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    Plan détaillé Texte intégral Nantes, une capitale de l’indiennage L’indiennage et la toilerie : une fructueuse comparaison Notes de bas de page Auteur

    Du lin à la toile

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Les indiennes nantaises dans la seconde moitié du xviiie siècle, les enseignements d’une comparaison

    Samuel Guicheteau

    p. 215-229

    Texte intégral Nantes, une capitale de l’indiennage Le processus de productionDes ateliers aux manufactures L’indiennage et la toilerie : une fructueuse comparaison De stimulantes similitudesDes différences essentielles Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Sous l’Ancien Régime, la province de Bretagne est réputée pour ses toiles de lin et de chanvre. Au-delà des plus fameux foyers, la toilerie est omniprésente. Aussi produit-on des toiles à Nantes et dans les campagnes alentour. Cette omniprésence s’accompagne d’une certaine diversité connue grâce aux enquêtes des intendants ou des inspecteurs des manufactures et aux règlements de qualité. À la fin du xviiie siècle, Nantes est non seulement un grand port de commerce mais encore une grande cité industrielle. L’industrie nantaise présente des traits communs à l’ensemble de la France moderne : la diversité des activités, l’importance des échoppes et celle du textile. Mais elle présente également des traits originaux : l’importance de la branche cotonnière de pointe et celle des concentrations. Ainsi, de grandes manufactures produisent des indiennes, cotonnades colorées à l’imitation des étoffes fabriquées en Inde.

    2Nantes est une grande ville textile : en 1789, la production toilière mobilise 400 métiers, tandis que celle du coton en emploie 500. Si la plupart des tisserands travaillent dans des ateliers, Nantes entre néanmoins dans « l’ère des manufactures1 » et même s’engage dans la Révolution industrielle. D’ailleurs, à la fin du xviiie siècle, l’industrialisation se nourrit tout particulièrement de l’activité cotonnière dans la mesure où le coton rompt avec un « Ancien Régime industriel » caractérisé par les monopoles des corporations et les règlements de qualité2. En effet, le travail du coton est une activité libre, c’est-à-dire qu’elle n’est pas confiée en monopole à une corporation privilégiée et qu’elle n’est pas soumise à un règlement de qualité. De plus, la filature du coton est mécanisée. Enfin, le coton contribue à la naissance de la mode. En effet, l’industrialisation constitue un processus général de mutation économique, sociale et culturelle qui dépasse les seuls aspects techniques et économiques de la vision traditionnelle de la Révolution industrielle. Or, le succès de l’indiennage, autorisé en France en 17593, joue un rôle essentiel dans l’essor de l’industrialisation. Notre contribution vise donc à esquisser une comparaison entre l’indiennage nantais et la toilerie dispersée dans la perspective d’une réflexion sur l’industrialisation.

    Scène africaine

    Image

    Motif floral

    Image

    Manufacture Petitpierre, dessin d’indienne, Musée du château des ducs de Bretagne, 941.8.9 (13), 32,5 x 84 cm et 941.8.9 (107), 32,5 x 84 cm, début du xixe siècle.

    Paul et Virginie

    Image

    Idem, 923.5.7, 110 x 95,5 cm, fin du xviiie siècle.

    3Les manufactures nantaises produisent tant de très belles indiennes que des pièces de second ordre. Riche de plusieurs couleurs, la toile présentant l’aventure de Paul et Virginie, roman de Bernardin de Saint-Pierre publié en 1788, est magnifique. Si la réalisation de certains motifs floraux et de certaines scènes africaines reste très soignée, ils ne s’inscrivent pas dans de grands programmes narratifs.

    Nantes, une capitale de l’indiennage4

    4Activité manufacturière en forte croissance, l’indiennage captive les observateurs de la seconde moitié du xviiie siècle. Ainsi, les grands ouvrages des Lumières présentent de manière idéale des indienneries dans lesquelles le processus de production semble complètement rationnel et l’espace productif transparent et ordonné5. En fait, l’étude du développement de l’indiennage nantais et l’observation de la vie ouvrière amènent à nuancer fortement ces représentations.

    Le processus de production

    5En amont de la production interviennent les ouvriers très qualifiés que sont le dessinateur et le graveur, ce dernier fabrique les planches à imprimer. L’impression, qui se déroule sur la table à imprimer, constitue la phase centrale du processus de production. L’imprimeur et son aide, le tireur, préparent soigneusement cette opération en étalant la toile, en contrôlant les planches et en vérifiant les picots6. Procédant à l’impression proprement dite, l’imprimeur imprègne sa planche du mordant qui, réagissant au contact d’un bain approprié, donnera la couleur exigée. L’impression est achevée par le rentreur qui complète l’ensemble apposé par l’imprimeur, grâce à une série de planches apportant les détails des motifs et la polychromie. Les planches sont groupées en famille comme en témoigne leur numérotation. Enfin, les pinceauteuses corrigent au pinceau certaines erreurs et peignent directement certains détails, notamment pour les grandes pièces magnifiques.

    Planche d’impression

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    Manufacture Petitpierre, Musée Dobrée, 903.1.53, vers 1800.
    La numérotation de la planche indique son appartenance à une famille. La poignée suggère le geste par lequel l’ouvrier l’applique sur la toile.

    6Ainsi, une hiérarchie des qualifications se dessine, au sommet de laquelle apparaissent les ouvriers très qualifiés que sont les dessinateurs et les graveurs. Certains dessinateurs et les graveurs à la planche de cuivre se révèlent être de véritables artistes. Ensuite viennent les imprimeurs et les rentreurs. Puis les tireurs et les pinceauteuses détiennent un réel tour de main. Enfin, des manœuvres sont occupés à diverses tâches de préparation ou de finition. D’après les indications fournies par le grand manufacturier Louis Favre aîné pour l’ensemble de l’indiennage nantais en 1790, les ouvriers très qualifiés ne représentent qu’une poignée du personnel (4 %), les imprimeurs constituent un groupe non négligeable (15 %), tandis que les ouvriers peu qualifiés (52 %) et les manœuvres (29 %) composent les gros contingents7.

    Des ateliers aux manufactures

    7La libéralisation de l’indiennage provoque vers 1760 l’apparition à Nantes de plusieurs indienneries éphémères8 qui s’apparentent à des ateliers « banals9 ». Ainsi, en 1762, le graveur neuchâtelois François Landry s’associe avec le maître teinturier Jean Chevas, qui accueille l’indiennerie dans son atelier10. Ces premières indienneries s’installent dans un lieu nommé Le Marais, dessiné par un coude de l’Erdre. L’association entre l’indienneur neuchâtelois Pierre Gorgerat et le négociant nantais Louis Langevin se révèle un succès. C’est pourquoi ils s’installent en 1763 sur l’île de Petite Biesse dans la maison dite de Beauséjour11. Dès 1766, cette indiennerie emploie cent ouvriers et produit 4 000 pièces par an12. Dans les années 1770 sont créées, sur les îles ligériennes, plusieurs manufactures célèbres, notamment, sur l’île de vertais, celle des frères Petitpierre, également originaires de Neuchâtel. Dans les années 1780, l’indiennage nantais atteint son apogée13. Son essor se lit à travers l’importance de la production et des effectifs ouvriers, l’extension spatiale des indienneries et leurs progrès techniques.

    L’emplacement des indienneries nantaises, de 1760 à 1790

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    Plan Cacault, 1756, Archives municipales de Nantes, II 157.
    Les premières indienneries, créées vers 1760, s’installent sur la rive droite de la Loire, plus précisément au lieu-dit Le Marais, dessiné par le coude de l’Erdre. À partir des années 1770, de grandes manufactures sont créées sur les îles ligériennes (à l’exception de la plus septentrionale, l’île Feydeau) : du Nord au Sud, la Magdeleine, Grande Biesse, Petite Biesse (où s’implante dès 1763 Pierre Langevin) et Vertais (où se trouve notamment l’indiennerie des frères Petitpierre). Enfin, la manufacture d’Orillard s’installe vers 1787 à Pirmil, sur la rive gauche de la Loire.

