1 Thomas Rammell, “Report on the Cesspool System in Paris”, General Board of Health, Report on the Supply of Water to the Metropolis, Appendix 4, London, W. Clowes, 1850, p. 17-18 ; voir également Adolphe Mille, Assainissement des villes par l’eau, les égouts, les irrigations, Paris, Dunod, 1885, p. 99-100 ; et Henri Joseph Gisquet, Mémoires de M. Gisquet écrits par lui-même, 4 volumes, Paris, Marchant, 1840, vol. 4, p. 300-301.
2 A.-J.-B. Parent-Duchâtelet, « Rapport sur les améliorations à introduire dans les fosses d’aisances, leur mode de vidange, et les voiries de la ville de Paris », dans Hygiène publique, 2 volumes, Paris, J.-B. Baillière, 1836, vol. 2, p. 254-255.
3 A.-J.-B. Parent-Duchâtelet, « Recherches pour découvrir la cause et la nature d’accidens très graves développés en mer, à bord d’un bâtiment chargé de poudrette », dans Hygiène publique, vol. 2, p. 271.
4 Gisquet, Mémoires, vol. 4, p. 306-307.
5 Ibid., vol. 4, p. 308.
6 En 1844, le docteur Louis Roux voit en Montfaucon l’antithèse d’une administration saine (De Montfaucon, de l’insalubrité de ses établissements et de la nécessité de leur suppression immédiate, Paris, Delaunay, 1841, p. 4). Ce qu’il a pu y observer renverse, selon lui, toutes les normes régissant les rôles sexuels, les relations familiales et l’ordre naturel : « Pour comprendre Montfaucon et les chantiers d’équarrissage, et l’horreur qu’ils doivent inspirer, il faut se figurer une femme accoutrée en équarrisseur, tenant un couteau sanglant entre ses lèvres, pendant qu’elle en aiguise un autre à côté d’un cheval qu’elle va dépecer. Jamais les conceptions les plus hideuses des romanciers du charnier des Innocents n’ont rien produit aussi repoussant qu’une androgyne ainsi conformée. Ses pores exudent le meurtre, ses yeux respirent la férocité ; elle s’interrompt de temps à autre pour menacer du couteau son vieux père qui travaille un peu plus loin. Il serait difficile de dire au juste de combien de degrés une semblable créature est descendue au-dessous des animaux qu’elle dissèque » (p. 12-13, n. 1).
7 Ibid., p. 32 ; ce sont les chantiers d’équarrissage qui l’avaient le plus horrifié.
8 L’insistance sur le rôle des nouvelles techniques pour réhabiliter et discipliner Montfaucon rappelle certains projets contemporains touchant au monde carcéral ; voir Michel Foucault, Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975.
9 Pierre Giraud, Mémoire et projet sur les voiries, les boyauderies, les ateliers d’écarissage, les manufactures de brique et de carreau, les fabriques de vernis gras, de colle forte, de minium, des nitrières artificielles, Paris, 1809 ( ?), p. 7.
10 Ibid., p. 10.
11 Jules Garnier, Une Visite à la voirie de Montfaucon, Paris, Méquignon-Marvis Fils, 1844, p. 34.
12 Ibid., p. xii.
13 François Leuret, « Notice historique sur A.-J.-B. Parent-Duchâtelet » dans Hygiène publique, vol. 1, p. vi. Voir également Ann Fowler La Berge, “A.-J.-B. Parent-Duchâtelet : Hygienist of Paris, 1821-1836”, Clio Medica 12, 1977, p. 279-301.
14 Baron des Genettes, Éloge de M. Hallé, Paris, Didot le Jeune, 1822, p. 15.
15 Leuret, « Notice historique », vol. 1, p. vii.
16 Ibid., vol. 1, p. xii-xiii.
17 John Hubbel Weiss, The Making of Technological Man: The Social Origins of French Engineering Education, Cambridge, M.I.T. Press, 1982, p. 125.
