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Les révoltes du papier timbré, 1675

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Gauthier Aubert

Prologue

Chapitre I. Peur du front intérieur et surveillance du territoire

Texte intégral

  • 1 Germain d’Antin, Petits mémoires, cité par José Cubéro, Une révolte antifiscale au XVIIe siècle. Au (...)

« Il me donna bien à penser, ne m’ayant parlé que de batailles où nous avions estés batus, et obligés a nous oster des places, que tous les francès se rébellect… »
Jean-François d’Antin,
rapportant les propos à lui tenu par le gouverneur de Tarragone, vers 1674-16751.

  • 2 Primi Visconti, Mémoires sur la cour de Louis XIV, Jean Lemoine (éd.), Paris, Calmann-Lévy, 1908, p (...)
  • 3 Selon le mot de la redoutable marquise de Sévigné, cité dans Ernest Lavisse, Louis XIV, Paris, Tall (...)
  • 4 Olivier Chaline, Le règne de Louis XIV, Paris, Flammarion, 2005, p. 125.

1En guise de prologue, il n’est sans doute pas inutile de tenter de dresser un état sommaire de la situation rebellionnaire en amont de la révolte dite du papier timbré afin d’essayer de cerner au mieux, ou au moins mal, la perception que les contemporains, et particulièrement les autorités, pourront avoir des événements. Cette mise en perspective s’impose sans doute d’autant plus que le temps n’est plus celui de la merveilleuse traversée du Rhin par le roi et ses armées impétueuses. Deux ans après le début d’une guerre conçue pour être une rapide démonstration de puissance, Primi Visconti, commentant l’actualité de 1674, écrit qu’« on n’était pas sans craintes à la cour2 ». Il faut dire que cette année-là, non seulement la guerre de Hollande durait plus longtemps que prévue suite à l’inondation salvatrice du plat pays, mais on vit en sus l’allié anglais se retirer, et les Espagnols entrer dans le jeu contre les Français, aux côtés des Impériaux et des Lorrains. En 1674, le roi, que certains avaient vu un moment « comte de Hollande3 », en était à craindre une invasion de la Champagne. La stratégie française, après la glorieuse conquête de la Franche-Comté du printemps 1674, n’était plus à l’offensive, mais bien à la défensive4. Et à tout cela s’ajoutait la menace d’un front intérieur.

Le désordre régnerait-il de nouveau partout ?

  • 5 Jean Nicolas, La rébellion française. Mouvements populaires et conscience sociale, Paris, Le Seuil, (...)

2La consultation des correspondances et des arrêts conservés à Paris montre que si Bordeaux constitue bien l’amorce d’une traînée de poudre qui va enflammer une partie du pays entre le printemps et l’été 1675, cette chaîne rebellionnaire s’inscrit à un niveau plus large dans un contexte de densification des troubles. Sur le désormais célèbre graphique des révoltes de 1661 à 1789 présenté par Jean Nicolas5, l’envolée de 1675 s’inscrit ainsi dans un contexte de légère hausse des contestations, classique en temps de guerre, après plusieurs années de reflux du fait rebellionnaire.

  • 6 Arch. aff. étr., mémoires et documents, vol. 939.
  • 7 Où une certaine tension est signalée dès janvier (SHD, A 1 419, fol. 40, lettre de de Sève à Louvoi (...)
  • 8 Pierre Clément, Lettres, mémoires et instructions de Colbert, Paris, Imprimerie impériale, 1863, t. (...)
  • 9 Pierre Clément, op. cit., t. II, p. 356 : lettre de Colbert à Marillac, 19 X 1674.
  • 10 Ibid., p. 364 : lettre de Colbert à de Sève, 30 XI 1674. Il est possible qu’il en soit de même dans (...)
  • 11 Il s’agit d’un droit sur les boissons, levé en vertu d’un arrêt du conseil de février 1674.

3Les expéditions des secrétaires d’État permettent d’en avoir un aperçu commode, quoique fort imprécis et incomplet6 : en 1674, des troubles y sont signalés à Carcassonne, à Royan et à Saumur. A cela ajoutons ce que révèle la correspondance de Colbert, qui montre en particulier une fin d’année 1674 assez tendue : des troubles surviennent à Tours, à Bayonne7, à Sarlat ainsi que dans l’Angoumois et à Saintes8. Quelques inquiétudes paraissent également à Poitiers9. Dans la plupart des cas, cela ne semble pas à première vue dépasser le cadre local et pouvoir être relié à la révolte bordelaise du mois de mars 1675. Seul le « commencement de sedition » observé à Tours au sujet des récents droits de jauge et de courtage a, d’après Colbert, « quelques suites dans les autres provinces » ; et d’évoquer dans un courrier à l’intendant de Bordeaux, de Sève, que l’affaire de Saintes en est une secousse secondaire10. La crainte existe, manifestement, que l’hiver 1674 soit celui d’une vaste révolte des droits de jauge et de courtage11, mais il n’en sera rien.

  • 12 Pierre Clément, op. cit., t. II, p. 367 : lettre de Colbert à Bidé, 10 XII 1674.
  • 13 Ibid., p. 361 : lettre du même au même, 15 XI 1674.
  • 14 Ibid., p. 356 : lettre du même à Marillac, 19 X 1674.
  • 15 Ibid., p. 79 : lettre du même au procureur général de la cour des aides, 17 I 1672.

