Pax Helvetica ? La construction de la légendaire non-violence suisse (1798-1918)1
p. 299-307
Texte intégral
1Parler de violences et de réconciliations en Suisse peut paraître inutile tant la Confédération semble paisible. En réalité, comme on s’en doute, l’image d’une contrée providentiellement épargnée par les divisions relève du cliché2. La société suisse a longtemps été tout aussi violente que les autres, et le calme qui semble, toutes proportions gardées, régner dans le pays est bien le fruit d’efforts, de techniques et de structures conciliatoires qui, selon certains politologues tels que Arend Lijphard, forment un vaste réservoir de modèles à méditer, voire à imiter3.
2Selon ces chercheurs, la tranquillité suisse s’alimenterait à la fois à une incontestable prospérité économique et à une longue tradition d’accommodement4. Bizarrement, et en dépit de cette assertion, les historiens ne se sont jamais vraiment penchés sur la question de la réconciliation politique. Certains se sont tus, parce qu’ils estimaient en effet que les Suisses étaient « génétiquement » calmes, tout débordement n’étant alors qu’une exception peu digne d’intérêt5. Et les autres, plutôt que d’explorer les techniques de gestion des conflits, ont préféré détailler les dissensions qui ont menacé l’existence puis le maintien de l’entité suisse6. Insidieusement, ces études induisent elles aussi une impression de tranquillité naturelle puisqu’elles insistent sur des cicatrices aujourd’hui refermées, sans indiquer les médications nécessaires à ces guérisons-là7.
3Les divisions que ces historiens mettent en évidence se présentent sous forme de paires opposant successivement les cantons montagnards aux cantons urbains, du xiiie au xve siècle, puis les catholiques aux protestants durant les guerres de religions qui déchirèrent l’Europe moderne, les riches aux pauvres de la fin du xviie au début du xxe, et enfin, les germanophones aux francophones depuis le dernier quart du xixe. Dans ce vaste panorama conflictuel, la période qui s’étend de 1798 à 1918 constitue un champ d’investigation exceptionnel. D’une part, ce long xixe siècle réunit tous ces types d’opposition. En effet, durant ce laps de temps, la Suisse a eu tout d’abord à subir une occupation étrangère qui dégénéra en anarchie en 1802 ; elle a traversé en 1847 les affres du Sonderbund, une guerre civile qui vit s’affronter catholiques conservateurs et protestants progressistes ; à l’occasion du Kulturkampf, dans les années 1870, elle a traversé une profonde crise de conscience religieuse ; ensuite, et jusqu’à la fin du premier conflit mondial, elle a expérimenté l’inconfort de son plurilinguisme tout en étant secouée par de profonds troubles sociaux. Or, d’autre part, et c’est le second intérêt majeur de la période, tous ces événements se produisent sur fond de construction nationale helvétique ; c’est-à-dire à un moment où il importait de déployer une vaste panoplie de moyens pour éviter l’éclatement du pays8.
4En exposant les violences qui ont menacé la construction nationale helvétique tout au long du xixe siècle, il s’agit d’insister ici sur les modes de conciliation utilisés et d’évaluer, dans la mesure du possible, leur efficacité. La question est donc de regarder sur quelles bases concrètes se fonde la réputation de tranquillité helvétique et d’examiner jusqu’à quel point cette même réputation est usurpée, qu’on parle alors d’échecs ou d’effets collatéraux potentiellement destructeurs ; le tout afin de voir si la fameuse tranquillité helvétique est aussi suisse, aussi naturelle et aussi exemplaire qu’on a coutume de le dire.
Une gestion suisse ?
5Vouloir gérer un conflit, c’est-à-dire vouloir préserver la Suisse en tant qu’entité géopolitique, présupposait une forte conscience de sa réalité et, partant, de la nécessité de sa perpétuation. Or, au risque de surprendre ceux qui voient dans la Confédération une heureuse sept-centenaire, il faut bien avouer que cette prise de conscience est récente et ne se généralise qu’au milieu du xixe siècle9. Jusqu’alors, l’entité helvétique avait surtout subsisté grâce à un ensemble de facteurs conciliatoires indépendants de la volonté des Confédérés ; des éléments fortuits se divisant eux-mêmes en deux groupes.
