Les foires du Poitou et le commerce franco-espagnol au xvie siècle
p. 129-145
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Index géographique : France
Texte intégral
1Les foires sont au centre du commerce international à l’aube de l’époque moderne ; non seulement elles concentrent marchands et marchandises, mais, du fait de leur périodicité, ce sont des centres de paiements, des foires de change, les lettres qui circulent entre Lyon, Anvers, Bergen, Medina del Campo, permettant de solder les transactions sur les marchandises sans qu’il soit nécessaire de mobiliser des espèces monétaires. Cependant, à côté de ces grandes réunions marchandes, de tous connues, existent d’autres foires qui présentent les mêmes caractères, mais qui sont essentiellement vouées au commerce interrégional. C’est le cas des foires du Poitou, qui se tiennent dans deux localités voisines, à peine séparées d’une vingtaine de kilomètres, Niort et Fontenay-le-Comte. Disons d’emblée que, contrairement à leurs homologues de plus d’envergure, elles n’ont pas eu la bonne fortune de trouver leur historien et ne sont pas bien connues, en particulier pour cette période. Elles le mériteraient pourtant, car leur activité, par sa diversité, sinon par son volume, peut être comparée à celle des foires de Lyon1. Nous commencerons donc par dire quelques mots sur ces foires avant de montrer le rôle qu’elles ont joué dans le commerce entre la France et l’Espagne.
Les foires du Poitou
2C’était six fois par an que les marchands se retrouvaient en Bas-Poitou : le cycle commençait à Niort, pour la Sainte-Agathe (5 février) où l’on revenait le 6 mai pour la « petite Saint-Jean » (Saint-Jean Porte Latine) ; les trois réunions suivantes se tenaient à Fontenay : les 24 juin (« grande Saint-Jean »), 2 août (Saint-Pierre d’août), 12 octobre (Saint-Venant) et l’on terminait à Niort, le 30 novembre (Saint-André)2. Notons qu’une « description de la France », datant de 1624 et citée par Trocmé et Delafosse ne mentionne qu’une seule foire à Fontenay, celle de la Saint-Pierre3. Cela signifie-t-il qu’à ce moment les autres foires sont en déclin ? J’en doute : il s’agit plutôt d’une mauvaise information de l’auteur. Il est probable que leur durée se limitait à quelques jours, mais sans doute plus que les deux jours dont parle un marchand navarrais : « La feria de san Pedro de agosto que es el primero de agosto y no dura la feria más de dos días4 » ; mais le même envoie sa marchandise le 5 août5. Les dates des actes passés devant notaire plaident plutôt pour une durée d’une petite semaine, comme en témoignent ceux que nous citons plus bas.
3Ces registres notariés sont d’ailleurs notre principale source et leurs caractéristiques expliquent sans doute que les historiens se soient peu intéressés à ces foires. Leur état de conservation, en premier lieu, laisse beaucoup à désirer, si bien que la plupart de ceux de Fontenay ont été numérisés et ne peuvent être consultés que sur écran, et aussi, et c’est là un point positif, sur le site Internet des archives6. En ce qui concerne ceux des notaires de Niort, la majorité des liasses sont en mauvais état et ne sont pas accessibles7. Signalons toutefois qu’il y a une trentaine d’années, un historien du droit, Jean-Claude Papinot, avait pu en consulter un grand nombre lors de l’élaboration de sa thèse, consacrée aux bourgeois de Niort au xvie siècle, si bien que pour cette ville nous nous appuierons aussi sur ses travaux, demeurés malheureusement inédits, alors qu’il s’agit, sans aucun doute, de la meilleure étude existant sur le sujet8. Par ailleurs, les actes concernant les échanges lors des foires sont assez peu nombreux, souvent moins d’une dizaine par registre, si bien que les dépouillements sont assez fastidieux. Il s’agit pour l’essentiel de procurations pour recouvrer des créances, de cessions ou transports de créances, plus rarement d’achats à crédit ; signalons aussi quelques lettres de voiture. Au total, cette pauvre documentation nous fournit une vision pointilliste des échanges qui animaient ces petites villes lors des foires. Ajoutons-y l’influence des guerres, surtout dans les dernières décennies du siècle qui ont dû rendre difficile les déplacements des marchands 9 ou, au contraire, les contraindre à quitter leur domicile, comme ce couple, Denys Le Roy et Marie Pinsson, de Montoire, en Vendômois, qui fait son testament à Fontenay : « Par l’injure du présent temps de guerre, considérant que à l’occasion desdites guerres nous sommes réfugiés hors de notre dite maison et biens que nous avons audit Montoyre et esté contrainctz nous en venyr retirer en ceste dite ville [de Fontenay]10. »
4Ce qui est toutefois certain, c’est que d’une part, les foires réunissent des marchands provenant d’une bonne partie du royaume et de quelques royaumes voisins et que, de l’autre, la masse des articles qui s’y échangent est composée de produits textiles ou liés à la fabrication de draps et toiles (colorants, matières premières). Il s’agit là d’une situation tout à fait différente de celle qui a cours au xviiie siècle où ces foires sont devenues des lieux d’échange de bétail, ce qu’elles resteront jusqu’au milieu du siècle dernier et dans la mémoire collective11. C’est pour « délivrance de marchandises de draps12 », « de marchandises de draperie13 », « pour vendition et délivrance de troys balles de toilles blanches14 » que des cédules sont émises ; on notera également les comptes de la vente d’environ trois cents balles de laine blanche aux foires de Sainte-Agathe et Saint-André 154415, des ventes de pastel16, le transport de « marchandises de draps et toilles » de Niort à Bordeaux 17 ou à Blaye18, le voiturage de pastel et de laine de Niort à Châtellerault19, etc.
5Ces quelques exemples, et les autres que nous pourrions présenter n’y contrediraient pas, ne laissent pas la place au doute : les foires du Poitou sont un des lieux où se réunissent producteurs (ou marchands) de draps et de toiles, marchands de laine et de pastel et acheteurs de tissus. C’est encore sur les draps de laine que porte cette imposition de 12 deniers par livre, prélevée en 1530-1531, sur les draps « vendus, revendus, troqués ou eschangés » à Fontenay, une imposition contre laquelle protestent deux marchands de Tours en 153420.
6Il est possible cependant que le commerce des toiles soit le plus important, mais nous n’avons, à vrai dire, aucun moyen de le savoir. Nous ne pouvons que constater l’omniprésence de marchands de Laval aux foires où ils écoulent leur production et en profitent pour régler leurs affaires personnelles : Mathurin Brigot y vend trois balles de toiles à son compatriote Nicolas Delagarde21, Jean Molin y prête 33 livres à un autre Lavallois que ce dernier devra rembourser dans cette ville22, bref, ils y sont comme chez eux. Ils y rencontrent d’autres producteurs de toiles, leurs voisins de Château-Gontier, les Normands de Mortagne au Perche, les Bretons de Vitré ou de Quintin ou les Angevins et Choletais, avec leurs voisins de Maulévrier23, fort nombreux aussi24. Signalons également les toiles de Châtellerault, dont il ne fallut pas moins de 900 aunes pour confectionner une chemise à Gargantua, qui n’avait alors qu’un an et dix mois25 !
