Chapitre V. Le corps du silence
p. 101-130
Extrait
Il n’y a que le silence qui peut dire le silence.
Alors il se présente à nous par des corps, son corps ; par des lieux, ses lieux. Corps et lieux du silence.
Laurie Laufer, « j’ai fait silence »
1Selon Laurie Laufer le silence « se présente à nous par des corps, son corps, par des lieux, ses lieux […] il s’envisage dans un corps et dans un espace1 ». Le corps, si présent ou plutôt si visible dans l’univers munrovien, peut-il être vu comme « un corps du silence » ? L’univers munrovien est le lieu d’une mise en évidence du corps et de sa matérialité, comme en témoignent force détails sur la taille, la lourdeur, les odeurs, les maux du corps, son vieillissement ou bien encore le corps anormal. Si dans nos sociétés modernes nous avons un corps bien plus que nous sommes un corps2, ce corps est multiple et pluriel : « Quel corps ? Nous en avons plusieurs », rappelait Roland Barthes qui distinguait ainsi « le corps des anatomistes et des physiologistes » du « corps de jouissance », « sa
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