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Les opinions publiques à la veille de la guerre
Nadine-Josette Chaline et Isabelle Rambaud
p. 27-35
Texte intégral
1Au moment où éclate la guerre, les opinions publiques sont à la fois surprises par la soudaineté de l’événement et préparées à un éventuel conflit. « Il n’est pas sûr que la Grande Guerre ait eu de véritables causes facilement identifiables », écrivent Jean-Jacques Becker et Gerd Krumeich1. Aussi, dans l’enchevêtrement des événements qui marquent l’année 1914, le rôle de l’opinion est-il important. Soif de revanche des uns ? Désir de domination chez d’autres ? Volonté d’effacer des tensions internes ? Difficile de donner une réponse simple.
Les nationalismes
2En France, la défaite de 1870 et la perte de l’Alsace-Lorraine ont constitué une plaie très vive. Mais qu’en est-il quarante ans après ? Même si les hommes politiques font toujours référence aux provinces perdues dans leurs discours, ce ne sont que des mots jamais traduits en actes, car le désir de revanche s’est effacé au fil des ans, les Alsaciens-Lorrains eux-mêmes acceptant leur nouveau statut. Subsiste cependant, entre la France et l’Allemagne, le souvenir d’un contentieux prêt à ressurgir si l’occasion s’en présente, et empêchant toute véritable réconciliation.
3Existe-t-il un nationalisme largement répandu en France ? Dans les remous de l’affaire Dreyfus, des ligues sont apparues, comme la « Ligue de la patrie française », nationaliste et antidreyfusarde, en riposte à la création de la « Ligue des droits de l’homme », mais elle a disparu en 1905. Quant à la « Ligue des patriotes », née à gauche au début des années 1880 lorsque le nationalisme est défendu par les amis de Gambetta, elle évolue vers la droite et a beaucoup perdu de sa vigueur ; elle est en outre très divisée, et il faudra plusieurs mois à Maurice Barrès pour s’imposer à sa tête comme successeur de Déroulède mort en janvier 1914. L’Action française, très marquée par l’antigermanisme, très active dans certaines villes, notamment à Paris, a cependant peu d’influence sur le monde des campagnes et sur les ouvriers.
4L’élection du Lorrain Poincaré à la présidence de la République est davantage due à son opposition à l’impôt sur le revenu qu’à sa volonté d’une politique extérieure ferme. Quant à la question de la durée du service militaire, qui préoccupe les esprits dans les mois précédant la guerre, elle mérite bien des nuances. Réduit à deux ans en 1905, le service militaire est, en effet, porté à trois en 1913. La « loi des trois ans » fait alors l’objet de violents échanges dans la presse et à la Chambre ; le gouvernement français justifie officiellement cet allongement par les mesures prises à Berlin, tandis que la gauche socialiste, notamment par la voix de Jean Jaurès, se lance dans une opposition virulente, sans pouvoir en empêcher l’adoption, votée par la droite, le centre et une partie des radicaux, dont Clemenceau.
5En 1913, la publication de l’enquête effectuée par Agathon (en réalité Henri Massis et Alfred de Tarde) sous le titre Les jeunes gens d’aujourd’hui semble montrer une jeunesse française avide d’action et « tournée vers la guerre2 ». Mais les « jeunes gens » concernés sont seulement les étudiants ; les paysans et les ouvriers passent, eux, directement de l’enfance au travail. Le champ d’investigation d’Agathon est donc restreint, ce qui limite sérieusement ses conclusions, d’autant plus que de profondes différences existent selon les facultés, comme l’a montré Pierre Renouvin, alors étudiant en droit et en lettres.
6L’Allemagne reste pourtant persuadée de la persistance en France d’une volonté de revanche, en dépit du « déclin » que connaît, selon elle, ce pays secoué par une série de scandales et de crises depuis les dernières années du XIXe siècle. La faiblesse démographique française par rapport à l’Empire allemand semble confirmer la supériorité de ce dernier. La Ligue pangermaniste, forte de 130 000 membres, soutient la Weltpolitik préconisée par Guillaume II : étendre un empire colonial jusqu’alors limité par les conquêtes britanniques, françaises et belges, constituer une marine puissante, mettre à profit les conflits entre les autres puissances (rappelons la crise franco-anglaise de Fachoda en 1898) pour s’imposer sur la scène internationale. L’affirmation de Guillaume II – « notre avenir est sur l’eau » – est largement reprise par les Allemands, fiers de leur développement industriel et de la possibilité de rivaliser avec la grande puissance maritime qu’est le Royaume-Uni. Une cinquantaine d’organisations nationalistes soutiennent les positions de la Ligue pangermaniste, qui élargit son audience à partir de 1912. L’idée d’une Mitteleuropa dominée par l’Allemagne revient aussi au premier plan.
