Les Bretons dans les diocèses d’Avranches et de Coutances (950-1200 environ) : une approche onomastique de la question de l’identité1
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Index géographique : France
Texte intégral
1Les principaux spécialistes de l’onomastique de la Normandie ducale ont depuis longtemps observé que l’onomastique bretonne « était en vogue » dans l’anthroponymie des familles des « classes dirigeantes » des diocèses de Coutances et d’Avranches2 :
« Ajoutons que les Normands ont parfaitement toléré de partager à l’occasion le bénéfice de leur nouvelle situation avec d’autres populations3 : sans doute avec des Gallo-Francs restés ou revenus au pays [...] mais surtout avec des Bretons, dans les régions qui avaient été cédées en 867, Cotentin et Avranchin : ils y constituèrent une minorité non négligeable de la classe dirigeante, caractérisée jusqu’au xiiie siècle par son onomastique originale4. »
2Ces mêmes spécialistes relient, plus ou moins explicitement, cette pratique à la période de rattachement de la région de l’ouest de la Vire au regnum breton5, bien qu’ils « soupçonnent que l’autorité bretonne n’y fut jamais bien forte (entre 863/867 et 933)6 ». Or, si la pratique d’une anthroponymie proche des usages de la Bretagne est certaine pour l’Avranchin, elle est moins évidente dans le diocèse de Coutances. De plus on ne passe pas simplement d’une « mode » anthroponymique à l’origine géographique des familles qui la suivent, voire au repérage d’une vague de peuplement7. Un tel raisonnement postule la stabilité des pratiques onomastiques (toponymiques et anthroponymiques) durant plus d’un siècle et demi, dans des familles qui auraient ainsi, consciemment ou non, affirmer une origine les différenciant explicitement de leurs voisines. Or les critères politiques, sociaux, culturels ou familiaux, présidant aux choix onomastiques sont multiples. Le problème n’est pas sans importance pour les enquêtes historiques de peuplement, car, lorsqu’on a fait l’inventaire de toutes les familles qui utilisèrent, à un moment donné, le même stock anthroponymique que les habitants de la Bretagne, est-on certain d’avoir circonscrit une population « partageant, en raison de son origine, des caractéristiques historiques, géographiques et culturelles communes aux Bretons » ? Il serait d’ailleurs tout aussi pertinent de réfléchir à cette question à propos de l’onomastique scandinave.
3Il pouvait donc paraître utile, de tenter de vérifier les opinions précédemment rappelées, en prolongeant la réflexion sur la question de l’identité, consciente ou inconsciente, de cette population du Cotentin et de l’Avranchin, entre le xe et le xiie siècle. Toute recherche sur la Normandie ducale débute par une lecture de Dudon de Saint-Quentin et de Guillaume de Jumièges. Que disent-ils des habitants du Cotentin ? Les connaissent-ils au moins ?
4La géographie politique de Dudon de Saint-Quentin vers 990/1001 repousse les Bretons au-delà du Couesnon8. Les habitants de la région entre la Vire et le Couesnon sont qualifiés de Constantinenses. Le De moribus et actis primorum Normanniae ducum les met en scène durant le principat de Guillaume Longue Épée : vers 938, au siège du château de Montreuil-sur-Mer, défendu par les hommes du comte de Flandre, le duc harangue les Constantinenses et leur promet les plus grands honneurs en cas de victoire ; les Cotentinais se jettent alors sur le château comme des loups sur des agneaux et en ramènent, à Guillaume, les pieux des remparts et les prisonniers9 ; plus tard, après l’assassinat de Guillaume Longue Épée par les hommes de mains d’Arnoul de Flandre en 942, Bernard le Danois déclare que les Constantinenses et les Bajocacenses constituent une force de 20 000 guerriers, qui sont les plus forts dans les batailles et les plus avisés dans les conseils10 ; enfin en 945, joignant leurs forces à celle du chef Danois Harald, ils capturent le roi carolingien Louis IV et vengent l’assassinat du fils de Rollon11. Dans l’historiographie ancienne du duché, les Constantinenses forment la « garde prétorienne » de Guillaume Longue Épée. Puis ils disparaissent après le rétablissement de son fils à Rouen. À l’époque où écrivait le chanoine de Saint-Quentin, les habitants du Cotentin et du Bessin se singularisaient donc nettement parmi les habitants du duché.
5Ils se définissent alors mieux par ce qu’ils n’étaient pas : selon le mythe fondateur de la tabula rasa12 ils ne pouvaient être des Bretons ; mais ils n’étaient pas non plus des Scandinaves « francisés » de Rouen, ni des païens récemment débarqués de Scandinavie avec leur roi Harald13. Ils constituaient surtout une force militaire de choc que l’on rapprocherait volontiers de ces troupes de la marche de Bretagne mobilisables par les rois francs depuis le vie siècle14. On peut ainsi penser que le roi des Bretons Alain le Grand avait exploité les qualités militaires de cette population, lors de sa victoire de l’hiver 889/890 sur les Scandinaves qui avaient déjà ravagé Bayeux et Saint-Lô15.
6D’ailleurs, si l’on en croit le continuateur de Dudon de Saint-Quentin, les Constantinenses poursuivirent cette activité militaire au début du xie siècle. Guillaume de Jumièges rapporte, en effet, comment les milites et les vulgi du Cotentin, mobilisés par le vicomte Néel, repoussèrent vers 1003 l’attaque des Anglais du roi Aethelred au nord-est de la péninsule16. Puis vers 1013/1014, Richard II confia la garde de la forteresse de Tillières-sur-Avre à Néel le Cotentinais — Constantiniensem — et à Raoul de Tosny17. Enfin, face aux Bretons, Néel et Auvray le Géant reçurent la garde de la forteresse de Carues/Cheruel située sur le Couesnon, vers 103018.
7Quelle était la composante bretonne dans le peuplement de l’Avranchin et du Cotentin aux xe-xiie siècles ? Je commencerai par étudier la diffusion et les usages de l’anthroponymie bretonne dans les diocèses d’Avranches et de Coutances avant d’aborder le cas des origines de la famille d’Aubigny et de ses ramifications.
La diffusion de l’anthroponymie « bretonne » dans les diocèses d’Avranches et de Coutances : une pratique limitée et tardive
8Le Cotentin et l’Avranchin sont à la fois un far-west normand et un far-east breton, ce qui, d’un point de vue onomastique, se traduit par la coexistence d’anthroponymes bretons et scandinaves, qui, de toutes façons, furent progressivement « noyés » parmi les anthroponymes romans. L’onomastique scandinave a fait l’objet de nombreux travaux, qu’il n’est sans doute pas nécessaire de rappeler ici, alors que la diffusion d’une onomastique de Bretagne dans ces diocèses occidentaux de la province de Rouen n’a fait, à ma connaissance, l’objet d’aucune étude précise. Quelques remarques préliminaires de méthode s’imposent. Qu’appelle-t-on une « anthroponymie bretonne » ? J’ai retenu un certain nombre de noms qui sont généralement considérés comme des marqueurs de l’anthroponymie « propre à la Bretagne19 ».
Qu’est-ce que l’anthroponymie « propre à la Bretagne » ?
9Pour une telle enquête le choix des noms-témoins est déterminant. Ils se sont imposés d’eux-mêmes : les noms des dynasties ducales bretonnes (Alain20, Juhel21, Hoël, Conan) ; les noms d’origine celto-bretonne (Harscouët/Hasculf, Rualon, Rualoc, Rivalon, Main, Brientius) ; les noms bibliques dont l’usage était fort répandu en Bretagne (Samson, Salomon, Daniel22). Le corpus ainsi constitué est proche de celui des « noms dominants » en Bretagne obtenu par André Chédeville.
10À ce corpus il faut ajouter la diffusion du surnom géographique de Brito/ Britonis qui est peut-être plus fiable, dans la mesure où il renvoie à une origine explicite23. Il est rarement associé à un anthroponyme « breton24 ». Dans l’espace considéré ici, le meilleur exemple est celui d’Hugues Brito et de son fils Robert, bien attestés dans les chartes ducales entre 1050 et 109 025. Ils possédaient des biens à Etouvy et à Feugères26. Hugues était un authentique immigré breton qui avait suivi dans son exil l’archevêque de Dol Juhel27. Il existe aussi — mais exceptionnellement — des noms bretons utilisés comme nomina paterna (au génitif), tel Geoffroi Rivalonidis28, voire peut-être déjà comme patronyme (au nominatif) : ainsi Raoul Juhel et son frère Ambroise (1185/1210)29ou bien Hugues et Thomas Hoël (1165)30. On les trouve surtout dans les cartulaires des abbayes de l’Avranchin, le Mont-Saint-Michel31, Savigny32 et Montmorel33, ainsi que dans celui de Saint-Sauveur-le-Vicomte34. Ils se répartissent de la même manière que les anthroponymes bretons.
11Comme le cas d’Hugues Brito et de son fils Robert l’a montré, la place des noms romans en Bretagne orientale était déjà massive à partir de 1050/113035. Les noms d’Eudes et de Geoffroi, que l’on trouve dans la famille brito-angevine des comtes de Rennes vers l’an 1000, ne sont-ils pas eux aussi « propres à la Bretagne » ? Leur usage pourrait manifester autant que celui d’Alain l’attachement à cette dynastie. L’usage de l’anthroponymie romane par les Bretons conduit donc plutôt à minorer l’influence « bretonne » dans l’onomastique des deux diocèses36.
Les influences bretonnes dans la toponymie et les dédicaces d’églises
12Afin de réduire la marge d’incertitude, j’ai « croisé » la répartition de l’anthroponymie avec celles de la toponymie et des dédicaces37. Ces informations ont fait l’objet d’interprétations contradictoires de la part des historiens normands et bretons. En 1987, à l’occasion d’un essai sur le peuplement de la Normandie38, Lucien Musset a considéré que « l’apport breton » y « reste une énigme » et s’est refusé à commenter « des dédicaces d’églises dispersées [...] impossible à localiser dans le temps ». François de Beaurepaire a remarqué pour sa part que, si l’on excepte les hagiotoponymes (Saint-Malo-de-la-Lande ou Saint-Samson-de-Bonfossé), « la Manche est vierge de tout apport toponymique breton39 ». Ces opinions se fondent sur l’élimination des toponymes — rares il est vrai — construits sur des racines bretonnes possibles40 : Kernet/Carnet41 ; Kiernevilla/Carneville associé à une dédicace à saint Malo42 ; les Bretteville représentés par deux toponymes paroissiaux, Bretteville-en-Saire et Bretteville-sur-Ay43 ainsi que trois hameaux ou lieux-dits à Saussey, Geffosses et Sortosville-Bocage44. Mais on ne sait pas s’il s’agit d’implantations « lors des premières vagues de migrations bretonnes du ive au vie siècle45 », ou de la mise en place d’un système de défense franc datant de 855/86046, ou bien encore d’« établissements remontant à l’époque des Vikings, de gens venus des pays celtiques de la Grande-Bretagne47 ».
Carte 1 : Fréquence de l’onomastique bretonne dans les diocèses de Coutances et d’Avranches (v.1000 - v.1200)

13Les dédicaces à des saints bretons, Samson, Malo et Méen48, auxquelles on peut ajouter les dédicaces à saint Patrice49, sont plus nombreuses. D’une manière générale, les dédicaces influencent peu l’anthroponymie50, sauf saint Patrice à l’extrémité orientale de l’Avranchin51. On constate une certaine corrélation entre ces diverses informations (notamment entre la Douve et le littoral oriental de la péninsule) mais aussi une contradiction qui demeure à expliquer : les dédicaces sont inversement proportionnelles à la pratique de l’onomastique bretonne. Le nombre significatif de dédicaces dans le diocèse de Coutances ferait penser à une implantation plus profonde des Bretons qui y auraient participé à l’évangélisation52 alors que dans l’Avranchin les cadres religieux étaient déjà en place à l’arrivée des familles bretonnes. Même si Venance Fortunat dans la Vita Paterni nomme saint Melaine parmi les évêques qui inspirèrent Pair d’Avranches53, l’influence directe de l’Église Bretonne est plutôt faible54. Malgré le demi-siècle de rattachement au regnum breton (863/867-933), les diocèses d’Avranches et de Coutances n’occupent qu’une place marginale ou nulle dans l’hagiographie bretonne : l’évêque de Coutances Lô est mentionné deux fois dans la vie de saint Melaine55 ; l’évêque de Coutances Romacharius, qui avait été un proche de l’archevêque de Rouen Prétextat exilé puis assassiné par Frédégonde en 58656, est cité par Venance Fortunat lors de la dédicace par l’évêque Félix de la cathédrale de Nantes57 ; la Vita sancti Hermelandi situe à Orglandes un miracle de l’ancien moine de Fontenelle, fondateur de l’abbaye d’Indre dans le Nantais, à la fin du viie siècle58. Ce respect des limites religieuses surprend, alors que l’on aurait pu s’attendre à une « mobilisation » des saints bretons au service des conquêtes du milieu du ixe siècle. En ce qui concerne les patrimoines ecclésiastiques, quatre biens ayant appartenu à des abbayes ou évêchés bretons peuvent être recensés59 : Canisy, à l’évêché de Nantes vers 889/89060 ; Saint-Cyr-du-Bailleul, à Saint-Magloire61 ; la Bazoge près de Mortain à Redon62 ; des dîmes pour Saint-Georges de Rennes à Moidrey63, souvenir probable d’une aumône d’Hadevise femme du comte Geoffroi64.
