Réforme de la discipline ecclésiastique et affirmation pastorale dans la Genève de Calvin (années 1540-1550)
p. 295-307
Texte intégral
« [U]ng ministre ne doit point parler sinon de l’Evangile et, quant à la reste des choses mondaines, il ne s’en doit point mesler1. »
1C’est en ces termes que Jacques Gruet exprime son opposition aux transformations que connaît le ministère pastoral à Genève, au cours des années 1540. Ce secrétaire, condamné pour « atheisme » par les autorités civiles et exécuté le 26 juillet 1547, formalise ici son rejet farouche de l’extension des prérogatives pastorales au-delà de la prédication et de l’administration des sacrements. Loin de n’être qu’une attaque isolée, les mots de Gruet traduisent une incompréhension plus générale et le refus, par une partie importante de la population genevoise, de l’élargissement des compétences pastorales, dans les années qui suivent le retour de Calvin à Genève2. Ce complexe face-à-face entre les ministres et les fidèles genevois, et les réactions anticléricales qu’il fait naître permettent d’interroger un problème essentiel des années de genèse de la Réforme : celui de la définition des contours de la mission pastorale, de la légitimation des fondements de l’autorité des ministres et de la constitution d’une identité cléricale spécifiquement réformée.
2Le 21 mai 1536, le Conseil général de Genève a officiellement choisi la Réforme, après plusieurs années de pénétration silencieuse des idées luthériennes, de prédications, puis de débats publics3. Cette rupture n’a pourtant pas constitué un point d’aboutissement, puisque tout restait à construire pour ancrer Genève dans la nouvelle foi et enraciner l’Évangile dans les cœurs et les pratiques. Comment pasteurs et pastorale se réinventent-ils alors et sur quels fondements l’autorité du ministre, ce « type spécifique de clerc4 », peut-elle s’établir ? Quelle ligne la réformation du clergé peut-elle suivre, quand se présentent plusieurs modèles réformateurs et donc quels types de contacts s’établissent-ils au sein d’un monde protestant en formation ? La messe a été abolie, les images brisées et les clercs, pour la plupart, exilés, mais comment la séparation d’avec un catholicisme si voisin, dans le temps comme dans l’espace, se construit-elle ?
3Cette étude se propose d’aborder ces questions par le problème que soulève la discipline ecclésiastique, c’est-à-dire l’institutionnalisation, avec la création du consistoire et en application des préceptes évangéliques5, d’une pratique réformée inédite de correction fraternelle, à laquelle les pasteurs prennent la part la plus active, cherchant à assurer l’orthodoxie et l’orthopraxie des fidèles, à fermer aux pécheurs obstinés l’accès au sacrement de la cène et à œuvrer à la sanctification progressive de la communauté. Cet aspect de la mission pastorale, qui recouvre l’examen, les admonitions, voire les excommunications, et la réconciliation des pécheurs repentants, apparaît en effet comme un moteur essentiel du processus de cléricalisation qui anime la Réforme genevoise au temps de Calvin6. Il pose aux ministres un important problème de positionnement par rapport au passé catholique et aux legs des premiers réformateurs, et constitue, en conséquence, le nœud de l’anticléricalisme qui touche Genève dans les années 1542-1555, mais devient aussi la principale dynamique de formation, dans l’épreuve, d’un corps et d’une culture pastoraux.
4L’étude des registres du consistoire de Genève, plus particulièrement des années 1542-1555, nourrie de l’analyse des registres de la Compagnie des pasteurs, de sondages dans les registres du Conseil et les procès criminels, ainsi que dans la correspondance des ministres genevois, au premier rang desquels Calvin, permet de comprendre comment s’impose une discipline ecclésiastique réformée, qui se présentera bientôt comme « une marque » essentielle de l’Église réformée7. Les sources consistoriales genevoises sont connues et ont déjà été étudiées, pour le XVIe siècle, suivant des problématiques sociale8, politique9, ou anthropologique10. Leur édition critique, actuellement en cours11, permet de les sonder à nouveaux frais et de les mobiliser plus aisément pour aborder la fabrique d’une autorité pastorale et d’une identité cléricale.
La création du consistoire de Genève et l’organisation d’une procédure disciplinaire inédite
5En septembre 1541, les autorités civiles rappellent Calvin à Genève et lui donnent pour tâche de réorganiser une Église en proie au désordre. Fort de l’appui de la faction alors au pouvoir et dans un contexte d’urgence, le réformateur peut rapidement faire adopter ses propositions de réformes par les Conseils. Des Ordonnances ecclésiastiques sont ainsi votées dès le mois de novembre 1541, pour régler l’ordre de l’Église, désormais structurée autour de quatre ministères12. Calvin parvient à faire approuver le principe d’une discipline ecclésiastique, institutionnalisée dans un nouveau tribunal, le consistoire13. Assemblés tous les jeudis dans l’ancien cloître des chanoines de la cathédrale Saint-Pierre, les pasteurs et douze anciens, placés sous l’autorité d’un syndic, sont chargés de garantir le respect de la doctrine, de veiller à la moralité des Genevois et de punir les péchés commis contre la foi ou la charité14. Informés par leurs propres observations, la rumeur ou la délation, ils interviennent au nom de l’Église, quand la correction privée a échoué, et s’attachent à reconstituer les faits par l’interrogation du pécheur et d’éventuels témoins15. Les séances sont sanctionnées, pour la plupart, par des admonitions très ritualisées, souvent prononcées par Calvin, et par des prescriptions pédagogiques, telles que l’assistance aux sermons ou aux séances de catéchisme. Si l’accusé est jugé obstiné ou si les faits sont considérés comme particulièrement graves, la procédure peut mener à l’excommunication ou se complexifier par le renvoi du contrevenant devant le Petit Conseil, qui a toute autorité pour prendre d’autres sanctions. En écartant la souillure de la faute, source de la colère divine, en préservant la communauté de la contagion du péché et en invitant les fidèles à la pénitence par l’exemple de la sanction, la discipline ecclésiastique ainsi organisée doit permettre à l’Église de se présenter comme un corps sain, façonné à l’image de Christ, auquel elle aspire à s’unir16.