7Les draps, quant à eux, étaient fabriqués essentiellement dans la région elle-même, à Niort, Fontenay, Parthenay et dans le Bocage, un petit pays situé au nord de Fontenay, aux confins des actuels départements de Vendée et des Deux-Sèvres, autour de La Châtaigneraie, Pouzauges, Cerizay26. C’est effectivement vers certains de ces centres, Niort, Parthenay, La Châtaigneraie que sont écoulées les 300 balles de laine dont j’ai parlé plus haut, toujours en petite quantité (quelques balles), ce qui montre qu’il s’agit d’un artisanat dispersé, comme bien d’industries rurales à cette époque27. Il est probable toutefois que, comme ailleurs, un certain nombre de marchands des villes aient été maîtres d’une partie de la production comme en témoigne cette transaction où l’on voit un bourgeois de Niort, Guy de Villiers, vendre quatre draps à un marchand drapier de cette ville, Bertrand Texier28. La qualité de cette production nous échappe presque totalement, mais elle pouvait être assez variée, ainsi que le montre l’inventaire de 36 pièces (ou plutôt demi-pièces) que la veuve du marchand niortais Jean Godeff roy cède à un confrère : 21 sont simplement qualifiées de draps de Niort, mais on y voit aussi des estamets incarnat ou cannelle, des fi ns rouge ou garance29.
8À La Châtaigneraie, le fabriquant Pierre Mouschard doit livrer au marchand
9P. Gautier trois charges de draps, « tirés du meilleur de [sa] fasson » ; chaque charge est composée de 12 pièces : six cellestes, deux turquins, deux pièces moyré bas, une de viollet bas et enfin une de thanné bas. Cette mention « bas » semble indiquer une qualité différente30.
10Pour terminer avec cette liste de produits sur une note un peu plus exotique, procédons, en compagnie du notaire François Mesnard, à l’ouverture de trois balles de marchandises appartenant à un marchand de La Rochelle31. Voici 21 pièces de camelots de Lille (dont 6 pièces de petits camelots), deux pièces de draps de Bruges 13 pièces d’étamines noires et 5 d’estamet double, 43 pièces de futaines de diverses qualités, dont 25 d’Augsbourg (Haussebourc), de nombreuses pièces de serges de toute sorte, dont une d’Ascote (Hondschoote), 2 pièces de burat rayé blanc32, 13 pièces de boucquesin de Coullaines33, 7 pièces de serge du même lieu sans compter les marchandises diverses : 2 paquets de passements, une boîte de cent grains d’or et d’argent, quelques douzaines de bas d’étamine, d’homme et de femme, etc. Il est possible qu’une partie au moins de ces produits provienne de Lyon.
11La laine destinée à approvisionner la production locale provenait en grande partie d’Espagne ainsi que l’a montré Marcel Delafosse qui a répertorié dans les archives rochelaises plusieurs centaines de contrats de vente de laine pour le siècle qui court de 1474 à 1571 ; les marchands-drapiers du Bocage (avec quelques Niortais) se pressent en foule à La Rochelle (72 sont mentionnés pour les seules années 1539-1540)34. Directement ou par l’intermédiaire de grossistes, les tisserands peuvent ainsi accéder à la précieuse matière première, comme ils pouvaient le faire aussi dans nos foires35. Si la plus grande partie de ces laines arrivait par La Rochelle, puis prenait la voie fluviale jusqu’aux ports de Niort et de Fontenay, d’autres étaient acheminées par voie de terre depuis Bordeaux ou Blaye : le 14 juillet 1553, un voiturier saintongeais, Mathurin Grosson, dit Vicaire, s’engage à transporter de Blaye à Fontenay plus de 250 balles de laines appartenant à des marchands de Thiers et de Toulouse, dont une partie doit être livrée à Jean Vigier, marchand de Niort, avant la foire (de la Saint-Pierre, sans doute) et l’autre moitié durant la foire36.
12Le pastel provenait du Languedoc, par Bordeaux, et appartenait à des marchands de Toulouse, Montauban, Albi, Gaillac ou de bourgs plus petits comme Réalmont37. Il était destiné aux producteurs locaux, mais pouvait aussi poursuivre son chemin, du port de Niort à celui de Châtellerault, en direction de l’Anjou38. Il disparaît de nos archives dans la deuxième moitié du siècle, même s’il est probable qu’il est encore venu de petites quantités après la crise du début des années 156039.
13D’autres produits étaient bien évidemment apportés et échangés lors de ces foires ; parmi les plus importants cités par Jean-Claude Papinot, figurent les blés, le vin, le sel, le bois, le bétail 40… Ajoutons-y, rencontrés au fi l des minutiers, des « fillets blancs » d’Aurillac41, des maroquins des Flandres qu’un transporteur indélicat à complètement gâtés entre Paris et Fontenay 42 des aiguillettes, spécialité de Niort43, ou du cuivre que viennent chercher les chaudronniers auvergnats44.
