Conclusion générale. Libres cours et chemins de traverse. La mobilité et la visibilité comme condition

1 L’action territorialisante domine quant à elle dans Séchet R., Dodier D. et Rouyer A. (dir.), Territoires en action et dans l’action, PUR, 2007.

2 Cf. Brunhes Jean (« Du caractère propre et du caractère complexe des faits de géographie humaine », Annales de Géographie, vol. 22, 1913, n° 121, p. 24) : « On ne saurait assez le répéter : ce qui nous intéresse par-dessus tout en géographie, ce n’est pas le fait exceptionnel, c’est le fait courant ; ce n’est pas le poids de tel épi de blé anormal, c’est le nombre d’hectolitres à l’hectare ; ce n’est pas l’échantillon rare d’un minerai, c’est la teneur moyenne. “Faits courants”, “valeurs moyennes”, qu’est-ce à dire, sinon qu’une sage et rationnelle mesure statistique des faits observés à l’état singulier doit leur conférer l’importance complémentaire et indispensable de leur exact caractère de généralité. »

3 Cette crainte d’une évacuation du social a été exprimée par certains géographes anglophones suite à la constitution d’une commission unique de géographie sociale et culturelle au sein de l’Institut des géographes britanniques (cf. Gregson N., « “The initiative” : delimiting or deconstructing social geography ? », Progress in Human Geography, vol. 17.4, 1993, p. 525-530).

4 L’absence de communications relatives à la dimension spatiale de la construction sociale du genre dans cet ouvrage est un de nos regrets. Bien que quelques géographes aient été pionnières dans la pensée de la ville dans sa dimension sexuée, il reste, comme le rappelle Sylvette Denèfle (« Ouvrir la ville aux femmes : rêves et réalités », introduction à Denèfle S. (dir.), Utopies féministes et expérimentations urbaines, PUR, à paraître) difficile de faire émerger solidement en France la nécessité d’une prise en compte de différences qui sont très souvent des discriminations. Il est cependant quelques belles exceptions. Les travaux d’Hélène Guetta-Bernard sur le pays Bamiléké sont ainsi exemplaires de l’intérêt de lectures du social et du spatial sous l’angle du genre.

5 « Négocier » présente la même dualité sémantique que la « transaction ». Négocier, c’est à la fois chercher à régler un différend ou mettre fin à un conflit et monnayer un bien ; accord conclu après concessions, la transaction est aussi opération commerciale.

6 C’est Raymonde Séchet qui, en tant que responsable scientifique, avait ouvert le colloque de Rennes.

7 Cf. aussi, en dehors de cet ouvrage, la thèse de Sandrine Wenglenski qui a montré que la taille des marchés de l’emploi accessibles aux actifs d’Île-de-France varie selon la catégorie socioprofessionnelle, la localisation du domicile, l’accès aux modes de transports.

8 Les plus anciens de la géographie sociale sont sans doute aussi les plus critiques à l’égard d’une telle assertion. Cf. le texte de Robert Hérin dans Territoires en action et dans l’action.

9 C’est aussi un des penseurs français les plus cités par les géographes postmodernistes anglo-américains.

10 La question a souvent été posée et discutée au sein de l’UMR ESO (cf. notamment Veschambre, 2006, p. 223).

11 À propos des groupements humains de la vallée de l’Orne en Lorraine, il écrit : « Au fond, le ressort auquel obéissent ces individualités simili-urbaines leur est extérieur : concours de capitaux, impulsion de la science, direction commerciale, tout cela vient d’ailleurs ; et c’est précisément cela qui constitue par excellence la ville » (La France de l’Est, réédition 1994, Hérodote, p. 162).

12 Titre d’un article de Ouest-France (6 octobre 2004) à l’occasion d’une campagne d’action lancée par des ONG européennes et camerounaises pour faire prendre conscience des conséquences en Afrique de l’Ouest des exportations de poulets en provenance d’Europe.

13 Ce qui peut aller de paire avec la notion de capital humain dont Alain Bihr (Le Monde diplomatique, décembre 2007) nous dit qu’elle « constitue un oxymore saugrenu imposé par cette novlangue contemporaine qu’est le discours libéral » dans un monde où la valeur de l’individu ne se mesurerait qu’à la seule valeur marchande de sa force de travail.

14 La seule exception est le texte d’Alain Léobon qui aurait pu prendre place dans ce volume puisque l’auteur y propose une réflexion sur les dynamiques de visibilité de la population homosexuelle (Léobon, 2006).

15 Il faut noter que le recours à la problématique de la résistance pour l’analyse des conflits de proximité et l’évolution des travaux des historiens vont dans le même sens au même moment : les approches micro et les actions individuelles ordinaires. Les historiens de la Résistance ont développé de nouvelles approches depuis les années 1990. Il s’agissait pour eux de montrer que la Résistance ne se réduit pas à la lutte armée d’une poignée de héros ou d’une « armée de l’ombre » organisée, et qu’elle est un phénomène beaucoup plus complexe. Leur intérêt est allé vers la résistance civile faite de petits gestes (contrefaire une carte d’identité, cacher un soldat, prévenir ses voisins d’une rafle…) qui sont une manière concrète pour les civils de défendre des valeurs morales et politiques menacées et de refuser la fatalité (d’après Jacques Sémelin, « La résistance autrement », Le journal du CNRS, n° 216-217, janvier-février 2008).

16 Phil Hubbard s’inspire lui-même de Cohen S., Folk devils and moral panics : the creation of the Mods and the Rockers, Londres, MacGibbon, 1972.

17 Cet article prend place dans un dossier sur l’application des règles de laïcité dans l’enseignement supérieur.

18 Selon les sociétés, les lieux, les personnes, on peut être nu sans son voile, sa cravate, son blouson de cuir ou ses bijoux ou encore son « haut ».

19 Cette rhétorique liée à un contexte d’incertitudes et qui a aussi été soutenue par des auteurs tels que Ulrich Beck et sa « société du risque » est parfois critiquée. Pour Denis Duclos, cette omniprésence du risque « implique que l’individu contemporain soit un perpétuel gestionnaire de l’incertain, un vigilant contrôleur de soi et des autres » (Duclos, « Le grand théâtre des experts du risque », Le Monde diplomatique, juin 2002, p. 24-25).

20 L’expression est empruntée à Maurice Blanc : « Qu’arrive-t-il lorsqu’on passe dans un contexte de démocratie participative où, aux élus et professionnels, s’ajoutent les citoyens comme acteurs dans le processus de prise de décision ? La transaction devient tripolaire et transversale » (Gauthier, 2003).