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    Plan détaillé Texte intégral Se préparer au pire... et le subir Protéger le patrimoine sous l’Occupation Un retour à la normale ? Notes de bas de page Auteur

    1940 : l’empreinte de la défaite

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    La préservation du patrimoine de l’Aube pendant la Seconde Guerre mondiale1

    Nicolas Dohrmann

    p. 145-158

    Texte intégral Se préparer au pire... et le subir Protéger le patrimoine sous l’Occupation Un retour à la normale ? Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    « Notre civilisation qui vante les chefs-d’œuvre de l’Art s’avère plus propre à les anéantir qu’à les protéger, c’est pourquoi il a fallu veiller sur notre patrimoine artistique2. »

    1La protection du patrimoine aubois pendant la Seconde Guerre mondiale est un sujet peu étudié jusqu’à présent. Les travaux historiques d’André Beury, de Michel Roche ou encore de Gérard Arcelin n’apportent que des informations très partielles. Seuls Jacques Bauer, membre résidant de la Société académique de l’Aube (1920-1960) et architecte des monuments historiques du département, et à ce double titre très impliqué dans la question, et Gildas Bernard, directeur des Archives départementales de 1956 à 1970, ont livré quelques textes, déjà anciens, sur le sujet. Le premier en 1952, avec un article consacré aux dommages subis par les églises auboises entre 1939 et 19453. Le second en 1967, dans l’introduction du Guide des archives4.

    2Ce désintérêt relatif s’explique par l’importance des autres thèmes concernant la Seconde Guerre mondiale, mais également par la dispersion des sources à consulter. Ni la conservation des musées de Troyes, ni la Médiathèque du Grand Troyes, ni la Direction régionale des affaires culturelles ne conservent en effet de dossiers spécifiques sur la question. Si l’on excepte les éléments relevés dans les Mémoires de la Société académique de l’Aube, de 1939 à 1945, ou encore les quelques fonds conservés aux Archives départementales, dans les sous-séries 3 T ou 1444 W, il est nécessaire de se rendre aux Archives nationales, aux archives des Musées nationaux, ou à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine pour trouver archives et photographies témoignant des efforts déployés pour préserver le patrimoine du département.

    3Ces efforts ont pourtant été nombreux, originaux et finalement très largement couronnés de succès, malgré un certain nombre de déconvenues et de péripéties.

    Se préparer au pire... et le subir

    4En matière de protection du patrimoine, la France de l’entre-deuxguerres entend bien ne pas revivre la désorganisation de 1914. La direction générale des Beaux-arts, rattachée au ministère de l’Éducation nationale, est donc chargée d’établir un plan de protection des œuvres d’arts et des richesses patrimoniales. La validité de ses travaux est testée en 1938, lors de la crise de Munich. Les principales œuvres d’arts parisiennes sont alors mises en caisse et transférées vers les dépôts de repli et de protection.

    5À Troyes, les premières mesures de protection semblent concerner les archives. Elles sont prises par Pierre Piétresson de Saint-Aubin dès les années 1920, suite aux instructions de l’inspecteur général Vidier5. Elles sont largement reprises et précisées par son successeur, Gustave Duhem, en juillet 1931.

    6Les opérations suivantes sont essentiellement mises en œuvre par deux hommes : Jacques Bauer, déjà mentionné, et Jean Waquet, archiviste en chef et conservateur des antiquités et des objets d’art à partir du 1er mars 1938. Ils sont très largement aidés par le comte François Chandon de Briailles, qui accepte dès septembre 1938 de mettre à leur disposition des locaux de repli et de protection.

    7Les plans testés en 1938 se réactivent progressivement à partir de l’invasion par l’armée allemande des zones encore épargnées de la Tchécoslovaquie. La signature du pacte germano-soviétique et la montée des tensions à l’Est poussent finalement l’administration centrale, ainsi que le préfet de l’Aube, à demander la préparation des plans d’évacuation, puis leur mise à exécution rapide6.

    8Au niveau central, le gouvernement confie alors l’organisation de la protection des collections à Jacques Jaujard, adjoint au directeur puis directeur des Musées nationaux. Dans chaque département, Jaujard fait nommer « un délégué général [...] parmi les archivistes et conservateurs de musée, chargé de coordonner et de centraliser les opérations de sauvetage7 ». Dans l’Aube, la charge revient ainsi à Jean Waquet, du moins jusqu’à sa mobilisation, le 28 novembre 1939, et à son remplacement par M. Sauley, chef de bureau honoraire à la préfecture. Des crédits affectés à la direction des Musées nationaux, sur le budget des Beaux-arts, sont censés financer le fonctionnement des dépôts, les dépenses d’évacuation, le paiement des fonctionnaires, ainsi que l’ensemble des dépenses de sécurité et de matériel.

    9Dans l’Aube, les listes des vitraux, archives, manuscrits et ouvrages de la bibliothèque de Troyes, des tableaux et objets précieux des musées et du trésor de la cathédrale devant être déposés ou emportés sont en grande partie établies depuis 1938. Outre la préparation de sites de repli en Gironde et en Charente-Inférieure (actuelle Charente-Maritime), Jacques Bauer et Jean Waquet consacrent donc leurs efforts à la création de cinq abris situés dans le département : à Chaource, où le comte Chandon de Briailles a finalement décidé d’accueillir vitraux et archives dans le bâtiment de la Petite Cordelière et non plus à l’Hôtel de ville, jugé trop exposé ; au château de Vaux, à Fouchères, dans le canton de Bar-sur-Seine ; dans l’ancienne chapelle de la commanderie d’Avalleur, à Bar-sur-Seine, dont le maire accepte dès le 30 août la mise à disposition, en recommandant cependant de renforcer le système de fermeture de la porte ; dans une cave de l’ancien évêché ; et enfin dans la chapelle de l’ancien grand séminaire. Une « armoire forte », dotée d’une porte blindée et garnie, au sol, de papier goudronné, y est aménagée entre septembre 1939 et mars-avril 1940. En 1940, le service des monuments historique obtient par ailleurs l’autorisation d’utiliser le cellier des moines de l’abbaye de Clairvaux, qui semble servir de dépôt jusqu’à la fin de la guerre8.

    10Les opérations de dépose et de reconditionnement sont menées en parallèle. Dès le 26 août 1939, sous les ordres de l’architecte en chef des monuments historiques, de l’architecte départemental, mais également de spécialistes régionaux et parisiens, des équipes spécialement constituées procèdent à la dépose de plus de 2 500 mètres carrés de vitraux9. Sont notamment concernées les baies de la cathédrale et de sept églises de Troyes, celle de Saint-Rémy exceptée10.

