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    Plan détaillé Texte intégral La cour de France et la diplomatie moderne Ézéchiel Spanheim, diplomate et homme de lettres L’image de Louis XIV dans la correspondance et la Relation de la cour de France de Spanheim Conclusion : un portrait fidèle et précis de Louis XIV Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Louis XIV, l’image et le mythe

    Ce livre est recensé par

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    Le roi et le diplomate : l’image de Louis XIV à travers les dépêches et la Relation de la cour de France d’Ézéchiel Spanheim (1680-1689 et 1698-1701)

    Sven Externbrink

    p. 201-214

    Texte intégral Bibliographie BIBLIOGRAPHIE Sources Études Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    La cour de France et la diplomatie moderne

    1Parmi les personnages qui faisaient partie intégrante de la vie de cour à l’époque de Louis XIV, on trouve un groupe que les historiens n’ont jusqu’à présent que rarement observé : les diplomates1. Ils remplissaient une double fonction : ils participaient à la conversation à l’intérieur de la cour en entretenant des relations avec les courtisans et les membres du gouvernement, et étaient responsables du maintien de la communication entre la cour où ils résidaient et leur patrie. Ainsi, leur activité était extrêmement importante pour le transfert des informations et pour l’image de la cour.

    2Comme le faisait remarquer Abraham de Wicquefort, il n’y avait « point de théâtre plus illustre que la Cour » ; les diplomates étaient en même temps les acteurs – dans la négociation, ils représentaient leurs maîtres2 – et, avec les courtisans, les spectateurs de la pièce qui se jouait chaque jour, et qui, à l’époque de Louis XIV, commençait par le fameux lever du roi.

    3Depuis le XVIe siècle, au cours des étapes de la genèse de la diplomatie moderne, le nombre des diplomates à la cour de France n’a cessé d’augmenter, et, de visiteurs temporaires, ils sont devenus résidents permanents. Par-delà leur mission diplomatique précise, ils sont également des observateurs attentifs à tout ce qui se passe autour d’eux : cabales, ascension et chute des ministres, des favoris et des maîtresses, caractère du souverain, sa vie quotidienne, etc. À la cour, ils constituaient en quelque sorte une « société indépendante3 », car, contrairement aux courtisans et aux ministres qui dépendaient de la faveur du roi, leur sort était tributaire d’un souverain étranger. Ils ne participaient pas aux luttes de partis (sauf exceptions, tels les envoyés espagnols en France à l’époque de Louis XIII), mais ils en profitaient plutôt pour remplir leurs missions.

    4Les manuels diplomatiques de l’époque exigent du diplomate qu’il soit capable d’une micro-analyse de la cour4. Le procès-verbal de leurs négociations et conversations se trouve dans les archives : les dépêches et les relations diplomatiques nous donnent un portrait beaucoup plus impartial de la cour du Roi-Soleil, par exemple, que les Mémoires d’un Saint-Simon. Par le biais de ces dépêches, les diplomates ont établi une communication presque permanente entre les cours, du fait qu’ils recevaient en retour de nouvelles instructions et demandes de la part de leurs maîtres.

    5Rares sont les relations de diplomates accrédités à la cour de Versailles qui ont été publiées ; les quelques exceptions concernent les relations finales des ambassadeurs vénitiens5 et la Relation de la cour de France en 1690 d’un diplomate nommé Ézéchiel Spanheim, qui était au service des électeurs brandebourgeois Frédéric-Guillaume, surnommé le « Grand Électeur », et Frédéric III, devenu en 1701 Frédéric Ier, premier roi de Prusse.

    6La Relation de Spanheim est bien connue des historiens et considérée comme l’une des meilleures sources sur la cour du Roi-Soleil avant Saint-Simon6. Mais celle-ci n’a encore jamais été étudiée dans son contexte : c’est la relation finale d’un diplomate qui jouissait à la cour de Versailles ainsi que dans la république des lettres d’une très grande réputation.

    7Outre le fait que Spanheim remplissait déjà des missions dans les années 1660 et 1670 pour l’électeur palatin, c’est surtout son séjour en France d’avril 1680 à février 1689 qui lui donna l’occasion d’étudier le roi et le système de sa cour de près et pendant plusieurs années. Le fruit de ces « études » produisit non seulement la Relation de la cour de France, mais aussi quelques centaines des dépêches écrites presque chaque jour de 1680 à 1689 et lors de son dernier séjour en France de 1698 à 1701. Dans cette étude, nous donnerons d’abord un survol des remarques concernant le roi qui se trouvent dans les écrits quotidiens, puis nous résumerons les idées principales développées sur Louis XIV dans la Relation. En conclusion, nous réfléchirons sur la crédibilité de l’image du monarque qui surgit à partir des dépêches et de la Relation. Existe-t-il des indices permettant d’apprécier la valeur de celle-ci ? Et peut-on distinguer un jugement définitif de Spanheim sur le Roi-Soleil ?

    Ézéchiel Spanheim, diplomate et homme de lettres

    8Ézéchiel Spanheim, né le 7 décembre 1629 à Genève, était le fils aîné du professeur de théologie à l’académie de Genève Frédéric Spanheim et de son épouse Charlotte du Port, fille d’un huguenot réfugié dans la ville de Calvin7. La famille de Spanheim était profondément enracinée dans le milieu du « calvinisme international8 ».

    9Élu professeur à Leyde en 1642, le père d’Ézéchiel ramena sa famille en Hollande, et c’est dans ce centre de l’humanisme tardif et parmi les plus grands érudits de l’époque que le jeune Spanheim reçut une formation en philologie, philosophie et théologie9. Après la mort prématurée de son père, survenue en 1649, Ézéchiel accepta l’offre d’un magistrat de Genève et devint « professeur en Éloquence » à l’Académie de la ville10. Il n’y resta pas longtemps : il accepta en 1656 de devenir le précepteur du fils de l’électeur palatin, Charles-Louis11, et entra ainsi au service de la dynastie que ses ancêtres avaient eux aussi jadis servie. Jusqu’en 1680, Ézéchiel se distingua comme précepteur, puis comme « ministre de la propagande », chargé de donner des éclaircissements sur la politique palatine aux diplomates à travers l’Europe, et enfin comme diplomate en mission à Rome, Paris, Cologne et Londres. Spanheim quitta finalement le service palatin lorsque le Grand Électeur Frédéric-Guillaume de Brandebourg, qu’il avait déjà représenté à Cologne et à Londres, lui accorda un rang plus élevé dans la hiérarchie diplomatique, assorti d’une meilleure rémunération. Nommé « envoyé extraordinaire » par Frédéric-Guillaume, Spanheim résida jusqu’au début de la guerre de Succession palatine en France. Après son rappel, l’électeur Frédéric III, le futur roi de Prusse Frédéric Ier, l’employa dans l’administration interne de son État12. À la fin de la guerre, il reprit ses fonctions dans le service diplomatique. De Paris, où Spanheim résida de 1698 à 1701, il partit ensuite pour Londres en tant qu’ambassadeur du roi de Prusse, où il mourut le 25 novembre 171013.

