Allégorie, symbole : voies de dissidence ?
De l’Antiquité à la Renaissance
Si l'espace et la médecine sont le berceau de ses significations, la dissidence nous semble toutefois plus familière lorsqu'elle prend la forme des révolutions politiques et des hétérodoxies religieuses. Mais lorsqu'elle touche aux goûts et aux mœurs, au refus du conformisme, à l'expression de l'originalité voire de la marginalité, elle nous rappelle qu'elle peut s'emparer par mille manières détournées de tous les champs épistémologiques établis ou s'attaquer à toutes les manifestations co...
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Nota del editor
Ce volume a pour point de départ un colloque international qui s’est tenu à l’université de Nantes les 1er, 2 et 3 décembre 2009, grâce aux soutiens financiers de l’Institut universitaire de France, de l’université de Nantes (UFR Lettres et Langages ; EA 4276, l’AMO [L’Antique, Le Moderne]) et de l’université de Tours (CESR, UMR 6576). mesdames Lina Bolzoni (École normale de Pise) et Perrine Galand (EPHE), ainsi que messieurs Philip Ford (Clare College, Cambridge), Carlos Lévy (université Paris 4 Sorbonne), Philippe Morel (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IUF), Bernard Pouderon (université Tours, IUF), Gilles Sauron (université Paris 4 Sorbonne), Jean Wirth (université de Genève) et Vincent Zarini (université Paris 4 Sorbonne) en ont constitué le comité scientifique. Aux textes issus des communications sont venus s’adjoindre les articles de Bernard Pouderon, Marylène Possamai-Perez et Valentina Sebastiani, qui en rencontraient les lignes de force.
Je remercie tout particulièrement M. Gérald Chaix, recteur de l’Académie de Nantes, qui m’a fait l’honneur d’ouvrir la manifestation. Je tiens aussi à exprimer ma gratitude à Frédéric Le Blay, directeur de l’UFR Lettres et Langages de l’université de Nantes pour son soutien amical et efficace. Lors de la seconde soirée du colloque, Pierre Maréchaux avait accepté de donner gracieusement un concert-lecture intitulée « Liszt et le diable ». Même s’il outrepasse les frontières chronologiques fixées comme cadre au colloque, le texte écrit tiré de cette prestation peut trouver ici toute sa pertinence dans la mesure où, traitant de Liszt et du concept d’écriture cellulaire, il ne cesse de mettre en valeur deux éléments « dissidents » essentiels empruntés à la théologie et à l’imaginaire de Dante, le Ciel et l’Enfer. Je remercie encore une fois le virtuose pour cette magnifique soirée.
Ma reconnaissance va aussi à madame Silvana Seidel-Menchi pour sa gentillesse et ses précieux conseils, à Bruno Méniel pour ses suggestions d’amélioration de l’ouvrage, sans oublier Laurence Moulinier, Béatrice Nicolas et Sylvie Dilhan pour leur aide.
Enfin, merci à Stéphane pour sa patiente relecture de toutes les épreuves.
- Editor : Presses universitaires de Rennes
- Colección : Interférences
- Lugar de edición : Rennes
- Año de edición : 2012
- Publicación en OpenEdition Books : 26 avril 2019
- EAN (publicación papel) : 978-2-7535-1982-4
- EAN electrónico : 978-2-7535-5699-7
- DOI : 10.4000/books.pur.53662
- Número de páginas : 597-[38] p.
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L’allégorie et le symbole : vecteurs et voiles de la dissidence ou phénomènes dissidents ?
Première partie. L’allégorie, mode de construction des oppositions politiques, intellectuelles et artistiques dans l’Antiquité
Deuxième partie. Lectures philosophiques de l’allégorie antique : la contestation de la tradition
Troisième partie. Le symbole et l’allégorie dans la confrontation entre références païennes et culture judéo-chrétienne
Quatrième partie. Nouvelles sensibilités spirituelles et mutations du langage allégorique à l’époque médiévale
Cinquième partie. Allégorie plastique, allégorie littéraire dans les controverses religieuses du xvie siècle
Sixième partie. L’allégorie à la Renaissance, arme des dissidences
Culture savante et humour dans la peinture vénitienne du Cinquecento
Septième partie. Dissidence et circulation géographique de l’allégorie à la Renaissance
Édition et érudition à Bâle, au service d’Érasme de Rotterdam
Avatars de l’allégorie de Rabelais à Giordano Bruno
En guise de point d’orgue…
Si l'espace et la médecine sont le berceau de ses significations, la dissidence nous semble toutefois plus familière lorsqu'elle prend la forme des révolutions politiques et des hétérodoxies religieuses. Mais lorsqu'elle touche aux goûts et aux mœurs, au refus du conformisme, à l'expression de l'originalité voire de la marginalité, elle nous rappelle qu'elle peut s'emparer par mille manières détournées de tous les champs épistémologiques établis ou s'attaquer à toutes les manifestations consensuelles de la vie intellectuelle, artistique et sociale. Il devient dès lors pertinent de découvrir comment elle se comporte face aux modes d'expression et d'interprétation si durablement et si largement répandus dans la culture européenne que furent, à l'instar du mythe, le symbole et l'allégorie. La dissidence a-t-elle vu en eux des voies (ou voix ?) privilégiées pour occulter des idéaux réprouvés, leur garantissant ainsi une diffusion plus sûre et une efficacité accrue, au prix d'une stratégie de séduction ? Les a-t-elle méprisés comme inaptes à traduire la force de la sédition, comme impropres à restituer les subtilités doctrinales, comme trop sclérosés pour prendre en charge les bouleversements de la nouveauté ? Ou les a-t-elle superbement ignorés, jugeant que, sans danger pour elle, ils ne lui étaient d'aucun profit non plus ? On se demandera même si la dissidence ne serait pas au cœur des constituants du symbole et de l'allégorie, affectant leur belle unité d'une fracture qui les déstabilise.
Les études réunies dans le présent volume abordent de front ces interrogations et celles, plus nombreuses encore, que soulève l'association de ces trois notions, de l'Antiquité à la Renaissance, et qui n'avait pas, jusqu'à présent, fait l'objet d'une approche d'ensemble. Historiens, historiens d'art et historiens des religions, philologues et philosophes, spécialistes de littérature et musicologues croisent ici leurs approches.
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