    11Cinq cents caisses de vitraux, en partie déposées à l’ancien évêché, place Saint-Pierre, ou encore dispersées dans Troyes et ses alentours, sont prêtes dès les premiers jours de septembre. L’évacuation se heurte alors à une certaine désorganisation administrative, qui provoque retards et faux-départs. Jean Waquet, qui a déployé de nombreux efforts depuis septembre 1938 pour choisir des lieux de repli, organiser les transferts et faciliter les communications d’urgence – en demandant notamment l’installation d’une ligne téléphonique aux Archives, ainsi que dans toutes les communes conservant des objets classés –, fait alors montre d’un certain découragement et n’hésite pas à dénoncer l’« inertie à peu près complète » des services préfectoraux11. Cette « inertie » est heureusement compensée par la bonne volonté des Ponts-et-Chaussées, qui acceptent de mettre véhicule et moyens humains à sa disposition12. Les opérations d’enlèvement, menées conjointement par les Ponts-et-Chaussées et une entreprise privée, commencent le 8 septembre, avec un jour de retard sur le calendrier prévisionnel. Elles s’arrêtent, faute de personnel, dès le 10 septembre et ce pour une durée de près de dix jours. Un courrier de François Chandon de Briailles, en date du 14 septembre, témoigne bien de cette situation : le comte signale ainsi à Jean Waquet qu’aucune caisse ne lui a été livrée depuis quatre jours et que certaines caisses, qui n’ont pas été transportées dans ses caves, demeurent dans sa cour, exposées aux intempéries. Les transferts ne reprennent finalement que le 19 septembre, date à laquelle Marius Imperatori est engagé pour effectuer, pendant quinze jours, les déplacements entre Troyes et Chaource.

    12D’autres retards se produisent et l’opération est encore loin d’être achevée le 17 octobre 1939. Ces retards, mais également l’absence de moyens de transport adéquats, incitent Bauer et Waquet à trouver une autre solution que le transport pour la protection de la statuaire des églises et des musées. Après un temps d’hésitation, il est finalement décidé d’établir une protection in situ, grâce à un système de châssis en bois13 ou d’échafaudages tubulaires en métal, destiné à supporter des sacs de terre, comme dans l’église Saint-Pantaléon, à Troyes, où les structures se révèlent particulièrement impressionnantes14.

    13Les opérations de transfert des tableaux du musée15, des archives ainsi que des manuscrits et ouvrages précieux de la bibliothèque municipale de Troyes sont plus aisées, et elles sont achevées le 12 octobre. À cette date, le fonds de Clairvaux et 150 autres articles de première importance, entreposés d’abord dans la cave de l’ancien évêché, finalement jugée trop humide, sont déposés au château de La Cordelière. Grâce à la générosité de Chandon de Briailles, qui prend en charge les frais de transfert, le château accueille également l’important fonds de Dampierre, déposé par la Société académique aux Archives départementales. Pour leur part, les manuscrits de la bibliothèque municipale et le fonds de Saxe, « d’une importance primordiale pour l’histoire de la Guerre de Sept ans, et généralement pour l’histoire de l’Europe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle16 », sont conservés dans la chapelle de l’ancienne commanderie d’Avalleur. Un grand nombre de registres et de liasses extraits des fonds ecclésiastiques – série G et H –, ainsi que 68 sacs d’archives de la série M et 6 sacs de la série N, sont par ailleurs transportés dans la chambre forte en cours d’aménagement dans l’ancien séminaire.

    14Les autres documents d’archives demeurent à Troyes, au dépôt principal et dans les annexes de l’ancien séminaire et de l’ancien évêché, où les masses sont peu nombreuses. Grâce aux conseils du commandant des sapeurs pompiers de Troyes, délivrés dès le mois de mai, le dépôt du quai du comte Henri bénéficie d’ailleurs de quelques mesures de protection : les bouches d’aération du troisième étage sont fermées, les passages balayés et débarrassés des toiles d’araignées et des vracs de papiers qui les encombraient, etc. Conformément aux recommandations de la direction des Archives de France, les documents isolés sur les rayons sont également réunis par masse, pour offrir une meilleure résistance au feu et à la pénétration des bombes17.

    15Aux efforts déployés pour préserver le patrimoine aubois s’ajoutent les mesures qui doivent être prises en faveur des archives et des objets d’arts des communes évacuées de Moselle. Dès la fin du mois d’août 1939, l’Aube et la Haute-Marne sont en effet désignés comme « départements d’hébergement » pour la Moselle, avant l’évacuation définitive vers les « départements de correspondance de la Charente et de la Vienne18 ». Jean Waquet, puis son successeur, multiplient donc les contacts avec leurs homologues des départements concernés, surveillent le transit des archives et objets d’art vers la gare et l’abbaye de Ligugé (Vienne), et n’hésitent pas à intervenir pour protéger les archives restées en déshérence lors de l’évacuation. Le 24 avril 1940, M. Sauley prie ainsi le maire de Méry-sur-Seine de faire expédier à Chalandray, dans la Vienne, quatre caisses d’archives, vases précieux et ornements d’église de la commune de Monneren encore en souffrance.

    16La pertinence des mesures de sécurité est testée le 8 février 1940, lors d’un exercice d’évacuation organisé par la préfecture. Sauley considère que ce test a été une réussite : les deux agents des Archives ont pu être évacués très brièvement, dans un abri suffisamment proche du dépôt principal pour pouvoir intervenir rapidement en cas de sinistre19. En mai 1940, les principaux acteurs du patrimoine aubois sont donc raisonnablement confiants dans leur dispositif.

    17La rapidité de l’avancée allemande et le chaos administratif et militaire qui s’ensuit mettent à mal cet état d’esprit. Dès la fin du mois de mai, les dépôts aubois sont jugés insuffisamment protégés. Le 30 mai, Jacques Bauer reçoit de la direction des Beaux-arts l’ordre de faire évacuer vers la Charente-Inférieure et la Gironde, « par chemin de fer, de nombreuses caisses renfermant des vitraux, tableaux, manuscrits et archives de la bibliothèque municipale de Troyes ainsi que des objets d’arts, [et] une partie des archives départementales, en raison de leur importance exceptionnelle20 ». Chandon de Briailles, qui a constaté les dégâts occasionnés aux collections de sceaux lors du court trajet entre Troyes et Chaource, alerte Sauley et Bauer des dangers d’une telle évacuation pour les fonds d’archives. Avec l’autorisation de la direction des Archives de France, reçue dès le 1er juin, Sauley décide donc de n’évacuer aucun document provenant des Archives départementales. Le dépôt d’Avalleur est cependant vidé par une équipe diligentée par Jacques Bauer et l’ensemble des archives et des fonds de la bibliothèque municipale de Troyes transféré vers Chaource entre le 31 mai et le 2 juin.

    18Les vitraux, tableaux et objets d’art du département, conservés dans 838 caisses21, ainsi qu’une partie des archives municipales de Troyes, sont regroupés au chef-lieu du département, où la SNCF assemble un convoi spécial de dix wagons, dont sept pour les seules caisses de vitraux. Le convoi quitte la ville le 8 juin, escorté par Sauley et par un unique agent de police. Dirigé vers Paris, le convoi se traîne pendant cinq jours, passant de la gare de triage de Noisy-le-Sec à celle des Batignolles, où il est finalement abandonné, sur ordre du chef de gare. Sauley rejoint alors les masses de l’exode et finit par échouer, le 23 juin, dans une ferme du Puy-de-Dôme. Dans l’Aube, la situation n’est guère meilleure : Chandon de Briailles est obligé de quitter la Cordelière devant les bombardements et l’avancée allemande, tandis que l’auxiliaire chargé de la protection des dépôts de Troyes est évacué vers Guéret, avec l’ensemble du personnel de la préfecture...

