Les registres de matricules militaires

Jean-François Moufflet

p. 54-56


Texte intégral

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Fiche matriculaire de Charles Péguy (arch. dép. Loiret, 1 R 45811).

1Les matricules militaires sont indissociables du service militaire obligatoire, instauré par la conscription, qui consiste à recenser chaque année les jeunes gens de sexe masculin puis à les inscrire dans le contingent militaire qui effectuera le service au sein de l’armée active. Reposant sur des modalités de mobilisation qui ont fortement varié au cours du XIXe siècle, le service militaire, à partir de 1905, est obligatoire pour tous et abaissé à une durée de deux ans.

2Ces documents sont produits à la fin d’un processus initié à l’échelon des mairies par le recensement de tous les jeunes gens âgés de vingt ans et qui forment une « classe » identifiée par l’année où ils ont atteint cet âge. Le passage devant un conseil de révision, sis au chef-lieu de canton, permet de déclarer ceux qui sont aptes ou inaptes au service militaire. C’est ensuite que les bureaux de recrutement du ministère de la Guerre, qui s’inscrivent dans les subdivisions des régions militaires (différentes des limites administratives civiles), prennent le relais en immatriculant les conscrits qui seront effectivement incorporés dans l’armée.

3Les matricules militaires incarnent donc cette entrée du soldat dans l’armée. Disponibles sous forme de série continue à partir de 1867, on les dénomme aussi « feuillets matriculaires » ou « états signalétiques et des services ». L’enregistrement du soldat se fait dans des registres dont l’économie a évolué avec le temps. À l’époque de la Grande Guerre, le feuillet individuel représente une page du registre. Il est numéroté et on y consigne des informations sur l’état civil du soldat, son physique et le corps d’armée auquel il est affecté.

4Le feuillet retrace toutes les étapes de sa carrière militaire : disponibilité pour l’armée active, puis pour la réserve de l’armée active et enfin pour l’armée territoriale, avant la démobilisation définitive. La rubrique centrale du matricule (« Détail des services et mutations diverses ») consigne avec précision la trame chronologique des affectations du soldat et des événements militaires auxquels il a participé : y apparaissent le comportement du soldat, les dommages et blessures physiques qu’il a subis, ses bonnes actions et décorations, ou à l’inverse sa mauvaise conduite et ses condamnations. En vis-à-vis de cette rubrique, une liste des corps dans lesquels le soldat a été successivement affecté résume son parcours au sein de l’armée. Enfin, à partir de 1878, toutes les localités successivement habitées par la personne sont consignées dans le feuillet.

5Tenus initialement par les bureaux de recrutement, exploités ensuite par l’administration du personnel militaire, les registres ont été régulièrement versés aux services d’Archives départementales une fois leur utilité administrative expirée et ont été cotés dans la sous-série 1 R (« Préparation militaire et recrutement »). En attendant l’achèvement de la numérisation et de l’indexation de ces documents, les tables alphabétiques restent un complément indispensable pour qui souhaite retrouver un individu précis.

6Source emblématique, les matricules militaires se prêtent à une exploitation statistique de certaines catégories d’informations qui permettrait de tirer des enseignements encore inédits.


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