    10Cependant, la vie de Spanheim ne se limite pas à une simple carrière de diplomate et d’administrateur. Parallèlement à sa vita activa, il poursuivit une vita contemplativa d’historien, philologue et numismate. Suivant la tradition latiniste de ses maîtres de Leyde, Claude Saumaise et Daniel Heinsius, Spanheim se distingua aussi comme éditeur et commentateur des œuvres des écrivains classiques (de langue grecque essentiellement), tel quel Callimaque, l’empereur Julien ou Flavius Josèphe. Le chef-d’œuvre qui fit toute sa réputation est Dissertationes de praestantia et usu numismatum antiquorum14, considéré par Arnaldo Momigliano comme l’œuvre fondatrice de la numismatique en tant que science auxiliaire de l’histoire15.

    11Spanheim nous semble donc être la parfaite incarnation de l’homme politique, du politicus tel que défini dès le milieu du XVIIe siècle dans un grand nombre de traités qui reprenaient la conception du parfait courtisan que Baldassare Castiglione avait développée au début du XVIe siècle16. Cet homme politique se distinguait des autres par sa galanterie, sa prudence, son adaptation à la vie de cour et surtout par son éloquence. Il était orienté vers le monde qu’il comprenait comme indépendant des contraintes spirituelles. Compte tenu de l’essor des administrations et de l’impulsion que connurent les États modernes à partir de 1648, le politicus semblait faire partie presque naturellement du monde de la cour et du gouvernement17.

    L’image de Louis XIV dans la correspondance et la Relation de la cour de France de Spanheim

    12Les écrits diplomatiques de Spanheim illustrent de façon exemplaire ce qu’attendent Abraham de Wicquefort et François de Callières – les célèbres auteurs des manuels sur « l’art de la négociation » – du contenu des dépêches des ambassadeurs. Comme le remarque Wicquefort, l’ambassadeur doit faire « un narré nud & simple de ce qui se passe en sa négociation, sans y mesler ses sentiments ni ses Conseils : en n’oubliant rien pourtant de ce qui peut fortifier les particularités de ses relations », et il recommande l’exemple du cardinal d’Ossat, qui observe « les souris, la mine & les gestes du Pape Clement VIII, […] le ton de la voix, la chaleur ou l’indifférence de son discours », pour mieux juger la sincérité du discours de son interlocuteur18. Callières – d’ailleurs l’un des « amis » de Spanheim à la cour de France – insiste qu’« il faut […] sçavoir rendre un compte exact et fidèle de tout ce qui s’y passe, tant à l’égard de la négociation dont on est chargé que de toutes les autres affaires qui y surviennent durant le séjour qu’on y fait19 ».

    13Comme d’Ossat (Spanheim connaît les lettres du cardinal, car il a un exemplaire du recueil de ses lettres dans sa bibliothèque), il se définit dans ses dépêches comme le rédacteur du procès-verbal de ses négociations et de ses rencontres avec le roi et ses ministres, et il n’oublie pas même les « faits divers » de la vie de cour, comme les bals ou les ragots. Dans ces dépêches, Louis XIV est peu présent, ce sont surtout les entretiens avec Croissy ou, après 1698, avec Pomponne et Torcy, qu’il relate presque mot pour mot. Le roi n’entre en scène que lors de ses apparitions publiques, comme à l’occasion du toucher des écrouelles20. Bien sûr, Spanheim est très bien informé des « grands » événements de sa vie, comme la fameuse opération de la fistule ou l’annonce de l’acceptation du testament de Charles II d’Espagne. Grâce aux étroites relations amicales avec des courtisans qui étaient aussi des « amis » du roi – notamment Dangeau –, le récit que donne Spanheim de l’opération21 est plein de détails et proche des versions que nous fournissent Dangeau ou Sourches.

    14Mais, ces informations, Spanheim les recevait de seconde main. Il voit le roi de près seulement durant les fêtes de la cour, où il est parfois invité, ou lors des audiences qui lui sont accordées. Suivant l’exemple d’Ossat, l’envoyé brandebourgeois joint à ses dépêches le procès-verbal de son allocution au roi ainsi que sa réponse et une observation sur les gestes et la mine du souverain. Ainsi, la réponse du roi au discours de Spanheim lors de sa première audience publique en 1680 est faite avec « un air fort gracieux et obligeant, après avoir eu la bonté de [l’]écouter avec attention22 ».

    15En comparant les dépêches des années 1680 avec celles de la fin du siècle, on a l’impression que Louis XIV est absent dans les dernières. Dans les lettres que Spanheim avait écrites lors de son dernier séjour, il ne fait que rarement allusion au roi. Entre 1680 et 1689, Spanheim demanda et obtint plusieurs fois la permission de présenter devant le roi les affaires de Brandebourg. Mais, après la fin de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, et probablement parce que le Brandebourg a choisi le camp des ennemis de la France, ce n’est que lors de l’audience d’arrivée et celle de son congé que Spanheim put rencontrer directement le roi.

    16Par conséquent, il est difficile de composer à l’aide de tous ces détails un portrait du souverain, car ce ne sont en fait que des impressions dispersées parmi diverses dépêches. Prenons un exemple : Louis se révèle être connaisseur de l’Antiquité et habile à déchiffrer les représentations mythologiques sur l’encadrement du miroir d’ambre, cadeau de l’électeur présenté par Spanheim :

    « [Sa Majesté] mit même un genouil en terre tout botté qu’Elle estoit pour en regarder les Gravures, et y reconnut même quelques Fables des Métamorphoses, qu’Elle expliqua. Sa Majté loua extrémement le travail et l’industrie de l’Ouvrier et la beauté de l’ouvrage23. »

    17Il va de soi que Spanheim, reconnu comme le plus grand numismate de l’époque, nota que Sa Majesté, convalescente,

    « s’est divertie […] au sujet de ce qu’Elle estoit obligée à garder le lict et la chambre à la revüe de ses Médailles antiques et modernes à quoy elle donnoit 4 à 5 heures d’après disnée, à ordonner d’en continuer les desseins, qu’on en fait et à faire mettre en quartier dans son Cabinet les Médailles les plus rares, pour les voir à son aise, toutes les fois cy-après, qu’Elle en auroit la curiosité ou le loisir24 ».

    18Spanheim ne commente que peu les événements dont il est témoin. Il discute rarement la part du roi dans les décisions – sauf au moment de la révocation de l’édit de Nantes, qu’en tant que calviniste orthodoxe il désapprouve ouvertement, même si au début des années 1680 il pensait que le roi et ses ministres étaient mal informés des suites néfastes des nouveaux règlements concernant les huguenots25.