14Les foires du Poitou étaient aussi, comme beaucoup de leurs semblables, petites ou grandes, des foires de paiement45 : les achats à crédit devaient être soldés à la foire ou aux foires suivantes. Ces termes étaient aussi utilisés dans les villes voisines, comme à La Rochelle, même pour des transactions qui avaient lieu dans cette ville, en dehors des foires46. Cette habitude permettait de pratiquer la compensation des créances lors des foires pour éviter les transports de liquidités et également faciliter les recouvrements, chaque marchand « récupérant » des cédules sur des marchands qu’il connaissait ou du moins dans sa zone géographique. Voici en guise d’exemple une de ces transactions : elle réunit, d’une part, le sieur Jean Pelletier, marchand de Toulouse, facteur de Pierre Blandinières, bourgeois de cette cité, et de l’autre, le sieur Pierre Bouttier, marchand de Laval47. Pelletier cède à Bouttier quatre cédules sur des marchands de toiles de Château-Gontier et de Laval, datées de 1582 et 1583 et s’élevant à un total de 361 écus tandis que Bouttier transporte (c’est le terme consacré) une cédule et deux missives (portant mention de commande de toiles) dues par des drapiers ou couturiers de Toulouse, pour un montant de 395 écus et 56 sols, le Toulousain s’engageant à payer la différence à la Sainte-Agathe suivante. Notons que, dans un cas, interviennent comme intermédiaires du couturier toulousain Bernard Verdier deux marchands les sieurs Sociondo et Sternovin, dont on ne nous précise pas l’origine, mais le premier au moins appartient à une grande famille de Saint-Jean-de-Luz48. Dans la plupart des cas, il s’agit de restes de paiement de créances anciennes, les différents partenaires n’ayant pas à paraître chez le notaire en temps normal. On voit aussi que, même si elles se tenaient dans des localités différentes, les foires du Poitou forment un tout ; s’il en était besoin, les circonstances de la Saint-André 1583 durant laquelle se déroula cette transaction, en témoigneraient puisque, à cause de la peste qui sévit à Niort, elle se tint à Fontenay : « Estant de présent en ceste ville… en la présente foire sainct André… en ceste dicte ville de Fontenay par le moien de la contagion estant en la ville de Niort où avoit accoustumé se tenir la dicte foire49. »
15Préciser l’origine géographique des marchands fréquentant les foires permettra d’encore mieux caractériser les échanges qui s’y pratiquent ; mais, sur ce point aussi, nous sommes tributaires de la précarité de nos sources : quelle est la représentativité de telle localité ou origine qui n’apparaît qu’une fois ? et, au contraire, l’abondance de telle autre origine reflète-telle une réalité ou une pratique et des nécessités commerciales différentes ? Exception ou circonstances peu représentatives : que dire de ce marchand flamand, Jean Van Hart, qui est chargé d’aller recouvrer une créance à Limoges pour le marchand rochelais Gédéon De la planche50 ? On peut supposer qu’il n’avait pas fait le voyage à Fontenay uniquement pour jouer à l’huissier.
16Malgré ces difficultés et les lacunes de la source, il est tout de même permis de dessiner une géographie grossière de la zone d’attraction de nos foires. Les zones proches, en premier lieu, du Haut-Poitou à l’Aunis et à la Saintonge et à l’Angoumois, avec comme points forts le Bocage drapier et La Rochelle, où arrivent et embarquent les marchandises et dont les marchands financent une partie des activités, celles liées à la laine, par exemple (voir plus bas). Vers le nord, la vallée de la Loire avec les marchands de Tours, Blois, Orléans et les producteurs de toiles d’Anjou ou de Cholet, puis le Maine, avec les Lavallois, dont les produits sont peut-être une des raisons d’être des foires, et dans leur prolongement quelques Normands, du Perche, de Mortagne et même de Nojehan le Rotrou au pays de Perche51. Les Bretons semblent moins nombreux, mais, si ce n’est pas une illusion des sources, c’est parce qu’ils disposaient de leurs propres foires et qu’ils écoulaient leurs produits par Nantes, ainsi que le montre clairement la correspondance des Ruiz52.
17Le Massif central apportait son lot de marchands, les inévitables Auvergnats que l’on retrouve partout à cette époque, du simple colporteur au chaudronnier ambulant et au vrai marchand installé en Espagne ou ailleurs53. Nous avons déjà parlé des chaudronniers, sans doute originaires de Haute Auvergne, comme ces marchands d’Aurillac, de Salers ou Saint-Cernin, mais certains proviennent aussi de Clermont ou de Thiers. Le Limousin (Limoges, Bellac) et la Marche (Boussay) apportent aussi leur contribution.
18Les Lyonnais, enfin, ne pouvaient manquer de participer, d’une façon ou d’une autre, aux foires du Poitou : grâce à ses propres foires, la métropole des Gaules est sans conteste le centre économique le plus important du royaume, et, de même que les draps et les transporteurs du Poitou sont présents à Lyon, de même les Lyonnais viennent chercher à Niort et à Fontenay des marchandises et sans doute y apporter leurs spécialités, comme les épices, tel cet Étienne Normand, « marchand fréquentant les foyres et marchés », natif de Lyon54. Les foires de Lyon servent aussi, comme pour le reste de la France, de termes de paiement55.
19Les marchands du Sud-Ouest sont assidus à Niort et à Fontenay, les Bordelais, bien entendu, en presque voisins, les Languedociens, fournisseurs de pastel et de quelque peu de laine qui transitent par Bordeaux, et acheteurs de toiles et draps qu’ils redistribuent ensuite dans leur région et en Espagne56, quelques Gascons, et surtout des Basques et des Béarnais57. Ils sont originaires de Bayonne, de Saint-Jean-de-Luz, d’Oloron, de Nay ou de Mauléon, que tel notaire situe en Béarn58, alors que son prédécesseur, peut-être sous la dictée du marchand, n’avait aucun mal à localiser cette cité : « Mauléon en Sola, diocèse de Loron59. » C’est surtout en tant qu’intermédiaires des Espagnols qu’ils interviennent, comme nous le verrons plus bas : ils vendent de la laine, ou du pastel, et achètent surtout des toiles.
20En somme, ce sont les marchands d’une grosse moitié ouest du pays qui se retrouvent sur les bords de la Sèvre et de la Vendée ; en sont absents, si notre documentation ne nous trompe pas, Champenois et Picards, Dauphinois et Provençaux : pour ces derniers au moins, la proximité de Lyon explique sans doute cette absence60. Quelques étrangers sont également signalés, Portugais, Italiens Flamands, Anglais et Espagnols61.
Marchands navarrais aux foires du Poitou
21Les Navarrais, et en particulier les marchands de Pampelune, avaient des relations très étroites avec La Rochelle, qui semble être la ville française avec laquelle ils pratiquent les échanges avec le plus d’assiduité62. Cela d’ailleurs ne manque pas de poser certains problèmes dans la seconde moitié du siècle, lorsque La Rochelle devient un bastion du calvinisme et que la nouvelle religion se répand aussi dans l’ensemble du Bas-Poitou. C’est ainsi que le 1er avril 1568 les 49 balles de laine que Lorenzo Vicente, marchand de Tudela, avaient envoyées à La Rochelle, à Marc Pineau, son facteur, furent prises par les huguenots dans l’entrepôt de ce dernier et durent payer une rançon, ainsi que le déclare ledit Pineau :
« Debe por el libramiento de las dichas balas de lana que fueron tomadas el primer día de abril de 1568 por fuerça, y quebradas las puertas por más de 150 arcabuzeros por mandado del senor de Sant Ermina ; han costado por el rescate de las dichas balas y hazerlas bolber a la lonja a cinco libras por bala63. »
22Mais ces malheureuses laines n’en avaient pas fini avec les huguenots puisque 29 balles d’entre elles furent prises à Fontenay, lors de la foire de la Saint-Pierre, et de nouveau à La Rochelle : « En lo de las dichas 29 balas restantes, ellas an seydo llebadas y tomadas por fuerça, assi en Fontanay y en la casa de madama de Marsan como en las casas de mi senor padre de La Rochela64. » Et cela, malgré les précautions prises, comme la vente fi ctive de la laine à Martinon de Sociondo, « para solo effecto de que estubiesen seguras les dichas sacas en Rochela en nombre de dueño francés y no d’español65 » et l’envoi dudit Sociondo à La Rochelle pour mettre les laines en sûreté, sans réussite d’ailleurs, puisque lui aussi fut pris par les huguenots et dut payer une rançon de 500 livres66 !
