L’économie coréenne entre deux crises économiques

Wooseok Ok; Junho Yang

doi:10.4000/books.pur.54023

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Capitalismes asiatiques

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Julien Vercueil, Revue de la régulation, mis en ligne le 23 décembre 2015. URL : https://journals.openedition.org/regulation/11410 ; DOI : https://doi.org/10.4000/regulation.11410

L’économie coréenne entre deux crises économiques

Hybridation ou convergence vers une régulation marchande ?

Wooseok Ok et Junho Yang

p. 265-287

Extrait

Introduction

1La crise financière de 1997 a révélé les faiblesses inhérentes au modèle traditionnel de développement coréen. Les économistes traditionnels ont attribué le succès de la Corée avant la crise à sa stratégie de développement « favorable au marché » (Banque mondiale, 1997). Une explication plus plausible à ce succès serait de dire qu’il est le résultat de la combinaison de politiques d’investissement actives, de politiques industrielles tournées vers l’exportation, d’institutions financières modérément contrôlées et d’une relation spécifique entre l’État et les entreprises (Ok, 2004). Toutefois, l’histoire démontre que le succès d’un modèle de développement conduit à sa propre perte. La crise financière de 1997 a révélé les faiblesses inhérentes au modèle traditionnel de développement coréen au moment où il devait relever de nouveaux défis tels que la mondialisation croissante, la domination grandissante du capital financier dans l’économie mondiale, la modification

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2008

1 Un exemple typique est celui de la clause additionnelle des réglementations du ratio d’adéquation du capital de la BRI, qui réglemente le ratio du compte des capitaux des banques (article 2 de la loi bancaire) ; cette clause a été amendée en février 1999. Cette réglementation a poussé les banques commerciales à revoir leurs prêts aux entreprises en se concentrant davantage sur des principes tournés vers le marché.

2 De très nombreux politiciens coréens considéraient que l’une des principales causes de la crise financière de 1997 était le déclin de la profitabilité causé par l’excès de compétition dans le secteur bancaire. Dans ce contexte, en juin 2000, le gouvernement coréen a modifié la loi sur les fusions et les acquisitions (F & A) des institutions bancaires, ce qui a servi de base pour ensuite encourager vigoureusement les F & A entre les banques locales, qui possédaient des succursales dans plusieurs régions et villes métropolitaines.

3 Lorsqu’une banque est plus importante, les prêts « basés sur les relations » deviennent plus chers, car le processus de prise de décision au sein de la banque devient plus complexe et l’utilisation de données qualitatives est plus limitée.

4 Voir Park (2005) pour une étude empirique plus exhaustive à ce sujet.

5 Par exemple, les interventions et les réglementations du gouvernement sur la variation du taux de change ont été maintenues jusqu’en décembre 1997 avec le « système de taux moyen du marché ».

6 Le concept de « régime d’accumulation basée sur la consommation et l’investissement » de cette étude est différent de celui utilisé généralement par les auteurs de la théorie de la régulation. Nous adoptons cette terminologie, surtout d’un point de vue empirique, pour décrire les spécificités du régime d’accumulation de la Corée avant 1997. Le renforcement du pouvoir d’achat des consommateurs, dû à de fortes augmentations de salaire depuis la fin des années 1980, a provoqué un fort effet de retour entre la consommation privée et l’investissement en équipement. Cet aspect du régime d’accumulation coréen avant 1997 semble être assez similaire à ce que l’on retrouve dans le fordisme classique. Cependant, il se distingue du fordisme classique par la forte causalité existant entre consommation privée et investissement en équipement, et vice versa. Cette observation est confirmée par le résultat d’estimation obtenu à partir d’un modèle VAR (vectoriel autorégressif), qui n’a pas été cité ici pour des raisons de longueur de cet article.

7 Cependant, en Corée, l’indice boursier n’influence pas la consommation privée de la même manière que sous le régime d’accumulation des États-Unis, qui est l’exemple typique d’un régime financiarisé.

8 Pendant la période de forte croissance, les impacts négatifs de ce système de sous-traitance sur les PME étaient partiellement compensés par des effets d’entrainement positifs provenant des bons résultats des groupes chaebol. Il se trouve que ces avantages sont dissipés par l’évolution des stratégies des entreprises pour aller vers un plus grand recours à la sous-traitance et un affaiblissement des relations intersectorielles, qui sont dues à l’augmentation des délocalisations chez les grandes entreprises et au développement de l’industrie des technologies de l’information.

9 Par exemple, pendant la grève chez Hyundai Motors, l’annonce par la direction du licenciement collectif de 2 678 travailleurs a provoqué une grève d’un mois et demi. La grève a pris fin lorsque la direction a décidé de ne licencier que 277 travailleurs. Finalement, Hyundai Motors a ajusté ses effectifs par le système des rachats de contrat (« retraite anticipée »).

10 La probabilité d’un fort taux de syndicalisation augmente en fonction de la capacité de l’employeur à payer, celle-ci étant étroitement liée à la place de l’entreprise en question sur son marché. Ainsi, le taux de syndicalisation est plus élevé de 4,6 points dans les industries fortement concentrées. Une étude récente indique que dans les industries dont le coefficient de concentration de trois entreprises est supérieur aux autres de 10 %, les travailleurs non syndiqués gagnent en moyenne 1,4 % de plus que dans les autres industries, mais ce différentiel monte à 2,4 % pour les travailleurs syndiqués (Kim, 2007). Le système de sous-traitance coréen renforce encore ces asymétries en termes de pouvoir de négociation.

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Référence numérique du chapitre

Ok, W., & Yang, J. (2015). L’économie coréenne entre deux crises économiques (E. Lafaye de Micheaux & D. Toudic, trad.). In A. Isogai, H. Uemura, & R. Boyer (éds.), Capitalismes asiatiques (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.54058

Ok, Wooseok, et Junho Yang. « L’économie coréenne entre deux crises économiques ». In Capitalismes asiatiques, édité par Akinori Isogai, Hiroyasu Uemura, et Robert Boyer, traduit par Elsa Lafaye de Micheaux et Daniel Toudic. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2015. https://doi.org/10.4000/books.pur.54058.

Ok, Wooseok, et Junho Yang. « L’économie coréenne entre deux crises économiques ». Capitalismes asiatiques, édité par Akinori Isogai et al., traduit par Elsa Lafaye de Micheaux, Daniel Toudic, Presses universitaires de Rennes, 2015, https://doi.org/10.4000/books.pur.54058.

Référence numérique du livre

Isogai, A., Uemura, H., & Boyer, R. (éds.). (2015). Capitalismes asiatiques (E. Lafaye de Micheaux & D. Toudic, trad.; 1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.54023

Isogai, Akinori, Hiroyasu Uemura, et Robert Boyer, éd. Capitalismes asiatiques. Traduit par Elsa Lafaye de Micheaux et Daniel Toudic. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2015. https://doi.org/10.4000/books.pur.54023.

Isogai, Akinori, et al., éditeurs. Capitalismes asiatiques. Traduit par Elsa Lafaye de Micheaux et Daniel Toudic, Presses universitaires de Rennes, 2015, https://doi.org/10.4000/books.pur.54023.

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