4Reste qu’on sent bien que le pouvoir regarde tout cela avec attention. Les lettres de Colbert aux intendants en attestent, leur ton également, ou encore des formules comme celle-ci, adressée à l’intendant de Limoges au sujet des troubles survenus vers Angoulême : « Ne manquez donc pas d’expédier promptement cette affaire, qui servira beaucoup à affermir l’autorité dans ces provinces, et à oster l’esprit de sedition de tous ces peuples qui y ont esté assez sujets de tous temps12. » Les propos pouvaient même, sous la plume du ministre, être terriblement menaçants, se voulant dissuasifs, comme ceux écrits au même intendant : « Vous deves être assures, et le rendre même public, que le roi tient toujours a 20 lieues de Paris une armée de vingt mille hommes pour marcher dans toutes les provinces où il paraîtrait du soulévement, pour punir avec éclat et donner un exemple à tous les peuples de l’obéissance qu’ils doivent à Sa Majesté »13. Sans doute de telles missives, dans leur excessivité, exprimaient-elles les craintes du pouvoir, et ses faiblesses. En fait, un glissement est perceptible : face aux réserves des Poitevins, en octobre, Colbert déclare ne pas vouloir céder sur la question des droits de jauge et courtage, mais admet que la levée des nouveaux droits d’aides soit un temps suspendue14 – écho des troubles qu’ils y ont déjà suscités en 167215 ? – ; or on voit quelques semaines plus tard le ton se durcir et la souplesse épistolaire s’évanouir.

  • 16 Arch. aff. étr., mémoires et documents, vol. 939, fol. 132.

5L’année 1674 se termine avec autant de méfiance qu’elle a commencé, puisque, à la suite de la signature de la paix entre l’Angleterre et les Provinces-Unies en février, on avait cru utile d’écrire en Languedoc pour « observer la conduite des religionnaires des Cevennes afin de descouvrir s’ils ont fait des feux de joie entre eux »16. La pression fiscale jointe à la politique protestante génèrait ainsi assez de mécontentement pour que l’on soit sur le qui-vive en de multiples lieux.

Tentations sécessionnistes et subversives

  • 17 John A. Lynn, Les guerres de Louis XIV, 1667-1714, Paris, Perrin, 2010, p. 135 : Gray, Vesoul, Besa (...)
  • 18 René Gresset, Jean-Marc Debard, Le rattachement de la Franche-Comté à la France, 1668-1678, Besanço (...)
  • 19 Armand Boussey, La Franche-Comté sous Louis XIV : essai d’histoire politique et administrative, Bes (...)

6À ceci il faut ajouter le fait que le risque, ou la crainte, de liaison entre le front extérieur et de possibles fronts intérieurs n’est pas nul. Dans la Franche-Comté récemment conquise, la liste édifiante des villes prises par les troupes de Louis XIV17 ne doit pas masquer que les populations réagissaient parfois fort vivement à la présence militaire française. Des actions de guérilla menées par ceux que les Français surnomment « les loups des bois » sont constatées en 1674, et perdurent les années suivantes18. La proche vallée du Rhin étant un des principaux théâtres d’opération de la guerre en cours, les risques apparaissent réels que les Comtois se lient aux Impériaux stationnés dans l’Alsace voisine avant que le célèbre exploit hivernal de Turenne ne les en chasse19.

  • 20 Alice Marcet, « Les conspirations de 1674 en Roussillon : Villefranche et Perpignan », Annales du M (...)
  • 21 Arch. aff. étr., mémoires et documents, vol. 940, fol. 113.
  • 22 Arch. aff. étr., mémoires et documents, vol. 939, fol. 506, 510, 520 et vol. 940, fol. 49, 53, 110  (...)

7Des inquiétudes viennent aussi du Roussillon, qui fête ses 15 ans d’appartenance à la couronne des lys par des conspirations visant au retour de la terre catalane dans le giron des Habsbourg20. À Villefranche, une opération destinée à livrer la ville est découverte. Trois personnes issues de familles nobles du pays sont exécutées en avril. Sans lien apparent, un autre complot, né dans les cercles de la notabilité perpignanaise, plus important et semble-t-il mieux organisé, est déjoué peu de temps après. Un avocat et un notaire sont exécutés, un consul envoyé aux galères. Louvois prend tout cela d’autant moins à la légère que les troupes françaises rencontrent dans la région de sérieuses difficultés face à l’armée espagnole, bien épaulée par les redoutables miquelets. Cela dit, il faut également souligner l’absence de réaction populaire et, surtout peut-être, l’efficacité des autorités françaises, qui restent longtemps en alerte : presque un an plus tard, en février 1675, du côté de Nîmes cette fois, on cherche encore qui sont les amis de l’Espagne21. À l’autre bout des Pyrénées, celui que les documents français aiment à appeler « le bandit » d’Audijos – l’homme de la révolte de la Chalosse en 1663-1666 – reste quant à lui insaisissable et constitue de nouveau, avec ses complices, une menace au moins potentielle22.

