• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15461 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15461 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Presses universitaires de Rennes
  • ›
  • Histoire
  • ›
  • La République à l'épreuve des peurs
  • ›
  • Deuxième partie. Peur et exclusion civiq...
  • ›
  • La « femme monstre » : la République fac...
  • Presses universitaires de Rennes
  • Presses universitaires de Rennes
    Presses universitaires de Rennes
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral La « femme-homme », un monstre politique Les impacts du spectre de la confusion des sexes sur l’éducation des filles Notes de bas de page Auteur

    La République à l'épreuve des peurs

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    La « femme monstre » : la République face à la peur de la confusion des sexes

    “The monster woman”: the Republic and the fear of gender confusion

    Caroline Fayolle

    p. 109-118

    Résumés

    Pendant la Révolution française, la participation des femmes à la vie politique suscite des réprobations. Pour les stigmatiser, s’élabore la figure monstrueuse et menaçante de la « femme-homme ». La peur de la confusion des sexes est aussi évoquée pour justifier l’inégalité d’instruction entre les sexes et le refus de la mixité scolaire. La « femme monstre » éclaire ainsi le projet pédagogique révolutionnaire de la régénération des femmes. Elle permet d’interroger la notion d’ordre naturel qui est censée fonder l’ordre républicain.

    During the French Revolution, the participation of women in political life led them to be condamned. The monstrous and threatening figure of the “woman-man” was built with the aim of stigmatising them. The fear of gender confusion was also advanced to justify the gender inequalities in education and the rejection of mixed-sex classes in republican schools. Therefore, the “monster woman” sheds light on the revolutionnary pedagogical project of the regeneration of women. It allows to question the notion of natural order which was supposed to be the founding basis of the republican order.

    Texte intégral La « femme-homme », un monstre politique L’automne 1793 Le tournant de l’an III Les impacts du spectre de la confusion des sexes sur l’éducation des filles La peur de la mixité scolaire Contre le monstre mi-homme, mi-femme : consolider la différence des sexes par l’éducation Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Dans son ouvrage Le corps de l’Histoire, Antoine de Baecque analyse l’imaginaire monstrueux associé, au début de la Révolution française, à la reine Marie-Antoinette représentée comme un être hybride mi-humain, mi-bête à l’image de l’« Antoinette-méduse1 ». Cette figure du monstre, « tour à tour ridicule et terrifiante2 », vient progressivement incarner la dégénérescence du corps aristocratique qui menace, par risque de contagion, l’ensemble du corps de la Nation. Au cours de la Révolution française, la figure de la « femme monstre » est aussi mobilisée pour stigmatiser des femmes qui interviennent dans la sphère du politique. Le bouleversement révolutionnaire a été l’occasion pour des militantes issues de la sans-culotterie de pétitionner, de s’armer, de prendre part aux insurrections, ou encore de participer à des sociétés populaires mixtes ou féminines. S’opposant à une définition strictement constitutionnelle de la citoyenneté, elles revendiquent le droit d’exercer concrètement leur part de souveraineté3. Plus minoritaires, des femmes de lettres ont, à l’image d’Olympe de Gouges, pris la parole et la plume pour dénoncer l’inégalité politique entre les sexes. Ces différentes formes d’engagements, qui transgressent la partition des rôles sociaux entre les hommes et les femmes, produisent en retour des réactions virulentes. Des militantes sont ainsi qualifiées d’êtres hybrides, cette fois-ci mi-homme, mi-femme, véritable incarnation de la menace d’une confusion des sexes.

    2Selon la philosophe Geneviève Fraisse, ces discours témoignent de la crainte des hommes révolutionnaires de voir le principe d’égalité produire une indifférenciation sexuelle mettant en péril le rapport sexuel et la relation amoureuse4. Cette interprétation, qui se fonde sur des ressorts psychologiques difficilement prouvables, achoppe sur l’analyse des enjeux politiques concrets soulevés par la « femme monstre ». La menace de la confusion des sexes, non seulement justifie des pratiques répressives à l’encontre des femmes qui souhaitent exercer les droits politiques, mais vient également appuyer des pratiques éducatives visant à écarter les filles des enseignements liés à l’exercice de la citoyenneté. Si elle fonctionne comme un stigmate, la figure de l’être mi-homme, mi-femme révèle paradoxalement que, sous la Révolution, les frontières de sexe ne sont pas considérées comme étanches. Dans un contexte de bouleversement social et politique, les identités sexuées, loin d’être fixées par un quelconque déterminisme biologique, semblent pouvoir se brouiller et se transformer. Dès lors, l’éducation reçoit la mission de les redéfinir et de les stabiliser afin d’empêcher que se répande la « corruption » morale des « viragos ».

    3L’historiographie des émotions a souligné la pertinence d’analyser l’historicité des régimes des émotions ainsi que les logiques politiques qui éclairent leurs mutations5. Dans cette perspective et en s’appuyant sur la méthodologie du genre6, je défends l’hypothèse que la question de la peur de la confusion des sexes éclaire l’entreprise pédagogico-politique de la régénération et permet d’interroger la notion d’ordre naturel censé fonder l’ordre républicain. Pour le démontrer, je m’appuierai à la fois sur la presse, des discours parlementaires, des plans d’éducation et des archives relatives aux écoles républicaines de filles. Il importe de préciser que ces sources ne permettent pas de savoir si les discours attisant la peur sont l’expression d’une peur réellement ressentie par leurs auteurs. Elles nous donnent en revanche la possibilité de saisir en quoi ils s’insèrent dans une entreprise de reconsolidation de l’ordre sexué et politique. Dans un premier temps, j’analyserai l’élaboration de la figure monstrueuse et menaçante de la « femme-homme », instrument répressif mobilisé pour contenir les aspirations de femmes, notamment issues du mouvement sans-culotte, à prendre part à la vie politique. Dans un second temps, je proposerai des pistes d’analyse pour interroger les impacts du spectre de l’indifférenciation sexuelle sur l’éducation des filles et la question de la mixité scolaire.