6La création d’une cour spécifiquement dédiée à cette mission, le champ d’action qu’elle conquiert par rapport à la justice civile et surtout le rôle déterminant qu’y jouent les pasteurs, marquent une rupture dans l’histoire récente de la cité et font de la Genève des années 1540-1550 un cas inédit. Le départ du prince-évêque en 1534 et l’adoption de la Réforme en 1536 ont conduit à remettre en cause le système médiéval de discipline ecclésiastique, largement critiqué par les humanistes, puis par les premiers réformateurs17, et ont élargi les responsabilités du Magistrat. Alors qu’au tournant des XVe et XVIe siècles, la surveillance des croyances et des mœurs s’organisait dans un chevauchement permanent des justices épiscopale et communale, le Petit Conseil la prend désormais pleinement en charge, qu’il s’agisse de veiller à la tranquillité publique, comme c’était déjà très largement son office par le passé, ou de faire respecter les prescriptions divines, l’action des conseillers s’étendant, par exemple, aux causes matrimoniales dont se chargeait jusqu’alors l’official18. Rompant avec l’ancien système considéré comme abusif19, et dissolvant le principe d’un sacerdoce du seul clergé, le Magistrat prend ainsi la responsabilité de la morale publique et du respect des préceptes de la nouvelle foi, les pasteurs n’intervenant plus sur les questions disciplinaires qu’à titre consultatif, voire pas du tout.
7Cette organisation initiale est inspirée de modèles élaborés par les premiers réformateurs suisses. À Zurich, sous l’inspiration de Zwingli, la discipline est en effet assurée, depuis 1525, par une cour matrimoniale, l’Ehegericht, composée de quatre membres du Magistrat municipal et de deux pasteurs. Cette institution règle les difficultés que soulèvent les mariages, mais traite bientôt aussi d’autres problèmes nés de la surveillance générale des mœurs des fidèles. Elle renvoie les contrevenants devant les autorités civiles, qui sont responsables des sanctions, notamment de l’excommunication20. Les autorités civiles, dont les représentants sont majoritaires au sein de l’institution et devant lesquelles les accusés peuvent se pourvoir en appel, se sont appropriés l’exercice de la discipline, dans un geste déterminé de rupture avec les anciennes pratiques de la justice ecclésiastique. Sous l’influence zwinglienne, l’État de Berne adopte une semblable organisation et met en place, à partir de 1528, un Chorgericht progressivement démultiplié dans les différentes paroisses du territoire, en charge des causes matrimoniales, mais plus largement responsable de la surveillance doctrinale et morale des fidèles – déviations doctrinales, sorcellerie, non-respect du dimanche, danse, ivrognerie, paillardise, adultères sont les motifs de comparution les plus courants21. Il s’agit d’une institution civile, au sein de laquelle les pasteurs n’ont pas une position dominante et qui laisse au Magistrat la responsabilité des sanctions. Ce modèle s’impose aux territoires que Berne a progressivement conquis depuis le XIVe siècle22, ainsi qu’à la cité genevoise, dont elle est l’alliée et la puissante protectrice depuis 1526. Ainsi, jusqu’en 1541, malgré les propositions faites au Conseil de Genève par Guillaume Farel et Calvin en 153723, malgré les échanges avec Berne, en 1540, au sujet de la création d’une institution qui pourrait se charger spécifiquement des questions de discipline24, et malgré la création, sur le papier, d’un consistoire consultatif en 154125, c’est un modèle zwinglien qui perdure et laisse aux autorités civiles genevoises la responsabilité de la surveillance de la foi et des mœurs. Au cours des premières années de la Réforme, les pasteurs genevois ne sont donc considérés, au mieux, que comme des collaborateurs, dont la présence quotidienne auprès des fidèles peut éclairer les décisions des magistrats en matière de discipline.
8Le principe d’une discipline assurée par les ministres n’est pourtant pas abandonné par tous les réformateurs, malgré leur volonté de rompre avec les pratiques du clergé romain et d’ancrer le ministère pastoral sur des fondements réformés. Influencé par la pensée d’Œcolampade et de Bucer et par ses contacts avec les clergés bâlois et strasbourgeois dans la seconde moitié des années 1530, c’est Calvin qui va le plus loin dans la réflexion sur l’usage de la discipline, qui défend sa pleine appartenance à la mission pastorale et conquiert un espace d’exercice autonome pour le consistoire, face à des autorités civiles rétives jusqu’en 155526. Inspiré, comme Œcolampade et Bucer, par l’exemple de l’Église primitive indépendante des autorités séculières, Calvin pense que la discipline ne peut être exercée que par une instance ecclésiastique autonome27. Son argumentaire, élaboré au tournant des années 1530-1540 et précisé dans l’Institution de 1543, défend l’exercice de la discipline par un conseil formé des ministres et des anciens et usant du pouvoir des clés au nom de toute l’Église28. La discipline et l’excommunication sont considérées comme des instruments que Dieu donne aux pasteurs et aux anciens, chargés de veiller à la sanctification du corps social.
