octobre 1829.
131 Ibid., Lettre n° 1180 du Maire de Toulouse Jean Gounon à MM. Boisgiraud, Vauthier, Romieux, Léon, de Castellane, n° 605, 555, 19 avril 1830.
132 Ibid., Lettre n° 900 du Maire de Toulouse Jean Gounon à François Arago, 28 juin 1830.
133 R. Fox, G. Weisz, « The institutional basis of French science in nineteenth century », art. cité, p. 3.
134 AMT, Bx 35, Registre des délibérations du Bureau d'administration de l'École Spéciale communale des Sciences et Arts de la ville de Toulouse, séance du 13 janvier 1807, f° 111.
135 Ibid., séance du 25 juin 1808, f° 253.
136 AN, F17 3763, Lettre du Préfet de la Haute-Garonne au Ministre de l'Intérieur, 8 novembre 1814.
137 AMT, 1D 40, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1827-1830), séance du 10 juin 1829, f° 458.
138 Ibid., séance du 25 juin 1828, f° 256.
139 AMT, 1M 6, Lettre du maire Jean Gounon à Alphonse Desplas, 5 mai 1829.
140 AMT, 2D 172, Registre des correspondances du Maire (1829-1830), Lettre n° 921 du 3 juillet 1830, du maire Jean Gounon à Alphonse Desplas.
141 Michel Foucault, Histoire de la sexualité. T. I : La volonté de savoir, Paris : Gallimard, 1976, p. 125-126.
142 Ibid., p. 127.
143 AMT, 4D 95, Lettre d'Alphonse Desplas au maire de Toulouse, Jean Gounon, 24 décembre 1829.
144 AMT, 2D 173, Registre des correspondances du maire (1830-1832), Lettre n° 1196 du Maire Joseph Viguerie à Alphonse Desplas, 1er septembre 1831.
145 Ibid., Lettre n° 10 du maire Joseph Viguerie à Alphonse Desplas, 5 janvier 1832.
146 AMT, Bx 35, Registre des délibérations du bureau d'administration de l'École Spéciale communale des Sciences et Arts de Toulouse, T. I, séance du 13 janvier 1807, f 111.
147 AMT, 1D 39, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1824-1827), séance du 14 juin 1830, f 105.
148 AMT, 1R 288, Lettre du maire Joseph Viguerie à Alphonse Desplas, 5 janvier 1831.
149 Daniel Hermant, « Le vandalisme révolutionnaire », Annales E.S.C., juillet-août 1978, p. 703-719.
150 Michel Vovelle, La mentalité révolutionnaire. Société et mentalités sous la Révolution française, Paris : Messidor, Éditions sociales, 1985, Problème/Histoire, p. 93.
151 Françoise Choay, L'Allégorie du patrimoine, Paris : le Seuil, 1992, la couleur des idées, p. 83. les analyses de Françoise Choay ont été nuancées et approfondies par Dominique Poulot, Musée, Nation, Patrimoine, 1789-1815, Paris : Gallimard, 1997, Bibliothèque des histoires, 406 p.
152 Jean-Yves Andrieux, Patrimoine et Histoire, Paris : Belin, 1997, p. 49.
153 Edouard Pommier, « Naissance des musées de province », in Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire, T. II : La Nation **, Paris : Gallimard, 1986, Bibliothèque illustrée des histoires, p. 459.
154 AMT, 2R 3, Décret de la Convention Nationale, 8 août 1793.
155 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre de l'administration municipale de Toulouse aux administrateurs départementaux, 6 prairial an IV (27 mai 1796).
156 ADHG, 2O Toulouse, 110, Extrait des registres des arrêtés de l'administration municipale de Toulouse, 6 prairial (27 mai 1796).
157 ADHG, 2O Toulouse, Lettre du ministre des Finances aux administrateurs du département de la Haute-Garonne, 13 thermidor an IV (1er août 1796).
158 ADHG, 1L 1021, Lettre du jury d'instruction de l'École Centrale du département de la Haute-Garonne à Jacques Vidal, 26 vendémiaire an V (18 septembre 1796).
159 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre de l'architecte P. Virebent au maire de Toulouse Joseph Malaret, 26 octobre 1813.