6À cet égard, la catégorie la plus importante réunit les opérations qui permirent la survie du pays par décisions ou actions de l’étranger. Parfois, cette volonté extérieure se fit positive, voire active, comme ce fut le cas entre 1798 et 1813, où l’unité du pays ne fut préservée qu’à la faveur de la mainmise française10 ; ou comme ce fut le cas, également, au moment du Congrès de Vienne, en 1815, quand les grandes puissances luttèrent contre les égoïsmes cantonaux pour maintenir un pays cohérent, susceptible de garantir la neutralité du centre de l’Europe11. Souvent, la pression du voisinage s’effectua par la négative ou, si l’on veut, de façon passive, à l’instar des périodes, relativement rares mais exceptionnellement sanglantes, où la Confédération, protégée précisément par cette même neutralité, fut entourée de pays en guerre.
7Au rang de ces facteurs de pacification involontaires, il convient aussi d’ajouter toute une série de hasards internes qui facilitèrent inopinément la réconciliation des Helvètes. Certains d’entre eux sont d’ordre géographique, comme la centralité des cantons, considérés comme le berceau de la Confédération, qui, pour d’évidentes raisons pratiques, a interdit qu’ils ne sortent du Corps helvétique, alors même qu’ils en ont souvent exprimé le désir12. D’autres hasards sont de type socio-politique, comme la structure morcelée et gigogne de l’espace helvétique qui, lointain héritage des archaïsmes institutionnels de l’Ancien Régime, a permis de désamorcer de nombreux conflits en les échelonnant à chaque degré de la pyramide administrative13. La plupart, enfin, de ces vecteurs de stabilité contingents sont à rechercher dans le domaine économique, où la complémentarité des Suisses, puis leurs incontestables succès industriels, ont créé un véritable intérêt à demeurer liés14.
8Les effets pacificateurs de ce double ensemble de facteurs contingents, externes et internes, se font surtout sentir durant la première moitié du xixe siècle. Même s’ils sont encore perceptibles après 1847, ils tendent pourtant à s’effacer devant l’importance grandissante du concept national. De fait, ces deux types de gestion comportent des éléments en parfaite contradiction avec le désir toujours plus fort de l’élaboration d’une Suisse indépendante, cohérente et unie. D’une part, l’ingérence des grandes puissances a souvent risqué de tourner à l’invasion du pays ou, au moins, à sa partition. Ainsi, lors de la guerre du Sonderbund, les Autrichiens et les Français soutenaient clairement le camp catholique et n’auraient pas manqué de favoriser l’éclatement du pays15. D’autre part, et c’est peut-être moins évident, l’importance donnée aux structures cantonales constituait également un frein aux entreprises pacificatrices tentées au niveau national, surtout après la fin d’une guerre civile qui menaçait de réveiller les susceptibilités locales et d’inciter les vaincus à user de leurs pouvoirs pour faire obstruction aux décisions des vainqueurs16.
Une gestion naturelle ?
9Au milieu du xixe siècle, on note un désir toujours plus évident de transformer le faisceau helvétique en un véritable état-nation. Cette tendance se perçoit par de multiples mesures, visant à unifier et à centraliser plus positivement le pays. Cette opération provoque alors l’éveil d’innombrables velléités contraires qui, à leur tour, stimulent l’utilisation de moyens rassembleurs diversement contraignants. Dans cette optique, on peut considérer la gestion des conflits à la fois comme le complément obligé et la facette cachée de la construction nationale ; tant il est vrai que veiller au non-éclatement de la Suisse participait aussi de son élaboration.