23Ces renseignements figurent dans plusieurs procès ouverts suite au décès de Pelegrin d’Albagnio, notable marchand lucquois de La Rochelle67 ; celui-ci avait été fortement rançonné par les huguenots qui dominent la ville, ce qui a entraîné un fort désordre dans ses affaires, sa fortune ayant été « robada y perdida » ainsi que le déclare son frère Andrea qui ajoute :
« Y esso an sido causa las malas guerras, que de otra manera el dicho mi hermano estaba rico como parece por un libro suyo del año de sesenta y siete, sino que lo an tratado de tal manera que hallamos que la azienda se a disminuido en más de sesenta mil libras y lo demás que se a hallado es poca cosa y en manos de enemigos68. »
24À partir de ces procès, et de quelques autres, ainsi que de la documentation provenant des notaires d’Oloron, nous pouvons nous faire une idée assez précise de la participation d’Espagnols aux foires du Poitou.
25Et en premier lieu, qu’allaient-ils y chercher ?
26Les extraits de livres de comptes qui sont produits par les diverses parties aux procès navarrais nous renseignent avec suffisamment de précision sur ce point69. Ce que vont chercher les Navarrais à Niort et à Fontenay, ce sont des tissus, essentiellement des toiles, accessoirement des draps, du papier, des cardes, des aiguillettes. Les tissus proviennent des zones que nous avons déjà délimitées, c’est-à-dire de Laval, de Bretagne, d’Anjou et du voisinage (Châtellerault) ; il semble que les draps les intéressent moins. Cependant, l’inventaire de la boutique d’un marchand de Pampelune daté de 1501, mentionne, à côté des lavals, bretagnes et d’autres nombreuses variétés, des draps de Niort, Mouilleron et La Châtaigneraie70, draps qui sans aucun doute avaient été achetés lors d’une de nos foires. Et, en 1571, Juan Ramírez achète de grandes quantités de droguets, draps de basse qualité, sans doute fabriqués dans la région de Fontenay, car on ne nous précise pas leur lieu d’origine. Il est probable aussi que les qualités ont varié au cours du siècle, en fonction de la demande et des opportunités du marché. Mais notre documentation ne nous permet pas de suivre cette évolution.
27Les Navarrais apportaient des laines de leur royaume et d’Aragon ; celles-ci étaient vendues à La Rochelle, ou aux foires 71 et grâce à l’argent, ou plutôt aux cédules ainsi obtenues, ils pouvaient acheter, toujours à crédit, les toiles et draps dont ils avaient besoin. Mais comme les vendeurs de toiles n’étaient pas intéressés par la laine, les échanges ne pouvaient se faire directement ; il fallait souscrire des reconnaissances de dettes (cédules) payables à la foire ou aux foires prochaines72. Ces cédules servaient à payer les achats de toiles ainsi que le montre cet article du livre de comptes de Juan Ramírez :
« En 25 de otubre [1571] 500 £ tornesas : lo ago deudor por Jaques Ronbot de Cerese por una cédula del dicho consignada a dicho Ramírez, las quales son por sus lanas vendidas, que dicha cédula la dió a Juan Ruleo a pagar 300 £ a la sant Andrés y 200 £ a la sant Agada próxima venidera73. »
28Parfois, une partie était payée comptant et il est possible que les marchands de La Rochelle aient joué le rôle de fournisseur de liquidités, comme les d’Albagnio qui avancent certaines quantités à Juan Ramírez, aussi bien pour payer partie de ses achats que pour payer les frais de transports, taxes diverses, séjour du susdit à La Rochelle ou à Fontenay. Ainsi, le 22 octobre 1571, ils paient 32 £ 14 sous au maître du navire de Saint-Jean-de-Luz qui a apporté les laines, le 23, 314 £ 12 sous à Blaise Favier, marchand de Thiers et ce même jour 152 £ à Jacques Gallays de Cholet (reste de compte)74.
29Le troc était possible, mais il fallait passer par un tiers : ainsi, les d’Albagnio donnent des toiles à Ramírez en échange de 14 sacs de laine de troisième qualité75. On voit même des cas où ces échanges ont lieu loin des foires, même s’il est certain que les laines sont destinées à La Rochelle et que les tissus proviennent de ces foires : c’est ainsi qu’en mars 1556, en échange de 300 sacs de laine de Navarre, Sancho de Abaurrea, de Pampelune, et Juanes de Echeverría, de Sare, en Labourd, ont fourni 12 fardeaux de mélinges, 12 fardeaux de bretagnes, 4 fardeaux de lavals et une caisse de cartes, à livrer à la frontière entre la France et la Navarre76. En une autre occasion, ce sont 76 sacs qui sont échangés contre 12 fardeaux de bretagnes, toujours à la frontière : « En la raya entre Vera y Sara77. » Le même Sancho reçoit 305 sacs de laine d’un autre marchand de Pampelune, Carlos Cruzat, et lui donne en échange 300 charges de pastel acheté à son associé Pierre Assézat, de Toulouse, et, en contrepartie de 50 desdits sacs, des tissus (lencería) qu’il doit acheter « en la feria de Sanpier de agosto que se haze en Fontenay » et livrer le 10 septembre à Pampelune78. Bien que Cruzat lui ait commandé seulement des rouens écrus et des linos, Sancho a acheté des rouens blancs, des lavals, des brins d’Angers et des châtelleraults, d’où un nouveau sujet de litige entre les deux hommes79. La guerre entre les deux pays qui a repris en 1552 n’empêche donc pas les échanges, mais ceux-ci se font sous le régime du monopole qui a été accordé par le prince Philippe, en juin 1552, à une compagnie de marchands de Burgos, dirigés par Miguel de Zamora, appelée « compagnie du sauf-conduit80 ». D’ailleurs, une partie des procès dont sont tirées ces informations résultent de poursuites engagées contre ceux qui, comme Sancho de Abaurrea, ont essayé de contourner ce monopole, parfois en obtenant des licences du vice-roi de Navarre81. C’est aussi essentiellement en toiles que Juan Viguier, marchand de Logroño (sans doute un Français comme son fondé de pouvoir, Giraldo Puget, de Miranda de Arga), a payé, pendant l’hiver 1594-1595, les 415 sacs de laine qu’il a achetés à Pedro de Calatayud, marchand de Tafalla, pour une valeur de 5 000 ducats, marchandises qu’a reçues Joseph de Calatayud, marchand d’Estella, frère de Pedro : 25 fardeaux de lavals, 6 de rouens, 6 de brins, 9 de mélinges, des droguets, futaines sans oublier le fil, les cartes, les rames de papier commun et de Thiers, etc.82.