Un élargissement des pratiques disciplinaires pour refondre le corps social
9Ce positionnement calvinien inédit n’est pas aussi clair dans les Ordonnances de 1541, qui apparaissent comme un compromis flou entre autorités temporelles et spirituelles. La traduction des idées de Calvin dans la pastorale quotidienne permet de les préciser à l’épreuve de la pratique, mais fait aussi surgir un malentendu qui, caché en 1541, se révèle rapidement et s’aggrave jusqu’à la crise politique qui déchire la cité en 155529. C’est la question des prérogatives respectives des pasteurs, des autorités civiles et des fidèles eux-mêmes qui se trouve âprement débattue, quand il s’agit de concrétiser des principes fondateurs, tels que le rejet des abus « papistes », le sacerdoce universel ou la collaboration des glaives spirituel et temporel, sur lesquels tous ou presque semblaient s’accorder au milieu des années 1530. À partir de 1542, l’activité disciplinaire s’élargit et déborde en effet tout ce que l’on a pu connaître jusqu’alors à Genève, les Ordonnances ecclésiastiques ne prescrivant qu’en des termes peu précis, que « les anciens ou commis doibvent admonester » tout fidèle qui « neglige de convenir à l’eglise tellement qu’on apperçoyve un mespris notable de la communion des fidelles » ou qui « se montre contempteur de l’ordre ecclesiasticque30 ».
10Le consistoire, héritier de l’officialité et des tribunaux matrimoniaux suisses qui l’ont remplacée, s’assure, de fait, le plus souvent, de la validation des promesses matrimoniales et entame, à ce titre, nombre de poursuites pour engagements rompus, adultères ou autres délits sexuels regroupés, dans les registres, sous le terme de « paillardise31 ». Aux frasques du célèbre François Favre, patriarche d’une grande famille genevoise, plusieurs fois convoqué pour paillardise, répond la détermination du consistoire à réformer ce qu’il considère comme une vie de débauche incompatible avec le projet de sanctification du corps social32. Cette cause célèbre, et les cas de centaines d’autres « paillars » aujourd’hui oubliés, témoignent de l’effort considérable déployé par les ministres pour limiter les relations sexuelles sans promesse de mariage et les naissances illégitimes qui peuvent s’ensuivre, punir plus largement les cas de fornication et d’adultère et ainsi enserrer la sexualité des Genevois dans les cadres stricts du mariage établi par Dieu. Cette entreprise de contrôle de la moralité sexuelle n’est pas, au départ, l’action disciplinaire la plus contestée par les fidèles, dans la mesure où l’on admet largement ce type de contrôle, voire même que l’on presse les autorités, dès le tournant des XVe et XVIe siècles, à réprimer la débauche33. Ainsi les membres du consistoire poursuivent-ils des pratiques en place à Genève avant la Réforme et le modèle d’autres cités suisses, qui ont institutionnalisé ce contrôle matrimonial dès la fin des années 1520, ne peut-il que conforter leur légitimité à intervenir de la sorte.
11Le contrôle de l’orthodoxie des fidèles et la lutte contre l’ignorance et la persistance de pratiques de piété catholiques, qui occupent une place majeure dans l’activité du consistoire, tout particulièrement en 1542 et 154334, ne sont pas non plus les dispositions les plus mal reçues. En reprenant les fidèles qui se rendent dans les villages catholiques voisins pour assister à la messe, communier, se marier ou faire baptiser leurs enfants, en réprimant les prières latines à la Vierge et aux saints, le jeûne et la célébration des fêtes catholiques, ou en interdisant l’usage du chapelet, des chandelles votives ou des livres catholiques35, les pasteurs et anciens prolongent en effet le geste inaugural de renversement de l’autel et de destruction des images, qui a marqué l’entrée de la communauté genevoise dans une nouvelle histoire. S’ils ne parviennent pas à effacer toute trace de catholicisme36, du moins ne suscitent-ils qu’une résistance passive des habitants et ce d’autant plus que, sur ces questions de foi, leur attitude est patiente et largement plus pédagogique que répressive. En miroir de ce contrôle des âmes, pasteurs et anciens entendent aussi canaliser les corps durant le temps du culte et plus particulièrement du sermon. Mouvements et activités intempestives doivent s’effacer, silence et immobilité s’imposer, pour favoriser l’écoute, l’imprégnation de l’âme par la Parole et l’action du Saint-Esprit, en lien avec les spécificités de la liturgie réformée, qui place la Parole lue, chantée, priée ou enseignée au centre du culte et minimise le geste hors du temps sacramentel. Déplacements et agitations37, bruits et interruptions intempestives38, rires et grimaces39 sont ainsi relevés en consistoire et donnent lieu à des remontrances et des sanctions, au point que, comme s’en plaint Jean Vuilliemoz, lieutenant de Genthod, son ministre « ne peult ouyr seulement que on remue le genoil40 ».