  • 23 Sur ces événements, voir l’étude très fouillée de Pierre Clément, Trois drames historiques, Paris, (...)
  • 24 Cette taxe, s’appuyant sur l’idée que le roi est le propriétaire des forêts, et que les sujets qui (...)
  • 25 Arlette Jouanna, Le devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l’État moderne, 155 (...)
  • 26 Katia Béguin, « Louis XIV et l’aristocratie : coup de majesté ou retour à la tradition ? », HES, 20 (...)
  • 27 Il meurt à côté de Liège en 1699 (Saint-Simon, Mémoires, ed. Chéruel, 1856, tome II, chapitre X [en (...)

8Plus inquiétante est cependant, dans l’immédiat, l’affaire normande. Il ne nous appartient pas ici d’insister outre mesure sur une affaire qui a donné lieu à de nombreuses études, et qui garde une partie de son mystère23. Dans cette vieille province française, le noble normand du Hamel de Latréaumont, le prestigieux mais disgracié et endetté chevalier de Rohan et un certain Van den Eden, médecin hollandais installé à Paris, ont espéré tirer parti du fort mécontentement consécutif au rétablissement par Colbert du droit dit de tiers et danger sur les bois, pour provoquer un soulèvement24. Latréaumont, véritable tête de la conspiration, est un aventurier, vétéran de la « conspiration des forêts » de la fin des années 165025, une affaire dont chacun se souvient assurément dans les cercles les plus élevés de l’État. Quant au chevalier de Rohan, il est le rejeton d’une des familles les plus en vue de la cour. Élevé avec le roi, le servant aux armées non sans éclat encore en 1672, Louis de Rohan prit cependant très mal de s’être vu retiré par le roi la charge de grand veneur occupée auparavant par son père, suite à une querelle amoureuse avec le monarque lui-même. Si l’historiographie s’est plue, non forcément sans raison, à le dépeindre sous les traits du coureur invétéré couvert de dettes, aussi fastueux que peu sympathique, il ne faut sans doute pas mésestimer qu’il y a dans son attitude un reste du « devoir de révolte » caractéristique de la haute noblesse. Aussi le chevalier de Rohan, avec son nom qui sent bon les oppositions aristocratiques dont on n’était pas complètement certain encore qu’elles appartiennent au passé, est-il pour le pouvoir une figure inquiétante, celle de l’échec de toute une politique nobiliaire26. Elle l’est peut-être d’autant plus que le frère aîné du chevalier, Charles, le duc de Montbazon, qui n’avait pu obtenir lui non plus la charge de grand veneur et passait pour déséquilibré, a, de dépit, rejoint les Espagnols27. Le troisième larron de cette affaire normande est l’homme de la relation avec la Hollande. François Van den Enden, avait été naguère, à Amsterdam, le professeur de Spinoza, distillant auprès de lui quelques idées rationalistes. Il avait fait de son école un laboratoire d’idées politiques qu’a fréquenté Latréaumont quand celui-ci avait fui la France à la fin années cinquante. Là serait née leur alliance. En 1671, à soixante-dix ans, Van den Enden était passé de la théorie à la pratique : après avoir contacté les autorités espagnoles aux Pays-Bas, il s’installe à Paris, au faubourg Saint-Antoine, où il ouvre une école, « l’Hôtel des muses ». C’est là, à Paris même, que le complot est préparé, et que les contacts sont établis avec Rohan. C’est là aussi qu’il est découvert.

  • 28 Nat. arch., 3.01.18, archives Gaspar Fagel, inv. nr. 417, lettre du 1er X 1674 (d’après copie commu (...)

9Le but de la conspiration « normande » de 1674 – et on comprend que Louis XIV en ait été horrifié – n’était pas moins que la création d’une « république libre », dépassant éventuellement le cadre normand. Et de fait, certains ont pu penser un moment, parmi les informateurs des Hollandais, à une extension possible vers la Bretagne, mais la chose n’est pas prouvée28. L’opération devait aussi recevoir le soutien actif des Hollandais qui aurait débarqué à Quillebeuf. Eventée grâce aux informations recueillies par Louvois, le complot fait long feu et, fin novembre, quatre personnes, sur la soixantaine qui ont été jetée en prison, montent sur l’échafaud. L’affaire est si grave que le prudent La Reynie recommande d’en faire le moins de bruit possible :

  • 29 Cité par Klaus Malettke, art. cit.

« Je ne sais s’il est bien à propos de faire le procès de tant de gens à la fois, de remplir ainsi les prisons, et si au lieu de la justice que tout le monde attend de ceux qui se trouveront veritablement coupables et de la terreur qu’elle doit imprimer, on ne trouvera point quelque chose d’affreux dans cette multitude d’accusés et de criminels, et s’ils ne deviendront pas au public moins criminels par le nombre29. »

  • 30 Arch. aff. étr., mémoires et documents, vol. 939, fol. 509 et vol. 940, fol. 57, 109. Il est possib (...)

10Malgré ces sages précautions, à la fin de l’année, on apprend à la cour qu’un vicaire du Cotentin a tenu des propos « contre la personne du roy au prosne du dimanche avant la feste de la saint Louis », et au début de l’année suivante, le fils du lieutenant criminel de Coutances est interné « a cause de mauvais discours qu’il a tenu estant yvre contre la personne du roy30 ». Malgré les mesures visant, sur les prudents conseils de La Reynie, à couler une chape de plomb sur cette sinistre entreprise, la grande Normandie reste, aux yeux du pouvoir, une terre sensible, jusqu’en ses tréfonds bocagers, non loin de là où, en 1639, s’étaient soulevés les Nu Pieds.