30Les Béarnais et les Basques participaient aussi à ce commerce, seuls ou en tant qu’associés des Navarrais, à qui ils achetaient la laine et avec qui ils pouvaient, à l’occasion former des compagnies83. Ainsi Auger Logras, de Saint-Jean-Pied-de-Port, qui est tenu de payer à Gilles Barbin, de Laval, 785 livres en vertu d’une cédule passée à Fontenay-le-Comte, le 7 août 1539, et à François Launay, toujours de Laval, 315 livres et quelques sous, en vertu d’une obligation passée à Niort, le 7 octobre 1539, le tout en raison de la vente de toiles. Il promet de s’acquitter de ces sommes en trois paiements : 400 livres à la Saint-Pierre d’août 1541, payées en laines fines d’Aragon et le reste en deux paiements aux foires de Saint-Pierre de 1542 et 154384. Le pastel est également utilisé comme monnaie d’échange comme en témoignent les transactions effectuées par Honorable Homme Bertrand Castanhède et son fils Guiraud Dunogué, d’Oloron, dans le but de solder les nombreuses dettes qui les accablent, mais cela ne suffi ra pas à leur éviter la faillite.
31Le père, jurat de la ville, doit, en 1546, à divers marchands de Mortagne, dont Pierre Chouet, 1 053 livres pour vente de toiles ; il promet de s’acquitter en 96 charges de pastel, à 11 livres chacune, livrables à la foire de Saint-Martin de Tours et à la Saint-Pierre de Fontenay85. Lui-même et son fils doivent 102 livres 12 sous à deux marchands de Noyon, toujours en Perche dont ils s’acquitteront de même : 9,5 charges de pastel livrables à Fontenay86. Les mêmes doivent encore à Jean Delacroix, de Rouen, 1 108 livres : ils s’engagent à livrer à Bordeaux 208 balles de pastel, valant 5,5 livres chacune87. Enfin, Guiraud Dunogué, seul cette fois, s’engage à envoyer à Bordeaux, pour René Rousseau, marchand de Laval, 113 charges de pastel (à 10 livres chaque) pour régler une autre dette88. Mais, leur crédit étant sans doute épuisé, au moins celui de Guiraud, ce dernier ne put s’acquitter de cette dernière obligation et le 10 janvier 1548, René Rousseau fit vendre aux enchères les 133 charges de pastel. À cette occasion, quelques précisions sont apportées sur les dettes de Dunogué : elles s’élevaient à près de 2 200 livres pour 8 paquets de toiles, achetées le 7 mars 1544 et payables à la Saint-Pierre de cette même année et 5 paquets pris à la grande Saint-Jean89.
32Outre le pastel et les laines, d’autres denrées ont été utilisées : en 1528, Arnauton de Mongelos a fourni à son associé Juan de Barrendi, de Saint-Palais, pour effectuer les achats à Niort et à Fontenay, à côté de 215 sacs de laine, trois quintaux de poivre90. Mais dans la deuxième moitié du siècle, le pastel disparu et le poivre ayant perdu beaucoup de sa valeur, il est probable que la laine reste la seule monnaie d’échange.
33C’est normalement par la voie fluviale et maritime que les marchandises gagnaient Saint-Jean-de-Luz, soit le plus souvent par la Sèvre et La Rochelle, soit par la Gironde, et le port de Blaye91. Mais la voie de terre était également utilisée ainsi que le montrent les comptes de Juan de Barrendi pour l’année 152892. Celui-ci fait transporter ses ballots de toiles sur des bêtes de somme entre le Poitou et Saint-Jean-Pied-de-Port et le coût n’en est pas prohibitif : de 5 à 8 % de la valeur de la marchandise93. Certes, en période de guerre entre la France et l’Espagne ce transport n’était pas sans danger, les muletiers dudit Barrendi ayant été arrêté une fois à Hagetmau et une autre fois à Saint-Sever (ou à Sorde, selon un autre témoignage) par l’archevêque de Bordeaux, lieutenant du roi en Guyenne, lequel prétendait (à juste titre) que la marchandise appartenait à des Navarrais94. Mais, comme les corsaires infestaient la mer, la marchandise était peut-être plus en sécurité par la voie terrestre, ou du moins plus facile à récupérer en cas de difficulté.
34Arrivées en Espagne, les marchandises étaient alors vendues à de marchands grossistes qui se chargeaient de leur redistribution ; c’est ainsi que Juan Rogel, Miguel de Ciauriz et Lope d’Echebelz, de Pampelune, ont acheté pratiquement toute la marchandise de Juan Ramírez, le reste ayant été acquis par un marchand de Logroño (aiguillettes et fils) et un autre de Sanguësa, en Navarre (399 cuirs échangés contre de la laine)95. Des envois vers Medina del Campo sont également signalés, comme celui de 79 charges de toiles blanches et écrues achetées à la petite Saint-Jean 1553, transportées jusqu’à Bayonne, puis à Pampelune d’où elles sont expédiées à Medina et dont on ne saura jamais, tant les témoignages sont contradictoires, si elles ont été tachées avant d’arriver à Bayonne ou sur le trajet Pampelune-Medina, effectué en plein mois d’août, un mois très pluvieux pour les uns, très chaud pour les autres96.
35Le rôle joué par les foires du Poitou dans les échanges franco-espagnols au xvie siècle ne peut être mis en doute ; il est probable que l’excellente situation des villes de Fontenay et de Niort, à mi-chemin entre les zones productrices de toiles (Maine, Anjou, Bretagne, etc.) et le Nord de l’Espagne, la proximité de La Rochelle, dont les relations avec la Navarre sont anciennes et constantes, les besoins en laine de l’industrie textile du Haut-Poitou, les liens de ces foires avec celles de Lyon, la forte demande des consommateurs espagnols sont les facteurs qui ont contribué à dynamiser et à perpétuer les relations entre le nord de la péninsule et ces lieux d’échange. En effet, il me semble que la vitalité de ces foires, au xvie siècle, n’est que le reflet de l’intensité des relations franco-espagnoles : celles-ci sont d’une telle nécessité que même pendant les guerres, qu’il s’agisse du perpétuel conflit franco-espagnol jusqu’en 1559 ou des guerres de religion par la suite, les marchands s’y retrouvent, les bénéfices de ce commerce étant sans doute suffisamment attractifs pour passer sur les inconvénients qui découlent de ces conflits. La façade atlantique est tout entière animée par ces échanges comme le montre clairement la bonne santé des foires du Poitou.
