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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Membre du comité de correspondance des Jacobins Pétition pour un appel universel aux droits de l’homme, le 14 Juillet L’an I de l’Égalité Le 31 mai et ses suites Notes de bas de page

    Le souci des plus pauvres

    Ce livre est recensé par

    • Déborah Cohen, Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, mis en ligne le 10 décembre 2015. URL : https://journals.openedition.org/chrhc/4735 ; DOI : https://doi.org/10.4000/chrhc.4735
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    Table des matières

    Chapitre VII. La Constitution de 1793 : l’exclusion vaincue

    p. 235-275

    Texte intégral Membre du comité de correspondance des Jacobins Pétition pour un appel universel aux droits de l’homme, le 14 Juillet L’an I de l’Égalité Chargé de missions et Régisseur des poudres et salpêtres Électeur de Paris et administrateur du département Le 31 mai et ses suites Le conflit entre girondins et montagnards La chute des Girondins La constitution de 93 : une grande victoire pour la démocratie Président du département de Paris Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Les traces de Dufourny, dans les archives des premiers mois de la Législative jusqu’à la Convention, annoncent pas à pas un chemin vers l’accès des citoyens aux assemblées et la constitution « démocratique » de 1793, mais à quel prix : la guerre contre les monarchies européennes, le coup de force du 10 août 1792 aux Tuileries, le procès du roi et la guillotine, le coup de force du 31 mai 1793 à l’Assemblée contre les girondins, voulu et organisé par Dufourny.

    Membre du comité de correspondance des Jacobins

    2Belin de la Ballu1 écrit le 15 mai 1792 à Léon Dufourny, architecte en Sicile, frère de Louis Pierre : « J’ai vu aussi ton frère de Villiers qui est bien le Jacobin le plus enragé de toute la Jacobinerie, j’aime le Jacobinisme quand il ne va pas au point de tout renverser2. » Telle est, à ce moment-là, l’opinion d’un homme du monde des Arts et des Lettres proche de la famille Dufourny, sur les Jacobins. Que veulent renverser les Jacobins ? Dufourny serait-il le plus enragé d’entre eux ?

    3Le club des Jacobins est entré dans une nouvelle phase et Dufourny y joue un rôle majeur pour défendre la souveraineté du peuple, le peuple qui avait été réduit au silence par les lois Le Chapellier et la fusillade du Champ-de-Mars. La publicité des séances en est un signe tangible. Dufourny propose tout de suite de mettre des bancs pour accueillir le public : le président peut l’annoncer, le 12 octobre, à une députation de la société du faubourg Saint-Antoine, et l’inviter à dire à ses concitoyens de venir assister à la prochaine séance3. Défendre la souveraineté du peuple, c’est encore, pour Dufourny, être porteur d’une revendication des Cordeliers auprès des Jacobins, au sujet des canonniers de la garde soldée, pour qu’ils reçoivent des instructeurs et soient sous le contrôle des sections4. Les Jacobins reportant la discussion jusqu’à la création du comité militaire, Dufourny n’attend pas et lit la pétition à l’Assemblée nationale au nom de 32 commissaires de sections. Le président répond que leur demande sera prise en considération5.

    4Souvent élu secrétaire du club des Jacobins, Dufourny est amené à présider à plusieurs reprises les séances en l’absence du président élu6. En novembre, il est élu membre du comité de correspondance, l’exécutif de la société, en quelque sorte. Ce comité est chargé de maintenir les liens qui unissent les Jacobins aux Sociétés affiliées par la lecture de la correspondance, la rédaction des réponses qui donnent les directives de la société. Ce comité compte 28 membres, il est présidé par L. Bourdon7. Parmi eux, des Cordeliers ou des proches des Cordeliers et des futurs girondins. C’est Dufourny qui annonce le 16 novembre aux Jacobins les résultats des élections à la mairie de Paris, « qui la flatteront », dit-il. Il s’agit de Pétion, opposé à La Fayette. Il tient à préciser : « On dit que les Jacobins ont fait ce choix : ils y ont concouru sans doute, mais ce sont les citoyens qui l’ont fait, et nous n’avons fait que les suivre », tout en ajoutant qu’une partie du succès vient des « discussions faites à l’archevêché par les électeurs amis du Bien public8 ».

    5Dans sa première adresse aux sociétés affiliées, le comité de correspondance des Jacobins leur recommande d’ouvrir aussi leurs séances au public. Il réaffirme sa détermination à instruire « les classes les moins fortunées du peuple », à donner à l’Europe la vision d’un ensemble de citoyens unis par « l’amour de la liberté, de l’égalité et de la justice » et d’y veiller sans cesse : « il sera temps de goûter le repos quand nous aurons la possession assurée et imperturbable de nos droits ». Le comité invite les sociétés à transmettre « le plus tôt possible des renseignements sûrs et précis » sur la situation de leur département. Il recommande de se méfier de certains journalistes qui cherchent à correspondre directement avec des Sociétés affiliés et désavoue le Journal des clubs qui exprime des principes différents des leurs9. Jusqu’à la chute des Girondins, le club laisse à d’autres le soin de rapporter ses délibérations dans la presse avec plus ou moins d’exactitude10. Certains voudraient que la société ait son propre journal. Dufourny s’y est opposé, au nom de la liberté de la presse : il estime que la société peut continuer à transmettre aux journalistes les extraits de sa correspondance11.

    6Défendre la souveraineté du peuple signifie encore, pour Dufourny à ce moment là, soutenir Brissot. En 1791, sans précision de date sur le manuscrit, il figure parmi les signataires d’une lettre qui se désignent comme « les habitués du Procope » : ils félicitent Brissot pour s’être le premier élevé contre la conduite des Princes émigrés. « Continuez, intrépide Brissot, écrivent-ils, et les patriotes non seulement du café Procope mais de la France entière s’écrieront : voilà notre second Mirabeau ! », suivent plus de 70 signatures (mais ni celles de Danton, ni de Desmoulins)12. L’émigration jusque là légale et sans danger prenait un caractère contre-révolutionnaire avec le soutien de souverains étrangers et risquait d’entraîner l’Europe contre la France. Brissot, devant les Jacobins comme à l’Assemblée, réclamait la dispersion des rassemblements d’émigrés, et le 20 octobre, il dresse un réquisitoire contre eux et menace de guerre les pays qui les accueillent. Le 9 novembre, l’Assemblée enjoint aux émigrés rassemblés à l’étranger de rentrer en France, avant le 1er janvier 1792. Louis XVI oppose son veto à ce décret.

    7Aux Jacobins, alors que la question de la guerre est à l’ordre du jour, défendre la souveraineté du peuple, c’est s’unir pour défendre les révolutions des Droits de l’homme, c’est-à-dire défendre les peuples face à l’alliance des monarchies contre-révolutionnaire, comme le montre le caractère spécial et international de la séance du 18 décembre13. Le public est si nombreux qu’une multitude de citoyens n’a pu entrer. Les applaudissements retentissent à l’entrée des drapeaux des nations anglaise, américaine et française qui devaient être accrochés aux voutes de la salle, à l’imitation de la Société des amis de la Révolution de Londres. Les cris de « Vive la liberté », « Vive la nation ! » « Vivent les trois peuples libres de l’Univers ! » sont répétés avec enthousiasme. Bourdon propose que les bustes de Price et de Franklin soient placés auprès de celui de Mirabeau et qu’il soit fait à cet effet une contribution volontaire. Dufourny demande la permission d’offrir un buste de Franklin qu’il a lui-même exécuté « en hommage à l’amitié dont il a bien voulu l’honorer toute sa vie ». Cette proposition acceptée, Isnard, présidant la séance, rend hommage à Dufourny, à cette occasion, pour ce qu’il a fait pour la Révolution. Le compte-rendu de séance n’en dit pas plus, si ce n’est que « Dufourny rejette ses louanges en disant qu’il n’a fait que ce que tout bon citoyen aurait fait à sa place ». Les bustes de J.-J. Rousseau, de Mably et de Sidney seront ajoutés à ceux de Price, Franklin et Mirabeau14. Cet événement a toute son importance au moment même où la France et l’Angleterre s’opposent sur le terrain des droits de l’homme : la controverse entre Burke et Paine est alors « le plus grand débat intellectuel » mené à chaud sur la Révolution française et au-delà, sur la question des droits universels de l’homme. Le livre de Burke Réflexions sur la Révolution de France paru en novembre 1790 a rencontré un énorme succès au point de devenir en Angleterre comme en France une sorte « de bréviaire de la réaction ». Et Thomas Paine vient de réfuter Burke dans son ouvrage sur les Droits de l’homme15. Alors que le gouvernement de Pitt est de plus en plus critique à l’égard de la France depuis l’arrestation de Louis XVI à Varennes, les whigs incarnent la ferveur du peuple et de certains cercles en faveur de la Révolution, Price voit dans les trois révolutions un mouvement continu :

    « Regardez ces royaumes […] qui sortent de leur sommeil, qui brisent leurs chaînes […]. La lumière que vous avez fait jaillir en libérant l’Amérique, voyez-la renaître en France et là, devenue flamme, réduire en cendres le despotisme avant de réchauffer et d’illuminer l’Europe16. »

    8La Révolution ne doit pas dériver de son cours. Le premier jour de l’an 1792, les Cordeliers vont se rendre en délégation chez les Jacobins pour dénoncer le fait que l’élargissement du droit de vote n’ait pas été pris en compte. Les deux sociétés marquent leur détermination en faveur de l’accès de tous aux droits17. Dufourny, Cordelier et Jacobin, a pu favoriser les rapprochements entre les deux sociétés, facilités aussi par d’autres lieux d’échange comme le Procope dont on sait que Dufourny est toujours un habitué par la lettre citée plus haut. Il peut y retrouver Danton et Desmoulins qui tiennent table ouverte, Marat et de nombreux Cordeliers, comme Fabre, Momoro, Brune, Hébert, Saint-Hurugue, Legendre18… Les Jacobins votent en majorité pour la guerre. Le comité de correspondance redouble alors d’activité et écrira tous les 15 jours une circulaire aux sociétés affiliées, dont le nombre a considérablement augmenté depuis la fuite du roi (450 filiales en France)19. Lors de la séance du 17 janvier, le président lit un long discours, signé par l’ensemble du comité de correspondance :

    « Il est certain que la guerre est inévitable, tout ce qui tendrait à en reculer l’époque serait funeste et ne tournerait qu’à l’avantage des ennemis. Cette guerre […] ne doit ressembler à aucune de celles qui l’ont précédée. Elle n’a point pour objet un intérêt local et particulier, un intérêt du moment, mais un intérêt général, et de tous temps. C’est donc au peuple lui-même à vouloir son salut. »

    9Il faut multiplier les Sociétés patriotiques dans les villes et dans les campagnes et établir entre elles et les principales Sociétés, dans chaque département, « une active correspondance », « les dimanches et fêtes, il y serait fait une lecture publique des meilleurs journaux et des bons ouvrages de morale et de politique. Des conférences en expliqueront les passages qui ne seraient pas à portée des citoyens peu instruits20 ». Les lettres envoyées aux sociétés par le comité sont marquées par l’optimisme des « brissotins » en faveur de la guerre, nuancé par la crainte de danger intérieur que représentent les Feuillants, certains ministères et corps administratifs, les « fanatiques » ou prêtres réfractaires, l’insuffisance de préparation pour faire la guerre, la méfiance à avoir vis-à-vis des généraux, la nécessité d’armer tous les citoyens domiciliés et de lancer une souscription pour cela. Les Jacobins ont opté pour la guerre au nom du salut de la patrie, en « apôtres de la liberté et de l’égalité », « nouveaux missionnaires d’un ordre laïc21 ». Dumouriez visite la Société des Jacobins et coiffe le bonnet rouge, symbole de la liberté reconquise par les esclaves, en usage depuis quelques jours à la tribune des orateurs, signe de la volonté d’assurer la conquête de la liberté au-delà des frontières22.

    10Le 20 avril 1792, l’Assemblée nationale accepte la proposition du roi de déclaration de guerre au roi de Bohême et de Hongrie. On peut lire dans une adresse du club des Cordeliers envoyée aux patriotes de Genève, le 24 avril, ce que cela signifie pour ses membres : « l’immortelle Déclaration des droits va faire la conquête du globe, elle deviendra le code du genre humain […], il ne faut pas que le vouloir avec courage, il faut être unis23 ». Alors que les Cordeliers avaient échoué auparavant, le 2 mai, Dufourny lit aux Jacobins une pétition adressée à l’Assemblée nationale qui vise d’une part, « à empêcher la formation de tribunaux prévôtaux à la suite de l’armée ; d’autre part, à faire poursuivre les généraux coupables de trahison24 ». Les généraux étaient accusés de se servir de l’armée pour arrêter le cours d’une Révolution qu’ils considéraient comme trop radicalisée par les couches populaires alliées aux Jacobins25. Le soir même, Dufourny porte la pétition à l’Assemblée, mais il échoue tout autant, revient en faire part aux Jacobins et fait apparaître l’opposition qui s’affirme entre la gauche et la droite de l’Assemblée nationale.

    « Les mots les plus insultants ont été prononcés à nos oreilles : ce sont des factieux, des scélérats, des Jacobins ; il faut les envoyer à l’Abbaye ! Tout cela partait du côté droit. A son tour, le côté gauche a pris feu pour nous, et ce n’est qu’avec beaucoup de peine, qu’il est parvenu à nous faire accorder les honneurs de la séance. »

    11L’huissier leur désignait le côté droit pour y prendre place ; mais ils se sont bien vite jetés dans les bras de leurs frères du côté gauche, précise Dufourny26. C’est quelques jours plus tard que Belin de la Ballu parle de Dufourny à son frère Léon comme « le jacobin le plus enragé de toute la jacobinerie ». Dufourny a toujours eu jusqu’alors beaucoup d’égards vis à vis de l’Assemblée, il semble lui-même surpris d’être traité de « factieux ». Est-il prêt à tout renverser à ce moment-là ? La guerre ajoute une pression supplémentaire : l’urgence.

    12La tension est d’autant plus forte aux Jacobins qu’à cette même séance où Dufourny a raconté l’accueil fait à sa pétition, Santerre annonce que « plusieurs citoyens du faubourg Saint-Antoine ont reçu de leurs parents des nouvelles de l’armée employée vers Mons » qui annoncent un échec27. La garde du roi est elle-même divisée : un jour, un garde vient aux Jacobins exprimer son désir de faire partie de la garde nationale, un autre jour, les Jacobins reçoivent trois autres gardes qui ont donné leur démission et accusent leurs officiers d’avoir utilisé des « procédés barbares pour les forcer à prendre l’esprit de corps28 ». Le 29 mai, Dufourny occupant le fauteuil de président, le député Lasource annonce que l’Assemblée nationale a décrété que la garde constitutionnelle du roi, devenue royaliste, serait supprimée29. Très vite après la déclaration de guerre, les Autrichiens ont reçu l’appui des Prussiens. L’armée commandée par Rochambeau, Luckner et La Fayette doit battre en retraite. Des mesures sont réclamées, notamment celle d’établir devant Paris un camp de 20 000 hommes pour défendre la ville, face à une action éventuelle des généraux factieux.

    13Défendre la souveraineté du peuple, c’est aussi lui donner des signes palpables qu’il est défendu dans ses droits. En l’honneur du retour des galères des soldats de Châteauvieux, les Jacobins organisent une fête au Champ-de-Mars, conçue par David, avec pour devise « Liberté, Égalité, Fraternité30 ». Ces soldats appartenaient au régiment de Suisses qui avait refusé de tirer sur le peuple le 14 juillet 178931. Ils s’étaient révoltés à propos d’arriérés de leur solde en août 1790. Bien que soutenus par les soldats français, la loi martiale leur avait été appliquée : 22 soldats avaient été pendus, les autres envoyés aux galères pour trente ans. Le 30 mars 1792, ces derniers sont amnistiés et libérés des galères. A leur retour, ils reçoivent, à l’occasion de cette fête, un accueil triomphal32. En tête du cortège, quatre citoyens portent une Déclaration des droits de l’homme gravée sur deux tables de pierre. Marchent ensuite les 41 soldats arrachés aux galères. Des centaines de milliers de personnes ont suivi le cortège de la barrière du Trône à la place Louis XV33. Cette fête n’a pas fait l’unanimité. Dufourny fait part aux Jacobins « de la censure qu’a prononcée la section de Saint-Louis contre lui » pour avoir été au Champ-de-Mars34. Et ce même jour dans sa section, on s’étonne de son absence au comité civil dont il est membre à ce moment-là. Robespierre propose aux Jacobins que l’on consacre à jamais le souvenir de la fête par cette inscription : « Le 15 avril 1792 […] la pauvreté et le peuple triomphèrent avec les gardes françaises, les soldats de Châteauvieux et tous les citoyens persécutés pour la cause de la Révolution35. » Dufourny, lui, intervient à cette séance pour défendre le peuple accusé d’avoir commis des excès en participant à cette fête36. Pour les Feuillants, cette fête est une provocation37.

    14En mars, des taxations du prix du blé avaient été réclamées dans de nombreux endroits et les Jacobins ont fait bon accueil à Dolivier, Curé de Mauchamps près d’Étampes, avant qu’il ne se rende ensuite à l’Assemblée nationale pour y lire une pétition qui condamne la répression engagée après l’assassinat du maire Simonneau. Pour l’abbé Dolivier, le maire « avant d’être victime est coupable de n’avoir pas entendu les protestations des journaliers et ouvriers à propos du prix du blé. Simonneau n’a été tué qu’après avoir par deux fois, donné l’ordre aux gendarmes de tirer sur la foule. Deux paysans sont morts38 ». Les Feuillants décident d’élever un monument à la mémoire du maire Simonneau au Champ-de-Mars. A cette occasion, une sorte de pompe funèbre est organisée par Quatremère de Quincy, le 3 juin. Une statue colossale de la Loi ferme la marche et porte cette inscription : Liberté, Égalité, Propriété.

    15Il avait été projeté de fêter, le 20 juin, comme les deux années précédentes, l’anniversaire du serment du Jeu de Paume qui est aussi cette fois, l’anniversaire de la fuite du roi ; un certain nombre de sections décident d’aller en armes présenter des pétitions au roi et à l’Assemblée nationale et de planter un arbre de la Liberté sur la terrasse des Feuillants. À cinq heures du matin, les tambours battent la générale. Au nombre de 8000 au début, 20000 ensuite, « armés de piques, les autres de bisaiguës (outils de charpentier), de couteaux ou de bâtons, ils traversent la salle de l’Assemblée en dansant, à divers intervalles, au son de l’air “du ça ira” et en criant : Vivent les sans-culottes ! Vivent les patriotes ! A bas le veto ! » Clément Gonchon, « tisserand au faubourg Saint-Antoine » porte-parole du faubourg, demande aux députés de se joindre à eux dans la lutte contre les « tyrans ». La foule se dirige ensuite vers les Tuileries. La force armée (gardes nationaux, gendarmes et gardes suisses) qui est dans la cour pour protéger le roi, se divise. Le roi accepte de porter le bonnet rouge. Les membres des sociétés populaires, qualifiés péjorativement par les aristocrates de « sans-culottes », viennent de s’approprier ce terme de façon positive, alors que la presse contre-révolutionnaire présente la journée comme « un attentat contre la personne royale par des brigands ». Clément Gonchon les défend : « pères de famille, citoyens soldats, vainqueurs de la Bastille », « nous avons soutenu notre caractère d’hommes libres, nous n’avons pas voulu composer avec la tyrannie, nous avons voulu jouir de nos droits » et il s’adresse aux représentants du peuple :

    « Voyez le plus beau royaume du monde, pressé autour de l’enceinte où vous vous rassemblez, excitant votre zèle, vous environnant de ses armes, n’attendant son salut que de vous, mettant en vous toute sa confiance, sera-t-il la proie des étrangers ou des ennemis de l’intérieur ? […] ce malheur est inévitable […] si le salut du peuple ne devient pas la base de vos délibérations39. »

    16Dufourny voit dans cette journée la naissance d’un « peuple libre40 ». C’est dire jusqu’où il porte l’espoir de liberté que représente cette étape vers la réalisation d’une souveraineté de tous. Pour S. Wahnich, ce défilé exprime la voix du peuple, ses attentes, mais aussi sa retenue et sa confiance encore dans le lien qui l’unit à ses représentants41.

    17La Fayette, intervient à l’Assemblée pour demander des sanctions contre les fauteurs de troubles, notamment les Jacobins42. Dufourny craint la fermeture des sociétés patriotiques. Le 14 juillet approche et la proclamation de la patrie en danger est annoncée, quelques jacobins font observer en séance que les aristocrates se disposent à bien « travailler » les fédérés au moment de leur venue et qu’à cet effet un très grand nombre se sont fait inscrire pour offrir des logements, raison de plus, pour les patriotes en état de le faire, de s’inscrire également. Dufourny, chargé de procurer la liste des noms des citoyens qui composent les diverses sociétés patriotiques, invite tous ceux qui pourraient lui donner des informations à les lui communiquer. Il est aussi chargé d’accorder l’affiliation ou non à des Sociétés qui se sont séparées en deux, comme à Arles, ou à Melun43. Les Français se divisent. Dufourny cherche à les unir autour des droits de l’homme pour le salut de la patrie.

