1 C’est-à-dire la loi de formation des prix.

2 F. Engels, 1950, p. 349.

3 Cf. C. Bobrowski, 1965.

4 Cf. par exemple J. P. Nettl, 1972.

5 Cf. P. Vallerant, 1972, p. 11.

6 Cf. Le débat soviétique sur la loi de la valeur, Critiques de l’Économie politique, Maspero, 1972.

7 E. Préobrajensky, 1966.

8 On retrouve ici l’idée de lutte entre deux réseaux de prix et il est possible d’utiliser l’algorithme développé pour théoriser la phase de transition entre l’économie médiévale et l’économie capitaliste, mais en l’adaptant : le secteur planifié se substitue au secteur archaïque et le vainqueur du duel n’est plus le secteur capitaliste.

9 Cf. les textes de Boukharine dans Le débat soviétique, op. cit.

10 La comptabilité nationale occidentale définit traditionnellement une branche comme un regroupement d’unités de production à produit homogène et un secteur, comme un regroupement de centres de décisions autonomes à fonctions identiques. Le planificateur soviétique semble toujours avoir été partagé entre ces deux principes. D’abord trouver un responsable (un centre de décision autonome) : c’est le principe de l’« adresnost » qui veut qu’à chaque indice planifié corresponde une organisation (adress) responsable de l’exécution (M. Ellman, 1973, p. 31). Ensuite conserver une certaine transparence à la division du travail en sauvegardant le principe de branche. Cette transparence est nécessaire àune détermination directe de l’équilibre des quantités et constitue une manifestation de la contrainte homothétique. Il faut interpréter les différentes hésitations entre les principes sectoriels et territoriaux ainsi que le phénomène des « unions » comme autant de manifestations de cette double exigence : respecter la contrainte homothétique, choisir un responsable.

11 Par exemple les hésitations précédentes entre les principes sectoriels et territoriaux de planification ; le phénomène de création des unions de production et des unions industrielles.

12 Pour les aspects institutionnels, voir par exemple M. Lavigne, 1970 ; A. Nove, 1961, 1978 ; M. Ellman, 1971.

13 Cf. R. Tartarin, 1975.

14 Cf. Chomentowski-Garfinkiel, 1972.

15 Cf. M. Meyer, 1966.

16 Se pose le problème de l’agrégation. Généralement il est fait la moyenne arithmétique des normes déterminées au niveau des entreprises. Parfois ces normes sont néanmoins établies à partir de regroupement de produits, cf. R. Tartarin, 1975.

17 Dans le système des quantités (X = QX [1 + G]).

18 Cf. M. Manove, 1971, et M. Montias, 1959.

19 L’emploi du présent évite d’alourdir l’exposé.

20 Évaluées à partir des balances ex post publiées par la Direction centrale des statistiques.

21 « Il y a à la base une logique systémique expliquant cette fonction de leader de l’Instance politique dans le processus de changement des proportions et de la forme de la structure industrielle, donc de la stratégie économique en général. Car qui d’autre peut prendre les décisions nécessaires ? L’image de l’économie entière est seulement visible au sommet. Au-dessous les secteurs, départements et ministères ont des œillères » (A. Nove, 1978, p. 168).

22 Encore appelées communément « chiffres de contrôle ».

23 Il est intéressant de faire un lien avec les « procédures d’ouverture » des économies marchandes, cf. supra, deuxième partie.

24 Des déterminants endogènes subsistent néanmoins comme nous le montrons plus bas (cf. aussi supra, chap. VI).

25 Les unités de production sont censées adopter ici un comportement passif.

26 Il s’agit autant de matières premières et auxiliaires que de machines, pièces détachées, produits d’entretien, unités de travail.

27 Cf. R. Tartarin, 1975, p. 176.

28 A matrice des normes de capital circulant ; B/T, matrice des normes de capital fixe.

29 De même que précédemment les ministères effectuaient un contrôle des demandes d’entreprises en élaborant leurs propres plans d’approvisionnement, de même le Gosplan confronte les demandes d’investissement des branches au plan initial des investissements. C’est pourquoi le plan retenu est en fait « le résultat de l’intéraction au sein des organisations de planification, des balances de matériaux, des demandes de la base et des directives du parti » (A. Nove, 1961, p. 120).

30 Pour que cela soit le cas, il faudrait une technique du type Q = A + CL’, intégrant une norme de consommation salariale.