Les pacifismes « juridiques »
7Mais parallèlement se développe un internationalisme, qui entend rapprocher ceux qui veulent promouvoir le « pacifisme3 » (terme apparu au congrès universel de la paix tenu à Glasgow en 1901). Les discussions autour de la paix et de la guerre, déjà lancées aux XVIe et XVIIIe siècles, reprennent dans des « sociétés de la paix » apparues d’abord aux États-Unis dans les milieux protestants, puis au Royaume-Uni, dans les pays scandinaves, en Suisse, et enfin en France dans les années 1840. Les célébrations du centenaire de la Révolution à Paris en 1889 facilitent les rencontres entre tous ceux qui sont soucieux de la relance du pacifisme après son effacement à la suite de la guerre de 1870.
8Bientôt s’organise un « pacifisme juridique » autour de l’association « La paix par le droit », qui tend à appliquer le droit aux relations entre les États, comme il préside à celles entre les individus ; l’association milite pour la création d’un tribunal international, destiné à régler les différends entre les pays, et d’une Société des Nations. Frédéric Passy, Charles Gide et Théodore Ruyssen y jouent un rôle de premier plan et leur revue La Paix par le Droit tire à six mille exemplaires à la veille de la guerre.
9Lors d’une année passée à Munich à étudier la philosophie allemande en 1895-1896, Ruyssen rencontre Ludwig Quidde, l’un des premiers membres de la Société allemande de la Paix. Cette amitié facilite un rapprochement des pacifistes allemands et français, seul moyen selon Ruyssen d’éviter une nouvelle guerre. Mais lorsqu’en 1913 il prend la parole avec Quidde en Alsace et évoque un statut d’autonomie pour cette dernière, ses cours à l’université de Bordeaux sont perturbés par les Camelots du roi, qui le traitent de « Prussien » ou d’« agent de Guillaume II », preuve qu’il est encore difficile d’aborder cette question.
10Une femme incarne le pacifisme juridique : la baronne Bertha von Suttner. Appartenant à l’une des plus anciennes familles de l’Empire austrohongrois, cette aristocrate dotée d’une solide instruction se convertit au pacifisme lorsque, installée dans le Caucase avec son mari, elle perçoit, en 1877-1878, les échos de la guerre russo-turque. Elle publie en 1889 à Berlin un roman pacifiste, Die Waffen nieder !, bientôt traduit en une quinzaine de langues, dont le français (sous le titre Bas les armes !). À partir de 1889, des « congrès universels de la paix » appellent chaque année au désarmement et à la création d’une cour d’arbitrage.
11Cette demande est bien vue par le Saint-Siège, souvent sollicité à la fin du XIXe siècle pour tenir le rôle d’arbitre ou de médiateur lors de conflits. Un pacifisme catholique se développe en France, dans le sillage lointain du père Gratry, autour d’Alfred Vanderpol et de Marc Sangnier. En 1911 se constitue une Ligue internationale des catholiques pour la paix, fédérant toutes les initiatives nées en France, en Belgique, en Suisse et en Grande-Bretagne.
12Il faut toutefois se garder de surestimer l’importance numérique de ces groupes : à peine un millier d’adhérents en France. Le monde protestant présente une image très proche de celle des catholiques, avec une fraction de sa jeunesse intéressée par le pacifisme. Quelques pasteurs britanniques sont entrés en relation avec des pasteurs allemands et, en 1913, des protestants français participent à la fondation de l’Alliance mondiale pour la promotion de l’amitié internationale entre les Églises, dont le congrès inaugural doit se tenir, avec le soutien financier de l’Américain Andrew Carnegie, en Allemagne fin juillet 1914.