    La « femme-homme », un monstre politique

    4Les discours sur la figure monstrueuse de la « femme-homme » se multiplient dans des contextes révolutionnaires précis. On peut repérer deux moments distincts pendant lesquels s’exprime de la part des élites révolutionnaires l’espoir de consolider l’ordre républicain en redéfinissant l’ordre sexué. Le premier temps est celui de l’automne 1793 marqué notamment par le décret Amar qui interdit les clubs politiques féminins. Le second temps est le « tournant de l’an III7 ».

    L’automne 1793

    5Le 30 octobre 1793, le conventionnel Amar propose au nom du Comité de sûreté générale la fermeture des clubs politiques féminins. Cette proposition aboutit au vote du décret qui porte son nom et constitue aujourd’hui un point incontournable pour l’historiographie des femmes et du genre. Cette décision vise tout particulièrement le club des Citoyennes républicaines révolutionnaires créé le 10 mai 1793. Les militantes de ce club, comme Claire Lacombe, prenaient directement part aux débats politiques et réclamaient le droit des femmes à s’armer. Le décret Amar s’insère dans le contexte de la lutte de la Convention contre les Enragés avec lesquels les Citoyennes républicaines révolutionnaires entretenaient des liens étroits8. Dans son rapport, Amar élargit le débat à deux grandes questions : « 1o Les femmes doivent-elles exercer les droits politiques, et s’immiscer dans les affaires du gouvernement […] ? 2o Les femmes doivent-elles se réunir en association politique ? » Répondant par la négative, le conventionnel justifie sa position par l’existence d’un « ordre naturel » qui implique une division sexuée des rôles sociaux et écarte les femmes de la vie politique :

    « Les fonctions privées auxquelles sont destinées les femmes par la nature même tiennent à l’ordre général de la société […]. Chaque sexe est appelé à un genre d’occupation qui lui est propre ; son action est circonscrite dans ce cercle qu’il ne peut franchir, car la nature, qui a posé ces limites à l’homme, commande impérieusement, et ne reçoit aucune loi9. »

    6Reprenant une idée largement répandue, il ajoute que la fondation de l’ordre social sur cet ordre naturel garantit les bonnes mœurs : or, pour Amar, « sans les mœurs point de république10 ». Dès lors, la vertu révolutionnaire, qui implique que l’intérêt collectif soit mis au-dessus de l’intérêt individuel, relève aussi d’un sens différent selon les sexes. Si la vertu masculine s’exprime dans l’engagement politique et militaire, la vertu féminine implique un repli dans la sphère privée11. Elle suppose également de la part des femmes le respect de la pudeur, clé de voûte du maintien des bonnes mœurs.

    7Dans ce contexte, se multiplient les évocations de la « femme monstre » visant à stigmatiser celles qui souhaitent prendre les armes ou s’organiser en clubs. Le 31 octobre 1793, Fabre d’Églantine, poète, comédien et député de Paris à la Convention, lance son « Haro sur les filles émancipées ou grenadiers femelles » sous les applaudissements des conventionnels. Agitant le spectre de la confusion des sexes, il décrit les Citoyennes républicaines révolutionnaires comme des « espèces d’aventurières, de chevaliers errantes, de filles émancipées, de grenadiers femelles12 ». Les militantes auraient transgressé les normes sexuées et sont accusées de vouloir échapper à leur rôle « naturel » d’épouse et de mère. Élu procureur de la Commune révolutionnaire le 5 décembre 1792, Pierre-Gaspard Chaumette réitère le même type d’invectives dans un discours prononcé le 27 brumaire an II (17 novembre 1793). Ce collaborateur actif des Révolutions de Paris, organe de presse qui a pris position à plusieurs reprises contre l’égalité politique entre les sexes, s’adresse en ces termes à une députation de femmes coiffées du bonnet rouge :

    « Femmes imprudentes, qui voulez devenir des hommes, n’êtes-vous pas assez bien partagées ? Que vous faut-il de plus ? Vous dominez sur tous nos sens ; le législateur, le magistrat sont à vos pieds ; votre despotisme est le seul que nos forces ne peuvent abattre, parce qu’il est celui de l’amour, et par conséquent l’ouvrage de la nature. Au nom de cette même nature, restez ce que vous êtes, et loin de nous envier les périls d’une vie orageuse, contentez-vous de nous les faire oublier au sein de nos familles, en reposant nos yeux sur le spectacle enchanteur de nos enfants, heureux par vos tendres soins13. »

    8C’est aussi durant l’automne 1793 que sont exécutées Olympe de Gouges (le 3 novembre) et Manon Roland (le 8 novembre) en raison de leur appartenance à la nébuleuse girondine. Ces mises à mort sont évoquées par Chaumette pour mieux convaincre les militantes sans-culottes de renoncer à exercer un rôle actif dans la Cité. S’adressant à ces dernières, il déclare :

