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    Plan détaillé Texte intégral L’Union sacrée gouvernementale Un fonctionnement exécutif rationalisé Le régime en question Les archives Présidence de la République Présidence du Conseil Ministère de l’Intérieur Ministère de la Guerre Ministère de l’Armement et des Fabrications de guerre Ministère de la Marine Ministère du Blocus et des Régions libérées Ministère des Affaires étrangères Ministère des Travaux publics, des Transports et du Ravitaillement Ministère du Commerce Ministère du Travail Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Archives de la Grande Guerre

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Les gouvernements successifs

    Anne-Laure Anizan et Isabelle Chave

    p. 203-214

    Texte intégral Bibliographie BIBLIOGRAPHIE Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    1Cinq chefs de gouvernement dirigent les sept cabinets du temps de guerre. René Viviani est à la tête de deux cabinets (juin-août 1914 ; août 1914-octobre 1915), de même qu’Aristide Briand (octobre 1915-décembre 1916 ; décembre 1916-mars 1917). Alexandre Ribot, Paul Painlevé et Georges Clemenceau ne sont qu’une fois président du Conseil, suivant des temporalités bien différentes cependant : sept mois (mars-septembre 1917) pour Ribot, deux mois (septembre-novembre 1917) pour Painlevé, vingt-six mois pour Clemenceau, dont le gouvernement, constitué un an avant l’armistice, est encore pérennisé pendant quatorze mois une fois la paix retrouvée (novembre 1917-janvier 1920). L’Union sacrée reste une caractéristique majeure de la vie gouvernementale, jusqu’à ce qu’elle soit rompue un an avant la fin des combats. La sourdine longtemps mise aux querelles politiques favorise une transformation en profondeur du fonctionnement de l’exécutif. L’organisation gouvernementale s’adapte, notamment dans ses relations avec les autres organes du pouvoir, à l’émergence d’une guerre totale créant pour l’État de nouvelles responsabilités.

    L’Union sacrée gouvernementale

    2Le lendemain de la déclaration de guerre de l’Empire allemand à la France, l’expression « Union sacrée » est pour la première fois employée par le chef de l’État dans son message lu à la Chambre par le président du Conseil. Si la formule ne devient pas immédiatement d’usage courant, son esprit, incarné en un « triptyque1 » « adhésion à la patrie/trêve politique/contrat », se manifeste aussitôt. Le monde politique se rallie dans son ensemble à cette forme extrême d’union nationale : tout ce qui divise est désormais mis de côté.

    3À la fin du mois d’août, le nouveau ministère Viviani constitue la première traduction gouvernementale de l’Union sacrée : deux députés socialistes y entrent, Marcel Sembat (ministre des Travaux publics) et Jules Guesde (ministre sans portefeuille). La SFIO rompt avec le principe jusque-là intangible de non-participation à des gouvernements « bourgeois ». La participation socialiste atteint son acmé dans le gouvernement Briand formé en octobre 1915 : nommé sous-secrétaire d’État à l’Artillerie et aux Munitions, Albert Thomas se joint à Sembat et Guesde qui conservent leurs fonctions. Thomas, devenu ministre de l’« Armement et des Fabrications de guerre », est ensuite le seul socialiste membre du nouveau ministère Briand puis du cabinet Ribot. Les autres nouveaux ministres du gouvernement d’Union sacrée constitué à la fin du mois d’août 1914 – Briand, Alexandre Millerand, Ribot et Théophile Delcassé – même quand ils ont débuté leur carrière à l’extrême-gauche, s’en sont considérablement éloignés et expriment désormais des opinions nationalistes. Le président de la République souhaite que la droite traditionaliste soit représentée, par exemple par Albert de Mun, mais Viviani renonce à cette ouverture qu’il pense difficilement acceptable par la majorité des parlementaires. Les représentants du centre gauche ou du centre droit auxquels s’ajoutent des personnalités de la droite républicaine sont et resteront les pivots de gouvernements d’Union sacrée dirigés par l’un d’entre eux ; la proportion de radicaux, républicains socialistes, modérés de l’Alliance républicaine ou de membres de la Fédération républicaine devient bientôt par ailleurs l’unique variable d’ajustement.