    8D’après la grande enquête de 1785, Nantes compte parmi les principaux centres d’indiennage du royaume14. Certes, l’estimation d’une production de 112 000 pièces par an avancée par cette enquête et celle d’un effectif de 4 300 ouvriers avancé par L. Favre aîné en l’an VII15 et repris par les sources statistiques des années 1800 doivent être révisées. D’une part, la critique générale des statistiques de l’Ancien Régime, la mise en lumière des conditions de réalisation de l’enquête à Nantes16 et la consultation des états de production ultérieurs17 incitent à estimer la production à 70 000 pièces vers 1785. D’autre part, les sources des années 1780-1790 n’évoquent que 2 000 ouvriers18. Par ailleurs, l’indiennage nantais intègre les innovations techniques successives, l’impression à la planche de cuivre19, au cylindre20, et plus tard, la machine à imprimer au cylindre21.

    9Surtout, il faut souligner les efforts réalisés en vue de la rationalisation de l’espace productif22. En témoigne d’abord la spécialisation des bâtiments. Le rachat de bâtiments, par exemple l’abbaye de Vertou, devenue en 1789 bien national, par Orillard23, fait que l’édification d’un bâti spécifique reste rare. Néanmoins, la manufacture de Beauséjour reçoit deux bâtiments entre 1763 et 1779, l’un consacré à l’impression, l’autre à l’étendage24. De plus, des clôtures sont installées, qui, certes, ne sont pas toujours infranchissables, leur existence nous étant d’ailleurs révélée par des vols, tel celui perpétré dans la nuit du 9 au 10 prairial an Iv dans la manufacture Gorgerat, à Vertais25.

    10Entre les ateliers de 1760 et les manufactures de 1790, le changement est remarquable : une véritable industrialisation s’est engagée. Cependant, ce changement n’est ni brutal, ni complet. Ainsi, l’activité demeure saisonnière26. De plus, le travail ne subit pas de déqualification brutale. Néanmoins, l’augmentation de la production provoque la marginalisation des imprimeurs : d’une part, l’orientation du travail est désormais fixée sans eux, ce qui leur retire une grande part de leur autonomie ; d’autre part, le travail devenant plus répétitif, ces ouvriers se trouvent frustrés dans leur appétit de perfectionnement. Cette marginalisation ressort des changements décelables, tant sur le plan du salaire que sur celui de la reconnaissance de la qualification, entre les contrats d’apprentissage conclus vers 1760 et ceux passés à l’époque de la création des manufactures, vers 177527. Cette marginalisation provoque une frustration qui imprègne les récriminations formulées par plusieurs jeunes ouvriers sortis illégalement de leurs manufactures en 1774-1775, certains se plaignant même de s’être vu refuser un apprentissage28.

    11De même, les ouvriers résistent lorsqu’en 1787 les patrons d’une nouvelle manufacture confient l’impression à des femmes « pour ne se point exposer à leur tiranie [des imprimeurs], ainsi qu’aux effets de leurs débauches, qui souvent laissent les atelliers déserts des semaines entières29 ». En fait, c’est une nouvelle étape de l’industrialisation qui se dessine dans la mesure où la production de cette nouvelle manufacture se révèle très importante. En effet, destinée à la traite, elle est de médiocre qualité30 et d’exécution rapide. Ainsi, sans doute très simplifiée, l’impression peut être confiée à des femmes dépourvues de qualification, faute d’avoir suivi un apprentissage. La résistance des imprimeurs tient donc à la défense du salaire et, au-delà, à une identité fondée sur l’attachement à la qualification et à l’autonomie, plutôt qu’à un réflexe phallocratique viscéral. Leur résistance semble victorieuse puisqu’en l’an XI, le secrétaire général de la préfecture indique que la supériorité de l’indiennage suisse s’explique par le recours à des ouvrières pour l’impression31. Si l’industrialisation de l’indiennage est importante à la veille de la Révolution, les patrons nantais déplorent néanmoins ses limites, à l’instar du directeur de la manufacture Pelloutier qui confie à Arthur young « que les produits suisses de même sorte sont d’un tiers moins cher, parce qu’on emploie en Suisse plus de machines et que les ouvriers travaillent beaucoup mieux et plus énergiquement32 ».

    L’indiennage et la toilerie : une fructueuse comparaison

    12Si, à première vue, l’indiennage et la toilerie semblent des activités très différentes, elles présentent pourtant des similitudes non négligeables – une insertion profonde dans le commerce mondial et une tension aiguë entre la liberté et la réglementation – qui incitent à s’interroger sur les facteurs de l’industrialisation.

    De stimulantes similitudes

    13L’indiennage, à l’instar de la toilerie, est inséré dans le commercial mondial, suscitant des importations avant de nourrir des exportations. D’abord, les navires de la Compagnie des Indes sont chargés de pièces de coton blanches tirées de l’Inde33. À partir de 1759, l’essor de l’indiennage augmente ce flux. Dès 1766, L. Langevin se plaint de l’insuffisance des fournitures de la compagnie des Indes, ce qui est d’autant plus déplorable que les cotonnades indiennes sont de meilleure qualité que celles produites en France34. Ensuite, les toiles comme les indiennes alimentent le commerce local autant que le trafic international. Il en va ainsi pour la toilerie nantaise, selon l’inspecteur de Coisy :

    « Les toiles nantoises […] sont vendues […] tant pour la consommation du pays que pour celle du Poitou […] ; les plus larges servent à faire des draps de lits ordinaires, les deux tiers et même celles de demi-aune nantoise sont employées en plus grande partie en serviettes pour l’Amérique françoise ; on pourra remarquer par l’état de ces toiles, […] que cette branche de fabrique n’est pas d’une grande considération ; à la vérité, ces toiles n’étoient pas présentées à la visite avant l’année 1749, ou du moins paraissoit-on y faire peu d’attention, elles sont cependant d’une assés bonne qualité dans leur espèce pour mériter d’être veillées35. »

    14Cette double destination, locale et internationale, réapparaît pour les indiennes :

    « On fait [à Nantes] des garras et des guinées ordinaires, façon de Hollande ; des mi-calencas en toiles de coton fines, peintes à l’angloise, à dessins nués, façon de Perse, de sept à huit couleurs ; des calencas en toiles de coton superfines, à l’angloise, en dessin nués en vrais perses, jusqu’à dix-huit couleurs ; des indiennes sur siamoises ordinaires et sur siamoises fines, de différentes couleurs ; des toiles de lin peintes en bleu foncé, et des mouchoirs à double face ; les garras et les guinées sont très propres à la traite des nègres ; la province et Paris consomment une partie des calencas et mi-calencas ; le surplus passe dans les colonies ; l’Espagne, l’Italie et les colonies consomment presque toutes les indiennes sur siamoises […] ; enfin les toiles de lin peintes à fond bleu, et les mouchoirs à double face passent en Espagne et dans les colonies36. »

    15Cette double vocation entretient une situation ambiguë par rapport à l’économie réglementée caractéristique de « l’Ancien Régime industriel », précisément remis en cause dans la seconde moitié du xviiie siècle par la montée du libéralisme. Néanmoins, il ne faut pas s’imaginer, à travers cette expression, un cadre économique archaïque et figé.