12Mais la discipline déborde le règlement des problèmes matrimoniaux ou le contrôle de l’orthodoxie et de l’attitude des fidèles dans l’espace du temple, pour toucher, dès le début des années 1540, tous les aspects de la vie quotidienne, et se déployer de la rue à l’intimité familiale. Il s’agit en effet de réformer le corps social tout entier suivant un principe d’unité41, qui se traduit, sans que le consistoire ne parvienne toujours aisément à ses fins néanmoins, par un travail d’apaisement des conflits, une entreprise de lissage des pratiques sociales et une lutte contre les traditions et signes d’appartenance communautaire. Les relations au sein des familles, des quartiers ou des communautés professionnelles sont ainsi observées, dans le but d’apaiser des violences interpersonnelles qui mettent en péril la communion42. Bien plus, les membres du consistoire entendent progressivement unifier la cité sous la bannière de l’Évangile, en réformant les rites de passage, en moralisant les espaces de sociabilité et les loisirs traditionnels ou en combattant les signes identitaires. Le choix des prénoms de baptême, qui ne doivent plus être que bibliques, devient, par exemple, un nœud de l’action consistoriale entre 1546 et le milieu des années 155043. En refusant les prénoms traditionnels, tels que Claude, Gaspard ou Balthasar, les pasteurs remettent en cause la tradition qui autorise le parrain à transmettre son prénom à l’enfant et s’opposent à un usage qui cimentait jusqu’alors les solidarités au sein de la cité. Dans un même élan, le consistoire surveille les activités des bandes de jeunes, traque les jeux, les chansons et la danse ou tente de moraliser les lieux de sociabilité traditionnels que sont les étuves et les tavernes44. Luttant aussi contre les signes identitaires, Calvin soutient, par exemple, l’interdiction des « chausses chapplées » (à crevés). En reprenant la lutte contre cette mode vestimentaire ostentatoire, il sanctionne ce qui, selon lui, est une manifestation d’orgueil, mais il entend surtout réformer les traditions des jeunes membres de compagnies militaires, qui portent volontiers ce vêtement en signe de reconnaissance45. Il s’agit ainsi de contenir les particularismes, d’enseigner une jeunesse remuante et de l’incorporer à la communauté des fidèles, pour unifier le corps social à l’image du Christ.
13Persuadés que toute immoralité restée impunie constitue une atteinte à l’honneur de Dieu et freine l’avancement de l’Évangile, c’est avec un zèle appuyé que le consistoire et, plus particulièrement, les pasteurs luttent jour après jour pour appliquer une norme réformée. Si cette action disciplinaire croise des problématiques politiques et sociales, c’est dans le cadre bien plus large d’une vision du monde et d’une histoire du salut qu’il faut considérer son inclusion dans les cadres de la mission pastorale, qui se fixent dans ces années fondatrices.
Un corps pastoral à l’épreuve de la discipline ecclésiastique
14Ce sont ces interventions dans les gestes, les temps et les espaces quotidiens et ce projet de refonte du corps social qui sont le plus virulemment contestés dans les années 1545-1555, une partie croissante de la population genevoise remettant en question la légitimité du consistoire, mais plus particulièrement l’élargissement des prérogatives des pasteurs, vécu comme une intrusion. Nicolas Gentil, châtelain de Jussy, refuse ainsi d’être entendu par le consistoire et explique qu’il « ne [tient les pasteurs pour] ministres sinon pendant que il[s] [sont] en chayre46 ». Dans un temps où, quelques années à peine après le passage officiel de Genève à la Réforme, l’autorité des ministres reste à construire et leur mission à circonscrire, un malentendu se creuse du milieu des années 1540 au milieu des années 1550 et alimente une critique anticléricale de plus en plus visible et violente.
15Cette contestation se traduit précocement par une résistance passive de Genevois, qui refusent de se rendre aux convocations de la cour47, ou « sont desobeyssant az obayr aut consistoyre48 ». Des protestations explicites et prononcées, dans un premier temps, dans le huis clos de la cour prennent très vite le relais. Ainsi en 1542, André Piard s’écrie-t-il devant les membres du consistoire que Calvin n’est pas son supérieur et qu’il n’entend pas lui obéir49. Convoqué le 3 février 1547, François Favre affirme que le consistoire est « une nouvele juridiction pour gennés les gens50 ». Il refuse de s’adresser aux pasteurs lors de son interrogatoire et ne parle qu’au syndic qui préside la séance. Dans un élan graduel de violence verbale, les ministres sont bientôt publiquement pris à partie. En 1550, le sellier Valentin Besnard est ainsi accusé d’avoir proféré, dans sa boutique, des propos violents envers les ministres, qui, selon lui, « avont mieux meriter d’estre menner en Plant Pallais que beaucoupt que l’on y a menner51 ». L’exaspération de certains fidèles, qui ne supportent plus les remontrances réitérées des pasteurs, transparaît clairement des registres du consistoire, à l’exemple des propos de Guillaume Du Bois, persuadé que les admonestations répétées de Calvin sont la preuve de la haine que le réformateur cultive à son encontre52.
16L’anticléricalisme genevois se manifeste autant par les mots que par les gestes. Calvin et ses collègues se plaignent ainsi au Conseil de farces bruyantes, telles celles de jeunes gens qui, de nuit, viennent sonner à leur porte, rue des Chanoines53, de provocations comme celles de Gaspard Favre, vu en train de jouer aux quilles avec des amis, au moment du culte de Pâques 154654, ou pris à jouer bruyamment à la paume devant Saint-Pierre durant une leçon de Calvin en 155155. Les gestes contestataires envahissent aussi les temples, espaces clés de la sanctification. L’absence répétée de fidèles au sermon fait scandale56, tandis que d’autres jouent de leur présence : Jean-Philibert Bonna, entrant et sortant du temple, tel un acteur de farce, « vient accompaigner les enfans que l’on porte baptiser, puys se retire du sermon, puys y retorne à la fin, chose scandalose et de mocquerie57 ». Dans une société de préséances, ces incivilités deviennent des armes tranchantes, qui blessent l’honneur des pasteurs et sont vécues, par ces derniers, comme de véritables crimes contre la majesté divine. Elles se doublent de plus, à mesure que les tensions s’exaspèrent, de violences physiques : les temples sont ainsi le théâtre de troubles répétés, qui ont pu aller jusqu’à la rixe à l’occasion de baptêmes58, et les registres consignent même des cas d’agressions de pasteurs59.