    4En septembre 1917, Painlevé peine à établir une nouvelle combinaison. Les socialistes unifiés refusent qu’un des leurs figure aux côtés de Ribot, auquel ils ne pardonnent pas son refus des passeports nécessaires pour se rendre à la conférence de la Paix de Stockholm. Dans le même temps, le président de la République fait pression sur Painlevé pour qu’il conserve à Ribot son portefeuille des Affaires étrangères : à ses yeux, un gouvernement ne peut débuter en cédant à un chantage. Le maintien de Ribot conduit à la rupture de l’Union sacrée, gouvernementale d’abord, parlementaire ensuite : le gouvernement Painlevé, qui ne comporte pas de ministre socialiste, est le premier de la guerre à chuter sur un vote de défiance. Toutefois, bien que le divorce soit prononcé – pas de ministre socialiste dans le gouvernement Clemenceau, des interpellations déposées par l’extrême-gauche –, le pays ne connaît pas de troubles particuliers.

    5Finalement, hormis le changement politique majeur de l’automne 1917, les gouvernements successifs sont marqués par une stabilité rarement associée à l’histoire de la IIIe République. De fait, si sept cabinets se succèdent, plus des remaniements et encore des modifications apportées à chacune des combinaisons, bien des hommes politiques demeurent au pouvoir durant de longs mois, comme ministres de plusieurs gouvernements ou comme sous-secrétaires d’État promus ministres. Cette continuité à la tête de l’État favorise la rationalisation de son fonctionnement.

    Un fonctionnement exécutif rationalisé

    6Dès le début de la guerre, le fonctionnement de l’exécutif évolue tout à la fois pour enraciner l’Union sacrée, satisfaire les ambitions et rendre le travail gouvernemental plus efficace.

    7À la fin du mois d’août 1914, Viviani est le premier président du Conseil dans l’histoire de la IIIe République à se décharger d’un portefeuille. L’expérience n’est pas réitérée. En revanche, de nouveaux équilibres gouvernementaux apparaissent. Les présidents du Conseil se réservent les ministères devenus les plus prestigieux : les Affaires étrangères pour Viviani dans son premier gouvernement, puis pour Briand et Ribot ; la Guerre pour Painlevé et Clemenceau. Le ministère qui ne revient pas au président du Conseil est confié à une personnalité de premier plan : la Guerre, dans les gouvernements Viviani, à Adolphe Messimy puis Alexandre Millerand, dans les cabinets Briand, aux généraux Gallieni, Roques puis Lyautey, enfin, dans le ministère Ribot, à Painlevé ; aux Affaires étrangères sont nommés Ribot (gouvernement Painlevé) puis Stephen Pichon (ami personnel de Clemenceau, il ne dirige que formellement ce ministère). Les Finances, nerf de la guerre, la Marine, de plus en plus stratégique avec l’extension du front en Orient, l’Intérieur, toujours plus surveillé alors que la contestation gagne, les Colonies, qui constituent un réservoir d’hommes et de matières premières, sont également des ministères convoités.

    8Suivant Viviani, qui a institué un type nouveau de hiérarchie en nommant Guesde ministre sans portefeuille, Briand désigne cinq ministres d’État en octobre 1915. Ces personnalités éminentes, appartenant à tous les partis, disposent, en l’absence de portefeuille, d’une disponibilité censée leur permettre d’être des conseillers du gouvernement et de penser globalement la politique de guerre. Estimant que la prise de décision devient en réalité plus compliquée, Briand abandonne l’expérience lorsqu’il remanie son cabinet. Bien que Ribot ne juge pas non plus nécessaire au printemps 1917 de reprendre cette pratique, Painlevé, qui manque d’autorité et recherche le plus large soutien partisan et celui de la Chambre haute, nomme jusqu’à cinq ministres d’État. Clemenceau ne s’en encombre pas dès lors qu’il entend gouverner de manière plus autoritaire avec un gouvernement resserré composé de personnalités effacées (ainsi Jules Pams, nommé à l’Intérieur). Le même président du Conseil multiplie en revanche les fonctions de commissaires détenant par délégation de l’exécutif les moyens de faire appliquer leurs décisions. Il trouve là une voie pour étendre son pouvoir sur des affaires qu’il veut contrôler.

