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    Plan détaillé Texte intégral Le XIXe siècle, temps de l’indignation Peurs et paniques morales au XXe siècle Notes de bas de page Auteur

    La République à l'épreuve des peurs

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    Table des matières

    Médias et justice : la peur, ressource du civisme ou danger pour la citoyenneté ? Fin XIXe-XXIe siècle

    Anne-Claude Ambroise-Rendu

    p. 205-216

    Résumés

    Les deux derniers siècles écoulés ont connu au cours de leurs ultimes décennies une poussée de fièvre médiatique et législative relative à la criminalité et particulièrement à la criminalité sur les enfants. Les grandes lois de protection de l’enfance sont en effet contemporaines de la montée en puissance du discours sécuritaire dans les années 1890 puis depuis les années 1980 et d’une répression pénale alourdie en ce qui concerne les crimes sur enfants, et particulièrement les crimes sexuels, au tournant du XXe et du XXIe siècles. Ce phénomène n’a pas échappé aux contemporains qui ont déploré avec plus ou moins de fougue que le travail législatif soit ainsi soumis au diktat d’une opinion publique agitée et pusillanime et dont les médias se prétendent l’écho.
    Cette apparente réitération invite à réfléchir à la circularité d’un processus qui va du crime à la réponse législative en passant par sa médiatisation. Le quatrième pouvoir qu’est la presse garantit en effet la transparence de la chose et des affaires publiques dans le processus législatif, en transformant un événement isolé – un crime – en affaire de tous, il le constitue en problème collectif et potentiellement politique. En appelant à l’opinion publique, à sa peur, à son besoin de sécurité, il incite le législateur à statuer, souvent dans l’urgence. Assiste-t-on alors à la confiscation de l’exercice républicain du droit de juger et de punir ou, au contraire, à sa restitution à un citoyen qui, grâce au bruit médiatique, peut se ressaisir de sa souveraineté et peser sur le pouvoir judiciaire ?

    During the last decades of the two past centuries, there were a media and legislative frenzies for crime and particularly for crime against children. The major child protection laws were created during the rise of security discourses in 1890’s and then in 1980’s. During these periods, criminal law punishing crimes against children were enforced and at the turn of the century more specifically sexual ones. This phenomenon was noticed by some contemporaries who deplored, more or less violently, that the lesgislative work would depend, to such an extent, on the supposedly agitated and pusinamillous public opinion diktat, as relayed by the media. This apparent reiteration invites reflection on the circularity of the process going from crimes to media coverage to legislative responses.
    Indeed, the press, as the forth power, ensures transparency of public affairs in the lesgislative process transforming a single event, a crime, into everyone’s responsability. It turns it into a collective, and therefore potentially politic problem. Adressing the public opinion, its fear and its need for security, the media force the legislator to act, often in hurry.
    Is it then a confiscation of the republican right to try and punish? Or is it, on the contrary, a way to restitute some sovereignty to citizens who will be able to influence the judiciary thanks to the media hype?

    Texte intégral Le XIXe siècle, temps de l’indignation Peurs et paniques morales au XXe siècle Le contexte général Récidive et dangerosité Légiférer Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Les deux derniers siècles écoulés ont connu au cours de leurs ultimes décennies, ces « fins de siècle » ainsi nommées en raison de la crise morale censée les affecter, une poussée de fièvre médiatique et législative relative à la criminalité et particulièrement à la criminalité sur les enfants. Les grandes lois de protection de l’enfance sont en effet contemporaines de la montée en puissance du discours sécuritaire dans les années 1890, puis depuis les années 1980.

    2Cette apparente réitération, qui n’est pas un bégaiement de l’histoire mais dissimule une véritable évolution, invite à réfléchir à la circularité d’un processus qui va du crime à la réponse législative en passant par sa médiatisation. Le quatrième pouvoir qu’est la presse garantit en effet la transparence de la chose publique dans le processus législatif. En transformant un événement isolé – un crime – en affaire de tous, il le constitue en problème collectif et potentiellement politique. Le principe de citoyenneté exige comme ses conditions fondamentales non seulement l’égalité des citoyens mais aussi la publicité de la vie commune. Il suppose donc, pour assurer cette publicité, le recours à une presse plurielle et indépendante. Ce faisant, il convoque une insaisissable « opinion publique », invoque, met en scène et mobilise des émotions qui fonctionnent comme autant de critères d’évaluation de la question criminelle.

    3La peur fait partie de ces émotions qui témoignent – à leur corps défendant, pourrait-on dire – d’un certain état des rapports sociaux et, ce faisant, des liens qui unissent les individus entre eux, d’une part, des codes moraux et des valeurs qui dominent une époque et un lieu ; d’autre part, de la manière, enfin, dont circule – ou non – l’information et des déformations qu’elle subit, mais aussi du poids qu’elle fait peser sur les décisions politiques. Culturellement et socialement construite, elle voit donc ses objets et ses modalités d’expression et d’action changer au fil du temps.

    4Ce sont les conséquences de cette invocation quasi incantatoire qu’il s’agit d’interroger ici : assiste-t-on alors à la confiscation de l’exercice républicain du droit de juger et de punir au mépris de la reconnaissance de la res publica ? Ou, au contraire, à sa restitution à un citoyen qui, grâce au bruit médiatique, peut se ressaisir de sa souveraineté et peser sur le pouvoir judiciaire ?

    5Cette analyse s’appuie sur les traitements médiatique, judiciaire et législatif des mauvais traitements et violences sexuelles infligés aux enfants entre une fin du XIXe siècle dominée par une émotion morale (l’indignation) et la fin d’un XXe siècle davantage soumise à l’effroi.