10Si le but était nouveau, les procédés employés ne le seront pas forcément. Ainsi, les partisans d’un véritable état-nation helvétique se contentent, parfois, de réactualiser d’anciennes méthodes conciliatoires, telles que l’arbitrage ou l’amnistie qui existaient au Moyen-Âge déjà17. Mais ces vieilles recettes sont alors adaptées aux événements et cimentées par d’autres techniques, originales, évoluant au gré des circonstances. Au tout début du xixe siècle, les autorités orchestrent une sorte d’ » escamotage axiologique » et une « exterritorialisation », reléguant les discordes idéologiques au rang de problème secondaire, uniquement importé de l’étranger18. Dès 1830, les dispositifs conciliatoires sont essentiellement testés sur le plan cantonal où s’expérimentent des modes d’apaisement plus financiers, par payement de compensations, ou des moyens de pacification plus politiques, comme l’introduction progressive du suffrage universel (masculin) ; des méthodes qui eurent d’ailleurs souvent des effets contraires à ceux escomptés. Il apparaît, en effet, que l’obtention du droit de vote est souvent lié à l’amélioration du niveau d’instruction ; or cet appréciable gain intellectuel ne limite généralement pas les aspirations démocratiques des citoyens mais, bien au contraire, les favorise19.
11Quand, en 1847, éclate la guerre civile du Sonderbund qui verra la victoire des radicaux protestants sur les conservateurs catholiques, ces différents mécanismes de conciliation sont transposés au niveau fédéral. Ainsi, outre une grande rapidité des actions militaires qui contribuera à réduire le nombre de morts et l’ampleur du ressentiment réciproque ; outre, aussi, l’indubitable modération des réparations de guerre exigées des petits cantons ; l’une des principales réponses à ce conflit fratricide est inscrite dans l’organisation des structures décisionnelles dont se dote la Confédération, désormais dominée par les vainqueurs. Pour pacifier le pays, ses tout nouveaux dirigeants, qui savent pouvoir compter sur de nombreux disciples, instaurent un système exclusivement majoritaire qui présente l’avantage d’offrir un semblant d’impartialité et, pourtant, d’assurer leur contrôle exclusif sur les affaires suisses20. De fait, cette politique ne va pas sans créer de larges catégories de laissés-pour-compte, comme les catholiques et les gagne-petit qui réclament aussi une part de pouvoir.
12C’est dans ce contexte de tensions croissantes qu’éclate le Kulturkampf dans les années 1870, une crise originale en ce qu’elle est anticipée et alimentée par les autorités nationales21. En prenant l’initiative de cette lutte, elles parviennent à soumettre les résistances catholiques avant de les bâillonner définitivement par la promulgation d’une constitution ad hoc. Moins de vingt ans après avoir vaincu législativement les ultramontains, soupçonnés de privilégier Rome au détriment de leur propre nation, on invente un type de prise de décision qui muselle les minorités en leur donnant l’impression contraire. En effet, dès 1891, le gouvernement fédéral admet des dirigeants catholiques en son sein, tout en restant régi par un système strictement majoritaire ; cette « mystification » ôte aux partisans de l’ancienne religion à la fois la possibilité de se faire entendre au niveau décisionnel mais aussi de combattre les prises de position officielles, puisqu’ils sont censés avoir pu y participer. Si les partisans du nouvel état-nation radical parviennent ainsi à soumettre les adeptes d’une cosmogonie supranationale d’essence religieuse, leur lutte contre les cosmogonies supranationales de gauche reste longtemps plus incertaine.