    9Institué par Briand fin 1916 – suivant le vœu de la Chambre qui suggérait de s’inspirer du War Cabinet britannique – le comité de guerre reflète les nouvelles hiérarchies ministérielles. Le fonctionnement et les attributions de ce comité sont officiellement définis lors de la formation du ministère Painlevé. Le nouvel organe gouvernemental étudie, prépare et soumet à l’approbation du Conseil des ministres les questions d’ordre général concernant la conduite de la guerre. Gratifié d’un pouvoir de décision sur les autres affaires, il peut rendre compte au Conseil des ministres de faits actés, ainsi pour l’intervention française en Italie à la suite de la défaite de Caporetto. Sous la présidence du chef de l’État, il réunit le président du Conseil, ministre des Affaires étrangères puis de la Guerre, et les autres ministres de la défense nationale assistés des ministres d’État. Les chefs d’État-Major généraux de la Guerre et de la Marine y ont voix consultative. Clemenceau, qui maintient l’institution, y fait aussi participer les ministres des Finances et du Blocus.

    10La recherche de rationalisation dans la prise de décision gouvernementale conduit encore Painlevé à créer un conseil économique chargé de hiérarchiser les besoins et d’arbitrer les demandes (Commerce, Agriculture, Colonies, Transports, Armement, Ravitaillement et Finances le composaient). Afin de coordonner l’action gouvernementale, de préparer au mieux les conseils des ministres et de suivre les travaux parlementaires, il institue également un secrétariat général à la présidence du Conseil. Bien que l’institution reste éphémère (Clemenceau supprime ce service pour le remplacer par un sous-secrétariat destiné à servir politiquement le chef du gouvernement), elle constitue une étape importante dans l’histoire de l’organisation et donc de l’autonomisation de la présidence du Conseil.

    11La création de nouveaux sous-secrétariats d’État, parfois transformés en ministères, montre également l’adaptabilité de l’exécutif à la guerre moderne. Elle vise aussi à décharger de dossiers complexes les ministres de la défense nationale. Viviani nomme au cours de l’année 1915 des soussecrétaires de l’Artillerie et Munitions, du Ravitaillement et de l’Intendance, du Service de santé, de l’Aéronautique militaire. Dans le ministère Briand formé en octobre 1915, un ministère de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Inventions intéressant la défense nationale est créé. En décembre 1916, le gouvernement Briand comporte les ministères Armements et Fabrications de guerre, Travaux publics, Transport et Ravitaillement. Les présidents du Conseil suivants font de même, tantôt introduisant de nouveaux sous-secrétariats – dans le ministère Ribot, celui des Inventions intéressant la défense nationale ou celui du Blocus –, tantôt précisant des intitulés – des sous-secrétariats à l’Aéronautique militaire et maritime ou au Blocus et aux Régions libérées apparaissent dans les ministères Painlevé ou Clemenceau.

    12De nouvelles directions viennent encore préciser ces évolutions. Bien que les rivalités n’aient pas disparu entre les administrations, un mode de gouvernance plus technicien est plébiscité. Près de trois cents comités, commissions ou offices, dont plus de quatre-vingt rattachés au ministère de la Guerre, permettent de soulager l’administration centrale et de recourir à de nouvelles compétences. Afin de répondre aux nécessités créées par l’état de guerre tout en élaborant des projets de réforme pour l’après-guerre, certains ministres introduisent par ailleurs dans les cabinets, et plus généralement dans les ministères, un personnel recruté en dehors des filières administratives habituelles : Painlevé ou Thomas choisissent des universitaires ; Étienne Clémentel (Commerce, Industrie et Agriculture) a recours à des centraliens et Louis Loucheur (sous-secrétaire d’État puis ministre des Armements et des Fabrications de guerre) à des polytechniciens. Tous pensent à de nouveaux liens entre l’État, le monde de la science et le capitalisme ; leurs pratiques, leurs projets se concrétisent par des réformes majeures dans l’après-guerre.

    Le régime en question

    13Partis pour Bordeaux alors que Paris risque de tomber aux mains allemandes, exécutif et législatif regagnent la capitale en décembre 1914. Le retour sur les lieux traditionnels du pouvoir n’est pas synonyme d’un fonctionnement institutionnel ordinaire.