17Le nombre et l’intensité de ces réactions anticléricales invitent à souligner la rupture dans laquelle l’activité du consistoire entraîne Genève au début des années 1540. Car l’objectif des membres de cette institution nouvelle ne se réduit pas à surveiller et punir pour garantir la tranquillité sociale, ni même à contrôler et sanctionner pour contrer l’accession d’une faction au pouvoir, mais à œuvrer à la sanctification de la communauté genevoise, tels les « yeux », « oreilles », « nez » et « bouche » d’un corps social qu’il faut façonner pour la seule gloire de Dieu60. La discipline, aussi nécessaire que les nerfs en un corps61, est ainsi devenue un enjeu spirituel et non seulement social et politique. Dans une rupture avec les exemples suisses voisins et avec l’histoire récente de la cité, les ministres opposent cet impératif de sanctification collective à l’imaginaire et aux traditions genevoises et n’hésitent pas à rompre l’équilibre entre l’exclusion nécessaire du pécheur pour la préservation du corps social et la volonté de maintenir la cohésion de ce dernier. Ce positionnement inédit, qui ne craint pas la rupture des hiérarchies, des solidarités et des équilibres traditionnels, est ressenti comme une violence symbolique illégitime par nombre de Genevois, inquiets de constater les transformations de la structure communautaire qu’ils connaissent. Il est ainsi symptomatique que Jacques Gruet souligne, au cours des interrogatoires qu’il subit en juillet 1547, le choc qu’a constitué pour lui le spectacle humiliant du puissant marchand François Favre, reconnu coupable de paillardise et obligé par le Conseil, à la demande du consistoire, à crier « mercy, genoux en terre » et à salir ainsi son honneur62.
18Cet engagement déterminé dans la refondation de la communauté entraîne la mise à part et l’affirmation du groupe des pasteurs par rapport à celui des laïcs, favorisant un processus de cléricalisation. Car si une identité cléricale naît incontestablement de l’autorité donnée aux pasteurs de convoquer, de juger, de sanctionner dans le cadre du consistoire, cette identité se forge aussi dans le discours des opposants qui considèrent les pasteurs comme un groupe, comme un groupe à part, voire comme un groupe de clercs. En consistoire, certains Genevois identifient ainsi les pasteurs aux anciens prêtres, ont l’impression de vivre un retour au catholicisme et d’être privés des acquis de la Réforme. Le cas de « la Marrechauda de Russin », accusée d’avoir dit « que les predicans estient plus mechans que les prestres » est, à ce titre, éloquent63. L’engagement résolu des pasteurs dans l’action disciplinaire contribue donc à les isoler et réactive chez les Genevois une mémoire catholique encore vive.
19Outre les mots stigmatisants des fidèles, qui créent extérieurement une identité pastorale de groupe, les violences croissantes qu’expérimentent les ministres font naître des réflexes d’entraide et un imaginaire commun, qui viennent redoubler des facteurs de cohésion efficaces, tels que l’origine française quasiment exclusive des pasteurs de Genève, la culture lettrée qu’ils partagent ou les échanges constants qu’ils entretiennent, grâce notamment aux réunions hebdomadaires du petit groupe64. Les pasteurs, qui se partagent la responsabilité des trois églises de la cité et d’une douzaine de paroisses rurales, forment alors une véritable compagnie, dont les membres sont unis par un même idéal de sanctification de la communauté et nourris d’un même imaginaire combattant, qui donne sens et légitime l’entreprise de discipline. Dépassant largement les enjeux politiques ou sociaux, l’engagement des pasteurs dans ce projet, dont ils sont les moteurs, et les résistances genevoises auxquelles ils sont confrontés sont en effet considérés comme les manifestations tragiques d’une tension dramatique entre Bien et Mal, comme les signes d’une lutte sainte qui s’intensifie jusqu’en 1555 et à la chute des Enfants de Genève65. Les attaques expérimentées à Genève sont comprises comme des épreuves caractéristiques d’un temps d’avancement de l’Évangile et sont vécues comme une réactualisation des troubles de l’histoire sainte, qui nourrissent la foi du groupe en lui-même et en son projet. Loin de fuir le combat et en l’entretenant même par une entreprise toujours plus acharnée de purification66, Calvin et ses collègues y trouvent la confirmation de leur vision du monde, la légitimation de leur action et y forgent une culture commune. Le processus de cléricalisation se nourrit ainsi paradoxalement à Genève de l’anticléricalisme des fidèles.
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20Au cours des années 1540-1560, Genève devient le laboratoire de pratiques disciplinaires réformées, qui visent non seulement à ancrer la nouvelle foi dans les cœurs, mais aussi à refonder la société, qui doit devenir un corps purifié et façonné à l’image de Jésus-Christ. La discipline ecclésiastique s’invente dans la confrontation et s’impose, de haute lutte en 1555, comme un pivot de la mission des pasteurs : ces derniers ne sont plus seulement ministres de la Parole, mais s’installent dans une posture de sentinelles, dont la vocation est de veiller au respect de l’honneur de Dieu et à l’intégrité de la communauté. Creuset de renouvellements politiques et sociaux majeurs, les années 1545-1555 marquent donc aussi la naissance d’un véritable corps pastoral genevois, soudé par la prédication, l’administration des sacrements et le soin des fidèles, mais aussi par la pratique de la discipline ecclésiastique, comprise comme un combat nécessaire. Cette invention n’était pas une évidence, dans la mesure où la discipline, en particulier dans la forme la plus poussée de l’excommunication, éloignait Genève des autres Églises suisses et faisait paradoxalement resurgir une mémoire catholique qu’il s’agissait d’effacer.