13Il est vrai que gouvernement n’avait alors pas entrepris de faire immédiatement tout ce qui était en son pouvoir pour régler la « question sociale ». Sans doute cette pusillanimité était-elle inconsciente. Sans doute découlait-elle de préjugés tenaces, postulant la normalité des disparités économiques ou, à tout le moins, considérant qu’en démocratie chacun est l’artisan privilégié de son propre destin. Mais, il faut avouer que les dissensions de cet ordre avaient un effet presque miraculeux qui n’avait pas pu échapper aux édiles suisses. Quand elles sentaient leurs intérêts menacés par les revendications et la violence sociales, les élites bourgeoises tendaient à dépasser leurs propres désaccords. Ainsi, le fossé linguistique qui, durant le premier conflit mondial, faillit se transformer en gouffre potentiellement destructeur a-t-il été comblé en brandissant la peur de l’ouvrier et celle des Rouges. De là à en déduire que le mécontentement social fut sciemment entretenu, il n’y a qu’un pas qu’on peut encore hésiter à franchir. Reste que les manifestations et les grèves qui rythmèrent les premières années du xxe siècle impressionnèrent jusqu’aux petits employés, les poussant à agir eux-mêmes de façon à éviter la scission du pays22.
14Malgré sa grande disparité, ce vaste arsenal de mesures conciliatoires présente des traits communs qui dessinent une évolution globale. L’essentiel de ces moyens est imaginé puis utilisé de manière pragmatique, en fonction d’une utilité immédiate. Par ailleurs, leur efficacité repose essentiellement sur un principe d’exclusion induit par la désignation de « boucs émissaires23 ». Le responsable majuscule des dissensions helvétique est principalement l’étranger et ceux qui, à l’intérieur du pays, se laissent séduire par lui : patriotes, catholiques et, de manière récurrente, membres du prolétariat. Cette discrimination suscite naturellement des réactions violentes. Ironie de l’histoire, ce sont les luttes les plus organisées du monde ouvrier, à la fois pour améliorer ses conditions d’existence et pour s’opposer à sa stigmatisation, qui semblent avoir incité les citoyens à intérioriser l’impératif de calme helvétique24.
Une gestion exemplaire ?
15Dans le dernier quart du xixe siècle, la gestion des conflits acquiert progressivement une troisième dimension. Moins évidente que les deux premières, parce que moins automatiquement dépendante de la volonté des gouvernements suisses ou étrangers, elle regroupe les procédés susceptibles de faire éprouver à tout Confédéré la nécessité de combler les divisions éventuelles du pays. Intimement lié au vécu d’une multitude d’individus n’ayant laissé que de rares traces éparses, ce mode de résolution peut s’appréhender par deux biais indirects complémentaires qui traquent les conditions de son élaboration comme de sa réception, avant de suggérer les raisons de son efficacité et de ses travers.
16En amont de cette intériorisation se trouvent des mécanismes étatiques susceptibles de responsabiliser la population. La méthode la plus simple consiste alors en la répétition officielle d’injonctions au calme et à l’union. Pour plus d’impact, ces appels sont souvent circonstanciés. À l’orée et à la fin du xixe siècle, ils se réfèrent couramment à l’histoire héroïque25. La valorisation scientifique et la vulgarisation du passé national permettent d’accréditer la légitimité de l’existence même de la Suisse. Bien plus, elles engagent les Helvètes à se montrer désormais dignes de leurs glorieux « ancêtres », soit à façonner pour leur patrie un avenir commun qui soit à la hauteur de ses débuts supposés. Parallèlement, et avec une intensité variant en fonction des remous de l’actualité internationale, on souligne la grande chance dont bénéficient les citoyens de la première démocratie d’Europe, neutre de surcroît. Là encore, il s’agit d’insuffler à tout un chacun une conscience certaine des obligations morales qu’imposent une situation préservée dans le monde et la jouissance de droits politiques à l’ampleur inédite26.