    14L’exécutif s’avère bien plus bicéphale qu’il ne l’a été depuis les années 1880. Le président de la République entend jouer un rôle majeur à la tête de l’État, non seulement en utilisant ses pouvoirs constitutionnels, mais encore en jouant de son influence. En accord avec le gouvernement Viviani, Poincaré a, par son message à la Chambre, formalisé l’Union sacrée. Dès février 1915, en acceptant de recevoir des délégations parlementaires – procédure inhabituelle, frôlant l’inconstitutionnalité – il s’est institué arbitre dans les relations conflictuelles opposant les commissions parlementaires au gouvernement. Lorsqu’il nomme les présidents du Conseil, il intervient dans la composition des cabinets – à l’automne 1917, il est ainsi responsable de la rupture de l’Union sacrée gouvernementale. Poincaré est une forte personnalité qui sait en outre rallier des ministres susceptibles de défendre son point de vue – notamment lors des crises qui ponctuent la vie des ministères Ribot puis Painlevé. En 1917 toujours, en refusant d’utiliser son droit de grâce, il appuie le message répressif porté par le général en chef, mais s’oppose au ministre de la Guerre, partisan de la clémence. Face à un Clemenceau prompt à menacer de démissionner, réduisant en outre la fréquence des conseils des ministres, Poincaré voit son pré carré réduit.

    15Le régime a également pu sembler menacé en raison de l’ajournement du Parlement sine die à partir du 4 août 1914. Le choc de l’invasion, l’Union sacrée, la constitution d’organes divers présidés par des parlementaires en mal de maroquin rendent admissible la suspension temporaire du contrôle parlementaire. Lorsque les chambres sont à nouveau réunies en décembre 1914, dès lors qu’elles siègent de manière permanente à partir de janvier 1915, l’apparence du régime redevient plus conforme à celle du temps de paix. En réalité, les relations entre le législatif et l’exécutif deviennent un point de crispation majeur. Face à un Parlement décidé à défendre ses prérogatives, Briand échoue en 1917 à gouverner grâce à des décrets-lois. Depuis 1915, les ténors du contrôle parlementaire – tel Clemenceau qui, au Sénat, préside les commissions des Affaires étrangères et de la Guerre, mais peut aussi s’appuyer sur son Homme enchaîné – imposent aux membres de l’exécutif de rendre des comptes. Les auditions des ministres, sous-secrétaires d’État ou directeurs pèsent sur les emplois du temps gouvernementaux comme sur ceux des services centraux, y compris à l’époque de ce que d’aucuns qualifient de dictature de Clemenceau. À l’occasion de ces temps forts, les commissions expriment leur insatisfaction (insuffisance des renseignements obtenus ou application trop partielle des conseils prodigués). À partir de juin 1916, le Parlement réunit en outre des comités secrets permettant aux parlementaires d’assister, cette fois en nombre, aux dépositions des ministres. Si Lyautey doit démissionner en 1917 parce qu’il refuse de se plier à cette pratique, Clemenceau, fort de sa popularité, peut, lui, s’en exonérer.

    16À partir de 1915, les chambres reprochent au gouvernement de ne pas réellement contrôler l’État-Major. Le partage des tâches est pourtant théoriquement clairement établi : la conduite de la guerre revient au ministre, celle des opérations à l’État-Major. Millerand d’abord, puis les militaires nommés rue Saint-Dominique, ne sont pas épargnés par la critique. En 1917, le Parlement se sent rassuré qu’un civil connu pour son combat au sein des commissions parlementaires soit nommé à la Guerre. Painlevé explique aux chambres les nouvelles orientations militaires et, comme il obtient du général en chef l’allongement de la durée des permissions et, pour les parlementaires, l’accès à la zone des armées y compris en période d’opérations, il est mieux considéré que ses prédécesseurs. Clemenceau, qui constitue autour de lui au ministère de la Guerre une équipe de fidèles efficaces, conduit encore plus fermement la guerre (jamais un ministre n’avait, en outre, autant visité le front, 90 jours sur 360), tout en contrôlant encore plus étroitement les opérations désormais pensées dans le cadre du commandement unique.

