Charles Collé (1709-1783)
| ,Deuxième partie. L'œuvre théâtrale
Les manuscrits de théâtre de Collé : vers un état présent
Texte intégral
- 1 Journal historique ou Mémoires critiques et littéraires, sur les ouvrages dramatiques et sur les év (...)
- 2 « C’est en finissant ma soixante et onzième année, et même ayant déjà mangé sur ma soixante-douzièm (...)
- 3 Ibid., t. I, p. xxiv.
- 4 Paris, Barrois et Benou, 1828, no 1014.
- 5 Journal et mémoires de Charles Collé sur les hommes de lettres, les ouvrages dramatiques et les évé (...)
- 6 Ibid., t. I, p. vi.
- 7 Ibid., t. I, p. i.
- 8 Charles Collé, Journal historique inédit pour les années 1761 et 1762, Paris, Mercure de France, 19 (...)
- 9 Catalogue de la bibliothèque de M. Henri Monod, 4e Partie, Paris, Ch. Bosse, 1921, no 2382.
- 10 Journal, éd. 1807, t. I, p. xxiv.
1« Le Journal Historique que nous publions a été imprimé sur le manuscrit même de l’auteur », écrit en 1807 le bibliographe Antoine Alexandre Barbier en tête de son édition des Mémoires de Charles Collé1. Lequel dit avoir fait lui-même en 1780 « la revue et la réforme de ces Journaux2 », qui couvrent la période 1748-1772. Encore a-t-il manqué à Barbier deux des onze volumes originaux, correspondant aux années 1752-1753 et 1761-1762, car « ils ont été prêtés à une personne qui ne les a point rendus3 ». C’est donc un manuscrit autographe mais incomplet (« 9 vol. in-8° ») que mentionne le Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. A.-A. Barbier4 en 1828, non sans préciser : « on y trouve plusieurs morceaux qui n’ont point été imprimés ». Honoré Bonhomme se targue ainsi, quarante ans plus tard, de donner du Journal5 une « nouvelle édition augmentée de fragments inédits recueillis dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale du Louvre » – où sont arrivés entre-temps les neuf volumes – et signalés dans le texte par leur mise entre crochets ; ce qui n’empêche pas l’éditeur d’avoir, à l’occasion, coupé « certaines crudités obscènes qui doivent rester à l’état d’incognito dans le manuscrit de Collé6 » ; autant de « gaillardises effrontées » à ses yeux et qui resteront à jamais inaccessibles aux nôtres, puisque ce « manuscrit original » est parti en fumée dans la nuit du 23 au 24 mai 1871, pendant la Commune de Paris. Du moins l’incendie de la bibliothèque du Louvre a-t-il épargné les deux volumes manquants, dont Honoré Bonhomme avait « lieu de croire » en 1868 qu’ils étaient bel et bien « perdus7 ». Aussi aura-t-on l’heureuse surprise de retrouver en 1901, « dans le panier à bouquins d’un brocanteur de Compiègne », le volume du Journal de Collé pour les années 1761-1762, publié dix ans plus tard par Adolphe Van Bever (avec la collaboration de Gabriel Boissy) « sur le manuscrit original8 ». Lequel appartient à cette date à Henri Monod, avant d’être mentionné dans le catalogue de la bibliothèque de ce dernier9 publié en 1921 par le libraire Charles Bosse, qui le vend à Jean et Henriette Lebaudy, dont la précieuse collection de livres et de manuscrits sera léguée en 1962 à la bibliothèque de Versailles. C’est donc là que se trouve désormais conservé le volume autographe de Collé (Ms L 59), qui porte au verso du premier feuillet la mention « acheté le 11 novembre 1844 ». Tel est le seul vestige à ce jour – en l’attente d’une éventuelle redécouverte des années 1752 et 1753 – du manuscrit original des Mémoires, auquel l’auteur renvoie en ces termes dans un « Ordre chronologique de tous [ses] ouvrages » reproduit par Barbier en tête de l’édition de 1807 : « Onze volumes de Journaux manuscrits et reliés, le premier commençant au mois d’août 1748, et le dernier finissant en octobre 177210. »
- 11 Ibid., t. I, p. xxiii.
- 12 Recueil publié « À Hambourg et à Paris, chez tous les marchands de nouveautés. » Outre les chansons (...)
- 13 Archives Nationales, Minutier Central, LVI-293.
- 14 Voir Patrice Coirault, Formation de nos chansons folkloriques, Paris, Éditions du Scarabée, 1953, p (...)
- 15 En fait, les deux pièces jointes aux chansons inédites ne sont pas des « parades », mais Tragiflasq (...)
- 16 Louis-Jean-Baptiste Ardillier de Laumont, reçu en 1781 chevalier de l’ordre de Saint-Michel.
2Cette dernière mention fait suite, en l’occurrence, à celle-ci : « Recueil complet de mes Chansons, tant imprimées que manuscrites, que j’ai ajoutées au troisième volume de l’édition de 1777 [de mon Théâtre de Société], dans mon exemplaire11. » Telle est d’ailleurs la source alléguée en 1807 (année même de la première publication du Journal) par l’éditeur du Recueil complet des chansons de Collé12. On peut toutefois se demander s’il s’agit bien là du même volume que celui évoqué par Collé dans un codicille de son testament olographe, à la date du 20 novembre 1782 : « Je laisse à mon fils Laujon, secrétaire des commandements de Mgr le duc de Bourbon, mon Recueil de chansons, écrit de ma main13. » Du moins ledit recueil est-il sans doute celui acheté en 1977 par la Houghton Library de l’université de Harvard (Ms FR 319). Sous le titre Recueil de mes chansons. Vaudevilles, ce « manuscrit autographe de Collé avec corrections autographes sur des feuillets collés », « commencé en 1755 et continué en 1780 », se décompose en quatre sections : « Parodies et chansons diverses », « Parodies d’airs et amphigouris », « Rondes et chansons à danser », « Couplets détachés ». De ce volume – qui n’était pas inconnu à Patrice Coirault14 – existe une copie partielle non autographe, conservée à la bibliothèque de la SACD, dans un manuscrit non coté dont la tranche de la reliure porte : « Collé/Chansons/et/Parades/Manuscrit15 », et qui s’ouvre par cette précision : « On n’a copié dans ce recueil que les chansons du manuscrit de l’auteur qui n’ont pas été imprimées, et la table comprend tout, tant ce qui est imprimé que ce qui est dans ce manuscrit. » Quant à l’épigraphe en latin : « Sunt quedam bona, sunt mediocria, sunt mala multa », il ne fait pas de doute qu’elle est reprise de l’original, tant elle porte la marque significative de Collé, toujours prêt à souligner la médiocrité de sa production d’homme de lettres, jusque dans ce codicille de son testament où, le 1er décembre 1782, il fait don de ses manuscrits à l’un de ses exécuteurs testamentaires, Monsieur Ardillier16, administrateur général des Domaines du Roi :
- 17 Archives Nationales, Minutier Central, LVI-293.
Trop indulgent pour ce que j’ai fait, il désire mes ouvrages. Je lui laisse et lègue donc tous mes manuscrits généralement quelconques et notamment mes commentaires sur les meilleures tragédies de Voltaire, qu’après ma mort, il pourra faire imprimer, s’il les en juge dignes. Mais il faudra faire retoucher cet ouvrage par un littérateur d’un goût délicat, qui les abrège, d’un bon tiers, peut-être. Je lui demande en grâce, d’ailleurs, de ne rien mettre au jour qui ne mérite de le voir, et de faire toujours élaguer et corriger ce qu’il voudra donner à l’impression17.
3Une allusion à ces commentaires inédits de Collé se retrouve dans deux de ses lettres au jeune M. de V***, datées du 3 mars et du 10 avril 1781 :
Vous parcourrez à Grignon, si vous le voulez, mes Commentaires sur les tragédies de Voltaire ; ils sont en trois volumes, qui en feraient cinq ou six d’impression. Je leur ai donné le titre d’œuvres posthumes de M. Collé. Ils ne paraîtront jamais de mon vivant. Qu’on me tourmente quand je serai mort, à la bonne heure ! Mais je ne me soucie pas de l’être par les fanatiques de Voltaire tant que je vivrai.
- 18 Correspondance inédite de Collé faisant suite à son Journal accompagnée de fragments également inéd (...)
Je ne vous ferai pas lire, mon cher fils, mes Commentaires sur Voltaire, parce que je ne les aurai pas probablement ; je les ai prêtés, et ils ne me reviendront peut-être de longtemps. Il serait trop long de vous expliquer le pourquoi du petit service que j’ai rendu en les prêtant. Je commence à les estimer un peu. Il y a de bonnes choses et de la connaissance du théâtre. Ils ne manquent même pas de gaieté et de légèreté ; mais il y aurait des retranchements à y faire, et quelques changements. Je laisse cela à d’autres ; je ne m’en occuperai plus. Aussi ai-je appelé ces trois volumes mes œuvres posthumes ; et j’invite les survivants à les retoucher et à les faire imprimer s’ils les jugent mériter l’impression. Si tout n’est pas bon, il y a du moins des choses qui ne sont pas indignes de voir le jour, et qui pourraient être utiles à notre théâtre et à notre poétique en général18.
- 19 Barbier précise en note à la fin de la liste des ouvrages de Collé qu’il reproduit d’après le « man (...)
- 20 Correspondance inédite, op. cit., p. 335-354 et p. 389-470.
- 21 Ancien maître des requêtes au conseil d’État, ancien conseiller référendaire à la cour des comptes, (...)
- 22 Auteur dramatique, traducteur d’Horace et participant des Dîners du Vaudeville, Jean-Baptiste Denis (...)
- 23 [Jean-] François Barrière (1786-1868), le savant éditeur de la « Bibliothèque des mémoires relatifs (...)
- 24 Manuscrit non coté, boîte Cauchard 435.
- 25 Le premier volume autographe de ces Commentaires se termine d’ailleurs par un « Avis à mes éditeurs (...)
4Apparemment restitués à leur auteur – qui du moins n’en signale pas l’absence dans son legs de décembre 1782 –, ces Commentaires sur les meilleures tragédies de Voltaire forment donc trois volumes, dont seul le premier, mentionné dès 1807 par Barbier19, a pu être consulté par Honoré Bonhomme, qui en publie en 1864 de larges extraits à la suite de la Correspondance inédite de Collé20 : à savoir, une « Préface garnie de ses digressions », quelques critiques sur Olympie, Le Droit du Seigneur et Tancrède, ainsi que, pour l’essentiel, des remarques plus développées sur Œdipe, Zaïre et Alzire. L’éditeur ne manque pas de remercier M. Génie21, qui lui a donné accès à ce manuscrit autographe que possédait en 1807 M. Desprès22, qui le tenait lui-même de Talleyrand, semble-t-il, et qui en fit don à M. Barrière23. C’est ce même volume qui a rejoint ensuite la collection d’Auguste Rondel et que l’on retrouve donc aujourd’hui au département des Arts du spectacle de la BnF24. S’il nous donne accès au texte intégral de ces « Fragments inédits » publiés par Honoré Bonhomme, il comporte en outre, à la fin, la table des matières du deuxième tome des « Œuvres posthumes de Collé », dédié aux commentaires d’Adélaïde Du Gesclin, Mahomet, Sémiramis et La Mort de César. Ainsi en sait-on un petit peu plus sur l’un des deux manuscrits manquants de cet ensemble dont l’intitulé même nous confirme que Collé n’en excluait pas la publication après sa mort25.
5Tel n’était pas le cas, en revanche, pour un autre de ses textes inédits, évoqué par Collé dans les deux lettres déjà citées à M. de V*** :
Actuellement que vous êtes grand garçon, mon fils, je vous laisserai lire, à Grignon, toutes mes facéties licencieuses, et entre autres un certain roman que je brûlerai avant de mourir. J’ai écrit prodigieusement, mais, plein de respect pour le public, je ne lui ai donné, au plus, que la sixième partie de mes compositions, et encore, en les donnant, tremblais-je de lui avoir donné six fois trop.