160 Ibid., Lettre du secrétaire de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, d'Aubuisson des Voisins au Préfet de la Haute-Garonne, 9 septembre 1826.
161 ADHG, 5T 6, Lettre de Jacques Vidal au Préfet de la Haute-Garonne, 3 prairial an XII (23 mai 1806).
162 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre du Préfet de la Haute-Garonne au maire de Toulouse, 17 novembre 1810.
163 Ibid., Lettre de l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à Jérôme Hadancourt, 15 nivôse an XV
164 ADHG, 1L 1021-22-23, Lettre de Jacques Vidal à l'École Centrale de la Haute-Garonne, s.d. [1799-1800].
165 AMT, 2R 5, Procès verbaux des séances de la Société Académique connue sous le nom de Lycée et d'Athénée de Toulouse, 1797-1806, 20 frimaire an VIII (12 décembre 1799), f 53.
166 AMT, 1M 6, Lettre d'Alphonse Desplas au maire de Toulouse, le comte de Montbel, mai 1828.
167 ADHG, 55T 10, Lettre de Jean Sorlin au Préfet de la Haute-Garonne, 19 juillet 1822.
168 P.-É. Brassine, « Notice sur M. Vauthier », art. cité, p. 269.
169 ADHG, 5T 9, Lettre de Jacques-Pascal Virebent au maire de Toulouse Joseph Malaret, 26 octobre 1813.
170 AMT, 1D 33, Registre des délibérations du Conseil Municipal (an XI-1806), séance du 2 prairial an XII, f° 61.
171 ADHG, 2O Toulouse 110, Extrait des registres du bureau d'administration de l'École Spéciale des sciences, 1809.
172 AMT, 1D 35, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1809-1812), séance du 8 juillet 1809, f 19.
173 ADHG, 1L 1021-31, Objets qui meublent l'observatoire national de Toulouse, 16 pluviôse an II (5 février 1796).
174 AMT, 2D 176, Registre des correspondances du maire (1834-1836), Lettre n° 179 du Maire à Jean Vauthier, 10 février 1836.
175 AMT, 1D 45, Registre des délibérations du conseil municipal (1835-1837), séance du 19 novembre 1836, f° 411.
176 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre du chef de la troisième division du Ministère de l'Intérieur (bureau des bâtiments civils), au Préfet de la Haute-Garonne, 14 août 1815.
177 ADHG, 2O Toulouse 110, Nouvel état estimatif des constructions et des changements projetés pour l'Observatoire de la ville de Toulouse, avril 1817.
178 AMT, 1D 39, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1824-1827), séance du 25 juin 1829, f 93.
179 AMT, 1M 6, Lettre d'Alphonse Desplas au Maire de Toulouse, le Comte d'Hargenvilliers, 30 juillet 1825.
180 ADHG, 2O Toulouse 110, Extrait du procès-verbal de la séance extraordinaire de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse du 7 septembre 1826.
181 AMT, 2D 170, Registre des correspondances du maire (1826-1828), Lettre du Maire, le Comte de Montbel à Alphonse Desplas.
182 AMT, 1M 6, Lettre d'Alphonse Desplas au maire de Toulouse, le Comte d'Hargenvilliers, 30 juillet 1825.
183 ADHG, 2O Toulouse, Observatoire national de Toulouse, s.d. [1828].
184 Maurice Halbwachs, La topographie légendaire des évangiles en terre sainte. Étude de mémoire collective, Paris : Presses universitaires de France, 1971, Bibliothèque de sociologie contemporaine, p. 162.
185 Roland Barthes, Mythologies, Paris : Le Seuil, 1970, p. 230-231.
186 Ibid., p. 231.
187 ADHG, 1L 1021-20, Rapport du jury d'instruction de l'École Centrale, 24 floréal an VIII (15 mai 1800).
188 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre de Vidal à M. Descoulombre, vice président du Conseil de l'École de Toulouse, nivôse an XIII (décembre 1804).
189 AMT, 1D 49, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1830-1833), séance du 29 janvier 1833, f 583.
190 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre de Vidal à M. Descoulombre, vice président du Conseil de l'École de Toulouse, nivôse an XIII (décembre 1804).