    19À la fin du mois de juin 1940, le patrimoine aubois est donc totalement abandonné à son sort.

    Protéger le patrimoine sous l’Occupation

    20Les bombardements et les combats de juin 1940 ne sont pas sans conséquence sur le patrimoine aubois : des églises sont touchées, voire totalement détruites, de nombreux vitraux non déposés sont pulvérisés, comme à Chaource ou à Villenauxe-la-Grande, et le patrimoine archivistique public et privé est lourdement endommagé : la bibliothèque et les archives communales d’Arcis-sur-Aube, pourtant évacuées dès le 13 juin, sont ainsi presque totalement détruites22, de même que les archives de l’étude notariale d’Aimé Berra, dans la même commune23. De nombreuses entreprises sont également touchées, que cela soit pendant l’évacuation – les entreprises Gillier perdent ainsi des archives envoyées par le train vers Toulouse –, les bombardements de juin (Chazelles à Troyes, Tabouret à Marigny-le-Châtel, etc.), voire même lors de pillages, comme dans le cas de l’usine Bonbon24...

    21Malgré l’« abandon » forcé de juin 1940, le sort du patrimoine protégé est bien meilleur et aucune perte majeure n’est heureusement à signaler. La Wehrmacht laisse ainsi intacts les dépôts troyens, ce que constate avec joie M. Sauley, revenu de l’exode le 5 août seulement. À Chaource, en l’absence du comte Chandon de Briailles, un contingent allemand occupe La Cordelière, mais il se montre finalement assez respectueux des fonds qui y sont conservés. Les documents sont un peu « bousculés », mais seules quelques caisses d’ouvrages de la bibliothèque de Troyes sont forcées et les pertes paraissent peu importantes25.

    22Même le convoi abandonné aux Batignolles est épargné et fini « miraculeusement26 » par arriver à destination, à la mi-juillet 1940. Vitraux, tableaux et objets d’art sont alors pris en charge par l’archiviste en chef de la Gironde, M. Lairesse, ainsi que par l’architecte des monuments historiques de Charente-Inférieure, M. Gouverneur, et transférés dans les dépôts sécurisés établis par les Beaux-arts. Les vitraux sont conservés à Saint-Émilion, où ils demeurent pendant toute la durée de la guerre, tandis que les 63 caisses d’objets d’arts et de tableaux sont stockées dans un premier temps au dépôt de la Roche-Courbon, sur la commune de Saint-Porchaire, entre Saintes et Rochefort. Le dépôt n’est pas affecté par les mesures d’évacuation de novembre 1942, qui touchent 41 musées, 13 anciens dépôts, ainsi que les bibliothèques, les vitraux et les dépôts d’archives de plus de 18 départements27. Il n’est évacué que lors de l’opération suivante, en 1943, lorsque la dégradation de la situation militaire de l’Allemagne laisse craindre de nouveaux bombardements sur le sol français. Le 20 juillet 1943, les caisses auboises sont donc transférées au dépôt du château de Hautefort, en Dordogne28. Épargnées par l’ultime opération de regroupement, menée à partir de janvier 1944, elles y demeurent jusqu’à la fin de la guerre.

    23Le sort de ce patrimoine, directement géré par l’administration des Beaux-arts, sous l’œil vigilant des autorités allemandes, échappe donc largement aux institutions propriétaires. Ces dernières ne peuvent que suivre de loin ses diverses pérégrinations, comme le constate encore Jean Waquet en 194329.

    24Les organismes patrimoniaux allemands s’intéressent également aux archives, ouvrages de bibliothèque et objets d’art demeurés dans l’Aube, mais leur ingérence demeure modeste. Si une mission conjointe d’inspection de la direction des Archives de France et de l’Archivschutz allemande se rend à Troyes dès la mi-août 1940 pour dresser un premier état de la situation, les interventions suivantes sont très limitées. Aux Archives départementales, elles semblent se cantonner à une demande de renseignements sur d’éventuels documents relatifs aux prisonniers de guerre, le 5 novembre 1940, à l’envoi d’une circulaire officielle de la direction des Archives de France demandant que lui soit transmis un relevé périodique des recherches effectuées dans les dépôts français par les institutions et les particuliers allemands et à un second passage de l’Archivschutz, le 24 avril 1941. Dans les autres domaines patrimoniaux publics, si l’on excepte les 49 tableaux réquisitionnés au Musée de Troyes pour le Soldatenheim et l’Offizierheim30, et les mesures prises pour interdire un certain nombre de livres jugés « anti-allemands » et faire acquérir des ouvrages promouvant « l’idée européenne » dans les bibliothèques31, les autorités allemandes dans l’Aube se manifestent également assez peu.

    25Cette relative « inertie » allemande permet aux acteurs du patrimoine aubois d’agir assez librement, dans les limites imposée par l’Occupation.

    26Dès le 25 août 1940, Jacques Bauer sollicite ainsi auprès de la préfecture la mise à disposition d’un véhicule et de carburant, pour entreprendre les opérations de rapatriement des archives et objets d’art évacués à La Cordelière et au château de Vaux. Cette première demande demeure vaine et il faut attendre le retour de Jean Waquet, le 29 septembre, puis les instructions envoyées par la direction des Archives de France, le mois suivant, pour que les premières opérations se mettent en place.

    27Jean Waquet se rend ainsi à La Cordelière le 30 octobre pour vérifier l’état de conservation des documents et organiser leur retour éventuel : le comte Chandon de Briailles, alors gravement malade, craint en effet de devoir quitter le château et d’abandonner aux Allemands les fonds laissés à sa garde. Les deux hommes décident finalement, avec l’accord de la direction des Archives de France, de rapatrier en priorité le fonds de Saxe – ce qui sera fait dès le 6 novembre – et de laisser sur place les archives de Clairvaux.

    28Les transferts successifs du fonds de Saxe, de Troyes à Avalleur, d’Avalleur à Chaource, puis de Chaource à Troyes, ne sont pas sans conséquences. Dans un inventaire établi le 27 novembre 1940, Jean Waquet relève ainsi l’absence de 12 liasses, cotées EE 155, 189, 1811 à 1818, 1945 et 2416. Pendant plus de deux mois, aiguillonné par la direction des Archives de France, Waquet n’a de cesse de retrouver l’ensemble des documents manquants. Il interroge Jacques Bauer, responsable du transfert Avalleur-Chaource, le comte Chandon de Briailles, le patron de l’entreprise Herrault, chargée du rapatriement des documents en novembre, et demande même au maire de Bar-sur-Seine de faire examiner la chapelle de l’ancienne commanderie d’Avalleur. Ces efforts sont couronnés de succès et la plupart des documents réintègrent finalement le dépôt central.

    29Le cas du fonds de Saxe réglé, Waquet organise la suite des retours, qui se poursuivent tout au long de l’année 1941. Le fonds de Clairvaux quitte ainsi La Cordelière à la fin du mois de mai 1941, sans qu’aucune perte n’y soit signalée32. Pour leur part, les documents déposés dans la chapelle du grand séminaire réintègrent le dépôt central le 11 décembre 1941 et seules les 70 liasses de la sous-série 5 G demeurent au dépôt du grand séminaire, dans le placard de la sacristie.