Notes de bas de page
1 Propos de Jacques Gruet adressés à ses juges, AÉG, Procès criminel [PC] 446, cité dans Berriot F., « Un procès d’athéisme à Genève : l’affaire Gruet (1547-1550) », Bulletin de la SHPF, t. 125-4, 1979, p. 577-592, ici p. 583.
2 Sur ce climat d’opposition, rapporté par Calvin, voir, par exemple, Calvin J., Des scandales, éd. O. Fatio, Genève, Droz, 1984, p. 17-18, p. 82, p. 96, et p. 194, n. 92 et n. 379 ; Peter R., « Introduction », J. Calvin, Sermons sur les Livres de Jérémie et des Lamentations, Supplementa Calviniana, Neukirchen, Neukirchener Verl. des Erziehungsvereins, t. 6, 1971, p. VII.
3 Voir Naef H., Les origines de la Réforme à Genève, Genève, Librairie A. Julien, 1936, t. 2 (rééd. 1968).
4 Willaime J.-P., La précarité protestante. Sociologie du protestantisme contemporain, Genève, Labor et Fides, 1992, p. 135.
5 Mt., 18, 15-20 est le texte de référence pour évoquer la correction fraternelle. Les versets 17-18 justifient plus particulièrement l’institutionnalisation de la discipline.
6 Sur cette notion, voir Wanegffelen T., « Un cléricalisme réformé. Le protestantisme français entre principe du sacerdoce universel et théologie de la vocation au ministère (XVIe-XVIIe siècles) », conférence du Reformation Studies Colloquium de Birmingham (2004), manuscrit de l’auteur disponible sur le site HAL-SHS [http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00285083], consulté le 26/02/2016.
7 Sur la discipline comme troisième « marque » de la « vraie » Église, voir Grosse C., Les rituels de la Cène. Le culte eucharistique réformé à Genève (XVIe-XVIIe siècles), Genève, Droz, 2008, p. 340-342.
8 On songe aux travaux de Raymond A. Mentzer et de Robert M. Kingdon et ses élèves.
9 Naphy W.G., Calvin and the Consolidation of the Genevan Reformation, Manchester, Manchester University Press, 1994.
10 Grosse C., Les rituels de la Cène…, op. cit.
11 Kingdon R. M. [puis Wandel L. P.] (éd. dir.), Registres du Consistoire de Genève au temps de Calvin, Genève, Droz, 1996.
12 AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 35, 20 novembre 1541, fol. 406, reproduit dans Kingdon R. M. et Bergier J.-F. (éd.), Registres de la Compagnie des Pasteurs de Genève au temps de Calvin, Genève, Droz, t. 1, 1964, p. 1-13.
13 Kingdon R. M. et Bergier J.-F. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 1, p. 2, p. 6-7, p. 12-13.
14 Voir la liste des péchés évoqués dans Calvin J., Institution de la religion chrestienne [1559], éd. J.-D. Benoît, Paris, Vrin, 1957-1963, livre IV, chap. XII, § 4, et rituellement rappelée dans la formule d’excommunication, [Calvin J.], La forme des prieres et chantz ecclesiastiques, avec la maniere d’administrer les Sacremens, et consacrer le Mariage : selon la coustume de l’Eglise ancienne, [Genève], [J. Girard], 1542, reproduit dans Grosse C., Les rituels de la Cène…, op. cit., annexe I, p. 649.
15 Calvin J., Institution…, op. cit., livre IV, chap. XII, § 2 et les commentaires de Grosse C., Les rituels de la Cène…, op. cit., p. 346-347.
16 Calvin J., Institution…, op. cit., livre IV, chap. XII, § 5.
17 Denis P., « Remplacer la confession : absolutions collectives et discipline ecclésiastique dans les Églises de la Réforme au XVIe siècle », Groupe de la Bussière, Pratiques de la confession. Des Pères du désert à Vatican II. Quinze études d’histoire, Paris, Cerf, 1983, p. 165-176.
18 Naef H., Les origines de la Réforme à Genève, op. cit., t. 1, p. 219-236 ; Baud H., Le diocèse de Genève-Annecy, Paris, Beauchesne, 1985, p. 80-81.
19 Voir, par exemple, Febvre L., « Un abus et son climat social : l’excommunication pour dettes en Franche-Comté », L. Febvre, Au cœur religieux du XVIe siècle, Paris, SEVPEN, 1957, p. 301-337 ; Elsener F., « Die Exkommunikation als prozessuales Vollstreckungsmittel, auf Grund des Rechtsquellen von Stadt und Bistum Genf, zugleich ein Hinweis zur Frühgeschichte des summarischen Verfahrens », E. Volterra (éd.), Études offertes à Jean Macqueron, Aix-en-Provence, Faculté de droit et des sciences économiques, 1970, p. 279-283, qui montre qu’un accord de 1303, entre le comte de Genève Amédée II et le prieur de Saint-Victor, permettait l’excommunication pour dettes à Genève.
20 Köhler W., Zürcher Ehegericht und Genfer Konsistorium, Leipzig, M. Heinsuis Nachfolger, 1932-1942, 2 vol.; Gordon B., Clerical Discipline and the Rural Reformation: the Synod in Zürich, 1532-1580, Berne – Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 1992.