18 Parent-Duchâtelet, « Recherches pour découvrir », vol. 2, p. 259-260.
19 Parent-Duchâtelet, « Rapport sur les améliorations », vol. 2, p. 396.
20 Ibid., vol. 2, p. 386.
21 Ibid., vol. 2, p. 392
22 A.-J.-B. Parent-Duchâtelet, « Des Obstacles que les préjugés médicaux apportent dans quelques circonstances à l’assainissement des villes et à l’établissement de certaines manufactures » dans Hygiène publique, vol. 1, p. 14-15.
23 A.-J.-B. Parent-Duchâtelet, « Rapport sur les nouveaux procédés de MM. Salmon, Payen et Compagnie pour la dessiccation des chevaux morts et la désinfection instantanée des matières fécales ; précédé de quelques considérations sur les voiries de la ville de Paris » dans Hygiène publique, vol. 2, p. 288-289 ; et « Rapport sur les améliorations », vol. 2, p. 354-355.
24 Ibid., vol. 2, p. 395, et Parent-Duchâtelet, « Des Obstacles », vol. 1, p. 15.
25 Jules Janin, « Les Égouts », Revue de Paris 34, 1836, p. 251.
26 Parent-Duchâtelet, « Des Obstacles », vol. 1, p. 49-50. Ces bourgeois étaient les ancêtres de ceux qui, à la fin du siècle, s’opposeraient à l’extension des champs d’épandage aux environs de Paris.
27 Ibid., vol. 1, p. 51-52.
28 Ibid., vol. 1, p. 12. Les médecins n’avaient pas bonne presse : trois ans plus tôt, pendant l’épidémie de choléra de 1832, la populace avait vu en eux les agents exterminateurs de la bourgeoisie.
29 Ibid., vol. 1, p. 51-52.
30 Parent-Duchâtelet, « Rapport sur les améliorations », vol. 2, p. 396-397.
31 Rammell, “Report”, p. 24.
32 J.-B. Monfalcon et A.-P.I. de Polinière, Traité de la salubrité dans les grandes villes, Paris, J.-B. Baillière, 1846, p. 75.
33 Mille, Assainissement, p. 123.
34 A. Alphand, Note du directeur des travaux de Paris. La Situation du service des eaux et égouts. Les mesures à proposer au conseil municipal, Paris, A. Chaix, 1879, p. 61 ; Aimé Girard, Rapport préliminaire présenté à la Commission d’assainissement pour servir de base à des délibérations sur la nocuité des établissements qui reçoivent ou manipulent les matières de vidange, Paris, Imprimerie nationale, 1880, p. 9.
35 Alphand, Note du directeur, p. 56 ; Eugène Belgrand, Les travaux souterrains de Paris, Paris, Dunod, vol. 5, p. 302 ; A. Durand-Claye, « L’Assainissement municipal de la Ville de Paris. Droits, devoirs et réformes », 1871, reproduction de manuscrit, Boston Public Library, p. 32-33.
36 Mille, Assainissement, p. 124-125 ; Léon Colin, Paris. Sa topographie, son hygiène, ses maladies, Paris, E. Masson, 1885, p. 229. Sur ces vingt-quatre décharges, dix-huit furent mises en service après 1850 ; dix produisaient du sulfate d’ammonium, voir Girard, Rapport préliminaire, p. 3-4.
37 Émile Raspail, Des Odeurs de Paris, 2e édition, Paris, 1880, p. 9-10.
38 Garnier, Une Visite, p. 5.
39 Girard, Rapport préliminaire, p. 1.
40 Parent-Duchâtelet, « Rapport sur les améliorations », vol. 2, p. 352, 366, 384, 386, 388, 390. Paradoxalement, l’utilisation de plus grandes quantités d’eau était susceptible d’aggraver la puanteur émanant des fosses d’aisances : les propriétaires étaient peu motivés pour faire les réparations nécessaires en cas de fuite, et par ailleurs il était noté que l’augmentation du volume d’eau dans les fosses favorisait la formation d’hydrogène sulfuré. Rammel note dans son rapport qu’à Paris, « l’odeur nauséabonde des fosses d’aisances semblait directement proportionnelle aux habitudes d’hygiène des habitants des maisons où elles se trouvaient » (“Report”, p. 6).