    30Une fois les fonds réintégrés, Jean Waquet entreprend de relancer les publications et les opérations de classement. En 1941, cinq archivistes paléographes et quatre élèves de l’École nationale des chartes, rétribués par le département et le CNRS, classent ainsi plusieurs fonds de la série H33. À partir du 1er septembre 1942, les Archives départementales bénéficient également de l’ouverture du chantier intellectuel n ° 2498 qui permet le recrutement de deux travailleurs au chômage mais se termine, faute de crédits d’État, et malgré la qualité du travail effectué, le 1er juillet 194334.

    31Dès 1941, Waquet puis son successeur, Bertrand Gille, reprennent également les inspections communales, pour dresser le constat des éventuelles destructions occasionnées par l’exode et la guerre. En début d’année 1943, un court questionnaire est envoyé à quelques communes, puis un second document plus complet, est adressé, le 20 août 1943, à l’ensemble des communes du département. Les maires répondent généralement rapidement à l’enquête, qui témoigne du peu de dégâts observé, du moins en 1943, dans les archives communales35. L’année 1943 est également consacrée aux enquêtes archivistiques menées auprès de la Chambre de commerce et de la Chambre des notaires, dont les résultats ont été évoqués plus haut36.

    32La bibliothèque municipale de Troyes, fréquemment fermée à partir de septembre 1939 – malgré la mise en place d’un service réduit en octobre –, ouvre finalement tous les après-midis, à partir du 15 juillet 1940. Les fonds précieux réintègrent ses murs près d’une année plus tard, en juin 1941.

    33La Société académique de l’Aube tente fréquemment d’intervenir en faveur du patrimoine départemental. Les comptes rendus de ses réunions témoignent notamment de l’attention portée par ses membres à l’aménagement des abords de monuments historiques et aux découvertes archéologiques, souvent fortuites, effectuées lors des travaux de démolition ou de reconstruction des années 1941-1944. Dès sa première séance sous occupation allemande, le 20 septembre 1940, Jules Babeau signale ainsi la découverte, lors des travaux entrepris pour protéger le jubé de la Madeleine, d’une nécropole comportant une cinquantaine de corps. En septembre 1941, puis en juin 1942, c’est M. Niel qui demande que des mesures de protection soient prises en faveur d’une tête d’homme en pierre sculptée découverte lors de la démolition d’un immeuble de la rue du Labourat, puis de l’ensemble de la propriété sise au no 42 de la rue de la Monnaie à Troyes, qui abrite, dans sa cour, l’hôtel Deheurles, « petit joyau de l’architecture troyenne du XVIe siècle37 ». Pour protéger le patrimoine métallique menacé par les réquisitions, la Société académique essaye également de peser sur les décisions des commissions de mobilisation des métaux non ferreux. Dans un vœu transmis au préfet et au secrétaire d’État à l’Éducation nationale, elle déplore ainsi la « nécessité de ces mesures basées sur des intérêts supérieurs, et émet le vœu que des moulages soient pris des œuvres sacrifiées les plus notables, notamment de celles dont il n’existe aucune réplique38 ». Cette plaidoirie demeure malheureusement vaine. La statue de Danton à Arcis-sur-Aube, le Volontaire de Méry-sur-Seine, le buste du sculpteur Dubois à Nogent-sur-Seine, le buste de la République à Saint-Parresles-Vaudes, le buste d’Audiffred ainsi que les bronzes des grilles du palais de justice de Troyes39 sont ainsi désignés pour être fondus, et seule une action énergique de la population parviendra à en sauver quelques-uns. La Société académique, par la voix de Jean Waquet, parvient mieux à se faire entendre au sein de la commission de mobilisation des métaux non ferreux dans les édifices religieux. Cette dernière, qui tient sa première séance le 29 septembre 1942, tente de déterminer la liste des objets « hors d’usage » susceptibles d’être réquisitionnés sans gêner l’exercice du culte ou choquer les sentiments religieux de la population. En réponse aux propositions de la préfecture, et en s’appuyant sur des instructions ministérielles reçues le 27 novembre 1942, Jean Waquet parvient à soustraire aux réquisitions les éléments de vitraux, même très fragmentaires, les bâtons de procession, les menus objets du culte, etc.

    34À partir de 1943, les victoires alliées et la crainte d’une recrudescence des bombardements poussent les autorités de Vichy à exiger la mise en place de nouvelles mesures de protection du patrimoine demeuré dans l’Aube. Malgré l’ambition des textes réglementaires, les mesures sont d’une ampleur bien moindre qu’en 1939-1940, et seule la statuaire bénéficie véritablement d’une protection massive, largement héritée d’ailleurs de 1939. Dans les bibliothèques comme aux Archives départementales, il n’est ainsi plus question d’un déménagement massif des fonds vers un dépôt sécurisé, mais d’un simple transfert de quelques documents jugés essentiels – le diplôme de Charles le Chauve de 854, les chartes de Philippe Ier de 1071, de Thibaut V de Champagne de septembre 1261, etc. – vers trois coffres de la Banque de France, mis à disposition à partir du 1er août 194440.

    35La faiblesse des mesures de protection et de leur suivi explique en grande partie l’ampleur des destructions constatées à la Libération, notamment en matière de bâtiments ou d’archives communales.

    Un retour à la normale ?

    36À la Libération, la situation du patrimoine aubois est contrastée : les vitraux, tableaux et objets d’arts abrités à Saint-Émilion et au château de Hautefort ont passé la guerre sans encombre et reviennent dans le département au printemps 1946. La statuaire conservée in situ, au Musée de Troyes et dans les églises, est elle aussi largement préservée41. Il n’en va pas de même pour les vitraux encore en place dans les églises, ou pour les collections de tableaux conservées au Musée de Troyes, soumises aux intempéries, puis aux moisissures depuis qu’une bombe a crevé la toiture et pulvérisé les verrières des salles de peinture42.

    37Les enquêtes diligentées par la direction des Archives de France en novembre 1944 et décembre 1945 révèlent que les archives ont également été touchées : à Précy-Saint-Martin, alors que les combats de 1940 n’ont commis aucun dégât, le maire de la commune signale ainsi « que la mairie a été complètement incendiée le 27 août 1944 et qu’en conséquence les archives sont détruites43 ». La perte est d’importance : outre ses archives courantes, la commune a en effet perdue la totalité de ses registres paroissiaux et d’état civil depuis 1669, des registres de délibérations remontant à 1780 et un ensemble de pièces sur les anciens communaux, daté de l’an II. Aux Archives départementales, les pertes concernent notamment la série G, les fonds judiciaires44, ainsi que la quasi-totalité des chartes du XIIIe siècle du fond de Notre-Dame-aux-Nonnains, disparues du séminaire et du dépôt annexe en 1944, lors de leur occupation par des rapatriés russes45.