    « Rappelez-vous cette femme hautaine d’un époux perfide, la Roland, qui se crut propre à gouverner la République, et qui concourut à sa perte. Rappelez-vous, hier cette virago, cette femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges, qui, la première institua des assemblées de femmes, voulut politiquer et commit des crimes. Tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois… Et vous voudriez les imiter ! Non, vous sentirez que vous ne serez intéressantes et vraiment dignes d’estime, que lorsque vous serez ce que la nature a voulu ce que vous soyez14. »

    9De même, le 29 brumaire an II (19 novembre 1793), La feuille de salut public puis le Moniteur publient un article titré « Leçons à tirer de l’exécution de trois femmes » qui s’adresse aux militantes révolutionnaires. L’auteur y décrit Manon Roland comme « un monstre sous tous les rapports » car « elle avait sacrifié la nature, en voulant s’élever au-dessus d’elle ». Olympe de Gouges est quant à elle accusée d’avoir voulu « être homme d’État ». L’auteur ajoute : « Il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe15. » Tout comme la prostituée, la « femme-homme » est marquée par le sceau du stigmate qui la place parmi la catégorie des anormaux16. Elle constitue une figure repoussoir et un outil pédagogique pour éduquer les femmes du peuple et leur transmettre les normes républicaines de féminité. Cependant, pour contrer cette représentation, s’élaborent des stratégies de résistance. Olympe de Gouges, peu de temps avant son exécution, a par exemple tenté ce qu’on pourrait nommer « un retournement du stigmate17 ». Alors qu’elle sent sa vie directement menacée, elle signe un « Prognostic [sic] sur Maximilien Robespierre, par un animal amphibie » où elle écrit : « Je suis un animal sans pareil, je ne suis ni homme, ni femme. J’ai tout le courage de l’un, et quelque fois les faiblesses de l’autre18. » Pour mieux lutter contre le stigmate qui lui est associé, Olympe de Gouges non seulement l’assume, mais essaie d’en faire une force : son hybridité sexuelle lui permettrait de faire l’expérience du courage viril, d’autant plus vertueux qu’il ne s’accompagne pas de la force physique traditionnellement attribuée aux hommes. Il est d’ailleurs à noter que cette stratégie visant à transformer une différence stigmatisante en moyen de valorisation a également été opérée par les sans-culottes. Ces derniers ont en effet transformé en « titre de gloire » le syntagme « sans-culotte » qui constitue au début de la Révolution une injure visant à discréditer les pauvres19.

    Le tournant de l’an III

    10Avec Thermidor, s’opère une transformation du régime des émotions comme l’a bien montré William Reddy20. Dénonçant l’ignorance du peuple comme une des origines de la Terreur, les thermidoriens entreprennent de délégitimer une conception populaire de la citoyenneté fondée sur l’enthousiasme patriotique, passion désormais considérée comme néfaste à la consolidation de l’ordre républicain21. La raison, définie comme un critère de citoyenneté, et donc comme un attribut de la masculinité, est construite en opposition avec le règne des passions qui serait le propre des femmes et du peuple et aurait mené à la Terreur22. La période faisant suite aux répressions sanglantes des insurrections populaires de prairial an III, qui aboutit à la disparation de la scène politique du mouvement sans-culotte, est aussi un temps de mise au pas des femmes du peuple. Ces dernières se voient interdire par le décret du 4 prairial (23 mai 1795) d’assister aux assemblées politiques, de fréquenter les tribunes de la Convention et de se rassembler à plus de cinq dans la rue23.

    11À nouveau, les femmes du peuple sont représentées comme des monstres mettant en péril l’ordre sexué et l’ordre social. « Viragos », « furies de la guillotine », « tricoteuses », les expressions stigmatisant les femmes se multiplient. Comme le souligne Dominique Godineau, désormais « la femme du peuple est un monstre sanguinaire “vomie des enfers”, qui ne pense qu’à envoyer ses ennemis à la guillotine24 ». Les thermidoriens, afin de légitimer leur prise de pouvoir, définissent la Terreur comme une période anarchique et viciée où régnait la confusion des sexes. Le spectre de l’indifférenciation sexuelle, désormais attaché à la Terreur, devient un des arguments censés prouver la corruption morale du régime de l’an II. Dès lors, les thermidoriens puis les hommes du Directoire aspirent à rétablir l’ordre sexué, à nouveau défini comme l’ordre naturel, pour stabiliser ce nouvel ordre républicain et mettre définitivement un terme à la dynamique révolutionnaire. Pour cela, ils aspirent à civiliser les femmes du peuple, ces tricoteuses qu’il s’agit de domestiquer en leur inculquant les normes de féminité de l’élite éclairée25.

    Les impacts du spectre de la confusion des sexes sur l’éducation des filles

    12Les discours visant à attiser la peur de la confusion des sexes ne font pas que justifier la répression des femmes qui investissent la sphère politique. Ils ont aussi des implications concrètes sur la manière dont est élaborée l’école républicaine de filles pendant la Révolution. L’intégration des filles dans le système d’instruction publique et la mise en place d’écoles publiques pour filles à partir de la loi Bouquier (9 frimaire an II [19 décembre 1793]) ravivent à nouveau la crainte que le creuset scolaire, censé homogénéiser le corps de la nation, tende à effacer la différence sexuelle. Pour autant, dans un contexte de guerre et de menace contre-révolutionnaire, les législateurs estiment nécessaire d’organiser l’éducation publique des filles afin d’utiliser leur influence sur les mœurs au profit de la République et de faire advenir une « femme nouvelle ». Il reste que le spectre de l’indifférenciation sexuelle a des effets sur la manière d’envisager, d’une part, la mixité scolaire et, d’autre part, certains enseignements dispensés aux filles.