    19En novembre 1700, il envoie à l’électeur un récit de la scène jouée par Louis XIV pour annoncer l’acceptation du testament de Charles II d’Espagne. Mais dans son récit – bien qu’il ne fût pas sur place lorsque le monarque présenta le duc d’Anjou comme roi d’Espagne, il est très bien informé des détails, y compris des délibérations au Conseil d’en haut26 – on ne trouve aucun jugement sur la personnalité du roi. Il se contente de noter, en présence de Torcy, « que tout le système des affaires de l’Europe estoit entièrement changée par ce grand et dernier événement27 ».

    20Même si Spanheim n’écrit presque jamais sur la personnalité du roi, il signale néanmoins son changement d’attitude. L’ascension de Mme de Maintenon – Spanheim remarque clairement son influence dans le choix des ministres –, comme la nouvelle dévotion du roi, sont retranscrites dans ses dépêches. En 1686, il relate la déclaration faite par Louis XIV de ne plus aller ni à l’Opéra ni au théâtre28, et, en 1699, il déplore que « la bigotterie présente et le grand zèle pour l’avancement de la Religion Catholique » aboutissent à la rupture avec les anciennes traditions de la France de s’allier avec les puissances protestantes29.

    21En somme, l’image de Louis XIV présentée dans ses dépêches ressemble plutôt au style inauguré en peinture par le Caravage, avec peu de lumière et beaucoup d’ombre. Pour trouver une image plus éclairante du roi, il faut se tourner vers la Relation de Spanheim, écrite immédiatement après son arrivée à Berlin.

    22Wicquefort observe qu’

    « il y a grande difference entre le Rapport que l’Ambassadeur fait de sa negociation […] & entre la relation qu’il fait de la Constitution de l’Estat & de la Cour où il a negocié. Tous les Ambassadeurs font [des ?] rapports ; mais il y en a si peu qui fassent une relation pertinente de l’Estat où ils ont résidé30 ».

    23Or, à côté des ambassadeurs vénitiens, Spanheim compte parmi les rares qui ont laissé une relation sur la cour dans laquelle ils ont résidé. Comme le note Wicquefort, dans la relation écrite après son retour, « l’Ambassadeur en peut plus dire à son Maistre […] qu’il n’en sçauroit escrire en cent lettres31 ». C’est exactement le cas de la relation de Spanheim.

    « Le roi Louis XIV aujourd’hui régnant […] pourroit fournir une ample matière aux réflexions qu’il y auroit lieu d’en faire ; mais comme on n’attend pas de moi que je fasse icy son histoire, il me suffira d’en remarquer les traits qui ont tant de part aux révolutions de nos jours et aux conjonctures présentes32. »

    24Ainsi commence le portrait du roi Louis XIV que nous donne Spanheim dans sa Relation de la cour de France.

    25Le portrait est tripartite : en introduction, nous trouvons des remarques sur la physionomie, sur la constitution et sur la santé du roi, suivies de deux « chapitres » sur les « bonnes et mauvaises qualités du roi33 ».

    26Concernant la figure et la santé du souverain, on lit chez Spanheim ce qui se trouve dans toutes les biographies : Louis XIV dispose d’une très bonne constitution qui l’aide à supporter le poids de son « métier », et surtout les maladies dont il a été atteint dans les années 1680. Cependant, résume Spanheim, l’âge, le travail et les maladies ont laissé des traces : on peut remarquer « de fois à autre quelque abattement dans son air et dans son visage34 ».

    27Parmi les bonnes qualités du roi, Spanheim compte sa capacité à imposer sa volonté qui s’est affirmée dès la mort de Mazarin lorsqu’il disgracia Fouquet. Dans cette affaire, il souligne aussi « que le roi était maître de son secret […]. Il y joignit […] beaucoup de fermeté dans l’exécution des résolutions prises35 ». Bien que Spanheim le décrive comme un « génie […] qui […] n’a rien de fort brillant ni de fort élevé, dont les connoissances d’ailleurs étaient fort bornées », il insiste sur le fait que le roi était bien capable de s’adapter « pour soutenir par lui-même le poids et les affaires du gouvernement36 ». Par conséquent, Louis ne permettrait jamais à personne de le diriger comme l’avait fait Richelieu avec son père37.

    28Louis XIV est pour Spanheim un roi ayant du « bon sens ». Il n’est pas un intellectuel et un érudit à la façon de Spanheim, bien sûr, mais il aime et protège les beaux-arts, il sait « sainement et justement » juger et converser – ce qui est très important à la cour : « Aussi parle-t-il peu, mais à propos, s’exprime avec justesse et avec dignité. » Spanheim insiste sur cette observation et renvoie aux quelques audiences qu’il eut au cours de ses séjours. Parmi d’autres traits du roi, il mentionne ses « inclinations […] portées à la droiture, à la justice et à l’équité », l’amour pour l’ordre et l’attachement pour la religion38.

    29Pourtant, le numismate sait bien qu’une médaille a toujours deux faces. Ainsi il ne cache pas l’envers du caractère de Louis XIV, dont il souligne en outre « son génie naturellement borné, peu cultivé », dans « des attachements qu’il a fait trop éclater », c’est-à-dire « une dévotion, ou pour mieux dire, une superstition aveugle, une passion démesurée et sans bornes pour la gloire, et une autre passion criminelle, à laquelle il n’a été que trop sensible » – « le penchant pour le sexe39 ».

    30Commençons, comme Spanheim, avec le reproche concernant les femmes. Avec force détails, il raconte les histoires d’amour de Louis XIV, de Marie Mancini à Mme de Maintenon. Cette dernière reçoit la plus grande attention parce qu’elle a réussi à adoucir ce « penchant » pour les femmes40. Spanheim parle avec beaucoup de circonspection de leur mariage, qu’il juge une « créance […] qui […] dans la suite n’a point paru mal fondé41 ».

    31En somme, son raisonnement sur les maîtresses de Louis XIV, et surtout sur Mme de Maintenon, est bien équilibré. Concernant les remarques sur son implication dans la révocation de l’édit de Nantes, Émile Bourgeois, l’éditeur de la Relation, constate que « le jugement de Spanheim est d’une mesure, qui, de la part de ce Protestant étranger, a une valeur singulière42 ». On ne peut rien ajouter. La responsabilité pour la « malheureuse et cruelle persécution suscitée aux gens de la Religion en France » se trouve, selon Spanheim, entièrement du côté du roi, même si Mme de Maintenon a bien su se servir de la fausse dévotion du roi pour devenir « non seulement sa confidente, mais sa femme légitime43 ». Les commentaires sur la religion du roi révèlent l’adhésion de Spanheim à un courant tolérant du début du siècle des Lumières (Frühaufklärung) : bien qu’il fût un calviniste convaincu, Spanheim ne se mêle jamais à la polémique confessionnelle. Au lieu de cela, il a toujours eu de très bonnes relations avec les catholiques, même les plus zélés. Il approuve l’inclination du roi pour la religion, mais affirme que c’est la faute de son confesseur et de « la dame qui le possède entièrement » si Louis XIV a développé une « dévotion superstitieuse ». Pour Spanheim, la vraie dévotion – par-delà les frontières confessionnelles – est « accompagné[e] […] de l’humilité, de la charité, de la compassion, ou enfin de la modération44 ».