17Diffusé par ces formidables relais que sont l’École, l’Église, mais aussi par la presse ou par les manifestations de type festif, le message gouvernemental tombe sur un terreau plutôt fertile27. Une grande partie des Suisses sont alors protestants, ce qui signifie qu’ils cultivaient déjà un sens de la responsabilité individuelle. Plus généralement, on retrouve sur l’ensemble du territoire un ordonnancement socio-politique aux imbrications multiples qui favorise le contrôle immédiat et encourage la prise en charge personnelle, voire l’autocensure. Ces dispositions d’esprit sont encore accentuées par les structures de la vie publique qui, en faisant de tout citoyen (mâle) un soldat ou un électeur potentiel, lui délèguent une large part de pouvoirs… et de devoirs. À l’aune de ces indicateurs imparfaits que sont les mémoires, les correspondances et les résultats parfois surprenants de scrutins à vocation sociale ou fiscale, on peut estimer que les Suisses ont accepté leur part si gratifiante et si pesante de responsabilité dans la bonne marche des affaires publiques28.
18Et c’est dans cette implication personnelle des ressortissants pour le maintien du bien-être de l’état, qu’il convient sans doute d’inscrire l’apaisement des tensions politiques dans la Confédération au xixe siècle. Naturellement, comme la gestion extérieure et intérieure, cette régulation « intériorisée » ne déploie pas uniformément ses effets. D’une part, et au contraire des deux autres, elle ne semble toucher que la petite et la moyenne bourgeoisie. D’autre part, elle ne paraît se développer qu’au tournant du xxe siècle. Toutefois, au lendemain de la Première Guerre déjà, les effets de chacun de ces modes de régulation semblent se combiner et se renforcer mutuellement. La responsabilisation des Suisses dans le processus d’union nationale est, en effet, fonction des conditions de son façonnement externe. Elle s’inscrit dans le fier soulagement de ne pas avoir à subir, en tant que ressortissant d’un pays neutre, les guerres européennes ou mondiales, et elle est déterminée par les structures socio-politiques gigognes qui caractérisent le pays. Ces circonstances fortuites sont alors chargées de sens grâce à des opérations volontaires.
19Ainsi, tout indique que le résultat de ces modes de régulation des conflits dépassa, à bien des égards, les attentes de ses instigateurs. Pénétrés de leur chance, mais aussi de leurs devoirs envers l’étranger et envers leur passé, les Confédérés paraissent avoir eu peur de déroger à la tradition d’union qu’on leur avait inventée.
20Les mécanismes d’intériorisation du message d’entente semblent avoir forgé ou, à tout le moins, accentué des traits réputés eux aussi typiques. Ainsi, en se basant sur une mentalité obsidionale, ils ont sans doute contribué au développement de la xénophobie. Par ailleurs, en se fondant sur un droit de vote moins puissant qu’on ne le prétend, ils ont habitué la population à situer sa souveraineté dans la décision de questions secondaires. Enfin, en impliquant la responsabilité historique et identitaire des citoyens dans le respect d’une réputation de tranquillité, ils ont non seulement poussé les Suisses à rester calmes, mais ils les ont également enfermés dans la crainte de perdre les précieux avantages dont ils jouissaient, en un réflexe qui les a souvent paralysés. Et si aujourd’hui des divisions politiques menacent la Suisse, elles proviennent bien de ceux qui, surtout, ne veulent pas bouger.
21La pax helvetica n’est donc pas un mythe, pas plus qu’elle n’est le résultat d’aptitudes naturelles. Sachant qu’elle est plutôt le fruit d’un hasard que des élites surent développer puis diffuser, on peut se demander, n’en déplaise à Arend Lijphardt, si un tel processus est vraiment exemplaire. Sachant, surtout, que cette opération de surresponsabilisation devait mener à un attentisme potentiellement destructeur, on peut même se demander si une telle imitation ne serait pas nuisible. Car il n’y a que les amateurs de clichés qui puissent confondre une société pacifique avec une société immobile…
Notes de bas de page
1 Pour l’essentiel, cet article est inspiré par Irène Herrmann, Les cicatrices du passé. Essai sur la gestion des conflits en Suisse (1798-1918), Berne etc., Peter Lang, 2006.
2 Irène Herrmann, « Barbares et mercenaires sur une île pacifique », Universitas friburgensis : Violence. Spirale ohne Ende ?, décembre 2005/2, p. 9-10.