31 Phénomène renforcé par l’adoption de la « Loi de croissance prioritaire du secteur I », énoncée par Staline dès 1928 (cf. supra le débat soviétique sur la loi de la valeur) et érigée progressivement en « loi fondamentale du socialisme » (W. Andreff, 1993, p. 62).

32 La demande reste estimée pour les biens de consommation.

33 P. Davies, 1973, p. 277. On trouvera une description précise de la méthode utilisée au Gosplan dans W. Andreff, 1993.

34 On trouvera dans J. Bernard et S. Nora (1959) une description de ces méthodes ainsi que dans M. Ellman, 1973.

35 M. Isaev, 1969, p. 179.

36 « La méthode des balances se définit comme une méthode de collecte et d’analyse des données statistiques grâce à laquelle les ressources et les emplois des produits – ou de quelqu’autre indice économique – sont comparés. Elle n’est que cela. La question de savoir si ces indices sont reliés les uns aux autres n’est même pas évoquée » (M. Isaev, 1969, p. 42). Cf. également sur cette question M. Montias, 1959, et J. Kornaï, 1967.

37 Cf. R. Tartarin, 1975 ; C. E. Lagasse, 1979 ; M. Meyer, 1966 ; G. Garvy et P. -H. Bernard, Cahier de l’ISEA, n ° 18.

38 Cette opération de « rattachement » est close quand « les utilisateurs reçoivent des bons de commandes (narjadzakaz) à destination de producteurs déterminés et les producteurs, des plans de production et de livraisons détaillés » (R. Tartarin, 1975, p. 40). Le « mécanisme d’attachement préférentiel » repose à présent sur une logique de quantités.

39 Néanmoins il est exceptionnel que fournisseur et utilisateur soient réunis directement par un contrat. Généralement les engagements réciproques des deux parties se font indirectement et passent par l’intermédiaire d’une base du Gossnab.

40 La répartition en nature des biens de consommation a eu lieu durant les périodes 1928-1935 et 1941-1947. Cf. Kondratiev, Problems of Economics, n ° 11, et M. Ellman, 1973, p. 156.

41 N. Spulber, p. 121.

42 Cf. C. Bettelheim, 1970, p. 46.

43 Cf. M. Dobb, 1969, p. 164, et G. Grossman, 1963, p. 115.

44 Cette idée de tâtonnement est suggérée dans M. Abdel Fadil, 1975, p. 228, note 1 : « Certains économistes dans les pays socialistes avancent une interprétation “empiriste” à propos de l’instauration du système à deux niveaux dans la pratique économique des pays socialistes. Ils voient dans ce système un sous-produit du processus inflationniste provoqué par le vaste programme d’industrialisation. À mesure que le fonds de salaires est toujours excédentaire par rapport à l’offre de biens de consommation, le relèvement des prix des biens de consommation devient une nécessité inévitable. » Cf. aussi G. Garvy et P. -H. Bernard, p. 69.

45 Sur le champ de validation des prix de gros, cf. M. Bornstein, 1962, p. 64-103.

46 Sur ces problèmes, cf. H. Denis et M. Lavigne, 1965, p. 45, et C. Beaucourt, 1971.

47 La planification soviétique utilise en fait conjointement deux méthodes pour déterminer ce coût de production : « Le prix de revient de la production de l’entreprise peut être considéré, soit comme la somme des charges supportées pour la fabrication et l’écoulement, soit comme la somme des prix de revient des différents biens et services composant la production de l’entreprise » (M. Meyer, 1966, p. 563). Ceci permet un contrôle supplémentaire des échelons supérieurs sur l’évaluation du coût de production donnée par l’entreprise.

48 Il faut voir dans cette pratique bien sûr une conséquence de la problématique du socialisme de Marx.

49 Cf. M. Abdel Fadil, 1975, p. 168, et O. Kyn, B. Sekerka et I. Hels, 1967.

50 O. Kyn, B. Sekerka et L. Hels, 1967, p. 106.

51 Des éléments d’information sur la fixation concrète des prix sont rassemblés dans A. Lipowsky, 1976, p. 141-186, C. S. Nagy, 1975, et A. Komin, 1973.

52 Il faut distinguer le taux de salaire horaire w_i et le revenu R_k d’un ménage. Par définition la somme des salaires distribués par les unités de production est égale à la somme des revenus perçus par les S consommateurs .