Carte 2 : Les possessions des établissements ecclésiastiques bretons et répartition des noms de lieux en— tot

Répartition chronologique des individus dénommés par un anthroponyme « propre à la Bretagne65 »

Évaluation numérique
14L’appréciation empirique de la proportion de « noms bretons » dans la documentation a conduit Lucien Musset et Pierre Bauduin à la conclusion qu’elle était « non négligeable ». Comme pour toute enquête de ce type, les chiffres et la carte risquent de refléter davantage l’état de la documentation, voire du peuplement, que la pratique anthroponymique des populations. Le nombre des actes ne devient significatif qu’après 1050 et, jusqu’à cette date, seuls des diplômes ducaux sont conservés. On peut aboutir à une répartition chronologique des occurrences, sans prétendre à un véritable traitement statistique, qui nécessiterait le calcul, par tranches chronologiques, de la proportion d’anthroponymes bretons dans tout le stock anthroponymique disponible. Il semble néanmoins qu’il soit possible de tirer de cette ébauche quelques conclusions utiles (voir tableau ci-contre, p. 124).
15Il faut corriger l’impression donnée par le tableau d’un déclin de l’anthroponymie propre à la Bretagne dans la seconde moitié du xiie siècle, en tenant compte de l’évolution des pratiques diplomatiques : durant la période 1075-1150 les sources sont essentiellement constituées de longues notices, de grandes confirmations ducales et de pancartes, individualisant peu les actes et proposant de longues listes de témoins dans l’entourage — même local — des princes (faisant inévitablement disparaître nombre de personnages secondaires). Ensuite les sources, conservées par les cartulaires, reproduisent mieux les formes originales des chartes dont les listes de témoins sont plus restreintes (moins de 10 noms) et peut-être plus proches d’une certaine réalité locale. Entre 1075 et 1150, les témoins étant environ deux fois plus nombreux dans les actes qu’entre 1150 et 1200, on obtient une évaluation moyenne de 2 % des individus mentionnés dans les chartes. La stabilité durant plus d’un siècle est donc remarquable, mais, si « mode » il y a eu, elle est demeurée modeste66 ! Même dans des familles dont l’origine ne laisse aucun doute, l’onomastique propre à la Bretagne demeure minoritaire. La famille de Fougères est la seule où les noms Main, Juhel, Fransgalone/Léon apparaissent sur plusieurs générations consécutives entre le milieu du xie siècle et le milieu du xiie siècle, bien qu’ils soient en concurrence avec Raoul, Henri ou Robert67. Dans les autres lignages, y compris celui de Saint-Hilaire, cette onomastique est minoritaire dès la seconde moitié du xie siècle : ainsi les fils d’Harscouët s’appellent Eudes (comme son grand-père), Harscouët, Philippe, Pierre et Jacques (en référence à leur seigneurie de Saint-James-de-Beuvron68).
16En ce qui concerne la répartition spatiale, le résultat obtenu était dans une large mesure prévisible : banalité de l’anthroponymie « bretonne » au sud de la Sélune et fréquence au sud d’une ligne Granville-Avranches-Mortain-le Teilleul aux abords de la baie du Mont-Saint-Michel. L’anthroponymie vient ici buter sur l’extrémité occidentale de la « dorsale forestière » mise en évidence par Gérard Louise69. Mais la rareté au nord de la Sée et dans le diocèse de Coutances est plus étonnante. On constate une faible profondeur de cette pénétration et l’existence de deux « tâches » plus denses autour de Coutances et à l’est de la Douve70 où se localise aussi la toponymie à base d’anthroponymes « celtiques71 ». Ainsi le cartulaire de Saint-Sauveur-le-Vicomte qui éclaire principalement la partie occidentale de la péninsule fournit des anthroponymes « bretons » surtout pour la partie orientale de celle-ci. Il ne s’agit donc pas d’une diffusion aléatoire et régulière dans tout le diocèse de Coutances, qui aurait reflété une sorte d’osmose « naturelle » entre régions limitrophes.
Le reflet d’un peuplement breton ancien ?
17L’hypothèse que cette carte reproduise une colonisation bretonne antérieure aux invasions scandinaves est la première qui vienne à l’esprit. Elle a été proposée par les auteurs déjà cités. La participation de Bretons à l’encadrement des pagi de Coutances et d’Avranches est clairement attestée par trois documents du ixe siècle. L’un des récits des miracles attribués à saint Wandrille signale que, sous l’abbatiat de Gervold à Fontenelle (787-807), le pagus de Coutances était commandé par un dux (c’est-à-dire probablement ici un centenier) nommé Anowareth72. Or il s’agit d’un nom breton, porté par un machtiern du Porhoët, bienfaiteur de l’abbaye de Saint-Maur-de-Glanfeuil73. Deux autres documents prouvent que Salomon, comte du Cotentin depuis 867, distribua à ses fidèles les charges et les propriétés des abbayes franques : vers 870, le moine pèlerin Bernard rencontra au Mont-Saint-Michel un abbé breton nommé Phinimontius74 ; entre 867 et 872, un certain Gurhannus occupa la villa de Parigny, propriété des moines de Saint-Laumer-de-Corbion75.
18Quelques toponymes bretons, sans doute peu nombreux malgré tout, purent disparaître durant la période des invasions scandinaves. Même si l’anthroponymie « bretonne » et la toponymie scandinave sont loin de s’exclure, on peut remarquer une relative incompatibilité de cette diffusion avec certains composés toponymiques scandinaves, comme ceux en —tot, dans lesquels les spécialistes reconnaissent toft désignant soit un enclos habité soit un habitat ruiné puis redressé par les envahisseurs76. Une concentration plus forte du peuplement scandinave sur le littoral occidental moins hospitalier pourrait avoir préservé des poches résiduelles de peuplement breton. De même, des dédicaces celtes sont associées à des anthroponymes scandinaves : saint Méen à Teurtheville-Hague composé de Thorketill ; saint Samson à Anneville composé d’Anslecus/Asleikr ; saint Méen à Ancteville composé d’Ansketillus et à Bricqueville-la-Blouette dérivé de brekka77. Or il s’agit de cultes apparus sans doute anciennement : le culte de saint Samson se développa dès le vie siècle dans la province de Rouen avec la fondation de l’abbaye de Pentale à l’embouchure de la Risle et de la Seine ; quant à l’abbaye de Saint-Méen-de-Gaël, fondée par un disciple de saint Samson, elle joua un rôle essentiel dans la politique religieuse carolingienne en Bretagne à partir du règne de Louis le Pieux, dont elle reçut, en 816, le premier diplôme d’immunité accordé à une abbaye bretonne78. Ces situations illustrent la mutation toponymique consécutive aux invasions scandinaves et permettraient de comprendre certains paradoxes : après le xe siècle, l’onomastique bretonne influença toujours l’anthroponymie mais plus la toponymie paroissiale ; le nombre de dédicaces à des saints bretons est inférieur à la moyenne du duché79. Toutefois la pérennité des dédicaces à des saints bretons pourrait s’expliquer par la persistance d’un encadrement social au niveau relativement modeste de la petite aristocratie, c’est-à-dire des notables de village détenant les droits paroissiaux80. Or, comme nous allons le voir, les usages du stock onomastique breton caractérisent justement, dans le Cotentin en particulier, les familles de petits lignages de vavasseurs.
19Ainsi la présence bretonne est incontestable avant les invasions scandinaves et la pratique anthroponymique pourrait en être l’un des héritages. Cependant, cette analyse séduisante ne rend pas compte d’une réalité plus complexe :
- Comme dans le cas d’Hugues Brito déjà signalé, l’installation des Bretons résulta de migrations ou de circonstances postérieures au xie siècle, comme l’atteste aussi la microtoponymie des lieux habités81. Quarante et un hameaux ou écarts portent un composé de Briton- : Brettebost, la Bretonnière, la Bretonnerie, Breton, le Clos Breton, les Brettelières ou la Bretagne82. Ces composés romans en — ière/-erie sont tardifs et révèlent donc plutôt des implantations postérieures au xie siècle, voire à 1200, puisque je n’en ai trouvé aucun dans ma documentation83. Ces écarts se concentrent dans des zones de peuplement ancien et dense84 et leur répartition est très sensiblement différente de celle des anthroponymes, absents de secteurs documentés pourtant depuis le xie siècle. Les deux indications pourraient donc témoigner de la régularité des échanges de population avec la Bretagne sur la longue durée85.
- Cette anthroponymie peut aussi concerner des familles qui n’ont pas de liens connus avec la Bretagne. L’exemple de la famille Dastin, étudiée par Jean-Michel Bouvris, montre qu’une famille originaire de la basse vallée de la Dives utilisa le nom de Johel lorsqu’elle s’installa sur les rives de la Sélune vers 105086. Cet usage, vers 1050 au plus tard, témoigne d’une assimilation locale rapide, peut-être par mariage. La famille de Renouf le monétaire dont les fils s’appelaient Waleran et Conan, bien étudiée par Lucien Musset, s’implanta dans le Cotentin de manière très indirecte87. Leurs affaires avec une certaine Murielle d’Amblie leur permirent de devenir propriétaires à Marchésieux et à Morsalines88.
- Le Mont-Saint-Michel est la seule abbaye dont les sources de la pratique couvrent toute la période considérée, de la fin du xe siècle jusqu’au xiiie siècle. Or les documents les plus anciens montrent que son environnement onomastique — si l’on excepte bien sûr les bienfaiteurs d’outre-Couesnon — demeura franc durant tout le xe siècle89. Les nécrologes tenus depuis la fin du ixe siècle90 et la liste des moines morts établie, vers 1000/100491, ne mentionnent qu’un seul nom breton, Gleuloes. L’anthroponymie bretonne est aussi absente des premières chartes pour les confins du Maine, l’Avranchin et le Cotentin : les deux actes concernant la restauration du prieuré de l’Abbayette vers 997 ne fournissent aucun nom du corpus parmi les quarante-sept témoins de l’entourage de l’abbaye du Mont-Saint-Michel et des Hugonides du Maine92 ; les premiers actes normands pour l’abbaye sont tout aussi dépourvus de ces anthroponymes93. Le premier moine portant un anthroponyme du corpus est un certain Main en 108394, puis au début du xiie siècle les Rivalon et Alain se multiplient sous l’abbatiat des abbés Roger (1106-1123), Richard (1123-1124/1128) et Bernard (1131-1149), parmi les dépendants et les minis-tériaux de saint Michel. Cela ne signifie pas bien entendu que les moines originaires de Bretagne étaient absents du monastère avant l’an mil, comme l’atteste la présence de l’abbé Phinimontius vers 870. Mais l’onomastique bretonne ne se diffusa que tardivement entre Sélune et Couesnon. Au début du xie siècle, l’onomastique n’était pas sensible a l’influence politique de la famille de Rennes qui s’exerça sur l’abbaye jusqu’en 1009 et au sud de la Sélune jusqu’aux environs de 103095.
Carte 3 : La microtoponymie des lieux habités en Brito-

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20Bien que la présence bretonne soit bien attestée au ixe siècle, la pratique anthroponymique que nous pouvons observer à partir de 1075 n’est donc pas directement reliée à un peuplement ancien, que les témoins anthropo-nymiques ne permettent ni d’exclure ni de prouver. Considérer les pratiques anthroponymiques comme des témoignages de la continuité du peuplement suppose une mémoire généalogique et anthroponymique très longue, à un niveau social plutôt mal documenté et durant une période troublée. Or l’on sait que la mémoire généalogique normande, hors de la famille ducale, remonte rarement au-delà de 103 096. Les études d’anthroponymie montrent aussi que la répétition des mêmes noms excède rarement trois à quatre générations, sauf dans les cas où un anthroponyme devenu désuet resta la « signature » d’un lignage97. Ainsi la question des origines était susceptible d’une réinvention perpétuelle, à partir de « l’espace vécu » de chaque individu. Le souvenir d’une migration devait difficilement franchir le cap de la seconde génération, sauf si elle avait été inscrite dans l’espace (la Breton —ière ou —erie) ou si elle était devenue patronymique (Brito). On ne passe donc pas d’une cartographie des observations onomastiques, toponymiques et anthroponymiques, à une carte du peuplement et de la colonisation de manière automatique. Il faut maintenant s’interroger sur les usages de cette anthroponymie puis sur sa signification : qui porte ces noms ? Est-ce que porter ces noms aux xie-xiie siècles a un sens particulier ? Si oui, lequel ?
Pratique et usage de l’onomastique « bretonne » : un stock anthroponymique secondaire
La désignation des cadets et des clercs
21En général, l’onomastique bretonne alterne une génération sur deux (Eudes — Harscouët — Eudes pour les Saint-Hilaire) et elle se fixe souvent sur les cadets surtout lorsqu’ils sont ecclésiastiques98. L’anthroponymie de la famille Dastin illustre ce fait : le cadet qui réalisa une remarquable carrière ecclésiastique comme abbé de la Couture du Mans, portait le nom de Johel99. Dans la famille d’Aubigny, Rivalon fils de Roger devint moine à Cormery100. Mais l’analyse de la transmission anthroponymique bute sur la question des mariages et de l’origine des épouses qui nous est généralement inconnue101. Le premier des clercs prébendés de la collégiale castrale de Cherbourg, agrandie par Guillaume le Bâtard, se nommait Judicaël. Il reçut une prébende essentiellement constituée de l’église Saint-Martin de la Bellouse à Guernesey, avec les revenus de celle-ci sauf les gerbes perçues par les moines de Marmoutier102. L’empreinte bretonne était profonde dans l’archipel de Guernesey avec trois dédicaces à des saints celtes : saint Magloire de Sercq, saint Tugdual et saint Samson de Dol103.
Une anthroponymie socialement marquée
22Il convient de rester prudent sur ce point, car les spécialistes notent en général que le nom unique est un mauvais marqueur social. La distinction sociale est davantage marquée dans la seconde partie du nom, notamment par le surnom topographique104. Mais les individus distingués dans les chartes des xie-xiie siècles par un nomen proprium n’appartiennent-ils pas dans leur grande majorité à l’aristocratie ? Dans son étude statistique consacrée à l’anthroponymie dans le Livre noir de la cathédrale de Bayeux, François Neveux note que la distinction sociale entre « nobles et roturiers » n’est pas marquée dans le nomen proprium ni dans les formes de désignations complémentaires par la parenté (selon le modèle nomen + filius ou frater + génitif). L’aristocratie est caractérisée dès la seconde moitié du xie siècle, par les indications de fonctions et les surnoms topographiques105.