21 Schmidt H. R., Dorf und Religion. Reformierte Sittenzucht in Berner Landgemeinden der Frühen Neuzeit, Stuttgart – Iéna – New York, Gustav Fischer Verlag, 1995. Saint-Gall (1526), Bâle et Schaffhouse (1529) et, plus tard, les Rhodes-Extérieures (1600) suivent aussi le modèle zwinglien. Sur Bâle, voir Nelson Burnett A., Teaching the Reformation: ministers and their message in Basel (1529-1629), Oxford, Oxford University Press, 2006. Sur Schaffhouse, voir Hofer R. E., « Üppiges, unzüchtiges Lebwesen ». Schaffhauser Ehegerichtsbarkeit von der Reformation bis zum Ende des Ancien Régime (1529-1798), Berne – Berlin, Peter Lang, 1993. Sur les différents consistoires suisses, voir Tosado-Rigo D. et Staremberg N. (dir.), Sous l’œil du Consistoire. Sources consistoriales et histoire du contrôle social sous l’Ancien Régime, numéro spécial d’Études de lettres, t. 268, 2004 et, en particulier, Grosse C., « Pour une histoire comparée des disciplines ecclésiastiques réformées en Suisse », p. 13-28.
22 Matzinger-Pfister R., « L’introduction des Consistoires dans le Pays de Vaud », D. Tosado-Rigo et N. Staremberg (dir.), Sous l’œil du Consistoire…, op. cit., p. 113-123.
23 Farel G. et Calvin J., « Articles concernant l’organisation de l’Église et du culte à Genève, proposés au Conseil par les ministres, le 16 janvier 1537 », J. Calvin, Johannis Calvini opera quae superunt omnia, éd. G. Baum, É. Cunitz, É. Reuss, Brunswick, C. A. Schwetschke, t. 10a, 1871, col. 5-12.
24 AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 34, fol. 21, fol. 27, fol. 376.
25 Ibid., RC 35, fol. 145 r° et fol. 154 r°, commentés par Grosse C., Les rituels de la Cène…, op. cit., p. 352-353.
26 Sur le conflit entre le consistoire et le Petit Conseil au sujet de la procédure disciplinaire et de l’excommunication, voir Grosse C., L’excommunication de Philibert Berthelier : histoire d’un conflit d’identité aux premiers temps de la Réforme genevoise (1547-1555), Genève, SHAG, 1995 ; Manetsch S. M., Calvin’s Company of Pastors : Pastoral Care and the emerging Reformed Church, 1536-1609, Oxford – New York, Oxford University Press, 2013, chap. 7.
27 McKee E. A., « Calvin, Discipline, and Exegesis: The Interpretation of Mt. 18, 17 and I Cor. 5, 1 ff. in the Sixteenth Century », I. Backus et F. Higman (dir.), Théorie et pratique de l’exégèse, Genève, Droz, 1990, p. 319-327.
28 Sur la construction historique de cette doctrine, voir Höpfl H., The Christian Policy of John Calvin, Cambridge, CUP, 1985, p. 58-60.
29 Le 16 mai 1555, à la suite d’une importante émeute, la faction des Enfants de Genève, farouchement opposée, depuis une dizaine d’années, à Calvin et aux pasteurs français qui l’entourent, est défaite. La scène politico-religieuse est alors laissée libre pour les défenseurs de l’idéal réformateur calvinien : voir Naphy W.G., Calvin and the Consolidation…, op. cit.
30 Kingdon R. M. et Bergier J.-F. (éd.), Registres de la Compagnie…, op. cit., t. 1, p. 12.
31 Les cas de paillardise et les querelles intrafamiliales qui en découlent représentent ainsi plus de la moitié des affaires du tome 3 (1547-1548) : voir Kingdon R. M. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 3, 2004, p. X.
32 Kingdon R. M. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 2, 2001, p. 83 (3 décembre 1545) n. 272, p. 146-148 (25 février 1546), p. 187 (8 avril 1546) ; t. 3, p. 20-21 (3 février 1547) ; p. 37-38 (3 mars 1547).
33 Sur le renforcement de la police des mœurs à la veille de la Réforme, voir Naef H., Les origines de la Réforme à Genève, op. cit., t. 1, p. 228-235.
34 Kingdon R. M., « L’usage quantitatif des registres du consistoire de Genève », P. Chareyre et R. A. Mentzer (dir.), La mesure du fait religieux : L’approche méthodologique des registres consistoriaux (espace calvinien européen, XVIe-XVIIIe siècles), numéro spécial du Bulletin de la SHPF, t. 153-4, 2007, p. 585-592 ; Watt I. M. et J. R., « L’édition des recueils de délibérations : les registres du consistoire de Genève », ibid., p. 601-612, ici p. 605-606 ; Grosse C., Les rituels de la Cène…, op. cit., p. 425-501.
35 Lambert T., « Cette loi ne durera guère : inertie religieuse et espoirs catholiques à Genève au temps de la Réforme », Bulletin de la SHAG, t. 23-24, 1993-1994, p. 5-24.
36 En 1556, par exemple, 29 personnes sont encore condamnées pour des pratiques catholiques et 15 sont accusées d’avoir manqué la cène de septembre et d’être allées assister à « une histoire papistique » à Annecy : AÉG, Registres du consistoire, t. 11, fol. 60 v ° (24 septembre 1556).