    32Mais le trait que Spanheim condamne véritablement chez Louis XIV, c’est sa « passion » pour la gloire, « qui le domine et possède jusques à l’excès45 ». Cette passion est d’autant plus condamnable qu’il la considère comme source des conflits qui agitent l’Europe au moment où il écrit sa Relation. Citons un long extrait de la Relation qui peut être également considéré comme le jugement définitif de Spanheim sur Louis XIV en sa qualité d’homme politique :

    « La gloire, dont j’ai parlé, l’emporta encore sur la dévotion, que la vue de demeurer arbitre des affaires de l’Europe, d’en prescrire les conditions et d’en usurper les droits, d’y donner la loi quand il lui plaît, sans qu’on soit en droit d’y trouver à redire ou état de s’y opposer, d’arriver enfin à ce but et de s’y maintenir par toutes sortes de moyens, que tout cela, dis-je, l’emporta sur toutes autres considérations, ou chrétiennes, ou morales, ou même de bonne et saine politique, qui l’en auraient dû détourner, et ce qui peut-être seroit arrivé, si on eût donné lieu au Roi, et à temps, d’y faire les réflexions convenables, et, au contraire, s’il n’y eût été aidé et porté par des conseils violents, artificieux, et surtout par des préventions prises de son foible susmentionné pour la gloire du monde et pour une dévotion aveugle, ou au moins peu éclairée46. »

    33Naturellement, Spanheim condamne aussi la stratégie d’alliance de revers de Louis XIV avec « l’ennemi du nom chrétien » : les Turcs47. Mais ce n’est pas le langage des publicistes ou des auteurs satiristes de l’époque. Le diplomate essaie d’expliquer pourquoi le roi s’est détourné de ses bonnes qualités. Pour lui, ce sont les conseillers les responsables, car ils le soutiennent dans son désir de gloire en faisant croire qu’il est « seul l’auteur et le mobile de tous les heureux succès de son règne ». Spanheim a aussi signalé dans ses dépêches cette faiblesse du roi48. Selon lui, le succès du roi est dû « à ses forces, à ses ministres, à ses généraux et aux conjonctures49 ». La Relation montre aussi que Spanheim a bien compris que l’Europe est en train de vivre un « grand tournant », c’est-à-dire la fin de la prépondérance française des années 1660 et 1680, car il distingue entre les premières décennies de son règne et les années 1680. Mais Louis XIV ne semble pas percevoir qu’il ne peut plus imposer sa loi à l’Europe…

    Conclusion : un portrait fidèle et précis de Louis XIV

    34Dressons un bilan de l’image de Louis XIV peinte par Spanheim. La question se pose surtout de savoir comment juger la crédibilité du portrait et des informations fournies par Spanheim. Jean-Pierre Labatut et François Bluche rejettent les remarques de Spanheim (mais aussi celles d’autres auteurs, notamment Saint-Simon) sur le manque d’intelligence du roi en affirmant qu’une certaine stratégie de dissimulation ainsi que l’obligation de tenir son « secret » sont à l’origine de cette impression qu’ont eue les observateurs contemporains50. Pour ma part, je suis convaincu qu’il faut accorder aux écrits de Spanheim, pour diverses raisons, une grande crédibilité.

    35La première concerne la « nature » de ses écrits : il ne s’agit pas de journaux ou de mémoires comme ceux écrits par Saint-Simon, Dangeau, Sourches et d’autres, mais ce sont des rapports écrits pour être lus et utilisés par les autorités politiques à Berlin. Nous avons plusieurs fois cité Wicquefort et Callières, qui postulent que le négociateur est obligé d’informer son maître d’une manière « exact[e] et fidèle de tout ce qui s’y passe, tant à l’égard de la négociation dont on est chargé que de toutes les autres affaires qui y surviennent durant le séjour qu’on y fait51 ». Et c’est exactement ce que fait Spanheim, avec parfois une trop grande richesse de détails pour ses lecteurs de Berlin52. L’honneur professionnel de l’ambassadeur oblige Spanheim à l’impartialité.

    36La deuxième raison relève de la vie personnelle de Spanheim en France. Résidant à Issy, à mi-chemin entre Versailles et Paris, Spanheim s’intègre parfaitement dans la vie des « républicains des lettes » à Paris (il fréquente par exemple le cercle des érudits à Saint-Germain) ainsi qu’à la cour, où il est jugé « tout à fait agréable en conversation », comme en témoigne déjà en 1664 la duchesse Sophie de Hanovre53. Ainsi Spanheim, courtisan que l’on peut donc qualifier de modèle, dispose d’un réseau d’informateurs de premier rang. En haut de la hiérarchie, nous trouvons la madame Palatine – Madame –, qui le présente au roi en 1680 lors d’une soirée d’appartement chez Monsieur54, suivie de courtisans comme le duc d’Aumont, premier gentilhomme de la Chambre du roi, ou du père La Chaise, confesseur du roi55. Un des informateurs les mieux renseignés sur le roi était sûrement Dangeau, que Spanheim connaissait probablement dès 1672, quand celui-ci a visité Heidelberg comme envoyé de Louis XIV. De retour à Versailles en 1698, Spanheim relate qu’à la suite de son audience d’arrivée auprès de la duchesse de Bourgogne, Dangeau se hâte de lui « donner des marques de l’honneur de son ancienne amitié56 ».

    37De plus, Louis XIV estimait Spanheim et le distingua plusieurs fois en lui faisant un signe ou en lui parlant57, comme lors de sa dernière audience en 1701 :

    « Pour vous, Monsieur, comme il y a long temps qu’on vous connoist, je ne sçaurois aussi vous marquer assez l’estime que je fais de vostre personne. J’espère et je souhaitte que ce ne soit pas la dernière fois que nous vous réverrons icy. Le temps amène les choses (N. B. ce qu’il dit en s’arretant un peu au dessus, et puis ajoûta :) et je vous prie de croire que je serai toûjours ravi de vous revoir58. »

    38Enfin, il faut insister sur le fait que le manque d’intelligence que voit Spanheim chez Louis XIV ne signifie pas que ce dernier soit un sot. L’intelligence dont il parle, c’est celle de l’érudit, le savoir humaniste des hommes de lettres et des hommes d’État ayant reçu une formation universitaire. Tout cela manque à Louis XIV. Mais les autres traits décrits par Spanheim – la faculté de juger, le secret, la dévotion et surtout la manie de la gloire – sont également mentionnés par différents observateurs, diplomates ou mémorialistes59. Et, surtout, cette dernière particularité est affirmée par le roi lui-même :