23Dans l’Avranchin, l’anthroponymie bretonne traverse tous les niveaux de l’aristocratie106. Elle est d’usage courant dans les principaux lignages des vassaux ducaux directs, comme les familles de Fougères et de Saint-Hilaire déjà évoquées ou celle de Subligny107 dont le premier représentant connu est Othoël/Othoer qui fut précepteur de Guillaume fils aîné d’Henri Ier. Il mourut dans le naufrage de la Blanche Nef en 1119108. Ce lignage s’allia au début du xiie siècle avec les Goz, vicomtes d’Avranches. Hasculf fils d’Othoël fut le premier fondateur de l’abbaye de la Lucerne109. La petite aristocratie, des vavasseurs et des ministériaux, pratique aussi cette anthroponymie : dans l’entourage du Mont-Saint-Michel apparaissent Rivalon, prévôt de Genets sous l’abbé Bernard (1131-1149)110, peut-être le même que Rivalon Calcebos/Chauceboeuf111, jusqu’à la décennie 1170. Son fils Guillaume est qualifié de vavasseur dans l’enquête sur les fiefs de 1172112. À Colombe, où se combinent à la fois l’influence du Mont-Saint-Michel et celle des Nigellides113, on rencontre Rualon de Campania (vers 1190)114ou Alain fils d’Hubert (vers 1160)115. En revanche, dans le Cotentin, à l’exception de la famille d’Aubigny (sur laquelle je reviendrai), ces noms ne sont portés que par les vassaux des lignages importants du début du xiie siècle, comme les homines des vicomtes de Saint-Sauveur116, la famille de Beaumont du Cotentin117 ou Robert fils Hamon, seigneur de Creully et de Torigni-sur-Vire118. La plupart des anthroponymes du corpus apparaissent avec un nom de lieu ou une relation de parenté avec un individu relié à un lieu, ou bien avec une fonction spécifique119. L’anthroponymie bretonne caractérise donc plutôt les petits seigneurs locaux et les vavasseurs120.
24L’usage du nom Olivier est en forte corrélation avec la pratique des anthroponymes bretons : comme Juhel et Olivier dans la famille d’Ardena vassale des Fougères121 ; on trouve aussi un Olivier dans la branche cadette des Saint-Hilaire (attesté en 1156/1158), le nom du fils d’Alain frère d’Hars-couët et fils d’Eudes ; ou encore Olivier frère de Rivalon et Rualoc fils de Roger, dans le premier tiers du xiie siècle122 ; enfin dans des lignages beaucoup moins importants comme la succession Alain/Olivier à Montaigu-la-Brisette, Olivier fils de Raoul de Virey (attesté en 1156/1158), Olivier fils de Richard Rasor (1133/1134)123. L’existence d’une volonté de reconnaissance et de distinction sociale par l’introduction de ce nom dans leur stock familial me semble probable chez ces familles utilisant l’anthroponymie bretonne. Le nom du sage compagnon de Roland tempérant la fougue de celui-ci, apparaît avant le milieu du xiie siècle, précédant de quelques décennies la rédaction par Wace de ces Romans de Brut et de Rou. Il révèle la diffusion des romans arthuriens et de la Chanson de Roland124. Ainsi, dans la seconde moitié du xiie siècle, Guillaume Avenel seigneur des Biards fit baptiser ses trois fils Roland, Nicolas et Olivier125. Ces lignages secondaires à la recherche de reconnaissance sociale trouvèrent ainsi le moyen de rehausser leur prestige126. Comme l’anthroponymie bretonne, le nom Olivier attribue un rang dans le lignage (cadet) et situe celui-ci dans la hiérarchie sociale. En effet, il répond à une logique sociale en marquant l’attachement au système de valeurs chevaleresque incarné par Roland et Olivier127.
La délimitation de groupes aristocratiques attachés à des lignages majeurs
25L’anthroponymie reflète les filiations biologiques ou spirituelles et les liens de fidélité. Elle permet de délimiter les périmètres d’influence des principaux lignages. Aux confins de l’Avranchin et de la Bretagne, la pratique de l’anthroponymie bretonne se concentre dans l’entourage de la famille de Fougères avec les familles de Savigny128, d’Ardena129, Bastard130 ou de la Boulouze-Marchis131 qui figurent dans les actes de leur fondation de la Sainte-Trinité de Savigny, et autour de la famille de Saint-Hilaire avec les Neumours dans les environs de Terregatte132 et les Milly133, qui confirmèrent une aumône en faveur de Redon à la Bazoge134. Enfin, plusieurs de ces noms apparaissent dans l’entourage des comtes de Mortain, Robert et Guillaume de Conteville135, qui contrôlaient aussi le château de Saint-Hilaire-du-Harcouët136 : Mainguidus de Virey137, Geoffroi Rivalonidis138 ou Guillaume Patricius139. L’extension du comté de Mortain dans le diocèse de Coutances favorisa sans doute la diffusion des anthroponymes bretons : la présence de Rualon à Beuzeville140 ou à Héauville141 peuvent s’expliquer par l’intervention des comtes de Mortain dans ces deux villae142. Or la famille des Conteville était originaire de la basse vallée de la Risle où les dédicaces à saint Samson étaient liées à la présence de l’exemption de Dol et à l’ancien monastère de Pentale143. Les liens des comtes de Mortain avec les Bretons furent d’ailleurs assez étroits notamment en Angleterre où ils furent considérés, quelque temps à partir de 1069, comme les seigneurs des Bretons installés en Cornouailles144. Enfin le réseau des prieurés de Marmoutier dans les diocèses d’Avranches (Notre-Dame-du-Rocher à Mortain et Saint-Martin de Sacey145) et de Coutances (Héauville et Saint-Georges de Bohon) favorisa la circulation de personnages portant des anthroponymes bretons. Le prieuré de Saint-Georges de Bohon succéda à une collégiale de quatre clercs par la volonté d’Onfroi seigneur du lieu146. Or dans un acte en faveur de ce prieuré, trois Daniel, nom biblique répandu en Bretagne147, figurent en présence de leur seigneur Enjuger de Bohon148. Une pratique anthroponymique singulière s’était donc cristallisée dans l’entourage de ce lignage, qui ne pratiquait pas l’anthroponymie bretonne, mais qui entretenait lui aussi des liens avec la vallée de la Risle, comme l’indique la présence de Daniel prêtre de Malleville-sur-le-Bec. Enfin à la fin du xie siècle, Onfroi de Bohon donna sa fille en mariage à Guillaume d’Aubigné dit Brito fils de Main de Saint-Aubin-d’Aubigné149. Ces noms peuvent ainsi fournir de sérieux indices pour l’étude des réseaux aristocratiques en Normandie occidentale.
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26L’usage de l’anthroponymie bretonne révèle quelques constantes150 ancrées sur des pratiques familiales, sociales et politiques et ne signale pas forcément des courants migratoires depuis la Bretagne proprement dite. La fonction sociale de l’anthroponymie bretonne apparaît multiple. Sauf pour certains grands lignages de l’Avranchin, elle sert de stock anthroponymique secondaire : pour classer les héritiers dans la fratrie ou pour marquer son appartenance à un groupe aristocratique et familial dont la mode onomastique est dictée aux vassaux par le lignage dominant. Enfin, elle a pu, notamment dans le Cotentin, caractériser la « catégorie sociale » des vavasseurs mais n’a dépassé qu’exceptionnellement ce niveau.
Des réseaux bretons dans les diocèses de Coutances et d’Avranches : les origines de la famille d’Aubigny
27Si un encadrement aristocratique « breton » d’un niveau supérieur a jamais existé dans le nord de la péninsule, il a été balayé par les invasions scandinaves. Mais dans le Cotentin moyen au sud des marais où la toponymie scandinave se raréfie, il existe une famille originale usant encore dans le dernier tiers du xie siècle d’une onomastique celtique, bretonne et irlandaise : la famille d’Aubigny.
28Ce lignage possèdait trois caractères majeurs pour cette enquête. La famille se composait, vers 1070/1084, de Roger d’Aubigny, de sa femme Adelise ou Ameria et de leurs fils Rualoc151, Guillaume, Robert et Rivalon qui devinrent moines à Cormery152, Olivier et Néel153. À la fin du xie siècle, la famille d’Aubigny utilisait donc largement les anthroponymes propres à la Bretagne. Mais à la génération suivante, alors que le lignage était entré dans l’aristocratie anglo-normande grâce à sa fidélité envers Henri Ier, ces noms disparurent puisque l’aîné Rualoc mourut sans postérité et que Rivalon devint moine à Cormery. En revanche, celui de Néel se perpétua pour les cadets. Ces noms et d’autres du corpus breton se diffusèrent dans leur entourage : un Rualoc de Herpinmesnil154 apparaît dans une aumône de Roger d’Aubigny à l’abbaye de Lessay155 ; parmi les hommes d’Aubigny, on trouve aussi Samson d’Ansneville à Hémevez156 et Samson Foliot, miles, concèdant l’église de Montfarville à Montebourg dans une charte attestée par Guillaume d’Aubigny et Robert du Neubourg, petit-fils de Roger de Beaumont157. Le siège éponyme de la seigneurie d’Aubigny semble avoir exercé une certaine attraction sur des individus liés à la Bretagne, comme Hugues Brito à Feugères158, ou sur des familles usant de l’anthroponymie bretonne, comme celle du monétaire Renouf dont l’un des fils s’appelait Conan, à Marchésieux et Morsalines159. Enfin un nombre significatif des paroisses du diocèse de Coutances dédiées à des saints celtes appartinrent à cette famille : saint Patrice à Hubertville160 et Saint-Patrice-de-Claids161 ; saint Samson et saint Malo à Geffosse et Gouville162.
29Il pourrait donc s’agir d’une famille « bretonne » voire iro-bretonne. Selon Lucien Musset, les Celtes se seraient installés dans la future Normandie en suivant le courant d’invasion norvégien163. Or Jean-Michel Picard a montré l’ancienneté des relations de la Neustrie « maritime » avec les îles164. Il a ainsi ébranlé ce schéma d’une co-émigration celto-scandi-nave, sans la rendre toutefois impossible165. Bien que cette famille connut le succès tardivement, à l’échelle de la principauté normande puis du Royaume d’Angleterre, en tant que comte d’Arundel et bouteiller d’Henri Ier, elle appartenait dans le dernier quart du xie siècle au plus tard à un réseau de parenté important du diocèse de Coutances. Rapportant la révolte de Robert de Montbray, comte de Northumbrie, contre le roi Guillaume le Roux en 1093, Orderic Vital raconte qu’après l’emprisonnement de Robert de Montbray, sa femme Mathilde, fille de Richer de l’Aigle et de Judith sœur d’Hugues le Loup, demeura longtemps dans la peine avant d’obtenir du pape Pascal l’autorisation de se remarier avec Néel d’Aubigny166. Mais, ensuite, celui-ci la répudia parce qu’elle avait été l’épouse d’un de ses consanguins167. Néel était donc apparenté à Robert de Montbray, lui-même neveu de l’évêque de Coutances Geoffroi168.
30Malgré les trois biographies consacrées à l’évêque Geoffroi de Coutances la question de son origine familiale demeure énigmatique169. Or, dans l’acte de confirmation des biens de la cathédrale de Coutances datant de 1056/1066, il est appelé Gaufridus episcopus de Solel170. La première éditrice de l’acte pense qu’il s’agit d’un nom de personne non identifié. Je le rapprocherais pour ma part de Soulles dont les graphies anciennes sont Sola mais aussi la forme romane Sole171 (or le texte de la cathédrale utilise de nombreuses formes toponymiques romanes). Il s’agit de l’une des premières prébendes du chapitre de la cathédrale de Coutances172. Au xiie siècle, le nom de Mauger, porté par le frère de l’évêque, apparaît aussi dans la famille de Soulles qui, par ailleurs, comptait aussi un Salomon173. Elle possédait une chapelle Saint-Martin ainsi qu’un Mesnil Hasculf à Bonfossé174, paroisse dans laquelle une église était consacrée à saint Samson. Enfin l’évêque Geoffroi était apparenté aux Nigellides, c’est-à-dire à la famille des vicomtes de Cotentin, puisqu’un vicomte Néel mort en 1092 est qualifié de consanguineum de l’évêque Geoffroi175.
31Cette famille des Nigellides, dite « de Saint-Sauveur », nom qu’elle ne prendra qu’au début du xiie siècle, était implantée au sud du diocèse, dans la villa de la Colombe, qu’elle tenait sans doute du Mont-Saint-Michel176.
32L’espace d’influence des Nigellides, reconstitué à partir du patrimoine de leur fondation de Saint-Sauveur-le-Vicomte, se superpose à la vicaria helgenes, dont une portion avait constitué le douaire de Judith de Rennes, épouse du duc Richard II177. Ainsi, les premières apparitions d’un vicomte Néel dans les diplômes ducaux sont consécutives à la mort de Judith en 1017, notamment dans un acte par lequel le duc transféra à Marmoutier deux villae de l’ancien douaire de son épouse178. Les liens entre les Néel et la famille de Rennes peuvent être déduits de plusieurs faits : le rôle central du Mont-Saint-Michel avec lequel les Nigellides entretinrent des relations régulières et qui demeura le sanctuaire familial des comtes de Rennes jusqu’au début du xie siècle (d’ailleurs Judith et Richard s’y marièrent) ; après la mort de Robert le Magnifique en 1035 un triumvirat éphémère, composé du vieil archevêque Robert, du comte Eudes, frère du comte de Rennes Alain179 et du vicomte Néel, assura la régence en Normandie occidentale jusqu’en 1037180 ; enfin après l’échec de la révolte de 1047, dans laquelle le comte Eudes, dit de Penthièvre, joua peut-être un rôle181, c’est vers la Bretagne que, selon Wace, Néel s’exila182.