    16En effet, la toilerie comme l’indiennage sont affectés par l’exacerbation de la tension entre la liberté et la réglementation économiques. La toilerie est soumise à des règlements de qualité très précis : seules les pièces respectant les prescriptions de qualité reçoivent la marque. En fait, seules les pièces y répondant sont portées au bureau de marque. En effet, suivant la destination, la marque est nécessaire ou non. La marque représente essentiellement une garantie sur le marché international ; elle contribue donc au succès des exportations, comme l’indique l’observation de Coisy sur les Nantaises. En revanche, une grande partie des toiles destinées à une consommation locale se passe de la marque. En 1762, un édit proclame – en fait reconnaît – la liberté du travail dans les campagnes. La réforme de Necker en 1779 consacre cette dualité. D’une part, elle maintient les règlements, les révise en vue de les adapter. Cet attachement à l’économie réglementée tient au fait que la qualité fait le débouché et que le contrôle nourrit la confiance. D’autre part, Necker crée une nouvelle marque de liberté, grâce à laquelle la liberté n’est plus la fraude37.

    17Le coton est une activité libre. Or, l’arrêt du conseil du 10 juillet 1785 qui interdit l’importation des indiennes étrangères, introduit la marque des indiennes. Cependant, cette prohibition vise en fait à faire pression sur l’Angleterre afin d’aboutir à la libéralisation des échanges prévue par le traité de paix de 1783. D’ailleurs, tandis que l’enquête de novembre 1785 vise à organiser un contrôle de la production, une série d’arrêts favorise dans les mois suivants l’entrée des indiennes étrangères, préfigurant ainsi le traité de commerce franco-anglais de 178638. Dès lors, la nouvelle marque ne soumet pas l’indiennage à une réglementation de qualité, mais cherche à renforcer la qualité de la production dans la perspective d’affronter la concurrence étrangère. Ainsi, de manières différentes, la toilerie et l’indiennage témoignent des ambiguïtés de la fin de l’Ancien Régime : si la volonté d’affranchissement est réelle, la conscience de la nécessité d’une garantie de qualité pour le commerce, en particulier international, reste aiguë.

    Des différences essentielles

    18Si de telles similitudes sont donc loin d’être négligeables, des différences essentielles apparaissent cependant. Nous évoquerons le personnel de l’indiennage, puis le rôle décisif joué par cette activité dans l’engagement du processus d’industrialisation.

    19Parmi les fondateurs de l’indiennage nantais figurent de nombreux étrangers, en particulier suisses et protestants. Il en est ainsi non seulement pour des patrons – P. Gorgerat et les frères Petitpierre ont été cités – mais encore pour des ouvriers qualifiés : en 1779, l’imprimeur Jean Rodolphe Girard, né dans le canton de Berne, épouse Marie Judith Petave, ouvrière en indiennes, née dans celui de Neuchâtel39. En l’an XII, plusieurs ouvriers nés en Suisse reçoivent des livrets40. Au-delà du courant suisse, de nombreux ouvriers qualifiés de l’indiennage viennent de loin. À l’instar des compagnons des métiers, ils effectuent de longs voyages pour se perfectionner et obtenir de meilleurs salaires41. En l’an XII, reçoivent des livrets, à Nantes, des ouvriers issus des principaux foyers de l’indiennage : de Normandie viennent un graveur, né à Rouen, et un imprimeur, né à Darnétal ; un imprimeur est né à Paris et un autre à Mulhouse. Cependant, en l’an XII, un indienneur sur deux est né à Nantes. La formation sur place d’un personnel qualifié témoigne du succès et de l’enracinement de l’indiennage nantais.

    20Par ailleurs, ces ouvriers de l’indiennage sont-ils en voie de prolétarisation ? Nous avons déjà vu que, s’ils ne subissaient pas une déqualification brutale sur le plan technique, les imprimeurs, soit les ouvriers qualifiés, connaissaient néanmoins, lors de la création des manufactures, une réelle marginalisation. En revanche, la création des manufactures affecte sans doute beaucoup moins les ouvriers hautement qualifiés et les manœuvres : dessinateurs et graveurs conservent leur autonomie, tandis que la subordination des ouvriers peu ou pas qualifiés préexiste à l’industrialisation de l’indiennage. Si elle ne bouleverse pas la hiérarchie des qualifications, l’industrialisation suscite néanmoins la naissance d’une condition commune. Celle-ci tient à l’instauration d’un cadre manufacturier, marqué par la montée – limitée mais réelle – de la discipline au travail, dont témoigne l’apparition de contremaîtres42. De plus, une sociabilité commune se crée qui se prolonge au-delà du travail : une grande partie des indienneurs habite dans les îles ou sur la rive gauche43, et les mariages entre eux sont fréquents, associant parfois des ouvriers de niveaux de qualification différents. Enfin, une condition socio-économique commune se dessine. Principal impôt direct perçu en ville, la capitation ignore, en 1789, la plupart des ouvriers, sans doute à cause d’une pauvreté trop prononcée. Cependant, la représentation des divers métiers de l’indiennage dans les registres fiscaux, ainsi que l’échelle des cotes de capitation montrent que la hiérarchie des qualifications ne s’efface pas au profit d’une pauvreté uniforme44. Néanmoins, au-delà de la pauvreté, la précarité constitue le trait fondamental de la condition ouvrière. Elle frappe tous les indienneurs, qu’ils soient plus ou moins qualifiés, comme en témoigne l’état de leurs successions. Ainsi, le montant de l’inventaire d’un imprimeur atteint 510 livres45, tandis que celui d’un graveur n’atteint que 89 livres46. En fait, si l’imprimeur dresse un inventaire au décès de son épouse, l’inventaire du graveur est établi par la veuve de celui-ci : interrompant le travail, la maladie qui précède la mort jette les ouvriers dans la misère.

    21L’indiennage joue un rôle moteur dans l’engagement du processus d’industrialisation. Son essor suscite un appel pour la production d’étoffes et de filés. Les indienneurs ne manquent jamais de rappeler aux autorités combien leur activité en nourrit d’autres. Dès 1766, L. Langevin indique qu’il a suppléé à la faiblesse des importations de toiles blanches des Indes « par des toiles nationales, entre autres de Cholet et de Bretagne, et s’est montré par là de plus en plus citoyen47 ». Progressivement, les indienneurs nantais élargissent leur aire d’approvisionnement à tout le pays48. À Nantes même, des métiers de plus en plus nombreux battent pour fournir des cotonnades aux indienneries49. En outre, la filature se développe également50 et sa mécanisation commence avec l’introduction de la jenny à Nantes en 178551, suivie rapidement par celles du waterframe52 et de la mull-jenny53. La productivité se trouve démultipliée, les jennies portant 70 à 80 broches54. De nouveau, les indienneurs soulignent le rôle moteur de leur activité :

    « Cent cinquante fabriques d’indienne existent en France ; la seule ville de Nantes en contient neuf qui occupent plus de douze cent personnes ; elle y joint depuis deux ans plusieurs établissements de filature dont l’intérêt est le même ; indépendemment de plus de soixante métiers mécaniques, ils emploient un nombre très considérable de femmes et d’enfans pour nettoyer, carder et filer le coton à la main, et de tisserands pour en faire des toiles55. »

    22Louis Saget, pionnier de la mécanisation de la filature du coton à Nantes, estime de même qu’une dynamique générale saisit l’ensemble de la branche cotonnière :

    « La filature de coton, sous la raison de Saget et compagnie, commencée en 1786, est le premier établissement dans ce genre, formé à Nantes ; il manquoit dans une grande ville où plusieurs fabriques d’indiennes fleurissoient ; l’objet de cette entreprise étoit de faire filer le coton des isles qui arrive, directement, dans ce port, et de l’emploier à la fabrication des étoffes ; l’activité ou commerce avec l’Amérique et la côte d’Affrique favorisoit le projet56. »

    23Plusieurs manufactures intègrent les diverses activités : L. Saget associe le filage et le tissage, sa manufacture abritant 110 métiers57 ; chez Pelloutier, « on file au moyen de jennies, on tisse et on imprime l’étoffe58 ».