191 AMT, 1D 49, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1830-1833), séance du 29 janvier 1833, f 583.
192 AMT, 7Z 233, Copie d'une lettre de Frédéric Petit à Alexis Bouvard, 29 août 1838.
193 Frédéric Petit, « Introduction », Annales de l'Observatoire de Toulouse, T. I, 1862, p. 3.
194 Ibid., p. 4.
195 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse Armand Perpessac, 13 mai 1839.
196 AMT, 1D 45, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1838-1840), séance du 13 mai 1839, f° 111 v°.
197 Ibid., f° 112.
198 F. Petit, « Introduction », art. cité, p. 4.
199 AMT, 2D 169, Registre des correspondances du Maire (1838-1839), Lettre n° 1214 du Maire Armand Perpessac à François Arago, 17 mai 1839.
200 AMT, 1D 44, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1837-1838), séance du 16 septembre 1839, f° 179.
201 AMT, 4D 95, Lettre de François Arago au Maire de Toulouse Armand Perpessac, 10 août 1839 (le timbre indique que la lettre a été postée en septembre).
202 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au maire de Toulouse Armand Perpessac, 10 août 1839.
203 AMT, 4D 95, Lettre de François Arago au maire de Toulouse Armand Perpessac, 10 août 1839.
204 Annuaire administratif et commercial du département de la Haute-Garonne pour l'année 1840, Toulouse : Imprimerie J. Dupuis, 1840, p. 434.
205 Annuaire administratif, judiciaire et commercial du département de la Haute-Garonne pour l'année 1843, Toulouse : chez Delsol, 1843, p. 299.
206 Yves Bruand, « Introduction », in Urbain Vitry à Toulouse. Catalogue de l'Exposition au Palais des Arts, 20 novembre-23 décembre 1981, Toulouse : Association des Amis de l'École des Beaux-Arts de Toulouse, 1981, p. xi. Voir également Marie-Laure de Capella, Urbain Vitry (1802-1863). Un architecte toulousain à l'époque romantique, thèse de doctorat en histoire de l'art, sous la direction d'Yves Bruand, université de Toulouse II-Le Mirail, 1998, 2 vol.
207 M.-L. de Capella, op. cit., T. I, f° 189.
208 AMT, 4D 95, Lettre d'Urbain Vitry au maire de Toulouse, Arnaud Perpessac, 9 novembre 1839.
209 Ibid., Lettre de Frédéric Petit au maire Armand Perpessac, 9 décembre 1839.
210 A. Gatien-Arnoult, « Éloge de M. Frédéric Petit », art. cité, p. 647.
211 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au maire Armand Perpessac, 9 décembre 1839.
212 Ibid., 28 juillet 1839.
213 AMT, 4D 95, Urbain Vitry, Devis descriptif, clauses et conditions de l'entreprise, construction de l'observatoire, 13 février 1840.
214 AMT, 4D 95, Achille Leclerc, Rapport fait au Conseil des Bâtiments Civils, 8 août 1840.
215 AMT, 4D 95, Extrait des registres des adjudications, 7 janvier 1841.
216 AMT, 4D 95, Rapport de Lambert et Faqué, 26 septembre 1840.
217 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au maire de Toulouse Pierre Bories, 20 mai 1843.
218 AMT, 4D 95, Urbain Vitry, Rapport supplémentaire des travaux exécutés à l'observatoire, 27 mai 1843.
219 AMT, 1D 48, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1843-1844), séance du 22 avril 1843, f 13.
220 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au maire Pierre Bories, 20 mai 1843.
221 AMT, 1D 48, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1843-1844), séance du 16 octobre 1843, f 21 v°.
222 Y. Bruand, « Introduction », art. cité, p. xi
223 AMT, 4D 95, Urbain Vitry, Devis descriptif, clauses et conditions de l'entreprise, construction de l'observatoire, 1 3 février 1840.
224 AMT, 4D 95, Requête du maire de Toulouse, Pierre Bories au Tribunal de première instance de Toulouse, 28 avril 1843.
225 AMT, 4D 95, Requête du Sieur Gilis auprès de l'huissier Pierre Garigue, huissier au Tribunal Civil et auditeur près de la Cour Royale de Toulouse, 2 mai 1843.