Conclusion
33Au nord de la Sélune, les Bretons ne se laissent pas facilement saisir. Les Scandinaves sont « plus voyants », mais ils furent aussi mieux cherchés. L’anthroponymie de Bretagne fut un élément de distinction à différentes échelles : à l’échelle du groupe aristocratique, elle traçait les contours des réseaux de parenté et de fidélité tout en caractérisant les couches inférieures, vavasseurs et domini de village dont certains connurent ensuite une ascension sociale ; à l’échelle familiale, elle délimitait des groupes consanguins et hiérarchisait les droits de chacun de leurs membres. Il reste à se demander si, à l’échelle du duché, elle fut une marque d’identité locale ou « ethnique183 ».
34Une conception ethnique de la distinction entre Bretons et Normands s’exprime clairement dans l’historiographie du duché. Dans le troisième quart du xie siècle, Guillaume de Poitiers, dans les Gesta Guillelmi ducis Normannorum et regis Anglorum, brossait un portrait à la fois méprisant et inquiétant des paysans-soldats de Bretagne orientale pour lequel il s’inspira d’auteurs antiques184. Les composantes de l’identité normande étaient alors fixées depuis la fin du xe siècle par Dudon de Saint-Quentin. Elles avaient sans doute été élaborées dans les décennies antérieures185. Depuis le De moribus, ce discours sur l’origine et l’identité campait une communauté ethnique sous l’autorité d’un seul chef occupant un territoire aux limites fixées dès l’origine186. L’histoire officielle occultait totalement le passé breton. La « normannisation » de l’histoire de la région fut particulièrement évidente au Mont-Saint-Michel avec la rédaction de l’Introductio monachorum187.
35En même temps que l’onomastique « bretonne » ce diffusait, l’histoire de la Normandie occidentale était normannisée. La force de l’historiographie normande officielle contribua probablement à la promotion de l’anthroponymie scandinave et ducale. Adopter un nom scandinave et ducal, c’était reconnaître la domination normande et adhérer au projet politique normand. L’usage d’une anthroponymie bretonne peut-il être interprété comme un acte de résistance sociale et politique ? Réagissait-il à la réécriture de l’histoire régionale et à l’idéologie véhiculée par l’élite aristocratique du duché qui revendiquait de plus en plus ses origines normandes188 ?
36Dans une convention passée en 1061 entre l’évêque d’Avranches Jean d’Ivry et l’abbé du Mont-Saint-Michel Renouf, celui-ci justifiait l’incapacité des habitants du Mont à se rendre au siège de l’évêché, pour s’y défendre devant le tribunal de l’évêque, par les marées ou par les incursions bretonnes189. L’argument ne désignait pas les nombreux Rivalon ou Juhel qui gravitaient autour de l’abbaye, au sud de la Sélune, mais les hommes du duc Conan qui à cette époque étaient entrés en conflit avec Guillaume le Bâtard. Au même moment, Rivalon de Combour s’était placé sous la protection de l’abbaye contre le duc Conan II190. Le rôle de l’abbaye comme protectrice des seigneurs voisins et refuge en cas de guerre est bien attesté au xie siècle191. Pour les habitants de la frontière, l’insécurité venait autant des hommes du duc des Bretons que de ceux du duc des Normands.
37De même dans une charte de Savigny datée de 1150 à propos d’une terra de calumniis nommée Montdaigneium qui « fut souvent contestée et dévastée par les Normands et les Bretons192 », le locuteur principal Pierre de Saint-Hilaire était le petit-fils d’un Hasculf. Il avait dénommé son fils aîné Jacques (mort avant 1157) et le second Hasculf. Pourtant il semble ne se reconnaître dans aucune des deux origines, et ses cadets s’appelaient Henri et Philippe193. Henri, que l’on retrouve antérieurement dans la famille de Fougères194, pourrait faire penser à Henri Ier Beauclerc. Mais son association avec Philippe (comme l’un des frères de Pierre mort avant 1090) renvoie incontestablement à une influence capétienne195. Celle-ci s’explique par les deux prieurés de Fleury-sur-Loire à Saint-James et à Saint-Hilaire, créés à partir d’aumônes de Richard II et de son demi-frère Robert comte d’Avranches196, dont les liens avec les Hugonides du Maine ont été mis en évidence par Katherine Keats-Rohan197. De plus, vers 1030, le seigneur de la Croix-Avranchin, qui se disait miles de Robert le Magnifique, se nommait Adalelmus. Il était l’époux d’une Béatrice et il était le père d’un Robert198. Ces anthroponymes sont nettement Robertiens et reflètent probablement aussi l’influence de Fleury. Il existait donc sur la Sélune et le Beuvron un îlot d’influence capétienne entre Bretagne et Normandie, attesté dès 1020 et toujours identifié en 1150.
38Les porteurs d’anthroponymes que nous identifions comme « bretons » ne se considèraient donc pas tous comme des Bretons. Les distinctions entre Normands et Bretons étaient ici davantage politique qu’ethnique. La signification de l’anthroponymie propre à la Bretagne put aussi varier en fonction des contextes démographiques et politiques locaux : dans l’Avranchin, sur la frontière, la distinction entre Normands et Bretons n’était pas marquée par l’anthroponymie mais par la fidélité aux princes ; dans le Cotentin central, le maintien d’une aristocratie liée à la Bretagne donnait à ce stock anthroponymique le sens d’une appartenance à un groupe aristocratique dominant ; dans le Cotentin péninsulaire l’anthroponymie bretonne avait peut-être pris un sens ethnique plus marqué, en réaction à la « mode » des anthroponymes scandinaves.
39Dans cette quête d’une identité individuelle, je ne pense pas que l’élément de l’origine ethnique fût dominant199. Au terme de cette enquête, il n’est pas sûr que le nomen au sens de nom de baptême fût l’instrument d’une identité ethnique. Le cognomen ou surnom jouait mieux ce rôle. La pratique de la double dénomination est attestée avec l’anthroponymie scandinave, sur le modèle de Richard que l’on appelle Turstin Haldup200, qui se composait d’un nom de baptême, d’un nom d’usage rattachant l’individu qui le portait à une ascendance scandinave réelle ou « à la mode » voire mythique, et d’un surnom ou sobriquet héréditaire puisqu’il fut porté par Eudes fils de Turstin. Il n’existe pas dans la documentation de binomie avec des noms bretons, puisque ceux-ci étaient aussi des noms de baptême, à moins que ce ne fût en raison de l’incapacité des scribes à les entendre et à les transcrire201. Enfin dans le contexte historiographique et politique dont j’ai parlé, on pouvait brandir fièrement ses origines normandes réelles ou supposées, mais il était peut-être parfois préférable de demeurer discret sur d’éventuelles origines bretonnes (encore que des Bretons firent carrière au service de Guillaume le Conquérant). Ce travail gagnerait nécessairement à s’appuyer sur une étude globale de l’anthroponymie normande qui reste à faire.
Notes de bas de page
1 Mes réflexions doivent énormément aux conseils bibliographiques et aux questionnements de Pierre Bauduin. Qu’il en soit ici remercié.
2 Beaurepaire F. (de), Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Paris, Picard, 1986, p. 44.
3 D’après un célèbre passage de Dudon de Saint-Quentin, De gestis Normanniae ducum seu de moribus et actis primorum Normanniaesducum, Lair J. (éd.), Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, t. xxiii, 1865 (désormais noté DSQ), II-31, p. 171 : Securitatem omnibus gentibus in sua terra manere cupientibus fecit. Illam terram suis fidelibus funiculo divisit, universamque diu desertam raedificavit, atque de suis militibus advenisque gentibus refertam restruxit. Le peuplement de la Normandie résulterait du brassage de population entre les Danois établis sur une terre inhabitée et les gentes venues de l’extérieur et appelés par Rollon pour rebâtir le pays.
4 Musset L., « Essai sur le peuplement de la Normandie (vie-xiie siècle) », Galinié H. (dir.), Les mondes normands (viiie-xiie siècle) (Actes du IIe congrès international d’archéologie médiévale, Caen, 2-4 octobre 1987), Caen, Société d’archéologie médiévale, 1989, p. 100 ; l’auteur s’appuie notamment sur son étude de la famille des Tosny, id., « Aux origines d’une classe dirigeante : les Tosny, grands barons normands du xe au xiiie siècle », Francia, n° 5, 1977, p. 45-80.
5 Bauduin P., « Des raids scandinaves à l’établissement de la principauté normande », Deniau E., Lorren C., Bauduin P. et Jarry T., La Normandie avant les Normands, Rennes, Ouest-France Université, 2002, p. 369 : « L’installation des Bretons aux confins du Bas-Maine, du Rennais, de l’Avranchin et du Cotentin est également confirmée par l’abondance d’anthroponymes bretons (Juhel, Rivalon, Rualoc, Harcouët) dans ces régions aux xie-xiie siècles : l’onomastique témoigne ici sans doute de l’enracinement de vassaux bretons installés sur des biens concédés dans le secteur. Le fait mérite d’être souligné car des liens étroits ont pu être noués entre cette aristocratie bretonne et des familles franques implantées en Neustrie. » Pour un exemple breton, id., « Une famille châtelaine sur les confins normanno-manceaux : les Géré (xe-xiiie siècles) », Archéologie médiévale, t. xxii, 1992, p. 309-356.
6 Musset L., « Aperçus sur la colonisation scandinave dans le nord du Cotentin », Annuaire des cinq départements de la Normandie, n° 111, 1953, p. 35-36.
7 Les mots même de « modes » ou de « vogues », utilisés pour caractériser ce phénomène, contiennent déjà l’idée d’une identification — sous-entendu « à des origines bretonnes » — mais aussi d’une certaine volatilité et superficialité des comportements ainsi que d’une perméabilité aux influences extérieures. Il y a donc une contradiction à parler de « mode » puis à en déduire un élément de permanence du peuplement. Je leur préférerai, « usages » ou « pratiques » qui me paraissent plus neutres.
8 DSQ, iii-41, p. 185 : (...) Willelmus [...] congregavit universi regni sui concite exercitus, ivitque super fluvium Coysnon, Britonum dominaturus.
9 DSQ, iii-60, p. 204.
10 DSQ, iv-81, p. 237.
11 DSQ, iv-84, p. 239.
12 DSQ, ii-28, p. 168.
13 DSQ, iv-84, p. 239-240.
14 Brunterc’h J.-P., « Le duché du Maine et la Marche de Bretagne », Atsma H. (dir.), La Neustrie, les pays au nord de la Loire de 650 à 850 (Colloque historique international), Beihefte der Francia, 16/1, Sigmaringen, J. Thorbecke, 1989, p. 29-127.
15 Chédeville A. et Guillotel H., La Bretagne des saints et des rois, Rennes, Ouest-France Université, 1984, p. 363-364.
16 The Gesta Normannorum Ducum of William of Jumièges, Orderic Vitalis et Robert of Torigni, Van Houts E.M.C. (éd.), Oxford, Clarendon Press, 1992-1995, Oxford Medieval Texts (désormais noté GND), v-4, t. ii, p. 10-15.
17 GND, chap. v-10, t. ii, p. 22-23.
18 GND, chap. vi-8, t. ii, p. 56-57 : Carucas/Carues non longe ad fluvio Coisnon ; plusieurs identifications sont possibles : Carcei/Charcey, cant. Pontorson, comm. les Pas, qui apparaît vers 1022/1026 dans un diplôme de Richard II en faveur du Mont-Saint-Michel (Fauroux M., Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066), MSAN, t. xxxvi, 1961 (désormais noté RADN), n° 49, p. 161) ; Cherrueix, Ille-et-Vilaine, cant. Dol-de-Bretagne (mais me paraît trop éloigné du Couesnon et peu stratégique) ; Pontorson, Manche, ch.-l. cant., dont l’autre nom aurait été Caresce selon Wace, Le Roman de Rou, Holden A.J. (éd.), Paris, Picard, 1970-1973, Société des anciens textes français, t. i, partie iii, v. 2605-2608, p. 258 : un chastel ferma sur Coisnun,/asquanz dient al Punt Orsun,/as Carues dient asquanz ;/ceo seivent bien li païsanz.
19 Chédeville A., « Anthroponymie bretonne », Bourin M. et Chareille P. (dir.), Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, t. ii, vol. 1, Tours, Publication de l’université de Tours, 1992, p. 9-40 : il vaudrait mieux parler ici d’anthroponymie « propre à la Bretagne » plutôt que d’anthroponymie « bretonne », car il n’est pas question de l’usage de la langue bretonne.
20 Selon André Chédeville, durant le xe et le xie siècle, ce nom est spécifique aux dynasties de Bretagne descendant d’Alain le Grand. Puis à partir de 1130/1160, il se répand dans toutes les couches de la société (Chédeville A., « L’anthroponymie bretonne », op. cit., p. 21). Entre la Vire et le Couesnon, il apparaît pour la première fois dans les sources vers 1100/1106. Il s’agit notamment d’un ou deux Alain de Hulmo qui figurent aussi bien dans l’entourage du comte de Mortain Guillaume (Saint-Quentin-sur-le-Homme, Manche, cant. Ducey ou le Homme, cant. Sainte-Mère-Église, comm. Picauville ; BnF, ms. lat. 5441, Marmoutier, t. ii, n° 91, p. 405, Sainte-Marie-du-Rocher, 1100/1106, avec Alain de Vineis), que dans une poignée d’actes rassemblés dans deux pancartes de l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, aux côtés du vicomte Eudes (Delisle L., Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, Valognes, 1867, PJ, n° 46-48, 1101/1104). Mais ce nom n’apparaît jamais dans aucune des familles dominantes de l’Avranchin ou du Cotentin.
21 La fréquence de Juhel dans l’Avranchin et le sud du Bessin peut rappeler tout autant les seigneurs de Mayenne : Bates D., Regesta Regum Anglo-Normannorum. The Acta of William I (1066-1087), Oxford, Clarendon Press, 1998 (désormais noté Acta of William I), n° 281, p. 850, Troarn, 1081/1082 — début xiie siècle, Gauthier de Meuvaines (Calvados, cant. Ryes) et sa femme Adeline, possessionnés à Montchamp (Calvados, cant. Vassy) ont deux fils Hamelin et Juhel.