    17Pierre Renouvin s’intéresse dès les années 1920 aux Formes du gouvernement de guerre. Au cours des années 1960, Georges Bonnefous produit une utile chronique politique permettant de suivre l’évolution des ministères. Les rapports entre le gouvernement et l’État-Major font, dans la décennie suivante, l’objet des travaux de Guy Pedroncini. Le concept d’Union sacrée commence à la même époque à être analysé par Jean-Jacques Becker. Fabienne Bock publie au début des années 2000 ses recherches sur le Parlementarisme de guerre, tandis que Nicolas Roussellier s’interroge sur la rationalisation du fonctionnement exécutif. Aujourd’hui, l’intérêt porté à l’histoire des structures gouvernementales tout comme au personnel politique et administratif, dans des travaux consacrés spécifiquement à l’État, au travers d’études à caractère monographique ou biographique, permet de préciser l’adaptabilité des gouvernements au contexte de guerre. Le croisement des champs de la recherche historique, les rencontres pluridisciplinaires et les perspectives comparatistes constituent des voies nouvelles pour revisiter l’histoire des gouvernements successifs.

    18Anne-Laure Anizan

    ***

    Les archives

    19Les archives relatives à l’exercice des fonctions gouvernementales pendant la première guerre mondiale constituent un ensemble particulièrement important, que le format de cet ouvrage ne nous permet que d’effleurer. Aussi l’accent a-t-il ici été mis sur les ministères les plus directement concernés par le conflit, qu’ils aient assuré sa conduite ou contribué de manière essentielle à son déroulement. Rappelons que, en l’absence de l’équivalent de notre actuel secrétariat général du gouvernement, les présidents du Conseil de la IIIe République ne disposaient pas d’une administration qui leur était propre ; ils durent donc, jusqu’en 1934, cumuler la présidence du Conseil et des fonctions ministérielles qui leur apportaient bureaux et personnel (à l’exception du ministère Viviani, août 1914).

    Présidence de la République

    20Raymond Poincaré, président de la République, a assuré ses fonctions tout au long du conflit. Très lacunaires, les archives de la présidence de la République sous la IIIe République, conservées aux Archives nationales en sous-série 1 AG, ne proposent pour la période que les dossiers d’organisation des voyages officiels du président. Six cartons d’archives produites par Raymond Poincaré sont par ailleurs conservés au Service historique de la Défense (SHD) (sous-série GR, 6 N, Personnalités politiques et militaires). Enfin, le chercheur peut consulter au département des Manuscrits occidentaux de la Bibliothèque nationale de France les 72 volumes reliés des papiers Raymond Poincaré (n. a. f. 15992-16063), dont onze, numérisés, sont consultables sur Gallica.

    Présidence du Conseil

    21Les Archives nationales conservent les archives d’Alexandre Ribot (563 AP) et de Paul Painlevé (313 AP/113-199) ; le SHD, celles de Georges Clemenceau (GR, 6 N 253-294), qui a compilé des documents des ministères de la Guerre, de la Marine, des Colonies et des Affaires étrangères. Pour la présidence de l’immédiat après-guerre, signalons les archives d’Alexandre Millerand (Arch. nat., 470 AP/49-65) et de Raymond Poincaré (SHD/GR, sous-série 6 N).

    Ministère de l’Intérieur

    22Si les archives personnelles des ministres Malvy, Steeg et Pams ont été pauvrement conservées, les archives des services sont consultables dans les sous-séries F/2 et F/7 des Archives nationales. Signalons, en complément, le fonds de Joseph Desmars, directeur de l’Intérieur au gouvernement général de l’Algérie, puis attaché d’intendance (Arch. nat., 602 AP/2).