3 Arend Lijphart, « Typologies of Democratic Systems », Comparative Political Studies, vol 1, n° 1, p. 3-33. Cette réputation est aussi largement entretenue « de l’intérieur ». Voir, par exemple, Wolf Linder, Swiss Democracy. Possible solutions to Conflict in Multicultural Societies, New York, St Martin’s Press, 1994, ou Jürg Steiner, » Power Sharing : Another Swiss Export Product ? », dans J. Montville (dir.), Conflict and Peacemaking in Multiethnic Societies, Lexington, Lexington Press, 1989, p. 107 et sq. ; ou de manière plus nuancée, Bruno Schoch, Switzerland – A Model for Solving Nationality Conflicts ?, Frankfurt, Peace Research Institute, 2000.
4 Kenneth Douglas McRae, « Theories of Power-Sharing and Conflict Management », dans Conflict and Peacemaking, op. cit., p. 95.
5 Sans surprise, cette interprétation est surtout typique de l’historiographie du xixe qui, de manière délibérée ou non, visait à consolider la nation helvétique.
6 Par exemple Georges Andrey et alii (dir.), Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses, Lausanne, Payot, 1986 (2).
7 Citons, tout de même, à titre d’exceptions : Pierre du Bois (dir.), Union et division des Suisses. Les relations entre Alémaniques, Romands et Tessinois aux xixe et xxe siècles, Lausanne, Éd. de l’Aire, 1983 ainsi que plus récemment La Suisse, pays du consensus ?, Traverse, 3/2001.
8 Sur le xixe siècle et la construction nationale helvétique, voir notamment les ouvrages publiés à l’occasion du 150e anniversaire de l’État fédéral, comme, par exemple : Andreas Ernst, Albert Tanner, Matthias Weishaupt (dir.), Revolution und Innovation – Die Konfliktreiche Entstehung des schweizerischen Bundesstaates von 1848, Zurich, Chronos, 1998 ; Thomas Hildbrand, Albert Tanner (dir.), im zeichen der Revolution. Der Weg zum schweizerischen Bundesstaat 1798-1848, Zurich, Chronos, 1997 ; Tobias Kaestli, CH – eine Republik in Europa. Der schweizerische Nationalstaat seit 1798, Zurich, NZZ Verlag, 1998 ; Brigitte Studer (dir.), Etappen des Bundesstaates. Staats- und Nationbildung der Schweiz, 1848-1998, Zurich, Chronos, 1998.
9 Construction élaborée, bien entendu, sur des phénomènes antérieurs : voir par exemple Ulrich Im Hof, Mythos Schweiz. Identität – Nation – Geschichte. 1291-1991, Zurich, NZZ Verlag, 1991.
10 À cet égard, voir les travaux de Alain-Jacques (Czous-) Tornare, comme : Alain-Jacques Czouz-Tournare (dir.), Quand Napoléon Bonaparte recréa la Suisse : La genèse et la mise en œuvre de l’Acte de médiation : aspects des relations franco-suisses autour de 1803, Paris, Société des Études robespierristes, 2005.
11 Genève et les traités de 1815. Correspondance diplomatique de Pictet de Rochemont et de François d’Ivernois, publiés par les soins de Lucien Cramer, 2 volumes, Genève et Paris, 1914.
12 Irène Herrmann, op. cit., p. 38.
13 Hans-Ulrich Jost, « Violence sociale et culture politique », dans Hans-Ulrich Jost (dir), De la violence sociale à la violence politique. xixe-xxe siècles, Congrès international des Sciences historiques 6-13 août 2000, Lausanne / Oslo, 2000.
14 Telle est la thèse qui sous-tend l’excellent ouvrage de Jean-François Bergier, Histoire économique de la Suisse, Lausanne, Payot, 1984.