226 AMT, 4D 95, Lettre d'Urbain Vitry au Maire Pierre Bories, 8 mai 1843.
227 M.-L. de Capella, op. cit., T. II, f° 40.
228 AMT 4D 95, État des dépenses de toute nature faites par la ville pour le nouvel observatoire, 27 novembre 1846. La somme totale est de 120 518,54 francs. Mais cet inventaire budgétaire retient également la somme de 7 500 francs pour l'achat d'un cercle mural, ce qui diminue la somme d'autant, si l'on s'en tient strictement aux dépenses architecturales.
229 M.-L. de Capella, op. cit., T. II, f° 40.
230 M.-L. de Capella, « Observatoire de Toulouse. Projet de décoration pour le vestibule et salle de cours », in Cinq siècles d'astronomie toulousaine. « Ils observaient les étoiles... », Toulouse : Archives municipales de Toulouse, 2002, p. 139.
231 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au maire Armand Perpessac, 28 juillet 1839.
232 Ibid.
233 M.-L. de Capella, op. cit., T. I, f 190.
234 Ibid., f° 191.
235 M.-L. de Capella, « Observatoire, Coupe du bâtiment et élévation de la façade », in Cinq siècles d'astronomie toulousaine. « Ils observaient les étoiles. », Toulouse : Archives Municipales de Toulouse, 2002, p. 143. Sur ce style architectural, voir : Yves Bruand, Bruno Tollon, « L'architecture baroque toulousaine : mouvement original ou maniérisme prolongé », Gazette des beaux-Arts, 6e période, T. LXXX, novembre 1972, p. 261-272.
236 AMT, 1D 49, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1845-1846), séance du 6 août 1845, f 86 v°.
237 AMT, 1D 40, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1827-1830), séance du 19 juin 1829, f° 473.
238 AMT, 1D 40, Registre des délibérations du Conseil Municipal (an XI-1806), séance du 2 prairial an XII, f° 61 et séance du 11 ventôse an XIII, f° 114.
239 AMT, 1D 37, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1817-1821), séance du 22 juin 1818, f° 84, séance du 10 juillet 1820, f 327.
240 AMT, 1D 48, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1843-1844), séance du 16 décembre 1843, f° 74 v°.
241 ADHG, 1L 1021-26, Procès verbal contenant levée des scellés dans la maison de l'observatoire et décharge des Instruments d'astronomie, 13 floréal an VIII.
242 AMT, 7D 42, Copie de l'inventaire des Effets et Instruments déposés à l'observatoire de Toulouse, 16 août 1822.
243 AMT, 2D 173, Registre de la correspondance du Maire (1830-1832), lettre n° 252 du maire Joseph Viguerie à l'Ingénieur d'Aubuisson, 10 août 1832.
244 AMT, 7D 42, Procès verbal du Commissaire de Police Antoine Alexis Salvoige de la Cippière.
245 AMT, 1D 174, Registre de la correspondance du maire (1832-1833), lettre n° 797 du maire Joseph Viguerie à Alphonse Desplas, 7 juillet 1832.
246 AMT, 7D 42, Copie de l'inventaire des effets et Instruments déposés à l'observatoire de Toulouse, 16 août 1822.
247 AMT, 7D 42, Procès verbal du Commissaire de police Félix Gravelle, 3 août 1832.
248 AMT, 1R 288, Lettre du Maire de Toulouse Joseph Viguerie à Alphonse Desplas, 22 juin 1825.
249 AMT, 7D 42, Procès verbal du Commissaire de Police Antoine Alexis Salvoige de la Cippière.
250 AMT, 1D 41, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1830-1833), séance du 24 mars 1832, f 419.
251 AMT, 7D 42, Procès verbal du Commissaire de Police Antoine Alexis Salvoige de la Cippière et AMT, 1D 41, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1830-1833), séance du 24 mars 1832, f° 419.
252 AMT, 1R 288, Lettre du Maire de Toulouse Joseph Viguerie à Alphonse Desplas, 22 juin 1825.
253 Archives Départementales de l'Ariège (AD Ariège), 4T 34, Lettre du Préfet de l'Ariège au ministre de l'Intérieur, 8 février 1819.