41 Émile Gérards, Paris souterrain, Paris, Garnier Frères, 1908, p. 486 ; Durand-Claye, « L’Assainissement municipal ».
42 Roger-Henri Guerrand, « Petite histoire du quotidien : l’avènement de la chasse d’eau », Histoire 43, mars 1982, p. 98-99.
43 Justus Liebig, Organic Chemistry in Its Applications to Agriculture and Physiology, trad. John Webster, Cambridge, Mass., John Owen, 1841, p. 188-189 ; Jean-Baptiste Boussingault, Économie rurale considérée dans ses rapports avec la chimie, la physique et la météorologie, 2 volumes, Paris, Béchet Jeune, 1844, vol. 2, p. 142-143.
44 Le terme tout-à-l’égout, désignant la méthode qui fut finalement retenue, fait référence à l’évacuation des eaux usées domestiques et des excréments humains par le même système. Voir Gérard Jacquemet, « Urbanisme parisien : la bataille du tout-à-l’égout à la fin du XIXe siècle », Revue d’histoire moderne et contemporaine 26, 1979, p. 505-508, ainsi que Roger-Henri Guerrand, « La Bataille du tout-à-l’égout », Histoire 53, février 1983, p. 66-74.
45 Ernestine A. Durand-Claye, Alfred Durand-Claye 1841-1888, Paris, Imprimerie Chaix, p. 11 ; Georges Eugène Haussmann, Mémoires, Paris, Victor-Havard, 1893, vol. 3, p. 115-117, 362-366 ; Edmond Badois et Albert Bieber, L’Assainissement comparé de Paris et des grandes villes de l’Europe, Paris, Baudry, 1898, p. 185.
46 Belgrand ajoutait que les ordures ménagères pourraient être débarrassées de la même façon, en installant des trémies dans les cours intérieures. C’est ainsi qu’à l’heure actuelle, dans certains centres urbains, par exemple à Disney World, l’évacuation des ordures s’effectue grâce à des systèmes de tubes pneumatiques souterrains ; l’appel d’air remplit la même fonction que l’eau de l’égout, évacuant les déchets tout en nettoyant le tube.
47 Haussmann développe son évaluation du tout-à-l’égout d’un point de vue technique dans Mémoire sur les eaux de Paris, Paris, Vinchon, 1854, p. 46, 52-53, 58-59 ; voir aussi Durand-Claye, « L’Assainissement », p. 57-58.
48 La décision du conseil municipal de Paris de soutenir le tout-à-l’égout, prise en 1880 et confirmée en 1883, s’accompagna d’une série de réformes touchant à l’enlèvement des ordures ménagères, entreprises à la suite de l’été particulièrement insalubre de 1880. Comme le tout-à-l’égout, ces mesures décidées par les autorités municipales au nom de l’hygiène publique empiétaient sur les droits des propriétaires individuels et menaçaient d’extinction le mode de vie de toute une corporation. En 1883 la ville imposa une taxe pour financer le balayage des rues, mettant ainsi fin à la responsabilité individuelle des propriétaires en la matière. Cette même année, le préfet de la Seine, Eugène Poubelle, rendait obligatoire l’usage de récipients à ordures distincts dans Paris (faisant le tri entre déchets putrescibles, papiers et chiffons, verre et faïence). Tandis que la première de ces mesures substituait un impôt à l’initiative individuelle, la seconde provoqua la colère des propriétaires bailleurs, des concierges et des chiffonniers, qui voyaient là une atteinte à leur liberté de récupérateurs. Certains chiffonniers trouvèrent à s’employer auprès de concierges lève-tard, se chargeant de sortir et de rentrer les poubelles en échange du droit de s’y servir en premier, ou comme éboueurs. Voir Catherine de Silguy, La Saga des ordures du Moyen Âge à nos jours, Paris, Éditions de l’Instant, 1989, p. 23-26.
