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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Une frontière franchie : entre lectures des autorités et mise en question de la force du lien Les enjeux des affaires Colladon et Le Gagneux Un nouveau modèle d’incorporation : s’attacher des pasteurs en les faisant bourgeois de Genève Incorporation des pasteurs et rapport à l’obéissance : face au Magistrat, face à la Compagnie Notes de bas de page Auteur

    Prêtres et pasteurs

    Ce livre est recensé par

    • Pierre-Jean Souriac, Chrétiens et sociétés, mis en ligne le 14 mai 2018. URL : https://journals.openedition.org/chretienssocietes/4251 ; DOI : https://doi.org/10.4000/chretienssocietes.4251
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    Table des matières

    Des pasteurs devenus bourgeois. Limites et conséquences d’une nouvelle modalité d’incorporation des acteurs du ministère dans la Genève de Théodore de Bèze

    Réflexions autour des dépositions de Nicolas Colladon et Jean Le Gagneux (1571)

    Geneviève Gross

    p. 309-322

    Texte intégral Une frontière franchie : entre lectures des autorités et mise en question de la force du lien Les enjeux des affaires Colladon et Le Gagneux Un nouveau modèle d’incorporation : s’attacher des pasteurs en les faisant bourgeois de Genève Incorporation des pasteurs et rapport à l’obéissance : face au Magistrat, face à la Compagnie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Le 3 décembre 1571, à l’issue d’une procédure concertée entre autorités ecclésiastiques et magistrats ayant débuté quatre mois plus tôt, le Petit Conseil de Genève prononce, en son absence, la déposition du pasteur Jean Le Gagneux. Par cette sentence, Le Gagneux est défait de son ministère pastoral exercé dans la ville depuis 1562, mais aussi de sa suppléance d’enseignement en théologie, épaulant en 1571 Théodore de Bèze et Nicolas Colladon dans cette charge au sein de l’académie de Genève, dont il était recteur depuis 15681.

    2À lire l’acte de condamnation, nous sommes face à un ministre récidiviste ayant à plus de trois reprises bénéficié de la « douceur et benignité » des magistrats, après avoir « notoirement [entre 1564 et 1571] abusé de la liberté du ministère pour servir à ses passions particulières » et mené des prédications au grand scandale de l’honneur de la Seigneurie, négligeant le conseil de ses frères « comme il avoyt esté promis et accordé qu’il seroyt fait en tel cas selon Dieu et raison2 ». En septembre 1571, si Le Gagneux a une fois encore réitéré sa désobéissance au corps des ministres, il s’est volontairement coupé de la ville, la quittant dans la foulée et sans congé préalable, prenant, selon la lecture des pasteurs, « son congé soubz coleur de ses affaires au lieu de le demander selon son debvoir et serment3 ». Tout en essayant de s’en défendre par lettres, envoyées quelques jours plus tard de Lyon aux autorités genevoises, il devient et reste coupable de « vraye desertion de son ministere » et sera accusé de « parjure […] faict contre son debvoir et serment tant de ministre que de bourgeois4 ».

    3Quelques mois plutôt, en février 1571, le pasteur Nicolas Colladon, alors secrétaire de la Compagnie des pasteurs, avait lui aussi quitté le territoire de la Seigneurie, délaissant la ville au cœur des démêlés que sa dernière prédication avait suscités5. S’en allant pour Nyon, Église sous juridiction bernoise, il signe ainsi à l’occasion d’un de ces conflits avec le Conseil et les ministres un dépassement de la frontière, par un congé loin d’être formellement requis et autorisé par les instances garantes de son ministère. C’est sur l’insistance de ses frères, amis et parents, qu’il se décide quelques jours plus tard à revenir en ville. Là, devant le Conseil, il se justifie de cette absence, disant avoir voulu « changer un peu l’air […] pour le grand trouble qu’il avoyt en esprit » et « non pour se distraire de son debvoir6 ». Il se défait ainsi d’une accusation de désertion de la ville et d’abandon de sa charge ministérielle, plaidant avoir suivi et transformé le délai de réflexion, accordé par les ministres et les magistrats une semaine plus tôt, pour en profiter à bon escient. Il se soumet alors à la censure, se confesse et rejoint le rang de ses frères. Toutefois, avec une nouvelle série de prédications contre l’institution du change7, il signe fin août 1571, dans une lecture institutionnelle du cas largement conservée par l’historiographie, sa désobéissance manifeste aux ministres et magistrats. Il devient l’auteur, en plein exercice de sa charge pastorale, d’une attaque contre les autorités temporelles et ecclésiales de la ville. Déposé en septembre, il termine ainsi sa carrière pastorale à Genève8.

    Une frontière franchie : entre lectures des autorités et mise en question de la force du lien Les enjeux des affaires Colladon et Le Gagneux

    4Par sa transgression de la frontière politique et confessionnelle de septembre 1571, Le Gagneux s’est illustré, pour les autorités, dans une stratégie consciemment réfléchie, celle adoptée par un ministre cherchant à se protéger des suites judiciaires et disciplinaires de ses actes. Ville et Église de Genève semblent être ainsi court-circuitées dans leur résolution du cas, et ce malgré la décision de la Compagnie des pasteurs d’avertir le consistoire de Lyon et le colloque de Beaujolais en activant le réseau des Églises de France et d’amener ainsi le ministre en fuite à reconnaître sa faute9. Une autre conséquence viendra s’ajouter à ce dépassement de la frontière et agira comme un second frein, qui ne s’exprimera plus uniquement dans l’espace géographique et politique, mais s’inscrira désormais dans la promesse d’un nouveau rattachement institutionnel.

    5En effet, en mars 1572, après avoir littéralement séjourné aux portes de la ville et fait parvenir du Pont d’Arve – frontière naturelle entre la Savoie catholique et la ville de Genève – une demande de sauf-conduit, Le Gagneux s’est finalement résolu à entrer en ville où il est écouté et détenu prisonnier. Parvient alors de Berne, entre mars et avril, la rumeur puis la nouvelle de l’élection de Le Gagneux à Lausanne, accompagnée d’une condition sine qua non à son engagement, celle du règlement du différend10. Or, moins d’un mois plus tard, le 1er mai, Berne demande d’écourter la durée de détention de Le Gagneux pour que le pasteur puisse enfin prendre son poste11. Les ministres de Genève s’estiment dès lors et plus encore, selon leurs propres termes, avoir les mains liées par Berne, s’envisageant certainement sous le regard de leur allié confessionnel et politique depuis la signature en 1566 de la Confession helvétique postérieure et du traité perpétuel de combourgeoisie en 155912. Quelques semaines plus tôt, le 18 avril, les magistrats avaient, quant à eux, renoncé à envoyer aux Bernois un résumé des procédures suivies et des interrogatoires effectués jusque-là auprès du ministre inculpé. Se rétractant de ses intentions premières, pourtant proposées et validées au sein du Petit Conseil, la ville de Genève estime finalement qu’une telle lettre n’est plus convenable et « qu’il leur pourroyt sembler qu’on le feroyt pour les en desgoutter », dessinant entre autres par ce biais sa crainte de paraître acharné et obstiné à l’égard de Le Gagneux, cherchant à lui ôter toute possibilité d’exercer ailleurs13.