    24Il faut souligner que l’appel suscité par l’indiennage n’est pas seulement quantitatif, mais aussi qualitatif. La mécanisation de la filature n’accroît pas seulement la production, mais encore améliore la qualité des produits : selon L. Saget, « c’est à l’invention des machines à filer que l’on doit rapporter les progrès de la fabrication en Europe des étoffes, dont quelques-unes surpassent celles de l’Inde59 ». Cette recherche de la qualité passe d’abord par la sélection des fibres : tandis que le coton supérieur des îles est réservé aux cotonnades de qualité, celui du Levant est abandonné aux basins. Les exigences de l’indiennage en cotonnades de qualité impliquent l’emploi de fils très fins et la normalisation des filés. Précisément, grâce à la mécanisation, le coton « peut être filé très fin et très uni ». L’uniformisation des filés passe par l’introduction, dès la fin du xviiie siècle, du système de numérotation des filés60.

    25Enfin, processus général de mutation, l’industrialisation s’accompagne d’une diffusion accrue des produits manufacturés61, comme en témoigne la présence importante de l’indienne dans les inventaires après décès populaires de la seconde moitié du xviiie siècle, tant pour le vêtement que pour la literie. L. Langevin doit son succès à l’élargissement de sa production :

    « S’il a aspiré à la perfection, afin de contenter le goût somptueux et délicat des gens opulents (et c’est ce qui l’a fait fixé chez lui un ouvrier, son fabricant, qu’aucun autre peut-être n’égale en ce genre dans le royaume), il n’a pas moins songé à satisfaire, par le bon marché, ceux dont chaque besoin doit être rempli62. »

    26Or, cette diffusion massive s’accompagne d’un bouleversement culturel majeur puisqu’elle contribue à la naissance de la mode63.

    ***

    27L’indiennage nantais subit les aléas de la période 1789-1815. Toutefois, la Révolution française n’est pas une « catastrophe64 », si bien qu’un redémarrage se produit dans les années 1800. En revanche, les guerres napoléoniennes précipitent le déclin. La disparition définitive se produit vers 1830, à cause d’un décrochage technique. Plus fondamentalement, l’industrie nantaise entre alors dans un nouveau cycle, dans lequel le coton cède le rôle moteur à d’autres activités65.

    28Cette présentation de l’indiennage nantais offre un éclairage sur l’industrialisation. L’indiennage joue un rôle moteur, c’est-à-dire que son essor nourrit une dynamique générale. Celle-ci s’accompagne de profondes mutations. Néanmoins, pour revêtir une grande ampleur, l’industrialisation reste progressive et limitée : ainsi, le travail ne subit pas une déqualification brutale. L’industrie textile nantaise s’inscrit donc dans la voie française spécifique d’industrialisation, qui se caractérise tant par la résistance du travail qualifié que par le dynamisme de la production dispersée66. Celle-ci est en effet touchée par les évolutions en cours, comme en témoigne, en 1762, la volonté d’un négociant nantais d’introduire, chez les fileuses de lin à domicile, le dévidoir uniforme préconisé par John Holker, en vue de redresser la toilerie nantaise. Cet instrument permet, d’une part, de contrôler le travail et, donc, la rémunération des fileuses, et, d’autre part, d’obtenir un fil plus homogène et, donc, des « toiles bien plus égales67 ». Dès lors, même si à Nantes un démarrage se produit, qui se nourrit notamment du succès de l’indiennage, il ne faut pas opposer strictement les manufactures concentrées, voire mécanisées, à la production dispersée, réserver la modernité aux premières et reléguer la seconde dans l’archaïsme. Au contraire, les manufactures naissantes comme la production dispersée dessinent l’originalité de la voie française d’industrialisation.

    Notes de bas de page

    1 F. Braudel, E. Labrousse (dir.), Histoire économique et sociale de la France, Paris, PUF, 1970, t. 2, Des derniers temps de l’âge seigneurial aux préludes de l’âge industriel (1660-1789), p. 651.

    2 L’expression « Ancien Régime industriel » ne doit pas laisser croire que les corporations sont des structures archaïques et sclérosées, ni que l’encadrement réglementaire de l’industrie reste figé à une époque marquée par la montée du discours libéral. Pour une approche critique, voir Ph. Minard, La fortune du colbertisme. État et industrie dans la France des lumières, Paris, Fayard, 1998.

    3 En 1686, il fut interdit non seulement d’importer d’Inde des toiles peintes mais encore de fabriquer en France des toiles imprimées (E. Depitre, La toile peinte en France aux xviie et xviiie siècle, Paris, M. Rivière, 1912).

    4 Nous empruntons cette expression à B. Roy, Une capitale de l’indiennage, Nantes, Nantes, Musée des salorges, 1948. Les travaux de S. Chassagne sont essentiels : La manufacture de toiles imprimées de Tournemine-lès-Angers, 1752-1820 : étude d’une entreprise et d’une industrie au xviiie siècle, Paris, Klincksieck, 1972 ; le coton et ses patrons. France, 1760-1840, Paris, EHESS, 1991. Les recherches menées pour notre thèse intègrent de nouvelles perspectives et mobilisent de nouvelles sources (La Révolution des ouvriers nantais. Le façonnement d’une identité sociale et culturelle, des années 1760 aux années 1830, Université Rennes 2, 2006, sous la direction d’A. Croix).

    5 Voir par exemple, J.-M. Roland de La Platière, Encyclopédie Méthodique, Paris-Liège 1785 – Section manufactures, arts et métiers, art. « impression sur toiles ».

    6 Les picots sont les points de raccord qui permettent à l’imprimeur d’ajuster correctement son dessin.

    7 Arch. dép. Loire-Atlantique, 1 ET-A 20, « mémoire de L. Favre aîné sur les moyens de relever les manufactures d’indiennes et [les] causes de leur anéantissement prochain », 25 prairial an VII.

    8 Cette éclosion a déjà été présentée dans le détail : voir E. Depitre, la toile peinte, op. cit. ; H. Clouzot, Histoire de la manufacture de Jouy et de la toile imprimée en France, Paris, G. van Oest, 1928 ; B. Roy, Une capitale de l’indiennage, op. cit. ; S. Chassagne, La manufacture de toiles imprimées de Tournemine, op. cit. Les sources sont essentiellement des archives notariales, déjà présentées par S. Chassagne.

    9 S. Chassagne, Le coton, op. cit., p. 146.

    10 ADLA, 4 E 2-1063, minute de maître Hérault, 6 avril 1762.

    11 ADLA, 4 E 2-762, minute de maître Fouquereaux, 28 février 1763.

    12 ADLA, C 749, « mémoire présenté à Nosseigneurs des États de Bretagne… », 1766 ?

    13 Les grandes manufactures des années 1780 apparaissent dans l’enquête de 1785 (Arch. nationales, F 12-1404-A, état transmis par l’inspecteur Watier, 19 novembre 1785) ou dans le Calendrier du Commerce pour 1790.

    14 AN, F 12-1404 A, « état des généralités dans lesquelles sont établies des fabriques de toiles peintes ou imprimées, des lieux où elle sont situées, de la quantité approximative de pièces imprimées annuellement dans chacune d’elles », novembre 1785 ?

    15 ADLA, 1 ET-A 20, « mémoire de L. Favre aîné… », 25 prairial an VII.

    16 La correspondance des inspecteurs des manufactures de Rennes et de Nantes montre que l’enquête est réalisée très rapidement – or, la rapidité n’est pas un gage de fiabilité – et qu’en l’absence d’états de production pour le début des années 1780, elle ne repose que sur « les déclarations conjecturales » des manufacturiers (AN, F 12-1404-A, lettre de l’inspecteur Watier au Bureau du commerce, 19 novembre 1785).