Les courants socialistes
13Le socialisme, qui connaît un incontestable essor en Allemagne, en Grande-Bretagne et en France, ne peut être séparé du pacifisme, notamment avec la seconde Internationale qui a inscrit dans son programme la lutte contre la guerre, dont le système capitaliste serait responsable. Pas de congrès de l’Internationale sans motion pacifiste ! Mais les résolutions adoptées témoignent, par leurs termes vagues, de l’embarras des participants et de la confusion des débats. Devant l’impossibilité de se rallier à une position commune, la motion votée en 1910 renvoie la question au congrès suivant, reporté de 1913 à août 1914. La guerre survient alors que la seconde Internationale n’a toujours pas arrêté sa position en cas de conflit.
14Comment alors imposer la paix ? Les solutions socialistes sont diverses. Membre de l’Association internationale antimilitariste, Gustave Hervé préconise, dans La Guerre sociale, de supprimer l’armée, ou à défaut, si la guerre est déclarée, de déclencher une grève et une insurrection. Jaurès, le socialiste le plus populaire de la SFIO, propose des moyens plus modérés, notamment dans L’armée nouvelle (1910) : s’il récuse l’armée de métier, il accepte une armée, une milice, pour se défendre. Il plaide pour une conciliation entre patriotisme et internationalisme, comme un autre député socialiste, Francis de Pressensé, dont le discours prononcé en novembre 1908, après l’une des crises marocaines, est publié en 1909 sous le titre Le Parti socialiste et la Guerre et prend ainsi valeur de doctrine officielle du parti.
15Très éloignée de cette position est celle des syndicalistes de la CGT dominée par l’anarcho-syndicalisme. L’antimilitarisme y est d’autant plus répandu que le gouvernement a parfois recours à l’armée pour mater grèves ou manifestations. Pour le syndicat, à toute déclaration de guerre doivent répondre la grève générale et le sabotage de toutes les installations (comme les chemins de fer) afin d’entraver la mobilisation. Inquiet de cette propagande, le gouvernement prévoit d’inscrire au « carnet B » le nom des militants les plus remuants afin de les arrêter préventivement, en cas de déclaration de guerre, et de les empêcher de mettre à exécution leurs projets4.
16En dépit des protestations contre « la loi des trois ans », l’antimilitarisme, puissant jusque vers 1910, décline fortement dans les années 1911-1914. Gustave Hervé lui-même change de ton après sa sortie de prison en juillet 1912 et se présente désormais comme partisan d’un « socialisme national » contre le « vieux socialisme boche de lutte des classes ».
Les premiers essais d’organisation internationale
17Sur un plan plus officiel, dès la fin du XIXe siècle, quelques hommes politiques appartenant le plus souvent au monde radical ou à l’Alliance républicaine démocratique5 ne sont pas insensibles aux arguments des partisans de la « paix par le droit ». Une « conférence interparlementaire » se met en place autour du Français Passy et du Britannique Cremer et se transforme en institution quasi officielle, l’Union interparlementaire pour la paix, avec un « bureau interparlementaire où Suisses et Belges sont très présents aux côtés des Français. L’un des plus actifs parmi ces derniers est Paul d’Estournelles de Constant, qui préside avec Léon Bourgeois le Comité de conciliation internationale.
18Tout comme un « droit humanitaire » s’est mis en place à la suite de l’action d’Henry Dunant et de la Croix-Rouge, des « lois de la guerre » sont discutées à partir de 1868 (mais totalement ignorées en 1870 !). Lorsque les discussions reprennent dans les années 1880, les grandes puissances y envoient des représentants tout en affichant un certain scepticisme. Les conférences internationales de La Haye de 1899 et 1907 tentent de compléter les conventions antérieures en réglementant la guerre, tant sur terre que sur mer. En 1907 est même élaborée une convention sur les « droits et devoirs des belligérants » concernant également les non-belligérants entraînés malgré eux, les prisonniers et les blessés. On proscrit l’emploi des gaz asphyxiants ainsi que le lancement de projectiles depuis des ballons. Le passage d’une armée à travers un pays neutre est pareillement interdit.
19Cependant, tous ces efforts sont réduits à néant au cours de l’été 1914. En France, le pacifisme intégral est très minoritaire face au patriotisme et à la volonté de défendre son pays s’il est attaqué. L’antimilitarisme et l’opposition à la guerre ont déjà montré leurs limites avec le succès mitigé de la grève déclenchée le 16 décembre 1912 contre le recours à la guerre.