Documents concernant les foires du Poitou
ANNEXE I
Achats de Juan de Barrendi aux foires du Poitou en 1528 97

ANNEXE II
36Achats de Bernard de Bénéjacq et Joan de Zabalza, pour le compte de Carlos de Lizarazu, de Pampelune, à la petite Saint-Jean 1553 98
37Brins d’Angers : 82 fardeaux ; brins de lin : 36 fardeaux ; lavals : 38 fardeaux ; rouens : 2 fardeaux.
ANNEXE III
38Ventes de laine (1571) 99
39(ARN, Procesos, 28380, f° 53)
40« El senor Juan Remirez a de haver en 15 de abril 1571 1216 L 4 s tornesas : son por la benta de 27 sacas de sus lanas bendidas a Dandrés de Bergery de Sant Tomé 100 a 46 £ la saca de contado que con el manquo de peso balen coanto e dicho ;
41En primero de julio, 630 £ tornesas, son por 15 sacas de sus lanas que el dicho senor Remirez nos a bendidas a 42 £ la bala ;
42En dicho día, 636 £ tornesas : son por 12 balas de sus lanas bendidas a Pedro Joliberto, de Molheron101, a 53 £ la saca, a pagar a la grant san Juan y sant Pedro de agosto ;
43En dicho día, 636 £ : son por 12 sacas de sus lanas bendidas à Graches 102 Rambot de Cerese 103 a pagar como de sobra e dicho ;
44Y 34 sacas de dichas lanas que el dicho senor Ramírez bendió a monsenor de Corella 104 estando aquy el mesmo las coales trocado en mercaderías y zédulas dadole a rescotere a 55, que el dicho senor Remírez las sevy 105 el todo ;
45En 3 de settiembre 500 £ : son por 10 sacas de sus lanas castillos fi nos bendidas a Jaques Rambot a 50 £ cada saca a pagar 300 £ a la feria de la sant Andrés y 200 £ a la santa Agata benydera ;
46En dicho día, 600 £ : son por 12 sacas de dichas lanas bendidas al sobredicho Jaques Rambot a 50 £ la saca, a pagar a la feria de la peqena sant Juan ;
47En 8 del dicho, 1 654 £ 4 tornesas : son por 40 sacas de dichas lanas vendida, a saber, 19 sacas fine castillos y 6 sacas secondas a 44 £ la saca y 18 sacas de dichas secondas a 41 £ la saca, de las quales hay refayción de 60 £ 12 s 6 por montamiento de 224 libras de lana de pesso, vendidas a Andrés de Vergeri, de Fontané, a condiciones de 156 £ la saca que en todo hazen las dichas ;
48En dicho día 189 £ tornesas : son por 4 sacas de dicha lana vendida por él a Pedro Ganduard de La Chatanerea 106 a 48 £ la saca a pagar en la san Benant y sant Andrés, de las quales se le hizo de refación 3 £ por el peso que pesaron menos. »
ANNEXE IV
49Achats de Juan Ramírez aux foires de la grande Saint-Jean et Saint-Venant 1572
50(ARN, Procesos, liasse 223453, f° 97 v° et 98)
51« Compras echas por Juan Remírez en la feria de la gran san Juan en Fontanay para la companía de lo procedido de las 180 sacas bendidas en Rochela y de lo que más a traido para la companía, es lo siguiente :
- 500 £ 8 s. por tanto costaron dos fardeles de nabales comprados de Rober Simón, vezino de Labal que a 21 reales la £ balen 215 ducados 8 reales107 ;
- 114 £ 7 s. 6 por el coste de un fardel de brines rollados comprados de Jaques Gales108, de Cholet ;
- 302 £ 8 s por tanto costaron 29 pieças droguetes damascados ;
- 36 £ 15 s por tanto costaron 5 pieças droguetes damascados ;
- 236 £ son por tanto costaron 80 paquetes de agujetas de Amort109 ;
- 832 £ 16 s 9 son por tanto costaron las mercaderías que dió Juan Nicolas, senor de Corella, vezino de Rochela, a troque de sacas ; […]
- 203 £ son por tanto costaron 19 pieças de droguetes que se compraron en la feria de la san Benant de Jaques Bernié, de Bersiera110, en Fontanay, y lo de arriba es de otra jornada111 ;
- 86 £ 7 s por tanto costaron 9 pieças droguetes damascados ;
- 68 £ 14 s son por tanto costaron 7 pieças de droguetes damascados comprados de Jaques Jaubin ;
- 12 £ son por tanto costaron dos pieças droguetes comprados de Leon Remon ;
- 200 £ 15 s son por tanto costaron 73 paquetes de agujetas comprados de Juan Jandelier, de Niort ;
- 595 £ 17 s 3 son por tanto costaron ciertas mercaderías compradas de Blas Fabier, de Tiart112 ;
- 1031 £ 19 s son por tanto costaron 4 fardeles de nabales, comprados de Guilaume Labalur, vezino de Labal113 ;
- 460 £ 7 s 6 son por tanto costaron 3 fardeles de brines rollados comprados de Jaques Gales, de Cholet ;
- 2593 £ 10 s son por tanto costaron 399 cueros indianos al pelo comprados de Juan Roleo, vezino de Rochela114 ;
- 522 £ 17 s 6 son por tanto costaron 4 fardeles de brines rollados [que] se compraron de Andrea de Albano115 ; 18 £ 6 s 4 son por tanto costaron tres pieças droguetes que tomó [de] Andrea de Albano entonces el coste de todas las mercaderías echas por el dicho Juan Remírez en las ferias de Puito 4 259 ducados 36 reales. »
Notes de bas de page
1 Gascon R., Grand commerce et vie urbaine au xvie siècle. Lyon et ses marchands, Paris, SEVPEN, 1971, 2 vol.
2 Benoist A., « La vie économique à Niort aux xvie et xviie siècles », Histoire de Niort, des origines à nos jours, Poitiers, Projet éditions, 1987, p. 168-169, qui s’appuie notamment sur Papinot J.-C., Niort et ses bourgeois au xvie siècle, thèse pour le doctorat d’État, dactylographiée, université de Poitiers, 1975, 406 p.
3 De Mayerne-Turquet T., Sommaire description de la France, Allemagne, Italie et Espagne avec la guide des chemins et postes, Rouen, Claude Le Villain, 1624, p. 357, cité par Trocmé É. et Delafosse M., Le commerce rochelais de la fin du xve siècle au début du xviie, Paris, Armand Colin, 1952, p. 144.