    La peur de la mixité scolaire

    13Lors des débats parlementaires sur l’instruction publique qui précèdent le vote de la loi Bouquier, la question de la mixité est l’objet d’importantes controverses. Si certains conventionnels comme Joseph Serre (député des Hautes-Alpes) ou Charles Duval (député de l’Ille-et-Vilaine) défendent la mixité des sexes à l’école primaire comme l’avait fait auparavant Condorcet, la plupart s’accordent pour concevoir la mixité comme dangereuse. À nouveau la menace de la confusion des sexes est évoquée26.

    14Masuyer27, député de la Saône-et-Loire, affirme dans son plan d’éducation que l’école doit être différente pour les deux sexes afin d’éviter qu’advienne une « femme-homme », un « monstre en politique et en morale28 ». Pour autant, la loi Bouquier, qui laisse une liberté très grande aux enseignants et aux enseignantes, n’inscrit pas dans la loi l’interdiction de la mixité. Elle reste une pratique très rare dans les grandes villes et notamment à Paris. En revanche, la mixité est, faute d’institutrice, fréquemment admise dans les campagnes, même si elle peut susciter la désapprobation des parents. Joffroy, agent national du district de Bar-sur-Aube, explique au Comité d’Instruction publique que « beaucoup de pères et mères refusent d’envoyer aux écoles des enfants mâles leurs jeunes filles de neuf, dix et onze ans. Les principes de la décence et des bonnes mœurs fondent leur conduite29 ». La loi sur l’Instruction publique du 3 brumaire an IV (dit loi Daunou) précise quant à elle clairement l’interdiction de la mixité. On peut faire l’hypothèse que cette décision s’inscrit dans le projet directorial déjà évoqué visant à redéfinir clairement la frontière entre les sexes pour mieux reconsolider l’ordre politique. Les administrations municipales, auxquelles est confiée la surveillance des écoles, tentent de faire appliquer cette directive en effectuant des tournées d’inspection qui se déroulent souvent à l’improviste. Si les inspecteurs sanctionnent les institutrices qui négligent l’enseignement des principes républicains, la pratique de la mixité constitue aussi un fort motif de réprobation, voire de fermeture des écoles30. Le mélange des sexes est perçu par les administrateurs comme particulièrement dangereux pour les filles et comme une menace pour la régénération des mœurs.

    Contre le monstre mi-homme, mi-femme : consolider la différence des sexes par l’éducation

    15La crainte de la confusion des sexes a également des effets sur les enseignements reçus par les filles. Tout d’abord, leur formation aux travaux manuels de couture est largement revendiquée car censée participer à refonder la société nouvelle sur un ordre naturel. Comme le souligne Dupont31, député des Hautes-Pyrénées, « l’éducation devant prendre la nature pour modèle, il sera fait une distinction des arts et métiers qui devront être exercés par les femmes, et de ceux à exercer par les hommes32 ». La formation des filles aux travaux d’aiguille dans les écoles publiques est attestée notamment dans les sources relatives au recrutement des institutrices qui sont examinées sous cet aspect par des jurys d’instruction33, et dans les réponses de ces derniers au questionnaire de Lakanal relatif aux pratiques scolaires34. Inscrit dans la loi du 3 brumaire an IV, cet apprentissage a pour objectif de préparer les filles à leur futur rôle domestique et à leur transmettre les vertus de la féminité républicaine. Réalisé par les filles pendant que les garçons sont occupés aux exercices militaires ou à des enseignements qui leur sont réservés comme le latin ou les mathématiques, il participe à consolider la division « naturelle » des travaux entre les sexes.

    16Plus généralement, les savoirs élaborés sont refusés aux filles au nom du fait qu’une instruction poussée risquerait de les dénaturer, de favoriser l’apparition d’êtres inclassables sexuellement. Cet argument est ainsi mobilisé pour justifier leur mise à l’écart des établissements secondaires comme les écoles centrales. Sous le Directoire, période durant laquelle la question de l’instruction est intrinsèquement liée à celle des capacités politiques35, la figure de la « femme savante » constitue une déviance et une nouvelle incarnation de la « femme monstre ». En témoignent par exemple les débats au Conseil des Cinq Cents, datés de floréal an IV (avril 1796), sur la pétition de la citoyenne Quévanne qui demande à être professeur dans une école centrale. Chapelain, député de la Vendée, affirme à cette occasion que l’instruction se doit d’être différente pour les deux sexes car les femmes ne sont pas appelées à exercer les droits politiques. Il ajoute : « Façonner aux mêmes occupations les filles et les garçons dans leur enfance, ce serait confondre les éléments et bouleverser les principes : on n’aurait jamais de coordination. » Une femme instruite comme un homme devient « cette virago détestable aux deux sexes » qui « n’est qu’une hermaphrodite morale36 ». Cette réactivation de la figure de la « femme-homme » est également opérée dans le contexte des débats sur « la femme auteur » (an V) initiés par la poétesse Constance et le poète Écouchard-Lebrun. Parce que les femmes auteurs délaissent le fuseau pour la plume, elles sont elles aussi accusées d’être des « êtres hybrides » mi-hommes, mi-femmes, socialement réprouvés37. Tout au long du XIXe siècle, la « femme auteur » reste associée à la « femme monstre » et vient rappeler les menaces pesant sur celles qui osent quitter la sphère de la reproduction pour investir celle de la création38.