    17 La législation de 1785 introduit un contrôle, si bien que nous disposons d’états de production qui reflètent l’activité du bureau de marque de Nantes : celui de 1786 signale 73 141 pièces (Arch. dép. d’Ille-et-vilaine, C 1552, 22 janvier 1787).

    18 En 1786, dans une supplique adressée aux Etats de Bretagne, les indienneurs se disent « plus de deux mille » (Arch. mun. Nantes, HH 34, plainte des ouvriers indienneurs contre l’introduction dans le royaume des indiennes étrangères, 15 novembre 1786).

    19 En 1788, Petitpierre engage un graveur sur planches de cuivre, le véritable artiste Pierre Joseph Maader (ADLA, 4 E 22-47, minute de maître Briand-Dumarais, 28 juillet 1788). La description de la manufacture Gorgerat vers 1810, publiée par S. Chassagne, distingue deux imprimeries à la planche de bois, d’une autre à la planche de cuivre (Le coton, op. cit., p. 168).

    20 Dès 1784, l’inventaire de la production de la manufacture métallurgique de Saint-Sébastien indique que six rouleaux ont été remis à une indiennerie (ADLA, 4 E 2-498, minute de maître Girard, 13 octobre 1784).

    21 H. Clouzot indique que L. Favre aîné installe, sous le Premier Empire, une machine à imprimer aux cylindres (Histoire de la toile imprimée, op. cit., p. 165).

    22 L’extension spatiale des indienneries répond non seulement à leur essor mais encore à cette exigence nouvelle d’organisation de l’espace. Ailleurs, aussi la « création d’une nouvelle entreprise, surtout inspirée par la volonté de rationaliser les opérations, ne pouvait se faire qu’à la périphérie des villes, là où se rencontraient les terrains disponibles, et si possible près d’une rivière » (S. Chassagne, le coton, op. cit., p. 157).

    23 Cependant, cette abbaye sera incendiée durant la guerre civile (ADLA, 1 ET-A 20, renseignements sur la manufacture d’orillard, floréal-prairial an III ?).

    24 ADLA, 4 E 2-947, minute de maître Girard, 16 novembre 1779.

    25 ADLA, L 2080, plainte de Gorgerat frères, 12 prairial an IV. L’organisation de l’espace reste donc moins poussée dans les indienneries nantaises que dans la manufacture de Jouy où, dès 1765, « l’espace productif s’organise selon un modèle rationnel » (A. Dewerpe, Y. Gaulupeau, La fabrique des prolétaires. Les ouvriers de la manufacture d’Oberkampf à Jouy-en-Josas, 1760-1815, Paris, PENS, 1990, p. 39).

    26 En 1787, les imprimeurs, sans travail à la morte-saison, souhaitent être embauchés dans la manufacture d’orillard, au détriment des ouvrières qui y travaillent (AMN, HH 34, billet du sieur Fourny, octobre 1787 ?).

    27 En 1761, à l’issue de l’apprentissage, un salaire à la pièce est prévu, qui varie en fonction de la complexité des indiennes confectionnées. De plus, cette reconnaissance de la qualification s’accompagne d’une large autonomie, les imprimeurs dirigeant explicitement leurs auxiliaires (ADLA, 4 E 2-928, minute de maître Girard, engagement de trois apprentis imprimeurs-rentreurs, 6 mai 1761). En revanche, en 1775, aucune perspective de progrès n’apparaît dans le contrat d’apprentissage d’un jeune rentreur (ADLA, 4 E 2-430, minute de maître Briand, 2 septembre 1775).

    28 AMN, FF 257, interrogatoires de Pierre Barrateau et de Pierre Guillet, 6 juin 1775.

    29 AMN, HH 34, plainte d’Orillard, Guillou et Metzener contre les imprimeurs, 8 octobre 1787.

    30 Toutes les marchandises de traite ne sont pas de piètre qualité, mais l’utilisation de lin et de coton du Levant filé au rouet (et non des îles, de qualité supérieure, et filé à la mécanique, donc plus homogène), ainsi que la technique de la réserve pour l’application des couleurs, attestent de la médiocrité de ces toiles (ADLA, 1 ET-A 20, renseignements sur la manufacture d’Orillard, floréal-prairial an III ? ; AMN, HH 34, plainte d’orillard, Guillou et Metzener, 8 octobre 1787).

    31 J.-B. Huet, Recherches économiques et statistiques sur le département de la Loire-Inférieure, an XI, Nantes, Malassis, an xII, p. 155.

    32 A. Young, Voyages en France, 1787, 1788, 1789, Paris, A. Colin, 1976, t. 3, p. 972.

    33 Ph. Haudrère, La compagnie française des indes au xviiie siècle (1719-1795), Paris, Libraire de l’Inde, 1989, p. 417.

    34 ADLA, C 750, « note au sujet de la fabrique d’indiennes ou toille peinte en général que le sieur Louis Langevin, a entrepris et commencé à Nantes en 1759… », 14 août 1766.

    35 ADIV, C 3929, mémoire de l’inspecteur de Coisy concernant le commerce et la fabrique des différentes toiles, 1751.

    36 M. Gournay, Tableau général du commerce, 1789, p. 491.

    37 Ph. Minard, La fortune du colbertisme, op. cit.

    38 Nous suivons ici l’analyse d’E. Depitre, La toile peinte, op. cit.

    39 ADLA, 4 E 2-431, minute de maître Briand, 24 février 1779 ; AMN, GG 508, registre des baptêmes et des mariages de l’Église réformée, 6 mars 1779.

    40 AMN, I2, registre des livrets remis en l’an XII. En 1803, sous le Consulat, une loi restaure l’obligation, introduite en 1781, pour les ouvriers de détenir un livret mentionnant les entrées et les sorties des ateliers ou manufactures successivement fréquentés. Cette obligation vise à imposer le respect du délai de préavis de départ et, au-delà, à empêcher les cessations immédiates du travail, donc à brider l’action ouvrière.

    41 G. Gayot, Ph. Minard (éd.), Les ouvriers qualifiés de l’industrie (xvie-xxe siècles). Formation, emploi, migrations, Revue du Nord, hors-série n° 15, Villeneuve d’Ascq, 2001, Université Lille III ; en particulier S. Chassagne, « La mobilité des ouvriers qualifiés de l’indiennage (1760-1860) », p. 65-81.

    42 Des contremaîtres apparaissent furtivement dans différentes sources : une procédure judiciaire pour un vol d’indiennes (ADLA, B 8745-v, déposition de Pierre Boucher, 31 octobre 1788) ; un inventaire après décès (ADLA, B 6916-III, inventaire de Jean Baptiste Leroy, 20 avril 1780) ; le registre de la capitation de 1789 (ADLA, B 3530).

    43 ADLA, B 3530 et B 3532, rôles de capitation de Nantes et de la paroisse de Saint-Sébastien, 1789 ; AMN, 1 E 47, registre des mariages des sections Lepelletier et Beaurepaire, an II.

    44 73 capités déclarent un métier de l’indiennage : quatre dessinateurs, dix graveurs, vingt-sept imprimeurs, une pinceauteuse, ainsi que deux « contremaîtres aux indiennes », un chimiste et vingt-huit « indienneurs ». Sans doute faut-il rattacher aux indienneries de nombreux journaliers. Graveurs, imprimeurs et indienneurs versent en moyenne quatre livres dix sols, trois livres et trente sols, tandis que les journaliers ne sont capités qu’à une livre.

    45 ADLA, B 6 916-III, inventaire après décès de Samuel Kiburt, 20 mai 1780. Imposé par la Coutume de Bretagne, l’inventaire après décès liquide la communauté que formaient les époux.