- 26 Correspondance inédite, op. cit., p. 251 et 256.
Je tâcherai pourtant, mon cher fils, de vous paraître le moins vieux qu’il me sera possible, en vous faisant part de mes juvenilia et de mes senilia ; j’entends de mon roman. Quoique je ne l’aie composé qu’en 1774, il est plus licencieux cependant que les ouvrages de mon bon temps, si j’en ai eu un. C’est de dessein prémédité même que je l’ai mis à la sauce la plus forte. Je n’ai pas voulu être tenté, et peut-être succomber à la tentation de le faire imprimer, s’il eût été imprimable, attendu que depuis plus de douze ans je me défie de toutes mes compositions26.
6Une note ajoutée par Collé à son Journal en 1780 confirme ses scrupules sur ce point :
- 27 Journal, éd. 1868, t. III, p. 161.
en 1774, ayant eu l’idée très neuve d’un roman qui a pour titre : Mémoires pour servir à l’histoire de mes chers pères et de ma chère mère, je ne me suis pas refusé de l’écrire, mais je l’ai écrit de façon et je l’ai arrangé de manière qu’il me fût impossible de le livrer à l’impression, quand la démangeaison la plus forte m’en prendrait actuellement. Je me suis donné mes coudées franches dans ce roman singulier et qui ne ressemble à rien. Il a amusé mes amis : cela me suffit27.
7De même lit-on dans la « Préface générale ou introduction à la lecture de mes manuscrits » :
- 28 Correspondance inédite, op. cit., p. 358-359.
L’habitude d’écrire est trop forte pour qu’il me soit possible de n’y pas céder. Je serai ferme dans la résolution que j’ai prise de ne rien faire imprimer ; mais je ne me puis tenir de barbouiller du papier, et d’y jeter mes idées, bonnes ou mauvaises. J’observe d’ailleurs si religieusement la loi que je me suis prescrite de ne rien faire paraître que, dans un roman assez singulier que j’ai broché en 1774, j’ai pris quelques précautions contre moi-même. Je veux dire que je m’y suis donné exprès des licences si furieuses que je ne pourrais ni les ôter ni les adoucir, si la tentation me prenait de le faire imprimer.
Ce roman est une débauche de l’imagination (s’il m’en reste encore) et une peinture faite et modelée si fort d’après le nu, qu’il serait impraticable de draper mes figures sans gâter mon tableau. J’ai répandu dans cet ouvrage des traits de satire contre les gens que j’y nomme. La plupart de ces traits sont controuvés ; quelques-uns sont vrais, et les autres sont si vraisemblables que l’impression de ces gaietés serait odieuse et même criminelle. Aussi ce roman est-il fait pour rester éternellement manuscrit, ou pour être brûlé à ma mort. Je ne le lis même actuellement qu’à des amis ou à des gens sûrs que je préviens de la fausseté de ses satires et de leur caricature.
Il n’en est pas de même et je pourrais faire usage des autres bagatelles qui rempliront ces volumes et que je m’amuse à corriger et à copier28.
- 29 Ibid., p. 355-387.
- 30 Journal, éd. 1807, t. I, p. iii-vi. Citant « un manuscrit que son possesseur a eu l’obligeance de [ (...)
- 31 La Cour et la Ville sous Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, ou Révélations historiques tirées de man (...)
8Si donc il n’était pas question pour Collé d’envisager la publication d’un roman qu’il a sans doute fait disparaître avant de mourir, le dramaturge semble moins catégorique envers le reste de sa production inédite. Car outre les Commentaires qui pouvaient trouver grâce à ses yeux, pour peu qu’ils restent des « Œuvres posthumes », ce sont toutes ses pièces non encore imprimées – ou qui l’ont été sans son aveu et non par ses soins – qu’il s’attache « à corriger et à copier » à la fin de sa vie, dans une autre série de manuscrits autographes dont nous n’avons également conservé que le premier. Tel est le volume d’où proviennent les autres « fragments inédits » publiés par H. Bonhomme en 186429, à savoir la « Préface générale » qui vient d’être citée – dont dix paragraphes avaient été reproduits dès 1807 par Barbier dans sa « Notice sur la vie et les écrits de Collé30 » –, ainsi que des « Anecdotes » sur Alphonse l’impuissant et une « Magnière [ sic] de discours » sur l’origine de la parade – deux textes dont François Barrière reprend en 1830 des extraits31 dans sa présentation des « Parades inédites de Collé » publiées d’après la même source, ainsi explicitée :
- 32 Ibid., p. 131-132.
Un des hommes les plus spirituels de notre époque possédait deux volumes manuscrits de Collé. Son amitié a bien voulu m’en faire don. Ces deux volumes sont tout entiers de la main de l’auteur […]. Il a lui-même écrit les titres en lettres rouges, et les noms des acteurs avec de l’encre bleue. Ces manuscrits, si soigneusement peints, renferment des ouvrages bien différents ; on y trouve un Commentaire sur les tragédies de Voltaire, et des parades, dont plusieurs sont inédites. En tête de ces petites pièces, il a mis des préfaces où l’on rencontre souvent d’assez curieuses anecdotes32.
- 33 Manuscrit non coté, conservé dans la même boîte Cauchard 435 que le tome I des « Œuvres posthumes »
- 34 Parades inédites de Collé – Le Mariage sans curé ; La Guinguette ; Léandre étalon – publiées textue (...)
9Le tome premier des « Œuvres posthumes de M. Collé » (daté de 1772) se trouvait ainsi réuni dès le début du XIXe siècle au volume liminaire des « Manuscrits de Monsieur Collé » (« À Grignon, 1777 ») pour former une paire de « Manuscrits inédits de Collé » dorés sur tranche, ensuite pourvus d’une reliure romantique de Bibolet. C’est sous cet aspect qu’ils se présentent aujourd’hui encore dans le fonds Rondel de la BnF où, à l’instar des Commentaires, semble avoir été quelque peu oublié l’original du recueil dramatique ayant servi de source à Barbier, Barrière et Bonhomme33, tout comme à l’éditeur des Parades inédites34 en 1864.
10Ledit recueil reste néanmoins, comme son pendant, le vestige d’une série incomplète, comme le souligne Collé lui-même dans la « Préface générale ou introduction à la lecture de [ses] manuscrits », où il écrit, après avoir cité sa « tragédie badine » d’Alphonse l’impuissant, puis ses parades « dont la première est de 1740 » :
- 35 Correspondance inédite, op. cit., p. 365-366.
Le volume qui viendra après ne sera point écrit de ma main. Il est d’avance écrit de la main d’un homme que je nommerai et dont je dirai quelques mots. Ce volume est intitulé : Grosse Gaieté, et contient des annonces, des compliments, des discours, des parades, avec un très court recueil de mes poésies diverses.
Les volumes qui marcheront ensuite contiendront La Vérité dans le vin, avec le personnage de l’évêque d’Avranches ; Tragiflasque, tragédie en vers et en trois scènes ; La Rivale à Lesbos ; une scène de ma façon contre les philosophes modernes. Mais tranchons sur cette énumération, que je m’aperçois être fort inutile, puisque je vais finir ce présent radotage par l’ordre chronologique de tous mes ouvrages35.
- 36 À propos d’une « petite fête de chambre » donnée à Bagnolet le 30 avril 1766, Collé dit avoir eu re (...)
11Si le titre donné au deuxième tome est corroboré par un passage des Mémoires36, le pluriel par lequel sont désignés les suivants trouve un écho dans une note ajoutée par Collé en 1780 à son Journal, quelques pages plus loin, lorsqu’il évoque le dénouement problématique de sa pièce en cinq actes, Le Véritable amour :
- 37 Ibid., p. 95-96.
Cette comédie est restée parmi mes manuscrits, à la fin du tome quatrième ; elle est d’abord en deux actes, et telle qu’elle a été jouée à Bagnolet, sous le titre de L’Amour d’autrefois, avec le personnage de l’intendant de province ; on la trouve ensuite en cinq actes, et telle que je voulais la donner au public, si j’eusse pu parvenir à y donner du mouvement et de l’action […]. Elle a pour titre Le Véritable et le Faux Amour37.
12S’il nous manque donc au moins trois volumes pour que soit complet le recueil de ses textes dramatiques inédits constitué par Collé, celui qui nous est parvenu demeure en tous les cas un précieux témoignage sur la production du dramaturge – alors même que des extraits en ont été publiés dès le XIXe siècle grâce à la complaisance de ses détenteurs successifs (MM. Desprès, Barrière et Génie). Quant à l’organisation du recueil, l’auteur lui-même précise :
- 38 « Préface générale », Correspondance inédite, op. cit., p. 360.
dans cette copie de mes manuscrits je suivrai, autant que je le pourrai, leur ordre chronologique. Je les ferai quelquefois précéder, suivant qu’il m’en prendra fantaisie, de préliminaires et de radotages auxquels je donnerai les dénominations qui me passeront par la tête38.
13Le détail du contenu de ce volume permet, de fait, de confirmer les dires de Collé :
-
Préface générale, ou introduction à la lecture de mes manuscrits.
-
Sur Alphonse l’Impuissant, Anecdote aussi intéressante que son sujet, qui ne l’est point.
-
Alphonse l’Impuissant. Tragédie en vers et en un acte. 1737.
-
Parades et autres vilenies dans le même goût. 1740.
-
Magnière de discours approfondi sur l’origine de la parade.
-
Razibus, ou le Jugement de Salomon. Parade en un acte. 1740.
-
Léandre étalon. Parade orientale. 1741.
-
L’Amant poussif. Parade de Cadet. 1742.
-
Les Deux Gilles. Prologue de parade. 1743.
-
Léandre grosse. Parade américaine. 1744.
-
La Mère rivale. Parade monacale. 1745.
-
Le Mariage sans curé. Parade anti-conjugale. 1746.
-
Scènes détachées de la Guinguette. Petite fête donnée à Bagnolet. Octobre 1753.
- 39 Éditions de 1768 (2 vol.) et de 1777 (3 vol.) publiées l’une et l’autre à La Haye, et à Paris, chez (...)
- 40 « Préface générale », Correspondance inédite, op. cit., p. 365.
14C’est bien l’ordre chronologique qui préside à la constitution de ce recueil, où ne figure pas Cocatrix, première pièce mentionnée par Collé dans sa liste à la date de 1731, puisqu’il l’a publiée dans son Théâtre de Société39, mais qui s’ouvre sur la « tragédie badine » d’Alphonse l’impuissant, de 1737, qu’il donne « ici d’abord, avec quelques légères corrections [qu’il] a faites et qui ne sont pas assez bonnes et assez fondamentales pour la faire réimprimer40 ». La pièce avait certes déjà été publiée – « À Origénie, chez Jean Qui-Ne-Peut, au Grand Eunuque, 1740 » –, mais sans que l’auteur ait eu son mot à dire :
- 41 « Sur Alphonse l’Impuissant », Correspondance inédite, op. cit., p. 378. Malgré la date de 1738 men (...)
En janvier 1738, M. le duc de La Vallière fit imprimer par Prault, sur le manuscrit qu’il en avait, Alphonse l’Impuissant, que je n’ai pas voulu faire réimprimer dans mon Théâtre de Société, ne l’estimant pas assez pour l’y recueillir. J’y ai fait ici de légers changements, mais peu. M. le duc de La Vallière n’a pas eu la politesse, dans le temps, de m’en envoyer quelques exemplaires. Ils coûtaient quinze sous. J’en achetai pour quinze francs, pour en faire des présents à quelques amis41.
- 42 Théâtre des Boulevards, ou Recueil de Parades, À Mahon, De l’Imprimerie de Gilles Langlois, à l’Ens (...)