    38Les opérations de reconstruction des églises et des monuments, de repose des vitraux, de reconditionnement ou de reconstitution des fonds d’archives, de remise en état du Musée et de ses collections sont menées dès 1945-1946, tant par Jacques Bauer que par les conservateurs nouvellement nommés au sein du Musée ou des Archives départementales. Elles durent de longues années et en 1952, des travaux de restauration ou de repose de vitraux consécutifs aux faits de guerre sont encore à mener dans 45 monuments. À cette date, les pertes jugées irrécupérables concernent la chapelle Saint-Gilles de Troyes, la nef de l’église de Mergey, l’église d’Allibaudières. Les pertes les plus sensibles en matière de vitraux concernent notamment Brienne-le-Château, Chaource, Chappes, Géraudot, Maizières-les-Brienne, Montreuil-sur-Barse, Plancy l’Abbaye, Praslin, Saint-Parres-les-Vaudes, Vallentigny, Vendreuvre-sur-Barse et Villenauxe-la-Grande46. En 2014, les derniers vitraux déposés en 1939 ou endommagés pendant la guerre et encore non remontés sont ceux de la chapelle de l’Hôtel-Dieu-le-Comte. Ces derniers, déposés après la guerre dans les caves du bâtiment, ont été retrouvés seulement dans les années 1990, lors de la création du Centre universitaire de Troyes47.

    39Malgré les destructions non négligeables occasionnées par les combats de juin 1940 et de la Libération, les mesures de protection du patrimoine aubois se sont donc révélées largement efficaces. Le soin apporté à leur élaboration, une bonne dose de chance – notamment pour la préservation du convoi de juin 1940 – mais également les efforts sans failles déployés par quelques défenseurs du patrimoine – Jean Waquet, M. Sauley, Jacques Bauer, François Chandon de Briailles, entre autres – ont permis la préservation de ce patrimoine exceptionnel et sa transmission aux générations actuelles.

    Notes de bas de page

    1 Cet article est une mise à jour de l’article éponyme publié dans les Mémoires de la Société académique de l’Aube, t. CXXXV, Troyes, 2012, p. 11-23.

    2 Extrait du discours prononcé par le comte François Chandon de Briailles en quittant le fauteuil de président de la Société académique de l’Aube, le 5 janvier 1940 (Mémoires de la Société académique d’agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l’Aube [plus bas Mémoires], t. XCIX, 1939-1942, Troyes, J. Paton, 1944, p. 209).

    3 Jacques Bauer, « Les églises du département de l’Aube détruites depuis la fin du XIXe siècle et celles qui se trouvent actuellement menacées de disparition », Procès-verbaux des séances de la Société académique d’agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l’Aube, Troyes, J. Paton, 1953, p. 25.

    4 Gildas Bernard, Guide des Archives départementales de l’Aube, Troyes, 1967, p. 11-15.

    5 Archives départementales de l’Aube (ADA), 1444 W 48, minute manuscrite du courrier de Jean Waquet, archiviste de l’Aube, au directeur des Archives de France, p. 1.

    6 ADA, 1444 W 48 et 3 T 256, instruction de la direction des Archives de France pour protéger les archives contre les dangers résultant de l’état de guerre, 23 août 1939. Notes du préfet de l’Aube des 23 août, 26 août et 3 septembre 1939.

    7 Stéphanie Corcy, La vie culturelle sous l’Occupation, Paris, Perrin, 2005, p. 136.

    8 MDAP, 0080/039/0001.

    9 Présentation par Charles Gris et Jacques Bauer des dispositions prises pour préserver des bombardements aériens les trésors d’art du Musée, ainsi que des principaux monuments de Troyes et des environs, lors de la séance de la Société académique de l’Aube du 22 septembre 1939 (Mémoires, t. XCIX, op. cit., p. 18).

    10 Sont également protégés les vitraux des églises d’Arcis-sur-Aube, Barberey-Saint-Sulpice, Bar-sur-Seine, Brienne-le-Château, La Chapelle-Saint-Luc, Chavanges, Creney, Dampierre-sur-Aube, Dosnon, Ervy-le-Châtel, Essoyes, Grandville, Herbisse, Lhuître, Montieramey, Mussy-sur-Seine, Les Noës-près-Troyes, Poivres, Pont-Sainte-Marie, Pouan-les-Vallées, Rosnay-l’Hôpital, Rouilly-Saint-Loup, Rumilly-les-Vaudes, Saint-Aventin, Saint-Parres-aux-Tertres, Saint-Pouange, Sainte-Savine, Trouan-le-Petit, Verrières, Villeret, ou encore Voué. Aperçu des mesures de protection des vitraux anciens présenté par le maître-verrier Gaston Vinum lors de la séance de la Société académique de l’Aube du 15 mars 1940 (ibid., p. 29).

    11 ADA, 3 T 256, projet de courrier de Jean Waquet au directeur général des Beaux-arts, 15 septembre 1939, p. 4.

    12 ADA, 1444 W 48, minute manuscrite du courrier de Jean Waquet à l’ingénieur des Ponts-et-Chaussées, 4 septembre 1939. Waquet y confirme son accord pour le transport vers Chaource des vitraux déposés et des archives. Les archives sont disponibles dès le 5 septembre, au dépôt du quai du comte Henri. Pour leur part, les vitraux peuvent être évacués à partir du 7 septembre, « par une équipe volante des Monuments Historiques », chargée du chargement et du déchargement.

    13 MDAP, 1996/096, cliché no MH0129508. Marcel Poutaraud, Protection de la statue de Sainte-Marthe, échafaudage en bois, 1939 (église de La Madeleine, Troyes). Dans un courrier adressé au préfet de l’Aube le 19 septembre 1939 (ADA, 3 T 256), Jean Waquet envisage encore une évacuation en masse de la statuaire. Son projet semble rapidement abandonné, faute de moyens de transports adéquats. En effet, dès le 22 septembre, Charles Gris et Jacques Bauer font savoir aux membres de la Société académique de l’Aube qu’un système de bâties de bois et d’entassement de sac de terre a été adopté pour protéger certaines statues et sculptures difficilement transportables (Mémoires, t. XCIX, op. cit., p. 18).

    14 MDAP, 1996/096, clichés no MH0129506 et MH0129507. Marcel Poutaraud, Protection de sculptures, échafaudages tubulaires destinés à supporter les sacs de terre et Protection de sculptures au moyen de sacs de terre, 1939 (église Saint-Pantaléon, Troyes).

    15 Dès le mois d’août 1939, Charles Gris, alors conservateur du Musée de peinture, fait emballer et évacuer 211 tableaux, au lieu des 29 retenus à l’origine par la direction des Beaux-arts. Les tableaux sont évacués vers La Cordelière, en même temps que les archives (Mémoires de la Société académique d’agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l’Aube, t. C, 1943-1945, Troyes, Les Impr. Paton, 1946, p. 371).

    16 Courrier du préfet de l’Aube au ministre de l’Éducation nationale (Archives de France), 12 octobre 1939, p. 2.

    17 ADA, 1444 W 48, instruction de la direction des Archives de France pour protéger les archives contre les dangers résultant de l’état de guerre, 23 août 1939. L’instruction précise qu’il convient d’« en former des tas, carrés ou rectangulaires, très denses, de plusieurs mètres cubes, couverts de bâches ignifugées, ou de carton d’amiante portant une couche de sable ».

    18 ADA, 1444 W 48, note du ministère de l’Éducation nationale (direction des Archives de France) à l’archiviste du département de l’Aube, 30 août 1939.