22 Ces noms n’étant pas spécifique à la Bretagne, je ne les ai conservés qu’en association avec des témoins plus caractéristiques. Samson est un nom biblique que l’on rencontre, par exemple, vers 1050/1160 jusqu’au Vendômois (Barthélemy D., La société dans le comté de Vendôme de l’an mil au xive siècle, Paris, Fayard, 1993, p. 62).
23 En Angleterre, dans le premier quart du xiie siècle, ce qualificatif est utilisé pour distinguer deux personnages homonymes de l’entourage d’Henri Ier (cf. l’article de Katharine Keats-Rohan dans ce volume, intitulé « Les Bretons en Angleterre au xiie siècle ») : Guillaume d’Albini « Brito » (Saint-Aubin-d’Aubigné, Ille-et-Vilaine) ; Guillaume d’Albini (Saint-Martin-d’Aubigny, Manche, cant. Périers).
24 Cartulaire de la Manche. Abbaye de Montmorel, Dubosc F.-N. (éd.), Saint-Lô, Jacqueline, 1878, n° xii, p. 9-12, 1185/1210 : Hasculphus Brito. Il pouvait s’avérer superflu d’appliquer à un migrant de première génération, portant déjà un anthroponyme caractéristique, un qualificatif supplémentaire d’origine. La rareté de son nom suffisait à le distinguer.
25 RADN, n° 160-161-162, 1052/1053, p. 348-352 ; Acta of William I, n° 280-281, 1068-1081/1082, p. 838-843-851, Troarn ; Bouvris J.-M., « Une version inédite de la confirmation par le duc Robert Courteheuse d’une donation faite en 1087 par Guillaume le Conquérant à l’abbaye de Saint-Étienne de Caen », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, t. lxiv, n° 330-331, 1987, p. 73 n. 86.
26 Etouvy, Calvados, cant. le Beny-Bocage ; Feugères, Manche, cant. Périers.
27 D’après un miracle de saint Ouen à Rots, Pommeraye F., Histoire de l’abbaye de Saint-Ouen de Rouen, Rouen, 1662, p. 420-421 ; Musset L., « L’aristocratie normande au xie siècle », Contamine P. (dir.), La noblesse au Moyen Âge (xe-xve siècles). Essais à la mémoire de R. Boutruche, Paris, PUF, 1976, p. 82.
28 Acta of William I, n° 205 (II), p. 646, Notre-Dame-du-Rocher, 24 juin 1082 ; BnF, ms. lat. 5441, Marmoutier, t. ii, n° 91, p. 405 ; Geoffroi est le frère et le fils de deux Rivalon (Acta of William I, n° 175 (I), Sainte-Trinité de Lessay, 1084).
29 Cartulaire de la Manche. Montmorel, op. cit., n° xii.
30 BnF, ms. lat. 5430A, Mont-Saint-Michel, p. 266 ; dans la microtoponymie, on trouve le fief Hoël (cant. la Haye-Pesnel, comm. Saint-Léger ; Longnon A., Pouillés de la province de Rouen, Paris, 1903, p. 286A).
31 Bibl. mun. Avranches, ms. 210, Cartulaire du Mont-Saint-Michel, Keats-Rohan K.S.B. (éd.), The Cartulary of the Abbey of Mont-Saint-Michel, Domington, Shaun Tyas, 2006. (désormais noté MSM), n° 50, p. 133-134, 1085/1094, Raoul Brito ; ibidem, n° 16, p. 93-96, 1121/1125, Guillaume Brito ; BnF, ms. lat. 5430A, p. 17, 1216 et p. 239, Guillaume Brito miles.
32 Arch. dép. Calvados, F. 5276, Sainte-Trinité de Savigny, 1157, Roussel fils de Geoffroi Briton ; BnF, ms. lat. 5441, t. ii, Sainte-Trinité de Savigny, p. 167, n° 76, 1168, Geoffroi Briton chapelain ; Delisle L. et Berger E., Recueil des actes d’Henri II, roi d’Angleterre et duc de Normandie concernant les provinces françaises et les affaires de France, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1909-1927, n° dxci, 1156/1158.
33 Rualon du Homme, fils d’Hugues et père d’Alain et Philippe (le Homme-Saint-Quentin, Manche, cant. Ducey ; Cartulaire de la Manche. Montmorel, n° ii, iii et viii, vers 1166 ; Bibl. mun. Avranches, ms. 210, f° 113v°, 1155).
34 BnF, nouv. acq. lat. 2024, Cartulaire de Saint-Sauveur-le-Vicomte (désormais noté SSV), n° 158, f° 135v°-136, 1144, Raoul Brito vers Brix, Couville, Saint-Martin-le-Gréard (Manche, cant. Cherbourg) ; ibidem, n° 231, f 178v°, 1154, Daniel Brito vers Anneville (Manche, cant. Lessay) et Montsurvent (Manche, cant. Saint-Malo-de-la-Lande) ; ibidem, n° 283, f 206v°, 1172/1180 avec Jourdain de Barneville (Manche, ch.-l. cant.).
35 Chédeville A., « Anthroponymie bretonne », op. cit., p. 12-20. Cependant, il faut noter qu’elle est amplifiée par l’usage de l’écrit car, même en Bretagne, certains scribes renonçaient à transcrire les noms bretons en raison de leur rusticité (ibid., p. 11).
36 Même remarque à propos des Bretons qui participèrent à la conquête normande de l’Angleterre : Keats-Rohan K.S.B., « Le rôle des Bretons dans la politique de colonisation normande de l’Angleterre (c. 1042-1135) », MSHAB, n° 74, 1996, P. 181-215 ; ead., Domesday People. À prosopography of persons occuring in English documents, 1066-1166, I. Domesday Book, Woodebridge, Boydell Press, 1999, p. 44-58. Un exemple étudié par Guillotel H., « Une famille bretonne au service du Conquérant : les Baderon », Droit privé et institutions régionales. Études historiques offertes à Jean Yver, Paris, PUF, 1976, p. 361-366.
37 Carte 1 : Fréquence de l’onomastique bretonne dans les diocèses de Coutances et d’Avranches (vers 1000-vers 1200).
38 Musset L., « Essai sur le peuplement de la Normandie... », op. cit., p. 98.
39 Beaurepaire F. (de), Les noms des communes..., op. cit., p. 44 ; une étude plus précise de la microtoponymie pourrait modifier ce constat, par exemple le Mesnil-Hasculf à Bonfossé, attesté en 1156/1158 dans une confirmation d’Henri II pour Notre-Dame d’Aunay (Bonfossé, Manche, cant. Canisy ; Delisle L. et Berger E., Recueil des actes d’Henri II, op. cit., t. i, n° cv).
40 Dauzat A. et Rostaing C., Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la France, Paris, 1963, p. 489-490 : Nantus ou Nanteis/Saint-Marcouf, nom du monastère fondé par saint Marculf, pourrait être breton.
41 Carnet, Manche, cant. Saint-James- de-Beuvron ; Guillaume de Kernet, vassal de Pierre, Jacques et Hasculf de Saint-Hilaire (Arch. dép. Calvados, F. 5276, Savigny, 1150 ) ; Geoffroi et Gautier Kernet (Arch. nat., L. 967 (152), 1190/1200).
42 Carneville (Manche, cant. Saint-Pierre-Église) associée à une dédicace à saint Samson mais dans un texte du cartulaire de Montebourg, Corbin d’Agneaux donne (av. 1180) l’église sancti Macuti de Kerneville (BnF, ms. lat. 10087, Cartulaire de Sainte-Marie de Montebourg (désormais noté SMMontebourg), n° 87, f° 46 et n° 94, f° 48).
43 Bretteville-en-Saire, Manche, cant. Tourlaville ; Bretteville-sur-Ay, Manche, cant. Lessay ; attestés dans le second quart du xiie siècle, Gallia Christiana, t. xi, Instrumenta ecclesiae Constantiensis, Sainte-Trinité de Lessay, n° x, col. 235 ; BnF, ms. lat. 10071, Sainte-Trinité de Lessay, f° 86, n° 55.
44 Saussey, Manche, cant. Coutances ; Geffosses, Manche, cant. Lessay ; Sortosville-Bocage, Manche, cant. Montebourg.
45 Fleuriot L., Les origines de la Bretagne, Paris, 1980, p. 102-103.
46 Chanteux H., « Le toponyme Bretteville en Normandie et son origine », Recueil de travaux offert à M. Clovis Brunel, Paris, 1955, Mémoires et Documents publiés par la Société de l’École des Chartes, p. 249.
47 Musset L., « Participation des Vikings venus des pays celtes à la colonisation scandinave de la Normandie », Cahiers du centre de recherche sur les pays du Nord et du Nord-ouest, n° 1, 1978, p. 114-116 ; Beaurepaire F. (de), « Les noms d’Anglo-Saxons contenus dans la toponymie normande », Annales de Normandie, t. x, 1960, p. 312 ; id., Les noms des communes..., op. cit., p. 86.
48 Fleuriot L., Les origines de la Bretagne, op. cit., p. 102-103, p. 150-157 et carte 7 ; Fournée J., Le culte populaire des saints en Normandie, Paris, 1973 ; Picard J.-M., « Les saints irlandais en Normandie », Bouet P. et Neveux F. (dir.), Les saints dans la Normandie médiévale (Colloque de Cerisy-la-Salle, 26-29 septembre 1996), Caen, PUC, 2000, p. 50. Mais les dédicaces à ce saint peuvent être tardives : à Saint-Vigor-des-Monts (Manche, cant. Tessy-sur-Vire) une chapelle lui est dédiée par les Doatins (ou Dastins ?) dans le fief d’Espagne tenu de Guillaume de Braeio (Brouay, Calvados, cant. Tilly-sur-Seulles ; Longnon A., Fouillés..., op. cit., p. 344F) ; famille dans laquelle on trouve Rualon de Braeio en 1192 (Cartulaire de la Manche. Abbaye de la Lucerne, Dubosc F.-N. (éd.), Saint-Lô, Jacqueline, 1878, n° xxviii, p. 24-25).
49 Picard J.-M., « Les saints irlandais en Normandie », op. cit., p. 64-67 : l’auteur pense que les dédicaces à saint Patrice correspondent à des implantations bretonnes et suggère des liens avec la famille de Courcy (Manche, cant. Coutances) ; Musset L., « Participation des Vikings venus des pays celtes. », op. cit., p. 113.
50 Le seul exemple est celui de James qui apparaît dans la famille de Saint-James/Saint-Hilaire (Saint-James-de-Beuvron, Manche, ch.-l. cant. ; Keats-Rohan K.S.B., « "Bilichildis". Problèmes et possibilités d’une étude de l’onomastique et de la parenté de la France du nord-ouest », Keats-Rohan K.S.B. et Settipani C. (dir.), Onomastique et parenté dans l’Occident médiéval I, Oxford, Prosopographica et Genealogica, 3, Linacre College, 2000, Unit for prosopographical research, p. 66). Les noms de saints bretons ne sont pas passés dans l’anthroponymie, sauf le nom biblique de Samson déjà évoqué, auxquels quatre églises sont dédiées et qui aurait pu en inspirer les paroissiens.
51 L’église du Teilleul (Manche, ch.-l. cant.) est dédiée à saint Patrice qui paraît avoir été aussi célébré à Avranches le 16 mai, in Abrincatino Fatricii Abbatis (Martyrologium Hieronymianum, AASS, 2 novembre, t. ii-i p. xiv-xv) ; Guillaume Fatricius : BnF, ms. lat. 5441, Marmoutier, t. ii, n° 91, p. 405, Sainte-Marie-du-Rocher, 1082 ; Gallia Christiana, t. xi, Instrumenta ecclesiae Abrincensis, n° x, col. 111-112, 1118 ; Arch. dép. Calvados, F. 5276, Savigny, 1154/1172.
52 Jarry T., « Les débuts du christianisme dans le Cotentin », Revue de la Manche, t. 41, fasc. 161, janvier 1999, p. 8-31.
53 Venance Fortunat, Vita sancti Faterni, [BHL, n° 6477], AAASS, 16 avril, II, p. 423-426, chap. 46.
54 L’inverse est vrai aussi, Devailly G., « Les dépendances bretonnes des abbayes normandes (xe-xiiie siècles) », Musset L. (dir.), Aspects du monachisme en Normandie (ive-xviiie siècles) (Actes du colloque scientifique de l’année des abbayes normandes, Caen, octobre 1979), Paris, Vrin, 1982, p. 115-124.
55 Vita Ia sancti Melanii, [BHL n° 5887-5888], Krusch B. (éd.), MGH, SRM, iii, p. 372-376 ; pour la datation de ce texte, Chédeville A. et Guillotel H., La Bretagne des saints et des rois, op. cit., p. 157-158, viie-ixe siècles ; Poulin J.-C., « Les dossiers des saints Melaine, Conwoion et Mervé [SHG III] », Heinzelmann M. (dir.), Manuscrits hagiographiques et travail des hagiographes, Beihefte der Francia, t. 24, Sigmaringen, 1992, p. 127-149. Cette référence à saint Lô fut sans doute inspirée à l’hagiographe de saint Melaine, par la Vita sancti Faterni de Venance Fortunat.
56 Grégoire de Tours, Historia Francorum, Krusch B. et Levison W. (éd.), MGH, SRM, Hanovre, 1951, livre V, chap. viii-31, p. 346-347.
57 Venance Fortunat, Ad Felicem de dedicatione ecclesiae suae, liber III, Carmen VI, MGH, Auctorum Antiquissimorum, iv, p. 55.
58 Vita de sancto Hermelando abbate Antrensi in Gallia, AASS, 25 mars, iii, chap. 24, p. 579BC ; trois églises du diocèse de Coutances sont dédiées à saint Ermeland ou Erbland : Orglandes, Manche, cant. Saint-Sauveur-le-Vicomte ; Boutteville, Manche, cant. Sainte-Mère-Église ; Saint-Erbland, Manche, cant. Périers, comm. le Plessis-Lastel.