    *

    17Ainsi les discours qui attisent la peur de la confusion des sexes en mobilisant la figure stigmatisante de la « femme-homme » ont des effets concrets. Ils s’intègrent dans des entreprises de répression des militantes révolutionnaires qui souhaitent prendre part activement aux affaires politiques. De même, ils viennent appuyer des pratiques éducatives et le refus d’accorder aux femmes une instruction élaborée, elle-même liée à l’exercice de la citoyenneté active sous le Directoire. Ces discours informent par ailleurs sur la notion de régénération qui est traversée de rapports de pouvoir entre les sexes. Si la « femme régénérée » est la bonne épouse et la mère républicaine, la figure de la « femme monstre » constitue son envers : la « femme dégénérée » qui, en souhaitant prendre part à la vie de la Cité à l’égal des hommes, devient contre-nature et corrompt le corps social. La régénération, qui contient l’idée cyclique de retour à la source39, sous-tend un retour à l’ordre naturel qui doit fonder la république. Cet ordre naturel, dans lequel est inscrit le partage des rôles entre les sexes, est censé permettre une régénération des mœurs qui garantit elle-même le respect des lois.

    18Si cette notion d’ordre naturel a été débattue pendant la Révolution et a suscité des interprétations conflictuelles, elle est réactualisée par les hommes de la IIIe République comme l’a montré la socio-historienne Juliette Rennes40. Analysant les controverses relatives à l’accès des femmes aux « professions de prestige », la chercheuse montre que la notion d’ordre naturel est au cœur de l’argumentation des opposants à une instruction égale entre les sexes. Elle défend la thèse que « la défense des inégalités instituées n’étant pas assumable comme telle dans une société démocratique, ces inégalités sont référées à un ordre naturel de type déterministe et finaliste, indépendant de la volonté humaine41 ». Il serait dès lors intéressant de questionner avec le concept du genre les mutations de cette notion d’ordre naturel sous la IIIe république, période de réactivation de la mémoire de la Révolution française et de redéfinition du paradigme républicain.

    Notes de bas de page

    1 Baecque A. de, Le corps de l’Histoire. Métaphores et politique (1770-1800), Paris, Calmann-Lévy, 1993. Voir notamment le chapitre « Les monstres d’une aristocratie fantastique ou comment la Révolution donne corps à ses frayeurs », p. 195-225.

    2 Ibid., p. 225.

    3 Godineau D., Les citoyennes tricoteuses. Les femmes du peuple à Paris pendant la Révolution française, Aix-en-Provence, Alinéa, 1988.

    4 Fraisse G., Muse de la Raison. Démocratie et exclusion des femmes en France, Paris, Gallimard, 1995, p. 313-329.

    5 Reddy W., The Navigation of Feeling : a Framework for the History of Emotions, Cambridge, Cambridge University Press, 2001 ; Farge A., Effusion et tourment, le récit des corps : histoire du peuple au XVIIIe siècle, Paris, Odile Jacob, 2007 ; Wahnich S., Les émotions, la Révolution française et le présent. Exercices pratiques de conscience historique, Paris, CNRS éditions, 2009.

    6 Dans le sillon des travaux de l’historienne américaine Joan Scott, on considère le genre comme une catégorie d’analyse permettant d’interroger dans leur historicité la construction de la différence sociale entre les sexes ainsi que les rapports de pouvoir entre les hommes et les femmes. Scott J., « Le genre, une catégorie utile d’analyse historique », Cahiers du GRIF, no 37-38, 1988, p. 125-153.

    7 Vovelle M. (dir.), Le tournant de l’an III : réaction et terreur blanche dans la France révolutionnaire, Paris, Éditions du CTHS, 1997.

    8 Godineau D., Les citoyennes tricoteuses…, op. cit., p. 175.

    9 « Rapport Amar », réédité in Badinter É. (dir.), Paroles d’hommes (1790-1793), Paris, POL, 1989, p. 173-174.

    10 Ibid., p. 175.

    11 Outram D., « “Le langage mâle de la vertu”: Women and the Discourse of the French Revolution », in Burke P. et Porter R. (dir.), The Social History of Language, Cambridge, Cambridge University Press, 1987, p. 120-135.

    12 Fabre d’ÉGlantine, « Discours à la Convention nationale », 29 octobre 1793, réédité in Badinter É. (dir.), Paroles d’hommes…, op. cit., p. 168.

    13 Chaumette P.-G., « Discours à la Commune de Paris », Révolutions de Paris, no 216, 27 brumaire an II (17 novembre 1793).

    14 Ibid.

    15 « Leçons à tirer de l’exécution de trois femmes », article publié dans la Gazette nationale ou le Moniteur universel, 29 brumaire an II (19 novembre 1793) et réédité in Badinter É. (dir.), Paroles d’hommes…, op. cit., p. 185.