    46 ADLA, B 6 925-II, inventaire après décès d’Antoine Chaudé, 9 mai 1789.

    47 ADLA, C 749, « mémoire présenté à Nosseigneurs des États de Bretagne… », 1766 ?

    48 ADLA, L 1628, observations sur le commerce et les fabriques de Nantes, décembre 1795 ; 1 M 2125, lettre de L. Favre aîné au préfet, 17 février 1806. Cependant, la production nationale s’avère insuffisante, si bien que des toiles sont importées, de Suisse notamment (ADLA, 1 ET-A 20, réponse de Petitpierre à l’enquête du printemps de l’an III, 24 floréal an III).

    49 Parmi les 500 métiers qui emploient du coton vers 1789, une petite moitié travaille dans la fabrique dispersée des basins, les autres se consacrant donc à la production de cotonnades de qualité.

    50 Non seulement les importations de coton augmentent au cours de la seconde moitié du xviiie siècle dans le port de Nantes (ADLA, C 724, états des importations, 1763-89), mais encore le coton en laine prend une place importante à côté du coton filé (ADLA, 1 ET-A 25, mémoire sur le commerce de Nantes, an X).

    51 AMN, D 3-C 4-D 18, lettre de L. Saget, 7 pluviôse an VIII.

    52 ADLA, L 1628, « réponses des citoyens Saget et compagnie, entrepreneurs d’une filature de coton et fabriques d’étoffes à Nantes, à celles des questions proposées par le comité de salut public, qui concernent les fabriques et manufactures où le coton est emploié (sic) », brumaire an IV ?

    53 Attestée dans les années 1800 (ADLA, 1 M 2125, état des filatures de coton établies dans le département de la Loire-Inférieure, 25 février 1806), la mull-jenny semble avoir été introduite en 1798 (ADLA, L 1628, observations sur les manufactures par le conseil d’agriculture, arts, manufactures et commerce du département de Loire-Inférieure, an Ix ? ; 1 M 2124, réponse des ouvriers fileurs de coton à l’enquête de 1848).

    54 Chez Pelloutier, « le coton pour les chaînes s’exécute au moyen de mécaniques dont la plupart filent 70 brins à la fois » (M. Gournay, Tableau général du commerce, op. cit.). Ainsi, « une seule ouvrière peut filer en un jour plus de coton que dix fileuses à la main n’en pouvoient fournir » (ADLA, L 1628, « réponses des citoyens Saget et compagnie… », brumaire an IV ?).

    55 ADLA, C 750, mémoire contre l’introduction des toiles d’Alsace dans le royaume, 1788 ?

    56 ADLA, L 1628, mémoire de Saget adressé au Département, 21 ventôse an IV.

    57 ADLA, L 1628, « réponses des citoyens Saget et compagnie… », brumaire an IV ?

    58 A. Young, Voyages en France, op. cit., p. 972.

    59 ADLA, L 1628, « réponses des citoyens Saget et compagnie… », brumaire an Iv ? (les indications et citations suivantes sont tirées de ce document).

    60 « Avec ces trois sortes de machines, on peut filer du coton dans toutes les qualités, depuis les numéros les plus bas jusqu’aux plus hauts qu’il est possible d’atteindre. On entend par numéro la quantité d’échevaux de 700 aunes dont une livre est composée. Ainsi une livre de coton filé au n° 12 contient 12 échevaux de 700 aunes, faisant 8400 aunes ; et, par la même raison, le coton au n° 50 est celui dont il faudroit 50 échevaux de 700 aunes ou 35 mille aunes pour composé la livre. On peut filer jusqu’au n° 150 et même au-delà. »

    61 P. Verley souligne le caractère pionnier des indiennes pour l’apparition de la consommation de masse (L’échelle du monde. Essai sur l’industrialisation de l’Occident, Paris, Gallimard, 1997).

    62 ADLA, C 749, « mémoire présenté à Nosseigneurs des États de Bretagne… », 1766 ?

    63 D. Roche, La culture des apparences. Une histoire du vêtement, xviie-xviiie siècles, Paris, Fayard, 1989.

    64 Sur la question du bilan économique de la Révolution, voir F. Hincker, La Révolution française et l’économie. Décollage ou catastrophe ?, Paris, Nathan, 1989.

    65 Ce tournant correspond à un regain de l’industrialisation, qui intervient en réaction à la crise de la traite négrière, dans la seconde moitié des années 1820 (O. Pétré-Grenouilleau, Histoire de Nantes, Plomelin, Palantines, 2003).

    66 D. Woronoff, Histoire de l’industrie française du xvie siècle à nos jours, Paris, Seuil, 1994.

    67 ADLA, C 660, mémoire d’Augustin Daniel. Sur ce problème crucial du contrôle des fileuses, voir W. Reddy, « Modes de paiement et contrôle du travail dans les filatures de coton en France, 1750-1848 », Revue du Nord, n° spécial, « Aux origines de la Révolution industrielle », 1981-1, p. 135-146. Plus largement, dans un chapitre consacré à « la rationalisation du travail à domicile », D. Terrier écrit que « contrairement à ce que l’on aurait envie de faire prime abord, il faut se garder d’opposer le monde de l’usine, soumis à des transformations rapides, au gré des apports technologiques nombreux et variés, et un monde du travail à domicile immuable, indifférent aux contraintes de la pression productiviste » (Les deux âges de la proto-industrie. Les tisserands du Cambrésis et du Saint-Quentinois, 1730-1880, Paris, EHESS, 1996, p. 170).

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    • Samuel Guicheteau
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    1 F. Braudel, E. Labrousse (dir.), Histoire économique et sociale de la France, Paris, PUF, 1970, t. 2, Des derniers temps de l’âge seigneurial aux préludes de l’âge industriel (1660-1789), p. 651.

    2 L’expression « Ancien Régime industriel » ne doit pas laisser croire que les corporations sont des structures archaïques et sclérosées, ni que l’encadrement réglementaire de l’industrie reste figé à une époque marquée par la montée du discours libéral. Pour une approche critique, voir Ph. Minard, La fortune du colbertisme. État et industrie dans la France des lumières, Paris, Fayard, 1998.

    3 En 1686, il fut interdit non seulement d’importer d’Inde des toiles peintes mais encore de fabriquer en France des toiles imprimées (E. Depitre, La toile peinte en France aux xviie et xviiie siècle, Paris, M. Rivière, 1912).

    4 Nous empruntons cette expression à B. Roy, Une capitale de l’indiennage, Nantes, Nantes, Musée des salorges, 1948. Les travaux de S. Chassagne sont essentiels : La manufacture de toiles imprimées de Tournemine-lès-Angers, 1752-1820 : étude d’une entreprise et d’une industrie au xviiie siècle, Paris, Klincksieck, 1972 ; le coton et ses patrons. France, 1760-1840, Paris, EHESS, 1991. Les recherches menées pour notre thèse intègrent de nouvelles perspectives et mobilisent de nouvelles sources (La Révolution des ouvriers nantais. Le façonnement d’une identité sociale et culturelle, des années 1760 aux années 1830, Université Rennes 2, 2006, sous la direction d’A. Croix).

    5 Voir par exemple, J.-M. Roland de La Platière, Encyclopédie Méthodique, Paris-Liège 1785 – Section manufactures, arts et métiers, art. « impression sur toiles ».

    6 Les picots sont les points de raccord qui permettent à l’imprimeur d’ajuster correctement son dessin.

    7 Arch. dép. Loire-Atlantique, 1 ET-A 20, « mémoire de L. Favre aîné sur les moyens de relever les manufactures d’indiennes et [les] causes de leur anéantissement prochain », 25 prairial an VII.

    8 Cette éclosion a déjà été présentée dans le détail : voir E. Depitre, la toile peinte, op. cit. ; H. Clouzot, Histoire de la manufacture de Jouy et de la toile imprimée en France, Paris, G. van Oest, 1928 ; B. Roy, Une capitale de l’indiennage, op. cit. ; S. Chassagne, La manufacture de toiles imprimées de Tournemine, op. cit. Les sources sont essentiellement des archives notariales, déjà présentées par S. Chassagne.

