Avant-propos
p. 9-10
Texte intégral
1Contrairement aux idées reçues, l’Histoire n’est pas une science figée, et celle toute particulière de notre département des Côtes-d’Armor en atteste régulièrement, elle qui se renouvelle sans cesse, se nourrissant des travaux des chercheurs, enseignants, étudiants et autres passionnés. En la matière, l’histoire des toiles fait figure d’exemple précurseur pour une telle redécouverte.
2Oubliée voire refoulée, il aura fallu plus d’un siècle et demi pour que des historiens tels que Monsieur Jean Tanguy puis Monsieur Jean Martin, nous ouvrent à nouveau les yeux sur l’histoire perdue des toiles bretagnes, et plus généralement sur toute une économie toilière à l’échelle régionale qui fit la richesse et la prospérité de la Bretagne. Qu’ils en soient ici remerciés.
3Des toiles grossières de chanvre et de lin d’usage quotidien au Moyen Âge, le marché s’est progressivement structuré sous l’impulsion de quelques cités dont Quintin demeure le plus beau fleuron. Durant près de trois siècles (du xvie au xviiie), la manufacture des toiles bretagnes s’étend sur un vaste quadrilatère de Saint-Brieuc à Pontivy, de Corlay à Moncontour, approvisionnée en cela par le Trégor, pays qui se spécialise progressivement dans la culture du lin. Saint-Malo est la clé de cette économie, car c’est elle qui ouvre les portes de l’Espagne, de Cadix puis des Amériques avec leurs ports de Carthagène, Porto Bello et La Véra-Cruz.
4Si la Révolution française porte un sérieux coup d’arrêt à l’activité économique toilière, les guerres napoléoniennes en sonnent définitivement le glas, le décollage d’une proto-industrie textile si prometteur n’aura pas lieu. Au contraire, tout au long du xixe siècle, les pouvoirs publics au premier rang desquels le Conseil général, tentent d’inverser le mouvement par des réformes ou des aides. La zone toilière s’enfonce progressivement dans la misère, forçant les habitants à quitter leur région. Dans ce déclin, seul demeurera pour un peu de temps encore, une région trégorroise agricole cultivant le lin jusque dans les années 1950.
5Aujourd’hui, le patrimoine architectural remarquable et les archives privées et publiques témoignent de la grandeur passée. À leur lumière, les historiens ont démontré l’exceptionnelle réussite de cette économie textile. Aussi, j’ai souhaité avec l’ensemble des élus départementaux, proposer au public cet éclairage et la reconnaissance de ce travail de recherches. Ces deux jours de rencontres en sont l’illustration, offrant à qui veut connaître l’Histoire de sa région, la possibilité d’appréhender son avenir armé de ce précieux bagage.
6Le Président du Conseil général des Côtes-d’Armor.
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