    Ministère de la Guerre

    23Concernant les archives des ministres eux-mêmes, le chercheur devra croiser les fonds, répartis entre les Archives nationales et le SHD. Pour Adolphe Messimy, le fonds 509 AP des Archives nationales conserve les dossiers de ses deux mandats successifs et des dossiers généraux sur la première guerre mondiale, la fin du conflit et les affaires politiques de l’après-guerre. Les archives d’Alexandre Millerand (470 AP) sont à compléter par celles du général Edmond Buat (1868-1923), son chef de cabinet (SHD/GR, 6 N). Les archives du général Joseph Gallieni, gouverneur militaire de Paris (1914-1915) avant de devenir ministre de la Guerre, sont conservées au SHD (GR, 6 N). Son successeur, le général Roques, voit ses archives conservées aux Archives nationales, fonds 438 AP. Aux Archives nationales sont également conservées les archives du maréchal Lyautey (475 AP/194-198) et de son successeur, Painlevé (313 AP 108-112 et 113-199). Pour compléter le mandat de Lyautey, signalons les archives de Robert Billecard, chef de son cabinet civil et résident général du Maroc (323 AP/6-8). Enfin, les archives de Georges Clemenceau, président de la Commission sénatoriale de l’armée, puis président du Conseil et ministre de la Guerre, sont conservées au SHD (GR, 6 N), abordant en particulier la conduite de la guerre et les relations du ministre et président du Conseil avec les hautes instances françaises ou alliées ; la conférence de la Paix et les relations internationales de l’immédiat après-guerre ; l’organisation et le fonctionnement du ministère de la Guerre et des armées ; enfin, le renseignement politique, économique ou militaire. Concernant le ministère Clemenceau, il convient de signaler, en complément, dans les archives de la Police générale du ministère de l’Intérieur, des dossiers de principe sur le suivi des activités de Clemenceau de 1906 à 1924 (Arch. nat., F/7/12945 et F/7/13950-13965). Les archives de Georges Mandel, son chef de cabinet de 1917 à 1919, sont également partiellement conservées (Arch. nat., 544 AP).

    24Les archives du Cabinet des ministres successifs sont à consulter au SHD (GR, 5 N 1-569). Le chercheur y trouve des collections de télégrammes, les dossiers de renseignement, essentiellement militaire, diplomatique et économique, classés par théâtre d’opérations ou par pays, des rapports sur les opérations et les effectifs, la correspondance et la documentation concernant le contrôle de la presse, la publication du Bulletin des armées de la République. Quant aux archives des instances décisionnelles suprêmes, signalons les fonds du Comité de guerre (1916-1919) (SHD/GR, 3 N 1-13) et du Conseil supérieur de Guerre (SHD/GR, 4 N 1-78).

    Ministère de l’Armement et des Fabrications de guerre

    25En décembre 1916, le sous-secrétariat d’État chargé de l’Artillerie et des Munitions est élevé au rang de ministère de l’Armement et des Fabrications de guerre. Le chercheur peut se tourner, d’une part, vers les fonds du sous-secrétariat d’État, puis ministère, et du Conseil interallié de l’armement et des munitions, conservés au SHD (GR, 10 N 1-161), complétés par les archives de la commission parlementaire d’enquête des marchés de l’État (GR, 10 N 162-201). Il peut avoir intérêt, d’autre part, à consulter les archives d’Albert Thomas, sous-secrétaire d’État, puis ministre (Arch. nat., 94 AP/1-173).

    Ministère de la Marine

    26Le SHD conserve, en série SS C Cabinet du ministre de la Marine, les archives documentant l’activité des cinq ministères successifs : cabinet du ministre, collection de télégrammes, collection chronologique du sous-secrétariat d’État, dossiers d’affaires, bureau de la presse.

    Ministère du Blocus et des Régions libérées

    27Le 16 novembre 1917, le sous-secrétariat d’État chargé du Blocus, confié jusqu’alors à Denys Cochin, puis à Albert Métin, est élevé au rang de ministère du Blocus et des Régions libérées, et illustré par les figures de Charles Jonnart, puis surtout d’Albert Lebrun, avant de se réduire aux Régions libérées. Au SHD, le chercheur peut compléter le fonds Albert Lebrun (GR, 6 N), riche de documents parlementaires relatifs à des questions militaires, par les archives du ministère du Blocus (GR, 11 N 1-19) et du sous-secrétariat d’État de l’Administration et de celui du Ravitaillement et de l’Intendance (GR, 12 N 1-16). Il ne doit pas négliger, aux Archives diplomatiques, l’important ensemble de ses papiers ministériels. Signalons également aux Archives nationales, les dossiers de Robert Billecard, évoqué supra, devenu chef adjoint du ministre des Régions libérées en 1918-1919 (323 AP/9).