53 « L’économie de distribution idéalise les opérations commerciales d’une collectivité dans laquelle la production et la répartition des revenus seraient soustraites au marché tandis que les prix seraient fixés de manière à assurer que les demandes des consommateurs, se manifestant de manière concurrentielle, absorbent exactement la masse des biens disponibles de production » (E. Malinvaud, 1968, p. 100).

54 À la fois pour des raisons idéologiques (« les économistes soviétiques rejettent à la fois les hypothèses sous-jacentes et les instruments de l’analyse subjectiviste de l’offre et de la demande. Les manuels soviétiques n’analysent pas les problèmes de la formation des prix en termes de demande, d’élasticité et d’effets de substitution », N. Spulber, p. 101) et des raisons matérielles car le calcul du vecteur d’équilibre n’est pas si simple. Cela suppose l’emploi d’une procédure itérative et une révision fréquente de la liste de prix. Se présentent alors des difficultés d’ordre politique, car il est toujours délicat de manipuler les prix de détail. Sur ce point, cf. J. Robinson, 1972 ; V. Nemtchinov, 1963 ; H. Denis et M. Lavigne, 1965 ; A. Levin, 1973.

55 Cf. O. Kyn, B. Sekerka et L. Hejl, 1967.

56 Il s’agit de vecteurs – lignes.

57 Cf. S. Strumiline, 1960 ; M. Lavigne, 1961, p. 76 ; M. Abdel Fadil, 1975, p. 228 ; K. Popadiuk, 1964, p. 24

58 « Supposer que la formule des coûts primaires constitue une base correcte pour la fixation des prix de gros, c’est admettre… que le niveau du prix des biens de consommation doit se fixer substanciellement au-dessus du coût (jusqu’à ce que l’investissement net et aussi les dépenses improductives de l’État soient garantis) si on désire éviter un excède demande chronique ou un déficit de biens sur le marché des biens de consommation » (M. Dobb, 1969, p. 192). Cf. également J. Lipinski, 1967, p. 108.

59 « L’impôt sur le chiffre d’affaires est plus une conséquence qu’une cause du niveau des prix de détail » (A. Nove, 1961, p. 138).

60 Cf. G. Grossman, 1963, p. 101.

61 Cf. W. Andreff, 1993.

62 Cf. B. Chavance, 1989.

63 Le terme de marché ici n’est pas véritablement approprié.

64 L’organisation économique est ainsi autant responsable du phénomène du goulag que les structures politiques.

65 Outre l’absence d’un critère général (le calcul direct du produit net à partir du seul réseau des quantités n’est pas évident), la gestion optimale des changements de techniques bute ici sur la fiabilité des standards, normes, nomenclatures et opérations d’agrégation (cf. R. Tartarin, 1975).

66 Ce domaine constitue également un champ d’analyse intéressant pour la théorie moderne des incitations. En dehors de l’étude du système de collecte du surplus agricole dans l’économie domaniale, le thème de l’incitation des acteurs, pourtant central dans une économie en expansion, n’a pas été jusqu’à présent abordé. Nous reviendrons sur ce sujet dans la conclusion générale en mobilisant notamment la propriété de l’invariance d’échelle du cycle de reproduction du capital.

67 Le Principal dans la Théorie de l’Agence.

68 Parmi ceux-ci, C. Bettelheim cite le patriotisme (à lier avec la doctrine stalinienne du « socialisme dans un seul pays »), l’amour-propre (institution du tableau rouge pour ceux qui travaillent bien, du tableau noir, pour ceux qui travaillent mal). À ces stimulants moraux, il faut ajouter la coercition (déportation, licenciement, etc.). Il est clair qu’un tel système ne peut être efficace très longtemps : « Au fur et à mesure que s’évanouissait l’enthousiasme révolutionnaire, que la victoire du socialisme dans le monde apparaissait plus lointaine, au fur et à mesure, surtout qu’apparaissait une inégalité sociale plus accentuée, qui faisait penser aux ouvriers que le fruit de leur travail était en train de profiter à une nouvelle minorité, les stimulants purement psychologiques, purement désintéressés, perdaient de la valeur et de leur efficacité » (C. Bettelheim, 1975, p. 157).