20De même, lors d’une réunion de la conférence des bourses du travail en octobre 1911, sur les quarante délégués qui prennent la parole, tous sauf un déclarent ne pouvoir compter sur leurs syndicats pour une grève générale. Lorsque survient la mobilisation, la menace de grève ou de sabotage apparaît si faible au gouvernement français qu’il renonce à utiliser le « carnet B ». S’il y a quelques défilés ici ou là, ils cessent très vite. L’opinion publique française n’est pas belliciste mais décidée à se défendre, car persuadée que l’Allemagne la menace.
21Quant à l’Allemagne, son opinion publique redoute « l’encerclement » par des puissances hostiles et craint tout particulièrement la Russie, au régime honni par les socialistes, alors que la force de l’Empire du tsar est inférieure à celle du Reich, tant sur le plan militaire que sur le plan industriel. Et les alliances ou ententes rivales entre les diverses puissances ne font qu’accroître les inquiétudes, y compris en Angleterre, où l’on veut absolument conserver la suprématie sur les mers. Dans les deux camps, les craintes l’emportent sur les réalités, les opinions publiques s’enflamment, et aucun homme d’État n’a conscience du saut dans l’inconnu que représente une guerre qui, très vite, bouscule les plans établis par les états-majors.
22Nadine-Josette Chaline
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Les archives
23L’expression d’une opinion étant par nature très personnelle (correspondances, journaux intimes) ou collective et diffusée dans ce cas à travers un parti politique, un mouvement religieux, un syndicat ou la presse, les premiers fonds d’archives à considérer correspondent au domaine plus global du contrôle de l’opinion.
24Les Archives nationales conservent plusieurs fonds produits par le ministère de la Justice, en particulier la correspondance des procureurs généraux avec le garde des sceaux (division criminelle) durant les années 1908 et 1909 (BB/18/2177-2422 : grèves, délits de presse, surveillance des anarchistes, chansonniers, 1901-1911), les dossiers suivis par les cours d’appel sur l’antimilitarisme (BB/18/2372, dossier 128A08) ou les rapports des procureurs sur l’Action française avant la Grande Guerre (BB/18/2409/1, dossier 826A09).
25Cependant, c’est la série F qui est la plus riche à cet égard, avec les archives produites par le ministère de l’Intérieur et les activités de police (F/7). Celles-ci portent sur l’antimilitarisme et l’agitation contre la loi des trois ans à Paris et dans les départements (F/7/12908-12911), la surveillance des anarchistes (F/7/12504-12518), mais également du syndicalisme (F/7/13323-13348), des socialistes (F/7/12488-12503) – notamment l’espionnage de certaines personnalités politiques comme Jules Guesde ou Jaurès (F/7/13966) – des associations (F/7/12842), des mineurs (F/7/12769-12772), des grèves (F/7/12773-12792, 12912-12920 et 13838-13935), des manifestations (F/7/13267 et suivants), des journaux (F/7/12842-12846 et 14606). Ces dossiers comportent la mise à jour des plans d’évacuation des « bouches inutiles », en particulier des individus inscrits au « carnet B » (mai-juillet 1914), des généralités sur le sabotage ou des projets de sabotage de la mobilisation (1911-1914) et des coupures de presse sur les manifestations contre la guerre (juillet 1914).
26De même, les mouvements religieux sont étroitement surveillés et font l’objet de dossiers particuliers : police des cultes (F/7/12387-12411), agissements cléricaux (F/7/12477-12486), mouvements catholiques (F/7/12878-12881), antisémitisme (F/7/12882-12883).
27Le contrôle s’exerçant sur tous les départements, la situation politique est décryptée de 1901 à 1913 au gré des enquêtes et des réponses préfectorales (F/7/12734, F/7/12970-13023 et F/7/13963). Enfin, les personnes elles-mêmes sont surveillées à travers les activités du Service central d’identification ou fichier central de la police, dit « Panthéon » (v. 1890-v. 1939). Il rassemble les dossiers de renseignements sur diverses personnalités politiques et sur quelques affaires célèbres (Stavisky, Landru) en F/7/15924-16028.
28Cette sous-série F/7 est à compléter, pour les écoles confessionnelles et l’enseignement religieux, par la sous-série F/19 et les dossiers liés à la séparation des Églises et de l’État (1905) et à ses conséquences, ainsi que par les dossiers relevant de l’Instruction publique (F/17), de l’imprimerie et de la presse (F/18).
29Les archives de la préfecture de police de Paris sont à consulter en complément pour tous les comptes rendus de manifestations et de meetings, les correspondances et les rapports de police sur les grandes affaires politiques et criminelles.