15Quatre des parades figurant ensuite dans le recueil manuscrit ont également eu à souffrir, nous dit Collé, d’une publication sans son aveu, dans les trois volumes du Théâtre des Boulevards42 parus en 1756 :
- 43 « Magnière de discours », Correspondante inédite, op. cit., p. 381. Les parades attribuées à Moncri (...)
Dalieure, mes chers lecteurs, que j’n’veux pas tromper pour si peu d’chose, soyez sûrs et certains que toutes les autres parades qui sont zenterrées vives comme elles le méritent, dans ce damné Théâtre des Boulevards, sont toutes de la faciende de M. Désallé, za l’exemption de l’Isabelle grosse par vertu, qu’est de Fagan, une qu’est de Moncrif, en vers ; une qu’est de Piron, et trois ou quatre autres de moi, qui m’ont zété volées par un savoyard décrotteur, qui zavait fait fortune dessous M. le duc de Choiseul, banqueroute après et qu’est devenu fou ensuite. La première lettre de son nom est Corbie43.
16Ce passage de sa « Magnière de discours » se trouve confirmé par une lettre de 1756 où Collé répond en ces termes aux « choses obligeantes » qui lui ont été écrites « au sujet du nouveau recueil de Parades qui vient de paraître imprimé » :
- 44 Correspondance inédite, op. cit., lettre lvii, p. 305-306. Ajoutons que dans le Journal, en janvier (...)
Dans les trois volumes que vous avez vus, Monsieur, il n’y a que quatre pièces de moi, et encore sont-elles tellement défigurées, que je pourrais, sans me rien reprocher, les nier et ne les pas reconnaître. Ce sont, si vous en êtes curieux, L’Amant poussif, Léandre hongre, La Mère rivale et Léandre grosse. On y a ajouté des ordures grossières que je n’y avais point mises ; non pas qu’à cet égard je veuille faire la petite bouche, mais c’est que je me flatte de n’avoir jamais présenté ces sortes d’images que du côté agréable ou plaisant. Je me plains encore, outre cela, des choses dégoûtantes qui y ont été insérées, et que j’ai toujours été fort éloigné de peindre.
Je ne vous parle pas des altérations continuelles dans le texte, et des fautes d’impression sans nombre dont cette édition fourmille. Vous auriez peine à imaginer à quel point la négligence et l’imbécillité ont été poussées, si je ne vous nommais le polisson infâme qui est l’éditeur de cet ouvrage, qui n’a jamais été fait pour voir le jour. C’est un nommé Corbie, ancien valet de chambre de feu M. le marquis Duchâtel. Ce drôle-là, qui, de savoyard à la porte de M. Duchâtel, a monté par grade à ce poste éminent, est, comme sans doute vous le savez, le plus grand corsaire et le plus hardi écumeur de la littérature. Je me suis opposé, tant que je l’ai pu, à l’impression de ces platitudes ; je lui ai refusé mes manuscrits ; je n’ai point voulu corriger les siens ; enfin, pendant deux ans, j’ai arrêté son édition par le crédit de M. le duc d’Orléans, qui s’amusait à ces misères-là. Mais, à la fin, son avidité a surmonté tous les obstacles, pour nous donner l’édition la plus fautive et la plus bête de l’ouvrage le plus plat en soi que l’on puisse composer, et qui n’est fait strictement que pour la société44.
- 45 De fait, dans les anecdotes « Sur Alphonse l’impuissant » figurant dans le même recueil, Collé nous (...)
17Collé revient encore sur cette trahison éditoriale dans l’avant-propos manuscrit à Razibus, ou le Jugement de Salomon, parade qu’il date ici de 1740 (ce qui paraît d’ailleurs étonnant45) :
- 46 Ms Rondel, f° 70.
Cette Parade, imprimée dans le Théâtre des Boulevards, ainsi que La Mère rivale, L’Amant poussif et Léandre grosse, y sont imprimées très infidèlement, de toutes manières. Je ne voulais pas qu’elles le fussent. L’éditeur, qui est un roué, les a données malgré moi ; et encore a-t-il eu la bonté de changer, et d’ajouter du sien ; il a intitulé la pièce Léandre Hongre. Hongre présente une idée dégoûtante. Il a substitué, aussi, des cochonneries de la halle à des gravelures agréables, et qui ont le ton de tout le monde. Le ciel l’en a puni ; car il n’y a point de grâces pour ces crimes-là : Il a fait fortune, banqueroute, et a fini par devenir fou. Il est enfermé à Charenton46.
18Le même désaveu se retrouve enfin dans l’avertissement de La Mère rivale :
- 47 Ms Rondel, f° 220.
Razibus, L’Amant poussif, Léandre grosse et La Mère rivale sont imprimées dans le Théâtre des Boulevards. Elles y sont défigurées, je l’ai déjà dit. Cette dernière, surtout, n’est point reconnaissable. La police n’a pu passer le personnage du Minime ; Corbie l’a changé et ce personnage, je veux dire Le Minime est ce qui fait tout le piquant, et tout le sel de cette Parade, qui est d’un genre singulier.
L’idée n’en est point de moi ! c’est un fond brut que m’a donné feu M. Girard ; et je me plus à l’arranger. Elle sort du ton ordinaire des Parades ; l’on en ferait aisément une comédie de société, d’un ton libre, mais, très libre47.
- 48 Voir dans le présent volume son article sur « La Mère rivale dans tous ses états ».
19Si la mise au jour du manuscrit autographe soigneusement revu (mais aussi corrigé) par Collé permet donc désormais d’envisager une étude de fond des divers états textuels de ces parades, et en particulier des transformations opérées dans le Théâtre des Boulevards, comme Jennifer Ruimi l’a fait pour La Mère rivale48, l’avant-propos de cette « parade monacale » est encore pour son auteur l’occasion de reconnaître sa dette envers « un Monsieur Girard » à qui il doit, en outre, l’idée de L’Amant poussif, « parade de Cadet » :
- 49 Ms Rondel, f° 144.
L’idée de cette Parade est d’un Monsieur Girard, qui était un fort petit peintre, et un assez grand Picaro.
Cette parade était un petit ours, auquel j’ai donné la forme, et qui ne le méritait guères. Quoique je n’en aie pas inventé le sujet, je ne laisserai pas de dire qu’il est trivial, et assez mal imaginé. Elle parut, cependant, avec un très grand succès, sur le théâtre de la rue Cadet, petite maison de Monseigneur le duc de Chartres, en 1752. Elle en a retenu le nom de Cadet. Ce qu’on a soin de marquer ici, de peur que des commentateurs n’aillent se méprendre, et tromper le public, en faisant soupçonner que M. Cadet l’apothicaire en est l’auteur, et que c’est une de ses plus mauvaises drogues49.
20Quant au « prologue de parade » intitulé Les Deux Gilles, il est précédé dans le manuscrit de Collé par un « petit avertissement de rien » qui concerne aussi la question de l’attribution :
- 50 Ms Rondel, f° 168. Dans l’« Ordre chronologique » de ses ouvrages, Collé présente d’ailleurs la piè (...)
Ce prologue est de la façon de feu M. de Segonzac. Ayant voulu le jouer, dix ans après sa mort, et n’ayant pu en avoir de copie, je l’ai arrangé, tel qu’on va le lire, moitié de mémoire, et moitié en y ajoutant les beautés sublimes, qui y sont, ou qui y devraient être50.
- 51 Voir supra, note 31.
- 52 Cette deuxième parade qui fait suite à Razibus dans le recueil autographe y est précédée de cet ave (...)
- 53 Voir supra, note 34.
- 54 Journal, éd. 1868, t. II, p. 227-234 (p. 231-232 pour le compte rendu de la « scène à l’improviste (...)
- 55 Ms Rondel, f° 194.
21Contrairement à la tragédie d’Alphonse l’impuissant et aux quatre parades imprimées dans le Théâtre des Boulevards, le prologue des Deux Gilles est alors complètement inédit, de même que la « parade anti-conjugale » Le Mariage sans curé – avec laquelle il sera publié en 1830 par F. Barrière51 –, la « parade orientale » Léandre étalon52, et enfin les Scènes détachées de la Guinguette – ces trois derniers titres étant réunis en 1864 pour former les Parades inédites de Collé53. Précisons en outre, pour la Guinguette, que cette « petite fête donnée à Bagnolet » et datée dans le manuscrit d’« octobre 1753 » est évoquée dans le Journal, mais en avril 1760, et avec seulement un résumé des scènes ici transcrites54. Si sa présence à la fin du tome I du recueil autographe constitue une entorse à l’ordre chronologique – puisque Le Mariage sans curé devrait être suivi de La Vérité dans le vin (comédie dont Collé suggère lui-même qu’elle ouvre le tome III, après celui intitulé Grosse Gaieté) –, elle s’explique par une raison pratique toute simple : « L’on ajoute ici ces deux scènes, pour remplir le reste de ce cahier55. » Quant à la date de représentation, le fait qu’il nous manque l’année 1753 du Journal ne permet pas de corroborer celle figurant sur le manuscrit. Mais il n’est pas impossible que la fête ait alors été donnée une première fois, avant ce qui serait donc en 1760 une reprise, dont Collé dit qu’elle eut « un très grand succès, quoique tout ait été manqué du côté de la décoration », tandis que l’avant-propos précédant les deux scènes dans le recueil apporte la précision suivante :
- 56 Ibid.
L’effet théâtral de ces scènes fit leur grand succès ! elles firent beaucoup rire ! Les habillements et le jeu des acteurs, et les lazzis font tout le mérite de ces scènes, qui n’en ont aucun, d’ailleurs.
Elles doivent paraître fort plates à la lecture ; mais qu’on les exécute, et l’on m’en dira des nouvelles !
Ces deux scènes sont, à quelques égards, du genre de la Parade. Il s’y trouve, cependant, des degrés de vérité, et de nature, qui ne sont point dans la Parade56.
- 57 Journal historique inédit, op. cit., p. 131-157.
- 58 Manuscrit non coté, boîte Cauchard 428.
- 59 Paris, 1840, p. 22, no 234.
- 60 N.a.f. 28660, f° 25-38. Voir Lettres et manuscrits autographes. Succession Eugène Rossignol, Paris (...)
- 61 « Parade. Par M***. À Londres, et à Paris, chez la Veuve Duchesne ». Publication parfois attribuée (...)
- 62 Op. cit., no 560. La notice précise que « Collé avait soumis son manuscrit à l’examen de son ami Sa (...)
- 63 Journal, éd. 1807, t. II, p. 407-532.
- 64 Paris, Au Bureau du Cabinet Historique, 1872. Le Journal historique y constitue le no 319 (cote F. (...)
- 65 Journal historique inédit, op. cit., p. 261. Si ce manuscrit n’est pas mentionné non plus par Louis (...)
- 66 4e Partie, op. cit., n ° 2380. La date indiquée de 1756 est peut-être le fait d’une inversion (au l (...)
- 67 Catalogue de la Bibliothèque dramatique de M. de Soleinne, Paris, Administration de l’Alliance des (...)
- 68 Catalogue des livres rares et précieux de la Bibliothèque de M. E. B***, Paris, Potier, 1850, no 10 (...)
- 69 Bibliothèque du Baron de Stassart léguée à l’Académie royale de Belgique, Bruxelles, Hayez, 1863, n(...)
- 70 Cote 7426. Nous remercions la bibliothécaire, Mme Claire Pascaud, de nous en avoir facilité la cons (...)