4 Archivo General y Real de Navarra (ARN désormais), Procesos, n° 36935, f° 10 (1557).
5 Ibid., f° 6.
6 Archives départementales de Vendée (ADV dorénavant), 3 E 35_02 à 3 E 35_15 pour le xvie siècle (site : archives.vendee.fr).
7 Archives départementales des Deux-Sèvres (ADDS dorénavant), 3 E 16797-16885, 3 E 3350-3366, 3 E 16780-16793.
8 Papinot J.-C., op. cit., p. 145-219.
9 En 1580, la foire de la Sainte-Agathe fut supprimée (ibid., p. 358).
10 ADV, 3 E 35_10, n° 229 (archives consultées sur Internet : j’indique le numéro de la vue) (Fontenay, 6-03-1589).
11 Chassagne S., « Essai d’analyse d’un marché : l’exemple des foires du Poitou », Acte du Congrès des Sociétés savantes, Nantes, 1972, t. II, p. 137-151 ; Histoire de Niort…, op. cit., p. 175-179.
12 ADV, 3 E 35_05, n° 47 : dette de Louis Brunet, marchand de Vic-Fezensac « en Guascougne » envers Nicolas Brunaud, d’Orléans (Fontenay, 13-10-1576).
13 ADV, 3 E 35_02, n° 243, Fontenay, 1-03-1537 : cédule de 845 livres due par un marchand de Mauléon (en Soule) à un marchand d’Orléans, datée du 24-02-1534.
14 ADV, 3 E 35_6, n° 96 (Fontenay, 4-08-1578).
15 ADDS, 3 E 16809 (Niort, 19-03-1544).
16 ADV, 3 E 35_02, n° 531 : vente de 26 balles de pastel par un marchand de Montauban à un marchand de La Meilleraye (Fontenay, 14-10-1540).
17 ADDS, 3 E 16809 (Niort, 9-02-1546).
18 ADDS, 3 E 16824, f° 60 (Niort, 22-10-1555) et 170 (Niort, 8-12-1555).
19 ADDS, 3 E 16809, f° 54 (Niort, 6-01-1546) et 161 (Niort, 23-03-1546).
20 ADDS, 3 E 16797, f° 14 (Niort, 8-05-1534).
21 ADV, 3 E 35_06, n° 96 (Fontenay, 4-08-1578).
22 ADV, 3 E 35_17, n° 30 (Fontenay, 18-10-1603).
23 Petite ville d’où provenaient les toiles appelées monlebreles en castillan.
24 Sur les toiles produites dans l’Ouest de la France, on se reportera à Girard A., Le commerce français à Séville et Cadix au temps des Habsbourg. Contribution à l’étude du commerce étranger en Espagne aux xvie et xviie siècles, Paris/Bordeaux, De Boccard/Féret, 1932, p. 338-357 ; Lapeyre H., Une famille de marchands : les Ruiz. Contribution à l’étude du commerce entre la France et l’Espagne au temps de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1955, p. 508-513 ; Touchard H., Le commerce maritime breton à la fin su Moyen Âge, Paris, Les Belles Lettres, 1967, carte p. 409 ; également, Casado Alonso H., « Le commerce des “marchandises de Bretagne” avec l’Espagne au xvie siècle », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 107, 2000, n° 2, p. 29-50. Pour l’ensemble des produits du commerce, Gascon R., Grand commerce…, op. cit., t. I, p. 55-140 ; rappelons que les produits « lyonnais » étaient redistribués dans l’ensemble du royaume.
25 Rabelais, Œuvres complètes, Paris, NRF, 1965, p. 26.
26 Delafosse M., « Marchands du Bas-Poitou et laines espagnoles à La Rochelle aux xve et xviie siècles », Revue du Bas-Poitou, 1951, p. 169-174.
27 ADDS, 3 E 16809 (Niort, 19-03-1544).
28 ADDS, 3 E 16798 (Niort, 6-05-1537) ; sur les de Villiers, voir Papinot J.-C., op. cit., p. 255-259.
29 ADDS, 3 E 3350, f° 129 (Niort, 7-02-1557). Les draps de Niort et plus généralement du Poitou étaient vendus en grande quantité aux foires de Lyon (Gascon R., op. cit., p. 70 et Papinot J.-C., op. cit., p. 171).
30 ADV, 3 E 35_16, n° 288 (Fontenay, 27-06-1602).
31 ADV, 3 E 35_13, n° 354 (Fontenay, 25-06-1595).
32 Les burats, draps grossiers, étaient fabriqués en Lyonnais et Forez (Gascon R., op. cit., p. 130).
33 Ce produit m’est inconnu comme le lieu de production (est-ce Coulaines, près du Mans ?).
34 Delafosse M., art. cit. ; Trocmé E. et Delafosse M., Le commerce rochelais…, op. cit., p. 90-91.
35 Exemples : ADV, 3 E 35_02, n° 336 (acheteur de Montigné, 26-06-1538), 3 E 35_07, n° 112 (La Châtaigneraie, 14-10-1581), 3 E 35_07, n° 280 (Cholet, 14-10-1582), etc. et Papinot J.-C., op. cit., p. 168-170.
36 Archives départementales de la Gironde, 3 E 4754, f° 168 v° et 169.
37 ADV, 3 E 35_02, n° 497 (Fontenay, 26-06-1540), n° 531 (14-10-1540) ; ADDS, 3 E 3350, f° 131 (Niort, 10-02-1557).
38 ADDS, 3 E 16809, f° 31, 54, 161 (le tout 1546).
39 Brumont F., « La commercialisation du pastel toulousain (1350-1600) », Annales du Midi, t. 106, n° 205, 1994, p. 25-40.
40 Papinot J.-C., op. cit., p. 175 sq.
41 ADDS, 3 E 3350 (Niort, 9-02-1558).
42 ADV, 3 E 35_15, n° 279 (« maroquins la plupart mouillés et vazeux », Fontenay, 25-06-1599).
43 Sur les aiguillettes et plus généralement le travail du cuir à Niort, Papinot J.-C., op. cit., p. 176-177.
44 Merle L., « Méthodes commerciales au xvie siècle », Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, 1961, p. 420-422 : 14 marchands auvergnats, surtout chaudronniers, doivent de l’argent au défunt Nicolas Giraud, marchand de Fontenay (12-10-1583).
45 Sur cet aspect, Papinot J.-C., op. cit., p. 213-217.
46 Trocmé E. et Delafosse M., Le commerce rochelais…, op. cit. et Delafosse M., « Marchands du Bas-Poitou… », art. cit.
47 ADV, 3 E 35_08, n° 174 (Fontenay, 2-12-1583, « 3e jour de la saint André »).
48 C’est le sieur Martinon de Sociondo, de Saint-Jean-de-Luz, qui envoie à La Rochelle de la laine destinée aux foires du Poitou en 1572, laine dont nous parlerons plus bas (ARN, Procesos, liasse 28380, f° 52 v°).