49 Ministère de l’Agriculture et du Commerce. Commission de l’Assainissement de Paris. Rapports et avis de la Commission, Paris, Imprimerie nationale, 1881, p. 43-45.
50 AN F8208, « Renseignements recueillis sur l’état des égouts au point de vue des odeurs qu’ils répandent, par le Docteur Brouardel », présenté à la Commission d’assainissement de Paris, 7 octobre 1880.
51 M. Humblot, Les Égouts de Paris à la fin de 1885, Paris, Imprimerie Chaix, 1886, p. 57 ; et voir Parent-Duchâtelet, « Essai sur la cloaque ou égouts de la Ville de Paris » dans Hygiène publique, vol. 1, p. 165.
52 Jean de Mollins, Hygiène publique. Les eaux d’égout industrielles et ménagères, Lille, L. Danel, 1891, p. 119. Et quoi de plus ingénieux que la suggestion faite par Antoine Maurel d’amener par pompage de l’eau de mer à Paris à des fins sanitaires ? Un des avantages de cette solution, selon Maurel, serait de permettre à tous les Parisiens d’avoir accès aux « bains d’eau de mer », ce qui serait très profitable et permettrait rapidement de couvrir les frais d’installation. Assainissement des villes en général et de Paris en particulier par l’eau de mer, Nice, V.-Eug. Gauthier, 1894, p. 6-7.
53 Georges Bechmann, Salubrité urbaine. Distribution d’eau. Assainissement, 2 volumes, Paris, Ch. Béranger, 1899, vol. 2, p. 357.
54 Alain Corbin, Le Miasme et la jonquille, Paris, Aubier Montaigne, 1982, p. 264.
55 Louis Gauthier, Le Tout-à-l’égout et l’assainissement de la Seine par l’utilisation agricole des eaux d’égout de Paris, Paris, Georges Chamerot, 1888, p. vii.
56 Max de Nansouty, « Tout à l’égout ? – rien à l’égout ? », L’Illustration 100, 15 octobre 1892, p. 302.
57 Edward Conner, “The Paris Municipality and its System of Irrigating Land by Means of the City’s Sewage”, Land Magazine 4, 1900, p. 18, 22; « L’Assainissement de la Seine », L’Illustration 114, 15 juillet 1899, p. 48. Si en 1911, un cinquième des eaux d’égout se déversaient toujours dans la Seine, le reste était épuré par l’irrigation. Voir Will Darvillé, L’Eau à la ville, à la campagne et dans la maison, Paris, Librairie de la construction moderne, non daté, p. 466 ; Daniel Bellet et Will Darvillé, Ce que doit être la Cité moderne, Paris, H. Nolo, non daté, p. 124-125.
58 Georges Bechmann, Distributions d’eau et assainissement, 2 volumes, Paris, Baudry et Compagnie, 1898, vol. 1, p. 71.
59 Gabriel Dupuy, « La Science et la technique dans l’aménagement urbain. Le cas de l’assainissement », Annales de la recherche urbaine 6, janvier 1980, p. 11-12.
60 En 1905, plus de la moitié des immeubles parisiens avaient été raccordés au tout-à-l’égout, mais il allait falloir plusieurs décennies pour compléter le processus, voir Alphonse Gaston Colmet-Daâge, « Notice biographique sur Georges Bechmann », Annales des ponts et chaussées 7, série 5, 1927, p. 118. Voir aussi les souvenirs du photographe Brassaï [Gyula Halasz] : « Une nuit avec les vidangeurs de fosses », dans Le Paris Secret des année 30, Gallimard, 1976.
61 Bechmann, Notice sur le Service des eaux et de l’assainissement de Paris, Paris, Ch. Béranger, 1900, p. 335-338 ; Dupuy et Knaebel, Assainir, p. 22-23.