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    Plan détaillé Texte intégral Une sacralisation républicaine pendant la Révolution française La fraternité et la recherche d’une union politique sacralisée La nécessaire union face aux ennemis de la République ou le retournement de la peur de la division Notes de bas de page Auteur

    La République à l'épreuve des peurs

    Ce livre est recensé par

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    La citoyenneté divisée

    Histoire d’un discours de peur ancré dans la pédagogie politique des catéchismes républicains français

    The divided Citizenship. Study of a talk of fear rooted in the French republican catechisms political pedagogy

    Jean-Charles Buttier

    p. 51-63

    Résumés

    La peur du conflit entre citoyens est inscrite au cœur de l’éducation véhiculée par les catéchismes politiques français publiés à partir de 1789. Leurs auteurs ont partagé la volonté de vulgariser la République pour politiser le peuple. Se construit alors une rhétorique de la peur du désordre par opposition à une conception unanimiste de la citoyenneté républicaine. Les ouvrages étudiés ici intègrent dans leur discours le fait que les républiques soient nées du conflit, intérieur comme extérieur. La sacralisation politique à l’œuvre s’incarne en 1794-an II dans la diffusion du serment de mourir en martyr républicain. La diffusion du thème de la fraternité a correspondu à une tentative de fusion des traditions chrétienne et révolutionnaire pour résoudre la division née de la Révolution française. Enfin, l’union est perçue comme le dépassement de l’instabilité politique qui marqua en particulier l’instauration de la IIIe République.

    From 1789 to 1914, the political catechisms spread an education that included the fear of the conflict between citizens. The authors shared the will to popularize the Republic, in order to politicize the People. Then, was highlighted the fear of disorder, opposed to a unanimous vision of republican citizenship. The books studied in this article included in their discourses, the fact that republics were deeply linked to internal or external conflict. The political socialization at work in political catechisms was embodied in 1794-Year II by the oath to die as a republican martyr. In order to solve the division that appeared during the French Revolution, the theme of fraternity was an attempt to merge Christian and revolutionary traditions, especially during the 1830’s and 1840’s. At last, the idea of union was considered as the way to exceed political instability related, in particular, to the foundation of the Third Republic.

    Texte intégral Une sacralisation républicaine pendant la Révolution française Une sacralisation du politique Le martyre républicain comme exemple de pédagogie du sensible Le serment comme rempart de la division La fraternité et la recherche d’une union politique sacralisée La fraternité comme dépassement du conflit politico-religieux né de la Révolution française Une fraternité de façade ? La nécessaire union face aux ennemis de la République ou le retournement de la peur de la division Unanimisme et suffrage universel Disqualifier le discours de peur associé à la République Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Le genre du catéchisme politique naît avec la Révolution française et disparaît progressivement une fois que la Troisième République ne semble plus menacée, en particulier après les élections de 1877. Cette littérature de vulgarisation politique est le fruit d’un transfert pédagogique de la catéchèse chrétienne vers une littérature élémentaire destinée à l’éducation politique. Les auteurs de catéchismes partagent la conviction que la politique, tout comme la morale, est une science et qu’elle peut donc être élémentée. Le genre catéchistique dessine par ses mutations au cours du long XIXe siècle l’un des multiples « chemins de la politisation1 ». Les auteurs de catéchismes électoraux adaptent leur discours à l’instauration du suffrage universel pour expliquer la technique du vote d’une part mais aussi convaincre l’électeur de bien voter selon une perspective politico-morale2.

    2Le genre se structure autour d’une pédagogie politique partagée qui vise à inculquer des savoirs politiques par l’enchaînement de questions et de réponses. Parmi un corpus constitué de 815 ouvrages publiés de la Révolution française à la Première Guerre mondiale, 43 % sont des catéchismes républicains. Compte tenu des évolutions idéologiques sur une période aussi longue, ces textes attachés à la définition de la République ont connu de profondes évolutions. Cette littérature de propagande3 républicaine est concentrée sur des périodes d’enracinement de la Première (en 1794-an II), la Deuxième (en 1848) et la Troisième République (en 1872 et 1877). La publication de cette littérature de vulgarisation a pour enjeu principal l’affermissement de la République face aux divisions politiques qui la traversent.

    3Cette étude portera sur la peur de la citoyenneté divisée4 puisque la peur du conflit entre citoyens est inscrite au cœur de l’éducation civique transmise par les catéchismes politiques publiés à partir de 1789. Pour des auteurs attachés à l’ordre politique républicain, la division de la cité est l’ultime repoussoir en particulier pour ceux qui ont connu l’échec de deux républiques. Mais comment ces derniers ont-ils tenté de conjurer cette peur alors que celle-ci est intimement liée à l’événement révolutionnaire, acte de naissance de la République ? La volonté de fonder la citoyenneté républicaine sur la vertu conçue comme un rempart face aux facteurs de division apparaît dès lors comme le cœur de la pédagogie politique catéchistique.

    4Les voies de cette éducation morale sont multiples et ont des racines religieuses comme l’illustre la sacralisation politique qui s’incarne en 1794-an II dans la diffusion du serment de mourir en martyr républicain. Le thème de la fraternité comme tentative de fusion des traditions chrétienne et révolutionnaire a été utilisé pour résoudre la division née de la Révolution française. Enfin, les auteurs ont insisté sur l’union comme valeur face aux multiples ennemis de la République, union conçue comme le dépassement de l’instabilité institutionnelle qui marqua en particulier l’instauration de la Troisième République.

    Une sacralisation républicaine pendant la Révolution française

    Une sacralisation du politique

    5Par leur origine et leur histoire, les catéchismes politiques illustrent les liens étroits et complexes qui se nouent entre religion et politique dès les premières années de la République. En 1792, le Catéchisme de la liberté, ouvrage anonyme, adopte une tonalité républicaine et anticléricale. Dans le contexte de la Constitution civile du clergé et du conflit politico-religieux ainsi engendré5, le texte s’attaque tout particulièrement aux prêtres réfractaires et critique les « dissolutions, égoïsme, faste scandaleux, orgueil et cruauté6 » du clergé. Le ralliement de bon nombre de clercs, en particulier chez les enseignants, aux idées de la Révolution avait pourtant favorisé le transfert de la pédagogie catéchistique qui s’opère dès la réunion des états-généraux. Le mouvement se poursuit avec des clercs qui quittent l’état ecclésiastique comme par exemple François Parent. Nicole Bossut a qualifié ce dernier de « curé philosophe7 », déiste et éloigné de la religion, avant même la Révolution. Il fut prêtre jureur, avant d’abdiquer, de se marier, d’avoir des enfants et devenir ensuite lecteur du culte théophilanthrope. L’historienne insiste sur un anticléricalisme manifeste8. La culture chrétienne de cet ancien prêtre est omniprésente dans son Cathéchisme français, républicain9 publié en 1794-an II. Après avoir reproduit la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen considérée par l’auteur, avec la Constitution, comme « la base de l’éducation française10 », l’auteur reproduit les « Dix commandemens de la République française », les « Six commandemens de la liberté », et une « Prière républicaine ». Cela illustre l’emprunt à la rhétorique chrétienne, en particulier la prière républicaine qui se conclut de la sorte :

    « Ouvre les yeux de nos frères égarés ; fait que, rendus à la raison, ils rentrent paisiblement dans leurs foyers, pour jouir avec nous, des précieux fruits de l’égalité, et pour chanter avec nous tes concerts, tes louanges dans les siècles des siècles. AINSI SOIT-IL11. »

    6La prière contient un appel à la Raison qui doit permettre de dépasser les divisions, qu’elles soient politiques ou religieuses.

    7Le catéchisme de François Parent s’insère dans un ensemble de 79 catéchismes politiques destinés aux enfants qui paraissent en 1794-an II alors qu’est lancé la même année un concours pour la rédaction des livres élémentaires par le Comité d’instruction publique de la Convention nationale. Les manuels élémentaires participent de la « pédagogie politique » qui envahit tout l’espace public, ceci afin de « sauver la Révolution contre ses ennemis12 ».

    8Cet objectif passe par l’acceptation du sacrifice ultime, le martyre républicain devenant alors l’une des incarnations de la pédagogie sensible mise en œuvre par les auteurs de catéchismes.

    Le martyre républicain comme exemple de pédagogie du sensible

    9Une « pédagogie par le sensible » s’incarne dans les illustrations des catéchismes républicains de 1794-an II. L’image est sous-utilisée dans les catéchismes politiques en comparaison avec l’usage systématique que la catéchèse catholique en fait13. Les rares catéchismes illustrés en 1794-an II reprennent le thème du martyre républicain et reproduisent en particulier celui du jeune tambour Barra. Le Manuel des jeunes républicains, ou élémens d’instruction à l’usage des jeunes élèves des écoles primaires14, publié par Devaux est un ouvrage composite qui contient aussi bien un catéchisme que des recueils de traits héroïques. Ce catéchisme a été envoyé au Concours de 1794-an II et à ce titre renseigne sur ce que cet éditeur suppose être l’horizon d’attente du public et des autorités, en particulier le Comité d’instruction publique. Le livre s’ouvre sur un frontispice reproduisant la mort de Barra explicitée par un extrait du Journal des faits héroïques de Léonard Bourdon. Le décret Bouquier adopté le 29 frimaire an II (19 décembre 1793) est la première loi organique scolaire de la Révolution. Celle-ci stipule que les premiers livres de morale républicaine à utiliser sont la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la Constitution et le Tableau des actions héroïques et vertueuses. Sous ce nouveau nom, ce recueil d’exempla fut publié en 1794-an II et en 1795-an III.

    10Cette idée du sacrifice pour la patrie est reprise dans le manuel officiel de morale républicaine primé en 1796-an IV à l’issue du concours lancé pour encourager la rédaction de manuels élémentaires républicains : celui de Poisson de La Chabeaussière. À chaque question du catéchisme correspond un quatrain, pour en faciliter l’apprentissage. Le Catéchisme républicain, philosophique et moral comporte le quatrain suivant :

    « Quel genre de sacrifice est le plus méritoire ?
    S’il sert à la patrie, à la société,
    Toute œuvre, sans ce but, est une œuvre stérile.
    Pour être vertueux, servons l’humanité ;
    Le sacrifice est nul quand il n’est pas utile15. »

    Le serment comme rempart de la division

    11Certains catéchismes de l’an II se caractérisent par leur structure qui calque celle des petits catéchismes diocésains. Celui du citoyen Poitevin, auteur en 1794-an II du Catéchisme républicain, suivi des maximes de morale républicaine, propre à l’éducation des enfants de l’un et l’autre sexe en est un exemple16. Il comporte un serment de défendre jusqu’à la mort l’unité et l’indivisibilité de la République, valorisation du martyre républicain dans le but de maintenir la Cité unie. Ce serment est proche d’un serment civique présent dans le Catéchisme de la constitution républicaine qui impose la fidélité à la République, une et indivisible qui reprend l’article premier de la Constitution de 1793 : « La République française est une et indivisible17. »

    12Avec le serment, la thématique de la fraternité est une autre incarnation de cette recherche d’une unité sacralisée de la République. Jean-Baptiste Chemin-Dupontès a fondé la théophilanthropie sous le Directoire. Auteur et imprimeur-libraire, il fut l’un des rares à s’être spécialisé dans la production et la diffusion de manuels de morale républicaine. Il publie en 1794-an II une Morale des sans-culottes qui se veut syncrétique et dont l’introduction développe l’idée d’un « Jésus sans-culotte » au message détourné et perverti par l’Église. Il insiste aussi sur la nécessité de se servir de la Bible et de l’Évangile pour développer la fraternité républicaine :

    « Mais, en purgeant, comme je l’ai fait, la Bible et l’évangile, des erreurs que d’ambitieux sectaires y ont ajoutées, ces deux livres ne seront plus que ce qu’ils étoient dans leur origine, des codes de morale, propres à ramener le bonheur sur la terre, en portant les hommes à être vertueux, et à vivre dans la fraternité républicaine18. »

    13Ce message est repris dans le frontispice du catéchisme alliant la morale de la Bible, la morale de l’Évangile et les Droits et devoirs du citoyen.

    14La fraternité républicaine se construit pour Chemin-Dupontès dans la continuité de la morale chrétienne, argumentaire syncrétique qui a été repris par les républicains sous la Restauration.

    La fraternité et la recherche d’une union politique sacralisée

    La fraternité comme dépassement du conflit politico-religieux né de la Révolution française

    15Le Petit catéchisme de la réforme sociale de Richard La Hautière publié en 1839 insiste sur une religion morale qui n’est plus un culte, se rapprochant ainsi de la théophilanthropie de Chemin-Dupontès :

    « Qu’est-ce que la religion ? Une croyance commune qui lie les hommes et les pousse par un effort commun vers un but commun.
    Jusqu’à présent a-t-il véritablement existé une religion sur la terre ? Non. La terre a été tyrannisée, divisée, ensanglantée par cent cultes divers […]. Si Dieu est, il doit maudire et damner tous ces prétendus représentants qui prêchent le ciel et pillent la terre.
    Quelle est donc la religion sociale ? L’égalité.
    Quel est son but ? Le bien-être de tous.
    Son lien ? La fraternité.
    Ses préceptes ? Le dévouement.
    Sa sanction ? Le mépris pour l’égoïste19. »

    16De facteur de divisions, la religion décléricalisée devient au contraire source d’unité par le lien que représente la fraternité.

    17Cette conception d’une religion qui relierait effectivement les hommes se joint à l’idée du sacrifice du Christ pour la République, comme le proclame en 1848 un anonyme Catéchisme politique du républicain :

    « D. — Qu’est-ce que la fraternité ?
    R. — […] La fraternité est la source de tous les biens et de toutes les vertus ; un exemple sublime nous en a été donné sur le Golgotha. Jésus-Christ a aimé le monde plus que lui-même, car il s’est donné en sacrifice pour le salut du monde. La fraternité est sainte, elle sanctifie celui qui la pratique. Une République où respire la fraternité est l’image du ciel sur la terre20. »

    18En 1848 les socialistes et les républicains affirment la proximité entre fraternité chrétienne et fraternité issue des Lumières. Cette fraternité éclairée étant l’exact contraire de la doctrine contre-révolutionnaire de l’Église21.

    19Cette rhétorique de la fusion des fraternités chrétienne et républicaine est ainsi présente dans le Petit catéchisme républicain de Jean Macé publié en 1848 :

    « D. — Sur quoi se fonde la fraternité ?
    R. — Sur le même principe que l’égalité. Nous devons tous nous aimer comme des frères, étant tous les enfants du même dieu.
    D. — Une république démocratique fondée sur la liberté, l’égalité, la fraternité, n’est donc autre chose que la loi de Dieu ?
    R. — Ceci est clair22. »

    20Le discours sur l’accomplissement du message christique par la Révolution et la République est un classique dans les années 1840 alors qu’il était peu présent pendant la Révolution française23. Cette volonté de revenir à un message originel s’accompagne de l’argument anticlérical de sa falsification par le clergé.

    21Dans son histoire de la guerre civile en France, Jean-Claude Caron décrit cette recherche de la fraternité comme l’incarnation de l’idéologie unitaire destinée à contrer l’association entre désunion et République. Il insiste en particulier sur la promotion de la « pédagogie de la fraternité et de la concorde24 ». Cette pédagogie s’incarne dans un catéchisme officiel de la Deuxième République qui transmet l’idée d’une fusion du christianisme et de la République. Il s’agit du Manuel républicain de l’homme et du citoyen25 de Charles Renouvier. Publié sous les auspices de Lazare Hippolyte Carnot, ministre de l’instruction publique et des cultes dans le gouvernement provisoire, cet ouvrage fut envoyé aux instituteurs par le ministère. Ce fut l’occasion d’une attaque politique virulente qui obligea Carnot à démissionner, ce qui apporta la célébrité au catéchisme d’une part mais illustre aussi les limites de cette « pédagogie de la fraternité ». Renouvier a composé son manuel comme un dialogue entre un « instituteur » et son « élève ». L’instituteur distingue, dès le début de l’ouvrage, son projet de celui du catéchisme diocésain : « Remarquez cependant que je vous enseigne ici les éléments de la politique et non pas ceux de la religion26. » Renouvier prend soin de distinguer la sphère religieuse de la sphère politique mais son texte se rapproche des catéchismes de 1848 qui tentent une fusion entre République et christianisme primitif. Voici, par exemple, comment Renouvier relie la fraternité au message christique :

    « Le temps est venu où la morale, enseignée jusqu’ici dans les églises au nom de Jésus-Christ, doit entrer dans les assemblées des hommes qui font des gouvernements et des lois. Si cette morale est dans notre cœur, montrons-le ; réglons-nous tous sur la fraternité27. »

    22Renouvier revient dans un long développement sur la politique religieuse de la Première République révélant par la même occasion une des préoccupations majeures des auteurs de catéchismes politiques de 1848 : réconcilier la République et le christianisme afin de rassurer la population de la peur de la division religieuse causée par la Révolution française :

    « L’élève. — Il vous reste à m’expliquer pourquoi la République a persécuté l’Église.
    L’instituteur. — La République établissait dans la société la morale de Jésus-Christ : de plus, elle voulait une parfaite tolérance de toutes les religions dans l’État et une entière liberté des cultes. Ainsi, jamais elle n’aurait persécuté l’Église si l’Église était toujours restée ce qu’elle était dans les premiers temps de la Révolution et ce qu’elle est sans doute maintenant, la fidèle alliée de la liberté, de l’égalité et de la fraternité contre les rois. Mais le clergé n’avait pas toujours servi la cause du peuple sous l’ancien régime : il y avait contre lui de mauvais souvenirs. Avec cela des malentendus se formèrent, et on vit commencer une lutte aveugle, déplorable, et qui ne devra point se renouveler, entre la religion de Jésus-Christ et la politique vraiment chrétienne des républicains.
    L’élève. — Me voilà délivré d’un reste d’effroi qui me saisissait encore au souvenir de cette ancienne République dont on m’a entretenu dans mon enfance28. »

    23L’argument de la paternité christique de la triade républicaine se retrouve dans l’Évangile républicain29 écrit par Louis Gaillard en 1848. Orné d’un frontispice représentant Jésus-Christ portant la croix et une table gravée de l’inscription suivante : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fît », ce catéchisme comporte aussi une représentation de Marianne. Cette scène d’union et de fraternité vient en écho avec la devise placée sous le frontispice : « égalité, liberté, fraternité ». A. Bourgerie, le lithographe, a réuni dans sa composition les grandes thématiques largement présentes dans les catéchismes de la Deuxième République : une fusion entre les principes républicains et les principes chrétiens ainsi qu’une insistance sur l’union des peuples. Toutefois, dans sa préface, l’auteur met en garde le lecteur des dangers que représentent certaines doctrines politiques professées sous la Deuxième République. À plusieurs reprises, Louis Gaillard indique qu’il veut « préserver la France de la guerre civile », voyant par exemple dans les ateliers nationaux l’une des causes de celle-ci. Ce catéchisme s’attaque directement aux socialistes porteurs de « paroles incendiaires », afin de « ternir le drapeau [de] nos pères ». L’auteur exhorte le lecteur à protéger ses enfants face à ces ennemis.

    24Ce catéchisme fait écho à l’« horizon redouté de la guerre civile30 » et la fraternité à la fois chrétienne et républicaine se fissure rapidement après juin 1848. L’apparente alliance entre religion et République vacille dès juin 1848 en raison de la position du clergé31. Dans son commentaire accompagnant la réédition du Manuel du républicain de Renouvier, Maurice Agulhon, insiste sur le fait qu’il s’agisse d’un ouvrage de circonstance lié à l’urgence des échéances électorales qui nécessite une propagande républicaine32. L’historien explique enfin qu’il s’agit en fait d’un contre-catéchisme destiné à contrer la culture conservatrice inculquée par le clergé33.

    Une fraternité de façade ?

    25L’affirmation de l’origine christique de la devise peut ainsi s’accompagner d’un discours très anticlérical en 1848. C’est la tonalité d’un ouvrage anonyme intitulé Le livre de la vérité ou véritable catéchisme religieux et politique du vrai républicain qui se propose de démontrer l’illégitimité du clergé et précise par exemple que : « Les prêtres pas plus que les rois n’ont été prédestinés. Ils sont nés nos égaux34. » Mais cet anticléricalisme cohabite avec l’idée que le message chrétien a une portée révolutionnaire, puisque l’Évangile est le « livre le plus révolutionnaire qui ait paru » car il prêche « l’affranchissement des peuples ». Enfin l’auteur conclut que tout l’Évangile peut se résumer par la devise républicaine35.

    26Ces auteurs partagent avec beaucoup de leurs contemporains le sentiment de devoir fonder une société régénérée sur le champ de ruines que représente la société post-révolutionnaire36. La disparition de cette tentative de fusion entre la tradition chrétienne et la tradition républicaine s’explique par le développement parallèle des catéchismes liés au socialisme et à la libre-pensée dans la seconde moitié du XIXe siècle. Cela modifie la place de la religion dans les catéchismes républicains d’une part, et entraîne l’écriture de catéchismes politiques catholiques défendant l’Église d’autre part. Le temps n’est plus à la fusion des sphères mais à la controverse politico-religieuse par catéchismes interposés, d’autant plus que celle-ci prend place après l’instauration du suffrage universel masculin.

    27Les Républicains se trouvent alors confrontés à la quête de l’union dans un contexte de joute électorale, ceci afin de faire face aux ennemis de la République.

    La nécessaire union face aux ennemis de la République ou le retournement de la peur de la division

    Unanimisme et suffrage universel

    28Jean Macé dirigeait en 1848-1849 un Bureau de propagande socialiste. Il publie en 1848 un Petit catéchisme républicain dans lequel la guerre civile est présentée comme la menace ultime du gouvernement républicain :

    « D. — Et si la Représentation nationale n’est pas d’accord elle-même avec le vœu de la Nation ?
    R. — Alors, il n’y a plus de règles ; il n’y a plus de gouvernement ; l’institution est faussée et la force décide. Ne posez pas une semblable question. Elle a sa réponse dans la guerre civile37. »

    29L’auteur pousse plus loin son raisonnement en reliant dans le chapitre « De l’élection », le fait pour les citoyens de ne pas voter pour élire les représentants de la nation, et le spectre de la guerre civile :

    « D. — Que pensez-vous de l’électeur qui néglige de prendre part à cette élection ?
    R. — Il expose sa patrie au danger de la guerre civile.
    D. — Pourquoi cela ?
    R. — Si tous ne votent pas, la volonté de tous ne sera pas représentée, et si la Représentation nationale n’est pas l’expression fidèle du vœu public, elle pourra se trouver un jour en désaccord avec lui, ce qui est un cas de guerre civile38. »

    30Les journées de juin 1848 marquent la brusque disparition de « l’esprit de Février » et de sa fraternité syncrétique et apparaissent comme une réalisation des craintes formulées par Jean Macé dans son catéchisme.

    31Il faut attendre la « Révolution » du 4 septembre 1870 pour voir refleurir des catéchismes républicains, marqués par le traumatisme du coup d’État bonapartiste du 2 décembre 1851.

    32Le Manuel républicain de Jules Barni fut publié à Paris en 1872. Sa préface, composée en décembre 1870, donne précisément des indices pour comprendre la résurgence de catéchismes républicains :

    « La République, rétablie par la révolution du 4 septembre, a été malheureusement remise en question ; nous n’avons pas seulement à la fonder, mais encore à la défendre, contre les intrigues monarchiques, et nous n’en avons pu jusqu’ici conserver que la forme39. »

    33C’est la menace conjointe « des intrigues monarchiques » et du bonapartisme qui est la principale motivation de l’écriture du Manuel républicain qui a pour objectif de diffuser les idées et les mœurs républicaines. Ce texte a un statut quasi officiel puisque, dans la préface, Barni explique qu’il fut chargé par Gambetta de rédiger un Bulletin de la République, et il insérait dans chaque numéro un chapitre intitulé précisément « Manuel républicain » par lequel il vulgarisait ce qu’il appelle « l’esprit de la République ».

    34Voici l’explication du pic de production de catéchismes républicains en 1872-1873 dans le contexte des élections législatives : diffuser le plus largement cet « esprit de la République ». La politique du père Gérard. Catéchisme du bon républicain écrit en 1872 par Élphège Boursin et édité par André Sagnier fut très largement diffusé. L’auteur réaffirme cette volonté exposée par Barni de contrer les attaques royalistes et bonapartistes40. Le Catéchisme du citoyen est un ouvrage anonyme qui fut quant à lui édité par Constantin à Saint-Étienne. La mission de propagande républicaine est là encore clairement affirmée dans la préface qui est adressée aux « habitans de nos campagnes » et qui insiste sur le discours de peur qui est associé à la République : « Des intrigants cherchent encore à vous tromper en vous disant que la République c’est l’anarchie, le pillage, et qu’il nous faut absolument un roi41. » Les ennemis désignés sont les mêmes que chez Élphège Boursin : le comte de Chambord et Napoléon III. Mais, dans la volonté de montrer que la République est un régime stable, les Communards sont aussi qualifiés « d’ennemis de la République ». Ce souci d’assimiler le régime à la stabilité face au désordre communard était déjà présent dans le Catéchisme du bon républicain d’Élphège Boursin pour qui la République avait fait preuve de sa force en « ayant eu la sombre et sanglante énergie de renverser la révolution communaliste42 ».

    35Cette affirmation de l’ordre républicain participe de la neutralisation de la peur de la République.

    Disqualifier le discours de peur associé à la République

    36La crise du 16 mai 1877 provoquée par la menace que Mac Mahon fit peser sur la forme républicaine du gouvernement provoqua la publication de 22 catéchismes politiques. L’ouvrage qui fut alors le plus largement répandu portait le titre de Petit catéchisme électoral. Ce manuel républicain, hostile à Mac-Mahon, avait été publié par le journal La France le 16 août 1877 et dénonçait toutes les menaces pesant sur la République :

    « — Ainsi les coups d’État, le Radicalisme, la République rouge, la Commune ?
    — Autant de menaces mensongères. Vous faire reculer devant ces fantômes, voilà ce qu’ils veulent !
    — Y réussiront-ils ?
    — Non. La situation est trop claire. D’un côté la République qui existe et qui depuis sept ans nous a laissés travailler en repos ; de l’autre côté, les impérialistes, les royalistes, les cléricaux, les constitutionnels, les macmahonistes, que sais-je encore ? une demi-douzaine de partis aujourd’hui coalisés contre la République, qui, le lendemain du succès de l’un d’eux, si le succès était possible, se déchireraient entre eux et nous mèneraient je ne sais où43. »

    37L’auteur a insisté sur la menace de division qui pèserait en cas de défaite des Républicains hostiles à Mac-Mahon. Surtout, ce dernier a retourné l’argument de la République comme facteur de division en désignant tous les « partis » anti-républicains comme les véritables fauteurs de déchirements. Ce Petit catéchisme électoral connut de nombreuses rééditions, réécritures mais aussi réfutations, à Paris comme en province, preuve de la vitalité du débat sur l’enracinement de la République et des transferts intertextuels qui s’opèrent entre catéchismes. Ainsi, l’auteur anonyme des Droits du peuple, livre paru lui aussi en 1877, a réécrit le passage cité plus haut en le simplifiant, processus discursif étroitement lié à cette littérature de vulgarisation :

    « D. — Mais si je vote pour les républicains, n’ai-je pas à redouter les coups d’État, le radicalisme, la République rouge, la Commune, que sais-je ?
    R. — Autant de vaines menaces et de fantômes plus vains dans le but de vous effrayer. Ils veulent arracher à la peur un vote que votre raison, votre bon sens leur refusera44. »

    38La peur de la division est centrale dans cette propagande républicaine si active dans le contexte des élections qui enracinèrent durablement la Troisième République après la défaite de Mac-Mahon. Les républicains ont alors réussi à retourner l’argumentaire de la peur de la division et du désordre à leur profit en désignant leurs adversaires politiques comme les véritables ennemis de l’unité.

    39Ce dernier pic de production des catéchismes politiques en 1877 précède le déclin rapide du genre à partir des années 1880. Cela s’explique par le fait que l’école devint le lieu principal de l’éducation au suffrage universel. Surtout, la pédagogie catéchistique n’est plus utilisée par les républicains qui insistent sur l’acception péjorative du catéchisme dans le contexte de la Séparation. Enfin, la propagande politique est accaparée par les partis politiques qui privilégient d’autres modes de politisation au détriment des collections de livres populaires45.

    *

    40Le discours de peur de la division de la cité est intrinsèquement lié à la propagande diffusée par les catéchismes républicains pendant tout le long XIXe siècle. Cela peut s’expliquer par une vision unanimiste de la République développée sous la Première et la Deuxième République qui s’est par exemple réalisée dans une tentative de fusion des traditions chrétienne et républicaine en 1848 notamment. Les auteurs ont tenté de contrer cette peur politique de la guerre civile par différents moyens qui ont varié selon les républiques : le serment et le sacrifice pour souder les citoyens ou encore l’affirmation syncrétique de la paternité christique de la fraternité républicaine. Sous la Troisième République, la rhétorique de la peur de la désunion a été retournée par les auteurs de catéchismes qui désignent les ennemis de la République comme les véritables fauteurs de troubles, la liste incluant les Communards.

    41C’est une victoire symbolique sur la peur du désordre révolutionnaire, celui-ci n’étant plus perçu comme consubstantiel de l’instauration de la République, du moins pour ceux qui se sont ralliés au régime.

    Notes de bas de page

    1 Déloye Y., Sociologie historique du politique, Paris, La Découverte, 2003 [1997], p. 80.

    2 Buttier J.-C., « Catéchismes politiques et politisation des paysans (1789-1914) », in Bouchet J. et Simien C. (dir.), Les passeurs d’idées politiques nouvelles au village. De la Révolution aux années 1930, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2015, p. 79-96.

    3 D’après Marc Angenot, j’ai opté pour une définition descriptive et non péjorative du terme propagande afin d’en restituer son historicité. Angenot M., La propagande socialiste. Six essais d’analyse de discours, Montréal, Les éditions Balzac, 1997, p. 9.

    4 Loraux N., La cité divisée. L’oubli dans la mémoire d’Athènes, Paris, Payot, 1997.

    5 Bourdin P., « Croire jusqu’à la Raison », inBiard M. (dir.), La Révolution française. Une histoire toujours vivante, Paris, Tallandier, 2009, p. 137-151.

    6 Levasseur, Catéchisme de la liberté, Paris, Vinçard, 1792.

    7 Bossut N., « Bias Parent curé Jacobin, agent national du district de Clamecy en l’an II », Annales historiques de la Révolution française, no 274, 1988, p. 444-474.

    8 Ibid., p. 473.

    9 Parent F., Cathéchisme français, républicain, enrichi de la Déclaration des droits de l’homme, et de maximes de morale républicaines propre à l’éducation des enfants de l’un et l’autre sexe ; le tout conforme à la Constitution républicaine. Par un sans-culotte français, Paris, Debarle, 1794-an II.

    10 Ibid., p. 9.

    11 Ibid., p. 49, en majuscules dans le texte.

    12 Chappey J.-L., « Les écoles de la Révolution : pour en finir avec la thèse de la table rase », in Biard M. (dir.), La Révolution française…, op. cit., p. 335-336.

    13 Saint-Martin I., « “Catéchisme en images”, une pédagogie par le sensible ? », Archives des sciences sociales des religions, no 111, 2000, mis en ligne le 19 août 2009.

    14 Devaux, Le manuel des jeunes républicains, ou élémens d’instruction à l’usage des jeunes élèves des écoles primaires, Paris, Devaux, 1794-an II.

    15 La Chabeaussière A., Catéchisme français ou principes de philosophie, de morale et de politique républicaine, à l’usage des écoles primaires, Paris, Fuchs, 1796-an IV.

    16 Poitevin, Catéchisme républicain, suivi des maximes de morale républicaine, propre à l’éducation des enfants de l’un et l’autre sexe ; par le citoyen Poitevin, de la section de la rue de Montreuil, Paris, Millet, 1794-an II.

    17 Catéchisme de la constitution républicaine, mis à la portée des jeunes citoyens français, Paris, Langlois, 1794-an II.

    18 Chemin-Dupontès J.-B., Morale des sans-culottes, de tout âge, de tout sexe, de tout pays & de tout état ; ou Évangile républicain, Paris, Chemin fils, 1794-an II, p. 3-4.

    19 La Hautière R., Petit catéchisme de la réforme sociale, Senlis, Fessart, 1839, p. 6.

    20 Catéchisme politique du républicain, ou manuel complet de tous les droits et de tous les devoirs du citoyen, Paris, Bureau des Fastes républicains, 1848, p. 8.

    21 David M., Le printemps de la fraternité. Genèse et vicissitudes, 1830-1851, Paris, Aubier, 1992, p. 374.

    22 Macé J., Petit catéchisme républicain, Paris, Garnier frères, 1848, p. 6.

    23 Bowman F. P., Le Christ des barricades (1789-1848), Paris, éditions du Cerf, 1987, p. 21.

    24 Caron J.-C., Frères de sang : la guerre civile en France au XIXe siècle, Paris, Champ Vallon, 2009, p. 96.

    25 Renouvier C., Manuel républicain de l’homme et du citoyen, par Charles Renouvier. Ancien élève de l’école polytechnique. Publié sous les auspices du ministre provisoire de l’instruction publique, Paris, Pagnerre, 1848.

    26 Ibid., p. 6.

    27 Ibid., p. 8.

    28 Ibid., p. 32

    29 Gaillard L., Évangile républicain, constituant l’alliance de tous les peuples. Instruction d’une mère à sa famille, suivi des instructions nécessaires pour les élections, par Louis Gaillard, Paris, Napoléon Chaix et Cie, 1848.

    30 Caron J.-C., Frères de sang…, op. cit.

    31 Bowman F. P., Le Christ des barricades…, op. cit., p. 22.

    32 Renouvier C. et Agulhon M. (dir.), Manuel républicain de l’homme et du citoyen, Paris, Garnier Frères, 1981, p. xx.

    33 Ibid., p. xvi.

    34 Le livre de la vérité ou catéchisme religieux et politique d’un vrai républicain […]. Par un ouvrier, Saint-Gaudens, Tajan, 1848, p. vi.

    35 Ibid., p. 45.

    36 Riot-Sarcey M., Le réel de l’utopie. Essai sur le politique au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1998, p. 44.

    37 Macé J., Petit catéchisme républicain, Paris, Garnier, 1848, p. 8.

    38 Ibid., p. 14-15.

    39 Barni J., Manuel républicain, Paris, Germer Baillière, 1872, p. vi.

    40 Boursin É., La politique du père Gérard. Catéchisme du bon républicain, Paris, Sagnier, 1872, p. 34-35.

    41 Catéchisme du citoyen, Saint-Étienne, Constantin, 1872.

    42 Boursin É., La politique du père Gérard…, op. cit., p. 33.

    43 Petit catéchisme électoral, Paris, Librairie des placards populaires, 1877, p. 13-14.

    44 Les droits du peuple par ??? Auteur de la Lanterne d’un citoyen, Paris, Mervaud, 1877, p. 29.

    45 Olivero I., L’invention de la collection, Paris, éditions de l’IMEC/Maison des sciences de l’homme, 1999, p. 189.

    Auteur

    • Jean-Charles Buttier

      ORCID : 0000-0002-1397-5523

      Docteur en histoire contemporaine et chargé de cours en histoire du droit à l’université de Tours et en histoire à l’université d’Orléans. Collaborateur scientifique à l’université de Genève, il participe au projet du Fonds national suisse de la recherche scientifique « Géographie, école républicaine, éducation publique, pédagogie libertaire, XIXe-XXIe siècle ». Qualifié en histoire et en sciences de l’éducation, sa thèse d’histoire soutenue en 2013 porte sur les catéchismes politiques publiés en France de 1789 à 1914. Il est inscrit en diplôme post-doctoral à l’EPHE avec pour sujet : « Aux sources de l’instruction civique : sécularisation, politisation et laïcisation de la morale enseignée des années 1770 aux années 1880 ». Il est l’auteur de plusieurs articles dont « Catéchismes politiques et politisation des paysans (1789-1914) », inBouchet J. et Simien C. (dir.), Les passeurs d’idées politiques nouvelles au village. De la Révolution française aux années 1930 (PUBP, 2015), et a dirigé avec C. Fayolle la publication du numéro 4/2013 de la revue électronique La Révolution française, intitulé Pédagogies, utopies, révolutions (1789-1848).
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    1 Déloye Y., Sociologie historique du politique, Paris, La Découverte, 2003 [1997], p. 80.

    2 Buttier J.-C., « Catéchismes politiques et politisation des paysans (1789-1914) », in Bouchet J. et Simien C. (dir.), Les passeurs d’idées politiques nouvelles au village. De la Révolution aux années 1930, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2015, p. 79-96.

    3 D’après Marc Angenot, j’ai opté pour une définition descriptive et non péjorative du terme propagande afin d’en restituer son historicité. Angenot M., La propagande socialiste. Six essais d’analyse de discours, Montréal, Les éditions Balzac, 1997, p. 9.

    4 Loraux N., La cité divisée. L’oubli dans la mémoire d’Athènes, Paris, Payot, 1997.

    5 Bourdin P., « Croire jusqu’à la Raison », inBiard M. (dir.), La Révolution française. Une histoire toujours vivante, Paris, Tallandier, 2009, p. 137-151.

    6 Levasseur, Catéchisme de la liberté, Paris, Vinçard, 1792.

    7 Bossut N., « Bias Parent curé Jacobin, agent national du district de Clamecy en l’an II », Annales historiques de la Révolution française, no 274, 1988, p. 444-474.

    8 Ibid., p. 473.

    9 Parent F., Cathéchisme français, républicain, enrichi de la Déclaration des droits de l’homme, et de maximes de morale républicaines propre à l’éducation des enfants de l’un et l’autre sexe ; le tout conforme à la Constitution républicaine. Par un sans-culotte français, Paris, Debarle, 1794-an II.

    10 Ibid., p. 9.

    11 Ibid., p. 49, en majuscules dans le texte.

    12 Chappey J.-L., « Les écoles de la Révolution : pour en finir avec la thèse de la table rase », in Biard M. (dir.), La Révolution française…, op. cit., p. 335-336.

    13 Saint-Martin I., « “Catéchisme en images”, une pédagogie par le sensible ? », Archives des sciences sociales des religions, no 111, 2000, mis en ligne le 19 août 2009.

    14 Devaux, Le manuel des jeunes républicains, ou élémens d’instruction à l’usage des jeunes élèves des écoles primaires, Paris, Devaux, 1794-an II.

    15 La Chabeaussière A., Catéchisme français ou principes de philosophie, de morale et de politique républicaine, à l’usage des écoles primaires, Paris, Fuchs, 1796-an IV.

    16 Poitevin, Catéchisme républicain, suivi des maximes de morale républicaine, propre à l’éducation des enfants de l’un et l’autre sexe ; par le citoyen Poitevin, de la section de la rue de Montreuil, Paris, Millet, 1794-an II.

    17 Catéchisme de la constitution républicaine, mis à la portée des jeunes citoyens français, Paris, Langlois, 1794-an II.

    18 Chemin-Dupontès J.-B., Morale des sans-culottes, de tout âge, de tout sexe, de tout pays & de tout état ; ou Évangile républicain, Paris, Chemin fils, 1794-an II, p. 3-4.

    19 La Hautière R., Petit catéchisme de la réforme sociale, Senlis, Fessart, 1839, p. 6.

    20 Catéchisme politique du républicain, ou manuel complet de tous les droits et de tous les devoirs du citoyen, Paris, Bureau des Fastes républicains, 1848, p. 8.

    21 David M., Le printemps de la fraternité. Genèse et vicissitudes, 1830-1851, Paris, Aubier, 1992, p. 374.

    22 Macé J., Petit catéchisme républicain, Paris, Garnier frères, 1848, p. 6.

    23 Bowman F. P., Le Christ des barricades (1789-1848), Paris, éditions du Cerf, 1987, p. 21.

    24 Caron J.-C., Frères de sang : la guerre civile en France au XIXe siècle, Paris, Champ Vallon, 2009, p. 96.

    25 Renouvier C., Manuel républicain de l’homme et du citoyen, par Charles Renouvier. Ancien élève de l’école polytechnique. Publié sous les auspices du ministre provisoire de l’instruction publique, Paris, Pagnerre, 1848.

    26 Ibid., p. 6.

    27 Ibid., p. 8.

    28 Ibid., p. 32

    29 Gaillard L., Évangile républicain, constituant l’alliance de tous les peuples. Instruction d’une mère à sa famille, suivi des instructions nécessaires pour les élections, par Louis Gaillard, Paris, Napoléon Chaix et Cie, 1848.

    30 Caron J.-C., Frères de sang…, op. cit.

    31 Bowman F. P., Le Christ des barricades…, op. cit., p. 22.

    32 Renouvier C. et Agulhon M. (dir.), Manuel républicain de l’homme et du citoyen, Paris, Garnier Frères, 1981, p. xx.

    33 Ibid., p. xvi.

    34 Le livre de la vérité ou catéchisme religieux et politique d’un vrai républicain […]. Par un ouvrier, Saint-Gaudens, Tajan, 1848, p. vi.

    35 Ibid., p. 45.

    36 Riot-Sarcey M., Le réel de l’utopie. Essai sur le politique au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1998, p. 44.

    37 Macé J., Petit catéchisme républicain, Paris, Garnier, 1848, p. 8.

    38 Ibid., p. 14-15.

    39 Barni J., Manuel républicain, Paris, Germer Baillière, 1872, p. vi.

    40 Boursin É., La politique du père Gérard. Catéchisme du bon républicain, Paris, Sagnier, 1872, p. 34-35.

    41 Catéchisme du citoyen, Saint-Étienne, Constantin, 1872.

    42 Boursin É., La politique du père Gérard…, op. cit., p. 33.

    43 Petit catéchisme électoral, Paris, Librairie des placards populaires, 1877, p. 13-14.

    44 Les droits du peuple par ??? Auteur de la Lanterne d’un citoyen, Paris, Mervaud, 1877, p. 29.

    45 Olivero I., L’invention de la collection, Paris, éditions de l’IMEC/Maison des sciences de l’homme, 1999, p. 189.

    La République à l'épreuve des peurs

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    La République à l'épreuve des peurs

    Ce chapitre est cité par

    • Wagner, Phillip. Kössler, Till. (2022) Moulding democratic citizens: democracy and education in modern European history – an introduction. European Review of History: Revue européenne d'histoire, 29. DOI: 10.1080/13507486.2022.2133683

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    Buttier, J.-C. (2016). La citoyenneté divisée. In J.-C. Caron, P. Bourdin, L. Bogani, & J. Bouchet (éds.), La République à l’épreuve des peurs (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.47359
    Buttier, Jean-Charles. « La citoyenneté divisée ». In La République à l’épreuve des peurs, édité par Jean-Claude Caron, Philippe Bourdin, Lisa Bogani, et Julien Bouchet. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. https://doi.org/10.4000/books.pur.47359.
    Buttier, Jean-Charles. « La citoyenneté divisée ». La République à l’épreuve des peurs, édité par Jean-Claude Caron et al., Presses universitaires de Rennes, 2016, https://doi.org/10.4000/books.pur.47359.

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    Caron, J.-C., Bourdin, P., Bogani, L., & Bouchet, J. (éds.). (2016). La République à l’épreuve des peurs (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.47346
    Caron, Jean-Claude, Philippe Bourdin, Lisa Bogani, et Julien Bouchet, éd. La République à l’épreuve des peurs. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. https://doi.org/10.4000/books.pur.47346.
    Caron, Jean-Claude, et al., éditeurs. La République à l’épreuve des peurs. Presses universitaires de Rennes, 2016, https://doi.org/10.4000/books.pur.47346.
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