22La mention de cette fête nous amène à en évoquer une autre et à signaler, par là même, l’existence de quelques copies autographes isolées de pièces de Collé. En août 1761 est inséré dans le Journal un compte rendu détaillé de La Promenade des Boulevards57, divertissement incluant une scène de parade intitulée La Délicatesse du sentiment. Or, si le volume sauvé des flammes et légué à la bibliothèque de Versailles permet d’en lire le texte écrit de la main de Collé, le fonds Rondel en conserve une autre version58, qui semble être celle ayant fait partie des Autographes et manuscrits de M. G. de Pixerécourt59, passée en vente publique en 1840. Bien plus récemment, c’est en 1997 que le département des Manuscrits de la BnF s’est porté acquéreur à l’Hôtel Drouot du manuscrit autographe de Gilles chirurgien anglais60. Le texte en est identique à celui d’une copie non autographe de la pièce dans un volume non coté du fonds Rondel (où elle est jointe à Razibus), mais bien différent de celui imprimé en 1774 sous le titre Le Chirurgien anglais61. On sait, en outre, qu’il a existé une version autographe de la comédie en cinq actes intitulée Le Véritable et le faux amour ; manuscrit mentionné en 1828 dans le Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. A.-A. Barbier62, et d’ailleurs publié par ce dernier en annexe au tome II de son édition du Journal63. La pièce aurait-elle connu le sort tragique des neuf volumes figurant au même catalogue ? Cela n’est pas impossible, même si elle ne se trouve pas signalée par Louis Paris parmi Les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre brûlés dans la nuit du 23 au 24 mai 1871 sous le règne de la Commune64. La même question se pose à propos d’un « manuscrit original » de La Vérité dans le vin « contenant des détails supprimés dans les éditions » et qui, selon Adolphe Van Bever, aurait fait partie de la bibliothèque du Louvre où il aurait brûlé « avec les autres papiers de notre auteur65 ». C’est aussi en tant que « manuscrit original [d’une] pièce qui n’a jamais été publiée » que se trouve signalée en 1921, dans le Catalogue de la bibliothèque de M. Henri Monod, une version de la comédie des Abbés66. Faute d’en avoir retrouvé la trace, on mentionnera la copie autographe de cette pièce que Collé a fait relier, avec celle de Tragiflasque, après plusieurs de ses œuvres imprimées séparément, pour s’ajouter aux deux volumes du Théâtre de Société, dans l’édition de 1768. Passé de la collection Soleinne67 à la bibliothèque de M. Baudelocque68 puis à celle du baron de Stassart69, ce troisième tome factice – qui comporte une dédicace manuscrite à une dame dont le nom est raturé – est désormais conservé à la bibliothèque de l’Académie royale de Belgique70. Les Accidents ou les Abbés s’y trouvent précédés par l’avertissement suivant :
Cette comédie fait partie de mon Théâtre de Société. Je ne l’y ai pas jointe, et je ne l’ai pas fait imprimer ; non qu’il y ait des traits plus vifs et plus libres que dans Le Galant escroc, Nicaise et La Vérité dans le vin, mais parce que cette pièce plaisante plus directement Messieurs les Gens d’église, qui ne pardonnent pas la plaisanterie ! J’ai craint qu’ils ne me fissent des affaires, et j’ai toujours évité de m’en attirer par mes ouvrages. Le caractère de l’abbé De Cormoran est dessiné d’après nature dans cette comédie. J’avais un modèle, un certain abbé De Boismorand, que j’ai entrevu dans le monde, étant très jeune. C’était un homme de beaucoup d’esprit, fort débauché, joueur, bon convive et s’enivrant, chantant, impiant [ sic], sans principes, sans mœurs, et le plus beau jureur de son siècle !
Cet abbé avait composé les factums des Jésuites contre la Cadière, dans l’affaire du Père Girard. C’est le même qui a mis en prose poétique la version du Paradis perdu faite par M. Dupré de Saint Maur, ce qui valut à ce dernier une place à l’Académie française. Il paya cet ouvrage à cet abbé, qui se faisait payer de tous ceux qu’il composait.
- 71 Journal, éd. 1868, t. I, p. 94-95.
- 72 Il s’agit probablement de Mme Lescarmotier, dont la sœur était la mère de Pétronille-Nicole Bazire (...)
23Des indications manuscrites non moins intéressantes figurent, dans le même volume, en tête de Tragiflasque, tragédie en vers et en trois scènes datée de 1749, dont on sait par le Journal qu’elle est le fruit d’une gageure de Collé, qui s’était montré fort critique en société contre Les Amazones de Mme Du Bocage, et voulait prouver qu’il était possible de faire en un mois une tragédie « meilleure ou moins détestable que la sienne71 ». Après avoir rappelé son respect du public, qui l’a empêché de faire imprimer cette « facétie » (« espèce de parodie en général de la tragédie et des acteurs tragiques », où « pour rendre plus ridicules les vers tragiques [il a] cru devoir faire de plus mauvais vers qu’à [son] ordinaire, si c’est possible »), Collé revient, dans l’avis au lecteur de sa copie autographe, sur les circonstances de composition, suite à une discussion avec des femmes auxquelles « l’esprit de corps fit prendre parti pour Madame Du Bocage » ; et l’auteur d’ajouter cette précision plus personnelle : « La femme qui se signala davantage en faveur de la femme auteur, ce fut la tante de ma femme72 », avant de poursuivre en ces termes :
- 73 Notons que cet avis « Au Lecteur » se retrouve, avec de menues variantes, et sous un autre intitulé (...)
Échauffé par cette dispute, […] je voulus essayer de versifier le premier acte de la mauvaise tragédie que je voulais qui fût moins mauvaise que celle des Amazones.
À peine eus-je broché les vingt premiers vers de l’exposition de mon sujet que l’idée d’une princesse qui viole en se plaignant d’être violée me vint à l’esprit ; et dès lors, j’abandonnai mon projet de comparaison avec la tragédie des Amazones. Et je me livrai entièrement à cette gaîté qui me passait par la tête.
Voilà, mon cher lecteur, que j’en ai ennuyé, l’histoire de l’occasion qui a donné lieu à la composition de ma très superbe tragédie de Tragiflasque.
Cette vilénie a très bien réussi sur le théâtre de Mgr le duc d’Orléans, et plus qu’elle ne le méritait, vu l’incorrection avec laquelle elle est écrite ; car elle a, d’un autre côté, son petit coin d’originalité, pour le fond du sujet. Je le dis sans vanité, ou avec vanité ! Je dirai, de même, qu’on peut trouver encore assez singulier de voir une pièce de théâtre en trois scènes, et qu’elle ait cependant son exposition, son nœud et son dénouement assez réguliers !
Le rôle de Boursoufflée doit être joué par un homme ; celui de Platitude, par une femme ! feue Mlle Gaussin le rendait très comiquement, et avec des grâces qui n’étaient qu’à elle73.
- 74 1er et 15 mai 1880 [Livres en vente à la Librairie Jules Martin (successeur d’Aubry) à Paris], p. 1 (...)
24Ajoutons que cette copie autographe de Tragiflasque porte la mention manuscrite « À Paris, chez la Chiffe, libraire, rue Jean pain mollet, à la Lucrèce moderne, année 1749 », tandis qu’à la page de titre des Accidents on peut lire « À Paris, chez Simon, imprimeur du clergé, 1762. » Ces indications fantaisistes sont évidemment à rapprocher de celles déjà évoquées à propos de l’édition d’Alphonse l’impuissant – « À Origénie, chez Jean Qui-Ne-Peut, au Grand Eunuque, 1740 » – et dont on peut penser qu’elles sont bien imputables à l’auteur, même s’il n’a pas eu son mot à dire pour la publication. Il n’est d’ailleurs pas indifférent que dans le Catalogue de la bibliothèque Soleinne (no 3847) soit mentionné, parmi les « pièces libres » marquées d’un astérisque, et donc censées avoir été « brûlées », le texte imprimé d’Alphonse dit l’impuissant « avec des corrections autographes de Collé ». La même collection comportait, en plus d’une édition du Théâtre de société de 1768 augmentée d’un troisième tome factice (voir supra), un autre exemplaire en deux volumes (no 2053), « dans lequel Collé a rétabli à la main, pour La Partie de chasse de Henri IV, Madame Prologue et L’Île sonnante (cet opéra-comique est ajouté ici à l’édition du Théâtre de Société), des scènes entières retranchées par le censeur et par le lieutenant de police ». De même retrouve-t-on l’association d’une version imprimée et de feuillets autographes dans un lot signalé en 1880 par le Bulletin du bouquiniste74 et passé en vente publique à Paris (Maison Alde, Salle Rossini) le 9 mars 2009 (no 16) :
COLLÉ (Charles). La Lecture, prologue, en prose, de la comédie de Dupuis et Des Ronais. Août 1762. Dupuis et Des Ronais, comédie en 3 actes et en vers libres. Représentée pour la première fois par les Comédiens Français le 17 janvier 1763. Paris, Duchesne, 1763. In-8°, plein maroquin olive, triple filet doré.
Prologue et préface manuscrits (39 p.), aux deux couleurs (noir et rouge), dans un encadrement.
Exemplaire unique, enrichi d’un prologue et d’une préface manuscrits, apparemment inédits, et in texto de deux papillons manuscrits (« vers retranchés après la première représentation »).
25Tout à fait caractéristiques des autographes de Collé, l’utilisation de deux couleurs (le noir, le plus souvent, et le rouge, essentiellement pour les didascalies) et la mise en page du texte dans un encadrement se retrouvent dans deux recueils manuscrits qui, même s’ils ne sont pas de la main du dramaturge – mais d’une belle écriture beaucoup plus lisible –, ont donc dû être réalisés pour lui, sous son contrôle, ou simplement sur son modèle. Provenant, comme le texte original du Journal pour les années 1761 et 1762, de la collection Lebaudy, un volume d’« Œuvres de Monsieur Collé non imprimées » conservé à la bibliothèque de Versailles (Ms L 60) rassemble, dans un ordre apparemment aléatoire et, en tous les cas, non chronologique, les seize titres suivants :
-
Le Berceau, opéra-comique en un acte.
-
Cocatrix, tragédie en 5 scènes
-
Tragiflasque, tragédie en 3 scènes.
-
Alphonse l’Impuissant, tragédie en un acte.
-
La Foire du Parnasse, fête donnée à Étiolles, le 7 septembre 1750.
-
La Promenade des Boulevards, fête.
-
Le Monde renversé, comédie en prose et en un acte.
-
Nicaise, comédie bourgeoise en 2 actes.
-
L’Amant poussif, parade avec un divertissement.
-
Les Deux Gilles, prologue de parade.
-
L’Enfant rouge, parodie d’une scène d’Athalie.
-
La Lettre de cachet, parade en un acte.
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Le Mariage sans curé, parade.
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Gilles, chirurgien allemand, parade.
-
Les Belles Manières, parade de cour, en un acte et en prose.
-
L’Accouchement invisible, parade en 2 actes, ornée de machines et de spectacle.
- 75 « Château de Rosny – La Solitude ».
- 76 Notices extraites du catalogue manuscrit de la bibliothèque de M. D*, Rouen, Brière, 1839, p. 56-57 (...)
- 77 Deuxième Partie (Manuscrits – Lettres Autographes – Supplément), Paris, Techener, 1861, no 3216.
- 78 Vente du 10 au 16 décembre 1894 (no 893), mentionnée dans le Répertoire des ventes publiques catalo (...)
26Proposé à Jean Lebaudy par le libraire Charles Bosse dans une lettre du 22 février 1930 (où il dit lui avoir procuré un autre manuscrit de Collé « il y a trois ou quatre ans »), le recueil porte, en plus de l’ex-libris des Lebaudy75, celui du collectionneur rouennais Pierre Duputel auquel il avait appartenu un siècle auparavant, comme le confirme une notice de 1839 rédigée pour le catalogue de sa bibliothèque76, dispersée en 1853. On retrouve en 1861 ce manuscrit (toujours réputé, à tort, « autographe ») dans le Catalogue de la Bibliothèque de M. Félix Solar77, puis en 1894 à Lyon lors de la vente de la bibliothèque André Burel78. Il n’a pas été possible, en revanche, de restituer le parcours suivi par un volume qui était manifestement le pendant de celui-ci, et dont la bibliothèque de l’Arsenal a fait l’acquisition en 1997 chez Rogers Turner Books. Sous le même intitulé – « Œuvres de Monsieur Collé non imprimées » – mais avec, en plus, l’indication « Tome II », ce recueil de mêmes dimensions que le précédent réunit, en les présentant exactement de la même façon, et sans davantage les dater, les textes suivants :
-
La Cassette magique. Prologue.