    « Les rois sont hommes, je ne crains pas de vous dire qu’ils le sont un peu moins quand ils sont véritablement rois, parce qu’une passion maîtresse et dominante, qui est celle de leur intérêt, de leur grandeur et de leur gloire, étouffe toutes les autres en eux60. »

    39Comme nous l’avons vu, Spanheim a bien remarqué dans sa Relation cette tendance de Louis XIV à vouloir s’élever au-dessus de l’homme ordinaire. Or l’image transmise par la Relation et par les dépêches du diplomate est bien équilibrée et évite les déformations. Spanheim a travaillé très méthodiquement, sans préjugés, respectueux, mais avec un esprit critique. Il ne se prête pas à la construction d’un mythe d’un roi surhumain. De plus, il semble aussi rejeter les idées d’un monarque absolu, intermédiaire entre Dieu et ses sujets et revêtu des pouvoirs divins comme prétendait l’être Louis XIV, appuyé par les théoriciens de la monarchie61. Il nous montre au contraire un Louis XIV humain, trop humain même, car il n’arrive pas à dominer ses passions (ou ses « penchants »).

    Bibliographie

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    Notes de bas de page

    1 Sur la diplomatie à l’époque moderne, voir Bély 2007 et 1998.

    2 Wicquefort 1730, vol. 2, p. 3. Sur la cour comme parfaite image du theatrum mundi, voir Barner 2002, p. 117-124. Cet aspect de l’image de cour comme théâtre échappe à Ellen McClure (2006, p. 118-127), qui analyse ce passage sur les qualités d’acteur en se cantonnant aux acteurs de théâtre.

    3 Pecquet 2004, p. 73.

    4 Voir Callières 2005, p. 200.

    5 Voir les portraits de Louis XIV dans les relations des ambassadeurs vénitiens rassemblés par Georges Mongrédien 1963 (p. 258-280).

    6 Kampmann 2001, p. 215.

    7 Pour la biographie de Spanheim, voir Loewe 1924. Voir aussi Lorenz 2004, Noack et Splett 2000, p. 43-45, Bahl 2001, p. 594-595 et Externbrink 2007 ; le réseau de la famille de Spanheim dans le milieu de l’« international calvinism » est décrit dans Externbrink 2008.

    8 Déjà le grand-père – Wigand Spanheim – avait épousé une Française, Renée Tossanus (Toussain), fille du réformateur et théologien Daniel Toussain, qui compta parmi les plus importants et les plus influents conseillers des électeurs palatins dans les dernières décennies du XVIe siècle ; voir Externbrink 2008, p. 140.

    9 Album Studiosorum Academiae Batavae… 1875, vol. 1, p. 342. Ézéchiel Spanheim était élève de Claude Saumaise, l’un des plus grands philologues de son temps. En ce qui concerne la vie intellectuelle à Leyde à cette époque, voir Lunsingh Scheurleer et Posthumus Meyjes 1975.

    10 Borgeaud 1900, p. 401.

    11 Weck 1893, p. 105-109.

    12 Spanheim devint à la fois directeur de la bibliothèque de l’Électeur, chef de l’administration des affaires des réfugiés et premier proviseur du Collège français à Berlin. Il organisa des réunions scientifiques chez lui, au sein de la Spanheimgesellschaft (la société Spanheim), précurseur de l’Académie des sciences de Berlin, fondée en 1700. Il arbitra également quelques querelles théologiques. Ses années à Berlin sont décrites dans Lorenz 2004, p. 100-135. Sur la Spanheimgesellschaft, voir Böger 1990.

    13 Il est enterré dans l’abbaye de Westminster (Loewe 1924, p. 155).

    14 Pour une liste détaillée de ses œuvres, voir Noack et Splett 2000, p. 440-444.

    15 Momigliano 1991, p. 92.

    16 Barner 2002, p. 86-176.

    17 Ibid., p. 135, 142.

    18 Wicquefort 1730, vol. 2, p. 110.

    19 Callières 2005, p. 245.

    20 Berlin, Geheimes Staatsarchiv Preußischer Kultursbesitz (désormais GStA PK), I. HA, Rep. XI. Frankreich Nr. 89, Fasz. 46, f° 96 v° ; Fasz. 63, f° 51 v° (1699).

    21 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 44, f° 310ff ; voir Bluche 1990, p. 596 et 1988, p. 695-696.

    22 GStA PK, I HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 29, f° 32 r°.

    23 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 29, f° 177 r°.

    24 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 46, f° 83 r°.

    25 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 31, f° 21 v° : « Cependant il y en a qui croient que Sa Majesté estant mieux informée des procédures exercées contre ses sujets de la Religion au dela de son intention, se trouve disposée à en arrester les suites ; faire apporter de la modération dans l’exécution des déclarations publiées à l’égard de ses dits sujets de la Religion ; que les Ministres seroient assez de même avis, sur tout depuis le grand éclat que l’on voit que cette conduite fait au dehors, et la retraite à ce qu’on dit asseure de plus de douze mille personnes, qui seroient deja sorties hors du Royaume, depuis les dernières déclarations susdes. » En 1685, Spanheim soutient les huguenots qui veulent sortir du royaume en leur donnant des passeports pour le Brandebourg (voir Douen 1894, vol. 2, p. 359). Il accuse le procédé de la cour (GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 45, f° 63a r°) : « Ce qu’il y a de plus facheux, et par où on pretend de justifier la chose, c’est le changement effectif et deja arrivé (quoy que par les voyes susdites, vu par la crainte de s’y voir exposé) de la plus grand part de ceux de la Religion du Royaume, et qui se trouvent reduits presentement à un fort petit nombre. À quoy on joint pour excuse de cette meme conduite, les voyes de faict par où on veut que la Reformation ait esté introduite dans ce Royaume, au siècle passé ; et en fin l’exemple ou la conduite tenue par les Empereurs Chretiens envers les Donatists sur la fin du quatrième siècle de l’Église, quoy que le cas de l’un et de l’autre fait soyent assez differens. Mais c’est aujourd’huy la grande et la première affaire de cette Cour, sans qu’aucune considération qu’elle que soit, s’en puisse détourner. »

    26 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 70, fos 203-212, 216-222, 232-239.