    Ministère des Affaires étrangères

    28Les archives de Gaston Doumergue sont conservées aux Archives diplomatiques (64PA-AP), de même que celles de Théophile Delcassé (211PA-AP). Concernant cette période, signalons aussi l’important fonds des archives d’Abel Ferry, sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil et aux Affaires étrangères, puis aux Affaires étrangères (arch. dép. Vosges, 40 J). Les archives d’Aristide Briand sont conservées aux Archives diplomatiques (35PA-AP), tandis que celles d’Alexandre Ribot sont conservées aux Archives nationales (563 AP/14 et 17-19). Concernant le ministère de Stephen Pichon, le chercheur peut croiser le fonds de ses papiers, aux Archives diplomatiques (141PA-AP), et sa correspondance proprement ministérielle, conservée à la bibliothèque de l’Institut (Ms 4395-4398).

    29La série Correspondance politique et commerciale, dite Nouvelle Série (1896-1918), des Archives diplomatiques, constituée des archives de la direction des Affaires politiques et commerciales du Quai d’Orsay, pallie les lacunes des archives ministérielles. Cette série est subdivisée en sous-séries correspondant, pour la plupart, à des pays et, dans certains cas, à des aires géographiques plus vastes. Une partie des dossiers de la direction pour 1914-1918 a formé les séries Guerre 1914-1918 et A-Paix 1914-1920, consacrée aux affaires relatives à la paix, à sa préparation en pleine guerre, aux diverses ouvertures qui ont échoué, puis aux traités de paix après novembre 1918.

    Ministère des Travaux publics, des Transports et du Ravitaillement

    30On peut signaler le volumineux fonds des archives de Marcel Sembat, conservé aux Archives nationales (637 AP/49-102).

    Ministère du Commerce

    31À eux deux, les ministres Gaston Thomson et Étienne Clémentel couvrent toute la période du conflit. Dans les fonds conservés aux Archives nationales (sous-série F/12), le chercheur peut consulter la correspondance active du cabinet et du secrétariat général, les dossiers relatifs aux lois votées, à la législation des loyers et baux commerciaux ou du commerce extérieur et, en général, des dossiers d’affaires du temps de guerre. Il peut compléter ces sources par les dossiers des sections, commissions et services techniques spécifiquement créés au sein du ministère pendant les hostilités, les notes et rapports adressés au ministre Clémentel par le Comité exécutif des importations et par les archives des missions menées par Clémentel à Londres de 1916 à 1918 (F/12/7657-7798) ; en complément, signalons les archives privées de Clémentel, conservées aux archives départementales du Puy-de-Dôme (5 J). Pour le ministère Thomson, le lecteur peut consulter aux Archives nationales les archives des missions d’enquêtes économiques et industrielles lancées dans le Nord-Est de la France (sous-série F/23).

    Ministère du Travail

    32Toute autre est la situation du jeune ministère du Travail, créé en 1906, où se succèdent sept personnalités : Maurice Couyba, Jean-Baptiste Bienvenu-Martin, Albert Métin, Étienne Clémentel, Léon Bourgeois, André Renard et Pierre Colliard. Les Archives nationales conservent, en sous-série F/22, la correspondance ministérielle et les décrets et arrêts ministériels. Deux directions ministérielles ont conservé leurs registres de correspondance à l’arrivée du temps de guerre : celles du Travail (F/22/*/607-610) et de l’Assurance et de la Prévoyance sociale (F/22/*/638). Enfin, quelques dossiers ministériels concernent les usines de guerre, le placement des mutilés de guerre, la transformation des fabriques de guerre en fabriques de paix et la lutte contre le chômage (F/22/530-542).

    33De façon générale, la collection des lois et décrets des Archives nationales (série A) permet au chercheur de consulter les décisions préparées et prises par les gouvernements successifs durant la guerre. Les fonds de plusieurs représentants du parlementarisme de guerre, que l’on retrouvera en particulier aux Archives nationales en série AP2, complètent les archives des grandes figures de l’exécutif et permettent de suivre la préparation et les débats accompagnant la production de cet arsenal législatif.

    34Isabelle Chave

    Bibliographie

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    Anizan, A.-L. (2012). Paul Painlevé. Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.132783
    Anizan, Anne-Laure. “Paul Painlevé”. []. Presses universitaires de Rennes, 2012. doi:10.4000/books.pur.132783.
    Anizan, Anne-Laure. Paul Painlevé. [], Presses universitaires de Rennes, 2012. Crossref, https://doi.org/10.4000/books.pur.132783.

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    BIBLIOGRAPHIE

    10.4000/books.pur.132783 :

    Anizan Anne-Laure, Paul Painlevé. Science et politique de la Belle Époque aux années trente, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012.

    Anizan Anne-Laure, « 1914-1918, le gouvernement de guerre », Histoire@politique. Politique, culture, société, no 22, janvier-avril 2014.

    Becker Jean-Jacques, 1914, comment les Français sont entrés dans la guerre, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1977.

    Bellon Christophe, Aristide Briand, Paris, Perrin, à paraître.

    Bock Fabienne, Un parlementarisme de guerre, Paris, Belin, 2002.

    Bonnefous Georges, Histoire politique de la IIIe République. La Grande Guerre (1914-1918), t. II, Paris, Presses universitaires de France, 1967.

    Brodziak Sylvie, Fontaine Caroline (dir.), Clemenceau et la Grande Guerre, actes du colloque de Paris des 20-21 novembre 2009, La Crèche, Geste Éditions, 2010.

    Carls Stephen, Louis Loucheur (1872-1931). Ingénieur, homme d’État, modernisateur de la France, Villeneuve d’Asq, Presses universitaires du Septentrion, 2000.

    Chambarlhac Vincent, Ducoulombier Romain (dir.), Les socialistes français et la Grande Guerre, ministres, militants, combattants de la majorité, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2008.

    Druelle-korn Clotilde, Un laboratoire réformateur, le département du commerce en France et aux États-Unis de la Grande Guerre aux années vingt, thèse de l’Institut d’études politiques de Paris, 2004.

    Pedroncini Guy, Pétain, général en chef (1917-1918), Paris, Presses universitaires de France, 1974.

    Renouvin Pierre, Les formes du gouvernement de guerre, Paris, Presses universitaires de France, 1925.

    Roth François, Poincaré. Un homme d’État républicain, Paris, Fayard, 2000.

    Roussellier Nicolas, Vers une histoire de la loi, habilitation à diriger des recherches, Paris, Institut d’études politiques, 2006.

    Notes de bas de page

    1 Jean-Jacques Becker, « Unions sacrées et sentiment des responsabilités », Encyclopédie de la Grande Guerre, Bayard, 2004, p. 213.

    2 Voir p. 222.

    Auteurs

    • Anne-Laure Anizan
      Diplômée de Sciences Po, agrégée et docteur en histoire, chercheur rattachée au Centre d’histoire de Sciences Po, professeur en classe préparatoire littéraire, Anne-Laure Anizan fait porter ses recherches sur la première guerre mondiale. Dans l’ouvrage Paul Painlevé. Science et politique de la Belle Époque aux années trente (Presses universitaires de Rennes, 2012), elle analyse l’évolution de l’État au temps du premier conflit mondial, le parlementarisme de guerre, la réorganisation gouvernementale, les rapports de l’exécutif avec le commandement général. Dans l’article « 1914-1918, le gouvernement de guerre » (histoire@politique, no 22, janvier-avril 2014), elle analyse précisément les transformations du fonctionnement exécutif.
    • Isabelle Chave
      Archiviste paléographe, Isabelle Chave est conservateur en chef du patrimoine, responsable du département de l’Exécutif et du Législatif aux Archives nationales depuis 2012, précédemment directeur des archives départementales des Vosges de 2004 à 2011. Elle a dirigé le Guide des sources de la Grande Guerre dans les Vosges (conseil général des Vosges, 2008) et organisé le colloque La Grande Guerre dans les Vosges : sources et état des lieux, 4-6 septembre 2008), dont les actes ont été publiés en 2009. Elle a assuré le commissariat de l’exposition Août 1914. Tous en guerre ! des Archives nationales (2014).
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    Anizan, Anne-Laure, et Isabelle Chave. « Les gouvernements successifs ». Archives de la Grande Guerre, édité par Philippe Nivet et al., Presses universitaires de Rennes, 2014, https://doi.org/10.4000/books.pur.48920.

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    Nivet, Philippe, et al., éditeurs. Archives de la Grande Guerre. Presses universitaires de Rennes, Archives de France, 2014, https://doi.org/10.4000/books.pur.48856.
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