-
Les Écoliers acteurs.
-
L’Amour d’autrefois, ou le Véritable amour. Comédie en prose et en 2 actes.
-
Le Dervis. Opéra-comique en 2 actes.
-
Les Accidents, ou les Abbés. Comédie en prose et en un acte.
-
Razibus, ou le Jugement de Salomon. Parade.
-
Léandre grosse. Parade.
-
Compliments, Annonces et Chansons de Parade, et autres petites infamies.
- 79 Voir sur ce point l’article de Jennifer Ruimi déjà cité.
- 80 Journal, éd. 1868, t. I, p. 230.
- 81 Voir Journal, éd. 1868, t. II, p. 248, 255-257, 263-265 ; Journal historique inédit, op. cit., p. 1 (...)
- 82 Voir Journal historique inédit, op. cit., p. 117-118, 121, 127-129, 220-221, 243.
- 83 Voir Journal, éd. 1868, t. II, p. 301. Nous renvoyons pour cette adaptation à notre article « Avata (...)
- 84 On a déjà rappelé la mention faite par Collé de cette comédie « restée parmi [ses] manuscrits, à la (...)
- 85 On en trouvait une copie dans un manuscrit ayant appartenu au regretté Pierre Enckell, « Recueil de (...)
- 86 Il est reproduit par Collé dans son Journal en avril 1754 (éd. 1807, t. II, p. 29-30 ; éd. 1868, t. (...)
27Ainsi reconstitué, cet ensemble qui devait être complété par un troisième, voire un quatrième tome, demeure en l’état une source majeure pour l’étude de la production du dramaturge. On y retrouve des pièces du premier volume autographe des « Manuscrits de Monsieur Collé » : Alphonse l’impuissant, Razibus, Léandre grosse, Le Mariage sans curé, L’Amant poussif et Les Deux Gilles, mais aussi La Mère rivale, ici rebaptisée (avec de menues transformations du texte79) La Lettre de cachet – les trois dernières étant précédées d’un avertissement, proche de celui écrit de la main de l’auteur, concernant sa dette envers M. Girard et M. de Segonzac. Un changement de titre est encore à signaler pour Gilles chirurgien anglais, qui devient Gilles chirurgien allemand ; d’où quelques modifications apportées à cette parade, que Collé appelle simplement Gilles chirurgien dans sa liste chronologique, en la datant de 1748, tandis que le Journal mentionne en septembre 1750 la représentation de Gilles chirurgien anglais à la fin du compte rendu de La Foire du Parnasse80. De cette fête donnée chez les Meulan à Étiolles, le tome I des « Œuvres de Monsieur Collé non imprimées » propose d’ailleurs un texte bien plus complet, alors que celui qu’il offre de La Promenade des Boulevards est identique à celui du Journal, tout comme à la version autographe séparée du fonds Rondel. L’intérêt des deux volumes de Versailles et de l’Arsenal est bien surtout, de fait, de porter à notre connaissance des textes véritablement inédits, et dont il n’existe pas de copie avérée à ce jour – ce qui n’est le cas, en l’occurrence, ni pour Tragiflasque, ni pour Les Accidents ou les Abbés, ni pour Les Belles manières. Ainsi est-il possible de lire des pièces présentes dans la liste de Collé et qu’il évoque plus ou moins longuement dans son Journal : Le Dervis81 (1760), tiré d’un conte de La Fontaine (« L’Ermite »), tout comme Le Berceau82 (1763), autre opéra-comique précédé dans le recueil par un « Discours » et un « Avertissement » ; Le Monde renversé83 (1761), « acte de comédie rajeuni du théâtre de la Foire » ; et Le Véritable amour (1764) en deux actes84. Deux pièces, en outre, sont bien mentionnées dans la liste, mais non dans le Journal, telle la parade en deux actes, « ornée de machines et de spectacles », L’Accouchement invisible (dont la date de 1753 correspond au seul volume manquant des Mémoires), ou bien La Cassette magique (1765), prologue précédant une représentation de la « tragédie magique » en un acte de Tanzaï ou l’Écumoire, « tragédie curieuse, facétieuse et licencieuse ». Deux titres, enfin, ne figurent ni dans la liste, ni dans le Journal : Les Écoliers acteurs, prologue, et L’Enfant rouge, parodie d’une scène d’Athalie85. Quant à Nicaise et à Cocatrix, on pourrait s’étonner, de prime abord, qu’elles se trouvent dans les « Œuvres de Monsieur Collé non imprimées », puisqu’elles ont été publiées par ce dernier dans son Théâtre de Société. Mais en fait, la première, ici qualifiée de « comédie bourgeoise », est précédée d’un « Discours prononcé avant Nicaise » non repris dans le recueil imprimé86, et l’« Avertissement » joint à la seconde est assez différent de celui des éditions de 1768 et 1777 – tandis que le « Discours avant Cocatrix » ne présente guère de variantes. Collé y livre quelques confidences personnelles, après avoir retracé les origines du genre « amphigouristique » auquel appartient sa pièce (qu’il date dans sa liste de 1731) :
- 87 Jean-Baptiste Louis, marquis de Rochemore, ami de d’Argental et de Gresset, ainsi que du maréchal d (...)
Cette tragédie fut faite en 1734 peu de temps après que Monsieur de Rochemaure87 eut ressuscité le genre des Amphigouris. Je dis ressuscité ; car ce n’est point un genre nouveau. Dans Rabelais le Plaidoyer de Baisecu et Humevesse n’est autre chose que de l’Amphigouris. Dans Marot le coq à l’âne à Lyon Jamet en est encore. Scarron a fait aussi une ode dans ce goût-là. […] Enfin […] une Tragi-comédie intitulée Le Galimatias du Sieur Rosier de Beaulieu en cinq actes et en vers qui a été jouée en 1638 […]. Quoi qu’il en soit et quel qu’ait été l’inventeur de ce mauvais genre, Cocatrix a le malheur d’en être. J’ai eu pourtant en vue lorsque je l’ai écrite en style d’Amphigouris, de faire une espèce de Parodie en général de la Tragédie, des situations qui y sont rebattues, des sentiments gigantesques des héros, de la bêtise des confidents, et du style boursouflé et empesé de ces sortes d’ouvrages. Lorsque je l’ai jouée même avec un de mes amis qui est mort et qui était excellent acteur, nous parodions aussi les défauts des différents comédiens de ce temps-là et nous leur donnions en charge. Nous représentions cette tragédie à nous deux. Il faisait trois rôles et je jouais celui d’Amatrox. En s’habillant dans la coulisse, on a le temps qu’il faut pour se travestir, j’entends avec des habits arrangés pour cela.
J’ai cru faire en deux lignes ce petit avertissement et insensiblement je me suis laissé aller à parler d’une pièce que j’avoue être dans un genre détestable ; mais pour laquelle je ne dissimule pas que j’ai encore du faible, quoique je la regarde ainsi que toutes mes Chansons d’Amphigouris comme des fautes de ma jeunesse et qui ont persuadé à bien des gens que j’étais incapable de faire quelque chose de plus raisonnable.
28Outre le remarquable ensemble formé par les recueils des bibliothèques de Versailles et de l’Arsenal, il convient encore de signaler quelques copies non autographes des pièces de Collé, à commencer par la « Suite du Théâtre de Société » provenant de la collection d’Esprit Requien et conservée depuis 1840 à la bibliothèque d’Avignon (musée Calvet). Ce manuscrit (Ms 2705) réunit les cinq œuvres suivantes, dont la première nous est aujourd’hui connue par cette seule version :
-
Les Amants déguisés. Farce en prose et en un acte. Juillet 1752.
-
Alphonse l’impuissant. Tragédie en un acte. Année 1737.
-
Les Accidents ou les Abbés. Comédie en un acte en prose, dans le goût libre du théâtre anglais. Juin 1762.
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Les Belles manières. Parade de cour, en prose et en un acte. Décembre 1753.
-
Tragiflasque. Tragédie en 3 scènes. Août 1749.
- 88 La Bibliothèque historique de la ville de Paris, en particulier, et plus généralement toutes les bi (...)
- 89 G. Capon et R. Yve-Plessis, Les Théâtres clandestins, Paris, Plessis, 1905 p. 110-134.
- 90 Manuscrit non coté de la section « Théâtre de Société », que nous avions pu consulter lorsque le fo (...)
- 91 Razibus est réuni dans ce « Recueil de Parades » (boîte Cauchard 436) à des textes qui n’en sont pa (...)
- 92 Fonds Rondel, boîte Cauchard 437.
- 93 Bulletin de la société de l’histoire du théâtre, février-avril 1909, p. 137-179.
- 94 Il renvoie à la notice de MM. Leprince aîné et Baudrais qui avaient publié en 1789 un Théâtre chois (...)
- 95 Journal, éd. 1868, t. III, p. 234-235.
- 96 Fonds Rondel, boîte Cauchard 431.
- 97 Le recueil existait encore dans son intégralité à l’époque où Jules Cousin, bibliothécaire à l’Arse (...)
29Quant aux autres copies séparées, il n’est certes pas question de prétendre à l’exhaustivité, en l’attente d’investigations complémentaires dans les fonds publics88 et les collections privées. Rappelons néanmoins l’existence, à la bibliothèque de la SACD, de versions manuscrites déjà citées de Razibus (Ms 89) – ajoutée à six parades du Théâtre des Boulevards, dont L’Amant poussif –, des Scènes de guinguette et de Léandre étalon (Ms 86) – copiées « sur le manuscrit original » –, ainsi que de Tragiflasque et des Accidents – en complément du recueil non coté des chansons inédites. Pour ce qui est de la BnF, signalons qu’au département des Manuscrits occidentaux se trouvent non seulement Les Belles manières (F.fr. 24350) – de la collection du duc de La Vallière (commanditaire de l’édition « non autorisée » d’Alphonse l’impuissant) –, mais également Isabelle précepteur (F.fr. 9241) – dont c’est la seule version connue à ce jour (publiée toutefois en 1905 dans un livre sur Les Théâtres clandestins89) –, et L’Amant poussif (F.fr. 9341) – dans un « Recueil de parades en prose » empruntées au Théâtre des Boulevards. Outre les recueils autographes, le département des Arts du spectacle conserve, pour sa part, dans le même fonds Rondel, au moins deux versions de Razibus – dont l’une est associée, on l’a dit, à une copie de Gilles chirurgien anglais90, tandis que l’autre fait partie d’un recueil de textes assez divers91. On y trouve encore une copie isolée des Accidents92 dont on a pu établir qu’elle provient d’un recueil factice ayant appartenu à Amédée Marandet, qui s’en était servi pour publier en 1909 dans le Bulletin de la société de l’histoire du théâtre, sous le titre « Une pièce inédite de Collé », Les Accidents ou les Abbés, « comédie en un acte et en prose, dans le goût libre du Théâtre Anglais93 ». Le texte reproduit y est alors tiré d’un volume portant la mention « Pièces de Théâtre. Tome VIII », où étaient réunies quatre pièces imprimées – Les Dehors trompeurs et Les Talents à la mode de Boissy, Le Mariage de Julie de Saurin, La Mort de Bucéphale de Pierre Rousseau – et six pièces manuscrites : Les Originaux de Fagan, L’Heureuse Pêche, Les Accidents ou les Abbés de Collé, La Médecine de Cythère et Le Tempérament (de Grandval fils), ainsi qu’une parade intitulée Madame Bougras. S’il croit à tort la pièce de Collé inédite94, Amédée Marandet n’en montre pas moins de façon probante que le recueil avait été constitué par l’acteur Préville, dont on sait par le dramaturge lui-même qu’il avait joué la comédie des Accidents le 8 septembre 1769 à sa maison de campagne de Fontenay-sous-Bois95. Par ailleurs, un feuillet retrouvé dans un exemplaire de cette édition de 1909, rédigé de la main du fils d’Amédée Marandet, nous apprend que celui-ci avait dans son testament légué le recueil factice à Auguste Rondel. Ce recueil a donc dû être « démembré », chaque pièce étant désormais conservée à part, telle la comédie des Accidents, ou bien encore la parade de Madame Bougras, que l’on retrouve effectivement dans le même fonds96, et dont la dernière page porte l’indication « Table des Pièces contenues dans ce 8e volume », suivie de la liste évoquée plus haut. Ajoutons que Madame Bougras n’est autre que La Mère rivale de Collé, parade rebaptisée ailleurs, on l’a vu, La Lettre de cachet, et qui a donc probablement été jouée par Préville sous ce nouveau titre. La présence des deux pièces au sein d’un même recueil de ce que l’on pourrait appeler les « Divertissements de Fontenay-sous-Bois » permet d’ailleurs sans doute d’établir un rapprochement avec d’autres volumes spécifiques à un lieu de représentation en société. Il conviendrait ainsi d’évoquer, toujours à propos de Collé, les deux volumes de « Spectacles du château de Berny chez le comte de Clermont » conservés à la bibliothèque de l’Arsenal (Ms 3112-3113), puisque ce « Recueil de rôles détachés de diverses pièces de théâtre » mentionne, de notre auteur, Gilles chirurgien anglais, Isabelle précepteur et Les Amants déguisés. Encore faut-il malheureusement déplorer la disparition de ces trois titres (et d’autres encore) dans les manuscrits consultables aujourd’hui97. De même est-il dommage de n’avoir pu, à ce jour, retrouver la trace du recueil des divertissements composés par Collé pour la famille de Meulan, en particulier à Étiolles ; recueil dont l’existence est attestée par Guizot – dont la première épouse était, on le sait, Pauline de Meulan –, comme en témoignent deux de ses lettres à Laure de Gasparin, datées du 1er novembre 1856 et du 14 octobre 1860 :
Vous ai-je jamais dit que Collé, le chansonnier, avait été le secrétaire de mon beau-père, M. de Meulan, et qu’il faisait pour les fêtes de famille, des chansons et de petites comédies ? J’ai toutes ces pièces manuscrites. C’est étrange à lire aujourd’hui. Et bien gai dans sa liberté. Collé dit en gaîté ce que la Palatine dit en grossièreté.