    27 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 70, f° 259 v° : « Je [Spanheim, S.E.] touchai en passant, et comme de moy même, sur ce qu’il y donnoit lieu, que tout le système des affaires de l’Europe estoit entièrement changée par ce grand et dernier événement ; puisque jusques icy et depuis deux siècles entiers, on avoit veu et dans les Cours, et dans touttes les Négociations ou Assemblées des Traités publics, deux partis opposés ; l’un de la Maison d’Autriche en deux branches, de celle d’Allemagne et d’Espagne ; et l’autre de la France, avec leurs Alliées ou adherens de part et d’autre : Que des gens, sur tout de mon âge, accoûtumés de longue main à ces sortes d’idées et d’impressions, par la longue habitude qu’ils ne peuvent qu’en avoir faitees, ne pourront qu’avoir bien de la peine à en concevoir l’avenir de toutes différentes. Le Marquis de Torcy en tomba d’accord ; dit qu’en effet la face des affaires de l’Europe en dévenoit assez différente ; et toutes les alliances changées. »

    28 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 46, f° 197 v° : « Sa Majesté doit [sic] avoir déclaré qu’Elle ne verroit plus d’Opéra ni de Comédie. »

    29 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 62, f° 104 v°.

    30 Wicquefort 1730, vol. 2, p. 192.

    31 Ibid., p. 195.

    32 Spanheim 1900, p. 60.

    33 Ibid., p. 60-110.

    34 Ibid., p. 65. Voir Bluche 1988, p. 691-698.

    35 Spanheim 1900, p. 66.

    36 Ibid., p. 67.

    37 « Aussi affecta-t-il, sans parler ici des ministres et des généraux, dont il sera fait mention ci-après, de n’avoir de favoris ou de maîtresses que pour s’en délasser l’esprit ou satisfaire sa passion, sans leur donner plus d’empire sur ses volontés ou de part dans le gouvernement » (ibid.).

    38 Ibid., p. 65.

    39 Ibid., p. 70 et 74.

    40 Ibid., p. 74-93.

    41 Ibid., p. 87.

    42 Ibid., p. 92, n. 3. Mme de Maintenon, selon Spanheim, rompt avec ses origines protestantes pour ne pas perdre l’amour et l’affection du roi : « et […] la bigotterie enfin est venue au secours de la prévention, et d’ailleurs de son entière résignation aux volontés et à l’engagement du Roi ».

    43 Ibid., p. 88, voir aussi le résumé de Spanheim sur cette affaire, p. 93 : « Ce qui […] d’une simple demoiselle, vielle, pauvre, veuve d’un auteur burlesque et aussi infirme, la suivante de la maîtresse du Roi, dans la cour d’ailleurs la plus galante de l’Europe, en a fait la confidente, la maîtresse, et comme on croit, l’épouse même d’un grand monarque, et lorsqu’il se trouvoit encore dans la vigueur de l’âge et dans le comble da sa gloire. »

    44 Ibid., p. 97.

    45 Ibid., p. 93.

    46 Ibid., p. 99.

    47 Ibid., p. 99. Voir Bérenger 2003a et 2003b.

    48 Voir GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 52, f° 3 v°.

    49 Spanheim 1900, p. 94.

    50 François Bluche (1988, p. 727) fait de Louis XIV l’égal de Marc Aurèle et de Fréderic II ! Labatut 1984, p. 111.

    51 Callières 2005, p. 245.

    52 Voir GStA PK, I. HA, Rep. 11, Nr. 72-75, England, Konv. 32 B, f° 26 r° -27 r°.

    53 Voir Externbrink 2007, p. 36, n. 45. Voir aussi la nécrologie de Spanheim dans les Nouvelles de la république des lettres, 1710, p. 694-695.

    54 Voir GStA PK I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 29, 43 r°-v° : « Dans la foule de gens qui s’y trouvoient tout aux environs du Festin (où leurs Majestés, Dauphin, Dauphine, Monsieur, Madame et quantités de Dames estoient rangées), Madame m’ayant apercu de loin au milieu du Festin, me fit l’honneur de me reconoistre, de me saluer, faire signe d’aprocher d’elle, et là dessus me donner des marques obligeantes de l’honneur de son souvenir, quoy qu’il y eut douze ans, comme elle dit elle même, que je n’avois eu cet honneur de la voir. Le Roy là dessus, qui l’aperçeut et n’avoit que le Dauphin assis entre luy et Madame la questionna sur mon sujet, et entr’autre sur le temps que j’estois au service de Vostre Altesse Électorale. Madame m’en ayant mandé des nouvelles, je luy dis qu’il y a déja 8 ou 9 ans que j’avois part au service de Vostre Altesse Électorale, amis plus particulièrement depuis passé un an, et que c’estoit aussi d’Elle dont ie dépendois entierement à présent, et en suite de ma dimission gratieuse du service de S.A.E. Palatine. Ce qu’elle redit au Roy en ma presence. »

    55 Voir Spanheim 1900, p. 418-426.

    56 Berlin, Staatsbibliotek, Nachlaß Oelrichs, Kasten 85, Nr. 731, f° 10 r° : « Au sortir de la Chambre le Marquis d’Angeau son Chevalier d’honneur et [que] je n’avois pas encore veu ailleurs, vint avec empressement me donner des marques de l’honneur de son ancienne amitié, et offrir en même temps et obligeamment ses services à ces Messrs de mon cortege, et à ce que je luy donnasse lieu à cela. » À noter que Dangeau était marié à une princesse palatine de la maison de Löwenstein (voir Rödel 1999).

    57 Voir GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 46, f° 36 v° : « Sa Maté me fit l’honneur de me discerner d’une salut obligeant de teste. » Voir aussi GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 50, 118 r°.

    58 Berlin, Staatsbibliotek, Nachlaß Oelrichs, Kasten 85, Nr. 731, f° 15 v°. Voici le commentaire de Spanheim, à plus de soixante-dix ans et un peu sourd, sur cette distinction (ibid., 15 v°-16 r°) : « Je ne me croirois pas garend suffisant de toute cette réponse du Roy, qui fut même plus longue et plus gracieuse qu’il n’a coûtume de faire en ces rencontres, si l’Introducteur Baron de Breteuil, qui estoit assez près de moy, ne me eust non seulement confirmé, mais mêmes supllée et dicté ce qui m’en pouvoit estre échappé, pour n’en mander ni plus ni moins que m’en fut dit par S.M. Et comme le Roy me dit tout cela dans une audiance publique, cela n’a pas manqué aussi d’estre répandu, et donner lieu à dire à la Cour et à Paris, plus qu’on n’avoit encore fait, qu’on me verroit en peu de mois revenir Ambassadeur en France de S.S.El. réconnue. »

    59 Voir la collection de Mongrédien 1963.

    60 Louis XIV 1992, p. 66. Pour la dévotion, voir l’instruction au duc d’Anjou : « Ne manquez à aucun de vos devoirs, surtout envers Dieu. »

    61 Ibid., p. 82-83. Cornette 2000, p. 211-229.

    Auteur

    • Sven Externbrink
      Professeur d’histoire moderne à la Ruprecht-Karls-Universität, Heidelberg
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    1 Sur la diplomatie à l’époque moderne, voir Bély 2007 et 1998.

    2 Wicquefort 1730, vol. 2, p. 3. Sur la cour comme parfaite image du theatrum mundi, voir Barner 2002, p. 117-124. Cet aspect de l’image de cour comme théâtre échappe à Ellen McClure (2006, p. 118-127), qui analyse ce passage sur les qualités d’acteur en se cantonnant aux acteurs de théâtre.