  • 31 Camille Rousset, op. cit., p. 119-120, Ch.-M. Chotzen, « Le gouvernement hollandais et la révolte d (...)
  • 32 On pense évidemment au chevalier Louis de Rohan, mais il pouvait très bien s’agir de son aîné Charl (...)
  • 33 Sur ce diplomate de tout premier plan : Charles-Edouard Levillain, op. cit., p. 375.
  • 34 D’après Klaus Malettke, seuls les liens entre d’Audijos et Sardan sont prouvés (art. cit., p. 362).

11Derrière tout cela plane la figure inquiétante de l’aventurier comploteur Sardan (alias Foncenade). Ce protestant du Midi, en fuite à l’étranger, a en effet échafaudé, cette même année 1674, un vaste programme insurrectionnel de la France méridionale et huguenote, de la Guyenne au Dauphiné, auquel il a ajouté l’idée d’un débarquement en Bretagne qui aurait pu marquer le début d’un grand soulèvement susceptible de s’étendre au Poitou31. Concernant la Bretagne, Sardan comptait sur le concours de la noblesse bretonne, qui se lèverait selon lui avec passion derrière le chef d’une maison dont il tait le nom, mais qui semble avoir été un Rohan32. Le conspirateur, qui avait pu échanger en avril avec le diplomate hollandais Van Beunighen33, avait reçu le soutien officiel des Hollandais et des Espagnols, ce que Louvois, toujours bien renseigné, ne tarda pas à savoir. La preuve des liens entre ces projets et les affaires roussillonnaises et normandes n’est pas faite34, mais ceci n’empêchait pas les autorités haut placées de le suspecter.

Quand la flotte hollandaise paraît

  • 35 Ch.-M. Chotzen, art. cit., p. 102-132 ; Camille Rousset, op. cit., p. 115.
  • 36 Charles de la Roncière, Histoire de la marine française, Paris, Plon, 1920, t. V, p. 580.
  • 37 Charles-Edouard Levillain, op. cit., p. 245. Ce raid de 1667 est resté célèbre sous le nom de batai (...)
  • 38 C’est ce que suggère Ch.-M. Chotzen, art. cit., p. 106.
  • 39 Charles de la Roncière, op. cit., p. 582.
  • 40 Henri-François Buffet, Vie et société au Port-Louis des origines à Napoléon III, Rennes, Bahon-Raul (...)

12Les autorités sont d’autant plus méfiantes que la flotte hollandaise a effectivement paru devant les côtes normandes au printemps 1674, conformément aux avis reçus par Louvois dès février35. Elle était gigantesque, comptant 66 vaisseaux de ligne, 18 brûlots et 54 bâtiments de services, plus des chaloupes canonnières36. En face, les Français ne pouvaient aligner que 17 vaisseaux. Mais ne voyant rien venir du continent, les bateaux bataves mettent les voiles vers l’Atlantique. Une partie de la flotte, commandée par Ruyter, part vers les Antilles, où elle attaque sans succès d’ailleurs Fort-de-France. Le reste, avec Tromp, entre dans le golfe de Gascogne. Il semble que le plan hollandais consistait à renouveler sur les côtes françaises le raid effectué sept ans plus tôt sur l’Angleterre37, à créer une panique le long du littoral, et ainsi obliger Louis XIV à déplacer vers l’Atlantique un nombre conséquent de troupes. En même temps l’idée aurait été de mener des raids destinés à détruire navires et arsenaux à Brest et à Rochefort. Peut-être parce que Brest s’était fort bien préparée à une attaque, les Hollandais se rabattirent sur Belle-Isle38, qui pouvait constituer une base remarquable pour terroriser les côtes françaises. Mais alors qu’ils espèrent que la population les accueille en libérateur, les Hollandais doivent repartir assez vite face à l’opiniâtreté de la résistance de la garnison stationnée dans la citadelle du Palais et à l’hostilité des habitants. Puis, une opération est menée à Noirmoutier début juillet, qui a pour principal effet de mettre le Poitou en émoi, mais ce n’est qu’un lot de consolation, puisque Tromp a renoncé à prendre Rochefort jugée trop bien défendue39. Enfin, début septembre, les Hollandais menacent encore Port-Louis, pillent Groix et repartent40.

  • 41 Outre les exemples cités ci-dessous, voir les cas repérés à Dol (François Duine, Histoire civile et (...)
  • 42 Guy Saupin, Nantes au XVIIe siècle. Vie politique et société urbaine, Rennes, PUR, 1996, p. 143.
  • 43 Cité par Sigismond Roparz, « L’insurrection de 1675 à Guingamp », Revue de Bretagne et de Vendée, 1 (...)
  • 44 Nat. arch., 3.01.18, archives Gaspar Fagel, inv. nr. 417, voir en particulier les lettres du 4 V, 1 (...)
  • 45 BNF, MC 171 bis, fol. 770, lettre de Chaulnes à Colbert, 30 VI 1674.
  • 46 Antoine Favé, « Bourgeois et gens de métiers à Carhaix », BSAF, 1898, t. 25, p. 361.
  • 47 Cité par Roger Leprohon et Jean Tanguy, dans Marie-Thèrèse Cloitre (dir.), Histoire de Brest, Brest (...)
  • 48 François-Xavier Séjourné, Histoire du véritable serviteur de Dieu Julien Maunoir, Paris-Poitiers, O (...)