- 98 Lettres publiées par André Gayot, François Guizot et Mme Laure de Gasparin, documents inédits, 1830 (...)
J’ai retrouvé [dans mes papiers] un dossier intitulé : Mélanges littéraires provenant de la succession de M. de Meulan, mon beau-père. C’est le recueil des vaudevilles, petits drames, chansons, que composait pour lui dans des fêtes de famille son secrétaire Charles Collé, et de je ne sais combien de fragments, pièces du même genre, en prose ou en vers, qui circulaient alors dans le monde. Curieux monument des mœurs du temps ; la gaîté y est aussi franche, je devrais dire aussi cynique que la politique de M. Cavour. Si j’avais une bonne occasion, je vous enverrais ce dossier bien cacheté ; vous vous en amuseriez, en vous en choquant98.
- 99 À la mort de Pannard en 1765, il note que « les quatre volumes que l’avidité d’un libraire est venu (...)
- 100 Collé en est, de fait, l’exécuteur testamentaire, mais on ignore ce qu’ont pu devenir lesdits manus (...)
- 101 Voir notre article « Sur quelques vestiges de la bibliothèque de Charles Collé », dans Le Livre du (...)
30Dans l’attente d’avoir un jour peut-être accès à ce volume et de trouver encore d’autres copies, autographes ou non, des pièces de Collé, on soulignera pour finir l’intérêt de celui-ci pour les manuscrits : ceux de Pannard ou de La Chaussée, par exemple, dont le sort posthume lui importe99, avant qu’il ne devienne en 1777 dépositaire de ceux de Crébillon fils100 ; mais aussi et surtout les siens, auxquels il consacre tant de soins dans les dernières années de sa vie, et qu’il n’omet pas de mentionner, on l’a rappelé, dans son propre testament. Qu’il s’« amuse à corriger et à copier » toutes ses « bagatelles » non imprimées prouve bien l’importance qu’il leur attache, au point de ne pas exclure, après sa mort, une publication de ses Commentaires sur les meilleures tragédies de Voltaire, mais sans rien dire de son Journal, si soigneusement revu et annoté vers 1780, puis édité en 1807, alors même que deux des volumes originaux ont été égarés. Déjà convoités, les manuscrits de Collé, tout comme les copies non autographes de ses pièces inédites, se retrouvent ensuite dans les bibliothèques de maints collectionneurs (de Soleinne à Lebaudy, en passant par Requien, Duputel, Stassart, Marandet ou Rondel), et les bibliophiles ne s’intéressent pas moins aux livres imprimés qui lui ont appartenu, portant son ex-libris et souvent assortis d’annotations autographes101. La mise au jour d’aussi nombreux vestiges de la production dramatique de Collé, dont beaucoup désormais consultables dans des fonds publics, ne peut qu’inciter à en proposer une étude renouvelée, qui dépasse le cadre du strict inventaire auquel nous nous sommes livrés, et à envisager sérieusement une édition critique de ces textes dont plus d’un reste à ce jour complètement inédit. C’est d’ailleurs dans cette perspective que nous publions à la suite du présent article une liste des pièces de théâtre de Collé, inspirée de l’« Ordre chronologique de tous [ses] ouvrages » dont il fait suivre la « Préface générale » de son recueil autographe, mais complétée ou rectifiée sur certains points et enrichie, pour chaque titre, des références précises des manuscrits disponibles, ainsi que des premières versions imprimées.
Bibliographie
Liste des ouvrages dramatiques de Charles Collé
En gras sont reprises textuellement les indications figurant, sous le titre Ordre chronologique de tous mes ouvrages, dans le premier tome des Manuscrits de Monsieur Collé (BnF Rondel), indications publiées en 1807 par A. Barbier en tête de l’édition du Journal, puis en 1864 par H. Bonhomme, avec de nombreux ajouts et commentaires (mais aussi des erreurs), à la fin de la Correspondance inédite. Chacun des titres mentionnés par l’auteur ou ajoutés par nous est suivi de l’indication du ou des manuscrits correspondants (« Ms. », les références soulignées signalant des autographes de Collé) et/ou, le cas échéant, des premières versions imprimées (« Éd. »). Les abréviations utilisées se trouvent détaillées ci-dessous.
BN : Bibliothèque nationale de France (Paris)
ARS : bibliothèque de l’Arsenal
ASP : département des Arts du spectacle (BC : boîte Cauchard)
MO : département des Manuscrits occidentaux
BV : Bibliothèque municipale de Versailles
BA : bibliothèque d’Avignon (Musée Calvet)
SACD : bibliothèque de la SACD (Paris)
ARB : bibliothèque de l’Académie royale de Belgique (Bruxelles)
n.c. : manuscrit non coté
JH 1807 : Journal historique…, Paris, De l’Imprimerie bibliographique, 1807, 3 vol.
JH 1868 : Journal et mémoires…, Paris, Didot, 1868, 3 vol.
JHI 1911 : Journal historique inédit…, Paris, Mercure de France, 1911.
TB 1756 : Théâtre des Boulevards, ou Recueil de Parades, À Mahon […], 1756, 3 vol.
TS 1768 : Théâtre de Société, La Haye, et Paris, Gueffier, 1768, 2 vol.
TS 1777 : Théâtre de Société, La Haye, et Paris, Gueffier, 1777, 3 vol.
CV 1830 : La Cour et la Ville sous Louis XIV, Louis XV et Louis XVI…, Paris, Dentu, 1830.
PI 1864 : Parades inédites de Collé, Hambourg et Paris, 1864.
Cocatrix, tragédie amphigouristique, en vers à rimes riches, en un acte, 1731.
Ms. BV L60
Éd. TS 1768 (II); TS 1777 (III)
Alphonse l’impuissant, tragédie badine, en un acte et en vers, 1737.
Ms. BN (ASP Rondel BC435) ; BV L60 ; BA 2705
Éd. 1740 [Alphonse dit l’impuissant] ; rééd. 1864
Razibus [ou Le Jugement de Salomon], parade, 1740.
Ms. BN (ASP Rondel BC435 et 2 copies n.c. ; ARS 15436) ; SACD 89
Éd. TB 1756 (I) [Léandre hongre]
Léandre étalon, parade, 1741.
Ms. BN (ASP Rondel BC435) ; SACD 86
Éd. PI 1864
L’Amant poussif, parade, 1742.
Ms. BN (ASP Rondel BC435) ; BN (MO FF9341) ; BV L60 ; SACD 89
Éd. TB 1756 (II)
Les Deux Gilles, prologue de Segonzac, rajusté par moi, 1743.
Ms. BN (ASP Rondel B435) ; BV L60
Éd. CV 1830
Léandre grosse, parade, 1744.
Ms. BN (ASP Rondel BC435 ; ARS 15436)
Éd. TB 1756 (III)
La Mère rivale, parade, 1745.
Ms. BN (ASP Rondel BC435 ; ASP Rondel BC431 [Madame Bougras]) ; BV L60 [La Lettre de cachet]
Éd. TB 1756 (III)
Le Mariage sans curé, parade, 1746.
Ms. BN (ASP Rondel BC435) ; BV L60
Éd. CV 1830 ; PI 1864
La Vérité dans le vin, avec l’Évêque d’Avranches, 1747.
Éd. TS 1768 (II) ; TS 1777 (II)
Gilles chirurgien [anglais], parade sans ordures, unique à cet égard, 1748.
Ms. BN (MO NAF 28660) ; ASP Rondel n.c. ; BV L60 [Gilles chirurgien allemand] Éd. 1774 [Le Chirurgien anglais]
Tragiflasque, tragédie en vers et en trois scènes, 1749.
Ms. BV L60; BA 2705; ARB 7426; SACD n.c.
Le Rossignol, opéra-comique, 1750.
Éd. 1764 ; TS 1768 (I) ; TS 1777 (I)
La Foire du Parnasse, fête, 1750.
Ms. BV L60
Léandre grosse, mise en vaudevilles, 1752.
L’Espérance, prologue, 1751.
Éd. TS 1768 (II) ; TS 1777 (II)
Blanc et Noir, parade de Sallé, arrangée et abrégée par moi, 1752.
[Éd. TB 1756 (II)]
Les Belles manières, parade, 1752.
Ms. BN (MO FF24350); BV L60; BA 2705
La Rivale à Lesbos, parade, 1752.
Les Vendanges de la folie, prologue, 1752.
Éd. TS 1777 (III)
L’Accouchement invisible, parade, 1753.
Ms. BV L60
Isabelle précepteur, parade, 1753.
Ms. BN (MO FF9241)
Éd. 1905
Nicaise, comédie, deux actes, prose, 1753.
Ms. BV L60
Éd. TS 1768 (II); TS 1777 (II)
Le Galant escroc, comédie d’un acte, 1753.
Éd. 1767 ; TS 1768 (I) ; TS 1777 (I)
Le Jaloux corrigé, opéra-bouffon, joué et sifflé à l’Opéra, 1753.
Éd. 1753
Daphnis et Églé, acte d’opéra sérieux, musique de Rameau, et représenté sans succès à Fontainebleau en novembre 1753.
Éd. 1753
Scènes [détachées] de [la] Guinguette, petite fête donnée à Bagnolet, 1753 [ou 1760 ?].
Ms. BN (ASP Rondel BC435) ; SACD 86
Éd. PI 1864
La Lecture, prologue en prose, 1754.
Éd. TS 1768 (I) ; TS 1777 (II)
Tanzaï [et Néadarné], tragédie en vers, un acte, 1754.
Éd. 1768 [L’Écumoire] ; TS 1768 (I) ; TS 1777 (II)
Les Amants déguisés, comédie en un acte, 1754 [ou 1752 ?].