69 Cf. sur ce point M. Meyer, 1966, p. 656-662. À titre d’exemple les primes en Pologne peuvent atteindre jusqu’à 40 % et même 70 % du salaire de base (B. Rogulska, 1977).

70 Cf. une description approfondie du système de stimulation avant 1965 dans E. Ames, 1965 ; M. Lavigne, 1970 ; C. E. Lagasse, 1979.

71 Il existe une nombreuse littérature sur le comportement de l’entreprise soviétique. Cf. par exemple B. A. Belassa, 1959 ; R. D. Portes, 1969 ; Berliner, 1952 ; 1957 ; B. Ward, 1967 ; E. Ames, 1965 ; H. Lorenzi, 1974.

72 A. Nove, 1958 ; J. Kornaï, 1959 ; M. Lavigne, 1970.

73 M. Lavigne, 1970, p. 79. On parle encore d’introduction du contrôle par le rouble (khozrachet).

74 M. Lavigne, 1961.

75 E. G. Liberman, 1972.

76 « Si on veut utiliser les prix pour la stimulation matérielle des travailleurs, il faut réorganiser ce système de façon que le bonus des salariés soit lié à des résultats directement réfléchis dans le niveau des prix des biens qu’ils produisent. […] L’expérience tchécoslovaque a montré que le profit était un choix propice pour l’indice de l’intérêt matériel » (Typolt, 1969, p. 129).

77 Cf. sur ce point M. Lavigne, 1970, et A. Nove, 1978.

78 Stations gérant les machines agricoles (tracteurs, moissonneuses-batteuses, etc.).

79 L’existence d’un tel système en régime socialiste explique l’ambivalence de l’attitude de l’Instance politique (M. Bornstein, 1962) à l’égard des kolkhoziens : d’un côté sa relative bienveillance envers les productions privées et le fonctionnement du marché libre, de l’autre, le recours à la contrainte par l’instauration d’un contrôle constant sur le kolkhoz. Le directeur adjoint politique du MTS et le président du kolkhoz se substituent ici au régisseur pour remplir cette fonction. Leur présence évite certains « abus », car entre gagner peu au kolkhoz et beaucoup sur le marché libre, le kolkhozien choisira toujours la seconde alternative.

80 On se situe dans le cadre du modèle de planification développé supra.

81 Cf. M. Abdel Fadil, 1975, p. 218.

82 La construction d’agrégats comme le revenu national, la consommation nationale, l’investissement, etc., nécessite l’utilisation de prix comme coefficients d’agrégation. Il en va de même pour l’opération 4 car opérer un choix entre plusieurs variantes exige en effet l’usage d’un critère de comparaison. Il est plus facile de trouver ce « dénominateur commun » dans l’espace des prix (M. Rakowski, 1963, p. 291).

83 Pour une description plus complète de ces critères, cf. J. -M. Collette, 1968, p. 162-163 ; G. Grossman, 1953 ; A. Bergson, 1964, p. 253.

84 V. Novozhilov, 1964.

85 « La norme du délai de récupération n’est pas autre chose qu’une forme cachée de l’intérêt conventionnel des investissements » (V. Novozhilov, 1964, p. 104). Cf. également A. Barkai, 1967, et les interventions de Malishev et Belkin à la « Conférence sur l’efficacité des investissements », 1959.

86 A. Zauberman, 1960, p. 17.

87 A. Nove, 1976.

88 « Le choix de la variante qui est à la base du calcul des délais de récupération prédétermine quelle est celle des variantes comparées qui aura le délai de récupération minimum » (V. Novozhilov, 1964, p. 106).

89 Pour l’approche théorique du problème, cf. M. Kalecki, 1967 ; M. Abdel Fadil, 1975, p. 65 ; J. H. Lorenzi, 1974, p. 387 ; H. Denis et M. Lavigne, 1965, p. 231.

90 Cf. les articles de G. Duchene et H. Chambre dans les Cahiers de l’ISMEA, série G, n ° 34.

91 Cf. B. Rogulska, 1977.

92 Si par exemple le planificateur fixe la valeur de μ à un niveau trop bas, il s’ensuivra une réévaluation de la valeur de r pour éviter un déséquilibre macroéconomique. L’ajustement ici est en fait de même nature que celui observé dans la structure des prix à deux niveaux où la variation de l’impôt sur le chiffre d’affaires permet d’éviter un trop fort déséquilibre de la Balance des revenus et des dépenses de la population.