    Le XIXe siècle, temps de l’indignation

    6Commentant le texte de loi voté le 19 avril 1898 sur la répression des violences, voies de fait, actes de cruauté et attentats envers les enfants, Paul Nourrisson, avocat à la cour d’appel de Paris, note :

    « La loi est sortie de diverses propositions déposées sous l’impression d’actes qui avaient vivement ému l’opinion publique (voir notamment l’affaire Grégoire, Gazette des tribunaux du 26 mai 1897). Aussi, tout en approuvant ses dispositions dans leur ensemble, on ne peut s’empêcher de constater qu’elle s’est ressentie des circonstances spéciales et des événements particuliers qui l’ont inspirée1. »

    7En effet, les mois qui ont précédé la discussion et le vote de cette loi ont été marqués par l’explosion dans la presse quotidienne des mentions d’enfants martyrs. En 1897 et 1898, Le Petit Parisien et Le Petit Journal, les deux quotidiens populaires qui connaissent les plus gros tirages de leur temps, évoquent très massivement des affaires d’enfants martyrs : « La lugubre série des enfants torturés jusqu’à la mort croît d’une façon inquiétante. Chaque jour nous apporte maintenant de ces révélations monstrueuses et l’on frémit en pensant que pour un de ces crimes connus il en est beaucoup qui demeurent ignorés2 », déplore Le Petit Journal. « Quelle lugubre série ! Tous ces martyres d’enfants subitement découverts ont jeté l’émotion dans les âmes même les plus dures3 », commente Le Petit Parisien.

    8On aura remarqué que le « maintenant » du Petit Journal suggère qu’il y a dans cet événementiel une nouveauté radicale… Les quotidiens évoquent une réalité qu’ils semblent découvrir. Une chose est sûre, c’est que si les mauvais traitements infligés aux enfants ne sont pas chose nouvelle, leur apparition dans la presse, elle, l’est. Quelques chiffres témoignent de l’ampleur du phénomène : dans Le Journal, un des quatre grands qui dominent la presse quotidienne française à la Belle Époque, les mentions d’enfants martyrs sont quotidiennes entre 1897 et 1913 : on arrive à une moyenne de 346 par an. On en compte à peine moins dans Le Petit Parisien entre 1905 et 1913, ainsi que dans Le Figaro, La Croix et même, plus tard, dans L’Humanité.

    9L’affaire Grégoire à laquelle l’avocat fait allusion – du nom de famille d’un petit garçon de trois ans mort des suites des mauvais traitements prolongés que lui ont infligés ses parents et sa grand-mère – n’a pas échappé à la dénomination « enfant martyr ». Le procès qui a eu lieu en mai 1897 fut annoncé avec fracas par Le Petit Journal et Le Petit Parisien, les deux quotidiens prévoyant qu’à la lecture de l’acte d’accusation « bien des mères verseraient des larmes et bien des pères sentiraient leur âme bouillonner d’indignation4 ». Pour l’évoquer, les quotidiens ont mobilisé un argumentaire articulé sur deux composantes faisant appel à l’émotion. D’une part, ils n’ont cessé d’évoquer les réactions publiques à ce drame « qui passionna à un si haut point l’opinion publique » et « souleva partout une émotion considérable5 », décrivant la foule abondante assistant à l’audience – surtout des femmes notait Le Petit Parisien6 – ; « les cris de malédiction s’échappant des poitrines suivis d’un silence de mort7 » au moment de l’introduction des accusés dans la salle d’audience, dit Le Petit Journal ; et les réactions diverses mais toujours hostiles de l’assistance. Ces tableaux saisissants sont autant de manières de convoquer la figure de l’opinion publique et d’orienter le jugement du lecteur. Le père est condamné sans circonstances atténuantes aux travaux forcés à perpétuité, sa compagne et la grand-mère à 5 ans de travaux forcés. À l’issue du procès, commente Le Petit Parisien : « La condamnation de Grégoire a été jugée encore insuffisante, bien que le maximum de la peine qu’il encourait lui ait été appliqué8. » La forme passive de l’énoncé est un autre truchement rhétorique qui permet de disqualifier partiellement un verdict trop indulgent.

    10D’autre part, les journaux ont détaillé longuement et minutieusement « les horribles tortures » subies par un petit garçon « roué de coups », piqué avec un couteau, frappé à coups de canne, brûlé aux pieds et aux mains, roulé dans ses propres excréments, dormant sur un infect grabat et finalement abandonné ligoté dans un coin désert de la rue Vaneau. Ils ont insisté sur la cruauté du couple, du père en particulier, « bête féroce », « ignoble bourreau » : « Les cris, les supplications à mains jointes du petit martyr n’avaient aucun écho dans ce cœur de pierre9. »

    11On comprend donc pourquoi Paul Nourrisson évoque l’émotion de l’opinion publique… et déplore le rôle joué dans le travail du législateur par les « circonstances spéciales et les événements particuliers qui l’ont inspirée », le privant d’une vue d’ensemble de la nécessaire « répression des actes criminels ou délictueux atteignant l’enfance10 ». S’il regrette le caractère inabouti et insuffisant d’une loi qu’il estime soumise au diktat de l’opinion publique et de la presse, c’est que la commission législative a refusé d’examiner deux propositions de modifications de l’article 331 du Code pénal (« Quiconque aura commis le crime de viol, ou sera coupable de tout autre attentat à la pudeur, consommé ou tenté avec violence contre des individus de l’un ou de l’autre sexe, sera puni de la réclusion »), évacuant sans même la discuter la dimension sexuelle des mauvais traitements infligés aux enfants. Bref, l’émotion a privé le législateur de la possibilité d’étendre le champ de la protection des enfants jusqu’au point où il le souhaitait, celui de l’intégrité sexuelle.

    12Qu’est-ce donc que cette émotion rabattue sur la notion d’opinion publique, cette émotion qui a suscité la mobilisation, qui a été le moteur d’une prise de conscience et de l’action publique ? Comme toutes les émotions humaines, elle prend ses racines dans l’identification, conjuguant empathie et responsabilité. Certes, du côté des législateurs, elle doit sans doute beaucoup au cynisme démographique qui, après le désastre de Sedan, caractérise cette fin de siècle. Mais elle n’en demeure pas moins protectrice, même si elle ne s’étend pas aux violences sexuelles – sujet encore peu évoqué et soumis aux règles de la pudeur et de la morale –, préférant considérer, dans le crime perpétré contre l’enfance, l’outrage fait à la société plutôt que la blessure sensible infligée à l’individu. Sans exclure évidemment le souci sécuritaire, sans s’affranchir de l’inquiétude, cette réaction émotionnelle défensive et créatrice de liens, si elle brouille quelque peu le travail législatif et si elle colore le discours médiatique, n’est pas dominée par la peur.

    Peurs et paniques morales au XXe siècle

    13Cent dix ans plus tard, la loi sur la rétention de sûreté (février 2008), elle aussi loi de circonstances, suscite des réactions bien plus virulentes de la part des juristes.

    Le contexte général

    14Les années 1980 sont celles de l’entrée fracassante, dans l’espace médiatique, d’un autre type de mauvais traitement et homicide d’enfant associé cette fois au viol. Au cours de l’été 1988, les médias relatent le viol et l’assassinat de plusieurs petites filles, imposant la formule d’« été rouge » et affermissant dans les représentations collectives le lien entre violences sexuelles et mauvais traitements, entre abus sexuel (la pédophilie) et meurtre d’enfant.

    15Le 19 août, Christine Ockrent ouvre le journal de 20 heures d’Antenne 2, chaîne publique, avec ces mots : « Il faut en parler, il faut oser en parler, malgré la gêne et les tabous […]. Les enfants aussi sont victimes des perversités et des violences sexuelles dans des proportions qu’on ose à peine imaginer : une fille sur quatre, un garçon sur huit. » L’émission se poursuit en signalant que 55 % des violeurs agissent dans leur propre famille mais également – et ce lien implicite est important – en parlant du petit corps calciné de Delphine, découvert par les enquêteurs11. Elle établit donc un rapport quasi organique entre les différents aspects de la criminalité sexuelle sur enfant, de la plus dissimulée – l’inceste – à la plus sanglante.

    16L’automne 1988 est le temps d’une intense dramatisation médiatique de la question des violences sexuelles. En octobre, Le Monde – égrenant les prénoms et les âges : Ludivine, 9 ans, Sandrine, 6 ans, Céline, 7 ans – rappelle que, depuis le début de l’année, dix enfants de 2 à 15 ans ont été assassinés et que plusieurs de ces crimes ont été accompagnés de violences sexuelles. Sur Antenne 2 toujours, le recteur de l’Institut de criminologie de Paris lance une mise en garde : « Je ne peux pas vous garantir que la série soit finie aujourd’hui […]. Il existe des gens qui ont tout le temps des pulsions meurtrières12. »

    17S’ils rappellent que le crime sexuel sur enfant n’est pas une nouveauté et signalent qu’on lève enfin le voile sur une pratique ancienne et longtemps occultée, les médias insistent toutefois sur sa recrudescence. Antenne 2 évoque des estimations donnant « deux fois plus d’enfants de 6 à 12 ans qu’en 1986, victimes d’abus sexuels » et signale un « fait nouveau : on ne s’arrête plus au viol, on frappe, on tue, on torture13 ».

    18La médiatisation massive de ces meurtres, par laquelle le scandale éclate, organise la forme affaire au sens ou l’entend Boltanski : le passage de la scène judiciaire à la scène publique et la mise en place d’un dispositif de médiatisation ont pour objet de défendre une cause. Cette forme pourrait bien avoir, en effet, une dimension ou une fonction citoyenne témoignant d’une prise en compte collective de la question. Car, à partir des années 1980, le crime sexuel sur enfant mobilise des acteurs nouveaux, des acteurs soucieux d’en « révéler “le vrai visage”, [de] montrer “ses dessous cachés” et [de] faire voir par là qu’[il] concerne bien plus de gens qu’on aurait pu le penser au premier abord, qu’[il] “concerne tout le monde”14 ». L’obsession de la « révélation » dont témoigne cette constitution en forme d’affaire en dit long sur l’impérieuse nécessité de « lever le voile » qu’éprouvent désormais les acteurs et les spectateurs de cette histoire…

    19Mais cette entrée en scène suscite aussi son lot d’anxiétés. Les journaux font état de la peur qui monte :

    « Les agressions de Seine-Saint-Denis, par leur nombre et leur succession, ont provoqué des réactions de peur dans diverses cités de la banlieue nord ouest de Paris, où, à l’initiative de certaines familles, des pétitions ont été adressées à la police qui a affiché le portrait du suspect dans tous les commissariats, dans les loges des gardiens d’immeubles et chez les commerçants. De leur côté, les CRS ont multiplié les contrôles d’identité15. »

    20À Clermont-Ferrand, où Ludivine a été tuée par un individu qui avait déjà agressé cinq autres petites filles, « une question se pose, note Le Monde : pourquoi on n’a pas pris de disposition alors qu’on savait qu’un déséquilibré agressait des fillettes dans la ville selon un scénario immuable16 ». L’accent est mis sur le caractère massif de cette réalité : décrivant le travail de la brigade des mineurs, Le Nouvel Observateur parle de « l’horreur quotidienne qui est [son] quotidien17 ».

    21Certes, des voix s’élèvent pour essayer de calmer le flot montant des craintes : invité par TF1, Robert Broussard, le directeur central des polices urbaines, précise que « si le meurtre de Ludivine s’inscrit dans une série d’affaires particulièrement atroces […], on ne peut parler d’une augmentation des meurtres d’enfants18 ». Mais ces voix rencontrent d’autant moins d’écho que l’effroi nouveau suscité par la découverte de ce mal qui touche l’enfance s’appuie sur un discours qui fait émerger la récidive comme problème non plus seulement judiciaire, mais public, politique au sens large.

    Récidive et dangerosité

    22En 1992, une édition d’En quête de vérité, l’émission de Jean-Pierre Foucault, est consacrée aux meurtres d’enfants. Sur un plateau compartimenté aux allures de salon, plans rapprochés et plans larges alternent, dramatisant les propos d’un présentateur très démonstratif. Après avoir parlé d’« épouvante » et d’« horreur », Jean-Pierre Foucault s’interroge : « Comment faire pour que ce type de drame ne se reproduise pas ? » Le présentateur théâtralise les situations télévisuelles, ménageant par exemple un tête à tête entre les parents de Delphine Boulay assassinée en 1988 à l’âge de 10 ans et la mère de l’assassin présumé dont le procès doit s’ouvrir quelques jours plus tard19. Cette dramaturgie est adossée au feu roulant de statistiques invérifiables : « Chaque année en France une centaine d’enfants sont assassinés et 1 500 disparaissent dont beaucoup victimes de la folie ou de la perversion d’adultes » ; dans la seule région de Caen, 600 personnes recensées « comme ayant eu des problèmes de mœurs » sont « susceptibles d’avoir tué Delphine ». L’équivalence entre le pédophile et le tueur et entre le passé et le futur sont donc imposées par la forme même de l’émission20.

    23L’affaire Dutroux, en confirmant les liens entre meurtre et sexe, précipite naturellement le processus. Car cette association en permet une autre : celle qui s’établit entre pédophilie et récidive, le « pédophile » étant perçu et représenté comme un malade, un pervers, incurable ou à peu près. Cette essentialisation pathologisée du pédophile donne une consistance toute particulière au risque de récidive.

    24Au cours des années 2000, l’association des termes « pédophile récidiviste21 » envahit les titres de la presse populaire comme un syntagme figé. Au moment du procès Fourniret, Le Parisien donne la parole à l’une de ses victimes devenue adulte qui martèle : « je cherche à savoir comment la justice a pu laisser en liberté un multirécidiviste considéré pourtant dès 1987 comme un “personnage dangereux” » et « je veux qu’on m’explique pourquoi la justice française a failli […]. Quelque chose ne fonctionne pas dans notre système judiciaire22 ». Entre janvier 2002 et septembre 2009, Le Parisien évoque 110 fois le cas de pédophiles récidivistes, soit environ un tous les 25 jours… Au moment du procès d’Angers au printemps 2005, les condamnations antérieures d’un certain nombre d’accusés sont aussi soulignées23.

    25Des journalistes s’impliquent et se spécialisent, ainsi Serge Garde, rédacteur à L’Humanité24, collaborateur occasionnel à France 3 et M6, qui réalise de nombreuses enquêtes sur les questions de pédo-criminalité et/ou de pédo-sexualité25 et entend bien « avertir » la justice et la police26.

    26Les médias s’arrogent alors une fonction assez comparable à celle que décrivait Michel Foucault analysant la naissance d’une science de la sexualité. Ils ne se contentent pas de condamner des conduites, mais, s’occupant de prévenir, ils « signal[ent] partout des périls, éveill[ent] des attentions, appel[ent] des diagnostics, […], intensifiant la conscience d’un danger incessant27 ». Ils contribuent aussi à édifier un nouveau code des comportements, à fonder de nouvelles normes, à ériger un système de contrôle et d’auto-contrôle et à prendre en charge la défense sociale. La télévision n’a de cesse de rappeler qu’il faut informer les enfants, les surveiller davantage, ne pas les laisser seuls. On invite les voisins à surveiller leurs voisins…

    Légiférer

    27Autour de la question de l’enfant sexuellement menacé, et de la dangerosité du criminel sexuel, se déploie alors un nouveau discours sécuritaire : « Il faut aller plus loin », affirme Martine Bouillon, substitut du procureur de Bobigny, commentant en 1997 les récentes dispositions relatives aux infractions sexuelles. « Instaurer un fichier, même si le mot fait peur, pour que tous ceux qui travaillent avec des enfants soient assurés de ne pas recruter un pédophile28. » Au même moment, Libération, passablement isolé, dénonce la « psychose morale » qui fait fusionner les préoccupations de « parents cherchant la vieille lune de l’autorité au plein jour de l’émancipation avec celles d’adultes interrogeant leurs désirs les plus anodins et leurs tendresses les plus minces29 ».