    16 Pour reprendre la termologie du sociologue Erving Goffman : Goffman E., Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Les Éditions de Minuit, 1975 [1963].

    17 Ibid.

    18 Cité in Hesse C., The Other Enlightenment. How French Women Became Modern, Princeton and Oxford, Princeton University Press, 2001, p. 140.

    19 Mazauric C., « Sans-culottes/sans-culotterie/saint-culottisme », in Soboul A. (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989, p. 957. Biard M., Parlez-vous sans-culotte ? Dictionnaire du Père Duchesne (1790-1794), Paris, Tallandier, 2009.

    20 Reddy W., The Navigation of Feeling…, op. cit., p. 327.

    21 Chappey J.-L., « Révolution, régénération, civilisation : enjeux culturels des dynamiques politiques », in Chappey J.-L., Gainot B., Mazeau G., Régent F. et Serna P. (dir.), Pour quoi faire la Révolution, Marseille, Agone, 2012, p. 134.

    22 Chappey J.-L., « Raison et citoyenneté : les fondements culturels d’une distinction sociale et politique sous le Directoire », in Monnier R. (dir.), Citoyens et citoyenneté sous la Révolution française. Actes du colloque international de Vizille, 24-25 septembre 2004, Paris, Société des études robespierristes, 2006, p. 280.

    23 Godineau D., « Femmes/fémisme », in Soboul A. (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, op. cit., p. 441-442.

    24 Godineau D., « De la rosière à la tricoteuse : les représentations de la femme du peuple à la fin de l’Ancien Régime et pendant la Révolution française », Sociétés et représentations, no 8, 1999, p. 67-82, [http://revolutionfrancaise.net/2008/05/01/229-rosiere-a-tricoteuse-representation-femme-peuplefin-ancien-regime-revolution], consulté le 18 mai 2015.

    25 Fayolle C., Genre, savoir et citoyenneté. Les enjeux politiques de l’éducation des filles (de 1789 aux années 1820), thèse de doctorat d’histoire, sous la direction de Michèle Riot-Sarcey, université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, soutenue le 26 novembre 2013.

    26 Fayolle C., « Former la “femme nouvelle”. Les débats à la Convention sur l’éducation publique des filles (septembre 1792-décembre 1793) », La Révolution française, no 6, 2014, [http://lrf.revues.org/1071]. Sur la question de la mixité, voir également Zancari-Fournel M., « La mixité scolaire : une confusion des genres ? », in Capdevilla L., Cassagnes S., Cocaud M., Godineau D., Bouquet F. et Sainclivier J. (dir.), Le genre face aux mutations. Masculin et féminin du Moyen Âge à nos jours, Rennes, PUR, 2003, p. 31-41.

    27 Claude Louis Masuyer (1752-1794) est avocat puis juge au tribunal de Louhans en 1790. Député à la Législative, puis à la Convention, ce proche des Girondins est membre du Comité des finances. Lors du procès du roi, il vote le bannissement à vie.

    28 Masuyer C.-L., « Discours sur l’organisation de l’instruction publique et de l’éducation nationale en France. Examen et réfutation d’un systême proposé successivement par les citoyens Condorcet et G. Romme, au nom du Comité d’instruction publique de l’Assemblée législative et de la Convention nationale », rééditée in Guillaume J. (éd.), Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention, Paris, Imprimerie nationale, t. I, 1891, p. 147.

    29 AN (Archives nationales), F17 1705.

    30 Fayolle C., « Des institutrices républicaines (1793-1799) », Annales historiques de la Révolution française, no 368, 2012, p. 87-103.

    31 Pierre Charles François Dupont (P. C. F.) (1740-1793), Professeur au collège de Pau, est élu député du tiers état par la sénéchaussée de Bigorre aux États généraux. Il est député des Hautes-Pyrénées à la Convention. Lors du procès du roi, il vote pour la réclusion puis pour la mort du souverain.

    32 Dupont P. C. F., « Bases de l’éducation publique, ou l’art de former des hommes », réédité inGuillaume J. (éd.), Procès-verbaux…, op. cit., p. 674.

    33 Grevet R., L’avènement de l’école contemporaine en France (1789-1835) : laïcisation et confessionnalisation de la culture scolaire, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2001, p. 208.

    34 AN, F17 1344

    35 Chappey J.-L., « Raison et citoyenneté : les fondements culturels d’une distinction sociale et politique sous le Directoire », in Monnier R. (dir.), Citoyens et citoyenneté sous la Révolution française, op. cit., p. 280-282.

    36 Chapelain V., Rapport sur la pétition de la citoyenne Quevanne au Conseil des Cinq-Cents, séance du 5 floréal an IV, Paris, Imprimerie nationale, 1796.

    37 Planté C., « Femmes exceptionnelles : des exceptions pour quelle règle ? », in Planté C., Riot-Sarcey M. et Varikas E. (dir.), Cahiers du GRIF, no 37-38, 1988, p. 99.

    38 Planté C., La petite sœur de Balzac. Essai sur la femme auteur, Lyon, PUL, 2015 [1989].

    39 Ozouf M., L’homme régénéré. Essais sur la Révolution française, Paris, Gallimard, 1989, p. 137.

    40 Rennes J., Le mérite et la nature. Une controverse républicaine : l’accès des femmes aux professions de prestige, 1880-1940, Paris, Fayard, 2007.