30En miroir et souvent à la source de la production ministérielle, les Archives départementales offrent également de belles séries locales pour le contrôle de l’opinion (série M, avec les rapports de police et de gendarmerie sur les antimilitaristes, les anarchistes ou les Camelots du roi) ; les Renseignements généraux (sous-série 8 R) ; le contrôle de la presse et de l’imprimerie mais aussi les programmes des écoles qui forgent l’état d’esprit et le quotidien de la jeunesse (série T).
31En ce qui concerne l’expression même de l’opinion, il convient de privilégier la presse et les fonds privés. Représentée aussi bien dans les fonds parisiens de la Bibliothèque nationale de France que dans les fonds locaux des Archives départementales ou municipales et des médiathèques, la presse offre la grande variété de ses articles selon le prisme de la tendance politique ou religieuse de leur média. Mais n’oublions pas qu’une « réclame » ou un concours sur « les grands hommes » (Le Petit Parisien, 1905) peut aussi bien dévoiler l’état d’esprit de la population ou son degré d’instruction qu’un article dans L’Humanité, L’Aurore, Les Cahiers de la Quinzaine ou La Croix.
32Les fonds d’origine privée sont aussi variés que difficiles à repérer, voire, parfois, décevants (bases BORA du ministère de la Culture et de la Communication, Archives nationales, série AP, Archives départementales, série J, et Archives municipales). Les fonds d’associations sont à consulter en priorité comme, par exemple, les archives de la Ligue des droits de l’homme (fondée en 1898), conservées à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), ou de l’Association de la paix par le droit (fondée à Nîmes en 1887).
33Les archives des hommes politiques sont également à étudier : archives de Jean Jaurès, particulièrement dispersées (archives départementales du Tarn, musée Jean Jaurès de Castres, musée d’histoire vivante de Montreuil, BnF, Archives nationales [437 AP/1-2], préfecture de police de Paris) ; de Paul Lafargue, fondateur avec Jules Guesde du Parti ouvrier français, déposées aux archives départementales de la Seine-Saint-Denis (300 J 1-12) ; de Charles Maurras, fondateur de l’Action française, à consulter aux Archives nationales (576 AP/1-210, avec autorisation de l’ayant-droit). Les correspondances de Maurice Barrès sont, elles, principalement conservées aux archives départementales des Vosges (220 J 1-8). En revanche, certaines archives comme celles de la famille du pacifiste Gaston Moch ont été saisies par les Allemands durant la seconde guerre mondiale et demeurent conservées, comme d’autres, à Moscou.
34À côté des fonds politiques ou littéraires, les fonds familiaux et leurs correspondances (lettres et cartes postales) permettent de découvrir l’intime de la pensée entre époux, entre fiancés ou entre parents et enfants : la vie quotidienne et ses difficultés y laissent souvent filtrer les recommandations, les craintes ou les espérances futures.
35Enfin, on ne saurait oublier, pour la période de l’avant-guerre, les sources si intéressantes que constituent les chansons populaires, en prise avec la vie quotidienne comme celle de « M’sieur Poincaré » qui, chantée par Charlus en 1913, célèbre « M’sieur Cochon, futur président des sans pognon » ou Paul Lack qui, en 1910, chante la polka « des pauvres cons, pauvres contribuables », sans oublier les romances à la Fragson, « si tu veux faire mon bonheur, Marguerite, Marguerite… » (1913), en contrepoint du martial « À la France, donnons des ailes ! » (Marcelly, 1913).
36Isabelle Rambaud
Bibliographie
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BIBLIOGRAPHIE
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Notes de bas de page
1 Jean-Jacques Becker, Gerd Krumeich, La Grande Guerre. Une histoire franco-allemande, Tallandier, 2008, p. 15.
2 Jean-Jacques Becker, L’année 14, Armand Colin, 2004, p. 34.
3 Nadine-Josette Chaline, Supprimer la guerre. Le pacifisme du début du XIXe siècle à la veille de la seconde guerre mondiale, à paraître aux éditions Encrage.
4 Jean-Jacques Becker, Le carnet B, les pouvoirs publics et l’antimilitarisme avant la guerre de 1914, Klincksieck, 1973.
5 Rosemonde Sanson, L’Alliance républicaine démocratique. Une formation de centre (1901-1920), Presses universitaires de Rennes, 2003.
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