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Savigny : une abbaye entre Normandie, Bretagne et Maine

p. 241-257

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Index géographique : France


Texte intégral

1Chef d’un ordre qui compta une trentaine de maisons au xiiie siècle avant de se donner à Cîteaux, l’abbaye de Savigny n’a guère été étudiée malgré l’abondant chartrier conservé1. Au Moyen Age, les échanges et les relations entre Normandie et Bretagne manquent d’intensité pour tout ce qui concerne le sacré et la vie religieuse ; or Savigny n’obéit pas à cette règle. Création de l’un des plus prestigieux ermites de l’Ouest, Vital de Mortain, pour qui les frontières provinciales semblent peu consistantes, elle se présente comme la fondation normande d’un baron breton gratifiée de la protection de seigneurs manceaux. Dès le départ, elle affirme une position originale sur les confins qu’elle va cultiver avec opiniâtreté.

2Loin d’être retirée du monde, l’abbaye participe totalement de la vie de ces terres de marche où politique de force et alliances, constituent un jeu complexe qui incorpore les puissances locales aussi bien que princières. Des rapports étroits et divers se tissent entre religieux et aristocrates en des termes souvent originaux. L’ermite Vital établit sa communauté à la confluence de trois principautés l’inscrivant dans l’espace de sa vie. Un tel héritage demeure à son abbaye qui va bâtir sa force sur un rayonnement ignorant les frontières.

Un ermite des marges

3La localisation très particulière de l’abbaye n’est pas exceptionnelle au Moyen Age mais cette dernière va en jouer. Vital puis les moines ont su se mouvoir dans le monde particulier des marches : ces territoires plus ou moins bien contrôlés par le pouvoir et surtout au cœur d’enjeux stratégiques et de politiques subtiles auxquels ils ne pouvaient demeurer étrangers2.

Vital, un ermite qui transcende les frontières ?

4Vital est incontestablement normand. Il naît vers 1060 à Tierceville, près de Bayeux. Sans être noble, sa famille a suffisamment d’aisance pour lui permettre de fréquenter les grands et de faire des études. Il entame une carrière ecclésiastique prometteuse comme chapelain du comte de Mortain, demi-frère de Guillaume le Conquérant. Quand le comte fonde la collégiale de Saint-Evroult, il y installe Vital comme chanoine et pendant une quinzaine d’années, celui-ci est donc clerc de cour auprès d’un personnage majeur3.

5En 1095 ou 1096, il connaît une conversion qui lui fait remettre en cause sa position et quitter tout pour le désert, suivant en cela une voie fréquente dans l’ouest de la France où l’érémitisme connaît un regain de popularité4. Il ne s’éloigne guère puisqu’il se retire dans les rochers de Mortain, il fuit donc le monde sans vraiment rompre avec son environnement. Les guerres qui marquent la succession de Guillaume et ravagent la région ne sont peut-être pas étrangères à cette prise de conscience5.

6Bientôt, il s’éloigne pour évoluer dans une zone assez large, à cheval sur les trois provinces de Normandie, Maine et Bretagne. Le récit un peu confus de Dom Auvry qui relaie les textes hagiographiques et les chartes le montre présent dans un grossier triangle dont les pôles seraient Fougères, Savigny et Passais-la-Conception6. L’une de ses résidences préférées se situe à Dompierre que l’on peut identifier avec l’un des prieurés de Savigny situé sur la Colmont, dans le Maine, près de la forêt du Passais7. Il devient alors l’un des grands ermites de la région avec Robert d’Arbrissel, Bernard de Tiron et Raoul de la Futaye. Il faut sans doute en rabattre sur les textes hagiographiques qui nous présentent des réunions entre ces grands personnages qualifiés de Magistri. Les ermites forment de petits groupes informels et Vital semble avoir assumé, comme ses confrères, un rôle de direction. Quand Bernard de Tiron arrive dans la région sous une identité masquée, il vient à Vital qui lui dit de faire le tour des ermitages pour s’installer et sa Vita signale que de nombreux personnages venaient le voir et qu’il tenait des conférences dans son ermitage de Dompierre. Au-delà du cliché, il faut reconnaître un ascendant certain à Vital qui rayonne alors sur la forêt de Fougères en Bretagne, autour de Saint-Mars-sur-la-Futaie dans le Maine ainsi que dans le Passais8.

7Sa vie érémitique dure dix-sept ans, selon les sources, dans un espace qui fait fi des frontières et certains textes manceaux semblent élargir nettement le champ des interventions. Des ermites dirigés par un prêtre Vital ont tenté de s’installer en forêt de Pail, en Saint-Sulpice-les-Chèvres9. L’endroit est éloigné vers l’est mais le témoignage provient du cartulaire de Tiron, l’abbaye de Bernard. Le texte décrit une tentative de création de paroisse avortée en raison de l’opposition seigneuriale. Si le prêtre est bien Vital, il aurait joué un rôle comme desservant, la chose n’est pas impossible, le compagnon de Robert d’Arbrissel et futur abbé de la Roë, Quintin, était en même temps curé de la Selle-Guerchaise10.

8Comme ses pairs, l’ermite se livre à une intense activité de prédication itinérante. Nous ne savons pas grand-chose de ses déplacements mais toutes les sources laissent à penser qu’il a parcouru, au moins en partie, la Normandie, le Maine et aussi la Bretagne. Dans une lettre, l’évêque de Rennes, Marbode, plutôt bien disposé à l’égard des ermites, demande à Vital d’accueillir une jeune fille dans la communauté féminine qu’il a fondée, signe de sa notoriété en Bretagne. Les actes fréquents de l’évê-que du Mans, Hildebert, vont dans le même sens et témoignent d’une bonne entente avec les évêques de la région, y compris celui d’Avranches, évidemment.

9Sans doute pousse-t-il jusqu’à l’Anjou. Les auteurs anciens ont voulu qu’il aille en forêt de Craon avec Robert d’Arbrissel, la chose n’est pas prouvée mais la prédication a pu lui faire parcourir ces contrées. En 1119, les frères de l’hôpital Saint-Julien de Château-Gontier veulent donner leur maison à un abbé Vital mais la chose ne peut se faire en raison de l’opposition de l’abbaye Saint-Nicolas d’Angers11. L’identification est hasardeuse et les historiens locaux ont vite fait d’assimiler tous les Vital, nom il est vrai rare, à notre héros. La coïncidence est troublante12. Cette dernière intervention témoigne moins cependant d’une hypothétique présence de l’ermite que de l’extension de sa renommée.

10Vital mène sa vie religieuse et son apostolat, indifférent aux limites des principautés et seigneuries. Dans cet espace de confins, les délimitations n’ont absolument rien de rigoureux ni d’imperméable et l’ermite n’est donc en cela guère original, il s’inscrit même bien dans la complexité du monde politique et seigneurial dont il n’ignore absolument pas les données13.

Vital dans le contexte politique des marches

11Il paraît fortement lié à deux seigneurs majeurs appartenant aux deux provinces de Normandie et de Bretagne14. Très logiquement, il se place d’abord à la cour d’un normand. À la fin du xie siècle, les rapports entre Normandie et Bretagne sont franchement mauvais et depuis longtemps, ce qui fait de la région à la fois un enjeu et un champ de bataille. Les Bretons ont occupé l’Avranchin au ixe siècle mais, sous la poussée normande, ils ont dû l’évacuer et, autour du Couesnon, les tensions demeurent fortes15. Robert le Magnifique met sous sa domination les territoires entre Sélune et Couesnon et l’abbaye du Mont-Saint-Michel passe tour à tour sous des influences contradictoires avant de tomber définitivement dans l’orbite normande après 103016. Cette politique menace l’équilibre du comté rennais, si bien qu’entre 1040 et 1047, Conan II encourage la création d’une forte seigneurie en marche centrée sur le château de Fougères confiée à un fidèle, Main17.

12Guillaume le Bâtard poursuit la politique de ses prédécesseurs. La frontière est renforcée avec l’érection de la forteresse de Saint-James-de-Beuvron mais surtout, il fait de Mortain un commandement important chargé de protéger le sud du duché et en confie la charge à son demi-frère, titulaire d’un titre comtal, dignité rare alors18. Guillaume capte les puissants vassaux du nord du Rennais. Il soutient la révolte de Rivallon de Dol, en 1064, comme le montre la tapisserie de Bayeux mais sans grand succès. Cela n’empêche pas le seigneur de Dol de figurer dans son entourage19. Main II de Fougères lui aussi paraît comme témoin dans des actes du duc normand qui le gratifie sans doute de fiefs juste à la limite de sa seigneurie mais en Normandie. C’est ainsi qu’il reçoit, entre autres, l’église de Savigny et les forêts proches. Il n’est pas impossible, cependant que certains de ces biens aient été détenus avant le recul de la frontière et leur conservation impliquait évidemment une attitude des plus conciliantes20. Plutôt qu’à un renversement d’alliance, ces châtelains semblent obéir à un souci de sauvegarde et s’inscrivent bien dans la politique classique des barons des marches pour qui les hommages multiples et les alliances successives garantissent une marge de manoeuvre. Finalement, Conan II rétablit son autorité et en 1076 une dernière tentative de Guillaume contre Dol se solde par un échec.

13Côté manceau, la poussée normande se concrétise sous Guillaume qui annexe le Passais au détriment du comté du Maine et menace gravement Geoffroy de Mayenne, puissant baron qui multiplie les hommages mais conserve une très large autonomie21. Ce dernier doit plier cependant mais la situation n’en demeure pas moins longtemps instable dans une région où les influences continuent à s’affronter. Signe révélateur, au xiie siècle les châteaux d’Ambrières et Gorron, de grande valeur stratégique, changent de main au gré des relations.

14La complexité des intérêts familiaux fait de ces régions non pas des culs de sac figés dans des positions de défense mais, en dehors des affrontements, des régions d’échanges en tout genre et, les vassaux, modestes ou pas, enjambent les limites, tels les Landivy, seigneurs manceaux au contact direct des trois provinces. Les réseaux de vassalité et de clientèle transcendent les frontières. Le normand Jacques de Saint-Hilaire-du-Harcouët fait un don à Goslin de Poe, un manceau, et prend son fils comme chevalier22. Les listes de témoins de Savigny viennent le confirmer abondamment.

15Vital s’inscrit parfaitement dans un tel contexte avec ses deux protecteurs. Jusqu’à quel point cela est-il en dehors de toute politique ? Le saint ermite ne se tient pas à l’écart des conflits. Il tente une médiation entre le roi Henri et le duc Robert Courteheuse soutenu par Guillaume de Mortain, ce qui le place cependant dans une position inconfortable. La défaite et la capture de ce dernier à Tinchebray, en 1106, le met en délicatesse avec le pouvoir.

Fondation et frontières

16L’installation dans la forêt de Savigny, appartenant à Raoul de Fougères prend alors tout son sens. Les ermitages habituels de Vital sont dans ces parages mais la Vita Bernardi précise bien ce lieu et, déjà entre 1108 et 1112, le roi Henri Ier d’Angleterre accorde sur les biens « Vitalis Savignei heremite et sociorum suorum… » une exemption de péages dans les ports23. Les textes précisent que de nombreux compagnons étaient groupés dans les ermitages, le Rouleau mortuaire, parle de 14224. Raoul accepte cette colonisation et envoie aussi Bernard de Tiron et les siens dans la même forêt pour préserver les terrains de chasse de sa foresta25. C’est trop et ces derniers partent pour fonder Tiron. Un processus se met donc en place, le groupe important développe des structures de plus en plus organisées pour aboutir à une vraie communauté religieuse. Le projet mûri prend corps en 1112.

17Les raisons de Vital sont compréhensibles, celles de Raoul ont besoin d’être éclairées. Les relations normanno-bretonnes se sont stabilisées et le baron possessionné dans les deux provinces est aussi désormais titulaire de fiefs dans l’Angleterre nouvellement conquise. Le seigneur breton est donc aussi largement normand26. Pourquoi, cependant se fait-il le fondateur d’une abbaye de style nouveau ? On peut évoquer le prestige acquis par Vital mais cela suppose de la part du baron une rupture forte avec ses pratiques classiques héritées de ses ancêtres. La famille a des relations étroites avec les bénédictins de Marmoutier, bien implantés dans toute la région auprès des grandes familles aristocratiques. Les Fougères n’ont pas fondé moins de trois prieurés : Louvigné-du-Désert, Saint-Sauveur-des-Landes et la Sainte-Trinité à Fougères même, œuvre de Raoul pour six moines27.

18Cependant, après une première alerte qui crée un malaise avec Marmoutier, à propos du desservant de l’église Saint-Sulpice accusé de simonie et de dépravation, un conflit se déclenche quand Raoul donne l’église canoniale de Sainte-Marie à Marmoutier puis la reprend pour la donner à Saint-Florent de Saumur. L’abbaye tourangelle garde l’église moyennant un prêt important. Finalement, l’affaire aboutit devant le pape et l’excommunication est prononcée. Raoul cède mais la relation avec Marmoutier est brisée. F. Mazel fait remarquer qu’il ne s’agit pas de mauvaise humeur de la part du seigneur qui fondera une abbaye et s’y fera moine mais plutôt d’une forte résistance face au droit revendiqué par les moines à la suite du développement du mouvement grégorien28. Cette radicalisation heurte Raoul dans son pouvoir seigneurial et dans sa conception des relations avec les moines sur un modèle traditionnel de type post-carolingien. Aussi, se tourne-t-il vers d’autres religieux quand Vital se présente.

19Ce dernier, passe progressivement à la structuration d’une communauté. Pour cela il a besoin d’une véritable concession. La fondation de l’abbaye devient officielle par la rédaction de quatre actes qui apportent la caution des autorités et des pouvoirs de toute la région. En 1112, Raoul, sa femme et ses enfants donnent à l’ermite Vital la foresta de Savigny ainsi qu’elle est délimitée par des ruisseaux dont l’un est limitrophe du Maine. Il y sera érigé une abbaye dédiée à la Trinité. Aucun témoin ne figure29. Le texte est repris l’année suivante, en janvier. Le tout est confirmé et garanti par l’évêque d’Avranches, Turgise, l’ordinaire du lieu30. Les témoins présents forment un panorama de l’aristocratie des environs : le puissant seigneur de Mayenne, Hamelin est le premier avec son frère Juhel, Harscouët de Saint-Hilaire suit avec son fils puis viennent des personnages de moindre envergure mais importants. Le roi Henri Ier confirme quelques jours plus tard à Avranches où il tient sa cour, ce qui fournit l’occasion d’une longue liste de témoins prestigieux parmi lesquels Baudri, archevêque de Dol, souvent sur les terres normandes de son évêché. La même année, Raoul complète ses dons par l’achat de la terre de Marchais à la famille seigneuriale de Landivy afin de compléter sa donation initiale31.

20La fondation de Savigny incarne, à tous égards, les aspects de la vie de Vital et son espace vécu. Symboliquement, mais est-ce un hasard ? la nouvelle abbaye est exactement au point de rencontre de la Normandie, de la Bretagne et du Maine, situation qui allait marquer toute son histoire.

Une abbaye des marches

21L’itinéraire personnel de Vital impose son originalité à la nouvelle abbaye. Il dirige la communauté d’hommes à laquelle s’adjoint sans doute une petite communauté de femmes, jusqu’en 1122, soit suffisamment pour bien imprimer sa marque. Alors que les fondations des ermites n’ont le plus souvent guère prospéré, Savigny qui suit une interprétation rigoureuse de la règle de saint Benoît devient vite une puissante abbaye, chef d’ordre. Le climat se fait d’ailleurs plus favorable. Les guerres incessantes du xie siècle laissent place à une situation plus paisible et bientôt la famille Plantagenêt réunit toute la région sous son autorité. L’abbaye rayonne alors, avec des nuances bien sûr, sur les trois provinces qu’elle côtoie.

Les relations avec les puissants

22Les protections religieuses ne font pas défaut, celle du pape, au premier rang. Dès 1119, Calixte II place Savigny sous la protection de saint Pierre mais, significativement, il adresse sa lettre aux évêques d’Avranches et du Mans, (Rennes est absent), au comte de Mortain et aux seigneurs châtelains de Fougères, Mayenne et Saint-Hilaire, on ne peut mieux cerner le cadre spatial et politique dans lequel se meut l’abbaye32. Les évêques acceptent de confirmer par de très longues chartes les biens de Savigny dans leurs diocèses respectifs. Guillaume de Saint-Calais émet, en 1162, une confirmation générale pour le diocèse du Mans et dès 1153, Alain avait fait de même pour les donations bretonnes33. Les évêques de Rennes se montrent d’autant plus bienveillants que certains sont d’anciens cisterciens et, à la fin du siècle, Etienne de Fougères entreprend même de rédiger, à la demande de l’abbaye, la Vita de Vital34. Richard, évêque d’Avranches, intervient en 1179 pour le temporel détenu dans son diocèse mais il s’inscrit dans les pas de ses prédécesseurs qui ont facilité les débuts de la communauté35.

23Les laïcs suivent, à commencer par les rois et ducs de Normandie, en particulier, Henri II qui donne une longue charte confirmative36. Les seigneurs de Mayenne accordent aussi leur protection : Gautier et ses fils Hamelin et Juhel que l’on a vu prendre part de près à la fondation puis les successeurs. Une longue confirmation pour les biens détenus dans sa seigneurie est délivrée par Geoffroy en 1168, signe que la sollicitude ne se dément pas37. Les Fougères n’abandonnent pas leur fondation. Ils multiplient les faveurs et y maintiennent leur nécropole familiale. En 1244, Robert III, sans doute à la demande des moines, écrit, sans succès, au pape pour obtenir la canonisation de Vital et des quatre autres saints de Savigny38.

24Dès 1148, Conan III, duc de Bretagne, confirme les donations de ses vassaux et ajoute à titre personnel les droits d’usage dans sa forêt de Rennes et des exemptions de coutumes, le tout conclu par une mise sous sa protection39. Ses successeurs suivent dans cette voie, en particulier Conan IV40. Enfin, se distingue, mais assez tard, la famille des puissants barons de Vitré. Ils sont complètement étrangers à la fondation mais déploient ensuite une grande générosité, leurs alliances matrimoniales et leurs intérêts normands aidant. Robert III (vers 1155-1173) est inhumé dans la chapelle Sainte-Catherine de Savigny et son fils, André, multiplie les dons. Dom Auvry n’hésite pas à écrire : « Entre ceux-là (donateurs) il n’y en a point eu qui aient fait tant de bien si on excepte les barons de Fougères, que les seigneurs de Vitré41… »

25Ces relations se répercutent sur les vassaux. Dans le Maine, les Landivy, l’Écluse et bien d’autres, liés aux Mayenne, ne tardent pas à se manifester. Les fidèles de la maison de Fougères agissent pareillement. Dès 1127, Raoul du Loroux donne l’église du lieu avec cimetière et dîmes, le seigneur de Saint-Brice se montre généreux ainsi que la famille Bastard qui tient le village de Savigny42. Le seigneur n’est pas en reste pour favoriser ces donations. En 1147, Henri de Fougères offre des dons importants mais les accompagne d’une adresse à ses vassaux43. Le phénomène n’a rien d’original et a déjà été étudié, par exemple, dans le Haut-Maine tout proche44.

26C’est toute l’aristocratie grande et petite de la région qui défile, notons cependant que, si ce milieu paraît relativement homogène et transcende sans problème les limites des principautés, les moines n’en demeurent pas moins attentifs aux nuances politiques. Les rois d’Angleterre et le duc de Bretagne sont sollicités pour confirmer mais le comte du Maine ne l’est pas, la demande s’arrête au seigneur de Mayenne45. Effectivement, dans les deux premiers cas, le pouvoir ducal s’est sauvegardé alors que les barons de Mayenne jouissent d’une large autonomie, Gautier, en 1114, ne craint pas de s’intituler : « marchisus et nobilis decurio meduanensis46… »

27Par contre, une évidente communauté d’attitude réunit tous ces aristocrates. Les donations sont très largement faites pro anima mais se fait sentir plus intensément, à partir du milieu du xiie siècle, la volonté d’établir sa sépulture. Pour les Fougères, cela va de soi mais il y a aussi les Mayenne47. Plus étonnant, les seigneurs de Vitré, pourtant relativement éloignés, en font de même à partir de Robert III ainsi que certains membres de la famille de Craon48. Beaucoup de personnages de moindre envergure sollicitent la même faveur et certains ajoutent une pitance, repas mémoriel offert à la communauté. La chapelle Sainte-Catherine devient alors une véritable nécropole et le cloître est un lieu d’inhumation envié pour les familles de la petite aristocratie49.

28D’autres poussent plus loin leur démarche et entrent dans la communauté. À côté des classiques prises d’habit ad succurendum, plusieurs imitent la démarche de Henri de Fougères qui se fait moine vers la fin de sa vie, certes, mais alors qu’il est encore très capable de régir sa seigneurie. Pour d’autres, il s’agit de conversion et certains milites entrent à Savigny au terme d’un vrai choix religieux autant qu’on puisse le penser, les décisions familiales n’étant pas à exclure. En Bretagne, les entrées à Savigny semblent assez fréquentes parmi les familles donatrices, c’est ainsi qu’on relève les deux fils de Robert de Musçon, un Jean de Combourg50.

29Les donations s’intensifient à partir du milieu xiie siècle, le fait est particulièrement net en Bretagne. Au début, les actes en faveur de Savigny n’y concernent guère que la famille de Fougères et son réseau vassalique. Les Vitré et beaucoup d’autres interviennent plus tard. Le phénomène coïncide avec le passage de l’ordre de Savigny dans l’ordre cistercien en 114751. L’attraction de Savigny s’en est certainement accrue et l’inexistence de maison cistercienne dans le diocèse de Rennes évite les concurrences gênantes52. A contrario, dans le Maine, la fondation de Fontaine-Daniel près de Mayenne empoisonne les relations au xiiie siècle.

L’installation du temporel

30De ces relations privilégiées avec l’aristocratie naît un temporel dont le chartrier atteste l’importance et permet de préciser les données et les limites du prestige acquis. Un problème se pose cependant. L’ampleur du fonds conservé a fait hésiter les chercheurs et les études sur Savigny n’abondent pas, encore plus celles qui s’intéressent à son patrimoine. J. Buhot ne l’a pas envisagé et l’on ne dispose que d’études partielles par évêché, l’abbaye est victime de sa situation53. Néanmoins, un certain nombre de constats peuvent être dressés avec un minimum de précision. L’abbaye a constitué un temporel très important en l’étendant indifféremment sur les trois diocèses d’Avranches, Le Mans et Rennes. Les moines sont bien conscients de l’originalité de leur position et la transcrivent dans leur cartulaire : le Liber cartarum domus Savignei. Rédigé dès 1202, il s’organise prioritairement selon un plan géographique. Sur sept divisions, cinq sont successivement consacrées aux diocèses d’Avranches, Coutances, Bayeux, Rennes et Le Mans54. Logiquement la Normandie se taille la part du lion mais les diocèses extérieurs sont très présents et un prologue justifie la réalisation55. La composition du temporel marque une coupure certaine avec la tradition bénédictine. La règle demeure floue sur bien des détails et n’interdit ni la possession d’églises ni de droits seigneuriaux. Cependant, ce type de bien demeure secondaire sauf autour de l’abbaye. Par contre, fours et moulins ne manquent pas. Outre la forêt originelle, l’abbaye reçoit surtout des terres, labours, landes et prairies mais aussi des bois non encore défrichés. Pour mettre tout cela en valeur, Savigny hésite entre le vieux système des prieurés et celui plus cistercien des granges qui sera finalement privilégié avec l’intégration à Cîteaux56.

31Autour de l’abbaye se distingue un noyau très compact de paroisses où les moines sont souvent dominants. Le territoire de Savigny-le-Vieux est contrôlé. Outre la forêt donnée dès la fondation, des dons successifs de la famille seigneuriale ont cédé une part majeure du vicus et des droits afférents57. Les paroisses mancelles proches, de Landivy, Fougerolles et Désertines voient aussi une forte implantation, il en va de même du côté avranchin avec le Teilleul, Lapenty ou Buais et dans le Rennais, autour de Louvigné-du-Désert, La Bazouge et le Loroux.

32Au-delà, les possessions encore nombreuses présentent moins de densité. L’est du diocèse d’Avranches connaît quand même une présence soutenue, dans le Maine des pôles forts existent encore près de Mayenne ou Ernée ; dépassée la trentaine de kilomètres, la dispersion se fait plus nette mais, vers Laval et Sillé-le-Guillaume, l’implantation n’est pas négligeable. Il n’est pas indifférent de noter que l’abbaye reçoit des biens dans le Passais, en particulier du roi Henri Ier, ainsi se trouve entérinée la conquête effectuée par Guillaume le Conquérant au xie siècle qui entraîna une distorsion entre le territoire du diocèse et celui du comté58.

33Paradoxalement, en Bretagne, les bases paraissent moins solides. Au-delà de la couronne proche de Fougères, les biens se concentrent dans un groupe de granges établies aux marges de la forêt de Rennes. L’implantation commence en 1141, modestement mais en reconnaissant l’originalité de Savigny, puisqu’il s’agit d’un ermitage : la chapelle Saint-Pierre en forêt de Sevailles59. Par la suite, de multiples donations permettent la constitution de granges. Le seigneur de Vitré anime largement ce mouvement, même s’il n’est pas le seul donateur. Robert offre en 1167, un domaine qui devient la grange du Fayel en Saint-Jean-sur-Vilaine grâce aux nombreuses adjonctions de la famille de Vitré et de ses proches60. À partir d’une forte dotation, les moines se livrent à une véritable politique de regroupement des terres dans laquelle les achats et prêts ne sont pas absents pour établir un très vaste domaine foncier qui pourrait dépasser les 300 hectares. On retrouve les mêmes traits dans les granges toutes proches de Vaux, Champfleury et Louvigné. Cette implantation s’insère sans doute dans un projet de défrichement et de contrôle de la part des seigneurs de Vitré qui tiennent une part de cette forêt. En même temps, Savigny intègre dans son giron plusieurs ermitages, outre la chapelle de Sévailles, un autre est sur le site de Vaux. Encore faut-il ajouter qu’une certaine sollicitation a pu jouer à l’époque de la reconstruction de l’abbatiale et des dons, en particulier de la part des Vitré, sont expressément destinés à cette œuvre.

34On ne peut, malgré tout, s’empêcher de constater la relative modestie des implantations bretonnes. Faut-il y voir une politique délibérée ? Ce n’est guère vraisemblable. Malgré les bons rapports établis avec tous les puissants, il semble que le passif des temps révolus pèse encore et, suivant la tradition, la Bretagne religieuse ne se tourne pas vers la Normandie mais vers l’Anjou. Même, l’unité du monde Plantagenêt ne modifie que modérément cette attitude. Savigny en subit les conséquences mais fait pourtant figure d’exception parmi les abbayes normandes. Aucune, si ce n’est le Mont-Saint-Michel, un cas bien particulier, n’a pu réaliser une telle implantation. Cette réussite relative provient indubitablement de sa position en marge mais aussi du rayonnement qu’elle a su dispenser.

Le rayonnement d’une abbaye

35Évaluer la puissance du rayonnement de Savigny n’est pas chose aisée. L’enquête sur les relations avec l’aristocratie donne une certaine idée mais obligatoirement incomplète. De plus, il faut envisager à la fois, l’abbaye avec son site propre qui est au cœur de cette enquête et l’ordre qu’elle a généré. La fondation de Vital rencontre un net succès sous l’abbatiat de son successeur Geoffroy, les fondations se multiplient. Ainsi naît un véritable ordre qui ne compte pas moins de trente-deux maisons, dont trois de femmes, essentiellement dans le duché de Normandie et en Angleterre61. Hors de ces terres, le résultat est beaucoup moins brillant. En Bretagne, est créée l’abbaye de La Vieuville, en 1137. C’est l’œuvre d’un assez modeste seigneur de la famille de Landal, Gilduin de Montsorel, vassal des seigneurs de Dol, l’abbaye ne se situant guère qu’à six kilomètres de la ville. La dotation initiale est médiocre, le domaine se constitue d’abord de terres inondables, fort marécageuses et les débuts s’avèrent difficiles malgré le soutien de l’archevêque de Dol et de Jean de Combourg62.

36Cette installation dans le diocèse de Dol révèle sans doute la permanence de l’influence normande, forte depuis le xie siècle dans la région. D’ailleurs, le véritable essor se dessine avec la période Plantagenêt ; pour Henri II et ses alliés, l’abbaye pouvait être considérée comme un pôle de l’influence normande en une région stratégique. Quelque temps plus tard, naît Bon Repos, au diocèse de Quimper. Des traditions érudites en ont fait une fille de Boquen sans aucune preuve alors que la chronique de l’abbaye dit clairement que le vicomte Alain de Rohan demanda à Savigny d’installer une communauté sur le site qu’il offrait en 118463. S’il la sollicite de réaliser son vœu, c’est sans doute plus l’ordre cistercien qu’il voit à travers elle que l’originalité initiale. Le bilan, sans être négatif ne semble pas considérable mais au regard du diocèse du Mans qui ne voit que la fondation de Champagne, la situation est comparable. Savigny a peu essaimé en dehors de son espace d’origine et s’affirme pleinement comme une abbaye et un ordre avant tout normands.

37Un document exceptionnel autorise cependant une vision plus large, le Livre des miracles des Saints de Savigny. Ce recueil, rédigé à partir de 1242 ne compte pas moins de quatre cents noms, la plupart du temps avec une indication de lieu64. Les nombreuses reliques attirent les foules et la chronique annonce des chiffres colossaux lors des grandes fêtes comme la translation des corps des saints de Savigny. L’immense église est d’ailleurs construite en conséquence. Des populations importantes se pressent, issues de toutes les couches de la société avec une représentation majoritaire des classes les plus modestes, ce qui offre une possibilité de comparaison avec les donations surtout aristocratiques.

38Reportés sur la carte, les lieux d’origine des miraculés révèlent l’aire d’influence de Savigny. Cette dernière est bien inscrite dans le xiiie siècle, c’est-à-dire une époque où les conquêtes capétiennes ont intégré Normandie et Maine dans le domaine royal tandis que la Bretagne est régie par des princes d’origine capétienne tout en demeurant assez largement en marge.

39Très logiquement, les miraculés se concentrent au plus près. Savigny même et les villages alentours où l’abbaye est dominante fournissent des chiffres importants. L’espace qui se dessine recoupe la carte des possessions et reste indifférent aux frontières. Les points forts ne se référent pas à des sites spécialement peuplés comme les villes mais à des villages de la dépendance monastique. Les centres urbains un peu éloignés ne fournissent que de maigres contingents comme Mayenne ou même Mortain et Fougères ne se distingue pas particulièrement. Seules la ville de Saint-James de Beuvron ou le centre épiscopal d’Avranches se démarquent vraiment. À y regarder de plus près, le diocèse d’Avranches domine fortement mais les autres diocèses normands ne s’imposent pas. Hors de la Normandie, seul le coin nord-ouest du bas-Maine, tout proche de Savigny s’affiche vraiment et le grand chemin montais a pu jouer son rôle ainsi que le courant de circulation nord-sud qui relie Normandie et Maine. La Bretagne demeure en retrait hors des terres fougeraises. Des traces d’influence se repèrent encore jusqu’à soixante-dix kilomètres, ce qui n’est pas négligeable mais, dans l’ensemble, le recrutement des miraculés demeure très régional et le franchissement des frontières trouve assez vite ses limites. Dans l’espace de Savigny la Bretagne est mal intégrée mais le nord du Maine, traditionnelle zone d’influence normande, ne se manifeste pas beaucoup plus à l’exception des villages très proches. On peut évoquer la modestie de la circulation mais encore plus, comme pour les implantations, les habitudes et les héritages. Les guerres, les tensions ont fait leur œuvre. Finalement, l’abbaye n’a pas réussi à capitaliser la renommée de son fondateur, sans doute l’absence d’une véritable canonisation l’en a-t-elle empêchée.

40L’abbaye de Savigny représente un cas assez exceptionnel dans les communautées religieuses normandes. Très excentrée dans le duché, elle se place au cœur de la marche entre trois provinces assumant complètement l’héritage de son fondateur. On peut y voir une remise en cause des frontières princières ou plutôt une adaptation à la vie particulière de ces espaces de marche dans lesquels les échanges les plus divers se multiplient dans une société qui n’est pas sans originalité. Sans que ce soit pleinement conscient, l’ermite puis son abbaye affirment aussi l’influence normande dans cette région fragile.

41Sans doute, la fondation de Vital a aussi parfaitement assumé l’héritage érémitique qui demeure assez vivant au moins dans la mémoire mais c’est aussi sa faiblesse, elle ne parvient à s’imposer que dans les anciens domaines de l’érémitisme ; au-delà elle peine à s’implanter avec efficacité. En même temps, cette intégration dans l’espace des marges et le mépris des frontières trouvent assez vite leur limite et la Bretagne ne s’inclut qu’assez mal dans l’espace de Savigny, sans doute en raison d’un héritage trop lourd et de traditions solidement établies. Et pourtant ce fut sans doute la meilleure réussite normande en Bretagne !

Carte 1 : L’espace de Savigny dans l’Ouest

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La carte du temporel demeure approximative en raison de l’absence de travaux généraux sur Savigny.

Carte 2 : Répartition des miracles des saints de Savigny (xiiie siècle)

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Notes de bas de page

1 Auvry Claude dom, Histoire de la congrégation de Savigny, publiée avec introduction et des notes par Laveille Auguste, Rouen-Paris, 1896-1898, 3 vol. L’étude rédigée au xviiie siècle par un prieur de Savigny est à utiliser avec prudence mais est essentielle ; Buhot Jacqueline, « L’abbaye normande de Savigny, chef d’ordre et fille de Cîteaux », Le Moyen Âge, t. 36, 1936, p. 1-19, 104-121, 178-189, 249-172. Moolenbroek Jaap van, Vital l’ermite, prédicateur itinérant, fondateur de l’abbaye normande de Savigny, n° spécial de la Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, t. LXVIII, mars 1991, 395 p. ; la thèse de Poulle Béatrice, consacrée au cartulaire de Savigny demeurée inédite n’a pu être consultée.

2 Power Daniel, The Norman Frontier in the Twelfth and Early Thirteenth Centuries, Cambridge University Press, 2004, 634 p.

3 Hill Benett D., « The Counts of Mortain and the Origins of the Norman Congregation of Savigny », Jordan, William C., Mac NaB Bruce, Ruiz, Teofilo F. (dir.), Order and Innovation in the Middle Ages : Essays in Honor of Joseph R. Strayer, Princeton University Press, s. d., p. 237-253 et 495-497.

4 Moolenbroek J. van, op. cit., p. 157 ; Raison L. et Niderst R., « Le mouvement érémitique dans l’ouest de la France à la fin du xie siècle et au début du xiie siècle », Annales de Bretagne, t. 55, 1948, p. 1-46.

5 Moolenbroek J. van, op. cit., p. 156-157.

6 Ibidem, p. 163.

7 La Vita situe cet ermitage en forêt de Fougères mais il semble possible de l’assimiler au prieuré de Dompierre que possédera l’abbaye de Savigny, près de Mantilly, aujourd’hui dans le département de l’Orne. Dom Auvry donne cette interprétation et, à sa suite, J. van Moolenbroek.

8 Saint-Mars est la résidence de l’ermite Pierre qui accueille Bernard. On l’identifie traditionnellement avec Saint-Mars-sur-la-Futaie ce qui semble le plus logique mais il y a deux autres Saint-Mars non loin : Saint-Mars-sur-Colmont dans le département de la Mayenne et Saint-Mars-d’Egrennes dans celui de l’Orne. Mantilly comme Dompierre accueillent aussi Vital, ce dernier ermitage ayant peut-être été celui de Guillaume Firmat, BECK Bernard, Saint-Bernard de Tiron, l’ermite, le moine et le monde, Cormeilles-le-Royal, 1998, p. 248-249.

9 « Notum sit... Sanctum Sulpicium in Paillo parrochiam habuisse, metas cujus adhuc plures ruricoles sciunt sicuti ab antecessoribus acceperunt, sed sevicia dominorum in quorum feudo illa ecclesia erat, fugato Vitale presbytero et pene omnibus cultoribus ipsius parrochie, totus locus in desertum conversus est et sic longo tempore soli heremite locum illum frequentaverunt », (vers 1140), Merlet Lucien, Cartulaire de Tiron, n° 254, Chartres, 1885, Saint-Sulpice est aujourd’hui un écart de Gesvres (Mayenne).

10 Meuret J.-C., Peuplement, pouvoir et paysage sur la marche Anjou-Bretagne (des origines au Moyen Âge), Laval, 1993, p. 471-472.

11 Angot Alphonse, Dictionnaire historique..., Laval, 1900-1909, 4 vol, art, Château-Gontier ; Moolenbroek J. van, op. cit., p. 145.

12 Angot A., art. Vital de Mortain t. III. et IV.

13 Arnoux Mathieu, « Dynamiques et réseaux de l’Église régulière dans l’ouest de la France (fin xie-xiie siècle) », Dalarun Jacques (éd.), Robert d’Arbrissel et la vie religieuse dans l’ouest de la France, actes du colloque de Fontevraud 13-16 décembre 2001, 2004, p. 57-70.

14 Power D., op. cit., p. 58-61.

15 Neveu François, « La fondation de la Normandie et les Bretons (911-933) », Laurent Catherine, Merdrignac Bernard, Pichot Daniel (éd.), Mondes de l’Ouest et villes du monde, regards sur les sociétés médiévales, Mélanges en l’honneur d’André Chédeville, Rennes, 1998, p. 297-309.

16 Neveux F., La Normandie des ducs aux rois, xe-xiie siècle, Rennes, 1998 ; Brand’honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes. Habitat à motte et société chevaleresque (xie-xiie siècles), Rennes, 2001, p. 110-111.

17 Ibidem, p. 111-114.

18 Boussard Jacques, « Le comté de Mortain au xie siècle », Le Moyen Âge, t. 58, 1952, p. 253-279, Pouessel J., « Les structures militaires du comté de Mortain (xie-xiie s.) », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, t. LVIII, 1981, n° 306, p. 11-74, n° 307, p. 81-156, Louise Gérard, La seigneurie de Bellême, xe-xiie siècles, dévolution des pouvoirs territoriaux et construction d’une seigneurie de frontière aux confins de la Normandie et du Maine à la charnière de l’an mil, Le pays Bas-Normand, 1993, t. I, p. 306-308.

19 Brand’honneur M., op. cit., p. 92.

20 Sonrel Anne, Fougères et Craon : deux grandes familles face au pouvoir princier du milieu du xie siècle au milieu du xiie siècle, Mémoire de Maîtrise, Rennes 2, 2004, p. 42.

21 Pichot D., Le Bas-Maine du xe au xiiie siècle : étude d’une société, Laval, 1995, p. 153 ; Renoux Annie, « Le vocabulaire du pouvoir à Mayenne et ses implications politiques et architecturales (viie-xiiie siècle) » ; idem, dir., Aux marches du palais, qu’est-ce qu’un palais médiéval ?, Le Mans, 2001, p. 247-271 ; idem, « Aux sources du pouvoir châtelain de Geoffroy, seigneur de Mayenne, "le plus fort homme du Maine"(c.1040-1098) » ; Barthelemy Dominique et Bruand Olivier (dir.), Les pouvoirs locaux dans la France du centre et de l’ouest (viiie-xie siècle), Rennes, 2004, p. 61-89.

22 Power D., op. cit., p. 317 ; Moolenbroeck J. van, op. cit., pièce n° 32, p. 306.

23 Ibidem, n° 1, p. 257-258.

24 Delisle Léopold, « Des monuments paléographiques concernant l’usage de prier pour les morts », Bibliothèque de l’École des Chartes, 1846, p. 361-411.

25 Moolenbroek J. van, op. cit. p. 181.

26 Keats-Rohan K.S.B., « Le rôle des Bretons dans la politique de colonisation normande de l’Angleterre (vers 1042-1135) », Mémoires de la société d’Historique et d’Archéologique de Bretagne, t. 73, 1995, p. 181-215.

27 Henot Aurélien, op. cit. ; Sonrel A., op. cit., p. 63-64.t.

28 Mazel Florian, « Seigneurs, moines et chanoines : pouvoirs local et enjeux ecclésiaux à Fougères à l’époque grégorienne (milieu xie-milieu xiie s.) », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 113, 2006, n° 3, p. 105-135 ; idem, « Amitié et rupture de l’amitié. Moines et grands laïcs provençaux au temps de la crise grégorienne (milieu xie-milieu xiie siècle) », Revue historique, t. CCCVII/1, 2005, p. 53-95.

29 Moolenbroek J. van, op. cit., pièce 11, p. 274-276.

30 « Dono igitur ego Radulfus cum uxore mea Avitia et filiis meis Mainone, Fransgalone, Henrico et Roberto, Deo et domno Vitale heremite in possessionem et cenobiale domicilium monachorum, videlicet forestam de Savigneio. », Moelenbroek J. van, op. cit, pièce n° 2, p. 258-260. Les indications de dates font hésiter entre 1112 et 1113.

31 Ibidem, pièce n° 12, p. 276-278.

32 Ibidem, pièce n °7, p. 267-269.

33 Cartulaire de Savigny, copie, arch. dép. Mayenne, ms 33., n° 54.

34 Morice dom, Preuves, col. 622 ; arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1F 296, 1F 553-1626. ; Duval Michel, « Les fondations de Savigny dans le comté de Rennes », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, 1983, p. 3-20 ; Morice dom, col. 618.

35 Hill B. D., op. cit, p. 249-253.

36 Auvry dom, t. II, p. 249-252, t. III, p. 102-106.

37 Arch. dép. Mayenne, ms 35, n° 359 et 360.

38 Moolenbroek J. van, op. cit., p. 84.

39 Duval M., op. cit. et arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1F 553, n° 1.

40 Auvry dom, t. II, p. 776.

41 Ibidem., t. II, p. 364.

42 Ibidem, t. II, p. 133., 141, chap. XI.

43 Ibidem t. II, p. 34.

44 Lemesle Bruno, La société aristocratique dans le Haut-Maine (xie-xiie siècles), chap. 3.

45 Power D., op. cit., p. 67.

46 Moolenbroek J. van, pièce n° 16, p. 287.

47 Giraud, seigneur, de Landivy, Auvry dom, t. II, p. 78, Richard Bastard, seigneur de Savigny, t. II, p. 147.

48 Ibidem, t. III, p. 364., Pichot D., « La grange du Fayel et la mise en valeur du pays de Vitré au xiie siècle », Bulletin et mémoires de la société archéologique de l’Ille-et-Vilaine, 1976, p. 23.

49 Idem, Les cartulaires manceaux de Savigny, essai d’histoire économique et sociale, tiré à part de la Revue de l’Avranchin et du pays de Granville, p. 22-23 ; Power D., op. cit., Burial, p. 328 et suiv.

50 Deux fils de Robert de Musçon, Auvry dom, t. III, p. 321, t. II, p. 93, Goranton de Vitré, t. III, p. 329.

51 Buhot J., op. cit., p. 249-272.

52 Dufief André, Les cisterciens en Bretagne, xiie-xiiie siècles, Rennes, 1997 ; Tanguy Bernard et Lagrée Michel (dir.), Atlas de l’histoire de Bretagne, Morlaix, 2002, p. 74-75.

53 Pichot D., Les cartulaires manceaux de Savigny... op. cit., une annexe est consacrée à une esquisse d’étude des possessions dans le diocèse d’Avranches ; Duval M., op. cit., pour le diocèse de Rennes ; on peut compléter avec, Guilbaud M.-P., « Catalogue des chartes mancelles de l’abbaye de Savigny conservées aux Archives nationales », Annales de Bretagne, 1962, p. 367-397, 1963, p. 357-400. En raison des lacunes, il faut utiliser l’ouvrage de Dom Auvry malgré ses imperfections.

54 Poulle B., « Les sources de l’histoire de l’abbaye cistercienne de Savigny au diocèse d’Avranches », Revue Mabillon, t. VII, 1996, p. 105-125.

55 Ce cartulaire du xiiie siècle est bien organisé. Le plan logique met en avant la répartition spatiale avant de faire figurer les actes des grands et les chartes des débuts recueillies sur le Rotulus vetus. Des tables pour chaque chapitre favorisent la consultation, Poulle B., op. cit.

56 Cf. Buhot J. et Pichot D., op. cit.

57 Auvry dom, t. III, p. 145-146.

58 Moolenbroek J. van, pièce n° 8, p. 269-270, Power D., op. cit., p. 114-116.

59 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1F 554.

60 Pichot D., « La grange du Fayel... », op. cit.

61 Buhot J., op. cit.

62 Dufief A., op. cit, p. 77-78, 87,110 et passim.

63 Ibidem, p. 80. Auvry dom, t. II, chap. XXVI.

64 Ex libro de miraculis sanctorum Savignacensium, Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 587-605. Voir l’analyse dans : Pichot D., Les cartulaires manceaux..., p. 109-111.

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