49 ADV, 3 E 35_08, n° 174 (Fontenay, 2-12-1583). Cette peste sévit encore plus fortement en 1584 (Papinot J.-C., op. cit., p. 231).
50 ADV, 3 E 35_15, n° 148 (Fontenay, 21-08-1598).
51 ADV, 3 E 35_09, n° 295 (Fontenay, 3-07-1587).
52 Les foires de Bretagne se tenaient dans la région de Pontivy (Lapeyre H., Une famille de marchands…, op. cit., p. 515) ; voir aussi Tanguy J., Le commerce du port de Nantes au milieu du xvie siècle, Paris, Armand Colin, 1956, p. 29-30.
53 Sur l’émigration des Auvergnats, voir les travaux d’Abel Poitrineau, par exemple, Les Espagnols de l’Auvergne et du Limousin du xviie au xixe siècle, Aurillac, Malrous-Mazel, 1985, 270 p. ou « Le migrant, l’Espagne et le notaire », Les Français en Espagne à l’époque moderne (xvie-xviiie siècles), Toulouse, CNRS, 1990, p. 139-153.
54 ADDS, 3 E 3350 (Niort, 9-02-1558).
55 Delafosse M., « Marchands du Bas-Poitou… », art. cit.
56 Brumont F., « La géographie du commerce des draps à Toulouse au milieu du xvie siècle », Annales du Midi, t. 113, n° 236, 2001, p. 497-508.
57 Brumont F., « Oloron, au centre du commerce des toiles de Laval au xvie siècle », Revue de Pau et du Béarn, 2005, p. 161-175.
58 ADV, 3 E 35_15, n° 233 (« Maulléon en Béart », Fontenay, 23-02-1599).
59 Entendez Soule et Oloron ; ADV, 3 E 35_02, n° 243 (Fontenay, 1-08-1537).
60 Mais J.-C. Papinot signale des Champenois et des Dauphinois sans dire s’ils sont nombreux ou non (op. cit., p. 165).
61 Ibid., p. 165.
62 C’est ce qui ressort de la lecture de l’ouvrage d’E. Trocmé et de M. Delafosse.
63 ARN, Procesos, n° 98112, f° 88.
64 Ibid., f° 88 v°.
65 Ibid., f° 135.
66 Ibid., f° 7.
67 Et non espagnol comme le croient E. Trocmé et M. Delafosse (op. cit., p. 67 et 89) ; voir ARN, Procesos, n° 223453 et 28380.
68 ARN, Procesos n° 223453, f° 51 : traduction en espagnol d’une lettre écrite en italien (f° 50) par Andrea Dalbagnio à Francisco de Ossago, marchand génois de Saragosse (19-12-1570).
69 Voir les annexes.
70 « Estranje de Niort, estranje de Molleron, paño negro de La Xatanerya » (ARN, Comptos, liasse 529, 1501).
71 Annexe III.
72 Annexe III.
73 ARN, Procesos, n° 28380, f° 54 v°. Jacques Rambot, drapier de Cerisay, Jean Rouleau, marchand de La Rochelle, à qui Ramírez a acheté des cuirs (annexe IV).
74 Ibid. (voir annexe IV).
75 Ibid., f° 54.
76 ARN, Procesos, n° 13292, f° 90-91.
77 Ibid., f° 130 v° (1555) ; Vera de Bidasoa en Navarre et Sare, en Labourd.
78 ARN, Procesos, n° 184687, f° 1 (obligation du 16-04-1554).
79 ARN, Procesos, n° 36935.
80 Brumont F., « La compagnie du sauf-conduit et le commerce franco-espagnol pendant la guerre (1552-1559) », communication au colloque tenu à la Casa de Velázquez en février 2006 (à paraître).
81 ARN, Procesos, n° 10050, 184687, 36935.
82 ARN, Procesos, n° 16006431 (décembre 1594-mars 1595).
83 Brumont F., « Oloron… », art. cit., p. 167.
84 Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques (ADPA, dorénavant), E 1771, f° 160 v° (31-051541).
85 ADPA, E 1776, f° 127 (1-06-1546).
86 Ibid., f° 127 v° (1-05-1546).
87 Ibid., f° 145 (10-07-1546).
88 Ibid., f° 146 (14-07-1546).
89 Ibid., f° 496-510 (janvier-février 1548).
90 ARN, Procesos, n° 13140 ; pour les achats, voir annexe I.
91 ADDS, 3E 16824, f° 60 et 170 (8-11 et 8-12-1555).
92 ARN, Procesos, n° 13140, Brumont F., « Oloron… », art. cit., p. 169.
93 Brumont F., « Oloron… », art. cit., p. 169.
94 ARN, Procesos, n° 13140.
95 ARN, Procesos, n° 223453, f° 100 (1571).
96 ARN, Procesos, n° 36843, f° 20, 40, 40 v°, 135, etc.
97 D’après ARN, Procesos, n° 13140. Abréviations : fx : fardeaux, qx : quintaux
98 D’après ARN, Procesos, n° 36843, f° 127.
99 D’après la copie du livre de compte de Juan Ramírez ; comme on le verra les copistes (ils sont deux) ont assez souvent commis des erreurs.
100 André Bergery, de Fontenay.
101 Pierre Jolibert, de Mouilleron (en Pareds, aujourd’hui en Vendée).
102 Sic pour Jacques.
103 Cerisay (aujourd’hui, chef-lieu de canton des Deux-Sèvres).
104 Sr Jean Nicolas, seigneur de Coureilles, sans doute beau-frère de Laurent Dirurosquin marchand navarrais installé à La Rochelle (Trocmé E. et Delafosse M., op. cit., p. 92).
105 Deve ?
106 La Châtaigneraie (aujourd’hui en Vendée).
107 Cette conversion étant effectuée pour chaque article et n’intéressant que l’étude du procès dont je tire ce document, je l’omets dans les articles suivants.
108 Jacques Gallays, assidu aux foires de Fontenay (ADV, 3 E 35_06, 13-10-1579 ; 3 E 35_07, n° 286, 15-10-1582 ; 3 E 35_08, n° 117, 4-10-1583).
109 Sic pour Niort.
110 Je n’ai pu localiser ce lieu.
111 Feria : barré
112 Blaise Favier, de Thiers.
113 Un François Labaleur, marchand de Laval est à Niort en 1546 (ADDS, 3 E 16809, f° 103, 9-02-1546).
114 Ces cuirs sont achetés en dehors des foires à Jean Rouleau, marchand de La Rochelle.
115 Andrea d’Albanio, marchand lucquois de La Rochelle, frère et associé de Pelegrin, dont la mort a ouvert les procès dont nous tirons ces données.
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