59 Carte 2 : Les possessions des établissements ecclésiastiques bretons.
60 Canisy, Manche, ch.-l. cant. ; La chronique de Nantes, Merlet R. (éd.), Paris, 1896, chap. xxii, p. 68-70, qui reprend les termes d’une charte du duc Alain.
61 Saint-Cyr-du-Bailleul, Manche, cant. Barenton ; RADN, n° 209, p. 398-399, 1055/1066 ; puis en 1191, une permutation entre Saint-Magloire et Marmoutier est contestée par Eudes et Guillaume de Bailleul, (Pigeon E.-A., Le diocèse d’Avranches, Coutances, Mémoires de la Société Académique du Cotentin, t. 5, 1887-1888, vol. ii, p. 672-673).
62 La Bazoge, Manche, cant. Juvigny-le-Tertre ; Cartulaire de l’Abbaye de Redon, Courson A. (de) (éd.), Paris, 1863, Collection de documents inédits sur l’Histoire de France, n° cccxxvi, p. 277, 1062/1075.
63 Moidrey, Manche, cant. Pontorson ; Arch. dép. Calvados, F. 5803, Savigny, 1131/1133, confirmation par Henri Ier de la concession de Virey (Manche, cant. Saint-Hilaire-du-Harcouët).
64 Guillotel H., Les actes des ducs de Bretagne (944-1148), Thèse pour le doctorat en droit, Paris II, 1973 (dactyl.), n° 32, p. 123-124, 31 février 1024/1034 : Hadevise, avec le consentement de son fils le comte Alain, fait à leur fondation de Saint-Georges de Rennes, dont l’abbesse est sa fille Adèle, l’aumône d’une part de son douaire, un moulin à Pontorson, une terre près du domaine de Vilers et un emplacement propre à construire un moulin au lieu-dit Champcors.
65 La difficulté du dénombrement réside surtout dans le risque de compter plusieurs fois un même individu. J’ai donc surtout raisonné par famille.
66 André Chédeville (« Anthroponymie bretonne », op. cit., p. 13) admet toutefois qu’un nom devient dominant lorsqu’il concerne plus de 2 % des individus.
67 Power D., The norman frontier in the twelfth and early thirteenth centuries, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, tableau généalogique n° 15, p. 499.
68 Keats-Rohan K.S.B., « "Bilichildis". Problèmes et possibilités d’une étude de l’onomastique et de la parenté de la France du nord-ouest », op. cit., p. 66.
69 Louise G., La seigneurie de Bellême xe-xiie siècles, dévolution des pouvoirs territoriaux et construction d’une seigneurie de frontière aux confins de la Normandie et du Maine à la charnière de l’an mil, Flers, Le Pays bas-normand, t. i, 1990 (n° 3-4).
70 Cette région est caractérisée par des enclaves du diocèse de Bayeux autour de Sainte-Mère-Église et de Valognes (Longnon A., Pouillés..., op. cit., p. lxvi) ; il faudrait peut-être s’interroger sur une possible influence venue du Bessin, ainsi les reliques de saint Exupère ou Spire, premier évêque de Bayeux, se retrouvèrent à Gahard (Ille-et-Vilaine ; Guillotel H., « L’exode du clergé breton devant les invasions scandinaves », MSHAB, t. lix, 1982, p. 281-283) ; noter aussi la fréquence des Bretteville dans le sud du Bessin (H. Chanteux, « Le toponyme Bretteville en Normandie et son origine », op. cit., p. 248-254) qui pourraient avoir été le prolongement d’une colonie bretonne attestée dans l’Hiémois par la Vita sancti Germani de Venance Fortunat (Krusch B. (éd.), MGH, SRM, 7, chap. 56, p. 372-418).
71 Musset L., « Participation des Vikings venus des pays celtes... », op. cit., p. 107-117 ; Fellows-Jensen G., « Les noms de lieux d’origine scandinave et la colonisation viking en Normandie », Proxima Thulé. Revue d’études nordiques, n° 1, automne 1994, p. 94-101.
72 Miracula sancti Wandregisili [BHL, n° 8808], AASS, 22 juillet, t. v, chap. 7, p. 282F-283A.
73 Cartulaire de Saint-Maur-de-Glaufeuil, Marchegay P. (éd.), Angers, 1883 ; Chédeville A. et Guillotel H., La Bretagne des saints et des rois, op. cit., p. 289-290 ; Tonnerre N.-Y., Naissance de la Bretagne, Angers, Presses de l’Université d’Angers, 1994, p. 242, n. 3.
74 Descriptiones Terrae Sanctae, Tobler T. (éd.), Leipzig, 1874, p. 98.
75 Historia translationis sancti Launomari abbatis Curbionensis in opidum Blesas, Pigeon E.-A. (éd.), Textes français et latins des vies des saints du diocèse de Coutances et d’Avranches, Avranches, 1898, t. ii, p. 274.
76 Carte 2 : Répartition des noms de lieu en —tot ; supra, p. 123 ; Fellows-jensen G., « Les noms de lieux d’origine scandinave. », op. cit., p. 82-86.
77 Teurtheville-Hague, Manche, cant. Octeville ; Anneville, Manche, cant. Lessay ; Ancteville, Manche, cant. Saint-Malo-de-la-Lande ; Bricqueville-la-Blouette, Manche, cant. Coutances.
78 Chédeville A. et Guillotel H., La Bretagne des saints et des rois, op. cit., p. 135, p. 220-221 et p. 289-290 ; Tonnerre N.-Y., Naissance de la Bretagne, op. cit., p. 79.
79 Fournée J., Le culte populaire., op. cit., p. 29-32 ; d’après ces dénombrements, ce ne sont pas les diocèses de Coutances et d’Avranches qui concentrent le plus de dédicaces à ces saints (Malo/Maclou 4/23 ; Samson 6/22 ; Melaine 0/9 ; Méen 4/6 mais aucune dédicace paroissiale).
80 Devailly G., « Les patronats d’église en Normandie au xiiie-xive siècles », Cahiers des Annales de Normandie, n° 23, 1990, p. 351-359 ; Arnoux M., Mémoire, travail et structures communautaires. Études sur la société des campagnes normandes (xe-xvie siècles), Mémoire d’habilitation, Paris, 1997 (dactyl.) ; Fontanel J., Le cartulaire du chapitre cathédral de Coutances, Saint-Lô, Archives départementales de la Manche, 2003, coll. Sources inédites sur l’histoire du département de la Manche, n° 1, (désormais noté CCC), p. 50 ; Van Torhoudt E., « Droit de patronage et réforme ecclésiastique à l’ouest de la Vire au xie siècle », La paroisse en Normandie au Moyen Âge (Colloque de Saint-Lô, 28-30 novembre 2002), à paraître.
81 Nomenclature des hameaux, écarts et lieux-dits du département de la Manche, Rouen, INSEE ; Girard F., Société d’Archéologie et d’Histoire de la Manche (Publication multigraphiée, fasc. 14), 1972, p. 281-282.
82 Carte 3 : La microtoponymie des lieux habités : en Brito-, infra, p. 129.
83 Première apparition dans les sources : Musée des Beaux-Arts de Caen, Collection Mancel, ms. 296, Notre-Dame d’Hambye, p. 196, le tènement Briton à Servon (Manche, cant. Pontorson), 1189/1206 ; SSV, n° 215, 196v°, gardinum britonis, 1252. Ils furent utilisés dans la formation des toponymes jusqu’à la fin de l’Ancien Régime mais surtout jusqu’à la fin du xiiie siècle (Beaurepaire F. (de), Les noms de communes..., op. cit., p. 40-41).
84 Dubois H., « La hiérarchie des paroisses dans le diocèse de Coutances au Moyen Âge », Villages et villageois au Moyen Âge, Congrès de la SHMESP (Caen, 1990), Paris, 1992, Série Histoire Ancienne et Médiévale, 26, p. 117-135.
85 Des travaux récents soulignent la continuité du peuplement en Normandie, y compris dans ses formes dispersées (Arnoux M. et Maneuvrier C., « Le pays normand. Paysages et peuplement (ixe-xiiie siècles) », Tabularia « Études », n° 3, 2003, p. 1-27.
86 Vezins, Manche, cant. Isigny-le-Buat ; Gallia Christiana, t. xi, Instrumenta ecclesiae Abrincensis, n° iv, col. 107C-108C ; Bouvris J.-M., « Pour une prosopographie des familles nobles d’importance moyenne en Normandie au xie siècle : l’exemple du lignage des Dastin », Revue de l’Avranchin et du Fays de Granville, t. lxi, n° 319, juin 1984, p. 65-101.
87 Musset L., « A-t-il existé en Normandie une aristocratie d’argent ? », Annales de Normandie, t. ix, n° 4, octobre 1959, p. 192-294.
88 Marchésieux, Manche, cant. Périers ; Morsalines, Manche, cant. Quettehou ; Acta of William I, n° 143, p. 474-475, Fécamp, 1072/1085, ces biens avaient été donnés par Muriel d’Amblie à l’abbaye de Fécamp qui les échangea afin de désengager la terre d’Amblie revendiquée par Waleran.
89 Keats-Rohan K.S.B., « Francs, Scandinaves ou normands ? aperçus sur les premiers moines des monastères normands », Bauduin P. (dir.), Les fondations scandinaves en occident et les débuts du duché de Normandie, Caen, Publications du CRAHM, 005, p. 195- 06.
90 Keats-Rohan K.S.B., « L’histoire secrète d’un sanctuaire célèbre : la réforme du Mont-Saint-Michel d’après l’analyse de son cartulaire et de ses nécrologes », Bouet P., Otranto G. et Vauchez a. (dir.), culte et pèlerinages à saint Michel en Occident. Les trois monts dédiés à l’archange, rome, École française de rome, 2003, Collection de l’École française de Rome – 316, p. 139-159.
91 Gremont d. et Donnat L., « Fleury, le Mont-Saint-Michel et l’angleterre à la fin du xe et au début du xie siècle. À propos du manuscrit d’Orléans n° 127 », Laporte J. (dir.), Millénaire monastique du Mont-Saint-Michel, t. i, Histoire et vie montoise, Paris, Lethielleux, 1967, Bibliothèque d’histoire et d’archéologie chrétienne, p. 783.
92 La Bayette, Mayenne, cant. Landivy, comm. La Dorée ; cartulaire de l’Abbayette (997-1427), Bertrand de Broussillon B. (éd.), Paris, 189, n° 1-2, p. 9-13.
93 RADN, n° 16-17, p. 96-99, 1015 et n° 9, p. 158-162, 1022/1026.
94 Marchegay P., « Chartes normandes de l’abbaye de Saint-Florent-près-Saumur », MSAN, t. xxx, août 1880, n° 11, p. 675, 6 décembre 1083.
95 Potts C., « normandy or Brittany ? À conflict of interests at Mont-Saint-Michel, (966-1039) », Anglo-Norman Studies, t. xii, 1989, p. 135-156.
96 Musset L., « L’aristocratie normande au xie siècle », Contamine P. (dir.), La noblesse au Moyen Âge. Essais à la mémoire de R. Boutruche, Paris, PUF, 1976, p. 72.
97 Bourin M., « Le choix anthroponymique : entre hasard individuel et nécessités familiales », Bourin M. et Chareille P. (dir.) Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, t. iii, Enquêtes généalogiques et données prosopographique, Tours, Publication de l’Université de Tours, 1995, p. 239.
98 Bourin M. et Chareille P., « Un autre mode de désignation pour les clercs », Bourin M. et Chareille P. (dir.), Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, t. ii, vol. 1, L’anthroponymie des clercs, Tours, 1992, p. 43-48.
99 Supra, note 86.
100 Saint-Martin-d’Aubigny, Manche, cant. Périers ; Cartulaire de Cormery, Bourassé J.-J. (éd.), Tours, Mémoires de la Société d’Archéologie de Touraine, t. xii, 1861, n° xli, p. 83 et n° xlvi, p. 93-94.
101 Hormis les mariages de la famille ducale, je n’ai trouvé aucune preuve d’intermariages à une échelle suffisante pour expliquer la diffusion de l’anthroponymie bretonne. Je ne connais aucun seigneur du diocèse de Coutances possessionné en Bretagne à la suite d’un mariage. On peut aussi penser à une adaptation technique pour compenser les tendances à l’homonymie. Avant qu’un système de dénomination à deux éléments ne se généralise, l’adoption de cette anthroponymie put élargir le stock en usage et ralentir le mouvement rapide de concentration sur les quelques noms ducaux (Guillaume, Richard, Robert) auxquels s’ajoute Roger (Barthélémy D., La société dans le comté de Vendôme..., op. cit., p. 622-651).
102 RADN, n° 224, p. 430-431 et Fontanel J., Le cartulaire du chapitre cathédrale de Coutances, op. cit., n° 339, p. 487, 1063/1066.
103 Polyptychum diocesis Constantiensis, Delisle L. (éd.), RHGF, t. xxiii, p. 519.
104 Bourin M., « De rares discours réflexifs sur le nom mais des signes évidents de choix de dénomination réfléchis », Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, t. iv, Discours sur le nom : normes, usages, imaginaire (vie-xvie siècles), Tours, 1997, p. 243 ; Barthélémy D., La société dans le comté de Vendôme..., op. cit., p. 651 ; ID., « Vendômois : le système anthroponymique (xie-milieu xiiie siècle) », Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, t. i, Tours, 1990, p. 39-41.
105 Neveux F., « Le système anthroponymique en Normandie (d’après le cartulaire du chapitre de Bayeux xie-xiiie siècles) », Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, t. i, Tours, 1990, p. 127-130.
106 BnF, ms. lat. 5430A, Mont-Saint-Michel, p. 17, 1216, Guillaume Brito miles.
107 Power D., The norman frontier..., op. cit., tableau généalogique n° 28, p. 518-519.
108 MSM, n° 16, p. 93-97, 1121/1125 ; Arch. dép. Calvados, F. 5276, Mont-Saint-Michel, 1110 ; Pigeon E.-A., Le diocèse d’Avranches, op. cit., p. 318 et p. 338-342.