    19 ADA, 1444 W 48, note de M. Sauley au préfet de l’Aube sur les résultats de l’exercice d’évacuation, 9 février 1940.

    20 ADA, 1444 W 48, rapport du chef de bureau faisant office d’archiviste de l’Aube au directeur des Archives de France (application de la note circulaire du 26 juillet 1940), 19 août 1940, p. 2.

    21 Les 2 500 m2 de vitraux sont conservés dans 775 caisses. Les tableaux et retables provenant des églises de Troyes et de Sainte-Savine sont conservés dans 28 caisses, auxquelles s’ajoute une petite caisse renfermant une statue de sainte Savine. 28 caisses abritent les pièces provenant des musées de Troyes : une caisse « béton armé » rassemble l’ensemble des objets précieux, tandis que deux caisses en bois renferment les objets de la Préhistoire et de l’âge du bronze. Deux caisses supplémentaires abritent des « objets divers » provenant du musée de Bar-sur-Seine, tandis que le trésor de la cathédrale de Troyes est rassemblé dans quatre caisses : deux caisses « béton-armé » pour les objets classés et les étoffes précieuses, deux caisses en bois pour les châsses. ADA, 3 T 256 : « Nomenclature des caisses renfermant les vitraux anciens déposés des églises de l’Aube. Caisses de vitraux transportées à Bar-sur-Seine », « Nomenclature des caisses renfermant les tableaux et retables provenant d’églises de Troyes » et « Nomenclature des caisses renfermant les objets ci-après ». Listes établies et vérifiées par Jacques Bauer (exemplaires de M. Sauley), 3 juin 1940.

    22 ADA, dossier « Inspection communale – Arcis-sur-Aube », non coté. En marge de la deuxième page de son rapport d’inspection du 23 août 1941, Jean Waquet signale ainsi que « les archives [ont] été évacuées... Elles [sont] parties le 13 juin au soir, après le bombardement. Le camion a été détruit par les Allemands à Clamecy, et les archives jetées dans le fossé. On en a retrouvé à coté d’Autun, à Château-Chinon... Plus rien comme registres de délibérations ».

    23 ADA, 1444 W 14, réponse de la Chambre des notaires de l’Aube à l’enquête sur les archives notariales, 2 septembre 1943.

    24 ADA, 1444 W 14, réponses de la Chambre de commerce à l’enquête sur les archives industrielles et commerciales, 4 octobre, 20 octobre et 8 novembre 1943.

    25 ADA, 1444 W 48, copie manuscrite d’un courrier de M. Chandon de Briailles [à M. Sauley ?], 21 août 1940.

    26 Dans son rapport du 19 août 1940 au directeur des Archives de France, Sauley avoue ignorer comment les 10 wagons ont bien pu être acheminés (ADA, 1444 W 48, rapport du chef de bureau, p. 4). La situation n’est pas éclaircie par la suite puisque en 1941 encore, Waquet témoigne de la même ignorance (ADA, 3 T 256, note manuscrite résumant une conversation entre Jean Waquet et Jacques Bauer, le 9 janvier 1941, s. l. n. d. [Troyes, janvier 1941]).

    27 Stéphanie Corcy, op. cit., p. 137.

    28 ADA, 3 T 256, courrier du directeur des Musées de France au conservateur des antiquités et des objets d’art de l’Aube, 16 mai 1945.

    29 ADA, 3 T 256, courrier de Jean Waquet à l’inspecteur général, chef du service des objets mobiliers, 17 mai 1943.

    30 Mémoires, t. C, op. cit., p. 371.

    31 ADA, 310 W 277, courriers du préfet de l’Aube au colonel commandant la Feldkommandantur 531 de Troyes, janvier 1941 et 30 juin 1941. Dans son premier courrier, le préfet précise notamment que le maire de Troyes a autorisé la fermeture complète de la bibliothèque pendant quinze jours, de manière à permettre « la révision et une épuration complète des ouvrages », et que des mesures analogues ont été prises dans le reste du département.

    32 ADA, 1444 W 48, note manuscrite de Jean Waquet sur les « documents des Archives de l’Aube mis à l’abri chez M. le Comte F. Chandon de Briailles, château de La Cordelière à Chaource (propriété mise hors réquisition) ».

    33 Gildas Bernard, op. cit., p. 12-13.

    34 ADA, 1444 W 43.

    35 ADA, dossiers « Inspections communales », classés par commune, non cotés. Les formulaires, d’une seule page, ne comprennent que cinq questions : vos archives communales ont-elles été endommagées du fait de la guerre ? comment ? – attaques aériennes allemandes, italiennes ou anglo-américaines, combats, vols, pertes au cours des évacuations – à quelle date ? quels sont les papiers ou les catégories de papier détruits ? les bâtiments qui contenaient les archives ont-ils été endommagés ?

    36 ADA, 1444 W 14.

    37 Mémoires, t. XCIX, p. 35, 47, 54, 67.

    38 Mémoires, t. XCIX, p. 51.

    39 ADA, 3 T 256, courrier du préfet de l’Aube à Jean Waquet, 30 janvier 1941.

    40 ADA, 1444 W 48, courrier du préfet de l’Aube à Bertrand Gille, 16 août 1944.

    41 ADA, 3 T 256, circulaire du directeur général de l’architecture, 3 juillet 1945. La circulaire indique que le rapatriement des objets d’art évacués, la repose des vitraux et l’enlèvement des sacs de sable et murs de protection masquant objets mobiliers ou monuments historiques peuvent désormais être menés rapidement.

    42 Pour la situation du Musée de Troyes à partir de 1944, il convient de se rendre au centre de documentation de la conservation des Musées de Troyes et d’y consulter le dossier « Histoire générale. Histoire du musée (collections et bâtiment) », non coté. On lira également avec profit les premières pages du Projet scientifique et culturel des musées de Troyes. Bilan initial, dir. Chantal Rouquet, octobre 2000.

    43 ADA, dossier « Inspection communale – Précy-Saint-Martin », non coté. Courrier du maire de Précy-Saint-Martin, 8 octobre 1944.

    44 ADA, 1444 W 19.

    45 Gildas Bernard, op. cit., p. 14.

    46 Jacques Bauer, « Les églises du département de l’Aube détruites depuis la fin du XIXe siècle et celles qui se trouvent actuellement menacées de disparition », art. cit., 1953, p. 25.

    47 Inventaire des panneaux de vitraux déposés dans les réserves de la cathédrale de Troyes, Conseil général de l’Aube, Atelier Le Vitrail – Alain Vinum/Flavie Serrieres Vincent-Petit, entreprise Bruno Decrock, 2008-2010. Base de données conservée à la Direction des archives et du patrimoine du Conseil général.

    Auteur

    • Nicolas Dohrmann
      Archiviste paléographe et conservateur du patrimoine, est directeur des Archives et du Patrimoine du Conseil général de l’Aube. Il a notamment assuré le commissariat général de l’exposition Templiers. Une histoire, notre trésor (Troyes, Hôtel-Dieu-le-Comte, juin-octobre 2012), ainsi que la co-direction, avec Arnaud Baudin et Ghislain Brunel, du catalogue de l’exposition (Templiers. De Jérusalem aux commanderies de Champagne, Paris, Somogy, 2012) et des actes du colloque international consacré à l’économie templière (L’économie templière en Occident. Patrimoines, commerce, finances, Langres, Dominique Guéniot, 2013). Il assure actuellement la préparation de deux expositions consacrées, pour la première, à la campagne de France de 1814 (mai-octobre 2014), et pour la seconde, au neuvième centenaire de la fondation de l’abbaye de Clairvaux (mai-octobre 2015).
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    1 Cet article est une mise à jour de l’article éponyme publié dans les Mémoires de la Société académique de l’Aube, t. CXXXV, Troyes, 2012, p. 11-23.

    2 Extrait du discours prononcé par le comte François Chandon de Briailles en quittant le fauteuil de président de la Société académique de l’Aube, le 5 janvier 1940 (Mémoires de la Société académique d’agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l’Aube [plus bas Mémoires], t. XCIX, 1939-1942, Troyes, J. Paton, 1944, p. 209).

    3 Jacques Bauer, « Les églises du département de l’Aube détruites depuis la fin du XIXe siècle et celles qui se trouvent actuellement menacées de disparition », Procès-verbaux des séances de la Société académique d’agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l’Aube, Troyes, J. Paton, 1953, p. 25.

    4 Gildas Bernard, Guide des Archives départementales de l’Aube, Troyes, 1967, p. 11-15.

    5 Archives départementales de l’Aube (ADA), 1444 W 48, minute manuscrite du courrier de Jean Waquet, archiviste de l’Aube, au directeur des Archives de France, p. 1.

    6 ADA, 1444 W 48 et 3 T 256, instruction de la direction des Archives de France pour protéger les archives contre les dangers résultant de l’état de guerre, 23 août 1939. Notes du préfet de l’Aube des 23 août, 26 août et 3 septembre 1939.

    7 Stéphanie Corcy, La vie culturelle sous l’Occupation, Paris, Perrin, 2005, p. 136.

    8 MDAP, 0080/039/0001.

    9 Présentation par Charles Gris et Jacques Bauer des dispositions prises pour préserver des bombardements aériens les trésors d’art du Musée, ainsi que des principaux monuments de Troyes et des environs, lors de la séance de la Société académique de l’Aube du 22 septembre 1939 (Mémoires, t. XCIX, op. cit., p. 18).

    10 Sont également protégés les vitraux des églises d’Arcis-sur-Aube, Barberey-Saint-Sulpice, Bar-sur-Seine, Brienne-le-Château, La Chapelle-Saint-Luc, Chavanges, Creney, Dampierre-sur-Aube, Dosnon, Ervy-le-Châtel, Essoyes, Grandville, Herbisse, Lhuître, Montieramey, Mussy-sur-Seine, Les Noës-près-Troyes, Poivres, Pont-Sainte-Marie, Pouan-les-Vallées, Rosnay-l’Hôpital, Rouilly-Saint-Loup, Rumilly-les-Vaudes, Saint-Aventin, Saint-Parres-aux-Tertres, Saint-Pouange, Sainte-Savine, Trouan-le-Petit, Verrières, Villeret, ou encore Voué. Aperçu des mesures de protection des vitraux anciens présenté par le maître-verrier Gaston Vinum lors de la séance de la Société académique de l’Aube du 15 mars 1940 (ibid., p. 29).

    11 ADA, 3 T 256, projet de courrier de Jean Waquet au directeur général des Beaux-arts, 15 septembre 1939, p. 4.

    12 ADA, 1444 W 48, minute manuscrite du courrier de Jean Waquet à l’ingénieur des Ponts-et-Chaussées, 4 septembre 1939. Waquet y confirme son accord pour le transport vers Chaource des vitraux déposés et des archives. Les archives sont disponibles dès le 5 septembre, au dépôt du quai du comte Henri. Pour leur part, les vitraux peuvent être évacués à partir du 7 septembre, « par une équipe volante des Monuments Historiques », chargée du chargement et du déchargement.

    13 MDAP, 1996/096, cliché no MH0129508. Marcel Poutaraud, Protection de la statue de Sainte-Marthe, échafaudage en bois, 1939 (église de La Madeleine, Troyes). Dans un courrier adressé au préfet de l’Aube le 19 septembre 1939 (ADA, 3 T 256), Jean Waquet envisage encore une évacuation en masse de la statuaire. Son projet semble rapidement abandonné, faute de moyens de transports adéquats. En effet, dès le 22 septembre, Charles Gris et Jacques Bauer font savoir aux membres de la Société académique de l’Aube qu’un système de bâties de bois et d’entassement de sac de terre a été adopté pour protéger certaines statues et sculptures difficilement transportables (Mémoires, t. XCIX, op. cit., p. 18).

    14 MDAP, 1996/096, clichés no MH0129506 et MH0129507. Marcel Poutaraud, Protection de sculptures, échafaudages tubulaires destinés à supporter les sacs de terre et Protection de sculptures au moyen de sacs de terre, 1939 (église Saint-Pantaléon, Troyes).

    15 Dès le mois d’août 1939, Charles Gris, alors conservateur du Musée de peinture, fait emballer et évacuer 211 tableaux, au lieu des 29 retenus à l’origine par la direction des Beaux-arts. Les tableaux sont évacués vers La Cordelière, en même temps que les archives (Mémoires de la Société académique d’agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l’Aube, t. C, 1943-1945, Troyes, Les Impr. Paton, 1946, p. 371).

    16 Courrier du préfet de l’Aube au ministre de l’Éducation nationale (Archives de France), 12 octobre 1939, p. 2.

    17 ADA, 1444 W 48, instruction de la direction des Archives de France pour protéger les archives contre les dangers résultant de l’état de guerre, 23 août 1939. L’instruction précise qu’il convient d’« en former des tas, carrés ou rectangulaires, très denses, de plusieurs mètres cubes, couverts de bâches ignifugées, ou de carton d’amiante portant une couche de sable ».

    18 ADA, 1444 W 48, note du ministère de l’Éducation nationale (direction des Archives de France) à l’archiviste du département de l’Aube, 30 août 1939.

    19 ADA, 1444 W 48, note de M. Sauley au préfet de l’Aube sur les résultats de l’exercice d’évacuation, 9 février 1940.

    20 ADA, 1444 W 48, rapport du chef de bureau faisant office d’archiviste de l’Aube au directeur des Archives de France (application de la note circulaire du 26 juillet 1940), 19 août 1940, p. 2.

    21 Les 2 500 m2 de vitraux sont conservés dans 775 caisses. Les tableaux et retables provenant des églises de Troyes et de Sainte-Savine sont conservés dans 28 caisses, auxquelles s’ajoute une petite caisse renfermant une statue de sainte Savine. 28 caisses abritent les pièces provenant des musées de Troyes : une caisse « béton armé » rassemble l’ensemble des objets précieux, tandis que deux caisses en bois renferment les objets de la Préhistoire et de l’âge du bronze. Deux caisses supplémentaires abritent des « objets divers » provenant du musée de Bar-sur-Seine, tandis que le trésor de la cathédrale de Troyes est rassemblé dans quatre caisses : deux caisses « béton-armé » pour les objets classés et les étoffes précieuses, deux caisses en bois pour les châsses. ADA, 3 T 256 : « Nomenclature des caisses renfermant les vitraux anciens déposés des églises de l’Aube. Caisses de vitraux transportées à Bar-sur-Seine », « Nomenclature des caisses renfermant les tableaux et retables provenant d’églises de Troyes » et « Nomenclature des caisses renfermant les objets ci-après ». Listes établies et vérifiées par Jacques Bauer (exemplaires de M. Sauley), 3 juin 1940.