13Tout cela a néanmoins provoqué une intense panique sur la côte atlantique. Les archives des communautés urbaines et parfois celles des familles en gardent la trace à travers l’évocation de la mobilisation des milices bourgeoises41. Guy Saupin, observant depuis Nantes ce brusque empressement à défendre cette singulière frontière, parle ainsi de « la grande peur de 167442 ». On croit aussi bon, face au danger, de raviver l’arrière-ban. C’est dire si l’heure est jugée grave. « On ne parle que des Hollandais partout » écrit de Bretagne en mai une sœur du marquis de Carnavalet, qui ajoute : « on dit que les Malouins ont peur ; la plupart des femmes sont allées à Rennes43 ». Les papiers du grand pensionnaire Gaspar Fagel attestent d’ailleurs que les Hollandais savent fort bien l’effet que produit leur flotte sur les Français, mais qu’ils voient aussi que les autorités locales s’activent vigoureusement pour prévenir le pire, à l’image du gouverneur de Bretagne, le duc de Chaulnes, particulièrement entreprenant44. Celui-ci dressa, un an plus tard, la liste de ses dépenses pour en obtenir un paiement et si on ne peut exclure quelque exagération, l’ensemble des initiatives paraît crédible et renseigne sur le sérieux avec lequel l’affaire fut alors considérée : Anglais de Morlaix envoyés voir l’avancement de la flotte hollandaise, batteries installées au Conquet, mise en place de trois magasins de foin et de d’avoine pour la cavalerie et travaux de protection de Brest45. Pour ceux-ci, on fait venir des hommes levés jusque vers Carhaix, et cette région doit aussi envoyer des miliciens pour surveiller les côtes et le cas échéant les défendre46. D’après un témoin, Brest compte alors 3 000 cavaliers et 4 000 paysans employés comme terrasseurs47. Dans le Léon voisin, l’activité missionnaire est de son côté interrompue l’été, en raison des « marches et alarmes » qui concernent aussi les gens de l’intérieur des terres48. À Port-Louis, la garnison est renforcée. A Rennes, ville qui n’est pas menacée, l’activisme de la municipalité est sans doute d’autant plus révélateur de l’état d’esprit qui règne dans la ville ; mais il faut dire que son gouverneur en titre, le marquis de Coëtlogon, est en première ligne à Belle-Île.

  • 49 Arch. mun. Rennes, BB 560, reg. délib.

Tableau 1. – La menace hollandaise de 1674 et ses suites dans le registre de la communauté de ville de Rennes49.

26 juin

Annonce que le marquis de Coëtlogon est à Belle-Île.

28 juin

Etablissement d’un courrier extraordinaire à cause des Hollandais.

30 juin

Assemblée au sujet de la menace hollandaise ; arrêt du parlement au sujet des poudres ; question de la constitution d’un détachement.

2 juillet

Retour de la députation envoyée à Belle-Île ; requête du poudrier ; question du retour des canons conservés à Redon ; état des armes et des munitions.

4 juillet

Accueil d’un messager venu de Belle-Île.

5 juillet

Cessation du courrier mis en place en juin.

14 juillet

Demande de 300 hommes par le duc de Chaulnes.

16 juillet

Mobilisation des 300 hommes ; modalités de paiement ; désignation des capitaines.

17 juillet

Départ du détachement pour Auray, avec le procureur syndic et le greffier ; problème des déserteurs.

23 juillet

Lettre du duc de Chaulnes (mécontent de la mobilisation rennaise) ; mémoire pour l’achat d’armes.

28 juillet

Nouvelles de Belle-Île.

8 septembre

Retour du détachement ; retour d’une députation envoyée à Brest auprès du duc de Chaulnes.

11 octobre et 15 novembre

Question des armes prêtées aux soldats envoyés sur les côtes.

  • 50 SHD, A 1 420, fol. 291, lettre de d’Albret à Louvois, 7 IV 1674.
  • 51 SHD, A 1 420, fol. 480, lettre de d’Albret à Louvois, 28 IV 1674.
  • 52 Arch. mun. Bordeaux, BB 67, délib. du 21 V, 27 V, 2 VI, 12 VI, 16 VI, 18 VI, 25 VI 1674.
  • 53 Mémoires de Charles-Nicolas Foucault, F. Baudry ed., Paris, 1872, p. 24.
  • 54 SHD, A 1 420, fol. 480, lettre de d’Albret à Louvois, 28 IV 1674.

14À Bordeaux, le maréchal d’Albret n’est pas en reste, d’autant qu’il craint un débarquement des Hollandais en Biscaye qui leur permettrait « de faire un corps considerable avec les Espagnols et de venir tomber sur Bayonne50 ». Pour cette dernière, comme pour Blaye, il a mobilisé les paysans par la corvée afin de les faire travailler au renforcement des fortifications51. Les registres de la jurade attestent aussi que la capitale de la Guyenne se prépare à un possible siège52. L’arrière-ban est mobilisé, des armes et des munitions sont envoyées depuis Toulouse, tandis que des miliciens sont levés jusque dans la généralité de Montauban53. Mais l’inquiétude du duc porte aussi sur les dangers qui peuvent exister à armer des milices « s’il se trouvoit a leur teste quelques personnes accreditée pour les faire tomber dans quelque mauvais party54 », non sans lien sans doute avec les tensions évoquées plus haut.

  • 55 Guy Saupin, op. cit., p. 409.
  • 56 Jean Bérenger, « La révolte des bonnets rouges et l’opinion internationale », ABPO, t. 82-4, 1975, (...)

15Les Bataves savent pourtant que la partie ne sera pas simple. Avant même la déconvenue belliloise, Fagel reçoit un avis, en mai, selon lequel la population du royaume est fidèle au roi et attend l’ennemi de pied ferme. A Nantes, d’ailleurs, le menu peuple lui-même, sur la rumeur que les Hollandais ont débarqué en baie de Bourgneuf, est prêt à prendre les armes55. Aussi l’affaire s’arrête là, sans que les opérations prévues contre l’île de Ré, Bordeaux et Bayonne soient exécutées. L’espoir hispano-néerlandais de créer un front sur le flanc occidental de la France s’évanouit, mais l’inquiétude demeure du côté français, où on se sent bien nu sans l’ancien allié anglais, dont on ne peut en outre exclure qu’il ne changerait de camp. Cette inquiétude, d’ailleurs, est d’autant plus vive que le fait de susciter des troubles chez son ennemi fait entièrement partie de la conduite de la guerre56. Les Français n’ont-ils pas envoyé en septembre des secours aux Messinois en révolte contre le roi d’Espagne ?

*

16Tout cela n’était sans doute pas sans lien avec les idées de paix que semble avoir caressé Louis XIV à l’hiver 1674-1675, et que rapportera plus tard le diplomate anglais William Temple, en prenant bien soin de les relier aux espoirs d’ouverture d’un front intérieur :

  • 57 William Temple, Mémoires de ce qui s’est passé dans la Chrétienté depuis le commencement de la guer (...)

« Je ne sçai pas le besoin que la France avoit de la paix, mais je sais bien qu’elle en avoit un extrême desir, et qu’elle tenta cet hiver là [1674-1675], pour la faire réussir tous les moyens imaginables, exceptés ceux qui auraient trop découvert sa necessité. J’ai toujours crû que les François aprehendoient le dessein, fur lequel les conféderez contoient peut être avec un peu trop d’asseurance. Ils se persuadoient que s’ils pouvoient gagner une bataille, ils entreroient infailliblement en France ; et que si ils y étoient une fois, les mécontentemens du peuple ne manqueroient jamais d’eclater contre le gouvernement, et donneroient jour aux ravages, et aux succez qu’ils se promettoient ; ou tout au moins à une paix, qui mettroit les voisins de cette couronne en seureté et en repos57. »

  • 58 Nat. arch., 3.01.18, archives Gaspar Fagel, inv. nr. 417, lettres du 30 VII et 6 VIII 1674 (d’après (...)
  • 59 Jean Lafond, « L’imaginaire de la conjuration dans la littérature française du XVIIe siècle », dans (...)

17Malgré l’incapacité des Hollandais à faire leur jonction avec les hypothétiques forces françaises de l’intérieur, malgré la belle conquête de la Franche-Comté et les fêtes qui suivirent (et occupèrent un moment fort le roi58), malgré la fameuse campagne de Turenne permettant de recouvrer l’Alsace, 1674 pouvait bien paraître comme l’année du désenchantement. Au même moment, comme en écho, la publication de La Conjuration des Espagnols contre la république de Venise par l’abbé de Saint-Réal était le signe, dans le ciel des Lettres, selon Jean Lafond, d’un « climat nouveau », d’un certain triomphe du « pessimisme moral » sur « l’éthique de la gloire et de l’exaltation de l’honneur59 ». L’héroïque passage du Rhin n’était plus qu’un lointain souvenir. La guerre, désormais, prend le dur et triste visage de la journée incertaine et sanglante de Seneffe (11 août) et du succès indécis d’Entzheim (4 octobre), mais aussi de ces obscures conjurations et autres ignobles séditions qui, à côté des difficultés des héros vieillissants Turenne et Condé, semblent faire leur retour avec une force incroyable dans l’histoire d’un règne et d’une guerre que Louis, assurément, a rêvés bien différents.

Notes

1 Germain d’Antin, Petits mémoires, cité par José Cubéro, Une révolte antifiscale au XVIIe siècle. Audijos soulève la Gascogne, Paris, Imago, 2001, p. 161-162. Jean-François d’Antin, officier au régiment de Picardie, fils du gouverneur de Lourdes, a été fait prisonnier dans le Roussillon en 1674.

2 Primi Visconti, Mémoires sur la cour de Louis XIV, Jean Lemoine (éd.), Paris, Calmann-Lévy, 1908, p. 96.

3 Selon le mot de la redoutable marquise de Sévigné, cité dans Ernest Lavisse, Louis XIV, Paris, Tallandier, 1978, t. II, p. 138.

4 Olivier Chaline, Le règne de Louis XIV, Paris, Flammarion, 2005, p. 125.

5 Jean Nicolas, La rébellion française. Mouvements populaires et conscience sociale, Paris, Le Seuil, 2002, p. 34.

6 Arch. aff. étr., mémoires et documents, vol. 939.

7 Où une certaine tension est signalée dès janvier (SHD, A 1 419, fol. 40, lettre de de Sève à Louvois, 8 I 1674).

8 Pierre Clément, Lettres, mémoires et instructions de Colbert, Paris, Imprimerie impériale, 1863, t. II, p. 354, 360, 362, 363, 364, 366, 367, 368 : lettres de Colbert à de Sève, 16 et 30 XI 1674, à Bidé, 15 et 23 XI, 10, 14 et 21 XII 1674, à Tubeuf 13 XI 1674. Sur les troubles tourangeaux, voir aussi Arch. nat., E *787b, fol. 182, arrêt du 17 VIII 1675 à la requête de Gilles Cottereau.

9 Pierre Clément, op. cit., t. II, p. 356 : lettre de Colbert à Marillac, 19 X 1674.

10 Ibid., p. 364 : lettre de Colbert à de Sève, 30 XI 1674. Il est possible qu’il en soit de même dans le cas des troubles repérés à Rochechouart en novembre (cf. le livre de raison de la famille de la Brunye, cité dans Daniel Borzeix, René Pautal, Jacques Serbat, Révoltes populaires en Occitanie, Treignac, Éditions les Monédières, 1982, p. 250).

11 Il s’agit d’un droit sur les boissons, levé en vertu d’un arrêt du conseil de février 1674.

12 Pierre Clément, op. cit., t. II, p. 367 : lettre de Colbert à Bidé, 10 XII 1674.

13 Ibid., p. 361 : lettre du même au même, 15 XI 1674.

14 Ibid., p. 356 : lettre du même à Marillac, 19 X 1674.

15 Ibid., p. 79 : lettre du même au procureur général de la cour des aides, 17 I 1672.

16 Arch. aff. étr., mémoires et documents, vol. 939, fol. 132.

17 John A. Lynn, Les guerres de Louis XIV, 1667-1714, Paris, Perrin, 2010, p. 135 : Gray, Vesoul, Besançon, Dole, Salins tombent en quelques mois.

18 René Gresset, Jean-Marc Debard, Le rattachement de la Franche-Comté à la France, 1668-1678, Besançon, CRDP, 1978 ; Maurice Gresset, « Le clergé comtois et la France de la seconde conquête à la paix de Nimègue », Mélanges offerts à la mémoire de Roland Fiétier, Besançon, 1984, p. 355-377.

19 Armand Boussey, La Franche-Comté sous Louis XIV : essai d’histoire politique et administrative, Besançon, P. Jacquin, 1891, p. 275-284 ; Maurice Gresset, « La Franche-Comté dans la guerre de Hollande au lendemain de la seconde conquête », Revue historique des armées, 1978, no 2, p. 33-49.

20 Alice Marcet, « Les conspirations de 1674 en Roussillon : Villefranche et Perpignan », Annales du Midi, 1974, p. 275-296 ; Klaus Malettke, « Complots et conspirations contre Louis XIV dans la deuxième moitié du XVIIe siècle », dans Yves-Marie Bercé, Elena Fasena Guarini (dir.), Complots et conjurations dans l’Europe moderne, Rome, École française de Rome, 1996, p. 350-351.

21 Arch. aff. étr., mémoires et documents, vol. 940, fol. 113.

22 Arch. aff. étr., mémoires et documents, vol. 939, fol. 506, 510, 520 et vol. 940, fol. 49, 53, 110 ; José Cubéro, op. cit., p. 162-166.

23 Sur ces événements, voir l’étude très fouillée de Pierre Clément, Trois drames historiques, Paris, Didier, 1857, p. 217 sq., ainsi que les travaux récents de Klaus Malettke, art. cit., p. 347-371 ; Annette Smeidley-Weill, « Un conspirateur au temps de Louis XIV : le chevalier de Rohan », dans Joël Cornette, Hervé Melouchan (dir.), L’État classique. Regards sur la pensée politique de la France dans le second XVIIe siècle, Paris, 1996, p. 373-385 ; Olivier Tréhet, « Une république normande ? La dernière conspiration politique importante du règne de Louis XIV », dans Catherine Bougy et Sophie Poirey (dir.), Images de la contestation du pouvoir dans le monde normand, Xe-XVIIIe siècle, Caen, Presses universitaires de Caen, 1997, p. 283-294 ; Charles-Edouard Levillain, Vaincre Louis XIV. Angleterre-Hollande-France. Histoire d’une relation triangulaire, 1665-1688, Seyssel, Champ Vallon, 2010, p. 240-248 et « Une guerre souterraine contre Louis XIV. L’Espagne, la Hollande et les projets de révolte de 1674 », Mélanges de la casa de Velasquez, 42, 2012, p. 201-233.

24 Cette taxe, s’appuyant sur l’idée que le roi est le propriétaire des forêts, et que les sujets qui possèdent des bois n’en sont que les usufruitiers, consiste pour ces derniers à verser au trésor royal le tiers du montant de la vente des dits bois, plus le dixième du tiers (dit « le danger »).

25 Arlette Jouanna, Le devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l’État moderne, 1559-1561, Paris, Fayard, 1989, p. 273-278.

26 Katia Béguin, « Louis XIV et l’aristocratie : coup de majesté ou retour à la tradition ? », HES, 2000, no 19/4, p. 497-512.