    Pétition pour un appel universel aux droits de l’homme, le 14 Juillet

    18A la veille du 14 juillet, l’Assemblée nationale déclare la patrie en danger, les sections siègent en permanence. Dufourny « respecte trop ce moment pour demander d’être entendu à la barre », dit-il, pour lui faire part de son projet, et il choisit plutôt d’envoyer une pétition au président accompagnée d’une lettre, de l’imprimer et de l’afficher44. Il précise que c’est « seul, mais au nom de tout Français libre, seul, mais défenseur de tous les infortunés, seul, mais Représentant de tout le genre humain » qu’il s’adresse aux Législateurs45. Il commence par faire l’éloge de l’Assemblée, cette institution où la liberté, « sublime émanation de l’Être suprême […] la dot du genre humain », opprimée par « l’ambition, enchaînée par la cupidité », ressuscita après des siècles de tyrannie et d’esclavage46. « Pacte immuable entre Dieu et l’homme », « cet astre du bonheur, dont le crépuscule éclaire à peine tous les autres Peuples47 », cette liberté n’est pas le laisser-faire, le droit de tout faire, car les « droits illimités » sont contrebalancés par les devoirs de justice qui seuls procurent le bonheur. Elle est la possibilité pour les citoyens, par l’intermédiaire des représentants du peuple, de s’exprimer, de délibérer, de former la volonté générale en vue d’organiser une vie plus juste et meilleure pour tous. Il prie le président de faire en sorte que sa pétition soit vite examinée, étant donné les propositions « sans frais » et de premier ordre, qu’elle présente comme un des plus grands moyens de résister à l’oppression : celle de la patrie « en danger » d’un retour à l’Ancien Régime et de la remise en cause des droits de l’homme et de la liberté.

    19Quelles sont ces propositions ?

    20Tout d’abord, que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen soit connue et exposée dans tous les lieux publics. Il interpelle les députés sur le fait qu’elle ne soit pas exposée dans leur enceinte :

    « Où est donc cette pierre de touche sur laquelle chacun de vos décrets doit être éprouvé, pour obtenir la véritable sanction […] qui rend l’innocent inviolable, qui prévient le crime, qui console l’infortuné, qui soutient le faible, et qui dirige le législateur et le juge […] « base fondamentale de l’égalité, point d’appui de toute constitution libre48 ? »

    21Elle devrait figurer encore dans « tous les lieux où les citoyens se réunissent pour exercer leurs droits politiques », « dans tous ceux où siègent les tribunaux » et « dans la salle du conseil du roi, dans tous ceux destinés à l’exercice de la fonction publique ou à l’instruction et dans les casernes et corps de gardes », dans les lieux de culte, des « divers cultes49 », précise-t-il. Il souhaite aussi « qu’elle soit portée solennellement en tête de toutes les marches et dans toutes les cérémonies civiques », ce qui montre combien ces manifestations de citoyens semblent naturelles, courantes. Et puisque malheureusement, la guerre était inévitable :

    « Que la Déclaration des droits, pacte d’égalité, de fraternité entre tous les hommes, ce traité de Paix universelle, marche en tête de nos armées accompagnées de hérauts aux trois couleurs et d’un Magistrat de Paix qui […] fera la proclamation des décrets par lesquels la nation française a renoncé à toutes conquêtes, a juré de n’attenter jamais à la liberté d’aucun Peuple et reconnaît pour frères tous les hommes libres50. »

    Image

    Figure 24. – Pétition L’homme libre aux hommes dignes de l’être.

    22Si guerre et ennemis il y a, c’est, tient-il à le rappeler, qu’il s’agit de défendre les droits de l’homme. L’affichage de cette Déclaration des droits permettra au faible et au pauvre d’avoir la connaissance de ses droits, au puissant et au riche celle de ses devoirs, « les murs mêmes seront en communion avec l’homme moral », ce qui permettra d’établir et de maintenir la fraternité, vous-même (législateurs) « ne vous écartant jamais de cette Déclaration, vous ne porterez que des lois justes sanctionnées d’avance par la Nature et par la Nation51 ». Après ces proclamations, lever le drapeau rouge donnera le signal d’engager la bataille du seul combat légitime, celui non pas contre le droit des peuples (allusion à la loi martiale), mais pour la défense de ses droits. Ce danger écarté :

    « L’œil de notre obéissante mais fidèle armée, fixé sans cesse sur ce point de ralliement, ne verra plus dans ceux de ses chefs qui voudraient diriger ses armées contre le corps législatif ou pour les deux chambres que des traîtres, des ambitieux et sanguinaires ennemis de toute la race humaine52. »

    23Pour la première fois Dufourny fait une allusion au bicamérisme et c’est pour le considérer comme une trahison de la démocratie.

    24Alors que les fédérés arrivent à Paris, que des volontaires vont être enrôlés, Dufourny propose que la fête de la Fédération soit un grand rassemblement avec des représentants des quatre continents et une prestation de serment universel sur les droits de l’homme. La défense de la patrie devient la défense du genre humain. Les « citoyens infortunés » devaient entourer le tableau de la Déclaration des droits, placée en tête du cortège, en précisant : « quoiqu’en dise la calomnie », « plus que tout autre, ils savent si bien distinguer l’égalité des propriétés de l’égalité des droits, en ne fondant que sur elle seule leur légitime espoir53 ». Dufourny exprime là les craintes récurrentes d’atteinte aux propriétés, et anticipe le grand débat de 1793. Depuis le 28 septembre 1791, la loi autorise les propriétaires à clore leurs propriétés, supprimant le droit coutumier pour les non propriétaires de terre de faire paître les troupeaux, ce qui a engendré des contestations, tout comme le prix du blé dont la hausse est imputée aux accapareurs. Dufourny cherche à rassurer les députés au sujet des propriétés qu’ils sentent menacées. Comme s’il pressentait la Terreur et voulait l’éviter, il considère comme un non-sens de parler de « croisade pour faire adopter par la terreur des principes pacifiques ». Par essence, ces principes relevant de la nature humaine doivent « entraîner tous les cœurs54 ».

    25Il imagine une cérémonie du 14 juillet qui ne soit plus « seulement une parade militaire » mais « la fête des préliminaires de la paix universelle ». Il s’agit d’être clair sur les objectifs : le respect des droits de l’homme, une constitution qui établisse l’égalité en droits. Dufourny souligne le danger représenté par ceux qui ne cessent de répéter « rien que la Constitution », et qui sont des hypocrites : la constitution de 1791 exclut les citoyens « passifs », elle ne peut donc rassembler tous les citoyens, elle est contraire aux Droits de l’homme. « Ces perfides ennemis de l’égalité » seront alors démasqués par la prestation de serment. La fête du 14 Juillet, ne serait plus seulement « le souvenir annuel de l’explosion des Français opprimés » du 14 juillet 1789, ni « le renouvellement de la fédération française » du 14 juillet 1790, elle deviendrait « la fête de l’apothéose des Droits de l’homme55 », puisqu’elle en célèbrerait l’aboutissement. Elle serait la fête des droits de tous.

    26Il expose ensuite comment il imagine le déroulement de la cérémonie. Les étrangers des quatre parties du monde seront reçus dans quatre espaces réservés : « après la fédération des français, la Déclaration des droits toujours élevée sur l’autel de la Patrie, le Grand Proclamateur national précédé des trompettes s’avancera successivement vers chacun des amphithéâtres et leur dira : le Peuple libre salue tous les hommes de la terre56 ». Il signe sa pétition « Louis-Pierre Dufourny, L’homme libre aux hommes dignes de l’être ». Libre de penser et de délibérer, d’exercer ses droits de citoyen « actif », il s’adresse à ceux qui ne le sont pas encore puisqu’ils n’ont pas de droits politiques : une portion de Français exclus et les étrangers. Il se propose pour être ce Grand Proclamateur national. Que proclamerait-il ?

    « Le Peuple libre salue tous les hommes de la terre et déclare :
    Qu’il ne fera jamais de conquêtes […]
    Qu’il n’agira jamais contre la liberté d’ aucun Peuple
    [qu’] il serait indigne du bienfait de la liberté s’il n’appelait pas tous ses frères au partage de cette légitime liberté du genre humain57 […].
    Que tandis que les tyrans expulsent ou persécutent les Français, le Peuple libre toujours juste ne connaît d’ennemis que ceux des Droits de l’homme, qu’il embrasse et retiendra dans son sein fraternel tous les hommes justes qui les reconnaîtront58. »

    27Ensuite ceux qui ne prêteront pas serment se retireraient d’eux-mêmes et les autres se rassembleraient fraternellement autour de l’autel de la patrie. Les étrangers présents à la fête seront les messagers : de retour chez eux, ils devront susciter le courage des peuples pour défendre ces droits contre les « tyrans ». Renouvelée tous les ans, même après la victoire, quand le combat des droits de l’homme sera gagné pour tous, cette fête serait l’occasion de ratifier ce « traité de paix entre les hommes et entre les peuples ». Pour finir, Dufourny insiste auprès des Représentants pour leur dire que ce n’est point « une vaine mesure » qu’il propose, « mais une mesure à laquelle tient peut-être le bonheur du genre humain dont au moins elle hâtera l’époque59 ».

    28Sa pétition affichée dans les rues a-t-elle été lue par les citoyens et commentée dans les sections ? La municipalité de Paris a autorisé les commissaires des 48 sections à recevoir les déclarations des citoyens qui ont fait fabriquer des piques pour suppléer au défaut d’armes qu’on a été dans l’impossibilité de leur procurer. Comme « il fallait aussi les accoutumer à marcher sous les drapeaux », ils vont se réunir dans les comités de leur arrondissement avec les chefs militaires60. Le 12 juillet, une loi décide une première levée en masse de 50 000 hommes pour les troupes de ligne et la création de 42 nouveaux bataillons de volontaires, soit 33 600 hommes à fournir par tous les départements61. L’heure n’est plus à l’organisation de la fête du 14 Juillet. La pétition de Dufourny est envoyée au comité des pétitions le 11, et par celui-ci au comité d’Instruction Publique huit jours après62. Le 13 juillet au matin, Dufourny écrit à nouveau au Président pour le prier de faire lecture à l’Assemblée de sa lettre et de sa pétition « restées sans suite63 ». Elles sont classées comme un « projet de prière à l’Être suprême ». Un passage du texte est effectivement un projet de prière, de cantique : « Le Peuple libre vous attend à l’autel, marchons pour y entonner ensemble le sublime cantique : gloire à l’Être suprême et paix sur la terre aux hommes vertueux64. » Les connotations religieuses y sont nombreuses. Comme pour John Locke, pour Dufourny, la Déclaration est universelle, elle relève d’un principe divin, déposé en chacun des hommes65 : « ce pacte immuable entre Dieu et l’homme66 », « la divinité balançant les droits indéfinis par les devoirs », « le plus signalé témoignage de la bonté de l’Être suprême fondant le bonheur des hommes sur les lois de l’égalité et de la liberté67 ».

    29Le 13 juillet, Dufourny est présent au comité civil de sa section, les Thermes de Julien, pour une assemblée extraordinaire, quand il y est fait lecture de plusieurs arrêtés et délibérations à propos du jour de la Fête de la Fédération et de la fête au Champ-de-Mars. Le comité demande que, du fait de la déclaration de la patrie en danger, la fête soit supprimée. Élu membre du comité civil lors de son dernier renouvellement le 3 mars68, Dufourny est donc resté en lien avec sa section, il y est connu et même reconnu par certains. Pourtant la majorité de cette section ne partage pas les mêmes idées. Depuis l’établissement de la police correctionnelle, une grande partie des fonctions des membres des comités civils de sections est exercée par les juges de paix, mais à cause de la perspective de la guerre, face aux dangers extérieurs et intérieurs de contre-révolution, les citoyens multiplient les moyens de contrôle et de repérage des « patriotes ». Les commissaires du comité reçoivent les serments civiques69. La qualité de citoyen, « actif » ou « passif », implique une prestation de serment. Un procès-verbal de l’assemblée du comité du 6 mai (Dufourny n’est pas présent ce jour là) indique que Jacques Verdure, un certain Étienne et un certain Philippe, dont les noms sont illisibles sur le manuscrit, tous trois employés aux Ateliers, ont été admis au serment civique, mais n’ont reçu aucun billet de citoyen « actif », est-il précisé. Le Sieur J. B A M menuisier, par contre, citoyen « actif » reconnu, a été admis à prêter son serment civique70. Quelques formalités pour les prêtres fonctionnaires publics et pour les religieux des Mathurins devaient aussi se faire en présence d’un membre du comité71.

    30Le calme relatif du 14 juillet 1792, en présence des fédérés arrivés, masque l’agitation qui se prépare. Les Cordeliers votent le 15 juillet la rédaction d’une adresse demandant à l’Assemblée nationale l’établissement d’une Convention72. Le 22 juillet, roulement de tambours, sonneries de trompette et coups de canon ; sur chaque place, des estrades sont posées, les enrôlements commencent73. D’autres cherchent encore, comme Dufourny, à rassembler autour d’objectifs clairs. Aux Jacobins, Manuel, procureur de la Commune, propose que les fédérés représentant les 83 départements, réunis avec les citoyens de Paris, se rassemblent au Champ-de-Mars pour délibérer sur les « vrais intérêts74 ». Un membre propose d’inviter les citoyens à se rendre au Champ-de-Mars pour rédiger une adresse aux peuples voisins, « amis ou ennemis », pour leur dire que « la guerre ne sera pas longue » et sera la dernière qui affligera l’humanité. Face à cette coalition des rois contre les peuples, il propose un congrès pour régler les prétentions de « ces monarques, qui aveuglés par leur autorité se sont habitués à regarder les peuples comme leur propriété75 ». Le manifeste de Brunswick, le 25 juillet, menace d’une vengeance exemplaire les Parisiens s’ils ne se soumettent pas à leur roi ce qui provoque un renforcement de l’armée des émigrés et un sursaut révolutionnaire. Aux Jacobins, Dufourny récidive sa demande du 10 juillet restée sans réponse : « ajouter à la force armée […] la force morale, en faisant un contre-manifeste aux peuples voisins et aux armées étrangères76 ». On entend les Marseillais chanter : « Allons, enfants de la Patrie, le jour de gloire est arrivé. » Ils sont prêts à se battre contre « la tyrannie ».

    L’an I de l’Égalité

    31La rédaction, par le comité central des fédérés siégeant aux Jacobins, d’une adresse aux Français des 83 départements annonçant leur intention de rester à Paris, et la création d’un Bureau central des 48 sections de Paris, favorisent l’accélération du mouvement révolutionnaire. Robespierre, aux Jacobins, demande la destitution de Louis XVI, l’élection d’une Convention nationale pour revoir la constitution de 1791 ; il réclame que les bataillons de la garde nationale soient ouverts aux « passifs » ainsi que les assemblées primaires77. L’assemblée législative décrète le 30 juillet l’admission des citoyens « passifs » dans la garde nationale. La distinction « actifs-passifs » est abolie dans la section du Théâtre-Français, présidée par Danton :

    « Les citoyens vulgairement et aristocratiquement connus sous le nom de citoyens “passifs”, sont des hommes français […] ils sont appelés tant dans le service de la garde nationale pour y porter les armes que dans les sections et dans les assemblées primaires pour y délibérer78. »

    32Ceci provoque une émulation dans les autres sections79.

    33La section de Mauconseil déclare à l’Assemblée nationale, qu’elle ne reconnaît plus Louis XVI pour roi des Français et invite les autres sections à faire de même80. La déchéance du roi est demandée par 47 des 48 sections de Paris et présentée à l’Assemblée législative par le maire, Pétion. Une insurrection est annoncée pour le 10 août par la section des Quinze-Vingts, au cas où l’Assemblée législative ne proclamerait pas la déchéance du roi. Le 10, la « commune insurrectionnelle » formée, gardes nationaux et fédérés s’emparent des Tuileries. Un rapport de police remis précédemment à Louis XVI doute de leur efficacité, à cause de leur pauvreté associée à négligence et malpropreté :

    « Beaucoup de gardes nationaux se font remplacer, les remplaçants sont de pauvres gens négligents et malpropres, ce qui répugne aux autres volontaires de faire le service ; les corps de garde sont peu gardés ; les grenadiers sont des gens fermes et instruits au service, les canonniers des jeunes gens bouillants et pleins de feu, mais en général, il n’y a pas d’ensemble dans la Garde nationale81. »

    34La manifestation du 10 août qui devait être une « révolution de velours » se termine par un bain de sang. Les manifestants seront inscrits sur des listes. « Comme les vainqueurs de la Bastille, ce sont des petites gens », ils sont allés à l’assaut des Tuileries entre amis du même quartier, de la même rue, entre membres de la même famille ou du même pays d’origine, parfois entre compagnon et maître, beaucoup sont des parisiens de fraîche date, beaucoup du faubourg Saint-Antoine et Saint-Marcel. À la différence du 14 juillet les fédérés sont des provinciaux82. Le 10 au soir, aux Jacobins, les membres, pour beaucoup occupés aux postes « où la Sûreté Publique les avaient placés », sont peu nombreux. Dufourny est parmi eux83. Robespierre livre quelques réflexions sur l’événement du jour et recommande aux fédérés d’écrire chacun dans leur département respectif, à la Commune d’envoyer des commissaires dans les départements, Dufourny sera l’un d’eux84. L’Assemblée nationale décrète la suppression de la distinction entre Français « actifs » et « non actifs ». Pour être admis dans les assemblées primaires, il suffit d’être français, d’avoir 21 ans, mais il est ajouté être domicilié depuis un an, vivant du produit de son travail et n’étant pas en état de domesticité85.

    35Dufourny est-il le plus enragé des Jacobins ? Si Robespierre prend alors tout l’ascendant, Dufourny est très présent aux séances, les préside souvent, et le comité de correspondance, la tête pensante de la société dont il fait partie, insuffle l’esprit jacobin qui a abouti au 10 août, qui a « effectivement » tout renversé, la constitution, l’Assemblée législative et le roi : la société a demandé qu’il soit jugé. Dufourny avait bien spécifié que sa pétition pour célébrer les droits de l’homme était publiée par l’imprimerie du Théâtre Français, en ajoutant, imprimerie du Cercle social86. On retrouve dans sa pétition ce rêve d’harmonie sociale, propre à cette Académie politique, mais à ce moment-là le Cercle social connaît en son sein même des divisions, qui auraient selon C. Duprat conduit à la suspension de ses réunions. Dufourny, lui, dans sa pétition, ne croit plus non plus vraiment « rallier tous les cœurs » : il oppose cette fois deux peuples, « les vertueux créés seuls pour la liberté », défenseurs de la liberté, et « les hommes méchants destinés à la tyrannie ou à l’esclavage » qui la refusent et se comportent en tyrans ou en esclaves. Ce clivage existerait dès la naissance, c’est le destin87… S’il pense encore convaincre, il considère désormais qu’il reste des récalcitrants incorrigibles. On retrouve ce même clivage déterministe dans la Marseillaise, inscrit dans le sang, « le sang impur » des hommes qui prennent le parti des tyrans contre les peuples : « qu’un sang impur abreuve nos sillons »… En 1789, pour Restif de la Bretonne, « les méchants », étaient les manifestants du 14 juillet, les brigands des faubourgs assimilés aux « mendiants de race ». Trois ans plus tard, à l’opposé, on voit apparaître l’expression « raciste » au sujet des « irréductibles » ou « tyrans » qui maintiennent toujours cette exclusion. Ceux qui, comme Dufourny, revendiquaient la fraternité à l’égard des exclus, excluent à leur tour ceux qui refusent cette fraternité. Comme l’a montré M. David88, la fraternité est devenue plus combattive, au nom de la résistance à l’oppression. Les sans-culottes ont envahi les Tuileries. Si ce qualificatif est devenu un titre de fierté, assimilé à la défense des droits, c’est dans un climat de crainte de ceux qui les en avaient exclus. « Derrière la solidarité fraternelle des jureurs se profile l’ombre du faux frère, de l’ennemi interne, la figure du suspect à venir89. »

    36Les actes de la Commune sont datés de l’an I de l’Égalité. Des Anglais félicitent les patriotes français pour leur attitude courageuse le 10 août, en vue d’obtenir une constitution fondée sur les principes sacrés de l’égalité90. Pour y arriver, les révolutionnaires du 10 août cherchent à écarter toute menace. Dans la confusion et l’urgence, Dufourny cumule missions et fonctions, preuves de sa proximité avec les membres du conseil provisoire, Danton notamment.

    Chargé de missions et Régisseur des poudres et salpêtres

    37D’après F. Braesch, trois personnages, souvent consultés ou chargés de missions91 font partie des principaux membres de la Commune avec les membres du Conseil général : Palloy, entrepreneur, Poyet, architecte de la Commune, et Dufourny. Dufourny est désigné pour organiser la création du camp militaire de 40 000 hommes, décrétée par l’Assemblée nationale pour protéger Paris92, ce qui implique des travaux considérables qui ne commencent pas avant la fin du mois d’août93. Entre temps, il est aussi élu membre du grand Jury du tribunal exceptionnel établi pour punir ceux qui avaient agi contre les manifestants du 10 août, mais refuse d’en faire partie. Il aurait accepté, dit-il, mais il est chargé d’une autre mission qui entraîne son départ de Paris94 : celle de représentant en mission en quelque sorte, mission moins connue que celle des représentants en mission de l’an II, et qui sera de courte durée, du 30 août au 22 ou 23 septembre.

    38L’Assemblée, à la demande du conseil exécutif, a nommé six de ses membres95 et 30 commissaires pour aller dans les départements « exciter le zèle des citoyens pour la défense de la patrie96 » : parmi ces derniers, Dufourny, ainsi que d’autres Jacobins (Baumier, Bourdon de l’Oise, Chaumette, membre du Conseil général de la commune, Maurin), ou Cordeliers, (Dufour, Momoro, Parein, Peyre, Ronsin, Vincent, ou encore Bonneville)97. Ils seront rappelés par Roland, ministre de l’Intérieur, le 22 septembre, après la victoire de Valmy98. A son retour, Dufourny rend compte aux Jacobins de sa mission, comme d’un « moment digne des républiques de l’Antiquité99 ». Ils ont à recruter 30 000 volontaires et à recueillir les dons pour aider au financement de la guerre. Pour atteindre ce but, ils prononcent de nombreuses « allocutions civiques avec les autorités (département, district, municipalité), les patriotes du lieu, les sociétés populaires100 ». Son récit fait apparaître les conflits de pouvoir, prémices du conflit entre la Gironde et la Montagne.

    39« Au cri de Vive la nation, nous avons fait substituer, Sauvons la nation ! [qui est en danger] », c’est « la pratique des vertus sociales » qui permet à une nation d’exister, une nation de citoyens responsables les uns des autres. « Nous avons affirmé la haine pour les rois et la royauté101. » Depuis Varennes jusqu’au Manifeste de Brunswick, la confiance dans la royauté a été mise à l’épreuve au point d’être devenue de la haine, la nation ne peut plus se concevoir pour Dufourny avec une royauté. Le conflit entre le Conseil exécutif à majorité girondine et la Commune montagnarde se noue autour de l’égalité revendiquée après le 10 août. Dans les communes de Normandie visitées par Dufourny, les autorités craignent l’influence de la Commune de Paris, crainte augmentée du fait des massacres du 2 septembre. Jérôme Le Tellier, membre du conseil général de la Commune d’Évreux, ami de Buzot, écrit à Roland, le 9 septembre, qu’il a reçu huit représentants en mission par groupes de deux depuis six jours (Baumier et Chaumette, Dufour et Momoro, Dufourny et Sentex, Peyre et Vincent) et dénonce la conduite de certains de ces représentants. Il nomme Vincent et Peyre, qui « en vertu de leurs pouvoirs, ont requis hier le conseil général de la Commune d’accepter d’intercepter et d’ouvrir toutes les lettres adressées à toutes les personnes du pays suspectes ou convaincues d’aristocratie ». Un an plus tard, Dufourny reprochera à Vincent sa « conduite extrême » dans cette mission. Le Tellier fait le parallèle entre cette conduite et celle de « ces agitateurs impétueux des sections de Paris qui, à force de zèle, et en forçant toutes les mesures ont amené la malheureuse catastrophe de dimanche dernier (2 septembre)102 ». Dufourny raconte aux Jacobins qu’il s’est employé à créer des sociétés patriotiques quand il n’y en avait pas dans les plus petites communes, à « raviver » toutes les sociétés affiliées « abâtardies, avilies ». Il alerte les Jacobins du fait que plusieurs d’entre elles avaient cessé de correspondre avec eux et leur recommande alors d’écrire aux sociétés. Arrivés à Rouen, Dufourny et Sentex furent « fraîchement reçus par le Département ». Le Conseil exécutif avait envoyé Bonneville et Loyseau, (ordre du 5 septembre de Roland) pour rétablir l’ordre troublé par une émeute causée par la crainte de manquer de pain103. D’après le récit de Dufourny, le drapeau signalant la loi martiale avait alors été posé à l’Hôtel de Ville. Avec Sentex, ils l’avaient fait enlever. « On nous opposait à tout moment cette lettre (de Roland) et nous étions exposés à de mauvais traitements104. »

    40Dufourny décrit des faits précis sur l’état des populations qu’il analyse selon la taille des villes et le niveau social. Les commissaires, d’après lui, étaient attendus et acceptés par les gens « du peuple », moins par les autorités. Pour ranimer le zèle républicain, il a supprimé trois journaux « qui égaraient le patriotisme » et fait « prendre par l’assemblée électorale, à Caudebec, un arrêté, peut-être exagéré, commente le rédacteur du procès-verbal, qui casse le département », c’est-à-dire qui demandait son renouvellement par de nouvelles élections105. Confronté à ce que vivent les populations qu’il rencontre, Dufourny prend d’autres décisions, relevant pour lui de « la pratique des vertus sociales » qui cimentent une nation : pour « trouver des farines qui manquaient », ou face à des émeutes de la faim à Rouen (en désaccord, on l’a dit, avec les autorités de la ville) ou encore, face à des mutineries dans la marine à Dieppe, par exemple. Cela signifie aussi prendre position sur le serment demandé aux religieuses par les citoyens, et en cas de refus, assurer leur remplacement pour continuer leur travail d’instruction, condamner l’esclavage (au Havre) qu’il considère comme contraire aux Droits de l’homme, se réjouir (en raison de ses origines ?) d’une bonne entente entre catholiques et protestants106.

    41En général, dans les petites villes, ils ont trouvé « constamment vingt, trente, quarante et jusqu’à cinquante défenseurs de la République, et dix ou douze mille livres en offrandes patriotiques ». Dans les grandes villes, ils ont eu le plus de difficultés, comme à Rouen et au Havre, où « le luxe y a amolli toutes les âmes » et favorisé la corruption, commente Dufourny. A Rouen, ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme un complot : « de mauvais citoyens, même dans les corps administratifs », attendant le roi le 10 août ; voulaient accaparer les grains, soulever le peuple et créer un parti favorable au roi en ouvrant tous les greniers immédiatement après son arrivée. Et Dufourny pense que ce complot a été exécuté en partie « car il s’est fait des accaparements et l’on exhortait les fermiers à ne point vendre le blé pour des assignats107 ». À Dieppe, les matelots en insurrection refusaient de partir pour l’armement de Brest et se plaignaient de plusieurs injustices, notamment du fait qu’une pension d’invalidité avait été refusée à un grand nombre d’entre eux, alors qu’ils « avaient bien mérité de la patrie ». Sentex et lui ont senti qu’ils ne pouvaient « contraindre deux mille huit cents hommes » et décidèrent de les rassembler dans une église :

    « Là, nous vîmes et j’ai bien du plaisir à le dire [dit Dufourny] que les marins sont les hommes les plus francs, les plus libres et les plus simples qu’il y ait sur la terre ; je leur conseillai de s’assembler, de s’ériger en tribunal de la paix, de se diviser en deux colonnes, l’une de ceux qui réclamaient le secours pour Invalidité, l’autre de ceux qui avaient à faire entendre des plaintes d’une autre nature. Ils suivirent mon conseil, et tout s’apaisa. »

    42Il se fait leur porte-parole auprès des autorités, et de Monge qui « leur a rendu justice ». Il confie aux Jacobins « les ennuis que leur causait la lettre de Roland » qui, pourtant, lors de son départ, lui avait semblé « pur ». S’il s’oppose à la terreur que le peuple avait failli exercer à l’égard d’un homme considéré comme accapareur et accusé d’avoir recueilli un prêtre réfractaire, s’il demande de traiter avec respect les religieuses et les prêtres qui n’ont pas prêté serment, il cherche aussi à éviter que l’image du peuple souverain ne soit ternie à cause des massacres de septembre dont il ne comprend pas l’utilité, vu de Normandie, et que les informations qu’il a pu obtenir ne semblent pas blâmer108.

    43Une autre grande question préoccupe les révolutionnaires du 10 août : aurait-on assez de poudre pour faire face aux ennemis ? La Régie des poudres est un élément essentiel du dispositif de guerre, et Dufourny en est nommé l’un des régisseurs.

    44Créée par Colbert comme une société d’actionnaires percevant des intérêts, tout comme la Ferme générale, la Régie des poudres était devenue, sous l’impulsion de Turgot, une entreprise publique avec à sa tête quatre régisseurs. Clouet a démissionné à la fin du printemps 1792. Lavoisier démissionne le 15 août109 et le 18 août, des commissaires de la section des piques ont arrêté les deux autres régisseurs, le père et le fils Le Faucheux. A la prison de la Force, le père se suicide, le fils est libéré cinq jours après par l’Assemblée nationale et reprend ses fonctions. De nouveaux régisseurs sont proposés110. Fourcroy ayant refusé, le ministre propose un homme dont le nom manque au registre, déjà employé dans cette administration, et suggère qu’« en attendant que ce citoyen absent ait occupé et pris ses fonctions, M. Dufourny déjà nommé régisseur », préside aux opérations111. Dufourny incarne alors le personnel révolutionnaire à la Régie112.

    45Outre l’Arsenal, cette entreprise d’armement comprend les différentes fabriques113 dont celle de l’Essonne, et les 48 commissariats dirigés par un commissaire des poudres et salpêtres, répartis dans toute la France. Les régisseurs dirigent un personnel important (la régie en 1789 employait 1100 ouvriers114), ils se réunissent deux fois par semaine115. Fourcroy116 a dû accepter la fonction de régisseur un certain temps, puisqu’une lettre du 14 novembre 1792 est cosignée par lui et Dufourny « Régisseurs généraux des poudres et salpêtres de la République117 ». Elle fait apparaître dans quel climat difficile les nouveaux régisseurs prennent leurs fonctions et combien ils ont conscience de l’enjeu « pour le futur de la République ». Ils réagissent à une pétition du citoyen Duchâteau qui présente des réclamations contre la Régie, demandent qu’une commission de la Convention soit chargée d’en vérifier le bien-fondé et de prendre « une connaissance approfondie » (soulignée dans le texte) du régime actuel de la Régie et de la gestion des Régisseurs qui l’ont administré auparavant. Ils ne critiquent pas leurs prédécesseurs et prennent la défense des père et fils Le Faucheux. En attendant le résultat de l’enquête, les deux nouveaux régisseurs témoignent que de tout ce qu’ils ont vu et appris depuis qu’ils ont pris leur poste, rien « ne porte le caractère d’aucun des vices dont était infectée une partie du Régime de l’ancien gouvernement et qu’au contraire le désintéressement, l’esprit public, les lumières et le patriotisme s’y démontrent de toutes parts118 ». Cette lettre est-elle, aussi une façon de rendre hommage à leur ami Lavoisier pour son action à la Régie ?

    Électeur de Paris et administrateur du département

    46À l’approche de l’élection à la Convention décrétée par l’Assemblée, les Jacobins sont optimistes : « Les patriotes font la majorité de la nation, […] les électeurs étant payés trois livres par jour et trois sols par lieue pour leur voyage, il n’est plus nécessaire d’être riche bourgeois, prêtre ou ci-devant noble pour accepter cette noble mission119. » Et « si la majorité des électeurs est au niveau de la Révolution du 10 août, nos nouveaux députés ne tarderont pas à la consolider par une constitution conforme à la Déclaration des droits de l’homme et à l’intérêt du plus grand nombre120 ». Ils proposent des noms de républicains, de représentants qui ont été « fidèles au peuple121 ». Les électeurs sont élus le 26 août. Dufourny figure parmi les 20 de sa section dont le nom a changé pour celui de Beaurepaire122, cité en second sur la liste comme artiste ingénieur, et parmi les 850 pour Paris (140 pour les cantons)123. Les élections des députés se déroulent du 2 au 19 septembre et du 19 au 25 pour leurs suppléants. Dufourny est donc absent (en mission comme représentant).

    47Le premier jour de l’assemblée des électeurs, Collot d’Herbois recommande d’élire comme représentants du peuple :

    « Les hommes vraiment populaires […] fidèles à la Déclaration des droits de l’homme, qui n’ont redouté ni les persécutions ni les menaces […] pour en propager la doctrine sacrée et bienfaisante […] qui ont toujours partagé sa joie et ses douleurs (celle du peuple) son espoir et ses craintes, ses tourments et ses plaisirs124. »

    48À Paris, les Girondins Condorcet et Brissot sont écartés. Sont élus dans l’ordre : Robespierre, puis Danton, Collot d’Herbois, Billaud Varenne, Desmoulins, Marat, Panis, Sergent, Fabre d’Eglantine […] le duc d’Orléans devenu Philippe-Egalité, Legendre, Boucher, Robert, David… En province, Pointe, un ouvrier armurier à Saint-Étienne, élu, est fier de proclamer : « les légistes de la Convention portent en eux la nation tout entière dans tous ses états125 ».

    49Il avait été décidé par l’assemblée électorale de renouveler l’administration du département de Paris. Au moment d’entreprendre les élections en décembre, l’assemblée décide d’exclure des listes les membres des Feuillants et du club de la Sainte-Chapelle, ainsi que les signataires des pétitions dites des 8 000 et des 20 000126, en s’en rapportant à la liste qu’avait fait imprimer la Commune de Paris, revue par la Société des Jacobins et des Cordeliers. Un exemplaire de la liste est délivré à chaque électeur, décision dénoncée à la Convention. Le conseil exécutif (lettre signée de Roland) refuse le renouvellement du département de Paris, alors que l’assemblée électorale où dominent Danton, Robespierre et Marat a déjà commencé les élections, et nomme Réal, Dufourny, Lacoste, Maillard, Hébert, Mathieu et Pépin, pour rédiger et porter une adresse à la Convention demandant le renouvellement de l’administration du département127. Le département avait à sa tête un procureur général syndic et un directoire, composé de 8 personnes et 28 administrateurs. Le 4 janvier 1793, Dufourny est élu administrateur à la majorité ; il fait partie maintenant des autorités constituées. Il a hésité avant de cumuler deux très lourdes fonctions (administrateur du département et régisseur des poudres). Il n’a pas accepté seul, de « très bons citoyens » lui ont dit qu’il serait « utile à l’opprimé », et il répond qu’il est heureux de « coopérer à la liberté générale et au bonheur des Infortunés128 ». Il reste en lien avec l’assemblée électorale, y lit le 2 février une Adresse à la Convention pour obtenir « l’indemnité due aux électeurs », portée à la Convention. Un autre jour est lue à l’assemblée une lettre de lui « en faveur d’une citoyenne infortunée, qui, ayant gémi pendant trois mois sur le sort de son mari, condamné à 3 mois de détention et à 25 livres d’amende, ne peut le revoir, vu l’impuissance dans laquelle elle est de payer l’amende à laquelle il est condamné129 ». Ces faits montrent que l’assemblée d’électeurs sert de lien avec les sections et que Dufourny garde une certaine sollicitude pour les citoyens infortunés.

    50Son intérêt reconnu pour les arts et les sciences lui vaut aussi d’être nommé à la Commission de la conservation des arts et des sciences. Composée de 33 membres, dont David, Desmaret, Monge, Moreau, Regnault, Vandermonde…, la commission est divisée en plusieurs sections. Dufourny figure parmi les membres chargés d’inventorier le mobilier de la couronne, dont quatre avaient été désignés par l’Assemblée législative et quatre par l’administration municipale130. La commission devait aussi se concerter avec la section du comité des finances chargée de l’aliénation des biens nationaux et des biens des émigrés mis à la disposition de la nation131.

    Le 31 mai et ses suites

    Le conflit entre girondins et montagnards

    51Ainsi, cette période voit s’affirmer le passage de la sacralité du roi à la sacralité du peuple et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen132 qui devait garantir l’égalité au nom du droit naturel dans la prochaine constitution. La Société des amis de la constitution change de nom et devient la Société des amis de la liberté et de l’égalité. La liberté, signifiant l’accès à une citoyenneté active, ne pouvait se concevoir sans l’égalité des droits. Si Danton déclarait à la tribune de la Convention le 21 septembre 1792, premier jour de la République : « nous sommes les premiers et les seuls qui donnons à la nôtre (constitution) les saintes lois de l’égalité […] c’est la nature que nous consultons ; nous remontons aux droits imprescriptibles de l’Homme pour en déduire ceux du citoyen133 », dans ce discours, il cherchait à enlever à la Gironde toute raison de craindre en demandant que les personnes et les propriétés soient sous la sauvegarde de la nation.

    52L’automne 1792 est rude. La récolte a pourtant été bonne mais le crédit de l’assignat baisse, les prix montent, les producteurs de blé attendent avant de réaliser une meilleure opération. Des milliers de gens sillonnent les campagnes et les bourgs en imposant partout une taxation des denrées. Aux Jacobins, alors que la discussion de la séance du 27 octobre tourne autour « du pain qui n’a jamais été aussi cher », il est question de disette et Dufourny propose de « faire requérir les fermiers et propriétaires pour la fourniture des marchés134 ». Les Girondins considèrent les réquisitions comme une atteinte à la propriété. A la Convention, lors du grand débat du 2 décembre sur la libre circulation des grains, le droit de propriété illimité que défendent Vergniaud et Creuzé-Latouche est mis en balance avec le droit d’exister proclamé par Robespierre :

    « Le sol de la France produit beaucoup au-delà de ce qui est nécessaire […] la disette actuelle est une disette factice ». « Quel est le premier objet de la société ? C’est de maintenir les droits imprescriptibles de l’homme. Quel est le premier de ces droits ? Celui d’exister135. »

    53Dufourny est à nouveau élu membre du comité de correspondance des Jacobins, alors que lors de son renouvellement du 5 octobre 1792, le comité est réduit à 10 membres : Chabot, Collot, Courselle, Deperret, Isambert, La Faye, Merlin, Moenne, Robespierre et Dufourny. Les Girondins Brissot, Lanthenas, Guadet n’en font plus partie, Desmoulins non plus136. Faire partie de ce comité l’amène, sous le contrôle de la société, à révéler des faits importants : le 10 février 1793, par exemple, il dépose une liste des victimes du massacre de septembre et en donne officiellement le nombre : 1079, le compte-rendu n’en dit pas plus. Comment expliquer un tel massacre ? L’annonce de la chute de Verdun et la « psychose » d’un complot des prisons contre-révolutionnaire, alors que les volontaires s’apprêtaient à partir se battre aux frontières, le sentiment d’avoir été trahis par les législateurs qui tardent à juger ceux qui avaient tiré sur le peuple137, auraient précipité une foule de citoyens dans les prisons qui ont improvisé des tribunaux et rendu le verdict sur le champ : l’acquittement ou la mort138. Cette période connaît les premières exclusions de la société, depuis la scission avec les Feuillants : Brissot en est la première victime, après qu’il ait refusé « de venir défendre les passages de son journal où il diffamait systématiquement la Commune de Paris et où il dénonçait l’existence à la Convention d’un parti désorganisateur139 ». Sur la proposition de Buzot (le 8 octobre), la Gironde cherche à établir une force armée pour protéger l’Assemblée nationale : une garde de quatre mille cinq cents hommes, soit quatre fantassins et deux cavaliers par député. Elle compte sur l’appui des départements140. Dufourny réagit et le 19 octobre annonce aux Jacobins qu’il leur fait « hommage » d’une affiche de sa composition intitulée « L’Homme libre aux Amis de la liberté » ; il leur signale :

    « Qu’il arrive des gardes nationales de divers départements et que l’on met obstacle sur obstacle à la construction de la salle destinée à la Convention. On prétend, ajoute-t-il, qu’une salle est déjà disposée dans une ville autour de Paris141. »

    54Pour Dufourny, cette attitude est contraire à la notion de représentant du peuple. L’affiche142, publiée par l’imprimerie de la Commune, a été placardée dans les rues, mais « elle a été déchirée par des malveillants », précise Dufourny. Il cherchait par ce moyen à réconcilier les députés avec le peuple. « Que peuvent-ils [les députés] craindre ? » Prévoir une force armée pour protéger les députés est une calomnie à l’égard du peuple ; il demande aux députés, au lieu de craindre le peuple, de le rencontrer, de l’écouter, d’agir pour défendre les plus faibles.

    « Fuyez ou soyez les défenseurs du peuple, il sera votre bouclier […]. Peuple parisien que l’on calomnie […] le dernier refuge des calomniateurs est d’exagérer les événements du 2 septembre parce qu’ils n’osent gémir du moins tout haut de la victoire du 10 août… »

    55La meilleure façon pour les députés d’acquérir la force morale et de se protéger, est de fonder « réellement l’égalité », dont il précise le sens : c’est-à-dire non seulement « communiquer leurs lumières » mais aussi « recueillir les observations » en allant dans « les sociétés patriotiques ». Il leur recommande de ne pas tenir d’assemblées secrètes ou clandestines, de rester unis « sans distinction de députations et de départements ». Il s’adresse aux Républicains pour leur dire qu’il ne comprend pas pourquoi la Convention a pris peur et, comme à son habitude, il demande que la question qu’il soulève soit discutée sérieusement parmi les citoyens et, qu’ensemble, ils forment la volonté générale qui seule peut faire des lois. « Attribuer à un département un contingent de gardes, c’est établir auprès de chaque députation une entrave à la liberté d’opinion […], c’est instituer une véritable députation armée… » Il informe les citoyens que les commandants de bataillons des départements ne se sont pas laissé faire : ils ont répondu d’une manière « digne des parisiens » qu’il ne peut y avoir qu’une seule force publique et que la Convention ne pouvait être « enfantée au milieu des armes143 ».

    56À la Convention, deux jours après, Louvet accuse Robespierre et son parti de s’emparer, depuis janvier 1792, des Jacobins et de l’assemblée électorale du département de Paris. Les députés jacobins se sentent attaqués par les comités de la Convention, par les journalistes144 … Dans son nouveau journal, Les Lettres à ses commettants, Robespierre donne une vision plutôt manichéenne du paysage politique : « Il n’existe plus que deux partis dans la République, celui des bons et celui des mauvais citoyens ; c’est-à-dire, celui du peuple français et celui des hommes ambitieux et cupides145. » Le journal des hommes libres de tous les pays, journal des Jacobins, invite « les amis de la liberté » à lire ces Lettres, « à y chercher les seuls principes de la souveraineté, c’est-à-dire de l’égalité146 ».

    57Dufourny s’oppose à la motion de Bourdon visant à rayer Marat de la Société des Jacobins147, même si il y a bien une différence entre Marat et Robespierre : « Robespierre a défendu les vrais principes avec méthode, fermeté et toute la sagesse qui lui convient. Marat, au contraire, a souvent outrepassé les bornes de la saine raison et de la prudence. » Mais ils se ressemblent « par leur patriotisme » et Marat a été utile, « il a servi la Révolution avec courage ». Dufourny est surtout très applaudi dans les tribunes quand il dit que « Marat a été un homme nécessaire. Il faut dans les révolutions de ces têtes fortes capables de réunir les états et Marat est du nombre de ces hommes rares ». Curieuse parole de Dufourny au moment où Marat inquiète et divise. Voilà pourtant ce pourquoi Dufourny soutient Marat : il a permis de rassembler « les états », c’est-à-dire qu’il a permis aux exclus du quatrième état de participer à la vie politique. Il contribua à la formation des sociétés populaires et du parti démocrate. Dufourny demande aux Jacobins de rejeter la motion et que l’on se contente d’écrire aux Sociétés affiliées la différence que les Jacobins mettent entre Marat et Robespierre148. Thuriot est très applaudi lorsqu’il évoque les services que « le patriote Dufourny a rendus à la liberté et aux Jacobins », argument pour lui confier les archives149, ainsi que le fait qu’il soit « ami de l’ordre et du règlement150 ».

    58Les tentatives pour établir un lien entre les sections abondent et parfois viennent de bords différents, à l’initiative des sections, du club électoral, de la Commune et enfin du Département, pour s’éclairer et communiquer sur des questions importantes : les subsistances, les questions de travail, ou pour des questions de surveillance face à ce qui est considéré comme « l’impudence aristocratique », ou des questions relatives à l’opposition entre la Montagne et la Gironde151. De cette compétition sortira le comité de l’Évêché qui dirigera l’insurrection du 31 mai152. Ce groupe de pression hostile à la Gironde émanant des sections et des fédérés, soumis aux Jacobins, s’affirme de plus en plus, cimenté par le serment fraternel « de défendre jusqu’à la mort les droits sacrés de l’humanité, la liberté et l’égalité »153. Sous le nom de « Défenseurs réunis des 84 départements » ou « Défenseurs de la République une et indivisible », ils demandent à la Convention de hâter :

    « La punition de Louis au nom des êtres étouffés dans le germe sous un règne oppresseur par les travaux forcés et la misère […] au nom de tous ceux morts dans les asiles de la misère et de la maladie, au nom de ces infortunés soldats […] qu’il exposa […] à la fureur du peuple154. »

    59Les culpabilités sont inversées. Le roi représente l’Ancien Régime jugé responsable de l’enfermement des pauvres, des travaux forcés, les pauvres considérés alors coupables. Ils adressent une pétition demandant des lois contre l’agiotage sur le papier monnaie155.

    60Le lendemain du 24 février, jour où dans tout Paris, des citoyens et citoyennes obligent les marchands à livrer la chandelle, le savon, le sucre à un prix réduit, fixé par les acheteurs eux-mêmes, aux Jacobins, plusieurs membres racontent ces scènes de désordre. Dufourny propose qu’on fasse remarquer dans le procès verbal « que les citoyens des tribunes étaient à leur poste et ne prenaient point part aux troubles ». Robespierre essaye de défendre « un sentiment juste d’indignation dans le cœur du peuple » mais souligne ensuite le danger de libérer ces aspirations, sans répondre à ses attentes, et le risque que certains interprètent cette défense du peuple comme subversive de « tout ordre, de toute société » ; « le peuple doit se lever, non pour recueillir du sucre, mais pour terrasser les brigands156 ». Dufourny comme Robespierre craint que ces troubles ne profitent à la contre-révolution, il redoute l’influence des « Enragés » ; ce terme péjoratif, utilisé par « les aristocrates » pour désigner les patriotes avancés, puis par les « Girondins » pour les Jacobins ou Cordeliers, désigne à ce moment-là les militants de sections qui réclament des mesures radicales, comme la réquisition et la taxation des denrées ou la peine de mort contre les accapareurs, avec pour leaders Varlet et J. Roux157.

    61Le tout jeune Varlet, membre de la section des Droits de l’homme, a installé une tribune aux Tuileries158. Jacques Roux, membre des Cordeliers, vicaire de Saint Nicolas des Champs, très actif dans la section des Gravilliers, où les ouvriers et les artisans sont nombreux, a justifié les troubles : les épiciers ne faisaient que « restituer au peuple ce qu’ils lui faisaient payer beaucoup trop cher depuis longtemps159 ». Le club des Cordeliers demande au département de convoquer le corps électoral de Paris pour révoquer « les députés traîtres à la cause du peuple » (les députés girondins). Il n’obtient pas le soutien des Jacobins. Fournier est arrêté suite à cette tentative insurrectionnelle160.

    62Élu vice-président des Jacobins pour le mois de mars, Dufourny prend souvent la direction des séances, en l’absence du président. Pour lui, les Jacobins ne sauraient fomenter l’insurrection, ils ne doivent jamais se compromettre, leur société étant « le centre des sociétés affiliées… « Elle doit conserver son attitude morale161. » Il préserve toutefois les Cordeliers en déclarant qu’il « serait peut être indifférent que ce mouvement éclatât dans un autre club », tout en rejetant la faute sur les Girondins : « Le but évident de nos ennemis était de compromettre les Jacobins et les vigoureux Cordeliers pour pouvoir attaquer les Sociétés populaires. Hier, la section de Marseille a pris un arrêté contre les sociétés patriotiques. » Dufourny propose ensuite que la Société des Jacobins procède le plus vite possible au scrutin épuratoire. Sa proposition est adoptée162. Le lendemain, Robespierre qui n’a pu parler du danger qui menaçait les patriotes à la Convention, à cause de la faiblesse de sa voix, confie aux Jacobins son inquiétude :

    « Les patriotes de la Montagne ont perdu tout avantage. Tous les modérés ont fait cause commune avec les intrigants […] non je le jure, ma patrie ne sera pas l’esclave d’un Brissot, d’un Brunswick, et de quelques hommes que je ne veux pas nommer163. »

    63En réaction aux émeutes de février-mars, à la demande de Cambon et sur un discours de Barère, le 18 mars 1793, un décret de la Convention punit de « mort quiconque proposera une loi agraire et portera atteinte aux propriétés territoriales, commerciales et industrielles… », c’est-à-dire, d’après F. Gauthier, tout ce que recouvraient toutes les formes de réclamation du mouvement populaire pour survivre : occupation des terres, taxation des prix de subsistances sur les marchés, réquisitions de grains, etc164. Barère annonce des mesures au nom du droit de l’infortuné au secours, présentées comme contre-partie de la défense des propriétaires :

    « Que serait-ce que des propriétés qui, entourées d’hommes que le régime ancien avait condamnés à la misère, les forceraient à respecter les propriétés, et leur refuseraient les secours que tout homme qui a du superflu doit à l’homme qui meurt de faim ? »

    64Le lendemain, la Convention adopte la loi définissant l’organisation générale des secours publics, rappelle les principes du comité de mendicité165, confirme l’annonce de l’aliénation des biens hospitaliers, mais son application est différée jusqu’à ce que l’organisation des secours soit complètement en activité. Des dons en argent peuvent être remis « aux agences de secours qui en publieraient la liste chaque trimestre et proclameraient le montant sur l’autel de la patrie aux jours des fêtes nationales166 ». Bo, le rapporteur, souligne « les bienfaits d’une nation philanthropique qui proclamait les droits prioritaires de l’indigent au bonheur167 ». Une commission centrale de bienfaisance pour la ville de Paris est créée par décret le 28 mars, pour administrer, sous la surveillance des corps administratifs, les revenus des dotations, et un comité de bienfaisance par section correspondant directement avec la commission centrale168.

    65Depuis le procès du roi et sa mort le 21 janvier, la guerre avait pris une tournure angoissante et abouti à la déclaration de guerre à l’Angleterre et à la Hollande sur un rapport de Brissot. Face au danger extérieur, en tant qu’administrateur du département de Paris, Dufourny tente de rassurer les Jacobins : « le résultat du recrutement est tel que le département de Paris a non seulement fourni son contingent, mais qu’il y a de l’excédent169 ». Au sein même de leur société, les Jacobins craignent la présence « d’intrigants ». Le comité de correspondance est chargé de rédiger une adresse aux sociétés affiliées « pour les exhorter à redoubler d’efforts et de vigilance pour prévenir la contre-révolution prête à éclater ». Dufourny fait partie des 16 membres chargés de s’occuper du scrutin épuratoire avec Robespierre, Dubois de Crancé, Fouquier-Tinville170… La trahison de Dumouriez « déclaré traître à la patrie » accélère la méfiance à l’égard des Girondins, d’autant qu’il restait un enjeu, celui de l’établissement de la constitution, une constitution « démocratique » telle que la qualifiera Dufourny plus tard.

    La chute des Girondins

    66C’est comme « assemblée centrale de salut public » que se constitue l’assemblée des commissaires des sections réunis dans une des salles de l’Évêché le premier avril, en correspondance avec tous les départements de la République171. Cette notion de salut public se réfère à une situation extrême. La mobilisation est nécessaire et juste parce que le salut du peuple est menacé. Suivant le conseil de Danton, le comité de correspondance des Jacobins adresse aux Sociétés affiliées un appel demandant :

    « Que les départements, les Municipalités, que toutes les sociétés populaires s’unissent et s’accordent à réclamer auprès de la Convention, à y envoyer, à y faire pleuvoir des pétitions qui manifestent le vœu formel du rappel de tous les membres infidèles qui ont trahi leurs devoirs. »

    67Marat, président de séance, demande l’arrestation des contre-révolutionnaires et des suspects, ainsi que la destitution des principaux députés Girondins172. La Convention vote alors un décret d’accusation contre Marat. Acquitté par le Tribunal révolutionnaire, il est porté en triomphe, entouré de militants des sections venus assister au procès. Dufourny est applaudi aux Jacobins quand il annonce que la Convention a décrété que Brissot était un calomniateur, déconsidéré comme ami de Dumouriez173, dont la trahison vient d’être rendue officielle.

    68La question des subsistances est toujours omniprésente. Le 19 avril, les Jacobins accordent l’entrée de la séance à des boulangers de la barrière du Trône, qui viennent demander un appui pour obtenir de la Municipalité qu’elle paye régulièrement les boulangers sur les fonds destinés à cet usage. Dufourny, vice-président, fait observer « que les Jacobins appuieraient cette réclamation, chacun dans leur section174 ». Le département dont il est administrateur formule une pétition plus radicale devant la Convention, constatant que la France a « plus de grains qu’il ne lui en faut pour sa consommation », et demande la fixation du maximum du prix du blé ainsi qu’un recensement général de tout le blé après la récolte. Le 4 mai, la Convention prend la décision : un premier Maximum sur les grains est déterminé par les départements175.

    69 Le journal des Hommes libres de tous les pays, journal des Jacobins du 16 mai, annonce qu’une « conférence civique » s’est tenue à l’évêché le matin, où toutes les autorités constituées étaient invitées, mais précise que pour le Département, il n’y avait que Dufourny « dont tous les citoyens connaissent le patriotisme176 ». Sur le réquisitoire du procureur de la Commune, une séance est prévue le dimanche suivant en la salle des électeurs. Chaque section est invitée à nommer trois citoyens, choisis l’un par l’assemblée générale, l’autre par le comité révolutionnaire177, le troisième par le comité civil178. Les Jacobins décident d’imprimer l’ouvrage de Camille Desmoulins « Les Hommes d’État démasqués », « Histoire des Brissotins ou Fragment de l’histoire secrète de la Révolution179 » qu’il est venu leur présenter.

    70La loi du 18 mars, sorte de loi martiale renforcée dans un contexte de pénurie alimentaire et de recrutement de troupes, la trahison de Dumouriez, la crainte que la Convention s’installe à Bourges et la création de la commission extraordinaire des Douze qui cherche à contrôler les sections180, suscitent une interpellation de la part du club des Cordeliers et de la Société révolutionnaire des femmes aux Jacobins. « Que tardez-vous de les (les girondins) décréter d’accusation ? » Ils demandent l’établissement dans chaque ville d’armées révolutionnaires de sans-culottes en proportion de leur population ainsi que des mesures contre « les agioteurs, les accapareurs, et les égoïstes marchands181 ». Alors que Dufourny s’était opposé en février à ce que les Jacobins prennent position en faveur de l’insurrection, cette fois, les Jacobins se rallient aux Cordeliers : « l’insurrection est la dernière raison du peuple », leur dit Bentabole qui préside182. Vu du côté des Jacobins :

    « Il règne dans les sections de Paris un tel système d’intrigue, qu’à peine les patriotes peuvent-ils y faire entendre leurs voix dans les assemblées. On y conclut que c’est de la plus grande urgence que les bons citoyens se rendent à ces assemblées pour y balancer, en exclure même les mauvais qui tendent à y former un noyau de contre-révolution183. »

    71Selon le principe de « la fraternisation », des délégués d’autres sections viennent prêter main forte184. La commission des Douze donne l’ordre au commandant de la section de la Butte-des-Moulins d’amener plusieurs compagnies en armes à la Convention. Dufourny assiste à la scène et raconte le soir même aux Jacobins :

    « Les cours étaient remplies de citoyens. Pendant qu’on était dans une attitude très paisible, très respectueuse, la force armée est arrivée : 200 hommes de la section de la Butte des Moulins se sont présentés armés de fusils et de baïonnettes. On a crié A bas les baïonnettes ! et cette force armée s’est dispersée quelques moments après185. »

    72Il annonce aux Jacobins qu’une assemblée d’électeurs et de patriotes doit se tenir à l’Évêché le 28 à 5 h. Informée, la police y envoie un observateur qui remarque une espèce de bannière assez grande sur fond rouge sur les bancs de la salle portant ces mots : « L’insurrection et les bonnes mœurs peuvent seules rendre les hommes égaux186. » Ce même rapport souligne le lien entre le club électoral et les sociétés patriotiques. On n’entrait au club électoral, appelé central, qu’en justifiant d’une carte de société patriotique. L’assemblée était composée d’environ 500 personnes délibérantes, parmi lesquelles 100 femmes dans les tribunes. « Jamais on n’a manqué de compter le côté droit de la Convention et la Commission des Douze parmi les ennemis les plus dangereux de la patrie. » Il résume les faits : « insurrection semblable à celles du 14 juillet et du 10 août, précipitation dans cette mesure ». Il note aussi que cette assemblée se déclare permanente. Dufourny, au nom d’une commission formée la veille, propose que 6 commissaires demandent à la municipalité de nommer provisoirement un commandant de la garde nationale parisienne afin qu’il dirige les opérations. « Dufourny a par deux ou trois fois imposé silence à des orateurs » qui voulaient discuter sur les moyens à prendre187.

    73Le 30 mai, le département décide que toutes les autorités constituées et les sections seront convoquées le 31, à 9 h du matin dans la salle des Jacobins. Les « Enragés » auraient voulu l’exécution immédiate des Girondins, un accord préalable est passé pour qu’il n’y ait pas effusion de sang188. Dans la nuit du 30 au 31, à trois heures du matin, au tocsin se mêle la générale189, 33 sections avaient donné des pouvoirs illimités à leurs commissaires de l’Évêché qui entrent tôt le matin à l’Hôtel de Ville. Les délégués du comité insurrectionnel portent leur pétition à la Convention, qui supprime la commission des douze. Le Département, qui avait convoqué le matin (par la voix de Dufourny) toutes les autorités constituées et les délégués de sections aux Jacobins, prend l’engagement de l’établissement d’une constitution « vraiment populaire dont l’égalité sera la base »… Cet arrêté met en avant le département de Paris comme « l’extrait de tous les départements, dont l’éclat consiste à être le miroir de l’opinion et le point de réunion des hommes libres190 ». Le 2 juin, 80 000 hommes de la garde nationale commandés par Hanriot entourent la Convention qui décrète sous la pression l’arrestation des 29 députés girondins et des ministres Clavière et Lebrun191. Dans une brochure d’après Thermidor, Dufourny dit avoir voulu et organisé la révolution du 31 mai, il est fier que la Convention ait dû céder sans effusion de sang192. Pour la première fois, la manifestation est dirigée contre la représentation nationale dont les membres girondins sont jugés responsables de tous les dangers.

    74Dufourny expliquera en l’an III que le comité révolutionnaire a sauvé la patrie mais :

    « Que le comité avait senti qu’il ne pouvait plus conserver longtemps un pouvoir qui tenait de la dictature, et qu’il avait offert sa démission […], l’action révolutionnaire désormais inutile, puisque justice était obtenue et que la Convention était libre. »

    75Une nouvelle convocation du peuple supprime le comité central révolutionnaire, le remplace par un comité de salut public pour le département193 (le 6 juin). Ce changement vise à créer un organisme issu du vœu des sections et directement contrôlé par lui194. Des comités départementaux avaient été créés par les représentants en mission dans de nombreux départements. Le nouveau comité pour Paris a un rôle plus global : il est en communication avec le comité de salut public et de surveillance de la Convention. Il devait s’occuper de l’organisation de l’armée révolutionnaire, de la réquisition des troupes, des vivres, des munitions195. Son moyen d’action le plus nouveau est l’organisation d’assemblées générales de délégués des sections et communes du département de Paris. Celle du 30 juin se tient à l’Évêché. Elle est présidée par Dufourny196.

    76La Convention doit, d’une part faire face à l’agitation dans les départements, provoquée par l’exclusion des girondins, et d’autre part, ne pas se laisser déborder par les « Enragés ». Robespierre exige que les girondins soient jugés par le Tribunal révolutionnaire197. Il sera reproché à Danton et à Dufourny de ne pas avoir adopté des mesures vigoureuses198. Dufourny associe, comme conséquence directe de cette journée, l’établissement de la constitution de 1793 et la victoire contre l’exclusion des plus pauvres. Le rôle qu’il a joué l’établit président du département de Paris199.

    La constitution de 93 : une grande victoire pour la démocratie

    77Les projets de déclaration et de constitution étaient en débat depuis quelque temps. Des ouvrages très lus comme ceux de T. Paine (qui fait partie du comité de constitution) ou encore les Éléments du républicanisme de Billaud-Varenne, présentent une défense des droits économiques et sociaux qui montrent que la liberté et l’égalité ne s’opposent pas, elles sont complémentaires. Le projet de Déclaration des droits lu par Condorcet, son rédacteur, à la Convention le 15 février au nom du comité de constitution200, ressemblait à la déclaration de 1789, avec certains points significatifs de l’évolution de ces quatre années. Condorcet envisage un échange permanent « entre gouvernants et gouvernés », sans préciser comment l’organiser. Il ne dit plus que les plus pauvres n’ont pas de volonté propre, sans vraiment croire encore tout à fait que l’état de pauvreté puisse permettre de penser par soi-même, tant la dépendance à l’égard des autres est forte, tout en reconnaissant que l’exclusion et cette dépendance sont une humiliation. La loi perdait le caractère sacré qu’elle avait en 1789. L’expérience acquise prouverait que les représentants peuvent se tromper et établir des lois « injustes » selon l’expression de Condorcet, ce qui justifie la résistance à l’oppression, quand la loi viole « les droits civils et politiques qu’elle doit garantir ». Deux articles faisaient encore l’unanimité, l’article 23 : « la société doit à tous l’instruction élémentaire égale », et l’article 24 « les secours publics sont une dette sacrée de la société201 ».

    78À cause des troubles tant aux frontières que dans le pays et à Paris, la discussion n’avait repris que le 16 avril. On y retrouve le conflit entre les girondins et les montagnards. Robespierre faisait partie de la commission chargée par les Jacobins d’étudier un plan de constitution à opposer au plan du comité girondin de la Convention. Son projet adopté par les Jacobins, Robespierre l’a présenté le 24 avril à la Convention. Il répondait au spectre de la loi agraire agité par les girondins. Si « l’égalité des biens est une chimère » et « qu’il s’agit bien plus de rendre la pauvreté honorable que de proscrire l’opulence », il fallait garantir « le nécessaire » à tous. Le moyen ? L’impôt progressif sur les fortunes202. Dufourny l’avait exposé en novembre 1789 en y ajoutant l’impôt négatif, tout en notant que cette réforme n’était pas envisageable, les esprits n’étant pas prêts. Robespierre rappellait ensuite les devoirs de fraternité des hommes et des peuples entre eux, notion nouvelle par rapport à 1789, qui rejoint l’appel de Dufourny en 1790 à une Déclaration des droits des nations. Mais « les rois, les aristocrates » sont cette fois considérés comme « des tyrans […] contre le souverain de la terre, qui est le genre humain et contre le législateur de l’univers, qui est la nature ». Il rappelle ensuite les droits naturels contestés depuis février par certains girondins : « celui de pourvoir à la conservation de son existence et la liberté », « la liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme d’exercer à son gré ses facultés ; elle a la justice pour règle, les droits d’autrui pour bornes, la nature pour principe et la loi pour sauvegarde » (art. II). Et ces droits appartiennent également à tous les hommes, quelle que soit la différence de leurs forces physiques et morales (art. IV). En conséquence du droit à l’existence : « La société doit pourvoir à la subsistance de tous ses membres, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler » (Art. 10). L’article 20 précise le droit des sections, celui d’exprimer leur volonté en toute indépendance203.

    79La Déclaration des droits de l’homme dite girondine du 29 mai reprenait la déclaration de Condorcet sans les droits naturels, ne reconnaissait pas le droit de s’assembler en sections. La révolution du 31 mai entraîne la révision de la déclaration girondine. Varlet, qui a fait partie du comité insurrectionnel, lit le 8 juin devant l’assemblée de la Commune de Paris sa Déclaration solennelle des Droits de l’homme dans l’état social. Dans une note à la fin, il remercie le peuple sans-culotte qu’il a cherché à rencontrer « depuis quatre ans, toujours sur les places publiques, dans les groupes du peuple », de lui avoir appris la nécessité de défendre certains principes et vante son savoir authentique. Il s’en remet à leur jugement, comme Dufourny dans le Cahier du Quatrième Ordre, et il invite à la rencontre des pauvres, ceux dit-il appelés « la sans-culotterie », « la guenille », ceux qui habitent « les greniers204 ». Comme Dufourny, il propose une fête au nom des droits de l’homme, cette fois pour que les non parisiens reconnaissent leurs droits et se réconcilient avec les parisiens qui se sont battus pour cela et sont pourtant calomniés. L’un des points les plus marquants, commente L. Jaume, réside dans la critique des représentants :

    « Trois fois nos députés (ceux des Constituante, Législative, Convention) ne se pénétrèrent point assez de leur grande mission […]. Une très petite poignée d’hommes libres, dans le grand nombre, se sauva de la contagion. Le peuple sans-culotte, le peuple de la nature, connaît ses défenseurs. Il les compte. »

    80Varlet reste optimiste, persuadé que cette petite poignée d’hommes, défenseurs des sans-culottes, allait être suivie par un grand courant émanant non seulement de tout le pays, mais de toutes les nations. Concrètement, les principes de droit naturel impliquent dans une société donnée de défendre les premiers moyens d’existence pour tous : « Les biens amassés aux dépens de la fortune publique, par le vol, l’agiotage, le monopole, l’accaparement, deviennent des propriétés nationales, à l’instant où la société acquiert par des faits constants la preuve de concussion (art. 20)205. »

    81Hérault de Séchelles présente à la Convention le « projet de Constitution du peuple français », qui garde le texte girondin206 en y ajoutant le droit de pétition. Robespierre, le soir, aux Jacobins, annonce que la constitution a été enfin décrétée. Dufourny se permet d’ajouter : « la majeure partie de l’assemblée ne connaît point la constitution que l’on a décrétée et ce serait céder à un mouvement d’enthousiasme que de célébrer ce qu’on ne connaît pas », et il demande qu’on commence par en faire la lecture. Pour Chabot, le premier défaut de ce texte est de ne pas parler des droits naturels de l’homme, et deuxièmement, de ne pas décréter « l’impôt progressif », troisièmement, elle ne donne pas « la garantie de la liberté ». Pour lui, « la garantie sera la guillotine » ! Robespierre désire la discussion, il y ajouterait lui-même « des articles populaires qui y manquaient ».

    82Après 13 jours de discussion, la constitution dans son ensemble est adoptée par la Convention, le 24 juin. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen replace, dans son article premier, la subordination de la politique à « l’éthique du droit naturel », selon l’expression de F. Gauthier. La Déclaration des droits de l’homme de 1793 complète celle de 1789, notamment en proclamant le droit au secours207, le droit à l’instruction208, le droit de s’exprimer en assemblée de section209, le droit de présenter des pétitions210, le droit de résister à l’oppression211, le droit à l’insurrection212 « quand le gouvernement viole les droits du peuple »… L’acte constitutionnel abolit les conditions de cens pour être citoyen mais garde la notion de domicile et s’applique même aux « étrangers, domiciliés en France depuis une année, y vivant de leur travail ». « Les Assemblées primaires se composent des citoyens domiciliés depuis six mois dans chaque canton. » Comme Dufourny l’avait demandé, « la Déclaration des droits et l’acte constitutionnel sont gravés sur des tables au sein du Corps législatif et dans les places publiques ». Dufourny est à la Convention le jour de l’adoption de la constitution, et après le vote, les autorités constituées du département de Paris paraissent à la barre. Dufourny, devenu président du département après le 31 mai, félicite l’Assemblée, suivi de Pache et Chaumette213.

    83Le lendemain, le 25 juin 1793, Jacques Roux présente à la Convention, au nom des Cordeliers, son manifeste connu depuis A. Matthiez comme le manifeste des « Enragés ». Il critique violemment la déclaration montagnarde du 24 qui allait être présentée au peuple pour qu’il la ratifie :

    « Y avez-vous proscrit l’agiotage ? Non. Avez-vous déterminé en quoi consiste la liberté du commerce ? Non. Avez-vous défendu la vente de l’argent monnayé ? Non. Eh bien ! Nous vous déclarons que vous n’avez pas tout fait pour le bonheur du peuple […] l’aristocratie des marchands est plus terrible que l’aristocratie des nobles et du clergé214. »

    84Ce manifeste divise les démocrates. Robespierre s’offusque de la proposition de J. Roux qui exige la taxation et la peine de mort contre les accapareurs, proposition qu’il considère comme « incendiaire ». La Convention vote un blâme à J. Roux. Robespierre215 l’accuse de propos diffamatoires contre les Montagnards, Jacobins et Cordeliers, « les vieux athlètes de la liberté ». « Le malheur de la Société des Cordeliers n’est qu’éphémère. Il ne faut pas vous cacher qu’elle est assez mal composée aujourd’hui [sous l’influence d’Hébert et des Enragés ?]216 » dit Legendre. Collot invite ceux des Jacobins qui sont aussi Cordeliers à se rendre aux Cordeliers le lendemain pour demander des comptes sur le fait qu’ils ont soutenu et imprimé l’adresse de Roux. Malgré ces attaques, J Roux est reçu à la séance des Cordeliers au cri de « Vive Jacques Roux ! Vivent les sans-culottes » ! Momoro parle longuement du patriotisme de la Montagne et des avantages d’être attachés à de si bons patriotes, et alerte sur un danger de schisme. Pour lui, le manifeste de Roux repose sur de bons principes mais plusieurs phrases ont été mal interprétées par la Montagne. Finalement J Roux et Leclerc sont expulsés des Cordeliers. Marat lui-même dans son journal dénonce son ancien ami et protecteur217.

    Président du département de Paris

    85Dufourny réside alors à l’Arsenal, à la Régie des poudres218 dont il est l’un des Régisseurs. Il a été nommé président du département de Paris à la place de Nicolleau219. Sa prise de fonction est très vite marquée par la situation en Vendée, la question des subsistances, l’assassinat de Marat et l’appel à l’unité et l’indivisibilité de la République.

    86– Dufourny envoie des troupes en Vendée

    87Dufourny ne peut plus rester aussi optimiste qu’il l’était un mois plus tôt. La Chevardière et Momoro, commissaires nationaux dans les départements troublés par les rebelles, écrivent à leurs collègues, membres du département de Paris, une lettre pour le moins alarmante220.

    « Amis, […] les brigands sont maîtres des deux rives de la Loire, nous perdons nos vivres, nos munitions et presque toute notre artillerie ; il n’y a plus aucune place, ni aucune force qui s’oppose aux progrès des rebelles depuis Saumur jusqu’à Paris. »

    88Ils viennent de faire 20 lieues à cheval, « sans débrider », pour se rendre à Tours, ils vont avec les représentants du Peuple prendre des mesures exigées par les circonstances, car toutes les puissances coalisées sont à leurs yeux moins à craindre « que ces hordes infâmes ». Ils lancent un appel à tous les Français : « Que la France entière se lève, ou la France sera perdue. » Dufourny lit cette lettre aux Jacobins, les informe que le département de Paris a pris des mesures pour envoyer immédiatement en Vendée mille canonniers et 48 pièces de canon. Robespierre réplique : « au lieu de demander sans cesse au peuple de partir pour l’armée, on ferait bien d’épurer les états-majors221 ».

    89– Dufourny fait campagne pour le Maximum général

    90Dès le lendemain de la chute des Girondins, le 3 juin, le conseil général révolutionnaire avait établi une commission pour indiquer les moyens de faire diminuer le prix des différents comestibles et objets de première nécessité, faire le recensement des magasins et vérifier la quantité des marchandises qui s’y trouvent. Dufourny avait été nommé membre de cette commission avec Destournelles, Louis Roux, Bergot, Sellier et Duchemin222. La première taxation maximale des grains déterminée par les départements, décrétée le 4 mai, avait du mal à être exécutée. Dans une affiche du 27 juin, signée Dufourny président, le directoire du département informe que depuis la fixation du maximum du prix de l’avoine, la disette d’avoine aux Halles de Paris est due au fait que les autres départements, sauf Versailles, n’avaient pas fixé leur prix, alors que la loi du 4 mai demandait que les prix soient fixés simultanément223.

    91– L’assassinat de Marat et l’unité de la République

    92À la veille du 14 juillet, stupeur ! Marat est assassiné. Dufourny le surlendemain, aux Jacobins, appuie la proposition de « Robespierre le jeune » (frère de Robespierre et conventionnel) de faire connaître à la France « combien Marat, que l’on a dépeint comme un cannibale, était bienfaisant et humain ». Il est applaudi quand il propose « que le peuple dépose Marat au Panthéon, et en fasse sortir Mirabeau224 ». La Convention et le peuple font à Marat des funérailles triomphales. La marche du cortège était « composée des citoyens des sections, des membres de la Convention, de ceux de la Commune, de ceux du département, des électeurs, des sociétés populaires ». Après le discours du président de la Convention, Dufourny :

    « Après avoir interprété éloquemment les regrets du peuple, a demandé que ses œuvres soient ensevelies avec lui, afin que la postérité pût juger s’il méritait une mort aussi cruelle. Varlet a parlé ensuite et son discours a été couvert des plus vifs applaudissements […] tous les discours ont été fort applaudis […] le corps de Marat a été déposé dans la fosse […] à l’endroit même où rassemblant le peuple autour de lui, il lui lisait ses feuilles en faisant passer dans tous les cœurs le patriotisme qui l’enflammait225. »

    93C’est dans ce contexte que la constitution est ratifiée par les sections dans le courant de juillet. Bien des assemblées générales de Paris et de toute la France félicitèrent la Convention, la pressèrent d’achever son ouvrage ; celles où les indigents étaient les plus nombreux déclarent « qu’il est temps que le pauvre, qui a jusqu’ici soutenu seul la Révolution commence à en recueillir les fruits », et réclament « l’établissement depuis si longtemps désiré d’ateliers où l’homme laborieux trouvera toujours, en tout temps et en tout lieu, les travaux dont il manque, des hospices où le vieillard, le malade et l’infirme reçoivent avec fraternité les secours que leur doit l’humanité226 ».

    94– Dufouny appelle à l’unité et l’indivisibilité de la République

    95Quelques jours après, Dufourny signe en tant que président du Département une invitation (imprimée et affichée dans les départements) à tous les propriétaires et principaux locataires, dans toute l’étendue du département de Paris, à peindre sur la façade de leurs maisons en gros caractères ces mots : « Unité, Indivisibilité de la République, Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort » (en gras dans le texte). C’était une proposition de Momoro, l’un des membres du directoire du département (et Cordelier) pour mobiliser les députations des départements, qui allaient « accourir de toutes parts » pour le 10 août prochain, en l’honneur de l’anniversaire du 10 août et en l’honneur du vote de la constitution227. Pour permettre à cette unité de se réaliser, Dufourny veille aussi à ce que les Jacobins puissent assister aux séances des sections, et inversement que les citoyens puissent assister aux séances des Jacobins : il propose qu’il n’y ait pas de séance aux Jacobins le jour où les assemblées primaires sont convoquées228.

    96L’arrivée de députations de province pour la fête du 10 août inquiète Dufourny. Il demande aux Jacobins qu’il soit écrit aux sociétés populaires pour les engager à envoyer « des notes sur le compte de ceux qu’elles députaient pour fraterniser au 10 août », mais aussi, « comme on ne vit pas d’affection seulement », que les députés des assemblées primaires fassent arriver avec eux des « farines et des denrées de toute espèce229 ». Il participe en tant que président du département de Paris230, à cette incroyable fête, « hymne à la nature et aux Droits de l’homme », conçue par David dans le but de recréer l’union des citoyens exténués par ces années de Révolution. Les commissaires des assemblées primaires de sections appelés dans l’ordre alphabétique au son de la caisse et de la trompe boivent à la coupe de la fraternité et de l’égalité. Puis commence le défilé. Les sociétés populaires en tête portent « une bannière sur laquelle était peint l’œil de la surveillance (symbole du club des Cordeliers), pénétrant un épais nuage ». Suivent les membres de la Convention portant les tables sur lesquelles sont gravés les droits de l’homme et l’acte constitutionnel :

    « Ainsi on a vu le président du conseil exécutif provisoire sur la même ligne que le forgeron, le maire avec son écharpe à côté du bûcheron et du maçon ; le juge dans son costume et son chapeau à plume à côté du tisserand ou du cordonnier ; le noir africain qui ne diffère que par la couleur à côté du blanc européen ; les intéressants élèves de l’Institution des aveugles, traînés sur un plateau roulant, ont offert le spectacle touchant du malheur honoré. »

    97Défilent aussi « les tendres nourrissons de la maison des Enfants trouvés », un « char vraiment triomphal » formé d’une simple charrue sur laquelle étaient assis un vieillard et sa vieille épouse, rappelant que la Convention a voté le 28 juin un décret relatif aux secours à accorder annuellement aux vieillards, enfants abandonnés et familles nécessiteuses231. Les héros de la Révolution morts pour la patrie ne sont pas oubliés. Les héroïnes des 5 et 6 octobre 1789 reçoivent du président de la Convention une branche de laurier et rejoignent le cortège représentant le peuple souverain. Le président de la Convention « remet le dépôt de la Constitution sous la sauvegarde de toutes les vertus ». Et « le peuple assis fraternellement sur l’herbe sous des tentes […] a consommé avec ses frères la nourriture qu’il avait apportée » ; et il peut, dans un vaste théâtre construit pour l’occasion, « regarder les pantomimes représentant les principaux événements de notre Révolution232 ».

    98L’an I de la République semble bien être l’an I de l’Égalité. C’était le vœu de Dufourny. Cordeliers, Jacobins, se sont unis pour y arriver. Pour « ces apôtres de la liberté et de l’égalité », la guerre étant devenue inévitable, cet espoir s’est étendu au-delà les frontières. Dufourny croit en la victoire, la Révolution des Droits de l’homme va conquérir le globe. Sa pétition en tant qu’« homme libre aux hommes dignes de l’être », à la veille du 14 juillet 1792, en témoigne233. Le tableau de cette liberté accordée aux citoyens de différents « états » rassemblés au moment de la fête de la Constitution fait apparaître une certaine harmonie sociale. Mais une constitution démocratique signifie la possibilité pour tous les citoyens de s’exprimer et de former la volonté générale. Pour assurer cette victoire, les révolutionnaires ont pris des mesures autoritaires, allant même jusqu’à envahir la Convention et destituer des députés (dits girondins), accusés d’avoir une attitude contraire à la représentation du peuple. On se souvient pourtant du respect de Dufourny à l’égard de l’Assemblée nationale. A cause du désaccord au sujet des subsistances, l’opposition entre propriétaires et non propriétaires se radicalise au point de demander la mort des opposants. Le conflit se durcit aussi en Vendée, comme à l’étranger. On remarque des mouvements en sens inverse dans des sections jusque-là jacobines qui avaient fourni un appoint important aux insurgés du 31 mai. La Convention avait légalisé par la loi du 21 mars 1793 l’institution de comités de surveillance ou comités révolutionnaires qui tendaient à se généraliser, instituant dans chaque commune ou section de commune des comités de douze membres. Bien que la loi ne leur accorda qu’un droit de surveillance des étrangers, ils devinrent vite une organisation de combat contre « les modérés », délivrèrent des cartes civiques234. Après ces journées du 31 mai-2 juin, ce sont les « modérés » qui s’acharnèrent contre les comités révolutionnaires235, signe d’un malaise profond. La mort de Marat suscite l’effroi parmi le peuple. En juillet les membres de ces comités sont indemnisés, leur recrutement est alors très populaire236. Cet effroi suscité par la mort de Marat, d’abord « sublimé dans la forme prise par ses funérailles », dans la volonté de s’unir face au danger, dans la constitution fêtée, va se retourner « en forme de vengeance du peuple et de terreur237 ». Cet accès des plus pauvres aux assemblées politiques, que Dufourny a défendu, signifiait, affirmait-il, « établir cette fraternité entre les citoyens des diverses classes », qui rapproche l’infortuné de l’homme aisé238. Rêve d’une fraternité tant attendue, manifeste lors de la fête de la Constitution. Et pourtant…

    Notes de bas de page

    1 Helléniste, ami de la famille Dufourny, déjà cité au chapitre V (lettre du 18 mars 1790).

    2 AN, 138 AP 212, dr5.

    3 A. Aulard, op. cit., 12 octobre 1791.

    4 Le 13 octobre 1791. S. Lacroix, op. cit., tome 7, p. 28-47.

    5 Le 15 octobre 1791. La pétition est signée par de nombreux Cordeliers : Chaumette, Hébert, Rutledge, Fréron, Duclos, Momoro, Boucher-Saint-Sauveur. Ibid.

    6 Président et secrétaire sont élus pour un mois.

    7 Avec A Méchin (le secrétaire), Basire, Chabot, Carra, Sergent, Vergniaud, Lucas, Alquier, Bosc, Jaume, Fauchet, Brissot, Gangeneuve, Antonelle, Barry, C. Desmoulins, Bonneville, Boisguyon, Laborne, Fournier, Lanthenas, Simonne, Louvet, Mauboch, Guadet, A. Broussonet. A. Aulard, op. cit., novembre 1791.

    8 S. Lacroix, op. cit., 2e série, tome 8, p. 241.

    9 Le Journal des clubs, journal officieux de la Municipalité, depuis quelques mois « essaye de s’ériger en centre de correspondance entre les sociétés patriotiques. Il publie régulièrement des adresses des sociétés de province mais s’oppose immédiatement à la presse et aux clubs radicaux de la capitale ». R. Monnier, op. cit., p. 7.

    10 P. Gueniffey, R. Halevy, « Clubs et sociétés populaires », in Dictionnaire critique, op. cit., p. 119.

    11 A. Aulard, op. cit., 14 octobre 1791.

    12 AN, 446 AP 11.

    13 A. Aulard, op. cit., tome 3, p. 290-291.

    14 Ibid.

    15 Y. Jouffa, « Préface », in T. Paine, Les droits de l’homme, traduit par B. Vincent, Ligue des droits de l’homme, Presses universitaires de Nancy, p. 2.

    16 B. Vincent, « Introduction », in T. Paine, op. cit., p. 3-18.

    17 A. Aulard, op. cit., tome III, p. 307.

    18 D. Lacotte, Danton, le tribun de la Révolution, Favre, Lausanne, 1987, p. 79 et p. 103.

    19 L. Jaume, op. cit., p. 47.

    20 A. Aulard, op. cit., tome 3, p. 327 à 331. Ils recommandent la lecture du Publiciste chrétien de M. Lejeune l’aîné du district de Troyes et les journaux comme : Le Patriote français (journal de Brissot), Les Annales patriotiques, Le courrier des 83 départements, Le Cosmopolite, Le Journal universel et des Feuilles hebdomadaires, La Semaine politique et littéraire, Les Révolutions de Paris, Les Mémoires de législation, de politique et de littérature, La Chronique du mois, qui paraît 12 fois l’an.

    21 A. Aulard, op. cit., p. 376-380.

    22 Ibid., 19 mars 1792.

    23 G. Robertson, op. cit., p. 62.

    24 A. Aulard, op. cit., 2 mai 1792.

    25 J.-P. Bertaud, op. cit., p. 73.

    26 A. Aulard, op. cit., 2 mai 1792.

    27 Ibid., p. 551-553.

    28 Ibid.

    29 Le 2 juin en séance extraordinaire, les discussions sur les gardes françaises sont encore à l’ordre du jour. Il est noté sans autre précision que Dufourny et Hion apportent « de nouvelles lumières ». Le 13 avril, aux Jacobins, Dufourny était monté à la tribune pour lire à la société le projet d’arrêté de quelques sections pour les gardes françaises. Il est encore nommé avec Robespierre, pour corriger une Adresse proposée par Billaud-Varenne sur la garde, le 21 mai. Dufourny avec Robespierre se permettent de nombreuses corrections.

    30 J. Tulard, op. cit., p. 342.

    31 S. Wahnich, La longue patience du peuple. 1792. Naissance de la République, Paris, Payot, 2009, p. 148.

    32 J.-P. Bertaud, La Révolution armée, Laffont, Paris, 1979, p. 46.

    33 Ibid.

    34 A. Aulard, op. cit., 18 avril 1792.

    35 Ibid., 17 avril 1792, p. 506-507.

    36 Dufourny se prononce encore contre l’élection de Duport-Dutertre comme accusateur public à cause des griefs énoncés contre lui : il montait la garde comme simple volontaire à la porte « de la femme du roi » au dîner avec le commandant de poste et aurait dit : « cette fête (pour les soldats de Châteauvieux) est fort belle, elle est très nombreuse, eh, bien ! qu’au milieu de toute cette canaille, quelques polissons viennent à se donner seulement des coups de poing, vous verrez comme tout est prêt pour les rappeler à l’ordre » (cris d’indignation). Ibid., 27 avril 1792.

    37 Chronique de la Révolution, p. 259.

    38 Ibid., p. 262.

    39 J.-P. Bertaud, op. cit., p169-186.

    40 Il entame « une discussion sur l’origine du nom français » et « propose de changer en celui de “peuple libre” ». Mais il est prié de la reporter à un autre jour. A. Aulard, op. cit., 20 juin 1792.

    41 S. Wahnich, op. cit., p. 326-329.

    42 A. Soboul, La Révolution française, Paris, Gallimard, rééd. 2000, p. 241.

    43 A. Aulard, op. cit., 4 juillet 1792.

    44 AN, D/XXXVIII/I/7.

    45 L.-P. Dufourny, L’Homme libre aux hommes dignes de l’être. Pétition présentée à l’Assemblée nationale, le 10 juillet, l’an quatrième de la Liberté, Imp. du Cercle social, rue du Théâtre-Français, no 4, BHVP 95309, BN, 8°Lb39 6043, p. 3.

    46 Ibid., p. 1.

    47 Ibid., p. 2.

    48 Ibid., p. 2-3.

    49 Ibid., p. 6.

    50 Ibid.

    51 Ibid., p. 7.

    52 Ibid., p. 8.

    53 Ibid., p. 5.

    54 Ibid.

    55 Ibid., p. 9.

    56 Souligné dans le texte, ibid.

    57 Ibid.

    58 Ibid., p. 10.

    59 Ibid., p. 11.

    60 Extrait du registre des délibérations de la Commune du 11 juillet. S. Lacroix, op. cit.

    61 J.-P. Bertaud, Un jour, un homme, la Révolution, op. cit., p. 80.

    62 AN, D XXXVIII/I/7.

    63 Qui « cependant avaient pour objet des dispositions importantes pour la Fédération ». « Si cette dernière demande était sans effet », il considérerait cette « indifférence grave ». S’il connaît et remplit « avec zèle le devoir de tout citoyen de présenter au corps législatif les observations qui peuvent concourir au salut de la Patrie », il connaît « aussi l’obligation réciproque du corps législatif envers tout bon citoyen ». AN C I54/2 154/292/4 CI 292 4 (3 p.).

    64 Souligné dans le texte. L.-P. Dufourny, L’homme libre…, op. cit., p. 12.

    65 Cité, par S. Wahnich, op. cit., p. 140.

    66 Ibid., p. 2.

    67 Ibid., p. 6.

    68 BN, NAF 2697, fol. 529 son nom figure dans la liste de présence du 19 mars et dans les suivantes.

    69 Comité civil des Thermes de Julien du 9 et 16 janvier 1792, BN, NAF 2697 fol. 81 et 83.

    70 Ibid., fol. 52.

    71 Ibid., fol. 84.

    72 G. Robertson, op. cit., p. 66.

    73 J.-P. Bertaud, op. cit., p. 80-81.

    74 L. Jaume, op. cit., p. 77.

    75 A. Aulard, op. cit., 20 juillet 1792.

    76 Le compte-rendu de séance note : « C’est dans la vue d’employer cette force morale qu’il avait proposé dans une pétition à l’Assemblée nationale, de rassembler au champ de la Fédération tous les étrangers le 14 Juillet et de leur déclarer que la France ne faisant pas la guerre contre eux mais contre leurs chefs regarderait toujours tous les individus comme ses enfants et ses frères. » Ibid.

    77 L. Jaume, op. cit., p. 82-83.

    78 Déclaration politique de la section du théâtre français signée Danton président, Chaumette vice-président, Momoro, secrétaire, cf. G. Robertson, op. cit., p. 68.

    79 Mellie, Les sections de Paris pendant la Révolution française, Organisation, fonctionnement (21 mai 1790-19 vendémiaire an IV), Paris, 1898.

    80 L. Jaume, op. cit., p. 80.

    81 J.-P. Bertaud, op. cit., p. 192.

    82 Ibid., p. 233-236.

    83 « La séance a commencé par des interventions de fédérés, Collot, Dufourny et Baumier sont nommés pour défendre l’un d’eux, détenu. Un autre dit encore qu’ayant désarmé ainsi que beaucoup d’autres de ses camarades un assez bon nombre de Suisses, ils ont décidé de vendre ces armes au profit des pauvres » ! A. Aulard, op. cit., 10 août 1792.

    84 A. Aulard, op. cit., 10 août 1792.

    85 M. Pertue, Dictionnaire historique de la Révolution française, op. cit., rubrique « suffrage », p. 1002.

    86 Puis le Cercle social a pris position en faveur des droits pour tous, pour la République. Pourtant, d’après C. Duprat, le Cercle social n’aurait pas perduré après cette prise de position qui ne plaît pas à tout le monde, et la dernière séance aurait eu lieu le 21 juillet 1791, après la pétition et le massacre du Champ-de-Mars. Bonneville y a annoncé qu’il se consacrera au cercle fédératif de toutes les sociétés patriotiques. C. Duprat, op. cit., p. 274.

    87 L.-P. Dufourny, L’homme libre…, op. cit., p. 10.

    88 M. David, Fraternité et Révolution française, Paris, Aubier, 1987.

    89 J. Guilhaumou, R. Monnier, « Les Cordeliers et la République de 1793 », in M. Vovelle (éd.), Révolution et République. L’exception française, Paris, Kimé, 1994. p. 256.

    90 S. Wahnich, op. cit., p. 430.

    91 F. Braesch, La Commune du 10 août 1792 : étude sur l’histoire de Paris du 20 juin au 2 décembre 1792, Paris, Hachette, 1911, p. 279.

    92 Le jour même de sa nomination Dufourny réclame un passeport pour aller examiner les lieux à fortifier et les plans qui étaient dans les Archives, ibid., procès verbal de la Commune du 13 août.

    93 L’organisation du camp relevant de plusieurs autorités, cela n’a pas facilité la tâche. L’Assemblée et la Commune s’occupent en même temps de l’emplacement, la Commune est chargée de le construire mais avec deux surveillants venant du comité militaire de la Législative et du pouvoir exécutif, la Commune étant partagée à son tour entre une commission municipale (où devait se faire sentir l’influence de Dufourny) et l’ingénieur en chef Belair. F. Braesch, op. cit., p. 761 et p. 796.

    94 AN, W 253.

    95 J de Bry, Merlin de Thionville, Lecointre, Albitte, JR Lefebvre, Richard. Cf. P. Caron, La première Terreur. les missions du conseil exécutif provisoire et de la Commune de Paris, Paris, PUF, 1950, 22 2p., p. 16.

    96 Parmi eux : cinq hommes de loi ou assimilés, six publicistes ou hommes de lettres, dont Laveaux, futur rédacteur du journal de la Montagne, trois ouvriers : Bouin ex ouvrier en bas, membre du Conseil général de la Commune, Corchand, fondeur mécanicien, futur président de la commission militaire de Lyon, Dufour l’aîné, orfèvre ; deux professeurs, Cirand, ex professeur de mathématiques à l’École des Sciences et Arts pour l’éducation de la jeunesse, et Soulet, professeur d’écriture et de calcul, puis commis dans les bureaux du comité de surveillance de l’Assemblée ; un ingénieur, Dufourny ; un médecin, Sentex qui sera juré au tribunal révolutionnaire en 1793 ; un lieutenant de la garde parisienne soldée, le jeune Hion, membre du conseil général de la Commune, et un gendarme. P. Caron, La première Terreur. Les missions, Calvet Henri, « Annales, Économie, Sociétés, Civilisations », année 1950, p. 16.

    97 P. Caron, Paris pendant la Terreur. Rapports des agents secrets du ministre de l’Intérieur, publiés pour la Société d’histoire contemporaine, Paris, Picard, 1910-1949, p. 177. Caron décrit leur voyage, d’après un rapport général daté de Paris du 29 septembre, écrit par Sentex. « Sentex et Dufourny quittent Paris le 30 en même temps que les représentants Albitte et Lecointre, et que les commissaires Baumier et Chaumette, Dufour et Momoro. À Versailles où ils ont retrouvé en arrivant deux autres commissaires Peyre et Vincent qui les ont précédé de quelques heures, ils passent la journée du 31. Ils sont le 2 à Évreux où ils revoient Baumier et Chaumette et où il est décidé qu’ils iront dans la Seine inférieure, le 4 à Louviers, le 5 à Pont de l’Arche, puis à Rouen où ils ont pu avoir des contacts avec Gobeau et Millier et Loyseau et Bonneville où ils restent probablement jusqu’au 9. Ils passent ensuite à Yvetot, à Caudebec en Caux, à Bolbec, au Havre où ils sont le 12 et 13, à Montivilliers, Fécamp, Cany, Dieppe, Le Tréport, Blangy-sur-Bresle où Dufourny se rend seul, Neufchâtel en Bray où ils apprennent la révocation de leurs pouvoirs et d’où ils reviennent à Paris. »

    98 BN, Lb41/2288, 22 septembre 1792, copie d’une lettre écrite par Roland ministre de l’intérieur aux corps administratifs. Rappel des commissaires envoyés dans les départements. On peut supposer qu’ils rentrent après le rappel du ministre, le 23 ou les jours qui suivent.

    99 A. Aulard, op. cit., 9 octobre 1792.

    100 P. Caron, op. cit., p. 56.

    101 A. Aulard, op. cit., 9 octobre 1792.

    102 P. Caron, op. cit., p. 117.

    103 Ibid., note p. 90.

    104 A. Aulard, op. cit., tome IV, p. 371.

    105 Ibid., p. 371.

    106 À propos de Bolbec, cette ville « quoique moitié catholique, moitié protestante et cependant la concorde y règne d’une manière parfaite ». Ibid.

    107 Ibid.

    108 Ibid.

    109 Sa démission aurait été prévue dès avant le 10 août. P. Bret, « Une administration non révolutionnée ? Prosopographie des commissaires des poudres et salpêtres (1775-1817) », in 1789-1799, Nouveaux Chantiers d’histoire révolutionnaire. Les institutions et les hommes. Textes réunis et publiés par M. Vovelle, Éd. du Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 1995, p. 63.

    110 Un décret du 3 septembre autorise le ministre des contributions publiques à choisir les nouveaux régisseurs Archives parlementaires, op. cit., tome XLIX, p. 273.

    111 A. Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut Public avec la Correspondance officielle des Représentants en Mission et le registre du conseil exécutif provisoire, 28 vol. , Paris, Imprimerie nationale, 1889-1933, tome 1, p. 205.

    112 P. Bret, op. cit., p. 57.

    113 Soit treize raffineries de salpêtre et une de soufre, dix sept poudreries et une vingtaine d’entrepôts.

    114 J.-P. Poirier, op. cit., p. 130.

    115 Lavoisier, Correspondance, op. cit., Annexe III, La Régie des poudres et Salpêtres 1775-1792, p. 259.

    116 Fourcroy, reconnu comme un grand chimiste, était déjà connu à l’âge de 29 ans, avant la Révolution, comme un excellent professeur au Jardin royal et avait travaillé à la nouvelle nomenclature de la chimie avec Lavoisier.

    117 AN, ABXIX3895. Champy, un commissaire de la Régie, est nommé le 14 décembre 1792 en remplacement de Fourcroy, et le remplace effectivement le 1er février 1793 ; P. Bret, op. cit., p. 63.

    118 AN, ABXIX3895.

    119 Charavay, op. cit., p. 56.

    120 Ibid.

    121 Ils suggèrent de se référer à la liste de ceux qui ont voté pour le décret d’accusation contre La Fayette, le 19 août 1792. « Parmi vos Constituants, vous avez les Pétion, les Robespierre, les Buzot, les Anthoine, les Coroller, les Grégoire, les le Pelletier, les Dubois de Crancé, le bon père Gérard et quelques autres fidèles défenseurs des droits du peuple, en petit nombre il est vrai, mais sous ce rapport, plus dignes d’obtenir vos suffrages. Ceux là ont fait leurs preuves », Charavay, op. cit., p. 56.

    122 Le 1er septembre, quand les austro-prussiens si réputés pour leur infanterie à travers toute l’Europe, après la conquête de Longwy, investissent Verdun, Beaurepaire qui commandait la garnison a essayé de résister. Il disparaît dans un assassinat déguisé en suicide. Chronique de la Révolution, op. cit., « Verdun cède », 1er septembre 1792.

    123 Charavay, op. cit., p. 160.

    124 Ibid., 3 et 4 septembre 1792.

    125 Ibid., p. 175. Dufourny, bien qu’absent pendant toute cette période électorale, obtient pourtant 3 voix pour le mandat de député, le 8 septembre, le jour où C. Desmoulins est élu (Kersaint a 230 voix, Marat 56, Tellier 36, Sergent 13), Dufourny obtient une voix le 9, jour où Marat est élu (Gensonné, Fréron, Carra obtiennent eux aussi une voix), deux voix le 10, une voix le 14, jour de l’élection de Fréron (David, obtient 11 voix, Fourcroy, 1 Treilhard, 1), Dufourny obtient encore 6 voix le 18 septembre, jour où Boucher St Sauveur est élu (Fourcroy, 10, Pache, 13, Ronsin, 3).

    126 La pétition dite des 8000 avait demandé le report du décret des 6 et 8 juin sur la formation du camp de 20 000 hommes sous Paris. L’autre, dite des 20 000, avait demandé le 23 juin l’examen sévère de la conduite du maire et des officiers municipaux, et la destitution du commandement général de la garde nationale. Une loi de septembre avait demandé que ne soit pas déclarée pour les élections l’appartenance à un club.

    127 Charavay, op. cit., p. 207 et 221-222.

    128 AN, BI 15.

    129 L’assemblée renvoie la lettre au comité de bienfaisance de la section dans l’arrondissement de laquelle demeurait le citoyen détenu. Charavay, op. cit., p. 348.

    130 Boizot, Cossard, Demonnier et Dufourny.

    131 Les membres ne reçoivent pas d’appointements, cf. J. Guillaume, Procès-Verbaux du Comité d’Instruction Publique de la Convention nationale, publiés et annotés par J. Guillaume, Paris, 1891…, tome I, 18 octobre 1792.

    132 S. Wahnich, La liberté ou la mort, essai sur la Terreur et le terrorisme, Paris, Éd. La Fabrique, 2003, p. 39.

    133 Les Révolutions de Paris, 22 septembre 1792.

    134 A. Aulard, op. cit., 27 octobre 1792.

    135 Les grands discours parlementaires, op. cit., p. 179.

    136 A. Aulard, le 31 octobre 1792.

    137 S. Wahnich, La longue patience du peuple…, op. cit., p. 453.

    138 M. Dorigny, Dictionnaire historique…, op. cit., rubrique « Massacres de septembre ».

    139 Le 12 octobre 1792, J. Jaurès, op. cit., p. 550.

    140 Chronique de la Révolution, op. cit., 8 octobre 1792.

    141 A. Aulard, op. cit., 19 octobre 1792.

    142 L.-P. Dufourny, L’homme libre à tous les hommes dignes de la liberté. Imprimé par la librairie de J. Duplain, cour du Commerce, imprimerie de la Commune. BN, Lb41/4804.

    143 Deux mois plus tard, Dufourny veut lire une lettre parvenue au comité de correspondance des Jacobins annonçant le projet « bien formé d’exécuter le rassemblement de la force armée ». Thuriot s’oppose à ce qu’elle soit lue, sous prétexte que cette lettre est dictée « par l’intrigue ». L. Bourdon pense au contraire qu’il est « d’autant plus important d’entendre ces lettres… qu’il sera nécessaire sans doute que les sections de Paris prennent des mesures actives pour déjouer le grand complot que ces lettres semblent annoncer » et « insiste fortement pour que la parole soit conservée à Dufourny ». Dufourny a la parole : il s’agit « d’amener ici de tous les départements une force armée considérable pour faire sortir de Paris la Convention et les prisonniers du Temple. Alors, maîtres de former l’esprit public suivant leurs désirs, les intrigants disposeront de tout à leur plus grand avantage. Mille voix demandent la lecture des pièces » et Dufourny commence « la lecture des pièces adressées aux 48 sections de Paris par la Commune de Quimper ». Il est interrompu fréquemment (A. Aulard, op. cit., 21 décembre 1792).

    144 Ibid., 24 octobre 1792.

    145 L. Jaume, op. cit., p. 89.

    146 Journal des hommes libres de tous les pays, 20 octobre 1792.

    147 A. Aulard, op. cit., 23 décembre 1792.

    148 Ibid.

    149 Dufourny est élu archiviste du club des Jacobins, le 4 novembre 1792, fonction qui lui est contestée le 5, par Boissel. Les sources ne permettent pas de comprendre pourquoi les deux hommes prétendent tous les deux avoir la charge de cette fonction, ni en quoi elle consiste vraiment. Pour trancher le litige, certains demandent que Dufourny remplisse les fonctions, d’autres veulent qu’il soit entendu préalablement. Il est convenu que la parole lui sera donnée dès son arrivée. La suite de cet incident n’est pas relatée. Cf. A. Aulard, op. cit., 4-5 novembre 1792.

    150 Un jour de grand froid, nombreux sont ceux qui veulent assister à la séance, les tribunes sont pleines, tous les citoyens n’ont pu rentrer. Proposition est faite de faire rentrer dans la salle ceux qui n’ont pu entrer dans les tribunes parce qu’il faisait froid. « Le citoyen Dufourny, constant ami de l’ordre et du règlement, est-il précisé, annonce que cette admission extraordinaire est déterminée par les circonstances et qu’elle n’aura lieu que cette fois seulement. » A. Aulard, op. cit., 30 décembre 1792.

    151 H. Calvet, « Les origines du comité de l’Évêché », AHRF, 1930, p. 15.

    152 Ibid., p. 12.

    153 Le Moniteur, 17 janvier 1793.

    154 Ibid.

    155 Le 3 février J. Jaurès, op. cit., p. 223.

    156 A. Aulard, op. cit., 25 février 1793.

    157 R. Gotlib, « Les enragés », in Dictionnaire historique de la Révolution française, op. cit.

    158 BN, Lb41/2979, 24 p.

    159 D. Richet, « Les Enragés », in Dictionnaire critique de la Révolution française, op. cit., p. 337.

    160 A. Aulard, op. cit., tome V, p. 85-86.

    161 Ibid.

    162 Ibid., 15 mars 1793.

    163 Le Moniteur, 16 mars 1793.

    164 F. Gauthier, Triomphe et mort du droit naturel…, op. cit., p. 98.

    165 C. Duprat, op. cit., p. 328.

    166 Ibid., p. 33.

    167 A. Aulard, op. cit., 17 mars 1793, p. 335-336.

    168 Cette commission devait comprendre un membre de chaque section, lequel serait nommé au scrutin à la majorité absolue des suffrages de la section ; pour les comités de section, les membres seraient nommés en assemblée générale pour une durée des fonctions de deux années… Qui sont les ayant droit ? Les vieillards et infirmes incapables de gagner leur vie, les femmes en couches et nourrices, les personnes chargées de famille « dont l’infortune n’était que momentanée ». La commission centrale est élue le 27 avril par les sections et les comités de section ne sont installés que du 20 au 22 septembre 1793. Mellie, op. cit., p. 238-239.

    169 A. Aulard, op. cit., p. 208-210.

    170 Avec Panis, Albitte, Lafaye, Renaudin, Boulanger, Delille, Gaillard, Denèje, Champenois, Sambat, Perrin, Dupré père (A. Aulard, op. cit., 18 mars 1793).

    171 Elle décide que les cantons faisant partie du département de Paris seraient convoqués pour nommer des commissaires. J. Jaurès, op. cit., p. 477.

    172 A. Aulard, op. cit., 2 avril 1793.

    173 Ibid., 28 avril 1793.

    174 Ibid., 19 avril 1793.

    175 Le Moniteur, t. XVI p. 305 et suivantes.

    176 Journal des hommes libres de tous les pays, 16 mai 1793.

    177 Les comités révolutionnaires, créés après la défaite de Neerwinden, le 21 mars 1793, pour surveiller les étrangers dans chaque commune ou dans chaque section pour les grandes villes, vont élargir leur compétence. A. Soboul, La Révolution française, op. cit., p. 290.

    178 J. Jaurès, op. cit., p. 486.

    179 Le 19 mai, Dufourny signale aux Jacobins que Patris, imprimeur de la Commune, a refusé d’imprimer un journal rédigé par C. Desmoulins. La Société des Jacobins décide de destituer cet imprimeur A. Aulard, op. cit., p. 193.

    180 Mellie, op. cit., p. 142.

    181 A. Aulard, op. cit., 19 mai 1793.

    182 Ibid.

    183 Journal des hommes libres de tous les pays, le 20 mai 1793.

    184 A. Soboul, Les Sans-culottes parisiens en l’an II. Histoire politique et sociale des sections de Paris, 2 juin 1793-9 Thermidor an II, avec un sous-titre Mouvement populaire et gouvernement révolutionnaire. La Roche-sur-Yon, H. Potier, [1958], reéd 1962, p. 31.

    185 A. Aulard, op. cit., 27 mai 1793.

    186 J. Jaurès, op. cit., p. 604.

    187 « Je crains bien que si vous perdez autant de temps à délibérer, vous ne soyez pas de la fête. » Une autre mesure générale proposée par Dufourny, toujours au nom de la commission des 6, est d’engager toutes les sections à faire une Adresse à la Convention pour lui demander de punir Isnard de son crime envers Paris (il avait menacé de détruire Paris si on touchait à la Convention et à la Gironde), « afin, dit-il, qu’ayant donné une impulsion commune à tous les parisiens, on put les entraîner vers un même but ». J. Jaurès, op. cit., p. 604, 605.

    188 J. Jaurès, op. cit., p. 621.

    189 Une batterie de tambours.

    190 H. Calvet, op. cit., p. 12-22.

    191 A. Soboul, op. cit., p. 295.

    192 L.-P. Dufourny, Sentinelle, prends garde à toi ! 10 Brumaire an III, 1er novembre 1794, Imp. Ballard, in-4°, 15 p., BN, Lb41/4136, BHVP 109 460.

    193 H. Calvet, Un instrument de la Terreur à Paris, le Comité de Salut public ou de surveillance de Paris, 8 juin 1793, 21 messidor an II, p. 49.

    194 Ibid.

    195 Ibid., p. 81-82.

    196 Ibid., p. 128-131.

    197 Chronique de la Révolution, op. cit., p. 343.

    198 Aux Cordeliers (séance du 27 juin) Leclerc accuse Danton et les dantonistes de s’être opposés le 31 mai aux mesures vigoureuses. Il demandait que Legendre soit rayé du tableau des Cordeliers pour avoir avec Danton fait preuve de modérantisme dans les journées du 31 mai en s’opposant « aux moyens révolutionnaires que nous avions pris dans ces grands jours pour écraser tous les aristocrates de Paris ». J. Jaurès, op. cit., p. 624. Le même reproche est fait à Dufourny quant à sa participation au 31 mai par Robespierre, en mars 1794, quand il est arrêté (cf. chapitre suivant).

    199 « Citoyens, vous m’avez nommé administrateur du département en 1792, j’ai prévu, préparé et servi la révolution du 31 mai, j’ai alors été nommé président du département. » L.-P. Dufourny, Sentinelle, prends garde à toi !, op. cit.

    200 Formé après le 10 août, composé de Gensonné, Barbaroux, Pétion, Vergniaud, Thomas Paine, Sieyès, Barère et Condorcet. L. Jaume, Les déclarations des droits de l’homme, op. cit., p. 219.

    201 Cité par L. Jaume, op. cit., p. 221-223.

    202 L. Jaume, op. cit., p. 254-261. J.-P. Gross, Robespierre et l’impôt progressif, paru dans les actes du colloque tenu à Arras en 1993, publiés sous le titre : Robespierre. De la nation artésienne à la République et aux Nations, Villeneuve-d’Ascq, 1994, p. 279-297.

    203 L. Jaume, op. cit., p. 254-261.

    204 Dans un avis qui précède la Déclaration, il signale que son texte a été imprimé « à ses frais », tiré à 5000 exemplaires, et distribué comme les sept textes qu’il a écrit depuis 1789 à la « sans-culotterie ». L. Jaume, op. cit., p. 265, 278.

    205 Ibid., p. 276.

    206 Ibid., p. 235.

    207 L. Jaume, op. cit., p. 299-303.

    208 Ibid.

    209 « Aucune portion du peuple ne peut exercer la puissance du peuple entier ; mais chaque section du souverain assemblée doit jouir du droit d’exprimer sa volonté avec une entière liberté » (article XXVI). Ibid.

    210 Ibid.

    211 « La résistance à l’oppression est la conséquence des autres droits de l’homme » (article XXXIII). Ibid.

    212 Ibid.

    213 Le Moniteur universel, no 177 p. 763.

    214 G. Robertson, op. cit., p. 112-113.

    215 Ibid.

    216 Ibid., p. 117-122.

    217 J. Roux avait hébergé Marat en mars quand ce dernier était menacé d’arrestation par les Girondins. Ibid.

    218 Sur la liste des membres du département de janvier 1793, Dufourny était mentionné comme habitant rue des Mathurins ; d’après celle de septembre 1793 où il figure comme président, il réside à l’Arsenal, à la Régie des poudres, ibid., p. 230. Point de traces de Dufourny dans les archives (peu nombreuses) de la section de l’Arsenal (BVC, Préfecture de police, les noms des intervenants ne figurant pas).

    219 Ni S. Lacroix, dans son étude du département de Paris, ni Charavay dans son étude de l’assemblée électorale ne parlent de ce changement de président. Nicolleau est dénoncé par sa section le 3 octobre 1793 comme s’étant montré hostile aux insurrections du 10 août et du 31 mai et arrêté quelques jours plus tard par ordre du comité de sûreté générale (S. Lacroix, op. cit., p. 189).

    220 A. P dossiers de la famille Dufourny, lettre manuscrite, de Tours, du 10 juin 1793.

    221 Peu de temps après, le général Custine est dénoncé aux Jacobins pour avoir arrêté des commissaires du conseil exécutif qui ont distribué aux soldats des journaux patriotiques. Dufourny et Hassenfratz sont nommés pour se rendre avec la lettre des commissaires dénonçant Custine chez le ministre de la guerre. Dufourny donne alors un argument de plus : Custine aurait pris (avant la mort de Louis XVI) « toutes les mesures pour fournir à Mayence des otages qui eussent répondu de la vie du tyran » (A. Aulard, op. cit., 5 juillet 1793).

    222 Le Moniteur, 3 juin 1793.

    223 BN, NAF 2699.

    224 A. Aulard, op. cit., 15 juillet 1793.

    225 Feuille de Paris, no 337, jeudi 18 juillet 1793, rapport fait au conseil général de la Commune, voir aussi « Les récits de la pompe funèbre de Marat le 16 juillet 1793 », Présentation par J. Guilhaumou, Révolution française.net, Textes, mis en ligne le 3 février 2007 (étude comparative dans trois journaux).

    226 A. Soboul, Les Sans-culottes parisiens en l’an II, Mouvement populaire et gouvernement révolutionnaire (1793-1794), Paris, Le Seuil, 1968, p. 91.

    227 BN, NAF 2697 fol. 168. Il subsiste une trace de cette mesure prise en 1793 au frontispice de la façade de la faculté de droit à Paris.

    228 A. Aulard, op. cit., 1er juillet 1793.

    229 Ibid., 28 juillet 1793.

    230 J. Jaurès, op. cit., p. 239.

    231 C. Duprat, op. cit., p. 337.

    232 M. Ozouf, « Les cortèges et la ville. Les itinéraires parisiens des fêtes révolutionnaires », Annales ESC, 1971, no 5, p. 889.

    233 L.-P. Dufourny, L’homme libre aux hommes dignes de l’être…, op. cit.

    234 A. Soboul, Les Sans-culottes parisiens en l’an II. Histoire politique et sociale des sections de Paris…, op. cit., p. 608-609.

    235 Sont réputés « modérés », en plus des signataires des pétitions (contre la formation du camp sous Paris, contre la journée du 20 juin 1792), les adversaires du 31 mai. H. Calvet, op. cit., p. 29 et p. 83.

    236 A. Soboul, op. cit., p. 608-609.

    237 S. Wahnich, La liberté ou la mort…, op. cit., p. 27.

    238 L.-P. Dufourny, Suite des principes fondamentaux…, op. cit., p. 11.

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    1 Helléniste, ami de la famille Dufourny, déjà cité au chapitre V (lettre du 18 mars 1790).

    2 AN, 138 AP 212, dr5.

    3 A. Aulard, op. cit., 12 octobre 1791.

    4 Le 13 octobre 1791. S. Lacroix, op. cit., tome 7, p. 28-47.

    5 Le 15 octobre 1791. La pétition est signée par de nombreux Cordeliers : Chaumette, Hébert, Rutledge, Fréron, Duclos, Momoro, Boucher-Saint-Sauveur. Ibid.

    6 Président et secrétaire sont élus pour un mois.

    7 Avec A Méchin (le secrétaire), Basire, Chabot, Carra, Sergent, Vergniaud, Lucas, Alquier, Bosc, Jaume, Fauchet, Brissot, Gangeneuve, Antonelle, Barry, C. Desmoulins, Bonneville, Boisguyon, Laborne, Fournier, Lanthenas, Simonne, Louvet, Mauboch, Guadet, A. Broussonet. A. Aulard, op. cit., novembre 1791.

    8 S. Lacroix, op. cit., 2e série, tome 8, p. 241.

    9 Le Journal des clubs, journal officieux de la Municipalité, depuis quelques mois « essaye de s’ériger en centre de correspondance entre les sociétés patriotiques. Il publie régulièrement des adresses des sociétés de province mais s’oppose immédiatement à la presse et aux clubs radicaux de la capitale ». R. Monnier, op. cit., p. 7.

    10 P. Gueniffey, R. Halevy, « Clubs et sociétés populaires », in Dictionnaire critique, op. cit., p. 119.

    11 A. Aulard, op. cit., 14 octobre 1791.

    12 AN, 446 AP 11.

    13 A. Aulard, op. cit., tome 3, p. 290-291.

    14 Ibid.

    15 Y. Jouffa, « Préface », in T. Paine, Les droits de l’homme, traduit par B. Vincent, Ligue des droits de l’homme, Presses universitaires de Nancy, p. 2.

    16 B. Vincent, « Introduction », in T. Paine, op. cit., p. 3-18.

    17 A. Aulard, op. cit., tome III, p. 307.

    18 D. Lacotte, Danton, le tribun de la Révolution, Favre, Lausanne, 1987, p. 79 et p. 103.

    19 L. Jaume, op. cit., p. 47.

    20 A. Aulard, op. cit., tome 3, p. 327 à 331. Ils recommandent la lecture du Publiciste chrétien de M. Lejeune l’aîné du district de Troyes et les journaux comme : Le Patriote français (journal de Brissot), Les Annales patriotiques, Le courrier des 83 départements, Le Cosmopolite, Le Journal universel et des Feuilles hebdomadaires, La Semaine politique et littéraire, Les Révolutions de Paris, Les Mémoires de législation, de politique et de littérature, La Chronique du mois, qui paraît 12 fois l’an.

    21 A. Aulard, op. cit., p. 376-380.

    22 Ibid., 19 mars 1792.

    23 G. Robertson, op. cit., p. 62.

    24 A. Aulard, op. cit., 2 mai 1792.

    25 J.-P. Bertaud, op. cit., p. 73.

    26 A. Aulard, op. cit., 2 mai 1792.

    27 Ibid., p. 551-553.

    28 Ibid.

    29 Le 2 juin en séance extraordinaire, les discussions sur les gardes françaises sont encore à l’ordre du jour. Il est noté sans autre précision que Dufourny et Hion apportent « de nouvelles lumières ». Le 13 avril, aux Jacobins, Dufourny était monté à la tribune pour lire à la société le projet d’arrêté de quelques sections pour les gardes françaises. Il est encore nommé avec Robespierre, pour corriger une Adresse proposée par Billaud-Varenne sur la garde, le 21 mai. Dufourny avec Robespierre se permettent de nombreuses corrections.

    30 J. Tulard, op. cit., p. 342.

    31 S. Wahnich, La longue patience du peuple. 1792. Naissance de la République, Paris, Payot, 2009, p. 148.

    32 J.-P. Bertaud, La Révolution armée, Laffont, Paris, 1979, p. 46.

    33 Ibid.

    34 A. Aulard, op. cit., 18 avril 1792.

    35 Ibid., 17 avril 1792, p. 506-507.

    36 Dufourny se prononce encore contre l’élection de Duport-Dutertre comme accusateur public à cause des griefs énoncés contre lui : il montait la garde comme simple volontaire à la porte « de la femme du roi » au dîner avec le commandant de poste et aurait dit : « cette fête (pour les soldats de Châteauvieux) est fort belle, elle est très nombreuse, eh, bien ! qu’au milieu de toute cette canaille, quelques polissons viennent à se donner seulement des coups de poing, vous verrez comme tout est prêt pour les rappeler à l’ordre » (cris d’indignation). Ibid., 27 avril 1792.

    37 Chronique de la Révolution, p. 259.

    38 Ibid., p. 262.

    39 J.-P. Bertaud, op. cit., p169-186.

    40 Il entame « une discussion sur l’origine du nom français » et « propose de changer en celui de “peuple libre” ». Mais il est prié de la reporter à un autre jour. A. Aulard, op. cit., 20 juin 1792.

    41 S. Wahnich, op. cit., p. 326-329.

    42 A. Soboul, La Révolution française, Paris, Gallimard, rééd. 2000, p. 241.

    43 A. Aulard, op. cit., 4 juillet 1792.

    44 AN, D/XXXVIII/I/7.

    45 L.-P. Dufourny, L’Homme libre aux hommes dignes de l’être. Pétition présentée à l’Assemblée nationale, le 10 juillet, l’an quatrième de la Liberté, Imp. du Cercle social, rue du Théâtre-Français, no 4, BHVP 95309, BN, 8°Lb39 6043, p. 3.

    46 Ibid., p. 1.

    47 Ibid., p. 2.

    48 Ibid., p. 2-3.

    49 Ibid., p. 6.

    50 Ibid.

    51 Ibid., p. 7.

    52 Ibid., p. 8.

    53 Ibid., p. 5.

    54 Ibid.

    55 Ibid., p. 9.

    56 Souligné dans le texte, ibid.

    57 Ibid.

    58 Ibid., p. 10.

    59 Ibid., p. 11.

    60 Extrait du registre des délibérations de la Commune du 11 juillet. S. Lacroix, op. cit.

    61 J.-P. Bertaud, Un jour, un homme, la Révolution, op. cit., p. 80.

    62 AN, D XXXVIII/I/7.

    63 Qui « cependant avaient pour objet des dispositions importantes pour la Fédération ». « Si cette dernière demande était sans effet », il considérerait cette « indifférence grave ». S’il connaît et remplit « avec zèle le devoir de tout citoyen de présenter au corps législatif les observations qui peuvent concourir au salut de la Patrie », il connaît « aussi l’obligation réciproque du corps législatif envers tout bon citoyen ». AN C I54/2 154/292/4 CI 292 4 (3 p.).

    64 Souligné dans le texte. L.-P. Dufourny, L’homme libre…, op. cit., p. 12.

    65 Cité, par S. Wahnich, op. cit., p. 140.

    66 Ibid., p. 2.

    67 Ibid., p. 6.

    68 BN, NAF 2697, fol. 529 son nom figure dans la liste de présence du 19 mars et dans les suivantes.

    69 Comité civil des Thermes de Julien du 9 et 16 janvier 1792, BN, NAF 2697 fol. 81 et 83.

    70 Ibid., fol. 52.

    71 Ibid., fol. 84.

    72 G. Robertson, op. cit., p. 66.

    73 J.-P. Bertaud, op. cit., p. 80-81.

    74 L. Jaume, op. cit., p. 77.

    75 A. Aulard, op. cit., 20 juillet 1792.

    76 Le compte-rendu de séance note : « C’est dans la vue d’employer cette force morale qu’il avait proposé dans une pétition à l’Assemblée nationale, de rassembler au champ de la Fédération tous les étrangers le 14 Juillet et de leur déclarer que la France ne faisant pas la guerre contre eux mais contre leurs chefs regarderait toujours tous les individus comme ses enfants et ses frères. » Ibid.

    77 L. Jaume, op. cit., p. 82-83.

    78 Déclaration politique de la section du théâtre français signée Danton président, Chaumette vice-président, Momoro, secrétaire, cf. G. Robertson, op. cit., p. 68.

    79 Mellie, Les sections de Paris pendant la Révolution française, Organisation, fonctionnement (21 mai 1790-19 vendémiaire an IV), Paris, 1898.

    80 L. Jaume, op. cit., p. 80.

    81 J.-P. Bertaud, op. cit., p. 192.

    82 Ibid., p. 233-236.

    83 « La séance a commencé par des interventions de fédérés, Collot, Dufourny et Baumier sont nommés pour défendre l’un d’eux, détenu. Un autre dit encore qu’ayant désarmé ainsi que beaucoup d’autres de ses camarades un assez bon nombre de Suisses, ils ont décidé de vendre ces armes au profit des pauvres » ! A. Aulard, op. cit., 10 août 1792.

    84 A. Aulard, op. cit., 10 août 1792.

    85 M. Pertue, Dictionnaire historique de la Révolution française, op. cit., rubrique « suffrage », p. 1002.

    86 Puis le Cercle social a pris position en faveur des droits pour tous, pour la République. Pourtant, d’après C. Duprat, le Cercle social n’aurait pas perduré après cette prise de position qui ne plaît pas à tout le monde, et la dernière séance aurait eu lieu le 21 juillet 1791, après la pétition et le massacre du Champ-de-Mars. Bonneville y a annoncé qu’il se consacrera au cercle fédératif de toutes les sociétés patriotiques. C. Duprat, op. cit., p. 274.

    87 L.-P. Dufourny, L’homme libre…, op. cit., p. 10.

    88 M. David, Fraternité et Révolution française, Paris, Aubier, 1987.

    89 J. Guilhaumou, R. Monnier, « Les Cordeliers et la République de 1793 », in M. Vovelle (éd.), Révolution et République. L’exception française, Paris, Kimé, 1994. p. 256.

    90 S. Wahnich, op. cit., p. 430.

    91 F. Braesch, La Commune du 10 août 1792 : étude sur l’histoire de Paris du 20 juin au 2 décembre 1792, Paris, Hachette, 1911, p. 279.

    92 Le jour même de sa nomination Dufourny réclame un passeport pour aller examiner les lieux à fortifier et les plans qui étaient dans les Archives, ibid., procès verbal de la Commune du 13 août.

    93 L’organisation du camp relevant de plusieurs autorités, cela n’a pas facilité la tâche. L’Assemblée et la Commune s’occupent en même temps de l’emplacement, la Commune est chargée de le construire mais avec deux surveillants venant du comité militaire de la Législative et du pouvoir exécutif, la Commune étant partagée à son tour entre une commission municipale (où devait se faire sentir l’influence de Dufourny) et l’ingénieur en chef Belair. F. Braesch, op. cit., p. 761 et p. 796.

    94 AN, W 253.

    95 J de Bry, Merlin de Thionville, Lecointre, Albitte, JR Lefebvre, Richard. Cf. P. Caron, La première Terreur. les missions du conseil exécutif provisoire et de la Commune de Paris, Paris, PUF, 1950, 22 2p., p. 16.

    96 Parmi eux : cinq hommes de loi ou assimilés, six publicistes ou hommes de lettres, dont Laveaux, futur rédacteur du journal de la Montagne, trois ouvriers : Bouin ex ouvrier en bas, membre du Conseil général de la Commune, Corchand, fondeur mécanicien, futur président de la commission militaire de Lyon, Dufour l’aîné, orfèvre ; deux professeurs, Cirand, ex professeur de mathématiques à l’École des Sciences et Arts pour l’éducation de la jeunesse, et Soulet, professeur d’écriture et de calcul, puis commis dans les bureaux du comité de surveillance de l’Assemblée ; un ingénieur, Dufourny ; un médecin, Sentex qui sera juré au tribunal révolutionnaire en 1793 ; un lieutenant de la garde parisienne soldée, le jeune Hion, membre du conseil général de la Commune, et un gendarme. P. Caron, La première Terreur. Les missions, Calvet Henri, « Annales, Économie, Sociétés, Civilisations », année 1950, p. 16.

    97 P. Caron, Paris pendant la Terreur. Rapports des agents secrets du ministre de l’Intérieur, publiés pour la Société d’histoire contemporaine, Paris, Picard, 1910-1949, p. 177. Caron décrit leur voyage, d’après un rapport général daté de Paris du 29 septembre, écrit par Sentex. « Sentex et Dufourny quittent Paris le 30 en même temps que les représentants Albitte et Lecointre, et que les commissaires Baumier et Chaumette, Dufour et Momoro. À Versailles où ils ont retrouvé en arrivant deux autres commissaires Peyre et Vincent qui les ont précédé de quelques heures, ils passent la journée du 31. Ils sont le 2 à Évreux où ils revoient Baumier et Chaumette et où il est décidé qu’ils iront dans la Seine inférieure, le 4 à Louviers, le 5 à Pont de l’Arche, puis à Rouen où ils ont pu avoir des contacts avec Gobeau et Millier et Loyseau et Bonneville où ils restent probablement jusqu’au 9. Ils passent ensuite à Yvetot, à Caudebec en Caux, à Bolbec, au Havre où ils sont le 12 et 13, à Montivilliers, Fécamp, Cany, Dieppe, Le Tréport, Blangy-sur-Bresle où Dufourny se rend seul, Neufchâtel en Bray où ils apprennent la révocation de leurs pouvoirs et d’où ils reviennent à Paris. »

    98 BN, Lb41/2288, 22 septembre 1792, copie d’une lettre écrite par Roland ministre de l’intérieur aux corps administratifs. Rappel des commissaires envoyés dans les départements. On peut supposer qu’ils rentrent après le rappel du ministre, le 23 ou les jours qui suivent.

    99 A. Aulard, op. cit., 9 octobre 1792.

    100 P. Caron, op. cit., p. 56.

    101 A. Aulard, op. cit., 9 octobre 1792.

    102 P. Caron, op. cit., p. 117.

    103 Ibid., note p. 90.

    104 A. Aulard, op. cit., tome IV, p. 371.

    105 Ibid., p. 371.

    106 À propos de Bolbec, cette ville « quoique moitié catholique, moitié protestante et cependant la concorde y règne d’une manière parfaite ». Ibid.

    107 Ibid.

    108 Ibid.

    109 Sa démission aurait été prévue dès avant le 10 août. P. Bret, « Une administration non révolutionnée ? Prosopographie des commissaires des poudres et salpêtres (1775-1817) », in 1789-1799, Nouveaux Chantiers d’histoire révolutionnaire. Les institutions et les hommes. Textes réunis et publiés par M. Vovelle, Éd. du Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 1995, p. 63.

    110 Un décret du 3 septembre autorise le ministre des contributions publiques à choisir les nouveaux régisseurs Archives parlementaires, op. cit., tome XLIX, p. 273.

    111 A. Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut Public avec la Correspondance officielle des Représentants en Mission et le registre du conseil exécutif provisoire, 28 vol. , Paris, Imprimerie nationale, 1889-1933, tome 1, p. 205.

    112 P. Bret, op. cit., p. 57.

    113 Soit treize raffineries de salpêtre et une de soufre, dix sept poudreries et une vingtaine d’entrepôts.

    114 J.-P. Poirier, op. cit., p. 130.

    115 Lavoisier, Correspondance, op. cit., Annexe III, La Régie des poudres et Salpêtres 1775-1792, p. 259.

    116 Fourcroy, reconnu comme un grand chimiste, était déjà connu à l’âge de 29 ans, avant la Révolution, comme un excellent professeur au Jardin royal et avait travaillé à la nouvelle nomenclature de la chimie avec Lavoisier.

    117 AN, ABXIX3895. Champy, un commissaire de la Régie, est nommé le 14 décembre 1792 en remplacement de Fourcroy, et le remplace effectivement le 1er février 1793 ; P. Bret, op. cit., p. 63.

    118 AN, ABXIX3895.

    119 Charavay, op. cit., p. 56.

    120 Ibid.

    121 Ils suggèrent de se référer à la liste de ceux qui ont voté pour le décret d’accusation contre La Fayette, le 19 août 1792. « Parmi vos Constituants, vous avez les Pétion, les Robespierre, les Buzot, les Anthoine, les Coroller, les Grégoire, les le Pelletier, les Dubois de Crancé, le bon père Gérard et quelques autres fidèles défenseurs des droits du peuple, en petit nombre il est vrai, mais sous ce rapport, plus dignes d’obtenir vos suffrages. Ceux là ont fait leurs preuves », Charavay, op. cit., p. 56.

    122 Le 1er septembre, quand les austro-prussiens si réputés pour leur infanterie à travers toute l’Europe, après la conquête de Longwy, investissent Verdun, Beaurepaire qui commandait la garnison a essayé de résister. Il disparaît dans un assassinat déguisé en suicide. Chronique de la Révolution, op. cit., « Verdun cède », 1er septembre 1792.

    123 Charavay, op. cit., p. 160.

    124 Ibid., 3 et 4 septembre 1792.

    125 Ibid., p. 175. Dufourny, bien qu’absent pendant toute cette période électorale, obtient pourtant 3 voix pour le mandat de député, le 8 septembre, le jour où C. Desmoulins est élu (Kersaint a 230 voix, Marat 56, Tellier 36, Sergent 13), Dufourny obtient une voix le 9, jour où Marat est élu (Gensonné, Fréron, Carra obtiennent eux aussi une voix), deux voix le 10, une voix le 14, jour de l’élection de Fréron (David, obtient 11 voix, Fourcroy, 1 Treilhard, 1), Dufourny obtient encore 6 voix le 18 septembre, jour où Boucher St Sauveur est élu (Fourcroy, 10, Pache, 13, Ronsin, 3).

    126 La pétition dite des 8000 avait demandé le report du décret des 6 et 8 juin sur la formation du camp de 20 000 hommes sous Paris. L’autre, dite des 20 000, avait demandé le 23 juin l’examen sévère de la conduite du maire et des officiers municipaux, et la destitution du commandement général de la garde nationale. Une loi de septembre avait demandé que ne soit pas déclarée pour les élections l’appartenance à un club.

    127 Charavay, op. cit., p. 207 et 221-222.

    128 AN, BI 15.

    129 L’assemblée renvoie la lettre au comité de bienfaisance de la section dans l’arrondissement de laquelle demeurait le citoyen détenu. Charavay, op. cit., p. 348.

    130 Boizot, Cossard, Demonnier et Dufourny.

    131 Les membres ne reçoivent pas d’appointements, cf. J. Guillaume, Procès-Verbaux du Comité d’Instruction Publique de la Convention nationale, publiés et annotés par J. Guillaume, Paris, 1891…, tome I, 18 octobre 1792.

    132 S. Wahnich, La liberté ou la mort, essai sur la Terreur et le terrorisme, Paris, Éd. La Fabrique, 2003, p. 39.

    133 Les Révolutions de Paris, 22 septembre 1792.

    134 A. Aulard, op. cit., 27 octobre 1792.

    135 Les grands discours parlementaires, op. cit., p. 179.

    136 A. Aulard, le 31 octobre 1792.

    137 S. Wahnich, La longue patience du peuple…, op. cit., p. 453.

    138 M. Dorigny, Dictionnaire historique…, op. cit., rubrique « Massacres de septembre ».

    139 Le 12 octobre 1792, J. Jaurès, op. cit., p. 550.

    140 Chronique de la Révolution, op. cit., 8 octobre 1792.

    141 A. Aulard, op. cit., 19 octobre 1792.

    142 L.-P. Dufourny, L’homme libre à tous les hommes dignes de la liberté. Imprimé par la librairie de J. Duplain, cour du Commerce, imprimerie de la Commune. BN, Lb41/4804.

    143 Deux mois plus tard, Dufourny veut lire une lettre parvenue au comité de correspondance des Jacobins annonçant le projet « bien formé d’exécuter le rassemblement de la force armée ». Thuriot s’oppose à ce qu’elle soit lue, sous prétexte que cette lettre est dictée « par l’intrigue ». L. Bourdon pense au contraire qu’il est « d’autant plus important d’entendre ces lettres… qu’il sera nécessaire sans doute que les sections de Paris prennent des mesures actives pour déjouer le grand complot que ces lettres semblent annoncer » et « insiste fortement pour que la parole soit conservée à Dufourny ». Dufourny a la parole : il s’agit « d’amener ici de tous les départements une force armée considérable pour faire sortir de Paris la Convention et les prisonniers du Temple. Alors, maîtres de former l’esprit public suivant leurs désirs, les intrigants disposeront de tout à leur plus grand avantage. Mille voix demandent la lecture des pièces » et Dufourny commence « la lecture des pièces adressées aux 48 sections de Paris par la Commune de Quimper ». Il est interrompu fréquemment (A. Aulard, op. cit., 21 décembre 1792).

    144 Ibid., 24 octobre 1792.

    145 L. Jaume, op. cit., p. 89.

    146 Journal des hommes libres de tous les pays, 20 octobre 1792.

    147 A. Aulard, op. cit., 23 décembre 1792.

    148 Ibid.

    149 Dufourny est élu archiviste du club des Jacobins, le 4 novembre 1792, fonction qui lui est contestée le 5, par Boissel. Les sources ne permettent pas de comprendre pourquoi les deux hommes prétendent tous les deux avoir la charge de cette fonction, ni en quoi elle consiste vraiment. Pour trancher le litige, certains demandent que Dufourny remplisse les fonctions, d’autres veulent qu’il soit entendu préalablement. Il est convenu que la parole lui sera donnée dès son arrivée. La suite de cet incident n’est pas relatée. Cf. A. Aulard, op. cit., 4-5 novembre 1792.

    150 Un jour de grand froid, nombreux sont ceux qui veulent assister à la séance, les tribunes sont pleines, tous les citoyens n’ont pu rentrer. Proposition est faite de faire rentrer dans la salle ceux qui n’ont pu entrer dans les tribunes parce qu’il faisait froid. « Le citoyen Dufourny, constant ami de l’ordre et du règlement, est-il précisé, annonce que cette admission extraordinaire est déterminée par les circonstances et qu’elle n’aura lieu que cette fois seulement. » A. Aulard, op. cit., 30 décembre 1792.

    151 H. Calvet, « Les origines du comité de l’Évêché », AHRF, 1930, p. 15.

    152 Ibid., p. 12.

    153 Le Moniteur, 17 janvier 1793.

    154 Ibid.

    155 Le 3 février J. Jaurès, op. cit., p. 223.

    156 A. Aulard, op. cit., 25 février 1793.

    157 R. Gotlib, « Les enragés », in Dictionnaire historique de la Révolution française, op. cit.

    158 BN, Lb41/2979, 24 p.

    159 D. Richet, « Les Enragés », in Dictionnaire critique de la Révolution française, op. cit., p. 337.

    160 A. Aulard, op. cit., tome V, p. 85-86.

    161 Ibid.

    162 Ibid., 15 mars 1793.

    163 Le Moniteur, 16 mars 1793.

    164 F. Gauthier, Triomphe et mort du droit naturel…, op. cit., p. 98.

    165 C. Duprat, op. cit., p. 328.

    166 Ibid., p. 33.

    167 A. Aulard, op. cit., 17 mars 1793, p. 335-336.

    168 Cette commission devait comprendre un membre de chaque section, lequel serait nommé au scrutin à la majorité absolue des suffrages de la section ; pour les comités de section, les membres seraient nommés en assemblée générale pour une durée des fonctions de deux années… Qui sont les ayant droit ? Les vieillards et infirmes incapables de gagner leur vie, les femmes en couches et nourrices, les personnes chargées de famille « dont l’infortune n’était que momentanée ». La commission centrale est élue le 27 avril par les sections et les comités de section ne sont installés que du 20 au 22 septembre 1793. Mellie, op. cit., p. 238-239.

    169 A. Aulard, op. cit., p. 208-210.

    170 Avec Panis, Albitte, Lafaye, Renaudin, Boulanger, Delille, Gaillard, Denèje, Champenois, Sambat, Perrin, Dupré père (A. Aulard, op. cit., 18 mars 1793).

    171 Elle décide que les cantons faisant partie du département de Paris seraient convoqués pour nommer des commissaires. J. Jaurès, op. cit., p. 477.

    172 A. Aulard, op. cit., 2 avril 1793.

    173 Ibid., 28 avril 1793.

    174 Ibid., 19 avril 1793.

    175 Le Moniteur, t. XVI p. 305 et suivantes.

    176 Journal des hommes libres de tous les pays, 16 mai 1793.

    177 Les comités révolutionnaires, créés après la défaite de Neerwinden, le 21 mars 1793, pour surveiller les étrangers dans chaque commune ou dans chaque section pour les grandes villes, vont élargir leur compétence. A. Soboul, La Révolution française, op. cit., p. 290.

    178 J. Jaurès, op. cit., p. 486.

    179 Le 19 mai, Dufourny signale aux Jacobins que Patris, imprimeur de la Commune, a refusé d’imprimer un journal rédigé par C. Desmoulins. La Société des Jacobins décide de destituer cet imprimeur A. Aulard, op. cit., p. 193.

    180 Mellie, op. cit., p. 142.

    181 A. Aulard, op. cit., 19 mai 1793.

    182 Ibid.

    183 Journal des hommes libres de tous les pays, le 20 mai 1793.

    184 A. Soboul, Les Sans-culottes parisiens en l’an II. Histoire politique et sociale des sections de Paris, 2 juin 1793-9 Thermidor an II, avec un sous-titre Mouvement populaire et gouvernement révolutionnaire. La Roche-sur-Yon, H. Potier, [1958], reéd 1962, p. 31.

    185 A. Aulard, op. cit., 27 mai 1793.

    186 J. Jaurès, op. cit., p. 604.

    187 « Je crains bien que si vous perdez autant de temps à délibérer, vous ne soyez pas de la fête. » Une autre mesure générale proposée par Dufourny, toujours au nom de la commission des 6, est d’engager toutes les sections à faire une Adresse à la Convention pour lui demander de punir Isnard de son crime envers Paris (il avait menacé de détruire Paris si on touchait à la Convention et à la Gironde), « afin, dit-il, qu’ayant donné une impulsion commune à tous les parisiens, on put les entraîner vers un même but ». J. Jaurès, op. cit., p. 604, 605.

    188 J. Jaurès, op. cit., p. 621.

    189 Une batterie de tambours.

    190 H. Calvet, op. cit., p. 12-22.

    191 A. Soboul, op. cit., p. 295.

    192 L.-P. Dufourny, Sentinelle, prends garde à toi ! 10 Brumaire an III, 1er novembre 1794, Imp. Ballard, in-4°, 15 p., BN, Lb41/4136, BHVP 109 460.

    193 H. Calvet, Un instrument de la Terreur à Paris, le Comité de Salut public ou de surveillance de Paris, 8 juin 1793, 21 messidor an II, p. 49.

    194 Ibid.

    195 Ibid., p. 81-82.

    196 Ibid., p. 128-131.

    197 Chronique de la Révolution, op. cit., p. 343.

    198 Aux Cordeliers (séance du 27 juin) Leclerc accuse Danton et les dantonistes de s’être opposés le 31 mai aux mesures vigoureuses. Il demandait que Legendre soit rayé du tableau des Cordeliers pour avoir avec Danton fait preuve de modérantisme dans les journées du 31 mai en s’opposant « aux moyens révolutionnaires que nous avions pris dans ces grands jours pour écraser tous les aristocrates de Paris ». J. Jaurès, op. cit., p. 624. Le même reproche est fait à Dufourny quant à sa participation au 31 mai par Robespierre, en mars 1794, quand il est arrêté (cf. chapitre suivant).

    199 « Citoyens, vous m’avez nommé administrateur du département en 1792, j’ai prévu, préparé et servi la révolution du 31 mai, j’ai alors été nommé président du département. » L.-P. Dufourny, Sentinelle, prends garde à toi !, op. cit.

    200 Formé après le 10 août, composé de Gensonné, Barbaroux, Pétion, Vergniaud, Thomas Paine, Sieyès, Barère et Condorcet. L. Jaume, Les déclarations des droits de l’homme, op. cit., p. 219.

    201 Cité par L. Jaume, op. cit., p. 221-223.

    202 L. Jaume, op. cit., p. 254-261. J.-P. Gross, Robespierre et l’impôt progressif, paru dans les actes du colloque tenu à Arras en 1993, publiés sous le titre : Robespierre. De la nation artésienne à la République et aux Nations, Villeneuve-d’Ascq, 1994, p. 279-297.

    203 L. Jaume, op. cit., p. 254-261.

    204 Dans un avis qui précède la Déclaration, il signale que son texte a été imprimé « à ses frais », tiré à 5000 exemplaires, et distribué comme les sept textes qu’il a écrit depuis 1789 à la « sans-culotterie ». L. Jaume, op. cit., p. 265, 278.

    205 Ibid., p. 276.

    206 Ibid., p. 235.

    207 L. Jaume, op. cit., p. 299-303.

    208 Ibid.

    209 « Aucune portion du peuple ne peut exercer la puissance du peuple entier ; mais chaque section du souverain assemblée doit jouir du droit d’exprimer sa volonté avec une entière liberté » (article XXVI). Ibid.

    210 Ibid.

    211 « La résistance à l’oppression est la conséquence des autres droits de l’homme » (article XXXIII). Ibid.

    212 Ibid.

    213 Le Moniteur universel, no 177 p. 763.

    214 G. Robertson, op. cit., p. 112-113.

    215 Ibid.

    216 Ibid., p. 117-122.

    217 J. Roux avait hébergé Marat en mars quand ce dernier était menacé d’arrestation par les Girondins. Ibid.

    218 Sur la liste des membres du département de janvier 1793, Dufourny était mentionné comme habitant rue des Mathurins ; d’après celle de septembre 1793 où il figure comme président, il réside à l’Arsenal, à la Régie des poudres, ibid., p. 230. Point de traces de Dufourny dans les archives (peu nombreuses) de la section de l’Arsenal (BVC, Préfecture de police, les noms des intervenants ne figurant pas).

    219 Ni S. Lacroix, dans son étude du département de Paris, ni Charavay dans son étude de l’assemblée électorale ne parlent de ce changement de président. Nicolleau est dénoncé par sa section le 3 octobre 1793 comme s’étant montré hostile aux insurrections du 10 août et du 31 mai et arrêté quelques jours plus tard par ordre du comité de sûreté générale (S. Lacroix, op. cit., p. 189).

    220 A. P dossiers de la famille Dufourny, lettre manuscrite, de Tours, du 10 juin 1793.

    221 Peu de temps après, le général Custine est dénoncé aux Jacobins pour avoir arrêté des commissaires du conseil exécutif qui ont distribué aux soldats des journaux patriotiques. Dufourny et Hassenfratz sont nommés pour se rendre avec la lettre des commissaires dénonçant Custine chez le ministre de la guerre. Dufourny donne alors un argument de plus : Custine aurait pris (avant la mort de Louis XVI) « toutes les mesures pour fournir à Mayence des otages qui eussent répondu de la vie du tyran » (A. Aulard, op. cit., 5 juillet 1793).

    222 Le Moniteur, 3 juin 1793.

    223 BN, NAF 2699.

    224 A. Aulard, op. cit., 15 juillet 1793.

    225 Feuille de Paris, no 337, jeudi 18 juillet 1793, rapport fait au conseil général de la Commune, voir aussi « Les récits de la pompe funèbre de Marat le 16 juillet 1793 », Présentation par J. Guilhaumou, Révolution française.net, Textes, mis en ligne le 3 février 2007 (étude comparative dans trois journaux).

    226 A. Soboul, Les Sans-culottes parisiens en l’an II, Mouvement populaire et gouvernement révolutionnaire (1793-1794), Paris, Le Seuil, 1968, p. 91.

    227 BN, NAF 2697 fol. 168. Il subsiste une trace de cette mesure prise en 1793 au frontispice de la façade de la faculté de droit à Paris.

    228 A. Aulard, op. cit., 1er juillet 1793.

    229 Ibid., 28 juillet 1793.

    230 J. Jaurès, op. cit., p. 239.

    231 C. Duprat, op. cit., p. 337.

    232 M. Ozouf, « Les cortèges et la ville. Les itinéraires parisiens des fêtes révolutionnaires », Annales ESC, 1971, no 5, p. 889.

    233 L.-P. Dufourny, L’homme libre aux hommes dignes de l’être…, op. cit.

    234 A. Soboul, Les Sans-culottes parisiens en l’an II. Histoire politique et sociale des sections de Paris…, op. cit., p. 608-609.

    235 Sont réputés « modérés », en plus des signataires des pétitions (contre la formation du camp sous Paris, contre la journée du 20 juin 1792), les adversaires du 31 mai. H. Calvet, op. cit., p. 29 et p. 83.

    236 A. Soboul, op. cit., p. 608-609.

    237 S. Wahnich, La liberté ou la mort…, op. cit., p. 27.

    238 L.-P. Dufourny, Suite des principes fondamentaux…, op. cit., p. 11.

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    • (2018) Ce que la misère nous donne à repenser, avec Joseph Wresinski. DOI: 10.3917/herm.tardi.2018.01.0527
    • Sussman, Sarah. (2016) Recent Books and Dissertations on French History. French Historical Studies, 39. DOI: 10.1215/00161071-3602280
    • Menuet, Maxime. (2022) Theology and Economics: The Case of the Early Jansenism. OEconomia. DOI: 10.4000/oeconomia.12850
    • Brodiez-Dolino, Axelle. (2018) La sécularisation des valeurs de l’action sociale depuis la fin du xixe siècle : du principe de charité au principe de solidarité. Informations sociales, n° 196-197. DOI: 10.3917/inso.196.0028

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