    6Non seulement la valeur pastorale et humaine du ministre Le Gagneux se trouve alors au centre du démêlé, mais avec elle ce sont certainement aussi le crédit d’une réforme, de sa visée, comme enfin la place que pourraient prétendre occuper Berne et Genève dans leur entreprise d’instaurer et de défendre une Église vraie. Aussi commun que cet élan ait pu être, il a néanmoins été marqué par un différend dans les pratiques disciplinaires et la conception ecclésiologique de Berne et de Genève, ayant conduit plus tôt, en 1558, à une vague importante de démissions. À cette date, l’académie et l’Église de Lausanne s’étaient défaites de plusieurs personnalités réformées, des professeurs et pasteurs dont la cité de Calvin profitera. En 1571, Berne et plus particulièrement l’Église de Lausanne gagnent quant à elles et pour un temps du moins, deux anciens ministres genevois, Nicolas Colladon et Jean Le Gagneux14. Ces cas signent ici un phénomène loin d’être nouveau dans l’espace de la Réforme francophone et plus encore suisse romand, celui du transfert de personnels et de compétences entre Genève et Berne, où des ministres déposés dans l’une de ces Églises poursuivent leur carrière dans l’autre15.

    7En nous arrêtant, dans la présentation de ces conflits cléricaux, bien plus au dépassement de la frontière qu’au motif le plus souvent politique des sermons, nous avons cherché à souligner deux processus de séparation et d’acquisition d’appui extérieur adoptés par les ministres Le Gagneux et Colladon inculpés ou du moins soupçonnés d’être, par leurs prédications, un instrument de dissension au sein de la Compagnie. À suivre les actes des condamnations, ces deux pasteurs se sont en effet distingués du reste du corps préférant, dans l’exercice de leur charge d’édification, une mise en avant de leur avis et interprétation particuliers. Cassant manifestement par ce biais l’égalité se devant d’agir entre les membres de ce collège, ils ont tenté de prendre autorité non seulement sur la Parole qu’ils se doivent de prêcher, mais également sur leurs frères, élus comme eux au ministère et exerçant leur vocation sous la présidence du Christ et l’inspiration du Saint-Esprit. Avec leurs critiques et doléances publiques à l’encontre du Magistrat, ils viendraient fragiliser l’orientation et la validité chrétienne de l’autorité souveraine, une autorité approbative et garante de leur installation au ministère. Avec elles, se laisse également présager l’existence d’une mésentente entre les instances temporelles et ecclésiales de la ville, laissant ainsi ouverte une alliance éventuelle entre des sujets mécontents et ces pasteurs revendicateurs, pouvant rompre l’équilibre social. Se comprend ici, dans une lecture institutionnelle des cas, le qualificatif d’« opposition cléricale et démocratique » employé par Eugène Choisy dans son analyse de ces conflits ecclésiaux16.

    8Pour notre part, sans nier cette interprétation, nous estimons que cette dernière servirait davantage de jalon dans l’énonciation de définitions du ministre et de compréhensions du clergé que cherchent à défendre entre 1564 et 1571, à travers ces conflits, Compagnie des pasteurs et Magistrat. La notion de clergé deviendrait alors plurielle, car différente suivant la perspective de l’État ou de l’Église, des conceptions qui sont toutefois loin de s’opposer. Cette pluralité de définitions trouverait un embranchement supplémentaire, celui découlant du cadre même du règlement du différend, soit les procédures consistoriales ou civiles menant à la déposition. Face aux instances institutionnelles et à leur conception d’un clergé dans les modalités de l’exercice de ses charges et prérogatives, s’élève la perception, appelée quant à elle à échouer, qu’esquissent et tentent de défendre les pasteurs inculpés d’insoumission.

    9Dès lors, si ces conflits ecclésiaux mettent bel et bien en discussion l’obéissance, ils l’interrogent, selon nous, dans la force du lien, moins visible dans la nouvelle affiliation institutionnelle acquise par les ministres inculpés que présente en amont à l’intérieur même d’un corps d’Église et d’une ville fragilisée dans ses frontières, d’une cité prise en enclave dans la Savoie catholique et se retrouvant à ses portes. En effet, depuis le traité de Lausanne de 1564 et son application en 1567 par la reddition à la Savoie des territoires conquis en 1536 par Berne, Genève marche vers son isolement politique. La ville ne possède dès lors plus d’accès direct, par voie de terre du moins, à son allié et unique protecteur, Berne, une situation qui restera inchangée jusqu’au traité de Soleure de 157917. Quitter le territoire genevois et traverser la frontière viendrait davantage symboliser chez ces acteurs éminents du ministère le besoin de rompre ou du moins la volonté de se détacher d’un espace perçu comme tendu et ressenti comme contraignant. La transgression de la frontière témoignerait, selon nous, d’une mise en acte de la rupture par une utilisation instrumentalisée de la frontière politique et/ou confessionnelle. Colladon et Le Gagneux chercheraient par ce biais à se distancier d’un ensemble de liens, agissant entre les ministres eux-mêmes, au sein de cette unité d’égaux se dirigeant sous la présidence du Christ qu’est la Compagnie des pasteurs. Mais ils tenteraient également de s’éloigner de liens présents, et sans doute plus actifs encore, entre les pasteurs et les magistrats. L’heure est alors à la graduelle prise de pouvoir du Petit Conseil sur l’Église par le renforcement de l’appareil judiciaire de l’État au détriment d’un exercice de la discipline, de la communauté vers la communauté, selon les prérogatives du consistoire18.

