Conclusion. Vision du réseau et action de l’État : les contours d’un modèle français de navigation intérieure

1De l’éclatement des savoirs et de la ponctualité des pratiques du colbertisme fluvial à l’émergence d’une perception globale et articulée et d’une politique coordonnée à la veille de la Révolution, la « navigation intérieure », comme catégorie et comme domaine d’intervention publique, a été façonnée par un siècle et demi d’évolution. Parsemée d’à-coups, de tentatives de ruptures, d’échecs, de phases d’accélération et de régression, qui ont eu tous des effets incrémentaux, l’histoire de ce processus d’émergence d’un champ administratif s’inscrit dans un cheminement complexe.

2Au moment où Colbert parvient au pouvoir, la « navigation intérieure », en tant que catégorie spécifique, n’existe pas. Enserré parmi d’autres objets dans le territoire administratif de l’intendance, le transport par eau est dispersé, au niveau gouvernemental, entre de multiples compétences : la gestion des bois, la fortification, l’approvisionnement des arsenaux, ou la politique monumentale (canal du Midi)