    41 Ibid., p. 8.

    Auteur

    • Caroline Fayolle
      Agrégée d’histoire, docteure et ATER à l’université de Rennes 2. Elle est spécialisée dans l’histoire de l’éducation et du genre pendant la Révolution française et le premier XIXe siècle. Elle est l’auteure de plusieurs articles dont « Des institutrices républicaines (1793-1799) », Annales historiques de la Révolution française (no 368, 2012, p. 87-10). Un ouvrage, tiré de sa thèse, est à paraître aux éditions du CTHS en 2016 sous le titre : La Femme nouvelle. Genre et éducation de la Révolution française à la loi Guizot.
    Précédent Suivant
    Table des matières

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Presses universitaires de Rennes
    • amazon.fr
    • decitre.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    ePub / PDF

    1 Baecque A. de, Le corps de l’Histoire. Métaphores et politique (1770-1800), Paris, Calmann-Lévy, 1993. Voir notamment le chapitre « Les monstres d’une aristocratie fantastique ou comment la Révolution donne corps à ses frayeurs », p. 195-225.

    2 Ibid., p. 225.

    3 Godineau D., Les citoyennes tricoteuses. Les femmes du peuple à Paris pendant la Révolution française, Aix-en-Provence, Alinéa, 1988.

    4 Fraisse G., Muse de la Raison. Démocratie et exclusion des femmes en France, Paris, Gallimard, 1995, p. 313-329.

    5 Reddy W., The Navigation of Feeling : a Framework for the History of Emotions, Cambridge, Cambridge University Press, 2001 ; Farge A., Effusion et tourment, le récit des corps : histoire du peuple au XVIIIe siècle, Paris, Odile Jacob, 2007 ; Wahnich S., Les émotions, la Révolution française et le présent. Exercices pratiques de conscience historique, Paris, CNRS éditions, 2009.

    6 Dans le sillon des travaux de l’historienne américaine Joan Scott, on considère le genre comme une catégorie d’analyse permettant d’interroger dans leur historicité la construction de la différence sociale entre les sexes ainsi que les rapports de pouvoir entre les hommes et les femmes. Scott J., « Le genre, une catégorie utile d’analyse historique », Cahiers du GRIF, no 37-38, 1988, p. 125-153.

    7 Vovelle M. (dir.), Le tournant de l’an III : réaction et terreur blanche dans la France révolutionnaire, Paris, Éditions du CTHS, 1997.

    8 Godineau D., Les citoyennes tricoteuses…, op. cit., p. 175.

    9 « Rapport Amar », réédité in Badinter É. (dir.), Paroles d’hommes (1790-1793), Paris, POL, 1989, p. 173-174.

    10 Ibid., p. 175.

    11 Outram D., « “Le langage mâle de la vertu”: Women and the Discourse of the French Revolution », in Burke P. et Porter R. (dir.), The Social History of Language, Cambridge, Cambridge University Press, 1987, p. 120-135.

    12 Fabre d’ÉGlantine, « Discours à la Convention nationale », 29 octobre 1793, réédité in Badinter É. (dir.), Paroles d’hommes…, op. cit., p. 168.

    13 Chaumette P.-G., « Discours à la Commune de Paris », Révolutions de Paris, no 216, 27 brumaire an II (17 novembre 1793).

    14 Ibid.

    15 « Leçons à tirer de l’exécution de trois femmes », article publié dans la Gazette nationale ou le Moniteur universel, 29 brumaire an II (19 novembre 1793) et réédité in Badinter É. (dir.), Paroles d’hommes…, op. cit., p. 185.

    16 Pour reprendre la termologie du sociologue Erving Goffman : Goffman E., Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Les Éditions de Minuit, 1975 [1963].

    17 Ibid.

    18 Cité in Hesse C., The Other Enlightenment. How French Women Became Modern, Princeton and Oxford, Princeton University Press, 2001, p. 140.

    19 Mazauric C., « Sans-culottes/sans-culotterie/saint-culottisme », in Soboul A. (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989, p. 957. Biard M., Parlez-vous sans-culotte ? Dictionnaire du Père Duchesne (1790-1794), Paris, Tallandier, 2009.

    20 Reddy W., The Navigation of Feeling…, op. cit., p. 327.

    21 Chappey J.-L., « Révolution, régénération, civilisation : enjeux culturels des dynamiques politiques », in Chappey J.-L., Gainot B., Mazeau G., Régent F. et Serna P. (dir.), Pour quoi faire la Révolution, Marseille, Agone, 2012, p. 134.

    22 Chappey J.-L., « Raison et citoyenneté : les fondements culturels d’une distinction sociale et politique sous le Directoire », in Monnier R. (dir.), Citoyens et citoyenneté sous la Révolution française. Actes du colloque international de Vizille, 24-25 septembre 2004, Paris, Société des études robespierristes, 2006, p. 280.

    23 Godineau D., « Femmes/fémisme », in Soboul A. (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, op. cit., p. 441-442.

    24 Godineau D., « De la rosière à la tricoteuse : les représentations de la femme du peuple à la fin de l’Ancien Régime et pendant la Révolution française », Sociétés et représentations, no 8, 1999, p. 67-82, [http://revolutionfrancaise.net/2008/05/01/229-rosiere-a-tricoteuse-representation-femme-peuplefin-ancien-regime-revolution], consulté le 18 mai 2015.