37 Par exemple, Kingdon R. M. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 4, 2007, p. 109 (9 août 1548).
38 Par exemple, AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 41, fol. 59 v° (29 mars 1546).
39 Par exemple, Kingdon R. M. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 4, p. 45 (12 avril 1548) et p. 109 (9 août 1548).
40 Ibid., p. 109 (9 août 1548).
41 Calvin J., Institution…, op. cit., livre IV, chap. XVII, § 40.
42 Voir Grosse C., Les rituels de la Cène…, op. cit., p. 511-565.
43 Voir Naphy W. G., « Baptism, Church Riots and Social Unrest in Calvin’s Geneva », Sixteenth Century Journal, t. 26, 1995, p. 87-97.
44 Les pasteurs obtiennent du Conseil, le 29 avril 1546, la fermeture des tavernes et leur remplacement par des abbayes où l’on viendra lire la Bible en commun : Rivoire É. et Berchem V. van (éd.), Les sources du droit du canton de Genève, Aarau, H. R. Sauerländer, t. II, 1930, p. 478. Voir Grosse C., Les rituels de la Cène…, op. cit., p. 337-339.
45 Voir la lettre de Calvin aux fidèles de France, 24 juillet 1547, Calvin J., Johannis Calvini opera…, op. cit., t. 10, 1879, col. 561-562, citée dans Kingdon R. M. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 2, p. 158, et Roget A., Histoire du peuple de Genève depuis la Réforme jusqu’à l’Escalade, Genève, Librairie A. Jullien, t. 2, 1870-1873, p. 275-284. Les vêtements « chapplés » ont été interdits par le Petit Conseil dès le 21 novembre 1540 (AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 34, fol. 531), interdiction plusieurs fois réitérée par la suite entre 1543 et 1560, voir Coram-Mekkey S. (éd. dir.), Registres du Conseil de Genève à l’époque de Calvin, Genève, Droz, t. 3, 2006, p. 78, n. 40.
46 AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 44, fol. 126 bis v° (7 juin 1549).
47 Voir, par exemple, Kingdon R. M. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 1, 1996, p. 209 (22 avril 1546).
48 AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 35, fol. 442 (23 décembre 1541).
49 Kingdon R. M. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 1, p. 102 (17 août 1542).
50 Ibid., t. 3, p. 14 (3 février 1547).
51 Ibid., t. 5, 2010, p. 14 (27 février 1550). Plainpalais était le lieu où étaient exécutés les condamnés à la peine capitale.
52 Rapport du consistoire au Conseil, AÉG, PC, 1re série, no 437 (30 décembre 1546), reproduit dans Kingdon R. M. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 2, p. 379.
53 AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 44, fol. 141 v° (25 juin 1549), cité dans Kingdon R. M. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 4, p. 218.
54 AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 41, fol. 80 vo, fol. 82, fol. 84, fol. 87 (26, 27, 30 avril et 6 mai 1546).
55 Ibid., RC 45, fol. 233 (25 mars 1551).
56 Voir, par exemple, Kingdon R. M. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 6, 2012, p. 72, p. 74, p. 77, p. 101-105, p. 109, p. 122, p. 124.
57 Ibid., p. 178 (1er octobre 1551) et AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 46, fol. 68 v°-69 (5 octobre 1551).
58 Voir, par exemple, AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 41, fol. 238 (9 novembre 1546).
59 Voir, par exemple, AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 44, fol. 171 v°, cité dans Kingdon R. M. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 4, p. 222 (29 juillet 1549) ; AÉG, Registres du Conseil de Genève, RC 45, fol. 221 (12 mars 1551).
60 Voir Viret P., Instruction chrestienne en la doctrine de la Loy et de l’Evangile, Genève, Jean Rivery, 1564, t. 2, p. 360-363 ; Id., Response aux questions proposées par Jean Ropitel, Lyon, C. Senneton, 1565, p. 87, passages cités par Zemon Davis N., « The Sacred and the Body Social in Sixteenth Century Lyon », Past and Present, t. 90, 1981, p. 64-65.
61 Calvin J., Institution…, op. cit., livre IV, chap. XII, § 1.
62 Berriot F., « Un procès d’athéisme à Genève… », art. cit., p. 580.
63 Wandel L. P. (éd. dir.), Registres du Consistoire…, op. cit., t. 8, 2014, p. 227 (21 décembre 1553).
64 Grâce à l’éviction des éléments anciens, au recrutement de nouveaux pasteurs et au contrôle de l’accès au ministère, Calvin se retrouve en 1546 à la tête d’une équipe exclusivement composée de pasteurs français, à l’exception de Jacques Bernard, relégué dans une paroisse rurale : Naphy W.G., Calvin and the consolidation…, op. cit., p. 53-75 ; Manetsch S. M, Calvin’s Company of Pastors…, op. cit., chap. 2.
65 Voir, par exemple, la lettre à Blaurer du 19 novembre 1552, Calvin J., Johannis Calvini opera…, op. cit., t. 14, 1888, col. 412.
66 Sur cette tension volontairement entretenue dans la ville, tout particulièrement entre mars et mai 1555, voir Crouzet D., Calvin. Vies parallèles, Paris, Fayard, 2000, p. 287-302.
Auteur
-
Nathalie Szczech
Maître de conférences à l’université de la Polynésie française. Elle est spécialiste de l’histoire de la Réforme et du protestantisme au XVIe siècle et s’intéresse, plus particulièrement, à l’invention d’un modèle et d’une parole pastorales à la naissance de la Réforme. Sur ces questions, elle a notamment rédigé l’ouvrage Calvin en polémiques. Une maïeutique du verbe (2016, Classiques Garnier).
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