254 AD Ariège, 4T 34, Inventaire raisonné des instruments d'astronomie appartenant à la succession de feu M. Vidal ancien professeur d'astronomie à Toulouse et actuellement existants dans son observatoire à Mirepoix, département de l'Ariège, adressé à Monsieur le Préfet de l'Ariège, 1819.
255 AD Ariège, 4T 34, Lettre de Jean-Baptiste Delambre au ministre de l'Intérieur, 1819.
256 F. Petit, « Introduction », art. cité, p. 4.
257 AMT, 7Z 233, Copie d'une lettre de Frédéric Petit à Alexis Bouvard, 29 août 1838.
258 AMT, 1D 64, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1867-1869), séance du 25 janvier 1868, f° 29 v°.
259 AMT, 1D 49, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1845-1846), séance du 9 août 1845, f° 93 v°.
260 Jacques Payen, « Les constructeurs d'instruments scientifiques au xixe siècle », Archives Internationales d'Histoire des Sciences, vol. 36, n° 116, juin 1986, p. 89.
261 F Petit, « Note de M. Petit, professeur à la Faculté des Sciences, et directeur de l'Observatoire de Toulouse », Revue de l'Académie de Toulouse et des autres académies de l'Empire, T. I, 1855, p. 180.
262 AMT, 4D 95, Lettre de Brunner au Maire de Toulouse, 2 août 1847.
263 AMT, 1D 60, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1861-1863), séance du 28 février 1863, f° 165.
264 François Arago dans son examen de l'éclipse de 1842 focalise son attention sur la « couronne lumineuse annulaire ». Il émet l'hypothèse qu'une meilleure connaissance de ce phénomène permettrait de trancher la question d'une « atmosphère du soleil » et de sa constitution physique (F. Arago, « Notice sur les éclipses et particulièrement sur l'éclipse totale du 8 juillet 1842 », in Œuvres complètes, T. VI : Notices scientifiques, Paris : Gide Éditeur, Leipzig : T. O. Weigel éditeur, 1858, p. 146).
265 AMT, 1D 60, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1861-1863), séance du 28 février 1863, f° 165.
266 AMT 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 30 avril 1847.
267 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 5 février 1863.
268 AMT, 1D 60, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1861-1863), séance du 28 février 1863, f° 165.
269 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 7 août 1846.
270 F. Arago, Œuvres complètes, T. II : Notices biographiques, Paris : Gide et Baudry Éditeur, Leipzig : T. O. Weigel éditeur, 1854, p. 602.
271 Ibid., p. 602-603.
272 Ibid., p. 602.
273 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 4 mars 1846.
274 AMT, 4D 95, Lettre de Brunner au Maire de Toulouse, 21 juillet 1849.
275 AMT, 1D 57, Registre des délibérations du Conseil Municipal (1854-1855), séance du 20 décembre 1855, f° 448.
276 ACA, Carton Astronomie-Géodésie, Lettre n° 169 de Frédéric Petit à Antoine d'Abbadie, 14 avril 1860.
277 Sur Antoine d'Abbadie voir Gaston Darboux, Notice historique sur Antoine d'Abbadie, Paris : Gauthier-Villars, 1907, 42 p. ; Anthony Turner, « Antoine d'Abbadie et son observatoire décimal à Hendaye », Mémoire de la science, T. II, 2002, p. 7-88.
278 Frédéric Soulu, Quelques instruments scientifiques d'Antoine d'Abbadie, Hendaye : Château d'Abbadie, 2002, p. 7.
279 ACA, Registre de copie des lettres d'Antoine d'Abbadie, vol. J, lettre n° 167, adressée à Frédéric Petit, 14 avril 1861.
280 ACA, Carton Astronomie-Géodésie, Lettre n° 193, de Frédéric Petit à Antoine d'Abbadie, 24 juillet 1863.
281 ACA, Carton Astronomie-Géodésie, Lettre n° 194, de Frédéric Petit à Antoine d'Abbadie, 16 novembre 1863.
282 ACA, Carton Astronomie-Géodésie, Lettre n° 193, de Frédéric Petit à Antoine d'Abbadie, 24 juillet 1863.
283 AMT, 2D 173, Registre des correspondances du Maire (1826-1828), Lettre n° 8015 du Maire de Toulouse à Alphonse Desplas.