Ms. BA 2705
Les Adieux de la Parade, prologue en vers libres, 1754.
Éd. 1767 ; TS 1768 (I) ; TS 1777 (I)
Le Chapeau magique, comédie, deux actes, 1755.
La Veuve, comédie d’un acte, prose, 1756.
Éd. 1764 ; TS 1768 (I) ; TS 1777 (II)
Joconde, opéra-comique, 2 actes, 1757.
Éd. TS 1768 (II) ; TS 1777 (II)
Scène contre la philosophie prétendue, et les prétendus philosophes, en prose, 1757.
Éd. JH 1807 (II) ; JH 1868 (II)
Le Rendez vous manqué par Pierrot, scènes détachées, 1760
Éd. TS 1777 (III)
Le Dervis, opéra-comique, 2 actes, 1760.
Ms. BN (ARS 15436)
La Promenade du Boulevard (incluant La Délicatesse du sentiment, parade), fête, 1761.
Ms. BN (ASP Rondel BC428) ; BV L60
Éd. JHI 1911
Le Monde renversé, petit acte de comédie, rajeuni du Théâtre de la Foire, 1761.
Ms. BV L60
Le Jaloux honteux, de Dufresny, mis en trois actes, 1761.
Éd. TS 1768 (II) ; TS 1777 (II)
Madame Prologue, prologue, 1761.
Éd. TS 1768 (II) ; TS 1777 (I)
La Comédie [Ce que Dieu garde est bien gardé], proverbe, 1762.
Éd. TS 1768 (II) ; TS 1777 (I)
La Tête à perruque ou le bailli, petit conte dramatique, 1762.
Éd. TS 1768 (II) ; TS 1777 (II)
Dupuis et Desronais, 1763.
Éd. TS 1777 (III)
Le Berceau, opéra-comique, 1763.
Ms. BV L60
Clémence Isaure ou les Jeux Floraux, prologue, 1764.
Éd. JH 1807 (III) ; JH 1868 (II)
Le Bouquet de Thalie, prol., 1764.
Éd. TS 1768 (I) ; TS 1777 (I)
La Partie de chasse [ de Henri IV], 1764.
Éd. 1766 ; TS 1768 (I) ; TS 1777 (I)
Le Véritable amour, comédie en 2 actes, prose, jouée avec succès, 1764.
Ms. BN (ARS 15436) [L’Amour d’autrefois]
La même, en cinq actes, 1765.
Éd. JH 1807 (II) [Le Véritable et le faux amour]
Les Accidents [ ou les Abbés], comédie en un acte, 1765 [ou 1762 ?].
Ms. BN (ASP Rondel B437 ; ARS 15436) ; BA 2705 ; ARB 7426 ; SACD n. c.
Éd. 1786 ; 1909
Les Balances du mérite, divertissement dramatique, en un acte, 1765.
La Cassette magique, prologue, 1765.
Ms. BN (ARS 15436)
Il y a un Dieu pour les ivrognes, proverbe en un acte, Bagnolet le 30 avril 1766.
L’Isle sonnante, comédie en prose, mêlée d’ariettes, 1767.
Éd. 1768 ; TS 1777 (I)
La Sensibilité des ivrognes, proverbe historique, 1768.
La Mère coquette, de Quinault, où j’ai changé le rôle du Marquis, 1769.
Éd. 1769
L’Andrienne, de Baron, remise presque à neuf, 1769.
Éd. 1769
L’Esprit follet, d’Hauteroche, refondue presqu’entièrement, 1770.
Éd. 1770
Le Menteur, de Corneille, refondue de même, 1770.
Éd. 1770
Les Écoliers acteurs, s.d.
Ms. BN (ARS 15436)
L’Enfant rouge, s. d.
Ms. BV L60
Notes
1 Journal historique ou Mémoires critiques et littéraires, sur les ouvrages dramatiques et sur les événements les plus mémorables, depuis 1748 jusqu’en 1772, inclusivement, par Charles Collé, auteur de La Partie de chasse de Henri IV, imprimés sur le manuscrit de l’auteur, et précédés d’une notice sur sa vie et ses écrits, Paris, De l’Imprimerie bibliographique, 1807, 3 vol., t. I, p. xvi.
2 « C’est en finissant ma soixante et onzième année, et même ayant déjà mangé sur ma soixante-douzième, que j’ai fait la revue et la réforme de ces Journaux » (Ibid., t. III, p. 593).
3 Ibid., t. I, p. xxiv.
4 Paris, Barrois et Benou, 1828, no 1014.
5 Journal et mémoires de Charles Collé sur les hommes de lettres, les ouvrages dramatiques et les événements les plus mémorables du règne de Louis XV (1748-1772), Paris, Didot, 1868, 3 vol.
6 Ibid., t. I, p. vi.
7 Ibid., t. I, p. i.
8 Charles Collé, Journal historique inédit pour les années 1761 et 1762, Paris, Mercure de France, 1911.
9 Catalogue de la bibliothèque de M. Henri Monod, 4e Partie, Paris, Ch. Bosse, 1921, no 2382.
10 Journal, éd. 1807, t. I, p. xxiv.
11 Ibid., t. I, p. xxiii.
12 Recueil publié « À Hambourg et à Paris, chez tous les marchands de nouveautés. » Outre les chansons déjà imprimées auparavant, cette édition visiblement française en comprend 38 nouvelles, dont le préfacier explique ainsi la provenance : c’est Collé lui-même qui les a « ajoutées de sa main à la suite du troisième volume de son exemplaire du Théâtre de Société, édition de 1777. C’est sur cet exemplaire tombé entre nos mains qu’a été imprimé le nouveau recueil qu’on publie aujourd’hui ». L’éditeur serait, selon Béranger, Louis-Simon Auger, comme le rappelle Pierre Enckell dans son article sur les chansons de Collé.
13 Archives Nationales, Minutier Central, LVI-293.
14 Voir Patrice Coirault, Formation de nos chansons folkloriques, Paris, Éditions du Scarabée, 1953, p. 41 et 264.
15 En fait, les deux pièces jointes aux chansons inédites ne sont pas des « parades », mais Tragiflasque, « tragédie en trois scènes amphigouriques », et Les Accidents ou les Abbés, « comédie dans le goût anglais » (voir infra).
16 Louis-Jean-Baptiste Ardillier de Laumont, reçu en 1781 chevalier de l’ordre de Saint-Michel.
17 Archives Nationales, Minutier Central, LVI-293.
18 Correspondance inédite de Collé faisant suite à son Journal accompagnée de fragments également inédits de ses œuvres posthumes publié sur les manuscrits autographes originaux avec une introduction et des notes par Honoré Bonhomme, Paris, 1864, lettres 47 et 48, p. 251 et 256.
19 Barbier précise en note à la fin de la liste des ouvrages de Collé qu’il reproduit d’après le « manuscrit de l’auteur » : « Nous pouvons ajouter à l’Ordre Chronologique ci-dessus des commentaires sur les meilleures tragédies de Voltaire (Œdipe, Zaïre, Alzire), in-4 ° mis au net par Collé en 1777 » (Journal, éd. 1807, t. I, p. xxiv).
20 Correspondance inédite, op. cit., p. 335-354 et p. 389-470.
21 Ancien maître des requêtes au conseil d’État, ancien conseiller référendaire à la cour des comptes, et chef du cabinet au ministère de l’Instruction publique et au ministère des Affaires étrangères de 1832 à 1848.
22 Auteur dramatique, traducteur d’Horace et participant des Dîners du Vaudeville, Jean-Baptiste Denis Desprès (1752-1832) avait été secrétaire du Baron de Bésenval avant la Révolution, puis, à partir de 1805, secrétaire des commandements du Prince Louis Bonaparte, avant de rejoindre le conseil de l’université de Paris.
23 [Jean-] François Barrière (1786-1868), le savant éditeur de la « Bibliothèque des mémoires relatifs à l’histoire de France pendant le 18e ».
24 Manuscrit non coté, boîte Cauchard 435.
25 Le premier volume autographe de ces Commentaires se termine d’ailleurs par un « Avis à mes éditeurs, si j’en ai ». Voir en outre les indications fournies dans ses lettres à M. de V***, tout comme dans son testament.
26 Correspondance inédite, op. cit., p. 251 et 256.
27 Journal, éd. 1868, t. III, p. 161.
28 Correspondance inédite, op. cit., p. 358-359.
29 Ibid., p. 355-387.
30 Journal, éd. 1807, t. I, p. iii-vi. Citant « un manuscrit que son possesseur a eu l’obligeance de [lui] communiquer », Barbier fait en note l’éloge de « M. Desprès […] : le talent et la gaieté qui règnent dans les pièces que cet auteur a fait jouer sur nos différents théâtres, le font regarder comme un des plus dignes successeurs de Collé ».
31 La Cour et la Ville sous Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, ou Révélations historiques tirées de manuscrits inédits, et publiées par F. Barrière, Paris, Dentu, 1830, p. 139-148 et p. 133-138. Les deux parades imprimées sont Les Deux Gilles (p. 151-176) et Le Mariage sans curé (p. 389-426).
32 Ibid., p. 131-132.
33 Manuscrit non coté, conservé dans la même boîte Cauchard 435 que le tome I des « Œuvres posthumes ».
34 Parades inédites de Collé – Le Mariage sans curé ; La Guinguette ; Léandre étalon – publiées textuellement d’après les manuscrits de l’auteur, sans notes, Hambourg et Paris, 1864.
35 Correspondance inédite, op. cit., p. 365-366.
36 À propos d’une « petite fête de chambre » donnée à Bagnolet le 30 avril 1766, Collé dit avoir eu recours à une ode sur « Les différents états » : « Sur cela je tirai l’ode que j’ai faite anciennement, et qui est dans mon Recueil intitulé Grosses Gaietés » (Journal, éd. 1868, t. III, p. 88).
37 Ibid., p. 95-96.
38 « Préface générale », Correspondance inédite, op. cit., p. 360.
39 Éditions de 1768 (2 vol.) et de 1777 (3 vol.) publiées l’une et l’autre à La Haye, et à Paris, chez Gueffier.
40 « Préface générale », Correspondance inédite, op. cit., p. 365.
41 « Sur Alphonse l’Impuissant », Correspondance inédite, op. cit., p. 378. Malgré la date de 1738 mentionnée par Collé, il ne semble pas exister d’autre édition que celle de 1740.
42 Théâtre des Boulevards, ou Recueil de Parades, À Mahon, De l’Imprimerie de Gilles Langlois, à l’Enseigne de l’Étrille, 1756, 3 vol.
43 « Magnière de discours », Correspondante inédite, op. cit., p. 381. Les parades attribuées à Moncrif et à Piron sont respectivement L’Amant cochemard et Le Marchand de merde.
44 Correspondance inédite, op. cit., lettre lvii, p. 305-306. Ajoutons que dans le Journal, en janvier 1758, Collé évoque « Corbie, cet écumeur de littérature, qui vole les manuscrits à droite et à gauche, et qui a fait imprimer le Théâtre des Boulevards » (éd. 1868, t. II, p. 126).
45 De fait, dans les anecdotes « Sur Alphonse l’impuissant » figurant dans le même recueil, Collé nous révèle que les jeunes seigneurs devant jouer cette tragédie badine au château de Champs pendant la Semaine Sainte de 1737 avaient également prévu d’y représenter Razibus (Correspondance inédite, op. cit., p. 372).