    10Sous cet angle, la force du lien peut d’abord être interrogée dans sa dimension institutionnelle d’élection et d’exercice d’un pasteur, le plus souvent français, assigné et nommé au ministère d’édification de Genève, une ville également engagée dans un devoir et effort d’évangélisation de la France auxquels contribuent, depuis 1555, son Église et son académie. Dans cette perspective et face à cette frontière intrinsèque qui définit le clergé genevois, il reste à souligner et apprécier dans ses conséquences une caractéristique commune aux pasteurs déposés Le Gagneux et Colladon, celle d’avoir été faits gratuitement bourgeois de Genève entre 1557 et 1562, en reconnaissance de leur ministère19. Or, ce processus de naturalisation s’accompagne entre autres d’un devoir, si ce n’est de sédentarisation, du moins de résidence. Il comporte également des privilèges économiques et des droits politiques et, par ce biais, une entrée dans les mécanismes du pouvoir et une première ouverture vers la scène décisionnelle. Avec le citoyen, le bourgeois forme en effet le Conseil général, assemblée réunissant le corps électoral genevois qui désigne les magistrats principaux. Il peut désormais se présenter et se faire élire au Conseil des Deux-Cents, chambre fondée en 1526 sur le modèle bernois, adoptant les lois sur la proposition du Petit Conseil20.

    11Dès lors, dans quelle mesure ces deux pans du statut de bourgeois, celui d’un ancrage territorial désormais susceptible d’être réglementé et contrôlé par les autorités souveraines comme celui d’une participation à la vie économique et politique de la ville par des privilèges, ont-ils eu ou non une incidence sur le ministre ? Ce changement de statut s’accompagne-t-il de conséquences déterminantes sur l’activité pastorale et missionnaire comme sur la définition d’un clergé, ou plus précisément sur les expressions variées, de l’Église et de l’État, dans leur conception d’un corps clérical à l’heure de la mort de Calvin et face aux défis d’une défense identitaire confessionnelle et spatiale de Genève et de l’Église réformée en général ? C’est pourquoi la question de la répercussion de cette nouvelle condition du ministre doit également se poser au simple niveau de la pratique pastorale à Genève, et vient dès lors toucher plus spécifiquement les rapports entre l’Église et l’État. Le pasteur exerce en effet, suivant son serment et ses prérogatives, un office tourné vers l’enseignement de tous, magistrats compris. Son devoir pastoral est conduit par l’exigence de préserver un corps social uni, harmonieux, car purgé par l’exercice de la discipline et de la correction mutuelle tant entre les frères ministres eux-mêmes qu’à l’échelle de la communauté des fidèles. Cet exercice de la répréhension peut ainsi toucher tous et chacun en particulier, sans distinction aucune. Enfin, l’interaction entre les deux instances ne se fait pas uniquement dans le devoir d’édification et d’admonestation du corps pastoral. Elle s’inscrit également dans l’espace politique et intervient au cœur de la prise de décision du Petit Conseil – siège du tribunal comme du pouvoir exécutif et législatif de la ville – face à l’autorité consultative que les magistrats octroient à la Compagnie dans l’édiction de nouvelles ordonnances, de traités ou de règlements de cas de justice. Dans cette perspective, il s’agit de considérer cette participation au pouvoir des pasteurs dans le resserrement que pourrait provoquer chez le pasteur son accès à la bourgeoisie et aux éventuelles conséquences qu’un tel statut aurait sur son espace d’action, ou plus précisément, sur l’exercice de la « liberté du ministère », dont Le Gagneux et Colladon sont soupçonnés puis accusés d’avoir abusé à plusieurs reprises, menant des prêches contre l’honneur de la Seigneurie.

    Un nouveau modèle d’incorporation : s’attacher des pasteurs en les faisant bourgeois de Genève

    12La double assermentation de bourgeois et de ministre de Le Gagneux et Colladon, pasteurs originaires respectivement de Tours et de Bourges, s’inscrit tout d’abord dans une modalité d’incorporation radicalement autre que celle proposée par Calvin et sa Compagnie entre 1541 et 1555. En effet, jusqu’en 1555, la Compagnie des pasteurs s’insère et s’implante à Genève grâce à une exploitation consciente de sa marginalisation, sujette qu’elle est, par l’origine française de ses membres, aux attaques orchestrées par des solidarités familiales et claniques à caractère largement xénophobe, visant à fragiliser et rejeter le projet de rénovation ecclésiale porté par Calvin21. À cette époque, Calvin cultive d’ailleurs, contre cette opposition dite des « Enfants de Genève », sa position de membre d’un corps ostracisé, parce qu’étranger. Il s’expose en chaire jusqu’au paroxysme de la rupture communautaire dans une violence verbale alimentée par l’imaginaire de la lutte sainte. La requête et l’acceptation gratuite à la bourgeoisie en janvier 1556 des quatre ministres élus et assignés à la ville de Genève entre 1545 et 1548, tous français d’origine, marquent d’ailleurs le début d’un accès plus systématique des acteurs du ministère genevois à ce privilège longtemps protégé par les habitants de souche et citoyens de Genève22. Après s’être assuré des soutiens grâce à l’accession massive en février et avril 1555 d’immigrés français à la bourgeoisie et quatre ans après la défaite en mai 1555 des « Enfants de Genève », Calvin suit finalement ses collègues et entre en bourgeoisie. En décembre 1559, il fait néanmoins face à des autorités le priant d’accéder à la bourgeoisie et regrettant même sa lenteur à y recourir. Justifiant ses réserves par son souci d’avoir cherché à « éviter les soubsons esquels plusieurs sont enclins », il approuve l’initiative du Magistrat et répond bien davantage ici à la volonté du Petit Conseil de le faire leur23.

    13Le fait est significatif, car le même jour de décembre 1559, quatre professeurs et ministres démissionnaires de l’académie et de l’Église de Lausanne se présentent avec Calvin devant le Petit Conseil. Ils formulent, quant à eux, une même requête, celle d’être reçus bourgeois de Genève. Par ce biais et remerciant d’ores et déjà les autorités genevoises des « autres biens qu’on leur a faictz », Pierre Viret, Antoine Le Chevalier, Jean Reymond Merlin et Jean Tagaut prient le Conseil de « les recevoir et accepter au nombre des bourgeois affin [d’avoir] plus grande occasion d’estre devoué à ceste republique24 ». Tous l’obtiennent et signent ici l’un de ces autres transferts de personnel pastoral réussis entre Genève et Berne. Cette réception à la bourgeoisie, valable également pour Théodore de Bèze en avril 1559, semble, plus encore, marquer une transition25. Une incorporation plus rapide se confronte à l’affiliation lente de Calvin, ou revendiquée comme telle, par la conservation de son statut d’étranger ou de simple habitant qu’il a su instrumentaliser, exploitant à des fins d’implantation cette expérience et réalité personnelles de la frontière, longtemps partagées par ses confrères ministres. Les nouveaux arrivants, eux aussi dans leur majorité immigrés français, se montrent plus engagés dans une collaboration qui viendrait s’inscrire dans une volonté de renforcer les liens politiques et confessionnels à Genève par la participation, grâce à leur statut bourgeois, à des privilèges économiques et des droits politiques étendus.

    14Du côté du Magistrat, l’accession à la bourgeoisie résonnerait comme une réponse à la caractéristique intrinsèque de ce corps pastoral dans une ville et une Église en contact par leur situation géographique comme par leurs aspirations évangélisatrices. Elle répondrait également au défi partagé par la ville et l’Église au lendemain de la mort de Calvin de tenir « ferme de prester ny lacher ses ministres », selon les termes mêmes de la Compagnie des pasteurs devant le Petit Conseil à l’heure de la prolongation d’un congé accordé à Le Gagneux en 1565 pour régler ses affaires familiales26. C’est dans ce même sens de retenir le personnel pastoral à Genève que les autorités souveraines prient le ministre Charles Perrot, auquel ils autorisent un congé en France, de ne « prester l’aureille à personne pour estre detorné de venir27 ». Dans cette même perspective encore, ils demandent à Antoine Le Chevalier, bourgeois et professeur depuis 1559 à l’académie de Genève, « de peser la consequence de ceste escole et la mettre en balance contre sa necessité de proferer la gloire de Dieu à son profit particulier ». Il doit enfin considérer et confronter « son debvoir et obligation qu’il a à la ville comme la vocation et la bourgeoisie de servir ceste ville et eglise selon les graces que Dieu luy a faicte » face à la promesse faite à sa ville natale, Caen, de venir y prêcher l’Évangile, et face à la gestion de ses biens qui nécessite, au risque de tout perdre, sa présence impérative28. Cédant finalement aux doléances des Genevois, Le Chevalier « s’accorde de demeurer icy pourveu qu’eux [les ministres], le déchargent envers l’eglise de can et messieurs aussi et qu’on aye quelque esgard à ce qu’il sera frustré de son bien29 ».

    15L’entrée en bourgeoisie a dès lors certainement permis de renforcer cette affiliation à une Église particulière, envisagée et défendue par le réformateur de Genève dans son Institution de la religion chrestienne pour donner ordre30. La recherche documentée « dans les papiers laissés par Calvin » des termes des prêts et congés octroyés au ministre Nicolas Des Gallars, engagé entre 1560 et 1568 entre Londres et Orléans avant de se retourner vers Genève en 1568, vers cette « eglise à laquelle il est premierement astrainct » étant donné son élection au ministère en 1544, en serait l’illustration31. À travers ce cas, l’expression d’un lien prioritaire donné à Genève se dessine. Après deux ans passés dans la ville au service du collège, les autorités rassurent Des Gallars devant ses craintes d’être en blâme avec l’Église d’Orléans. En effet, Genève veut à nouveau l’employer au ministère, toutefois, ainsi que maintiennent les magistrats à Des Gallars « quant à l’église d’orleans, elle n’a nulle occasion de s’en mescontenter veu qu’il a tousiours esté retenu pour bourgeois et qu’estant renvoyé de dieu à Genève il a esté entretenu de la Seigneurie sans que ceux de ladicte eglise luy ayent fait mille assistance32 ».

    16Davantage, avec un ministre devenu bourgeois, Genève s’assurerait un corps pastoral susceptible d’être à dimension variable, capable de s’étendre et donc de permettre à ses membres d’exercer ailleurs, à court ou long terme, afin d’acquérir soutiens et protecteurs tout en pouvant, en cas de nécessité, être resserré sur lui-même. C’est ce que peuvent laisser entendre les congés accordés à Gilles Chausse et à Paul Baduel, tous deux bourgeois de Genève, envoyés respectivement à Lyon et en Auvergne33. Face à leur départ, ces deux pasteurs engagés à Genève demandent « à être tenu au rang de voz bourgeois », leur est alors assuré que oui, sous la promesse et condition d’être rappelés « quand bon semblera […] à messieurs » auxquels ils doivent se souvenir qu’ils sont « premièrement obligé[s] », se devant « de revenir comme membre de ceste eglise sans que ceux » des Églises de Lyon et d’Auvergne ne les puissent empêcher34. Par le statut de bourgeois accordé à ses ministres, Genève construit ainsi un socle solide et, le cas échéant, resserré sur lui-même à la défense de son identité confessionnelle, une forme de rempart où le glaive de la Parole se conjugue à un port d’armes, requis lors de la prestation de serment de tout nouveau bourgeois se devant d’être, pour la défense de la ville, « fourni et assorti d’armes », un lien qui se renforce également dans cette obligation, commune au bourgeois et au ministre, de résider à Genève, « en temps de necessité » et de « ne pas l’abandonner », l’autorisant bien à pouvoir habiter ailleurs mais ce jamais sans licence35.

    Incorporation des pasteurs et rapport à l’obéissance : face au Magistrat, face à la Compagnie

    17Or, cette incorporation à la bourgeoisie marquerait également un lien renforcé d’obéissance aux magistrats, s’exprimant à travers la prestation d’un serment tourné vers une loyauté due à la ville, lisible notamment dans un rôle de conseiller ponctuel qu’est appelé à être, en temps de crise, le bourgeois, par sa participation au Conseil. Il est alors tenu dans le secret des discussions et au secret des décisions. De manière plus générale, il se doit de travailler à la sauvegarde des « franchises, édits et ordonnances de la cité36 ». Sous cet angle, cette assermentation viendrait plus encore consolider « le bon exemple d’obéissance » que promet d’être le pasteur lors de sa prestation de serment au ministère de la Parole, « par lequel il se rend subjet et obéissant aux lois et au Magistrat ». Il jure alors de « garder et maintenir l’honneur et le profit de la Seigneurie37 ». Néanmoins, si le ministre élu promet et jure « d’estre sujet à la police et aux status de la Cité », il pose une limite à son obéissance. Or ce sont l’office pastoral et son exercice même qui viennent démarquer les contours de la soumission du nouveau pasteur au cadre temporel. En effet, l’allégeance au Magistrat du corps pastoral se fait « sans préjudicier à la liberté que nous devons avoir d’enseigner selon Dieu et faire les choses qui sont de nostre office38 ». Entre 1565 et 1571, cette question de la liberté laissée à l’office du pasteur se trouve bel et bien constamment au centre des tensions entre Petit Conseil et Compagnie. À l’occasion de prédications collectives ou de sermons dus à des membres isolés du clergé genevois, elle va obliger les pasteurs à définir et redéfinir leur espace d’action, car le maniement de la Parole de Dieu génère un véritable conflit entre ces deux instances, dans sa dimension de censures publiques mutuelles et communautaires, susceptibles dès lors de venir reprendre d’éventuels abus présents chez le Magistrat. La confrontation se développe entre décembre 1564 et février 1571, et s’ancre dans un processus de réglementation de la prédication, au cœur duquel se placent les affaires de déposition de Le Gagneux et Colladon.

    18Face à des ministres qui, pour protéger leurs confrères Colladon et Le Gagneux, soulignent à deux reprises la complexité de manier une Parole tranchante, qui n’est ni « aggreable à tous » ni aisément reçue « car il ne faut que obmettre ou remuer un mot que ce sera renverser l’intention de celuy qui parle », est réitéré un principe établi dès 1564 à la suite de la déposition de Jean Reymond Merlin39. En effet, si les pasteurs venaient à apercevoir ou percevoir un abus du côté du Magistrat, ils devaient le faire savoir « en douceur » et discrètement. Ils se devaient alors de recourir au Conseil, s’y rendant et faisant là, dans cet espace clos, part aux magistrats de leurs doléances40. Ils poussaient enfin, en cas d’abus avéré, les autorités à s’en amender et à le corriger.

    19Par l’exercice de la discrétion, les magistrats s’assurent d’éviter tout scandale injustifié provoqué par une divulgation ou diffusion en chaire et, avec elle, le risque de passer aux yeux des fidèles, respectivement sujets, pour de mauvais souverains. Par ce biais, ils conservent intacte et défendent ouvertement l’union entre Église et État. Se voient sans doute ici précisés et consolidés les termes mêmes du serment du ministre, selon lesquels le pasteur s’engage à corriger, dans le cadre du consistoire comme lors de sa charge d’édification et donc de prédication, « ceux qui auront failli », se devant néanmoins de le faire « sans donner lieu à haine, faveur, vengeance », mais travaillant bien davantage « à ce que le peuple s’entretienne en bonne paix et union sous le gouvernement de la Seigneurie41 ». Dans cette perspective, et face à la compréhension des magistrats de la cohésion sociale, le pasteur servirait d’agent essentiel au lien et à l’exercice du pouvoir, devenant un médiateur posé entre les autorités et les sujets. En février 1571, la volonté d’affiliation du ministre à la préservation de l’unité sociale se lit davantage encore lors d’une énième demande du Petit Conseil aux pasteurs où, un à un, ils sont exhortés sous peine d’être « rebelles et desobeissans à messeigneurs leurs superieurs magistratz » de souscrire à cette clause de discrétion dans la correction publique des magistrats42. À cette date, Colladon s’absente de la ville pour Nyon, sans congé dûment approuvé et sans consentir à cette mesure. Revenant quelques jours plus tard à Genève sur la prière de ses frères, il y adhère et confesse avoir été aveugle, un état d’aveuglement et d’errance dont Dieu par sa grâce l’a sorti. Sept mois plus tard, il s’élève en chaire « soubz ombre de quelques abus qu’il dict y estre survenu […] publiquement et sans aulcune conference » contre « l’estat et ordonnance du change dressé il y a environ troys ans par le petit et grand conseil après avoir heu l’advis des ministres de la parolle de Dieu avec lesquelz il estoit43 ». Ce geste est qualifié d’« intollerable et contrevenant tant au serment de bon et fidèle bourgeoys que de ministre » et fait dire à Théodore de Bèze qu’un des deux, de lui ou de Colladon, serait un faux prophète44.

    20Parjure et propagateur de fausses doctrines sont deux accusations qui nous posent au cœur du processus de prise de décision, tant dans la charge consultative que remplit parfois et sur appel des autorités la Compagnie que dans sa résultante : l’édiction par le Petit Conseil d’une nouvelle ordonnance, ici le change45. À l’heure d’un ministre devenu bourgeois, elles souligneraient non seulement les effets de resserrement que ce statut peut provoquer sur le pasteur et son espace d’action, mais indiqueraient également la dynamique et les tensions présentes à l’intérieur même du corps ecclésial. À travers la remarque de Théodore de Bèze et la résistance exprimée par Colladon, l’exercice collégial s’éclaire dans la valeur différenciée donnée à la résolution finale que l’ensemble de la Compagnie par la voix de son modérateur proposera au Magistrat. Trois ans plus tôt, c’est donc sur le change que les pasteurs, à la demande du Petit Conseil, se sont concertés, présentant par la suite leur approbation au projet des magistrats. Or, en septembre 1571, Colladon revendique au nom de son devoir pastoral et de sa conscience, le droit de se rétracter d’une disposition à laquelle il a certes autrefois souscrit, mais qui, selon lui, se révèle caduque, parce que mal appliquée, inadaptée et inadéquate aux circonstances présentes46. Les modalités actuelles de son application rendent même l’institution du change contraire aux intentions premières. Pour Bèze et le reste de la Compagnie, Colladon met ici en doute la vérité et donc la valeur inspirée de l’avis collégial, devenant, par son acte d’autonomie et d’autorité, un agent de schismes. Il a ainsi laissé au « diable » ses entrées au sein de ce collège d’égaux, renonçant au principe présent dans le chapitre 14 de la première Épître aux Corinthiens – les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes – qu’évoquent déjà les pasteurs en 1564 face aux recours à sa conscience particulière du pasteur Merlin alors interrogé et inculpé de vouloir par ses prédications se placer au-dessus de ses frères et prétendre même vouloir une Église « conduicte par luy seul47 ». Avec sa position, Colladon fait ainsi face à un premier resserrement, celui d’une Compagnie s’affirmant comme un corps de doctrine, chargeant dès lors ses résolutions issues d’une conscience exercée collectivement d’une dimension immuable qui verserait enfin dans une forme d’infaillibilité. Par obéissance à la Compagnie ou par conviction, il a néanmoins participé, trois ans plus tôt, à l’institution par le Petit Conseil d’une ordonnance, qu’il se doit de respecter en tant que bourgeois de Genève et suivant son serment.

    *

    21Dès lors, avec Colladon s’exprime le risque qu’un serviteur de la Parole de Dieu, aussi marginal et contestable soit-il, devienne plus encore un mauvais exemple d’obéissance et un mauvais citoyen, parjure qu’il est à sa double promesse de pasteur et de bourgeois de défendre l’honneur de la Seigneurie comme de respecter et sauvegarder les ordonnances et lois de la ville. Davantage qu’en se manifestant ainsi par leurs prises de parole répétées, lui et Le Gagneux animent et suscitent un contre-pouvoir par une alliance avec les sujets. Par leur utilisation de la chaire, lieu d’activation de leur résistance, ils incarnent en somme une crainte pour les autorités, celle précisément de cette limite d’obéissance au Magistrat à laquelle et suivant leur propre serment de ministre, les pasteurs peuvent prétendre au nom de la liberté du ministère. D’où les resserrements que tente d’opérer le Magistrat sur son corps clérical par la négociation et la réglementation d’un espace de parole, d’enseignement et de correction des ministres exercé à leur égard. Ressenti par certains pasteurs comme un rétrécissement de leur espace d’action ministérielle, ce processus n’aurait fait que s’accentuer par l’accès plus systématique à la bourgeoisie des acteurs du ministère genevois grâce aux résonances et effets de renforcement du lien que le serment du bourgeois donne au serment de ministre. Cette dynamique, si elle a, selon nous, généré ce tissu de contraintes poussant Colladon et Le Gagneux à transgresser la frontière sans autorisation légitime, aurait davantage servi à la construction d’une Compagnie comme instance douée d’une conscience une et unique, s’érigeant en gardienne de la Vérité, où l’exercice de l’autorité reposerait sur le corps dans son entier. Par ce biais, Bèze s’efforcerait non seulement de limiter l’instauration d’une figure particulière et charismatique d’autorité au sein de la Compagnie, mais tenterait également d’empêcher son éventuelle captation par le Magistrat dans ses prises de décision et chercherait dès lors à sauvegarder l’indépendance de l’Église. Ainsi ce serait bien moins la seule personnalité de Bèze qui aurait marqué l’évolution de l’Église genevoise, par son esprit de conciliation face aux autorités, que l’utilisation consciente d’une entreprise de contrôle parallèle des pasteurs, celle émanant des magistrats, et qui servirait la construction et l’affirmation d’un clergé en tant que corps de théologiens.

    Notes de bas de page

    1 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 3 décembre 1571, fol. 148 r°. Il existe une copie contemporaine manuscrite et séparée de cet acte, conservée dans le fonds français de la Bibliothèque de Genève (ms. fr. 406, fol. 73-77). Sur Nicolas Le Gagneux, voir Kingdon R. M., Geneva and the consolidation of the French Protestant Movement 1564-1572. A contribution to the History of Congregationalism, Presbyterianism, and the Calvinist Resistance Theory, Genève, Droz, 1967, p. 23; Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie des Pasteurs de Genève, Genève, Droz, t. 3, 1969, p. 4.

    2 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 3 décembre 1571, fol. 148 r°.

    3 Ibid., fol. 148 v°.

    4 Ibid., fol. 149 r°. Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 3, p. 51, p. 53, p. 56.

    5 Sur Nicolas Colladon, se rapporter à la littérature citée dans Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 3, p. VIII-XII.

    6 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 13 février 1571, fol. 31 r°.

    7 Monter E. W., « Le change public à Genève, 1568-1581 », Mélanges d’histoire économique et sociale : en hommage au professeur Antony Babel à l’occasion de son soixante-quinzième anniversaire, Genève, Tribune de Genève, 1963, t. 1, p. 265-290.

    8 Manetsch S. M., Calvin’s Company of Pastors: Pastoral Care and the emerging Reformed Church, 1536-1609, Oxford – New York, Oxford University Press, 2013, p. 64; Kingdon R. M., Geneva and the consolidation…, op. cit., p. 17-29; Choisy E., L’État chrétien calviniste à Genève au temps de Théodore de Bèze, Genève, C. Eggimann, 1902, p. 45-67.

    9 Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 3, p. 43, p. 51.

    10 Ibid., p. 60 ; AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 67, 4 avril 1572, fol. 51 r°.

    11 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 67, 1er mai 1572, fol. 69 v°.

    12 Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 3, p. 37.

    13 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 67, 18 avril 1572, fol. 60 v°.

    14 Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 3, p. 33, no 5.

    15 Naphy W. G., Calvin and the consolidation of the Genevan Reformation, Manchester, Manchester University Press, 1994, p. 53-83.

    16 Choisy E., L’État chrétien…, op. cit., p. 49, p. 58.

    17 Ibid., p. 99, p. 225 ; Guichonnet P. (dir.), Histoire de Genève, Toulouse – Lausanne, Privat – Payot, 1986, p. 151.

    18 Grosse C., « “Il y avoit eu trop grande rigueur par cy-devant”. La discipline ecclésiastique à Genève à l’époque de Théodore de Bèze », I. Backus (éd.) Théodore de Bèze (1519-1605), Genève, Droz, 2007, p. 55-68.

    19 Covelle A.-L. (éd.), Le livre des Bourgeois de l’ancienne République de Genève, Genève, J. Jullien, 1897, p. 257 (22 juillet 1557), p. 272 (28 août 1562).

    20 Roth-Lochner B., De la banche à l’étude : une histoire institutionnelle, professionnelle et sociale du notariat genevois sous l’Ancien Régime, Genève, Droz, 1997, p. 530-532.

    21 Szczech N., « “Fottus Français”. Tensions et xénophobies dans la Genève de Calvin (1546-1555) », A. Roullet, O. Spina et N. Szczech (éd.) Trouver sa place. Individus et communautés dans l’Europe moderne, Madrid, Casa de Velázquez, 2011, p. 117-134.

    22 Faits bourgeois le 14 janvier 1556, il s’agit de François Bourgoin, de Raymond Chauvet, de Jean Fabri et de Jean de Saint-André : Kingdon R. M. et Bergier J.-F. (éd.), Registres de la Compagnie des Pasteurs de Genève au temps de Calvin, Genève, Droz, t. 1, 1964, p. 22, p. 61-62 ; et t. 2, 1962, p. 2, p. 66 ; Covelle A.-L. (éd.), Le livre des Bourgeois…, op. cit., p. 248 ; Manetsch S. M., Calvin’s Company of Pastors…, op. cit., p. 309-316.

    23 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 55, 25 décembre 1559, fol. 163 r° ; Covelle A.-L. (éd.), Le livre des Bourgeois…, op. cit., p. 265-266 (25 décembre 1559).

