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Digérer la défaite

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Laurent Quinton

Première partie. Le poids d’une époque

Chapitre I. La captivité, objet de soucis et de récupérations

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Extrait du texte

L’absence prolongée d’un million et demi d’hommes crée une situation sans précédent dans la société française, même si la captivité de guerre est un phénomène connu depuis longtemps. Durant la Première Guerre mondiale, 446 300 Français ont été faits prisonniers de guerre1. Cette captivité, aussi importante fut-elle (1 captif pour 4 soldats morts au combat), n’a pas le même sens que celle de 1940. La captivité de la Grande Guerre était consécutive à des combats qui continuaient de se dérouler et non la suite d’une défaite générale d’une armée nationale : être captif en 1914-1918 pouvait alors être pleinement vécu comme un acte d’opposition – certes moins glorieux que le corps à corps du front – à l’ennemi allemand. Cela fut d’autant plus sensible que les conditions de captivité furent beaucoup plus dures qu’en 1940. La Convention IV de La Haye signée en 1907 ne garantissait pas une protection aussi efficace que celle de Genève, qui n’existait pas encore. Les mauvais traitements allèr...

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