    28Sans établir de rapport mécanique entre cette construction médiatique de la dangerosité du délinquant sexuel – désormais potentiellement assassin –, l’invocation inlassable du péril qui domine le discours des journaux et de la télévision à chaque nouvelle affaire, et l’évolution de la législation en la matière, il faut toutefois souligner la simultanéité de ces deux processus. Depuis la fin des années 1990, l’activité législative ne tarit pas. Un Fichier national des empreintes génétiques (FNAEG) a été créé par la loi Guigou du 17 juin 1998, relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la protection des mineurs. Cette création n’est pas sans lien avec l’affaire Guy Georges même si, comme le faisaient remarquer Jean-Marc Berlière et René Lévy30, cette idée était évidemment dans l’air à cette époque. La loi, qui prévoit le suivi socio-judiciaire des auteurs, limitée initialement aux seules infractions de nature sexuelle (viols, agressions et exhibitions sexuelles, infractions liées à la pédophilie), a vu son champ d’application étendu par la suite (15 novembre 2001 avec la loi sur la sécurité quotidienne, par exemple, puis en 2003, 2005 et 2007) et concerne à la fin des années 2000 la quasi-totalité des crimes et délits relatifs aux atteintes aux personnes et aux biens.

    29La loi Perben du 9 mars 200431, « portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité », a introduit la constitution d’un fichier automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJaiS) (article 48). Elle oblige les auteurs de certaines infractions sexuelles ou violentes déjà condamnés à justifier de leur adresse une fois par an. Cette obligation de pointage, qui s’apparente à un contrôle judiciaire, peut aller jusqu’à 30 ans pour les infractions les plus graves. L’inscription au fichier, considérée comme une mesure de sûreté, a un caractère rétroactif, exceptionnel dans un droit français se méfiant d’ordinaire de tout ce qui porte atteinte à la sûreté des citoyens. Examinée par la Cour européenne des droits de l’homme, l’application rétroactive de la loi a finalement été validée.

    30Le périmètre d’action de ce fichier est, du reste, étendu par loi du 12 décembre 2005 sur la récidive des infractions pénales (qui rebaptise le fichier FIJAISV), mettant sous surveillance, après leur sortie de prison, les auteurs de certains crimes particulièrement graves, parmi lesquels les crimes sexuels sur enfants figurent en bonne place.

    31Enfin, la loi relative à la rétention de sûreté de février 2008, applicable « après l’exécution d’une peine de réclusion criminelle d’une durée égale ou supérieure à quinze ans pour les crimes d’assassinat ou de meurtre, de torture ou actes de barbarie, de viol, d’enlèvement ou de séquestration commis soit sur une victime mineure, soit sur une victime majeure à condition, dans ce dernier cas, que le crime ait été commis avec certaines circonstances aggravantes », complète provisoirement ce dispositif. Concernant des condamnés qui présentent « une particulière dangerosité caractérisée par une probabilité très élevée de récidive32 », elle établit un « continuum de sécurité et de contrôle, qui ne lâche pas le sujet après son incarcération, mais prolonge sa peine, et la redouble d’un dispositif de suivi et de prévention de l’acte potentiellement à venir33 ».

    32Les critiques adressées à cet ensemble législatif souvent voté très rapidement ne sont pas si éloignées de ce que reprochait déjà Paul Nourrisson à la loi de 1898. Les professionnels de la justice regrettent la manière dont l’« opinion » et les médias ont pesé sur des décisions judiciaires. Ces acteurs, qui n’appartiennent pas au monde de la justice, interviennent dans le processus mus par des considérations sans rapport avec les principes et l’exercice de la justice, ce que déplorait déjà l’avocat au XIXe siècle.

    33Mais, et c’est là qu’est la nouveauté, parmi ces considérations la peur semble désormais capable de reconfigurer la législation et de durcir toujours davantage la répression. Cette législation qui autorise des intrusions dans la vie privée des individus est évidemment liberticide, car en renforçant un contrôle social qui place d’emblée mais définitivement un certain nombre de délinquants – les délinquants sexuels en particulier – au ban de la citoyenneté, en faisant du traitement du péril le cœur des politiques pénales, elle rompt avec la rationalité légale. Elle est désormais ordonnée à la défense sociale.

    34Deux éléments qui ne jouaient pas au XIXe siècle, ou à peine, ont ainsi pesé sur la reconfiguration de l’appréhension et du traitement du crime : la place éminente accordée à la victime, d’une part, le besoin inédit d’une sécurité garantie, d’autre part.

    35Comme le fait remarquer Antoine Garapon, et comme ne peut que le constater l’historien de la justice, les médias ont accompagné un mouvement très profond, excédant la détermination de quelques juges : « ils ont accompagné la promotion de la figure de la victime, véritable mouvement de fond qui traverse nos sociétés et notre anthropologie politique34 ». Désormais le droit « mesure ses délits et ses peines au scandale du malheur qui affecte ses victimes35 », péril et malheur qui gouvernent le discours médiatique à chaque nouvelle affaire évoquée. Malgré le tapage émotionnel des journaux du XIXe siècle, la souffrance des victimes n’était alors jamais convoquée, ni au cours des procès intentés à leurs agresseurs, ni au cours des débats qui présidaient au vote des lois. La victime était du reste quasi absente de la scène judiciaire…

    36Or, « au centre de la nouvelle rationalité de production des lois se trouve la victime. Les victimes sont au sens fort les sujets représentatifs de notre époque », précise Claude-Olivier Doron. Cette émergence de la victime, la place éminente qu’elle occupe désormais dans la nouvelle organisation répressive, contribue à construire une « culture de la peur » et trouble le jeu judiciaire. Résumée à sa souffrance, d’autant plus que cette souffrance offre des ressources infinies à la théâtralité médiatique, la victime fait des dommages qu’elle a subis une question centrale, obligeant en quelque sorte à une compensation de la part de l’auteur. Ce n’est plus la société qui réclame justice, qui cherche à se protéger, mais ce sont des groupes ou des individus qui exigent réparation et suscitent cette exigence de « gouvernement de la dangerosité36 ». La surcharge de connotations morales et affectives des crimes sur enfants, particulièrement lorsqu’ils sont sexuels, susciterait donc une réponse irrationnelle et inappropriée. Antoine Garapon, Denis Salas et Andréa Carstoiu font remarquer à ce sujet que la réévaluation du statut de la victime dans le processus pénal s’est faite au détriment de la place de l’État et d’un système historiquement construit contre le désir de vengeance qu’on prête à la victime. Le cycle, commencé au Moyen Âge et qui s’est affirmé tout au long des Lumières et de l’époque contemporaine, a vu le souverain occidental se constituer en accaparant la vengeance et en excluant le pardon, donc en se faisant le représentant naturel de toutes les victimes. Ce cycle serait précisément en train de s’achever aujourd’hui avec la montée en puissance de la victime37.

    37D’autres commentateurs du nouveau Code pénal entré en vigueur en 1994 – juristes, tels Pierrette Poncela ou juriste et sociologue, tels Pierre Lascoumes – notent en outre que dans le nouveau texte « la personne prévaut sur le sujet politique » ; elle est appréhendée comme détentrice de droits sur son « patrimoine naturel » (son corps, son honneur, son intimité, ses biens) plutôt que comme actrice de la vie démocratique38.

    38Cette transformation est grosse d’une autre conséquence plus clairement politique. « Tant que le risque que faisait courir l’individu dangereux était rapporté à la société en son ensemble, on pouvait l’inscrire dans un calcul qui valait pour la population en général ; on pouvait dans une certaine mesure accepter de courir un risque s’il était “non significatif”39. » Et c’est encore le cas au XIXe siècle : on essaye de mieux garantir la protection des enfants, mais en ayant de la chose une vision globale, qui n’est pas rabattue sur l’individu, qui n’est pas personnalisée, qui n’est pas ou peu sensible si l’on préfère. Or, au XXIe siècle, on refuse de courir le risque de la moindre récidive, puisqu’on sait que cette récidive portera sur une victime incarnée, avec un nom, une histoire, un visage, des émotions, des parents, etc. Toutes choses données à voir par la télévision, par l’image en général. Il devient donc extrêmement difficile d’invoquer le droit des justiciables, celui des individus face à la société, cette invocation se heurtant à la souffrance de victimes (ces victimes qu’on a vues) et au fait qu’elles aussi ont des droits, qui doivent primer sur tout le reste.

    39La dangerosité est devenue l’objet central des politiques pénales, suscitant une inflation dans la quête des informations, visant à encadrer une menace qui échappe toujours, jamais ne cesse et justifie que tout doit être enregistré40, pour mieux protéger…

    40« Le populisme pénal », cette « pathologie de la punition » qui est aussi « pathologie de la représentation » selon les termes de Denis Salas, est bien le résultat d’une culture de la peur. Une peur née au XIXe siècle mais qui n’a pu s’épanouir véritablement que par la vertu du spectacle télévisuel donnant à entendre publiquement le discours des victimes, donnant à voir leurs visages. Et il semble bien que cette peur ait changé la nature même du droit, rompant avec la rigueur des principes traditionnels qui veut que la peine soit l’affaire de la société et non des victimes. Le renforcement de la réponse pénale au crime a fait sortir le droit français de son chemin classique qui était celui d’une justice rétributive placée sous les auspices de la légalité des délits et des peines.

    41Pour répondre à la question initiale, on peut suggérer ceci : que la peur ne saurait être une ressource du civisme en raison de l’individualisme compassionnel auquel elle s’alimente. Qu’elle pose le problème de la place désormais dévolue, au sein de ce « populisme pénal », au sujet politique, au citoyen, à la res publica. Car l’obsession sécuritaire qui ronge petit à petit une philosophie pénale initialement construite sur un équilibre entre tendance à la répression et tendance à la clémence semble pouvoir faire disparaître certaines catégories de citoyens : les agresseurs sexuels, ces nouveaux monstres des sociétés démocratiques contemporaines, mais aussi les sujets politiques que sont les victimes. Ce faisant, elle fait courir le risque d’un déséquilibre entre deux des objectifs qui sont les siens : le contrôle du crime, d’une part, l’ambition d’humanisation et d’individualisation à l’égard du condamné, d’autre part.

    42Pour le dire autrement, le poids de la volonté de punir l’emporterait désormais sur le principe de réhabilitation et d’individualisation des peines soutenu par l’État de droit, l’État républicain.

    Notes de bas de page

    1 Nourrisson P., « Loi du 19 avril 1898 sur la répression des violences, voies de fait, actes de cruauté et attentats commis envers les enfants, Notice », Annuaire de législation comparée, publié par la Société de législation comparée, A. Cotillon, Paris, 1899, p. 261.

    2 Le Petit Journal, 23 août 1898.

    3 Le Petit Parisien illustré, 2 janvier 1898.

    4 Le Petit Parisien, 23 mai 1897.

    5 Idem.

    6 Le Petit Parisien, 25 mai 1897.

    7 Le Petit Journal, 25 mai 1897.

    8 Le Petit Parisien, 28 mai 1897.

    9 Le Petit Parisien, 26 mai 1897.

    10 Nourrisson P., « Loi du 19 avril 1898… », art. cité, p. 261.

    11 INA, Journal télévisé, 20 heures, A2, 19 août 1988.

    12 Ibid.

    13 INA, Journal télévisé, Midi 2, A2, 19 août 1988.

    14 Boltanski L., L’amour et la justice comme compétence, trois essais de sociologie de l’action, Paris, Métailié, 1990, p. 24.

    15 Le Monde, 24 mai 1988.

    16 Le Monde, 11 octobre 1988.

    17 Le Nouvel Observateur, 1er et 7 décembre 2005.

    18 Le Monde, 1er octobre 1988.

    19 France Soir se prépare à couvrir les audiences sans mentionner l’émission. France Soir, 16 mai 1992.

    20 INA, « Les abus sexuels sur enfants », En quête de vérité, TF1, 13 mai 1992, 23 h 03. L’association pédophilie/meurtres est fréquente depuis le quadruple meurtre de Calais. Cf. INA, « Pédophilie et crimes sexuels », Questions d’époque, France Culture, 1er mars 1987, 18 h 35.

    21 Le Parisien, 1er décembre 2004.

    22 Le Parisien, 4 juillet 2004.

    23 Libération, 18 avril 2005. « Parmi [les accusés], trois récidivistes encourent la réclusion criminelle à perpétuité », précise le Parisien, 19 juillet 2005. « Éric et Jean-Marc, les Ogres. Petits, malingres, le maxillaire proéminent, ces deux frères ressemblent à des Popeye chétifs. Mais les apparences sont trompeuses. Tous deux sont des pédophiles récidivistes plusieurs fois condamnés pour des viols et agressions sur mineurs. » Le Parisien 28 juillet 2005.

    24 Il publie dans ce quotidien, le 23 février 2000, un dossier sur le fichier Zandvoort.

    25 Le terme est notamment utilisé par le journaliste lors d’une interview donnée le 13 mai 2008 à RTL, La tête dans les étoiles, 15 h 08.

    26 Il est l’auteur, avec Laurence Beneux, du Livre de la honte et avec Homayra Seillier d’Enquête sur une société qui consomme des enfants, Paris, Éditions du Cherche-Midi, 2001 et 2008. Puis, en 2011, il co-écrit avec un des enfants abusés d’Outreau, Chérif Delay, Je suis debout, Paris, Éditions du Cherche-Midi. Enfin, en 2012, il réalise un film documentaire Outreau, l’autre vérité, visant à mettre en lumière les iniquités du second procès d’Outreau.

    27 Foucault M., La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 43.

    28 L’Express, 24 avril 1997.

    29 Libération, 12 juin 1997.

    30 Berlière J.-M. et Levy R., Histoire des polices en France de l’Ancien Régime à nous jours, Paris, Nouveau Monde Édition, 2011, p. 170.

    31 Cette loi introduit en outre dans l’article 308 du Code de procédure pénale une disposition donnant expressément au président de la cour d’assises le pouvoir d’ordonner l’enregistrement audiovisuel des auditions de la victime ou de la partie civile. Auparavant, cet article ne prévoyait que l’enregistrement sonore.

    32 Considérant de la loi relative à la rétention de sûreté et à la déclaration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental, Conseil constitutionnel, décision no 2008-562 DC du 21 février 2008.

    33 Doron C.-O., « La rétention de sûreté : vers un nouveau type de positivisme juridique ? », L’Information psychiatrique, vol. 84, no 6, 2008, p 533-534.

    34 Antoine Garapon, entretien, propos recueillis par Villez B. et Sécail C., Le temps des médias. Justices, no 15, 2010, p. 209.

    35 Salas D. et Carstoiu A., La justice, idées reçues, Paris, Le Cavalier bleu éditions, 2009, p. 95.

    36 Doron C.-O., « La rétention de sûreté… », art. cité, p. 540.

    37 Salas D. et Carstoiu A., La justice, idées reçues, op. cit., p. 95 ; Antoine Garapon, entretien, art. cité, p. 209.

    38 Poncela P. et Lascoumes P., Réformer le Code pénal. Où est passé l’architecte ?, Paris, PUF, 1998, p. 81.

    39 Doron C.-O., « La rétention de sûreté… », art. cité, p. 540.

    40 Ibid., p. 534 et 535.

    Auteur

    • Anne-Claude Ambroise-Rendu
      Professeure d’histoire contemporaine à l’université de Limoges. Ses recherches portent sur l’histoire des médias, de la justice, des représentations, de l’environnement. Elle a notamment publié Histoire de la pédophilie (Fayard, 2014) et, en collaboration avec A.-E. Demartini, N. Edelman et H. Eck, Émotions contemporaines (Armand Colin, 2014).
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    1 Nourrisson P., « Loi du 19 avril 1898 sur la répression des violences, voies de fait, actes de cruauté et attentats commis envers les enfants, Notice », Annuaire de législation comparée, publié par la Société de législation comparée, A. Cotillon, Paris, 1899, p. 261.

    2 Le Petit Journal, 23 août 1898.

    3 Le Petit Parisien illustré, 2 janvier 1898.

    4 Le Petit Parisien, 23 mai 1897.

    5 Idem.

    6 Le Petit Parisien, 25 mai 1897.

    7 Le Petit Journal, 25 mai 1897.

    8 Le Petit Parisien, 28 mai 1897.

    9 Le Petit Parisien, 26 mai 1897.

    10 Nourrisson P., « Loi du 19 avril 1898… », art. cité, p. 261.

    11 INA, Journal télévisé, 20 heures, A2, 19 août 1988.

    12 Ibid.

    13 INA, Journal télévisé, Midi 2, A2, 19 août 1988.

    14 Boltanski L., L’amour et la justice comme compétence, trois essais de sociologie de l’action, Paris, Métailié, 1990, p. 24.

    15 Le Monde, 24 mai 1988.

    16 Le Monde, 11 octobre 1988.

    17 Le Nouvel Observateur, 1er et 7 décembre 2005.

    18 Le Monde, 1er octobre 1988.

    19 France Soir se prépare à couvrir les audiences sans mentionner l’émission. France Soir, 16 mai 1992.

    20 INA, « Les abus sexuels sur enfants », En quête de vérité, TF1, 13 mai 1992, 23 h 03. L’association pédophilie/meurtres est fréquente depuis le quadruple meurtre de Calais. Cf. INA, « Pédophilie et crimes sexuels », Questions d’époque, France Culture, 1er mars 1987, 18 h 35.

    21 Le Parisien, 1er décembre 2004.

    22 Le Parisien, 4 juillet 2004.

    23 Libération, 18 avril 2005. « Parmi [les accusés], trois récidivistes encourent la réclusion criminelle à perpétuité », précise le Parisien, 19 juillet 2005. « Éric et Jean-Marc, les Ogres. Petits, malingres, le maxillaire proéminent, ces deux frères ressemblent à des Popeye chétifs. Mais les apparences sont trompeuses. Tous deux sont des pédophiles récidivistes plusieurs fois condamnés pour des viols et agressions sur mineurs. » Le Parisien 28 juillet 2005.

    24 Il publie dans ce quotidien, le 23 février 2000, un dossier sur le fichier Zandvoort.

    25 Le terme est notamment utilisé par le journaliste lors d’une interview donnée le 13 mai 2008 à RTL, La tête dans les étoiles, 15 h 08.

    26 Il est l’auteur, avec Laurence Beneux, du Livre de la honte et avec Homayra Seillier d’Enquête sur une société qui consomme des enfants, Paris, Éditions du Cherche-Midi, 2001 et 2008. Puis, en 2011, il co-écrit avec un des enfants abusés d’Outreau, Chérif Delay, Je suis debout, Paris, Éditions du Cherche-Midi. Enfin, en 2012, il réalise un film documentaire Outreau, l’autre vérité, visant à mettre en lumière les iniquités du second procès d’Outreau.

    27 Foucault M., La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 43.

    28 L’Express, 24 avril 1997.

    29 Libération, 12 juin 1997.

    30 Berlière J.-M. et Levy R., Histoire des polices en France de l’Ancien Régime à nous jours, Paris, Nouveau Monde Édition, 2011, p. 170.

    31 Cette loi introduit en outre dans l’article 308 du Code de procédure pénale une disposition donnant expressément au président de la cour d’assises le pouvoir d’ordonner l’enregistrement audiovisuel des auditions de la victime ou de la partie civile. Auparavant, cet article ne prévoyait que l’enregistrement sonore.

    32 Considérant de la loi relative à la rétention de sûreté et à la déclaration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental, Conseil constitutionnel, décision no 2008-562 DC du 21 février 2008.

    33 Doron C.-O., « La rétention de sûreté : vers un nouveau type de positivisme juridique ? », L’Information psychiatrique, vol. 84, no 6, 2008, p 533-534.

    34 Antoine Garapon, entretien, propos recueillis par Villez B. et Sécail C., Le temps des médias. Justices, no 15, 2010, p. 209.

    35 Salas D. et Carstoiu A., La justice, idées reçues, Paris, Le Cavalier bleu éditions, 2009, p. 95.

    36 Doron C.-O., « La rétention de sûreté… », art. cité, p. 540.

    37 Salas D. et Carstoiu A., La justice, idées reçues, op. cit., p. 95 ; Antoine Garapon, entretien, art. cité, p. 209.

    38 Poncela P. et Lascoumes P., Réformer le Code pénal. Où est passé l’architecte ?, Paris, PUF, 1998, p. 81.

    39 Doron C.-O., « La rétention de sûreté… », art. cité, p. 540.

    40 Ibid., p. 534 et 535.

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    Ambroise-Rendu, A.-C. (2016). Médias et justice : la peur, ressource du civisme ou danger pour la citoyenneté ? Fin XIXe-XXIe siècle. In J.-C. Caron, P. Bourdin, L. Bogani, & J. Bouchet (éds.), La République à l’épreuve des peurs (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.47380
    Ambroise-Rendu, Anne-Claude. « Médias et justice : la peur, ressource du civisme ou danger pour la citoyenneté ? Fin XIXe-XXIe siècle ». In La République à l’épreuve des peurs, édité par Jean-Claude Caron, Philippe Bourdin, Lisa Bogani, et Julien Bouchet. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. https://doi.org/10.4000/books.pur.47380.
    Ambroise-Rendu, Anne-Claude. « Médias et justice : la peur, ressource du civisme ou danger pour la citoyenneté ? Fin XIXe-XXIe siècle ». La République à l’épreuve des peurs, édité par Jean-Claude Caron et al., Presses universitaires de Rennes, 2016, https://doi.org/10.4000/books.pur.47380.

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    Caron, Jean-Claude, Philippe Bourdin, Lisa Bogani, et Julien Bouchet, éd. La République à l’épreuve des peurs. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. https://doi.org/10.4000/books.pur.47346.
    Caron, Jean-Claude, et al., éditeurs. La République à l’épreuve des peurs. Presses universitaires de Rennes, 2016, https://doi.org/10.4000/books.pur.47346.
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