284 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 7 août 1847.
285 AMT, 4D 95, Lettre de Cauche à Frédéric Petit, 26 avril 1847.
286 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre du Ministre de l'Instruction Publique au Maire de Toulouse, 2 mars 1847.
287 ADHG, 2O Toulouse 110, Lettre du Maire de Toulouse au préfet de la Haute-Garonne, 27 novembre 1846.
288 AOP, Ms 1060 V, Lettre du Ministre de l'Instruction Publique et des Cultes au directeur de l'Enseignement Supérieur, 16 janvier 1856.
289 AMT, 4D 95, Extrait des registres de délibérations du Conseil Municipal, séance du 13 septembre 1869.
290 Sur les travaux de Léon Foucault en ce qui concerne les miroirs, voir le chapitre 13 de l'ouvrage de William Tobin, Léon Foucault. Le miroir et le pendule, Paris : EDP, 2002, Sciences & Histoires, p. 204-232. Foucault a présenté ses recherches dans son « Mémoire sur la construction des télescopes en verre argenté », Annales de l'Observatoire impérial de Paris, T. V, 1859, p. 197-237.
291 ADHG, 2O Toulouse 110, Traité de construction du télescope de 80 cm entre le Maire de Toulouse et l'opticien Louis Secrétan, 15 décembre 1863.
292 AMT, 2R 110, Lettre de Louis Secrétan à Pierre-Adolphe Daguin, 11 septembre 1867.
293 AMT, 4D 95, Lettre de Louis Secrétan au Maire de Toulouse Filhol, 7 décembre 1869.
294 AMT, 2R 110, Lettre de Louis Secrétan à Pierre-Adolphe Daguin, 8 février 1870.
295 AMT, 1M 6, Lettre de Pierre d'Aubuisson au Maire de Toulouse, 22 février 1819.
296 Nicolas Joly, « Éloge de M. Frédéric Petit », art. cité, p. 9.
297 AMT, 1D 59, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1859-1861), séance du 9 avril 1861, f 144.
298 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 25 avril 1861.
299 F. Petit, « Introduction », art. cité, p. 12.
300 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 25 avril 1861.
301 F. Petit, « Introduction », art. cité, p. 12.
302 AMT, 2D 167, Registre des correspondances du Maire de Toulouse (1822-1824), lettre n° 1721 du Maire de Toulouse à Marqué-Victor, 11 décembre 1823.
303 F. Petit, « Note de M. Petit, professeur à la Faculté des Sciences et directeur de l'Observatoire de Toulouse », art. cité, p. 177.
304 ABDL, Registre des procès-verbaux du Bureau des Longitudes (1829-1843) séance du 18 juillet 1838.
305 AMT, 2D 178, Registre des correspondances du Maire de Toulouse (1837-1838), lettre n° 1404 du Maire de Toulouse à François Arago, 26 juillet 1838.
306 Ibid., lettre n° 1451, du Maire de Toulouse à Frédéric Petit, 4 août 1838.
307 F. Petit, « Introduction », art. cité, p. 7.
308 AMT, 2D 179, Registre des correspondances du Maire de Toulouse (1838-1839), lettre n° 1 du Maire de Toulouse à François Arago, 1er octobre 1838.
309 ABDL, Registre des procès-verbaux du Bureau des Longitudes (1829-1843) séance du 10 octobre 1838.
310 AMT, 2D 179, Registre des correspondances du Maire de Toulouse (1838-1839), lettre n° 1 du Maire de Toulouse à François Arago, 1er octobre 1838.
311 AMT, 7Z 233, Brouillon de la lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, s.d. [1838].
312 Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1830, p. 38-39.
313 ACA, Carton Astronomie-Géodésie, Lettre n° 187 de Frédéric Petit à Antoine d'Abbadie, 24 juillet 1862.
314 Ibid., lettre n° 188, 10 décembre 1862.
© Presses universitaires de Rennes, 2007