27 Il meurt à côté de Liège en 1699 (Saint-Simon, Mémoires, ed. Chéruel, 1856, tome II, chapitre X [en ligne]).

28 Nat. arch., 3.01.18, archives Gaspar Fagel, inv. nr. 417, lettre du 1er X 1674 (d’après copie communiquée par C.-E. Levillain).

29 Cité par Klaus Malettke, art. cit.

30 Arch. aff. étr., mémoires et documents, vol. 939, fol. 509 et vol. 940, fol. 57, 109. Il est possible, voire probable, qu’il faille relier ce mécontentement à la transformation de l’arrière-ban en une taxe, mesure qui a suscité un peu de remous en Normandie (Camille Rousset, Histoire de Louvois et son administration politique et militaire, Paris, Didier, 1862, t. II, p. 128).

31 Camille Rousset, op. cit., p. 119-120, Ch.-M. Chotzen, « Le gouvernement hollandais et la révolte du papier timbré », AB, 1942, 49, p. 102-132 et Charles-Edouard Levillain, op. cit., p. 248-249.

32 On pense évidemment au chevalier Louis de Rohan, mais il pouvait très bien s’agir de son aîné Charles.

33 Sur ce diplomate de tout premier plan : Charles-Edouard Levillain, op. cit., p. 375.

34 D’après Klaus Malettke, seuls les liens entre d’Audijos et Sardan sont prouvés (art. cit., p. 362).

35 Ch.-M. Chotzen, art. cit., p. 102-132 ; Camille Rousset, op. cit., p. 115.

36 Charles de la Roncière, Histoire de la marine française, Paris, Plon, 1920, t. V, p. 580.

37 Charles-Edouard Levillain, op. cit., p. 245. Ce raid de 1667 est resté célèbre sous le nom de bataille de la Medway ou de Chatham.

38 C’est ce que suggère Ch.-M. Chotzen, art. cit., p. 106.

39 Charles de la Roncière, op. cit., p. 582.

40 Henri-François Buffet, Vie et société au Port-Louis des origines à Napoléon III, Rennes, Bahon-Rault, 1972, p. 105-106 ; à cette occasion, quelques Hollandais semblent avoir chercher à rejoindre la France, mais l’affaire est obscure.

41 Outre les exemples cités ci-dessous, voir les cas repérés à Dol (François Duine, Histoire civile et politique de Dol jusqu’en 1789, Paris, 1911, p. 72), à Guingamp (Hervé Le Goff, Les riches heures de Guingamp, Guingamp, Plomé, 2004, p. 254) ou encore à Sauveterre-de-Guyenne (Registre de la jurade de Sauveterre en Guyenne, 1651-1677, ed. Jean Claude Huguet et Valerie Larock, Sauveterre les Guyenne, 2009, p. 257-261).

42 Guy Saupin, Nantes au XVIIe siècle. Vie politique et société urbaine, Rennes, PUR, 1996, p. 143.

43 Cité par Sigismond Roparz, « L’insurrection de 1675 à Guingamp », Revue de Bretagne et de Vendée, 1859, p. 188.

44 Nat. arch., 3.01.18, archives Gaspar Fagel, inv. nr. 417, voir en particulier les lettres du 4 V, 11, 18, 25 VI, 9 VII 1674 (d’après notes de C.-E. Levillain).

45 BNF, MC 171 bis, fol. 770, lettre de Chaulnes à Colbert, 30 VI 1674.

46 Antoine Favé, « Bourgeois et gens de métiers à Carhaix », BSAF, 1898, t. 25, p. 361.

47 Cité par Roger Leprohon et Jean Tanguy, dans Marie-Thèrèse Cloitre (dir.), Histoire de Brest, Brest, CRBC/UBO, 2000, p. 52-53.

48 François-Xavier Séjourné, Histoire du véritable serviteur de Dieu Julien Maunoir, Paris-Poitiers, Oudin, 1895, t. II, p. 166.

49 Arch. mun. Rennes, BB 560, reg. délib.

50 SHD, A 1 420, fol. 291, lettre de d’Albret à Louvois, 7 IV 1674.

51 SHD, A 1 420, fol. 480, lettre de d’Albret à Louvois, 28 IV 1674.

52 Arch. mun. Bordeaux, BB 67, délib. du 21 V, 27 V, 2 VI, 12 VI, 16 VI, 18 VI, 25 VI 1674.

53 Mémoires de Charles-Nicolas Foucault, F. Baudry ed., Paris, 1872, p. 24.

54 SHD, A 1 420, fol. 480, lettre de d’Albret à Louvois, 28 IV 1674.

55 Guy Saupin, op. cit., p. 409.

56 Jean Bérenger, « La révolte des bonnets rouges et l’opinion internationale », ABPO, t. 82-4, 1975, p. 443-458.

57 William Temple, Mémoires de ce qui s’est passé dans la Chrétienté depuis le commencement de la guerre en 1672, jusqu’à la paix en 1679, La Haye, 1694, p. 92.

58 Nat. arch., 3.01.18, archives Gaspar Fagel, inv. nr. 417, lettres du 30 VII et 6 VIII 1674 (d’après notes de C.-E. Levillain).

59 Jean Lafond, « L’imaginaire de la conjuration dans la littérature française du XVIIe siècle », dans Yves-Marie Bercé, Elena Fasena Guarini (dir.), op. cit., p. 124.

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