15 L’ouvrage le plus complet sur la guerre du Sonderbund reste, à ce jour, celui de Erwin Bucher, Die Geschichte des Sonderbundskrieges, Zurich, Berichthaus, 1966. On peut également trouver un bon résumé des événements, agrémenté d’une abondante iconographie, dans Joachim Ramk, A very Civil War : the Swiss War of 1847, San Francisco, Westview Press, 1993, traduit en allemand sous le titre : Bruderzwist nicht Brudermord. Der Schweizer Sonderbundskrieg von 1847, Zurich, Orell Füssli, 1997.
16 Heidi Borner, zwischen Sonderbund und Kulturkampf. Zur Lage der Besiegten im Bundesstaat von 1848, Lucerne et Stuttgart, Rex-Verlag, 1981.
17 Andreas Wuergler, « Aushandeln statt protestieren. Zur Konfliktkultur der alten Eidgenossenschaft im Vergleich mit Frankreich und mit dem Deutschen Reich (1500-1800) » et Thomas Maissen, « Disputatio de Helvetiis an natura consentiant », Traverse, 2001/3, respectivement p. 25-38 et p. 39-55.
18 Sur ces processus, voir Irène Herrmann, « L’invention d’un malheur fondateur. Genève et les événements de 1798 », dans Irène Herrmann et Corinne Walker (dir.), La mémoire de 1798 en Suisse romande. Actes du colloque de la Société d’Histoire de la Suisse romande, Lausanne, Société d’Histoire de la Suisse romande, 2001, p. 71-93.
19 Irène Herrmann, « Un pavé dans l’urne ou le difficile apprentissage de la démocratie à Genève », Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Genève, t. 29, 2001, p. 29-43
20 À cet égard, voir les données de Erich Gruner, Die Wahlen in den schweizerischen Nationalrat 1848-1919, Berne, 1978, tome III, ainsi que l’analyse à la fois très complète et pointue de Albert Tanner, « Ein Staat nur für die Hablichen ? Demokratie und politische Elite im frühen Bundesstaat », Etappen…, op. cit., p. 63 et sq.
21 L’ouvrage le plus complet sur le sujet est de Peter Stadler, Der Kulturkampf in der Schweiz : Eidgenossenschaft und katholische Kirche im europäischen Umkreis, 1848-1888, Zurich, Chronos, 1996 (2e édition revue et commentée).
22 Le conflit le plus violent fut la grève générale, déclenchée au moment même de la signature de l’armistice. À ce sujet, voir Willy Gautschi, Der Landesstreik 1918, Zurich, Chronos, 1988.
23 Irène Herrmann, op. cit., p. 60 et passim.
24 Voir, par exemple Fanny Guillermet, Autour de la grève générale : quelques notes d’une genevoise, Neuchâtel, Attinger, 1918.
25 Sur ces usages politiques de l’histoire, voir Guy Marchal, Schweizer Gebrauchsgeschichte : Geschichtsbilder, Mythenbildung und nationale Identität, Bâle, Schwabe, 2006. Mais on peut également consulter : Manfred Hettling, « Geschichtlichkeit. Zwerge auf den Schultern von Riesen », dans Manfred Hettling (dir.), Eine kleine Geschichte der Schweiz, Frankfort-am-Main, Suhrkamp, 1998, p. 91-132.
26 Irène Herrmann, op. cit., p. 218-278.
27 Daniel Frei, Die Förderung des schweizerischen Nationalbewusstseins nach dem Zusammenbruch der alten Eidgenossenschaft, Zurich, Juris Verlag, 1964.
28 Cette affirmation est le résultat d’une recherche encore en cours. Quelques éléments se trouvent dans Irène Herrmann, « À la recherche des temps perdus : régimes d’historicité et démocratie helvétique à travers les correspondances de Jacob Burckhardt et de Philipp Anton von Segesser », dans Mireille Bossis et Lucia Bergamasco (dir.), Archives épistolaires et histoire, Paris, Connaissances et savoirs, 2007.
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