109 Cartulaire de la Manche. La Lucerne, op. cit., n° i, p. 1.
110 MSM, n° 78, p. 154-155, 1131/1149.
111 Chauceboeuf, Manche, cant. Sartilly, comm. Saint-Jean-le-Thomas ; MSM, n° 45-58-76-81-8486-92, 1128/1149 ; BnF, ms. lat. 5430A, Mont-Saint-Michel, p. 261, 1125/1155.
112 Bibl. mun. Avranches, ms 210, f° 132v°, 1172, il tient la masure Calcebos, située dans la villa de Saint-Jean-sur-Mer, en libre vavassorie ; dans la même enquête on trouve Hoël et Rualon de Marcey (Manche, cant. Avranches), deux vavasseurs d’Avranches ; Delisle L. et Berger E., Recueil des actes d’Henri II, op. cit., t. i, p. 345-347, 1171 ; Bibl. mun. Avranches, ms 210, f° 132v°, Goëll d’Amondeville (Emondeville, Manche, cant. Montebourg ?) pour une vavassorie.
113 La Colombe, Manche, cant. Percy ; Van Torhoudt e., « Les sièges du pouvoir des Néel, vicomtes dans le Cotentin », Flambard Hericher A.-M. (éd.), Les lieux de pouvoir au Moyen Âge en Normandie et sur ses marges, Caen, Publications du CRAHM, 2006, p. 15-24.
114 SSV, n° 254, f° 191v° ; BnF, ms. lat. 5430 A, Mont-Saint-Michel, p. 262.
115 Delisle L., Saint-Sauveur, op. cit. PJ, n° 50.
116 À Rauville (Manche, cant. Saint-Sauveur le Vicomte) une vavassorie tenue par un Salomon (Delisle L., Saint-Sauveur, op. cit. PJ, n° 53, p. 73-77) ; Ruallon de Groceio à Houesville (Manche, cant. Sainte-Mère-Église) tenant de la famille de Maireio (Rue Mary, Manche, cant. Carentan, comm. Saint-Côme-du-Mont ; Delisle L., Saint-Sauveur, op. cit. PJ, n° 45, 1087/1092) dont l’un des membres se nommait Samson (SSV, n° 16, f °27v°, 1164/1188) ; Alain de Montaigu (-la-Brisette, Manche, cant. Valognes ; SSV, n° 219, f°172 et n° 223, f 175v°, 1130/1150) ; Guillaume de Montaigu apparaît dans un groupe de milites, Delisle L., Saint-Sauveur, op. cit., p. 33, n. 6. Mais les Nigellides eux-mêmes, pourtant liés au Mont-Saint-Michel, n’utilisent pas les éléments du corpus anthroponymique « propre à la Bretagne ».
117 Juhel frère de Philippe de Beaumont (SSV, n° 90, f° 87, 1150/1180 ; SSV, n° 95, f° 89v°, 1136/1142, Fontenay-sur-le-Vey, Calvados, cant. Isigny).
118 Rualoc de Herpinmesnil (Manche, cant. Lessay, comm. Laulne) possession de Robert fils Hamon vendue à l’abbaye Saint-Étienne de Caen (Bouvris J.-M., « Aux origines du prieuré de Baupte : quatre actes inédits du xie siècle, dont deux actes du duc Robert Courteheuse, extraits du cartulaire perdu de l’abbaye de Saint-Étienne de Caen », 42 Semaine d’Histoire du Droit normand (Mortain, 21-24 mai 1981), n° i et ii, 1070/1079 et 1079/1082).
119 Samson Foliot miles, coll. Mancel, ms. 296, Sainte-Marie-du-Voeu de Cherbourg, p. 108, n° 57, 1185/1212 ; Rualon de Heltvilla (Héauville, Manche, cant. les Pieux ; Acta of William I, n° 201, p. 636-637, 27 décembre 1080).
120 Il n’est pas possible de savoir si cette anthroponymie se diffusa dans les catégories inférieures de la société car les hôtes, rustici, vilains, bordiers et autres bourgeois sont soit mentionnés collectivement soit anonymes. Cependant les rares exemples portent plutôt des noms scandinaves (RADN, n° 128, vers 1050, p. 299-301, hospitem Ros/Rolun nomine).
121 Arch. dép. Calvados, F. 5276, Savigny, 1134 ; Delisle L. et Berger E., Recueil des actes d’Henri II, op. cit., n° dxci, Savigny, 1156/1179 ; BnF, ms. lat. 5441, t. ii, n° 91, p. 411, Sainte-Marie-du-Rocher de Mortain, 1162/1171.
122 Cartulaire de Saint-Fère de Chartres, Guérard B. (éd.), Paris, De Crapelet, 1840, n° cxxii, p. 611-612, 1132/1139.
123 Montaigu-la-Brisette, Manche, cant. Valognes (SSV, n° 219, f° 172, 1173) ; Virey, Manche, cant. Saint-Hilaire-du-Harcouët (Recueil des actes d’Henri II, n° lxxx, Savigny, 1156/1158) ; Richard Rasor est signalé au Mesnil-Rainfray, (Manche, cant. Juvigny-le-Tertre ) Pigeon E.-A., Le diocèse d’Avranches, op. cit., p. 328-331).
124 Pastoureau M., Une histoire symbolique du Moyen Âge occidentale, Paris, Seuil, 2004, p. 293-305 ; Chédeville A., « L’anthroponymie bretonne », op. cit., p. 20, doute du lien entre la renommée de la chanson de geste et la diffusion d’Olivier car Roland reste rare. Olivier ne devint dominant en Bretagne qu’à partir de 1190 et durant tout le xiiie siècle. Mais seule la famille de Dinan en Haute-Bretagne compta dès la fin du xie siècle des Roland et des Olivier.
125 Les Biards, Manche, cant. Isigny-le-Buat ; coll. Mancel, ms. 298, f° 23r°-v° ; coll. Mancel, ms. 296, p. 196-197, Notre-Dame d’Hambye, 1189/1210.
126 Sur la relation symbolique de l’anthroponyme avec l’individu qui le porte : Barthélemy D., La société dans le comté de Vendômes..., op. cit., p. 633 ; Tilliette J.-Y., « Sémantique du nom de personne dans le haut Moyen Âge », Beck P. (dir.), Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, t. iv, Discours sur le nom : normes, usages, imaginaires (vie-xvie siècles), Tours, 1997, p. 3-22 ; Béck P, « Discours littéraires sur la dénomination », ibidem, p. 121-161.
127 À une époque et dans un contexte différents, Morsel J., « Changements anthroponymiques et sociogenèse de la noblesse en Franconie à la fin du Moyen Âge », Bourin M. et Chareille P. (dir.), Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, t. iii, Enquêtes généalogiques et données prosopographiques, Tours, 1995, p. 97-102. Ce n’est plus une aristocratie se reconnaissant par son association au pouvoir ni par son origine normande et sa parenté avec les ducs mais une noblesse caractérisée par ses valeurs.
128 Savigny-le-Vieux, Manche, cant. le Teilleul ; Mainguisus de Savigny et son neveu Juhel (Van Moolenbroek J., Vital l’ermite, prédicateur itinérant, fondateur de l’abbaye normande de Savigny, Maastricht, 1990, Nambot A.-M. (trad.), Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, t. lxviii, n° 346, mars 1991, n° III, p. 257, 2 mars 1113) ; Alain fils de Juhel de Savigny (Arch. dép. Calvados, F. 5276, Savigny, 1163).
129 Juhel de Ardena (Arch. dép. Calvados, F. 5276, Savigny, 1134) ; Olivier de Ardena (Delisle L. et BERGER E., Recueil des actes d’Henri II, op. cit., n° dxci, 1156/1179) ; Roger de Ardena miles (BnF, ms. lat. 5430A, p. 237, Mont-Saint-Michel, 1211).
130 Rualon Bastard (Arch. dép. Calvados, F. 5276, Savigny, 1157 et 1163).
131 La Boulouze, Manche, cant. Ducey ; les Loges-Marchis, Manche, cant. Saint-Hilaire-du-Harcouët ; Brientius fils de Garnier de la Boulouze et Juhel fils d’Harduin (Arch. dép. Calvados, F. 5276, Savigny, 1134).
132 Saint-Aubin et Saint-Laurent-de-Terregate, Manche, cant. Saint-James-de-Beuvron ; Alain et Juhel du Neumours (Arch. dép. Calvados, F. 5276, Savigny, 1168/1177).
133 Milly, Manche, cant. Saint-Hilaire-du-Harcouët ; Rualon de Milly (Delisle L. et Berger E., Recueil des actes d’Henri II, op. cit., n° dxci, 1156/1179) ; Robert de Milly miles (Pigeon E.-A., Le diocèse d’Avranches, op. cit., n° v, p. 676-670, 1210).
134 La Bazoge, Manche, cant. Juvigny-le-Tertre ; Rualon de Milly, seigneur de Roger fils d’Harduin, confirme l’aumône de la Bazoge à l’abbaye de Redon (Cartulaire de l’abbaye de Redon, Courson A. (de) (éd.), op. cit., n° cccxxvi, p. 277-278, 1062/1067).
135 Pouëssel J., « Les structures militaires du comté de Mortain (xie-xiie siècles) », Revue de l’Avranchin et du Fays de Granville, t. lviii, n° 307-306, mars-juin 1981.
136 Acta of William I, n° 252, p. 763-764, Fleury-sur-Loire, 9 janvier 1084.
137 Virey, Manche, cant. Saint-Hilaire-du-Harcouët ; Acta of William I, n° 215, p. 682-683, Saint-Evroult de Mortain, 1082.
138 Supra, note 28.
139 Supra, note 51.
140 Beuzeville-la-Bastille, Manche, cant. Sainte-Mère-Église ; BnF, ms. lat. 5441, Marmoutier, t. ii, n° 66, p. 35, Saint-Georges de Bohon, 1170/1178.
141 Supra, note 119.
142 Acta of William I, n° 215, p. 683, Saint-Evroult de Mortain, 1105/1106, l’influence de Guillaume de Conteville, comte de Mortain, s’étendait jusqu’à Beuzeville ; Acta of William I, n° 204, p. 641, 24 juin 1082, Robert de Mortain donna la terre de Guillaume de Hestra à Héauville.
143 Gazeau V., « Les saints dans la vallée de la Risle aux xie-xiie siècles », Bouet P. et Neveux F., Les saints dans la Normandie médiévale, Caen, PUC, 2000, p. 135-149, voir en particulier p. 136-138.
144 Keats-Rohan K.S.B., Domesday People..., op. cit., p. 55-56.
145 Sacey, Manche, cant. Pontorson ; ce prieuré de Marmoutier avait été fondé sur la terre de Robert de Bodiaco oncle d’Harscouët de Saint-James et Saint-Hilaire (BnF, ms. lat. 5441, t. ii, Marmoutier, n° 76, Sacey, p. 159-160 ; Pigeon E.-A., Le diocèse d’Avranches, op. cit., n° iv, p. 674-675).
146 Acta of William I, n° 199, p. 632-633, 1068/1078 ou 1080.
147 Un quatrième Daniel dit Brito dans SSV, n° 231, f° 178v°, 1154/1178.
148 BnF, ms. lat. 5441, Marmoutier, t. ii, n° 66, Saint-Georges-de-Bohon, p. 34 : 1165/1178, Daniel de Calceio Fontis (n. i.) et son fils Olivier, Daniel prêtre de Malavilla (Malleville-sur-le-Bec, Eure, cant. Brionne) sur la Risle, Daniel de Saint-Côme (-du-Mont, Manche, cant. Carentan).
149 Keats-Rohan K.S.B., « Les Bretons en Angleterre au xiie siècle », dans ce volume.
150 Bourin M., « Les choix anthroponymiques », op. cit., p. 219-241.
151 Gallia Christiana, t. xi, Instrumenta ecclesiae Constantiensis, n° ii, col. 228B.
152 Cartulaire de Cormery, Bourassé J.-J. (éd.), op. cit. n° xli, p. 83 et n° xlvi, p. 93-94.
153 Bouvris J.-M., « L’origine des prieurés de Marchésieux et de Boisroger dépendances en Cotentin de l’abbaye de Cormery », Nédélèqueries. Recueil d’articles offert à Yves Nédélec, Saint-Lô, 1994, p. 105-106. Non loin d’Aubigny on trouve la Samsonnerie à Raids (Manche, cant. Carentan) dans une ancienne paroisse limitrophe aujourd’hui démembrée (Saint-Sébastien-de-Raids, Manche, cant. Périers). À Saint-Martin d’Aubigny on trouve encore au xive siècle un Richard Samson (CCC, n° 10-11, p. 104-105, 1334/1345).
154 Supra, note 118.
155 Johnson C., Cronne H.-A., Regesta Regum anglo-normannorum 1066-1154, t. ii, Regesta Henrici Frimi 1100-1135, Oxford, 1956, n° clxxvii, p. 353, 1126.
156 Ansneville-Hémevez, Manche, cant. Montebourg ; SMMontebourg, n° 39, f° 20.
157 Montfarville, Manche, cant. Quettehou ; SMMontebourg, n° 10, f 7, confirmation par Henri Ier ; l’un de ses successeurs à la fin du xiie siècle porte encore ce nom (coll. Mancel, ms. 296, n° 57, p. 108) ; la famille apparaît d’abord dans la familia du vicomte Néel (Delisle L., Saint-Sauveur, op. cit. PJ, n° 20 et 31, vers 1050 et n° 45, 1092/1101) ; les Foliot furent aussi possessionnés sur le littoral occidental à Omondville-la-Foliot (Manche, cant. la Haye-du-Puits, comm. Denneville ; Gallia Christiana, t. xi, Intrumenta ecclesiae Constantiensis, n° x, col. 237C, don de Roger Foliot).