    9 S. Chassagne, Le coton, op. cit., p. 146.

    10 ADLA, 4 E 2-1063, minute de maître Hérault, 6 avril 1762.

    11 ADLA, 4 E 2-762, minute de maître Fouquereaux, 28 février 1763.

    12 ADLA, C 749, « mémoire présenté à Nosseigneurs des États de Bretagne… », 1766 ?

    13 Les grandes manufactures des années 1780 apparaissent dans l’enquête de 1785 (Arch. nationales, F 12-1404-A, état transmis par l’inspecteur Watier, 19 novembre 1785) ou dans le Calendrier du Commerce pour 1790.

    14 AN, F 12-1404 A, « état des généralités dans lesquelles sont établies des fabriques de toiles peintes ou imprimées, des lieux où elle sont situées, de la quantité approximative de pièces imprimées annuellement dans chacune d’elles », novembre 1785 ?

    15 ADLA, 1 ET-A 20, « mémoire de L. Favre aîné… », 25 prairial an VII.

    16 La correspondance des inspecteurs des manufactures de Rennes et de Nantes montre que l’enquête est réalisée très rapidement – or, la rapidité n’est pas un gage de fiabilité – et qu’en l’absence d’états de production pour le début des années 1780, elle ne repose que sur « les déclarations conjecturales » des manufacturiers (AN, F 12-1404-A, lettre de l’inspecteur Watier au Bureau du commerce, 19 novembre 1785).

    17 La législation de 1785 introduit un contrôle, si bien que nous disposons d’états de production qui reflètent l’activité du bureau de marque de Nantes : celui de 1786 signale 73 141 pièces (Arch. dép. d’Ille-et-vilaine, C 1552, 22 janvier 1787).

    18 En 1786, dans une supplique adressée aux Etats de Bretagne, les indienneurs se disent « plus de deux mille » (Arch. mun. Nantes, HH 34, plainte des ouvriers indienneurs contre l’introduction dans le royaume des indiennes étrangères, 15 novembre 1786).

    19 En 1788, Petitpierre engage un graveur sur planches de cuivre, le véritable artiste Pierre Joseph Maader (ADLA, 4 E 22-47, minute de maître Briand-Dumarais, 28 juillet 1788). La description de la manufacture Gorgerat vers 1810, publiée par S. Chassagne, distingue deux imprimeries à la planche de bois, d’une autre à la planche de cuivre (Le coton, op. cit., p. 168).

    20 Dès 1784, l’inventaire de la production de la manufacture métallurgique de Saint-Sébastien indique que six rouleaux ont été remis à une indiennerie (ADLA, 4 E 2-498, minute de maître Girard, 13 octobre 1784).

    21 H. Clouzot indique que L. Favre aîné installe, sous le Premier Empire, une machine à imprimer aux cylindres (Histoire de la toile imprimée, op. cit., p. 165).

    22 L’extension spatiale des indienneries répond non seulement à leur essor mais encore à cette exigence nouvelle d’organisation de l’espace. Ailleurs, aussi la « création d’une nouvelle entreprise, surtout inspirée par la volonté de rationaliser les opérations, ne pouvait se faire qu’à la périphérie des villes, là où se rencontraient les terrains disponibles, et si possible près d’une rivière » (S. Chassagne, le coton, op. cit., p. 157).

    23 Cependant, cette abbaye sera incendiée durant la guerre civile (ADLA, 1 ET-A 20, renseignements sur la manufacture d’orillard, floréal-prairial an III ?).

    24 ADLA, 4 E 2-947, minute de maître Girard, 16 novembre 1779.

    25 ADLA, L 2080, plainte de Gorgerat frères, 12 prairial an IV. L’organisation de l’espace reste donc moins poussée dans les indienneries nantaises que dans la manufacture de Jouy où, dès 1765, « l’espace productif s’organise selon un modèle rationnel » (A. Dewerpe, Y. Gaulupeau, La fabrique des prolétaires. Les ouvriers de la manufacture d’Oberkampf à Jouy-en-Josas, 1760-1815, Paris, PENS, 1990, p. 39).

    26 En 1787, les imprimeurs, sans travail à la morte-saison, souhaitent être embauchés dans la manufacture d’orillard, au détriment des ouvrières qui y travaillent (AMN, HH 34, billet du sieur Fourny, octobre 1787 ?).

    27 En 1761, à l’issue de l’apprentissage, un salaire à la pièce est prévu, qui varie en fonction de la complexité des indiennes confectionnées. De plus, cette reconnaissance de la qualification s’accompagne d’une large autonomie, les imprimeurs dirigeant explicitement leurs auxiliaires (ADLA, 4 E 2-928, minute de maître Girard, engagement de trois apprentis imprimeurs-rentreurs, 6 mai 1761). En revanche, en 1775, aucune perspective de progrès n’apparaît dans le contrat d’apprentissage d’un jeune rentreur (ADLA, 4 E 2-430, minute de maître Briand, 2 septembre 1775).

    28 AMN, FF 257, interrogatoires de Pierre Barrateau et de Pierre Guillet, 6 juin 1775.

    29 AMN, HH 34, plainte d’Orillard, Guillou et Metzener contre les imprimeurs, 8 octobre 1787.

    30 Toutes les marchandises de traite ne sont pas de piètre qualité, mais l’utilisation de lin et de coton du Levant filé au rouet (et non des îles, de qualité supérieure, et filé à la mécanique, donc plus homogène), ainsi que la technique de la réserve pour l’application des couleurs, attestent de la médiocrité de ces toiles (ADLA, 1 ET-A 20, renseignements sur la manufacture d’Orillard, floréal-prairial an III ? ; AMN, HH 34, plainte d’orillard, Guillou et Metzener, 8 octobre 1787).

    31 J.-B. Huet, Recherches économiques et statistiques sur le département de la Loire-Inférieure, an XI, Nantes, Malassis, an xII, p. 155.

    32 A. Young, Voyages en France, 1787, 1788, 1789, Paris, A. Colin, 1976, t. 3, p. 972.

    33 Ph. Haudrère, La compagnie française des indes au xviiie siècle (1719-1795), Paris, Libraire de l’Inde, 1989, p. 417.

    34 ADLA, C 750, « note au sujet de la fabrique d’indiennes ou toille peinte en général que le sieur Louis Langevin, a entrepris et commencé à Nantes en 1759… », 14 août 1766.

    35 ADIV, C 3929, mémoire de l’inspecteur de Coisy concernant le commerce et la fabrique des différentes toiles, 1751.

    36 M. Gournay, Tableau général du commerce, 1789, p. 491.

    37 Ph. Minard, La fortune du colbertisme, op. cit.

    38 Nous suivons ici l’analyse d’E. Depitre, La toile peinte, op. cit.

    39 ADLA, 4 E 2-431, minute de maître Briand, 24 février 1779 ; AMN, GG 508, registre des baptêmes et des mariages de l’Église réformée, 6 mars 1779.

    40 AMN, I2, registre des livrets remis en l’an XII. En 1803, sous le Consulat, une loi restaure l’obligation, introduite en 1781, pour les ouvriers de détenir un livret mentionnant les entrées et les sorties des ateliers ou manufactures successivement fréquentés. Cette obligation vise à imposer le respect du délai de préavis de départ et, au-delà, à empêcher les cessations immédiates du travail, donc à brider l’action ouvrière.

    41 G. Gayot, Ph. Minard (éd.), Les ouvriers qualifiés de l’industrie (xvie-xxe siècles). Formation, emploi, migrations, Revue du Nord, hors-série n° 15, Villeneuve d’Ascq, 2001, Université Lille III ; en particulier S. Chassagne, « La mobilité des ouvriers qualifiés de l’indiennage (1760-1860) », p. 65-81.