    3 Pecquet 2004, p. 73.

    4 Voir Callières 2005, p. 200.

    5 Voir les portraits de Louis XIV dans les relations des ambassadeurs vénitiens rassemblés par Georges Mongrédien 1963 (p. 258-280).

    6 Kampmann 2001, p. 215.

    7 Pour la biographie de Spanheim, voir Loewe 1924. Voir aussi Lorenz 2004, Noack et Splett 2000, p. 43-45, Bahl 2001, p. 594-595 et Externbrink 2007 ; le réseau de la famille de Spanheim dans le milieu de l’« international calvinism » est décrit dans Externbrink 2008.

    8 Déjà le grand-père – Wigand Spanheim – avait épousé une Française, Renée Tossanus (Toussain), fille du réformateur et théologien Daniel Toussain, qui compta parmi les plus importants et les plus influents conseillers des électeurs palatins dans les dernières décennies du XVIe siècle ; voir Externbrink 2008, p. 140.

    9 Album Studiosorum Academiae Batavae… 1875, vol. 1, p. 342. Ézéchiel Spanheim était élève de Claude Saumaise, l’un des plus grands philologues de son temps. En ce qui concerne la vie intellectuelle à Leyde à cette époque, voir Lunsingh Scheurleer et Posthumus Meyjes 1975.

    10 Borgeaud 1900, p. 401.

    11 Weck 1893, p. 105-109.

    12 Spanheim devint à la fois directeur de la bibliothèque de l’Électeur, chef de l’administration des affaires des réfugiés et premier proviseur du Collège français à Berlin. Il organisa des réunions scientifiques chez lui, au sein de la Spanheimgesellschaft (la société Spanheim), précurseur de l’Académie des sciences de Berlin, fondée en 1700. Il arbitra également quelques querelles théologiques. Ses années à Berlin sont décrites dans Lorenz 2004, p. 100-135. Sur la Spanheimgesellschaft, voir Böger 1990.

    13 Il est enterré dans l’abbaye de Westminster (Loewe 1924, p. 155).

    14 Pour une liste détaillée de ses œuvres, voir Noack et Splett 2000, p. 440-444.

    15 Momigliano 1991, p. 92.

    16 Barner 2002, p. 86-176.

    17 Ibid., p. 135, 142.

    18 Wicquefort 1730, vol. 2, p. 110.

    19 Callières 2005, p. 245.

    20 Berlin, Geheimes Staatsarchiv Preußischer Kultursbesitz (désormais GStA PK), I. HA, Rep. XI. Frankreich Nr. 89, Fasz. 46, f° 96 v° ; Fasz. 63, f° 51 v° (1699).

    21 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 44, f° 310ff ; voir Bluche 1990, p. 596 et 1988, p. 695-696.

    22 GStA PK, I HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 29, f° 32 r°.

    23 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 29, f° 177 r°.

    24 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 46, f° 83 r°.

    25 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 31, f° 21 v° : « Cependant il y en a qui croient que Sa Majesté estant mieux informée des procédures exercées contre ses sujets de la Religion au dela de son intention, se trouve disposée à en arrester les suites ; faire apporter de la modération dans l’exécution des déclarations publiées à l’égard de ses dits sujets de la Religion ; que les Ministres seroient assez de même avis, sur tout depuis le grand éclat que l’on voit que cette conduite fait au dehors, et la retraite à ce qu’on dit asseure de plus de douze mille personnes, qui seroient deja sorties hors du Royaume, depuis les dernières déclarations susdes. » En 1685, Spanheim soutient les huguenots qui veulent sortir du royaume en leur donnant des passeports pour le Brandebourg (voir Douen 1894, vol. 2, p. 359). Il accuse le procédé de la cour (GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 45, f° 63a r°) : « Ce qu’il y a de plus facheux, et par où on pretend de justifier la chose, c’est le changement effectif et deja arrivé (quoy que par les voyes susdites, vu par la crainte de s’y voir exposé) de la plus grand part de ceux de la Religion du Royaume, et qui se trouvent reduits presentement à un fort petit nombre. À quoy on joint pour excuse de cette meme conduite, les voyes de faict par où on veut que la Reformation ait esté introduite dans ce Royaume, au siècle passé ; et en fin l’exemple ou la conduite tenue par les Empereurs Chretiens envers les Donatists sur la fin du quatrième siècle de l’Église, quoy que le cas de l’un et de l’autre fait soyent assez differens. Mais c’est aujourd’huy la grande et la première affaire de cette Cour, sans qu’aucune considération qu’elle que soit, s’en puisse détourner. »

    26 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 70, fos 203-212, 216-222, 232-239.

    27 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 70, f° 259 v° : « Je [Spanheim, S.E.] touchai en passant, et comme de moy même, sur ce qu’il y donnoit lieu, que tout le système des affaires de l’Europe estoit entièrement changée par ce grand et dernier événement ; puisque jusques icy et depuis deux siècles entiers, on avoit veu et dans les Cours, et dans touttes les Négociations ou Assemblées des Traités publics, deux partis opposés ; l’un de la Maison d’Autriche en deux branches, de celle d’Allemagne et d’Espagne ; et l’autre de la France, avec leurs Alliées ou adherens de part et d’autre : Que des gens, sur tout de mon âge, accoûtumés de longue main à ces sortes d’idées et d’impressions, par la longue habitude qu’ils ne peuvent qu’en avoir faitees, ne pourront qu’avoir bien de la peine à en concevoir l’avenir de toutes différentes. Le Marquis de Torcy en tomba d’accord ; dit qu’en effet la face des affaires de l’Europe en dévenoit assez différente ; et toutes les alliances changées. »

    28 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 46, f° 197 v° : « Sa Majesté doit [sic] avoir déclaré qu’Elle ne verroit plus d’Opéra ni de Comédie. »

    29 GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 62, f° 104 v°.

    30 Wicquefort 1730, vol. 2, p. 192.

    31 Ibid., p. 195.

    32 Spanheim 1900, p. 60.

    33 Ibid., p. 60-110.

    34 Ibid., p. 65. Voir Bluche 1988, p. 691-698.

    35 Spanheim 1900, p. 66.

    36 Ibid., p. 67.

    37 « Aussi affecta-t-il, sans parler ici des ministres et des généraux, dont il sera fait mention ci-après, de n’avoir de favoris ou de maîtresses que pour s’en délasser l’esprit ou satisfaire sa passion, sans leur donner plus d’empire sur ses volontés ou de part dans le gouvernement » (ibid.).

    38 Ibid., p. 65.

    39 Ibid., p. 70 et 74.

    40 Ibid., p. 74-93.

    41 Ibid., p. 87.

    42 Ibid., p. 92, n. 3. Mme de Maintenon, selon Spanheim, rompt avec ses origines protestantes pour ne pas perdre l’amour et l’affection du roi : « et […] la bigotterie enfin est venue au secours de la prévention, et d’ailleurs de son entière résignation aux volontés et à l’engagement du Roi ».

    43 Ibid., p. 88, voir aussi le résumé de Spanheim sur cette affaire, p. 93 : « Ce qui […] d’une simple demoiselle, vielle, pauvre, veuve d’un auteur burlesque et aussi infirme, la suivante de la maîtresse du Roi, dans la cour d’ailleurs la plus galante de l’Europe, en a fait la confidente, la maîtresse, et comme on croit, l’épouse même d’un grand monarque, et lorsqu’il se trouvoit encore dans la vigueur de l’âge et dans le comble da sa gloire. »

    44 Ibid., p. 97.

    45 Ibid., p. 93.

    46 Ibid., p. 99.

    47 Ibid., p. 99. Voir Bérenger 2003a et 2003b.

    48 Voir GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 52, f° 3 v°.

    49 Spanheim 1900, p. 94.

    50 François Bluche (1988, p. 727) fait de Louis XIV l’égal de Marc Aurèle et de Fréderic II ! Labatut 1984, p. 111.

    51 Callières 2005, p. 245.

    52 Voir GStA PK, I. HA, Rep. 11, Nr. 72-75, England, Konv. 32 B, f° 26 r° -27 r°.

    53 Voir Externbrink 2007, p. 36, n. 45. Voir aussi la nécrologie de Spanheim dans les Nouvelles de la république des lettres, 1710, p. 694-695.

    54 Voir GStA PK I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 29, 43 r°-v° : « Dans la foule de gens qui s’y trouvoient tout aux environs du Festin (où leurs Majestés, Dauphin, Dauphine, Monsieur, Madame et quantités de Dames estoient rangées), Madame m’ayant apercu de loin au milieu du Festin, me fit l’honneur de me reconoistre, de me saluer, faire signe d’aprocher d’elle, et là dessus me donner des marques obligeantes de l’honneur de son souvenir, quoy qu’il y eut douze ans, comme elle dit elle même, que je n’avois eu cet honneur de la voir. Le Roy là dessus, qui l’aperçeut et n’avoit que le Dauphin assis entre luy et Madame la questionna sur mon sujet, et entr’autre sur le temps que j’estois au service de Vostre Altesse Électorale. Madame m’en ayant mandé des nouvelles, je luy dis qu’il y a déja 8 ou 9 ans que j’avois part au service de Vostre Altesse Électorale, amis plus particulièrement depuis passé un an, et que c’estoit aussi d’Elle dont ie dépendois entierement à présent, et en suite de ma dimission gratieuse du service de S.A.E. Palatine. Ce qu’elle redit au Roy en ma presence. »

    55 Voir Spanheim 1900, p. 418-426.

    56 Berlin, Staatsbibliotek, Nachlaß Oelrichs, Kasten 85, Nr. 731, f° 10 r° : « Au sortir de la Chambre le Marquis d’Angeau son Chevalier d’honneur et [que] je n’avois pas encore veu ailleurs, vint avec empressement me donner des marques de l’honneur de son ancienne amitié, et offrir en même temps et obligeamment ses services à ces Messrs de mon cortege, et à ce que je luy donnasse lieu à cela. » À noter que Dangeau était marié à une princesse palatine de la maison de Löwenstein (voir Rödel 1999).

    57 Voir GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 46, f° 36 v° : « Sa Maté me fit l’honneur de me discerner d’une salut obligeant de teste. » Voir aussi GStA PK, I. HA, Rep. XI. Nr. 89, Fasz. 50, 118 r°.

    58 Berlin, Staatsbibliotek, Nachlaß Oelrichs, Kasten 85, Nr. 731, f° 15 v°. Voici le commentaire de Spanheim, à plus de soixante-dix ans et un peu sourd, sur cette distinction (ibid., 15 v°-16 r°) : « Je ne me croirois pas garend suffisant de toute cette réponse du Roy, qui fut même plus longue et plus gracieuse qu’il n’a coûtume de faire en ces rencontres, si l’Introducteur Baron de Breteuil, qui estoit assez près de moy, ne me eust non seulement confirmé, mais mêmes supllée et dicté ce qui m’en pouvoit estre échappé, pour n’en mander ni plus ni moins que m’en fut dit par S.M. Et comme le Roy me dit tout cela dans une audiance publique, cela n’a pas manqué aussi d’estre répandu, et donner lieu à dire à la Cour et à Paris, plus qu’on n’avoit encore fait, qu’on me verroit en peu de mois revenir Ambassadeur en France de S.S.El. réconnue. »

    59 Voir la collection de Mongrédien 1963.

    60 Louis XIV 1992, p. 66. Pour la dévotion, voir l’instruction au duc d’Anjou : « Ne manquez à aucun de vos devoirs, surtout envers Dieu. »

    61 Ibid., p. 82-83. Cornette 2000, p. 211-229.

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    Externbrink, S. (2014). Le roi et le diplomate : l’image de Louis XIV à travers les dépêches et la Relation de la cour de France d’Ézéchiel Spanheim (1680-1689 et 1698-1701). In M. Da Vinha, A. Maral, & N. Milovanovic (éds.), Louis XIV, l’image et le mythe (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.50990
    Externbrink, Sven. « Le roi et le diplomate : l’image de Louis XIV à travers les dépêches et la Relation de la cour de France d’Ézéchiel Spanheim (1680-1689 et 1698-1701) ». In Louis XIV, l’image et le mythe, édité par Mathieu Da Vinha, Alexandre Maral, et Nicolas Milovanovic. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2014. https://doi.org/10.4000/books.pur.50990.
    Externbrink, Sven. « Le roi et le diplomate : l’image de Louis XIV à travers les dépêches et la Relation de la cour de France d’Ézéchiel Spanheim (1680-1689 et 1698-1701) ». Louis XIV, l’image et le mythe, édité par Mathieu Da Vinha et al., Presses universitaires de Rennes, 2014, https://doi.org/10.4000/books.pur.50990.

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    Da Vinha, M., Maral, A., & Milovanovic, N. (éds.). (2014). Louis XIV, l’image et le mythe (1‑). Presses universitaires de Rennes, Centre de recherche du Château de Versailles. https://doi.org/10.4000/books.pur.50956
    Da Vinha, Mathieu, Alexandre Maral, et Nicolas Milovanovic, éd. Louis XIV, l’image et le mythe. Rennes: Presses universitaires de Rennes, Centre de recherche du Château de Versailles, 2014. https://doi.org/10.4000/books.pur.50956.
    Da Vinha, Mathieu, et al., éditeurs. Louis XIV, l’image et le mythe. Presses universitaires de Rennes, Centre de recherche du Château de Versailles, 2014, https://doi.org/10.4000/books.pur.50956.
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