158 Supra, notes 25 et 26.
159 Supra, note 88. Robert et Geoffroi d’Adeville (cant. Carentan, comm. Saint-Côme-du-Mont) tiennent l’église de Marchésieux de Roger d’Aubigny (SS Montebourg, n° 138, f 63 ; Bouvris J.-M., « L’origine des prieurés de Marchesieux et de Bois Roger... », op. cit., p. 99- 102, n.6 et 7) ; Onfroi d’Adeville tient Morsalines (SMMontebourg, n° 12, f° 8, bref d’Henri Ier) ; or Onfroi et Geoffroi d’Adeville tenaient leur fief de Guillaume d’Aubigny (Musset L., Les actes de Guillaume le Conquérant et de la reine Mathilde pour les abbayes caennaises, MSAN, t. xxxvii, 1967, n° 27, p. 139).
160 Hubertville, Manche, cant. Montebourg ; CCC, n° 76, p. 193-194, don de Guillaume d’Aubigny 1173/1177.
161 Saint-Patrice-de-Claids, Manche, cant. Lessay. Johnson C., Cronne H. A., Regesta Henrici Frimi, op. cit., n° clxxvii, p. 353 : confirmation des biens de Lessay par Henri Ier en 1126, puis, en 1139, par Guillaume comte de Sussex descendant de Roger d’Aubigny.
162 Geffosse et Gouville, Manche, cant. Saint-Malo-de-la-Lande ; biens de Roger d’Aubigny donnés en 1084 à l’abbaye de la Sainte-Trinité de Lessay, Gallia Christiana, t. xi, Instrumenta ecclesiae Constantiensis, n° ii, col. 228B.
163 Musset L., « Participation des Vikings venus des pays celtes... », op. cit., p. 107-117 ; ID., « Aperçus sur la colonisation scandinave dans le nord Cotentin », op. cit., p. 35-36 ; ID., « Essai sur le peuplement de la Normandie (vie-xiie siècle) », op. cit., p. 98-99 ; Fellows-Jensen G., « Les noms de lieux d’origine scandinave et la colonisation viking en Normandie », op. cit., p. 99-100, ajoute que certains de ces noms sont aussi écossais et qu’ils pourraient provenir des îles Hébrides.
164 Picard J.-M., « L’Irlande et la Normandie avant les Normands (viie-xe siècles) », Annales de Normandie, t. 47, n° 1, 1997, p. 3-24, souligne les liens entre l’Irlande et la Bretagne et considère que « les contacts avec l’Irlande, qui sont bien attestés à l’époque ducale, peuvent dater de la période scandinave mais peuvent aussi être la continuation de relations antérieures » ; ID., « Les saints irlandais en Normandie », op. cit., p. 49-69.
165 Différents aspects onomastiques, toponymiques et numismatiques de cette hypothèse sont discutés par Gillian Fellows-Jensen, « Les noms de lieux d’origine scandinave », op. cit., p. 68-69. Elle avait déjà été formulée par Henri Prentout dans Étude critique sur Dudon de Saint-Quentin et son histoire des premiers ducs normands, Paris, 1916, p. 286 et par Henri Chanteux dans « Le toponyme Bretteville en Normandie et son origine », op. cit, p. 248-254.
166 Orderic Vital, The ecclesiastical history of Orderic Vital, Chibnall M. (éd.), Oxford, Clarendon Press, 1969-1980, Oxford Medieval Texts, t. iv, viii-23, p. 283-284 ; Montbray, Manche, cant. Percy ; cette famille était proche des évêques de Bayeux (Antiquus cartularius ecclesie Bajocensis (Livre noir du chapitre de Bayeux), Bourrienne V. (éd.), Rouen, Société d’Histoire de la Normandie, 1902-1903, t. i, n° xxi, p. 28, 1035/1037, les évêques possédaient le bois de Montbray, Molbrai) ; elle possédait des biens dans le Bessin et les confins du Lieuvin (Musset L., Les actes de Guillaume le Conquérant..., op. cit., n° 2, p. 56 et n° 7, p. 75, 1080/1082).
167 Orderic Vital, The ecclesiastical history of Orderic Vital, op. cit., VIII-23, p. 283-284 : (...) Verum defuncto Gisleberto de Aquila fratre ejus uafer occasionem divortii exquisivit, eamque quia consanguinei sui conjux repudiavit[...].
168 Ibidem, p. 279 : [...] quas moriens [l’évêque Geoffroi de Coutances] Roberto [fils de Roger de Montbray] nepoti suo comiti Nordanhimbrorum dimisit (Greenway D.E., Charters of the honour of Mowbray (1107-1191), Oxford, 1972, p. xvii-xx).
169 Le Patourel J.H., « Geoffroy of Montbray, bishop of Coutances, 1049-1093 », The English Historical Review, t. lix, n° CCXXXIV, mai 1944, p. 129-161 ; Musset L., « Un grand prélat normand du xie siècle : Geoffroi de Montbray évêque de Coutances (1049-1093) », Revue du département de la Manche, t. 25, fasc. 99, juillet 1983, p. 5-17 ; Chibnall M., « La carrière de Geoffroi de Montbray », Bouet P. et Neveux F., Les évêques normands du xie siècle, Caen, PUC, 1995, p. 279-294.
170 CCC, n° 340, p. 493 ; RADN, n° 214, p. 408.
171 Soulles, Manche, cant. Canisy ; Sole, Wace, Le Roman de Rou, op. cit., t. ii, partie iii, v. 8511, p. 202 : [...] cels de Sole et cels dOireval.
172 CCC, n° 340, p. 491 : [...] alia quoque villa que vocatur Sola cum ecclesia et molendino silvaque non modica et cum omnibus ad illam pertinentibus [...] ; ibidem, n° 295, p. 435, septembre 1215, Philippe Auguste donne à l’évêque Hugues de Morville, le patronage de l’église de Soulles.
173 Arch. dép. Manche, Inventaires sommaires, Saint-Nicolas de Blanchelande, H. 285 (détruit).
174 Haskins C. H., Norman Institutions, Cambridge, Haward University Press, 1918, Appendix H, n° 9, p.326- 327 ; Delisle L. et Berger E., Recueil des actes d’Henri II, op. cit., t. i, n° cv, p. 211.
175 De statu hujus eccleisae, La Gallia Christiana,, t. xi, Instrumenta ecclesiae Constantiensis, col. 222E : [.] Nigellum vicecomitem consanguineum suum defunctum sepeliret [.].
176 Dans ce secteur des confins de l’Avranchin et du diocèse de Coutances, les Nigellides côtoyaient un autre lignage usant d’un anthroponyme irlandais, les Murdac de la Meurdraquière (Van Torhoudt E., « Les sièges du pouvoir des Néel,. », op. cit., p. 7-35 ; la Meurdraquière, Manche, cant. Bréhal). Judith était la sœur du comte de Rennes Geoffroi. Il faut noter toutefois que cette zone est pauvre en onomastique bretonne.
177 RADN, n° 11, vers 1003, p. 84-85.
178 RADN, n° 23, p. 109, 1017/1020.
179 Morin S., « La place de Guingamp dans la Bretagne des xie-xiiie siècles », Bulletin de l’Association bretonne et Union régionaliste bretonne, t. cix, 2000, p. 309-322.
180 Antiquus cartularius ecclesie Bajocensis, op. cit., t. i, n° 21, rétablissement des biens de la cathédrale de Bayeux perdus durant le règne de Robert le Magnifique : Robertus scilicet archiepiscopus, Odo comes et Niellus vicecomes aliique seniores justiciam regni obtinentes [.] ; la titulature Odo comes, sans autre précision, était fréquemment utilisée par ce prince, neveu de l’archevêque Robert (Morin S., « Lamballe et Penthièvre aux xie-xiie siècles : entre mythes et réalité », MSHAB, t. lxxxi, 2003, p. 5-17).
181 Chedeville A. et Tonnerre N.-Y., La Bretagne féodale, Rennes, Ouest-France Université, 1987, p. 42, la victoire de Guillaume le Bâtard sonne le glas de l’influence politique d’Eudes auprès de son neveu Conan II.
182 Wace, Le Roman de Rou, op. cit., t. ii, partie III, v. 4169-4171, p. 42. Plus loin dans le texte, Néel est le complice de Raoul de Gaël lors d’une révolte contre Guillaume le Conquérant (ibidem, v. 8493-8494).
183 Je n’ai pas trouvé de famille associant des anthroponymes scandinaves et bretons. Cette remarque pourrait donner l’image d’une société encore partiellement cloisonnée au xie siècle en « communautés d’origine — ou d’adoption — familiales et ethniques ». La fusion s’opérerait progressivement par la généralisation des anthroponymes romans normands, qui excluent toute tentative d’identification ethnique.
184 Davis R.H.C. et Chibnall M., The Gesta Guillelmi of William of Poitiers, Oxford, Clarendon Press, 1998, Oxford Medieval Texts, p. 74, n. 1 et 2 : Saluste et César décrivant les Maures et les Germains.
185 Bauduin P., « Autour d’une construction identitaire : la naissance d’une historiographie normande à la charnière des xe-xie siècles », Nagy P. (dir.), Conquête, acculturation, identité : des Normands aux Hongrois. La trace de la conquête, Rouen, Cahiers du GRHIS, n° 13, 2001, p. 79-89.
186 Albu E., The Normans in their Histories, Woodbridge, 1998, p. 35.
187 Bibl. mun. Avranches, ms. 210, f° 10-18 ; pour une approche critique de ce texte : Keats-Rohan K.S.B., « Bibliothèque municipale d’Avranches, 210 : cartulary of Mont-Saint-Michel », Anglo-Norman Studies, t. xxi, 1998, p. 103-104, n. 27-28-29 (bibliographie complète sur ce texte) ; EAD., « Une charte de l’abbé Mayeul de Cluny et la réforme du Mont-Saint-Michel », Beaurepaire F. de et Chaline J.-P., La Normandie vers l’an mil, Rouen, Société de l’Histoire de Normandie, 2000, p. 159-169.
188 Bates D., Normandy before 1066, Londres, 1982, p. 107-109.
189 Lemarignier J.-F., Étude sur le privilège d’exemption et de juridiction ecclésiastique des abbayes normandes depuis les origines jusqu’en 1140, Paris, Picard, 1937, p. 159-160 n. 91 : Cogebantur venire Abrincas, ad respondandum de quacunque accusatione contra Christianitatem, nec excusare poterat eos mare insurgens, nec Britonum insidiae, quia praeveniri poterant [.].
190 Arch. dép. Calvados, F.5276, Mont-Saint-Michel ; après la mort de Rivalon, entre le 20 mai 1064 et le 11 décembre 1066, ses trois fils, Guillaume, Jean Frisendis et Gelduin et leur mère Héremburge restituèrent au Mont-Saint-Michel la terre de Landeguihu/Lande-de-Qui (Ille-et-Vilaine, cant. Combourg, comm. Meillac) autrefois donnée à Rivalon par l’abbé Suppo (1023 puis 1033/1042/1048) ; Cartulaire de l’Abbayette, op. cit., n° 5, p. 16 ou Guillotel H., Les actes des ducs de Bretagne, op. cit., n° 67, p. 236-237 : l’acte est attesté par des hommes nommés Main, Harcust, Rivalon.
191 Potts C., « Normandy or Brittany ?... » op. cit., p. 145-146 : MSM, n° 24, p. 106-107, avant 1009, à propos d’un certain Gralloc de Poilley (diocèse de Rennes) puis ses fils Ansgerus et Hervé, attesté par le comte Alain ; MSM, n°21, p. 102-103, 1081, Trehan fils de Brientius de Saint-Broladre sa femme Adeline et son fils Geoffroi ; MSM, n° 54, p 137, 1093/1100, Clamarhocus fils de Richer de Saint-Ideuc (diocèse Alet) homme de Jean de Dol donne l’église en échange d’une aide en cas de capture.
192 La terre de calumpniis était située entre Saint-James-de-Beuvron et Valencias ; elle était tenue de Pierre de Saint-Hilaire par Guillaume de Kerneth et Odeline sa femme (Arch. dép. Calvados, F. 5276, Savigny).
193 Keat-Rohan K.S.B., « "Bilichildis" Problèmes et possibilités d’une étude de l’onomastique et de la parenté de la France du nord-ouest », op. cit., p. 66.
194 Power D., Thenorman frontier..., op. cit., tableau généalogique n° 15, p. 499.
195 L’anthroponyme Philippe se répand ensuite dans les familles de Saint-Quentin sur le Homme (Cartulaire de la Manche. Montmorel, op. cit., n° xii, 1185/1210, Alain et Philippe fils de Rualon) et de Saint-Pierre-Langers (Manche, cant. Sartilly) en association avec Alain et Henri, dans l’entourage des familles de Subligny et de Saint-Jean-le-Thomas (Cartulaire de la Manche. La Lucerne, op. cit., n° v, p. 3, 1158/1162 ; MSM, n° 16, p. 93-97, 1121/1125).
196 Acta of William I, n° 251, p. 759-762, avril 1067, p. 759-762 ; ibidem, n° 252, p. 763-764, 9 janvier 1084.
197 Keats-Rohan K.S.B., « Bilichildis », op. cit., p. 57-68.
198 RADN, n° 110, p. 270-271, 1027/1035.
199 Katharine Keats-Rohan est parvenu au même résultat à propos des Bretons en Angleterre au xiie siècle (cf. dans ce volume). Dans toutes les études d’anthroponymie, les surnoms géographiques sont plutôt rares et ne forment pas catégorie en eux-mêmes, (Barthelemy D., « Vendômois : le système anthroponymique... », op. cit., p. 44).
200 Acta of William I, n° 175, p. 577-584, 1084. Nous ne pouvons repérer cet individu dans les actes que lorsqu’il porte son nom d’usage et son surnom (RADN, n° 99, p. 254-255, 20 avril 1042 ; ibidem, n° 167, p. 358-359, 1035/1066 ; ibidem, n° 231, p. 442-446), mais il est dénommé Richard, il nous échappe.
201 Chedeville A., « L’anthroponymie bretonne », op. cit., p. 5.
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