46 Ms Rondel, f° 70.
47 Ms Rondel, f° 220.
48 Voir dans le présent volume son article sur « La Mère rivale dans tous ses états ».
49 Ms Rondel, f° 144.
50 Ms Rondel, f° 168. Dans l’« Ordre chronologique » de ses ouvrages, Collé présente d’ailleurs la pièce en ces termes : « prologue de Segonzac, rajusté par moi ». Voir un passage du Journal (éd. 1868, t. II, p. 14) où, en avril 1755, est évoquée la mort de Fagan, « qui avait un talent supérieur pour la comédie, [mais] s’était laissé abrutir par le vin, la crapule, la mauvaise compagnie et la misère. Il y a plus de quinze ans qu’il était incurable ; il perdit tout quand M. de Segonzac, son cousin germain, mourut ; c’était le seul homme qui eût quelque crédit sur son esprit. [Il] lui donnait des secours pécuniaires, et l’empêchait de faire des sottises littéraires ». Collé le cite aussi dans une lettre à M. de V*** du 18 mai 1776 (Correspondance inédite, op. cit., p. 127) : « Vous m’avez peut-être entendu parler d’un M. de Segonzac, qui était mon intime ami dans ma jeunesse. C’était un très honnête homme, très sensible, très gai, et aimant le plaisir à la fureur. »
51 Voir supra, note 31.
52 Cette deuxième parade qui fait suite à Razibus dans le recueil autographe y est précédée de cet avertissement : « L’on prévient que dans toutes les autres Parades qui suivront, l’on ne trouvera plus, comme dans la précédente, l’exactitude et la régularité de l’orthographe propre au genre de la Parade. Le lecteur intelligent aura la bonté, ou non, d’y suppléer. Plus de mauvaises liaisons, plus de mots estropiés. L’on ne se permettra que celles, et ceux, qu’il ne pourrait deviner, et qui sont au-dessus de ses lumières. L’on s’est aperçu, en copiant Razibus, la difficulté que l’on aurait à lire cette partie des Manuscrits, dont le caractère d’écriture n’est pas, d’ailleurs, fort aisé à déchiffrer, quoiqu’il ait une assez belle apparence, qui est trompeuse » (Ms Rondel, f° 112).
53 Voir supra, note 34.
54 Journal, éd. 1868, t. II, p. 227-234 (p. 231-232 pour le compte rendu de la « scène à l’improviste »).
55 Ms Rondel, f° 194.
56 Ibid.
57 Journal historique inédit, op. cit., p. 131-157.
58 Manuscrit non coté, boîte Cauchard 428.
59 Paris, 1840, p. 22, no 234.
60 N.a.f. 28660, f° 25-38. Voir Lettres et manuscrits autographes. Succession Eugène Rossignol, Paris Drouot Richelieu, 22-23 mai 1997, no 27. Acquisition signalée dans le no 1 de janvier 1999 de la Revue de la BnF.
61 « Parade. Par M***. À Londres, et à Paris, chez la Veuve Duchesne ». Publication parfois attribuée à Jean Monnet.
62 Op. cit., no 560. La notice précise que « Collé avait soumis son manuscrit à l’examen de son ami Saurin de l’Académie française » et que « Les observations, de la main de Saurin, se trouvent sur plusieurs feuillets du manuscrit ». Sur ces commentaires de Saurin, voir le Journal de juin et juillet 1765 (éd. 1868, t. III, p. 38-39).
63 Journal, éd. 1807, t. II, p. 407-532.
64 Paris, Au Bureau du Cabinet Historique, 1872. Le Journal historique y constitue le no 319 (cote F. 2106).
65 Journal historique inédit, op. cit., p. 261. Si ce manuscrit n’est pas mentionné non plus par Louis Paris en 1872, il n’en reste pas moins que Collé n’avait pas manqué de conserver soigneusement le texte original de La Vérité dans le vin. « On trouvera dans mes manuscrits une copie de cette comédie, avec l’évêque, qui la rend meilleure qu’avec Milord », précise une note ajoutée au Journal en 1780 (éd. 1868, t. I, p. 77).
66 4e Partie, op. cit., n ° 2380. La date indiquée de 1756 est peut-être le fait d’une inversion (au lieu de 1765). En revanche, le rédacteur de la notice sur cette comédie plus souvent intitulée Les Accidents ou les Abbés se trompe en la donnant pour inédite, puisqu’elle avait été imprimée en 1786 (Amsterdam, C.-N. Guérin), et venait encore de l’être, en 1919, par Amédée Marandet (voir infra).
67 Catalogue de la Bibliothèque dramatique de M. de Soleinne, Paris, Administration de l’Alliance des Arts, 1843-1845, no 2054.
68 Catalogue des livres rares et précieux de la Bibliothèque de M. E. B***, Paris, Potier, 1850, no 1028.
69 Bibliothèque du Baron de Stassart léguée à l’Académie royale de Belgique, Bruxelles, Hayez, 1863, no 4444.
70 Cote 7426. Nous remercions la bibliothécaire, Mme Claire Pascaud, de nous en avoir facilité la consultation.
71 Journal, éd. 1868, t. I, p. 94-95.
72 Il s’agit probablement de Mme Lescarmotier, dont la sœur était la mère de Pétronille-Nicole Bazire (épousée par Collé en juillet 1756), et dont la fille était mariée à M. de Caze, fermier général. Collé mentionne sa mort en août 1751, et reproduit des vers satiriques qu’il avait faits sur elle en 1746 (Journal, éd. 1868, t. I, p. 339-344).
73 Notons que cet avis « Au Lecteur » se retrouve, avec de menues variantes, et sous un autre intitulé (« Manière de préface, ou Discours inutile ») en tête de la copie non autographe de Tragiflasque jointe au recueil manuscrit des chansons de Collé conservé à la bibliothèque de la SACD (voir supra, note 15).
74 1er et 15 mai 1880 [Livres en vente à la Librairie Jules Martin (successeur d’Aubry) à Paris], p. 178, no 1822.
75 « Château de Rosny – La Solitude ».
76 Notices extraites du catalogue manuscrit de la bibliothèque de M. D*, Rouen, Brière, 1839, p. 56-57. Le texte de la notice correspondante a d’ailleurs été découpé et collé aux premières pages du manuscrit.
77 Deuxième Partie (Manuscrits – Lettres Autographes – Supplément), Paris, Techener, 1861, no 3216.
78 Vente du 10 au 16 décembre 1894 (no 893), mentionnée dans le Répertoire des ventes publiques cataloguées de livres, autographes, vignettes, estampes et tableaux, le 19 février 1895.
79 Voir sur ce point l’article de Jennifer Ruimi déjà cité.
80 Journal, éd. 1868, t. I, p. 230.
81 Voir Journal, éd. 1868, t. II, p. 248, 255-257, 263-265 ; Journal historique inédit, op. cit., p. 127, 204-208 ; et Correspondance inédite, op. cit., p. 323-325 (« Réponse de Collé à des critiques qui avaient été dirigées contre une de ses pièces »).
82 Voir Journal historique inédit, op. cit., p. 117-118, 121, 127-129, 220-221, 243.
83 Voir Journal, éd. 1868, t. II, p. 301. Nous renvoyons pour cette adaptation à notre article « Avatars du Monde renversé de Lesage et d’Orneval (1718) sur les scènes du XVIIIe siècle », in Les figures du monde renversé de la Renaissance aux Lumières. Hommage à Louis Van Delft, à paraître en 2013 à Paris aux Éditions Hermann (coll. « République des Lettres »).
84 On a déjà rappelé la mention faite par Collé de cette comédie « restée parmi [ses] manuscrits, à la fin du tome quatrième » (Journal, éd. 1868, t. III, p. 95), et la publication par Barbier en 1807 de sa version en cinq actes.
85 On en trouvait une copie dans un manuscrit ayant appartenu au regretté Pierre Enckell, « Recueil de Parades », assorti de la mention « tomes 3 et 4 », où figuraient en outre Le Remède à la mode, Isabelle grosse par vertu, Ah que voilà qui est beau, Léandre ambassadeur, Caracataca et caracataqué, L’Amant poussif et Léandre hongre.
86 Il est reproduit par Collé dans son Journal en avril 1754 (éd. 1807, t. II, p. 29-30 ; éd. 1868, t. I, p. 412-413).
87 Jean-Baptiste Louis, marquis de Rochemore, ami de d’Argental et de Gresset, ainsi que du maréchal de Saxe. Il est l’auteur d’un recueil de poésies restées inédites.
88 La Bibliothèque historique de la ville de Paris, en particulier, et plus généralement toutes les bibliothèques (mais aussi les Archives) en province, voire à l’étranger.
89 G. Capon et R. Yve-Plessis, Les Théâtres clandestins, Paris, Plessis, 1905 p. 110-134.
90 Manuscrit non coté de la section « Théâtre de Société », que nous avions pu consulter lorsque le fonds Rondel se trouvait encore à la bibliothèque de l’Arsenal. Sur la tranche de la reliure figurait, en plus des deux titres, la mention « Parades de Gallet ».
91 Razibus est réuni dans ce « Recueil de Parades » (boîte Cauchard 436) à des textes qui n’en sont pas, comme Le Congrès des Bêtes, une Parodie d’Atys sur l’air de la Béquille, une Parade infernale (dialogue entre les ombres de Mmes de Mazarin, de Châteauroux et de Vintimille), une Parodie d’Iphigénie (mettant en scène Mmes de Mailly et de La Tournelle), une Parodie d’Inès de Castro en vaudevilles sur l’air des mirtlitons, etc.
92 Fonds Rondel, boîte Cauchard 437.
93 Bulletin de la société de l’histoire du théâtre, février-avril 1909, p. 137-179.
94 Il renvoie à la notice de MM. Leprince aîné et Baudrais qui avaient publié en 1789 un Théâtre choisi de Collé où ils évoquaient deux pièces « dont l’une est intitulée Tragiflasque et l’autre Les Accidents ou les Abbés, mais dont aucune des deux ne nous est connue autrement que par le titre seul ». Or, il y avait eu en 1786 une édition dont Marandet ignore encore l’existence en 1909 : Les Accidents ou les Abbés, « comédie en un acte et en prose, dans le goût libre du théâtre anglais, par M. Collé, lecteur du duc d’Orléans », Amsterdam, C.-N. Guérin, 1786.
95 Journal, éd. 1868, t. III, p. 234-235.
96 Fonds Rondel, boîte Cauchard 431.
97 Le recueil existait encore dans son intégralité à l’époque où Jules Cousin, bibliothécaire à l’Arsenal, publia son étude sur Le Comte de Clermont, sa cour et ses maîtresses (Paris, Académie des bibliophiles, 1857).
98 Lettres publiées par André Gayot, François Guizot et Mme Laure de Gasparin, documents inédits, 1830-1864, Paris, Bernard Grasset, 1934, p. 438 et 539.
99 À la mort de Pannard en 1765, il note que « les quatre volumes que l’avidité d’un libraire est venue à bout [de lui] arracher » ne contiennent « que la moindre partie de ses ouvrages », et il dit avoir « vu une très grande malle pleine entièrement de ses brouillons de fêtes », son confrère en ayant « perdu ou jeté au feu quatre fois autant » (Journal, éd. 1868, t. III, p. 37). Dès 1760, il évoquait Pannard « travaillant à un recueil de poésies dont il fait un choix pour le donner au public. Ce recueil contiendra peu de choses, en comparaison de tout ce qu’il a composé […]. Quand son édition sera faite, j’ai dans l’idée de lui proposer de me vendre le reste de ses manuscrits, et je lui en donnerai le prix qu’il m’en demandera » (Ibid., t. II, p. 245). De même écrivait-il en 1754, à la mort de La Chaussée : « je n’ai pu encore savoir entre les mains de qui sont tombés ses manuscrits ; il laisse plusieurs pièces qui n’ont point été jouées, entre autres, L’Homme de fortune » (Ibid., t. I, p. 408).
100 Collé en est, de fait, l’exécuteur testamentaire, mais on ignore ce qu’ont pu devenir lesdits manuscrits. Voir Jean Sgard, Crébillon fils, le libertin moraliste, Paris, Desjonquères, 2002, p. 278.
101 Voir notre article « Sur quelques vestiges de la bibliothèque de Charles Collé », dans Le Livre du monde, le monde des livres. Mélanges en l’honneur de François Moureau, Paris, PUPS, 2012, p. 991-1005.
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