    42 Des contremaîtres apparaissent furtivement dans différentes sources : une procédure judiciaire pour un vol d’indiennes (ADLA, B 8745-v, déposition de Pierre Boucher, 31 octobre 1788) ; un inventaire après décès (ADLA, B 6916-III, inventaire de Jean Baptiste Leroy, 20 avril 1780) ; le registre de la capitation de 1789 (ADLA, B 3530).

    43 ADLA, B 3530 et B 3532, rôles de capitation de Nantes et de la paroisse de Saint-Sébastien, 1789 ; AMN, 1 E 47, registre des mariages des sections Lepelletier et Beaurepaire, an II.

    44 73 capités déclarent un métier de l’indiennage : quatre dessinateurs, dix graveurs, vingt-sept imprimeurs, une pinceauteuse, ainsi que deux « contremaîtres aux indiennes », un chimiste et vingt-huit « indienneurs ». Sans doute faut-il rattacher aux indienneries de nombreux journaliers. Graveurs, imprimeurs et indienneurs versent en moyenne quatre livres dix sols, trois livres et trente sols, tandis que les journaliers ne sont capités qu’à une livre.

    45 ADLA, B 6 916-III, inventaire après décès de Samuel Kiburt, 20 mai 1780. Imposé par la Coutume de Bretagne, l’inventaire après décès liquide la communauté que formaient les époux.

    46 ADLA, B 6 925-II, inventaire après décès d’Antoine Chaudé, 9 mai 1789.

    47 ADLA, C 749, « mémoire présenté à Nosseigneurs des États de Bretagne… », 1766 ?

    48 ADLA, L 1628, observations sur le commerce et les fabriques de Nantes, décembre 1795 ; 1 M 2125, lettre de L. Favre aîné au préfet, 17 février 1806. Cependant, la production nationale s’avère insuffisante, si bien que des toiles sont importées, de Suisse notamment (ADLA, 1 ET-A 20, réponse de Petitpierre à l’enquête du printemps de l’an III, 24 floréal an III).

    49 Parmi les 500 métiers qui emploient du coton vers 1789, une petite moitié travaille dans la fabrique dispersée des basins, les autres se consacrant donc à la production de cotonnades de qualité.

    50 Non seulement les importations de coton augmentent au cours de la seconde moitié du xviiie siècle dans le port de Nantes (ADLA, C 724, états des importations, 1763-89), mais encore le coton en laine prend une place importante à côté du coton filé (ADLA, 1 ET-A 25, mémoire sur le commerce de Nantes, an X).

    51 AMN, D 3-C 4-D 18, lettre de L. Saget, 7 pluviôse an VIII.

    52 ADLA, L 1628, « réponses des citoyens Saget et compagnie, entrepreneurs d’une filature de coton et fabriques d’étoffes à Nantes, à celles des questions proposées par le comité de salut public, qui concernent les fabriques et manufactures où le coton est emploié (sic) », brumaire an IV ?

    53 Attestée dans les années 1800 (ADLA, 1 M 2125, état des filatures de coton établies dans le département de la Loire-Inférieure, 25 février 1806), la mull-jenny semble avoir été introduite en 1798 (ADLA, L 1628, observations sur les manufactures par le conseil d’agriculture, arts, manufactures et commerce du département de Loire-Inférieure, an Ix ? ; 1 M 2124, réponse des ouvriers fileurs de coton à l’enquête de 1848).

    54 Chez Pelloutier, « le coton pour les chaînes s’exécute au moyen de mécaniques dont la plupart filent 70 brins à la fois » (M. Gournay, Tableau général du commerce, op. cit.). Ainsi, « une seule ouvrière peut filer en un jour plus de coton que dix fileuses à la main n’en pouvoient fournir » (ADLA, L 1628, « réponses des citoyens Saget et compagnie… », brumaire an IV ?).

    55 ADLA, C 750, mémoire contre l’introduction des toiles d’Alsace dans le royaume, 1788 ?

    56 ADLA, L 1628, mémoire de Saget adressé au Département, 21 ventôse an IV.

    57 ADLA, L 1628, « réponses des citoyens Saget et compagnie… », brumaire an IV ?

    58 A. Young, Voyages en France, op. cit., p. 972.

    59 ADLA, L 1628, « réponses des citoyens Saget et compagnie… », brumaire an Iv ? (les indications et citations suivantes sont tirées de ce document).

    60 « Avec ces trois sortes de machines, on peut filer du coton dans toutes les qualités, depuis les numéros les plus bas jusqu’aux plus hauts qu’il est possible d’atteindre. On entend par numéro la quantité d’échevaux de 700 aunes dont une livre est composée. Ainsi une livre de coton filé au n° 12 contient 12 échevaux de 700 aunes, faisant 8400 aunes ; et, par la même raison, le coton au n° 50 est celui dont il faudroit 50 échevaux de 700 aunes ou 35 mille aunes pour composé la livre. On peut filer jusqu’au n° 150 et même au-delà. »

    61 P. Verley souligne le caractère pionnier des indiennes pour l’apparition de la consommation de masse (L’échelle du monde. Essai sur l’industrialisation de l’Occident, Paris, Gallimard, 1997).

    62 ADLA, C 749, « mémoire présenté à Nosseigneurs des États de Bretagne… », 1766 ?

    63 D. Roche, La culture des apparences. Une histoire du vêtement, xviie-xviiie siècles, Paris, Fayard, 1989.

    64 Sur la question du bilan économique de la Révolution, voir F. Hincker, La Révolution française et l’économie. Décollage ou catastrophe ?, Paris, Nathan, 1989.

    65 Ce tournant correspond à un regain de l’industrialisation, qui intervient en réaction à la crise de la traite négrière, dans la seconde moitié des années 1820 (O. Pétré-Grenouilleau, Histoire de Nantes, Plomelin, Palantines, 2003).

    66 D. Woronoff, Histoire de l’industrie française du xvie siècle à nos jours, Paris, Seuil, 1994.

    67 ADLA, C 660, mémoire d’Augustin Daniel. Sur ce problème crucial du contrôle des fileuses, voir W. Reddy, « Modes de paiement et contrôle du travail dans les filatures de coton en France, 1750-1848 », Revue du Nord, n° spécial, « Aux origines de la Révolution industrielle », 1981-1, p. 135-146. Plus largement, dans un chapitre consacré à « la rationalisation du travail à domicile », D. Terrier écrit que « contrairement à ce que l’on aurait envie de faire prime abord, il faut se garder d’opposer le monde de l’usine, soumis à des transformations rapides, au gré des apports technologiques nombreux et variés, et un monde du travail à domicile immuable, indifférent aux contraintes de la pression productiviste » (Les deux âges de la proto-industrie. Les tisserands du Cambrésis et du Saint-Quentinois, 1730-1880, Paris, EHESS, 1996, p. 170).

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    Guicheteau, Samuel. « Les indiennes nantaises dans la seconde moitié du xviiie siècle, les enseignements d’une comparaison ». In Du lin à la toile, édité par Jean Martin et Yvon Pellerin. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2008. https://doi.org/10.4000/books.pur.5214.
    Guicheteau, Samuel. « Les indiennes nantaises dans la seconde moitié du xviiie siècle, les enseignements d’une comparaison ». Du lin à la toile, édité par Jean Martin et Yvon Pellerin, Presses universitaires de Rennes, 2008, https://doi.org/10.4000/books.pur.5214.

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    Martin, Jean, et Yvon Pellerin, éd. Du lin à la toile. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2008. https://doi.org/10.4000/books.pur.5180.
    Martin, Jean, et Yvon Pellerin, éditeurs. Du lin à la toile. Presses universitaires de Rennes, 2008, https://doi.org/10.4000/books.pur.5180.
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