    24 Ibid.

    25 Covelle A.-L. (éd.), Le livre des Bourgeois…, op. cit., p. 263 (17 avril 1559).

    26 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 60, 27 décembre 1565, fol. 137 r°.

    27 Ibid., 28 mai 1565, fol. 57 v°-58 r°.

    28 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 59, 4 juillet 1564, fol. 67 r° ; 4 décembre 1564, fol. 149 r°.

    29 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 60, 12 mars 1565, fol. 25 v°.

    30 Calvin J., Institution de la religion chrestienne, éd. J.-D. Benoît, Paris, Vrin, 1957-1963, livre IV, chap. III, § 6-7.

    31 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 65, 26 septembre 1570, fol. 147 v° ; RC 66, 11 janvier 1571, fol. 4 r°.

    32 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 22 janvier 1571, fol. 11 r°.

    33 Gilles Chausse accède gratuitement à la bourgeoisie le 10 décembre 1562 : Covelle A.-L. (éd.), Le livre des Bourgeois…, op. cit., p. 274. Paul Baduel, fils de Claude, étudiant puis professeur à l’académie de Genève, est reçu pour « 16 escus » bourgeois le 9 mai 1555 : ibid., p. 243.

    34 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 61, 24 mai 1566, fol. 44 r° ; RC 65, 11 décembre 1570, fol. 181 r°.

    35 Reformulé le 24 janvier 1538 après le passage de la ville à la Réforme, le serment des bourgeois figure en introduction de : AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 72, 6 janvier 1577-3 janvier 1578 ; RC 29, fol. 171 v°. Voir également la version de 1509 : Rivoire É. et Berchem V. van (éd.), Les sources du droit du canton de Genève, Aarau, H. R. Sauerländer, t. II, 1930, p. 186 ; Monter E. W., Studies in Genevan Government (1536-1605), Genève, Droz, 1964, p. 89-90.

    36 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 72.

    37 Pfisterer E., « Le catéchisme de l’Église de Genève (1542) ; Les ordonnances ecclésiastiques de l’Église de Genève (1561) », W. Niesel (éd.), Bekenntnisschriften und Kirchenordnungen der nach Gottes Wort reformierten Kirche, Munich, 1938, t. 1, p. 45, § 19, l. 18.

    38 Ibid., l. 21-22.

    39 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 6 février 1571, fol. 23 v° ; 26 janvier 1571, fol. 14 r°.

    40 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 60, 4 décembre 1564, fol. 151r° ; RC 62, 12 février 1567, fol. 5 r° ; RC 63, 29 octobre 1568, fol. 123 v° ; RC 65, 6 avril 1570, fol. 56 r° ; RC 66, 26 janvier 1571, fol. 16 v° ; 6 février 1571, fol. 22 r°-23 v° ; 10 février 1571, fol. 29 v°.

    41 Pfisterer E., « Le catéchisme… », art. cit., p. 45, § 17-18, l. 9, l. 12.

    42 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 8 février 1571, fol. 24 v°.

    43 Ibid., 28 septembre 1571, fol. 120 r°.

    44 Ibid., fol. 120 v° ; 27 août 1571, fol. 104 r°.

    45 Ibid., 26 janvier 1571, fol. 15 v°.

    46 Ibid., 27 août 1571, fol. 104 r°.

    47 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 59, 28 octobre 1564, fol. 127 r° ; 31 octobre 1564, fol. 132 v°.

    Auteur

    • Geneviève Gross
      Docteure ès Lettres de l’université de Genève et boursière du Fonds national suisse de la recherche scientifique. Elle travaille actuellement sur les débuts de la Réforme dans l’espace francophone (1520-1541) et s’est particulièrement intéressée dans le cadre d’une bourse FNS (EarlPostDocMobility) à la construction des figures pastorales à l’époque de la Réforme. De 2005 à 2011, rattachée à l’Institut d’Histoire de la Réformation de Genève, elle a été assistante de recherche du FNS pour un projet consacré à l’édition critique du Livre des Marchans (Le Livre des Marchans d’Antoine Marcourt. Une satire anticléricale au service de la Réforme, Paris, Honoré Champion, 2016) et des traités eucharistiques du pasteur et polémiste Antoine Marcourt (1480/90-1561).
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    1 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 3 décembre 1571, fol. 148 r°. Il existe une copie contemporaine manuscrite et séparée de cet acte, conservée dans le fonds français de la Bibliothèque de Genève (ms. fr. 406, fol. 73-77). Sur Nicolas Le Gagneux, voir Kingdon R. M., Geneva and the consolidation of the French Protestant Movement 1564-1572. A contribution to the History of Congregationalism, Presbyterianism, and the Calvinist Resistance Theory, Genève, Droz, 1967, p. 23; Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie des Pasteurs de Genève, Genève, Droz, t. 3, 1969, p. 4.

    2 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 3 décembre 1571, fol. 148 r°.

    3 Ibid., fol. 148 v°.

    4 Ibid., fol. 149 r°. Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 3, p. 51, p. 53, p. 56.

    5 Sur Nicolas Colladon, se rapporter à la littérature citée dans Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 3, p. VIII-XII.

    6 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 13 février 1571, fol. 31 r°.

    7 Monter E. W., « Le change public à Genève, 1568-1581 », Mélanges d’histoire économique et sociale : en hommage au professeur Antony Babel à l’occasion de son soixante-quinzième anniversaire, Genève, Tribune de Genève, 1963, t. 1, p. 265-290.

    8 Manetsch S. M., Calvin’s Company of Pastors: Pastoral Care and the emerging Reformed Church, 1536-1609, Oxford – New York, Oxford University Press, 2013, p. 64; Kingdon R. M., Geneva and the consolidation…, op. cit., p. 17-29; Choisy E., L’État chrétien calviniste à Genève au temps de Théodore de Bèze, Genève, C. Eggimann, 1902, p. 45-67.

    9 Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 3, p. 43, p. 51.

    10 Ibid., p. 60 ; AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 67, 4 avril 1572, fol. 51 r°.

    11 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 67, 1er mai 1572, fol. 69 v°.

    12 Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 3, p. 37.

    13 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 67, 18 avril 1572, fol. 60 v°.

    14 Fatio O. et Labarthe O. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 3, p. 33, no 5.

    15 Naphy W. G., Calvin and the consolidation of the Genevan Reformation, Manchester, Manchester University Press, 1994, p. 53-83.

    16 Choisy E., L’État chrétien…, op. cit., p. 49, p. 58.

    17 Ibid., p. 99, p. 225 ; Guichonnet P. (dir.), Histoire de Genève, Toulouse – Lausanne, Privat – Payot, 1986, p. 151.

    18 Grosse C., « “Il y avoit eu trop grande rigueur par cy-devant”. La discipline ecclésiastique à Genève à l’époque de Théodore de Bèze », I. Backus (éd.) Théodore de Bèze (1519-1605), Genève, Droz, 2007, p. 55-68.

    19 Covelle A.-L. (éd.), Le livre des Bourgeois de l’ancienne République de Genève, Genève, J. Jullien, 1897, p. 257 (22 juillet 1557), p. 272 (28 août 1562).

    20 Roth-Lochner B., De la banche à l’étude : une histoire institutionnelle, professionnelle et sociale du notariat genevois sous l’Ancien Régime, Genève, Droz, 1997, p. 530-532.

    21 Szczech N., « “Fottus Français”. Tensions et xénophobies dans la Genève de Calvin (1546-1555) », A. Roullet, O. Spina et N. Szczech (éd.) Trouver sa place. Individus et communautés dans l’Europe moderne, Madrid, Casa de Velázquez, 2011, p. 117-134.

    22 Faits bourgeois le 14 janvier 1556, il s’agit de François Bourgoin, de Raymond Chauvet, de Jean Fabri et de Jean de Saint-André : Kingdon R. M. et Bergier J.-F. (éd.), Registres de la Compagnie des Pasteurs de Genève au temps de Calvin, Genève, Droz, t. 1, 1964, p. 22, p. 61-62 ; et t. 2, 1962, p. 2, p. 66 ; Covelle A.-L. (éd.), Le livre des Bourgeois…, op. cit., p. 248 ; Manetsch S. M., Calvin’s Company of Pastors…, op. cit., p. 309-316.

    23 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 55, 25 décembre 1559, fol. 163 r° ; Covelle A.-L. (éd.), Le livre des Bourgeois…, op. cit., p. 265-266 (25 décembre 1559).

    24 Ibid.

    25 Covelle A.-L. (éd.), Le livre des Bourgeois…, op. cit., p. 263 (17 avril 1559).

    26 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 60, 27 décembre 1565, fol. 137 r°.

    27 Ibid., 28 mai 1565, fol. 57 v°-58 r°.

    28 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 59, 4 juillet 1564, fol. 67 r° ; 4 décembre 1564, fol. 149 r°.

    29 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 60, 12 mars 1565, fol. 25 v°.

    30 Calvin J., Institution de la religion chrestienne, éd. J.-D. Benoît, Paris, Vrin, 1957-1963, livre IV, chap. III, § 6-7.

    31 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 65, 26 septembre 1570, fol. 147 v° ; RC 66, 11 janvier 1571, fol. 4 r°.

    32 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 22 janvier 1571, fol. 11 r°.

    33 Gilles Chausse accède gratuitement à la bourgeoisie le 10 décembre 1562 : Covelle A.-L. (éd.), Le livre des Bourgeois…, op. cit., p. 274. Paul Baduel, fils de Claude, étudiant puis professeur à l’académie de Genève, est reçu pour « 16 escus » bourgeois le 9 mai 1555 : ibid., p. 243.

    34 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 61, 24 mai 1566, fol. 44 r° ; RC 65, 11 décembre 1570, fol. 181 r°.

    35 Reformulé le 24 janvier 1538 après le passage de la ville à la Réforme, le serment des bourgeois figure en introduction de : AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 72, 6 janvier 1577-3 janvier 1578 ; RC 29, fol. 171 v°. Voir également la version de 1509 : Rivoire É. et Berchem V. van (éd.), Les sources du droit du canton de Genève, Aarau, H. R. Sauerländer, t. II, 1930, p. 186 ; Monter E. W., Studies in Genevan Government (1536-1605), Genève, Droz, 1964, p. 89-90.

    36 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 72.

    37 Pfisterer E., « Le catéchisme de l’Église de Genève (1542) ; Les ordonnances ecclésiastiques de l’Église de Genève (1561) », W. Niesel (éd.), Bekenntnisschriften und Kirchenordnungen der nach Gottes Wort reformierten Kirche, Munich, 1938, t. 1, p. 45, § 19, l. 18.

    38 Ibid., l. 21-22.

    39 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 6 février 1571, fol. 23 v° ; 26 janvier 1571, fol. 14 r°.

    40 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 60, 4 décembre 1564, fol. 151r° ; RC 62, 12 février 1567, fol. 5 r° ; RC 63, 29 octobre 1568, fol. 123 v° ; RC 65, 6 avril 1570, fol. 56 r° ; RC 66, 26 janvier 1571, fol. 16 v° ; 6 février 1571, fol. 22 r°-23 v° ; 10 février 1571, fol. 29 v°.

    41 Pfisterer E., « Le catéchisme… », art. cit., p. 45, § 17-18, l. 9, l. 12.

    42 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 66, 8 février 1571, fol. 24 v°.

    43 Ibid., 28 septembre 1571, fol. 120 r°.

    44 Ibid., fol. 120 v° ; 27 août 1571, fol. 104 r°.

    45 Ibid., 26 janvier 1571, fol. 15 v°.

    46 Ibid., 27 août 1571, fol. 104 r°.

    47 AÉG, Procès-verbaux des séances du Petit Conseil, RC 59, 28 octobre 1564, fol. 127 r° ; 31 octobre 1564, fol. 132 v°.

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    Gross, G. (2016). Des pasteurs devenus bourgeois. Limites et conséquences d’une nouvelle modalité d’incorporation des acteurs du ministère dans la Genève de Théodore de Bèze. In J. Léonard (éd.), Prêtres et pasteurs (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.47305
    Gross, Geneviève. « Des pasteurs devenus bourgeois. Limites et conséquences d’une nouvelle modalité d’incorporation des acteurs du ministère dans la Genève de Théodore de Bèze ». In Prêtres et pasteurs, édité par Julien Léonard. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. https://doi.org/10.4000/books.pur.47305.
    Gross, Geneviève. « Des pasteurs devenus bourgeois. Limites et conséquences d’une nouvelle modalité d’incorporation des acteurs du ministère dans la Genève de Théodore de Bèze ». Prêtres et pasteurs, édité par Julien Léonard, Presses universitaires de Rennes, 2016, https://doi.org/10.4000/books.pur.47305.

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    Léonard, J. (éd.). (2016). Prêtres et pasteurs (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.47260
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