    22 ADA, dossier « Inspection communale – Arcis-sur-Aube », non coté. En marge de la deuxième page de son rapport d’inspection du 23 août 1941, Jean Waquet signale ainsi que « les archives [ont] été évacuées... Elles [sont] parties le 13 juin au soir, après le bombardement. Le camion a été détruit par les Allemands à Clamecy, et les archives jetées dans le fossé. On en a retrouvé à coté d’Autun, à Château-Chinon... Plus rien comme registres de délibérations ».

    23 ADA, 1444 W 14, réponse de la Chambre des notaires de l’Aube à l’enquête sur les archives notariales, 2 septembre 1943.

    24 ADA, 1444 W 14, réponses de la Chambre de commerce à l’enquête sur les archives industrielles et commerciales, 4 octobre, 20 octobre et 8 novembre 1943.

    25 ADA, 1444 W 48, copie manuscrite d’un courrier de M. Chandon de Briailles [à M. Sauley ?], 21 août 1940.

    26 Dans son rapport du 19 août 1940 au directeur des Archives de France, Sauley avoue ignorer comment les 10 wagons ont bien pu être acheminés (ADA, 1444 W 48, rapport du chef de bureau, p. 4). La situation n’est pas éclaircie par la suite puisque en 1941 encore, Waquet témoigne de la même ignorance (ADA, 3 T 256, note manuscrite résumant une conversation entre Jean Waquet et Jacques Bauer, le 9 janvier 1941, s. l. n. d. [Troyes, janvier 1941]).

    27 Stéphanie Corcy, op. cit., p. 137.

    28 ADA, 3 T 256, courrier du directeur des Musées de France au conservateur des antiquités et des objets d’art de l’Aube, 16 mai 1945.

    29 ADA, 3 T 256, courrier de Jean Waquet à l’inspecteur général, chef du service des objets mobiliers, 17 mai 1943.

    30 Mémoires, t. C, op. cit., p. 371.

    31 ADA, 310 W 277, courriers du préfet de l’Aube au colonel commandant la Feldkommandantur 531 de Troyes, janvier 1941 et 30 juin 1941. Dans son premier courrier, le préfet précise notamment que le maire de Troyes a autorisé la fermeture complète de la bibliothèque pendant quinze jours, de manière à permettre « la révision et une épuration complète des ouvrages », et que des mesures analogues ont été prises dans le reste du département.

    32 ADA, 1444 W 48, note manuscrite de Jean Waquet sur les « documents des Archives de l’Aube mis à l’abri chez M. le Comte F. Chandon de Briailles, château de La Cordelière à Chaource (propriété mise hors réquisition) ».

    33 Gildas Bernard, op. cit., p. 12-13.

    34 ADA, 1444 W 43.

    35 ADA, dossiers « Inspections communales », classés par commune, non cotés. Les formulaires, d’une seule page, ne comprennent que cinq questions : vos archives communales ont-elles été endommagées du fait de la guerre ? comment ? – attaques aériennes allemandes, italiennes ou anglo-américaines, combats, vols, pertes au cours des évacuations – à quelle date ? quels sont les papiers ou les catégories de papier détruits ? les bâtiments qui contenaient les archives ont-ils été endommagés ?

    36 ADA, 1444 W 14.

    37 Mémoires, t. XCIX, p. 35, 47, 54, 67.

    38 Mémoires, t. XCIX, p. 51.

    39 ADA, 3 T 256, courrier du préfet de l’Aube à Jean Waquet, 30 janvier 1941.

    40 ADA, 1444 W 48, courrier du préfet de l’Aube à Bertrand Gille, 16 août 1944.

    41 ADA, 3 T 256, circulaire du directeur général de l’architecture, 3 juillet 1945. La circulaire indique que le rapatriement des objets d’art évacués, la repose des vitraux et l’enlèvement des sacs de sable et murs de protection masquant objets mobiliers ou monuments historiques peuvent désormais être menés rapidement.

    42 Pour la situation du Musée de Troyes à partir de 1944, il convient de se rendre au centre de documentation de la conservation des Musées de Troyes et d’y consulter le dossier « Histoire générale. Histoire du musée (collections et bâtiment) », non coté. On lira également avec profit les premières pages du Projet scientifique et culturel des musées de Troyes. Bilan initial, dir. Chantal Rouquet, octobre 2000.

    43 ADA, dossier « Inspection communale – Précy-Saint-Martin », non coté. Courrier du maire de Précy-Saint-Martin, 8 octobre 1944.

    44 ADA, 1444 W 19.

    45 Gildas Bernard, op. cit., p. 14.

    46 Jacques Bauer, « Les églises du département de l’Aube détruites depuis la fin du XIXe siècle et celles qui se trouvent actuellement menacées de disparition », art. cit., 1953, p. 25.

    47 Inventaire des panneaux de vitraux déposés dans les réserves de la cathédrale de Troyes, Conseil général de l’Aube, Atelier Le Vitrail – Alain Vinum/Flavie Serrieres Vincent-Petit, entreprise Bruno Decrock, 2008-2010. Base de données conservée à la Direction des archives et du patrimoine du Conseil général.

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    Dohrmann, N. (2014). La préservation du patrimoine de l’Aube pendant la Seconde Guerre mondiale. In B. Fonck & A. Sablon Du Corail (éds.), 1940 : l’empreinte de la défaite. Rennes: Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.48665
    Dohrmann, Nicolas. « La préservation du patrimoine de l’Aube pendant la Seconde Guerre mondiale ». In 1940 : l’empreinte de la défaite, édité par Bertrand Fonck et Amable Sablon Du Corail. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2014. doi:10.4000/books.pur.48665.
    Dohrmann, Nicolas. « La préservation du patrimoine de l’Aube pendant la Seconde Guerre mondiale ». 1940 : l’empreinte de la défaite, édité par Bertrand Fonck et Amable Sablon Du Corail, Presses universitaires de Rennes, 2014, https://doi.org/10.4000/books.pur.48665.

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    Fonck, B., & Sablon Du Corail, A. (éds.). (2014). 1940 : l’empreinte de la défaite. Rennes: Presses universitaires de Rennes, Service historique de la défense. https://doi.org/10.4000/books.pur.48636
    Fonck, Bertrand, et Amable Sablon Du Corail, éd. 1940 : l’empreinte de la défaite. Rennes: Presses universitaires de Rennes, Service historique de la défense, 2014. doi:10.4000/books.pur.48636.
    Fonck, Bertrand, et Amable Sablon Du Corail, éditeurs. 1940 : l’empreinte de la défaite. Presses universitaires de Rennes, Service historique de la défense, 2014, https://doi.org/10.4000/books.pur.48636.
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