    25 Fayolle C., Genre, savoir et citoyenneté. Les enjeux politiques de l’éducation des filles (de 1789 aux années 1820), thèse de doctorat d’histoire, sous la direction de Michèle Riot-Sarcey, université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, soutenue le 26 novembre 2013.

    26 Fayolle C., « Former la “femme nouvelle”. Les débats à la Convention sur l’éducation publique des filles (septembre 1792-décembre 1793) », La Révolution française, no 6, 2014, [http://lrf.revues.org/1071]. Sur la question de la mixité, voir également Zancari-Fournel M., « La mixité scolaire : une confusion des genres ? », in Capdevilla L., Cassagnes S., Cocaud M., Godineau D., Bouquet F. et Sainclivier J. (dir.), Le genre face aux mutations. Masculin et féminin du Moyen Âge à nos jours, Rennes, PUR, 2003, p. 31-41.

    27 Claude Louis Masuyer (1752-1794) est avocat puis juge au tribunal de Louhans en 1790. Député à la Législative, puis à la Convention, ce proche des Girondins est membre du Comité des finances. Lors du procès du roi, il vote le bannissement à vie.

    28 Masuyer C.-L., « Discours sur l’organisation de l’instruction publique et de l’éducation nationale en France. Examen et réfutation d’un systême proposé successivement par les citoyens Condorcet et G. Romme, au nom du Comité d’instruction publique de l’Assemblée législative et de la Convention nationale », rééditée in Guillaume J. (éd.), Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention, Paris, Imprimerie nationale, t. I, 1891, p. 147.

    29 AN (Archives nationales), F17 1705.

    30 Fayolle C., « Des institutrices républicaines (1793-1799) », Annales historiques de la Révolution française, no 368, 2012, p. 87-103.

    31 Pierre Charles François Dupont (P. C. F.) (1740-1793), Professeur au collège de Pau, est élu député du tiers état par la sénéchaussée de Bigorre aux États généraux. Il est député des Hautes-Pyrénées à la Convention. Lors du procès du roi, il vote pour la réclusion puis pour la mort du souverain.

    32 Dupont P. C. F., « Bases de l’éducation publique, ou l’art de former des hommes », réédité inGuillaume J. (éd.), Procès-verbaux…, op. cit., p. 674.

    33 Grevet R., L’avènement de l’école contemporaine en France (1789-1835) : laïcisation et confessionnalisation de la culture scolaire, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2001, p. 208.

    34 AN, F17 1344

    35 Chappey J.-L., « Raison et citoyenneté : les fondements culturels d’une distinction sociale et politique sous le Directoire », in Monnier R. (dir.), Citoyens et citoyenneté sous la Révolution française, op. cit., p. 280-282.

    36 Chapelain V., Rapport sur la pétition de la citoyenne Quevanne au Conseil des Cinq-Cents, séance du 5 floréal an IV, Paris, Imprimerie nationale, 1796.

    37 Planté C., « Femmes exceptionnelles : des exceptions pour quelle règle ? », in Planté C., Riot-Sarcey M. et Varikas E. (dir.), Cahiers du GRIF, no 37-38, 1988, p. 99.

    38 Planté C., La petite sœur de Balzac. Essai sur la femme auteur, Lyon, PUL, 2015 [1989].

    39 Ozouf M., L’homme régénéré. Essais sur la Révolution française, Paris, Gallimard, 1989, p. 137.

    40 Rennes J., Le mérite et la nature. Une controverse républicaine : l’accès des femmes aux professions de prestige, 1880-1940, Paris, Fayard, 2007.

    41 Ibid., p. 8.

    La République à l'épreuve des peurs

    X Facebook Email

    La République à l'épreuve des peurs

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    La République à l'épreuve des peurs

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Fayolle, C. (2016). La « femme monstre » : la République face à la peur de la confusion des sexes. In J.-C. Caron, P. Bourdin, L. Bogani, & J. Bouchet (éds.), La République à l’épreuve des peurs (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.47368
    Fayolle, Caroline. « La “femme monstre” : la République face à la peur de la confusion des sexes ». In La République à l’épreuve des peurs, édité par Jean-Claude Caron, Philippe Bourdin, Lisa Bogani, et Julien Bouchet. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. https://doi.org/10.4000/books.pur.47368.
    Fayolle, Caroline. « La “femme monstre” : la République face à la peur de la confusion des sexes ». La République à l’épreuve des peurs, édité par Jean-Claude Caron et al., Presses universitaires de Rennes, 2016, https://doi.org/10.4000/books.pur.47368.

    Référence numérique du livre

    Format

    Caron, J.-C., Bourdin, P., Bogani, L., & Bouchet, J. (éds.). (2016). La République à l’épreuve des peurs (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.47346
    Caron, Jean-Claude, Philippe Bourdin, Lisa Bogani, et Julien Bouchet, éd. La République à l’épreuve des peurs. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. https://doi.org/10.4000/books.pur.47346.
    Caron, Jean-Claude, et al., éditeurs. La République à l’épreuve des peurs. Presses universitaires de Rennes, 2016, https://doi.org/10.4000/books.pur.47346.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Presses universitaires de Rennes

    Presses universitaires de Rennes

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Flux RSS

    URL : http://www.pur-editions.fr

    Email : pur@univ-rennes2.fr

    Adresse :

    2, avenue Gaston Berger

    CS 24307

    F-35044

    Rennes

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement