Quand Athènes dominait le monde grec : l’empire oublié (477-404)
p. 33-55
Texte intégral
« Nous sommes partis pour la Sicile, d’abord, si nous le pouvions, afin de soumettre les Siciliens, et après eux les Italiens à leur tour ; ensuite, afin de faire une tentative contre l’empire carthaginois et Carthage elle-même. Que ce projet réussît, soit complètement, soit même en majeure partie, nous nous attaquions alors au Péloponnèse, ramenant d’abord en totalité les forces grecques que nous nous étions adjointes là-bas, puis de nombreux barbares que nous prenions à notre solde, Ibères et autres, reconnus comme étant, parmi les barbares de là-bas, les plus belliqueux, enfin des trières que nous construisions en quantité en plus des nôtres, grâce au bois abondant d’Italie. Avec elles, nous tenions le Péloponnèse assiégé de toutes parts ; en même temps, les forces d’infanterie y faisaient des poussées sur terre, et nous emportions ses villes de force, ou bien dressions contre elles des fortifications : nous espérions donc, dans la guerre, le réduire aisément, et, après cela, étendre notre commandement à la Grèce tout entière (τοῦ ξύμπαντος Ἑλληνικομῦ ἄρξειν). Quant à l’argent et aux vivres pour faciliter les choses dans l’exécution de ces projets, les territoires que nous nous serions adjoints là-bas devaient, sans qu’on eût à toucher aux revenus de Grèce, nous les fournir largement1. »
1Lorsque l’Athénien Alcibiade prononce ce discours, il fait face à des Spartiates. Il leur rappelle les raisons qui ont mené les Athéniens à lancer une grande expédition en Sicile (415-413). Athènes est alors à la tête d’une alliance forte de plus de deux cents cités. Simple alliance militaire – la Ligue de Délos – à l’origine en 477, celle-ci devient progressivement une structure qui permet à la cité d’imposer son autorité. Alcibiade l’exprime de façon explicite. « Étendre notre commandement à la Grèce entière » (τοῦ ξύμπαντος Ἑλληνικοῦ ἄρξειν), voilà posés l’existence d’un empire athénien et l’évidence de l’impérialisme athénien au ve siècle. L’historiographie plaide en partie en ce sens puisque la synthèse, publiée en 1972 par Russell Meiggs, et qui demeure l’ouvrage de référence aujourd’hui, s’intitule The Athenian Empire. Pourtant, le terme grec d’archè semble s’opposer à la qualification de l’aire de domination athénienne par le mot « empire », même si Jacqueline de Romilly le traduit ainsi (« étendre notre empire à la Grèce tout entière »). Archè signifie en effet commandement. Du reste, dans l’ouvrage édité en 1997 sous la direction de Jean Tulard, Les empires occidentaux de Rome à Berlin, il n’est fait nulle mention de l’empire athénien, l’histoire des empires commençant avec Rome. Faut-il y voir un oubli, voire une erreur ? Dans leur « Présentation », Maurice Duverger et Jean-François Sirinelli ne justifient pas ce choix, sinon lorsqu’ils affirment : « Pourquoi qualifier d’empires des régimes établis dans des peuples où le terme n’existe pas, par exemple en Grèce2 ? » Ces questions se résument-elles pour autant à une simple affaire de terminologie ?
2Dans l’introduction, la définition du concept d’empire qu’ils proposent n’entre toutefois pas en contradiction avec la nature de l’alliance athénienne : « Transposés dans les mentalités et les structures de chaque époque, l’union des collectivités politiques à la fois solidaires et autonomes sur un vaste territoire, leur coordination par un pouvoir commun efficace et limité, la puissance et le rayonnement de l’ensemble ainsi constitués : tels sont les éléments caractéristiques des empires en général3. » L’historien Moses Finley propose une définition similaire en revendiquant le recours au concept d’empire pour l’histoire grecque : « L’exercice durable, par un État, d’une autorité, ou d’un pouvoir, ou d’un contrôle, sur un ou plusieurs États ou communautés ou peuple est un empire4. »
3Avant d’aller plus avant, il faut toutefois creuser le concept d’empire pour éviter toute confusion qui naîtrait d’une absence de définition. Nous empruntons à Jean Tulard les cinq points suivants, en acceptant, comme lui, que la présence du terme importe peu5 :
- « C’est l’espace qui constitue la marque distinctive de l’empire6. » Ce dernier rassemble des pays, crée et surveille des frontières et enfin il souhaite s’étendre : extension, conquête et protection.
- Cet espace doit être organisé, centralisé. « Il ne se peut concevoir sans un empereur à sa tête, avec ou sans le titre7. » Cet élément n’exclut pas les délégations de pouvoir. Les réseaux de communication sont indispensables. Jean Tulard insiste sur les routes et considère que la mer peut être un obstacle.
- Les peuples soumis doivent être unis. « C’est l’armature politique et fiscale qui est essentielle8. » En revanche, la langue et la religion échappent à l’unification.
- « L’empire reste fondé sur une civilisation9. » Les peuples situés à l’extérieur sont assimilés à des barbares.
- L’empire est mortel.
4À l’aune de cette définition, il est possible de poser la question de la nature de l’archè athénienne. S’agit-il d’un empire ? L’empire athénien n’est-il pas l’empire oublié de l’historiographie ?
5Si ces réflexions permettent de regrouper différents systèmes au cours du temps – c’est leur mérite –, la nature des impérialismes devrait être distinguée10. Selon nombre d’historiens contemporains, la distinction essentielle tiendrait au caractère économique ou non des empires. L’archè athénienne aurait pour finalité la puissance et la gloire d’Athènes ; les empires contemporains, l’exploitation économique11. Moses Finley ne disait pas autre chose. Il mettait en garde contre la tentation de mettre sur le même plan politique commerciale et politique de puissance, la seconde étant souvent confondue selon lui avec la première dans le cas des empires antiques12. Les théoriciens marxistes de l’impérialisme considéraient également que seul le capitalisme entraînait la conquête du monde pour l’augmentation des profits. Autrement dit, l’empire athénien peut bien être considéré comme un empire, au même titre que d’autres empires antiques, mais il n’est pas un empire comme les autres, sous-entendu comme les vrais empires. Les historiens de l’Antiquité ont beau jeu d’invoquer les appréciations des contemporains, leur absence d’intérêt pour les questions économiques relevant de l’évidence dans l’historiographie.
6Pour parvenir à une conclusion différente, il convient malgré tout de partir des mêmes sources, littéraires avec Thucydide, épigraphiques mais aussi archéologiques. La convocation de ces dernières a de quoi surprendre de prime abord. Mais, contrairement à ce qui est souvent affirmé, l’archéologie permet ainsi de faire de l’histoire politique13. Elle autorise même une compréhension renouvelée de l’histoire et de la nature de l’archè athénienne. Toutefois, le témoignage de Thucydide demeure irremplaçable sur la transition d’une alliance militaire (symmachia) dominée par Athènes à la construction d’un véritable empire. Après avoir analysé les origines de la Ligue de Délos, puis rappelé les principales étapes de l’histoire de la formation de l’archè au cours des années 470 et 460, nous décrirons son fonctionnement en esquissant une réflexion sur sa nature.
La formation de la symmachia
7L’archè athénienne trouve son origine dans une alliance militaire (symmachia) qu’Athènes élabore en 478. Forte de succès militaires contre les Perses, alors même que les Péloponnésiens – en premier lieu les Spartiates – envisageaient d’abandonner l’Ionie en 479, elle apparaît comme la seule puissance capable de protéger les Grecs. La Ligue de Corinthe qui réunissait les Grecs désireux de s’opposer à l’avancée perse – cette symmachia était née en 481 – n’avait plus de raison d’être14. Thucydide présente ainsi l’origine de cette nouvelle alliance militaire : « Les Athéniens reçurent ainsi l’hégémonie du plein gré des alliés, à cause de l’hostilité qui régnait contre Pausanias15. » Le choix d’Athènes s’explique aisément. Elle est une cité puissante et Sparte ne souhaite pas poursuivre la guerre. La décision prise en 483/2 sur les conseils de Thémistocle d’affecter les revenus miniers à la constitution d’une flotte de 200 trières faisait d’Athènes une puissance maritime de première importance, qu’aucune autre cité grecque ne pouvait affronter seule16. Pausanias, tuteur spartiate d’un des deux rois, mécontente en outre les alliés par ses violences. Il est rappelé par sa cité. Innocenté peu après, il ne repart pas en Asie Mineure. Son remplaçant, Dorkis, n’est pas accepté par les alliés. Les Spartiates décident alors de se retirer des combats, considérant que l’éloignement ne pouvait que nuire à leur cité.
8Le choix d’Athènes est-il toutefois spontané et volontaire comme Thucydide l’affirme ? Il est permis d’en douter. Une tradition transmise par Hérodote et Plutarque laisse deviner une autre réalité. Le premier rapporte que peu après la bataille de Salamine, les Athéniens, emmenés par Thémistocle, rançonnaient les cités insulaires17. Selon Hérodote, ce dernier ne cherchait qu’à s’enrichir personnellement. Toutefois, il est possible de supposer que, dès avant la formation de la Ligue, les Athéniens cherchaient à alléger la charge financière de la guerre qui pesait en priorité sur eux – ils possédaient la flotte la plus nombreuse – en demandant une participation financière aux cités qui bénéficiaient de leur protection.
9Les négociations préalables à la formation de la symmachia se déroulent à Byzance, sur le navire d’Aristide, à l’été ou l’automne 478, avec quelques représentants de cités alliées, en l’occurrence Chios, Samos et Lesbos. Des hérauts sont ensuite envoyés dans les cités pour les informer de la tenue d’une réunion à Délos au début de l’été 477 afin d’inaugurer la nouvelle alliance. Le choix de cette dernière repose sur de multiples considérations18. Le texte du serment prêté n’est pas parvenu jusqu’à nous et son contenu ne peut être que reconstitué, avec nombre d’incertitudes19. Les alliés s’engagent-ils à rester loyaux et à ne pas déserter comme après la victoire de Mycale20 ? Le parallèle est tentant, mais il ne va pas sans poser problème. Quel sens en effet aurait un serment qui de fait condamnerait les cités alliées à payer le tribut (phoros) sans limite de temps21 ? La Constitution des Athéniens cite le fait d’avoir les mêmes amis et ennemis22. Mais cette formulation est surtout fréquente au ive siècle, sans être absente des documents du ve siècle23. La présence d’une clause garantissant l’autonomia des alliés a fait également l’objet de controverses parmi les historiens24. D’autres aspects peuvent être évoqués mais ils dépendent de l’analyse des événements se déroulant principalement dans les années 47025.
10Un point est toutefois explicite dans le récit de Thucydide : « Ils fixèrent quelles cités devaient leur fournir contre le Barbare de l’argent ou bien des vaisseaux26. » La contribution en argent porte le nom de tribut ou phoros en grec27. La première année, son montant aurait été de 460 talents28. En dépit des doutes émis par les historiens, ce chiffre est probable, à défaut d’être assuré29. Comment fut-il calculé30 ? Il n’était pas possible de recourir à un précédent grec, en raison de la nouveauté que constituerait la perception régulière d’une somme fixe. Certains ont évoqué une possible imitation de la contribution (dasmos) versée au Roi perse par les cités placées sous sa domination. Le critère essentiel retenu par les Perses était le territoire civique. Mais il ne permet pas de rendre compte de tous les montants connus, une cité pouvant payer un phoros supérieur à celui versé par une autre cité dont le territoire est plus vaste31. Les Athéniens intégrèrent manifestement dans leur calcul les produits de la terre, ceux, éventuels, du sous-sol (mines et carrières) et les ressources fiscales des cités – la fiscalité essentiellement indirecte portait sur le volume des échanges commerciaux d’une cité. En bref, le phoros est une contribution évaluée en fonction des ressources, au sens large, des alliés, dont le montant est négocié avec ces derniers32. Des magistrats ad hoc sont créés afin d’administrer le tribut, les hellénotames, qui sont, dès l’origine, athéniens.
11Le témoignage de Thucydide fixe à cette symmachia un objectif unique : « La justification officielle [était] de ravager le pays du Roi en représailles pour les torts subis33. » Mais sur quoi porte-t-elle effectivement ? Pour certains, il s’agit de proclamer que la Ligue de Délos a pour objectif la poursuite de la guerre contre les Perses et non pas seulement la préservation de la liberté nouvellement acquise34. Pour d’autres, cette justification s’applique au seul tribut car sa régularité est une innovation, tout comme sa perception en numéraire35. Les Athéniens ont dû convaincre leurs alliés de verser cette contribution annuelle, ce qui suffirait à expliquer la présence d’une justification. Pourtant, ce terme laisse penser que Thucydide y voit un prétexte. Autrement dit, les Athéniens avaient dès l’origine un projet différent.
12L’alliance est dotée d’institutions. Les alliés se réunissent en conseil. Mais s’agit-il d’un conseil unique auquel participent alliés et Athéniens ou d’un conseil des seuls alliés36 ? La deuxième hypothèse s’appuie sur le texte de Diodore37. Thucydide indique plutôt un seul conseil. Plus tard, les alliés sont nommés isopséphoi, jouissant d’une voix égale à celle des Athéniens38. Le modèle d’une telle organisation semble être celui de la Ligue des Péloponnésiens. On suppose que le conseil de la Ligue se réunissait régulièrement, au moins une fois par an, au moment du versement du tribut sur l’île de Délos. Plus tard, après 454 et le transfert du trésor à Athènes, celui-ci avait lieu au moment des Dionysies à Athènes, soit à la fin de l’hiver et au début du printemps. À Délos, sans doute était-il versé lors des fêtes en l’honneur d’Apollon, qui se déroulaient au cours du printemps. On devait y examiner les campagnes de l’été à mener et écouter le rapport financier des hellénotames. D’autres discussions devaient avoir lieu, mais les sources manquent pour en indiquer le contenu. Deux passages fournissent une indication, mais ils prêtent à caution. Plutarque rapporte que les Samiens auraient demandé le transfert du trésor à Athènes, proposition à laquelle Aristide se serait rallié en affirmant : « Ce n’est pas juste mais c’est utile39. » Russell Meiggs récuse cette anecdote tant pour des questions de chronologie (Aristide est mort bien avant 454) que de tonalité édifiante (elle semble répondre à la question : qu’aurait décidé Aristide si le transfert du trésor lui avait été proposé ?)40. Le second se trouve dans Diodore41. Selon Éphore, certains alliés auraient décidé d’ignorer le conseil commun, peu après la guerre contre Thasos en protestation contre la domination athénienne.
13Thucydide ne dresse pas la liste des premiers membres. Indubitablement, il s’agit d’une ligue à dominante ionienne, incluant les grandes îles proches de la côte ionienne. En 443/2, un district des Îles apparaît dans la classification des cités tributaires42. Seules Théra et Mélos, deux îles doriennes, n’appartiennent pas à la ligue. Qu’en était-il en 478 ? On ne peut le dire. Un autre point qui fait débat est le cas d’Égine. Les navires éginètes se distinguent au cours de la bataille de Salamine et ils participent à l’expédition de Pausanias en 47843. Contrairement aux Spartiates, les Éginètes, du fait de leur rôle commercial, visaient la défaite complète des Perses44. Pour l’année 464/3, Diodore mentionne une révolte éginète contre les Athéniens45. Égine appartenait-elle à cette date à la Ligue de Délos ? Les historiens rejettent le témoignage de Diodore, en invoquant notamment un passage ultérieur dans lequel ils comprennent qu’Égine n’entre dans l’alliance qu’en 459/8. Or le texte grec est en réalité bien moins explicite. Il dit simplement que les Éginètes se mirent à contribuer en numéraire à cette date46. Dans cette optique, il n’y a pas d’opposition avec le texte de Thucydide qui précise : « Les Éginètes, après cela, traitèrent aussi avec Athènes, acceptant de raser leurs fortifications, de livrer leur flotte et de se faire fixer un tribut pour l’avenir47. » En outre, un peu plus haut, l’historien de la guerre du Péloponnèse remarque que le rappel de Pausanias est concomitant du ralliement des alliés aux Athéniens, « à l’exception des troupes péloponnésiennes48 ». Les Éginètes font-ils partie de ces dernières ? Rien ne permet de le penser. Le passage dans lequel Diodore évoque un conflit entre Égine et Athènes en 464/3 ne laisse donc pas de place au doute. Après avoir décrit la révolte thasienne, il écrit : « Pareillement les Éginètes s’étant révoltés49. » Égine appartient donc à la Ligue de Délos à cette date, et très vraisemblablement depuis 478/7.
14Reste enfin le problème de Chypre que beaucoup ont exclu de la révolte de l’Ionie mais qui est de nouveau sous contrôle perse avant la prise de Ladè en 49450. Des contingents chypriotes participent du côté perse aux batailles de l’Artémision et de Salamine, mais les cités se révoltent lorsque les succès grecs deviennent patents51. Pausanias mène une expédition vers Chypre en 478, ce qui renforçait la tendance pro-grecque. Dès lors, au moment de la fondation de la Ligue, pourquoi Chypre se serait-elle tenue éloignée ? Ceux qui refusent l’adhésion précoce de Chypre avancent deux arguments : l’éloignement de l’île et son histoire entre 478 et 450. Le premier est récusé par Russell Meiggs sans véritable discussion52. Le second comporte des éléments forts. Au moment de l’Eurymédon, les Perses attendent des renforts chypriotes53. De même, si certaines cités chypriotes étaient membres de la Ligue, pourquoi Cimon ne leur aurait-il pas porté secours ? Enfin, la liste de 425 ne révèle aucun nom de cités chypriotes dans la partie dressant le catalogue de toutes les cités auxquelles les Athéniens ont demandé tribut. Ses arguments sont intéressants, mais non décisifs. Rien n’interdit de penser que les Perses aient récupéré une partie de leur influence perdue après 478. Le fait que Cimon ne se rende pas à Chypre peut trouver d’autres explications, par exemple le calendrier (fin de l’été, donc fin proche de la navigation) ou bien encore des préoccupations athéniennes différentes (attente de ressources). Enfin, la liste est trop fragmentaire pour en tirer argument. De plus, ce même document montre un intérêt soutenu pour la Méditerranée orientale (présence de cités ciliciennes), dès lors pourquoi pas Chypre ?
15En somme, en 478/7, les Athéniens forment autour d’eux une alliance militaire qui ne tranche pas véritablement avec les autres connues et dont les membres sont avant tout des cités ioniennes54. Une seule véritable innovation apparaît, le phoros. Il s’agit donc bien de cerner la transformation de la symmachia en archè au cours des années qui suivent. Si l’on en croit Thucydide, la période cruciale se situe entre 478 et 431, au moment où « les Athéniens renforcèrent leur autorité et parvinrent eux-mêmes à un haut degré de puissance55 ». Dans son récit, il adopte une perspective chronologique. Le début de l’archè est associé à un événement précis, la guerre que les Athéniens entreprennent contre Naxos (une île des Cyclades), « première cité alliée asservie56 ». Cette action fait suite aux prises d’Éion, Skyros et Carystos en Eubée. Ces guerres s’inscrivaient-elles déjà dans l’impérialisme athénien ou sont-elles conformes aux engagements athéniens au moment de la formation de la Ligue de Délos ?
Aux origines de l’archè : de la prise d’Eion à la défaite d’Égine
16La prise d’Eion, une des forteresses perses installées sur les marges de la Macédoine, s’inscrit dans la continuité de la guerre contre les Perses. Le siège dura une année, de l’hiver 477 à 476/557. La victoire que remporte Cimon lui vaut de recevoir des honneurs exceptionnels, trois hermès portant chacun une inscription58. Si l’on en croit Plutarque, « Ni Thémistocle, ni Miltiade n’en avaient obtenu de pareils59. » Comment expliquer une telle différence par rapport aux vainqueurs de Marathon et de Salamine ? Le même Plutarque met en avant la dimension offensive contenue dans la victoire de Cimon à Eion. Il ne s’agit plus de défendre l’Attique mais d’accroître sa zone d’influence et de domination. Au-delà de la position stratégique d’Eion, embouchure du Strymon et point de ravitaillement des troupes perses, les Athéniens prennent pied dans une région riche, aussi bien par ses forêts que par ses mines d’or et d’argent (Pangée)60. Dans le même temps, ils contrôlent une partie de la route du Pont, qu’empruntent les convois de céréales indispensables à la survie d’Athènes. Tout en respectant les objectifs de la Ligue de Délos, les Athéniens servent au mieux leurs intérêts.
17Thucydide ne se montre pas très prolixe concernant la conquête de Skyros (476 ?)61. Il ne décrit que les conséquences de la conquête athénienne, la mise en vente de la population et l’installation d’une colonie62. Là encore, une même logique apparaît. D’une part, Athènes s’en tient aux missions de la Ligue de Délos. L’expédition de Cimon s’apparente à une opération contre la piraterie, avec comme finalité d’assurer la sécurité des mers qu’il faut considérer comme un objectif secondaire de la Ligue63. La protection des Athéniens équivalait au droit de circuler en sécurité dans la zone maritime sous contrôle athénien au titre de l’alliance. Ce type de mesures n’est pas inconnu de nos sources. Au moment du traité de paix qui fonde la Ligue de Corinthe en 338/7, une disposition garantissant la liberté de navigation est prise64. Plusieurs passages de Thucydide attestent l’existence de règles définissant les conditions d’accès d’une flotte militaire athénienne au port d’une cité alliée ou neutre65, quand les possibilités de navigation elles-mêmes ne sont pas définies66. L’existence d’une telle clause doit être envisagée comme une hypothèse probable, d’autant que les sources établissent un lien entre le paiement du phoros et la libre circulation sur les mers67. D’autre part, Athènes poursuit un objectif propre. Skyros est un port situé sur la route du Pont. Sa possession par des Athéniens installés sur place sécurise l’itinéraire de l’approvisionnement en blé de la cité.
18L’intégration forcée de Carystos dans la Ligue constitue une première68. Pourtant, Thucydide n’y voit pas le début de la formation de l’archè, alors même qu’il s’agit d’une véritable guerre menée par les Athéniens69. Le prétexte était évident : Carystos avait aidé les Perses jusqu’à la bataille de l’Artémision en leur fournissant des trières et elle n’avait remis de l’argent à Thémistocle que sous la contrainte70. Mais il était bien tard pour lui reprocher une telle attitude. Il est donc probable qu’en réalité, la situation de la cité constituait la motivation principale d’Athènes. Le contrôle de Carystos, qui faisait face à Andros, garantissait celui d’une route maritime très fréquentée, qu’il fallait emprunter pour se rendre au centre de l’Égée.
19Le conflit qui intervient avec Naxos diffère des événements précédents. Aucun objectif de la Ligue ne semble pouvoir être invoqué. Le texte de Thucydide n’autorise pas le doute sur ce point. « [Les Athéniens] combattirent contre Naxos, qui avait fait défection : ils l’assiégèrent et l’amenèrent à composition : ce fut la première cité alliée asservie contrairement à la règle71. » À quelle règle fait-il allusion ? La formule grecque, para to kathestèkos (« contrairement à la règle »), autorise plusieurs interprétations. Certains ont pensé que la règle renvoyait à la charte de fondation de la ligue de Délos. D’autres l’interprètent comme une expression plus vague, se référant aux usages. Thucydide aurait voulu insister sur le fait que les Athéniens avaient créé un précédent qui avait eu des conséquences importantes. En réalité, toutefois, ces deux lectures ne sont pas contradictoires. On considère en effet que les Athéniens avaient reconnu, d’une manière ou d’une autre, l’autonomie des cités membres de la Ligue72. Dans cette optique, l’action d’Athènes est motivée par la défection de Naxos et constitue une innovation puisqu’elle s’oppose à l’autonomia qu’elle lui avait accordée.
20Comment comprendre « l’asservissement » dont est victime Naxos ? Tout parallèle avec les cas précédents est à exclure. Les prises d’Eion et de Skyros s’accompagnent en effet de la vente des populations réduites en captivité. L’asservissement de Naxos doit être entendu métaphoriquement. Thucydide, du reste, utilise deux verbes différents, ἀνδραποδίζω dans les deux premiers cas et δουλεύω pour Naxos73. Le sens précis de ce dernier terme ne peut être que supposé. L’hypothèse minimale est que les Naxiens ont été contraints de prêter serment de fidélité aux Athéniens. L’hypothèse maximale s’appuie sur des parallèles avec des situations ultérieures, celle de Thasos par exemple. Dans ce cas, Naxos aurait été contrainte de verser des indemnités et de livrer sa flotte. Il est possible également d’envisager certaines restrictions des droits de la cité au sein de la Ligue, comme la suppression de sa voix au conseil ou bien l’obligation de contribuer en monnaie et non plus en nature74. En outre, la perte de leur autonomia par les Naxiens équivalait assurément à l’impossibilité de négocier le montant du phoros avec les Athéniens, ce qui laisse envisager son augmentation sensible75. En ne respectant pas l’autonomie de Naxos, les Athéniens sortent de la logique de la symmachia pour entrer dans celle de l’archè.
21Les années qui suivent sont marquées par les campagnes de Cimon qui n’a pas laissé de répit au Roi, « si bien que l’Asie, depuis l’Ionie jusqu’à la Pamphylie, fut complètement libérée des troupes perses76 ». Ces actions sont conformes aux objectifs de la Ligue et ne peuvent être invoquées pour justifier une évolution impériale ; elles firent sans doute oublier aux alliés le sort réservé à Naxos. Mais une nouvelle facette de la domination athénienne apparut avec le déclenchement du conflit avec Thasos.
22Là encore, Thucydide demeure notre principale source. « Plus tard se produisit la défection de Thasos. Elle naquit d’un différend relatif aux marchés de la côte thrace vis-à-vis et au secteur minier qui fournissaient des revenus aux gens de l’île77. » Ce passage n’autorise aucun doute78. Les Thasiens sortent de la Ligue en raison des prétentions athéniennes sur leurs revenus miniers et fiscaux. Les conditions imposées par Athènes aux Thasiens soulignent à quel point les Athéniens entendent empêcher toute sortie de leur archè : « Les Thasiens, à leur troisième année de siège, traitèrent avec les Athéniens : ils abattaient leurs remparts et livraient leur flotte ; les Athéniens fixèrent immédiatement la somme qu’ils devaient rembourser et le montant du tribut à acquitter à l’avenir ; enfin ils renonçaient au continent et au secteur minier79. » Les historiens se sont interrogés sur la nature des remboursements80. Ne s’agirait-il pas du remboursement des frais de guerre engagés par Athènes ? Des parallèles peuvent être convoqués. Toutefois, il ne faut rien voir de tel ici. Thucydide ne mentionne pas les dépenses athéniennes à rembourser parce que le remboursement ne porte pas sur ces dernières. Athènes impose aux Thasiens de payer les arriérés de tribut, ce qui équivaut en l’occurrence à se reconnaître tributaire depuis 46581. Aucune sortie de la Ligue n’est désormais possible.
23La guerre menée par les Athéniens contre Thasos marque un véritable tournant dans la formation de l’archè. L’autonomia des cités ne dépend plus que du bon vouloir de l’hégèmôn. Plus significatif encore, Athènes poursuit une logique de domination conforme désormais à ses seuls intérêts, sans recourir au moindre prétexte lié au conflit contre les Perses qui perdure. La puissance de son archè repose sur ses revenus propres mais aussi sur les revenus alliés dont les Athéniens s’emparent lorsque bon leur semble. Le cas d’Égine (457) clôt cette période. Si les conditions accordées à cette cité sont moins humiliantes – les arriérés de tribut ne lui sont pas réclamés, mais Égine négocie tandis que Thasos a capitulé –, l’enjeu est le même pour les Athéniens, prendre le contrôle d’une riche concurrente, la priver de sa flotte mais aussi de sa puissance commerciale. Cette politique se traduit par un accroissement de l’activité – et donc des revenus – du Pirée, emporion de la Grèce. Avant même 446 et la paix de Trente ans, Athènes n’est plus l’hégèmôn de cités autonomes mais elle dirige une archè composée de cités sujettes82. La première condition fixée par Jean Tulard est donc remplie : extension, conquête et protection. L’archè s’étend par l’entrée forcée dans l’alliance (extension et conquête donc) et protège son équilibre interne en s’interdisant toute sortie. Dans cette perspective, la domination athénienne est une réalité dès les années 460. Peut-on dès lors parler d’empire ? La réponse à cette question suppose de décrire le fonctionnement de l’archè, sans négliger une éventuelle dimension économique.
L’archè entre politique et économie
24En dépit de la révolte de 447/6, au cours de laquelle deux tiers des cités alliées cessent de payer le phoros, la Ligue de Délos apparaît comme une alliance stable au milieu du ve siècle, sans conteste en raison de la supériorité militaire d’Athènes. La domination des Athéniens repose sur leur flotte et sur la capacité d’intervention dans toute l’archè qu’elle leur procure. Elle ne se réduit pas pour autant à cette dimension. Les trières ont en effet besoin de ports où se ravitailler. Tenir compte du contrôle des côtes est au moins aussi important que d’évaluer le nombre de navires en circulation – une soixantaine en permanence semble-t-il – si l’on veut comprendre la nature la puissance athénienne83.
25Pour ce faire, Athènes doit maintenir une présence régulière dans les cités alliées. Selon Aristote, il y a autant de magistrats athéniens dans la cité qu’à l’extérieur, environ sept cents84. En 454, l’archè compte 214 cités, ce qui donne une moyenne de trois à quatre magistrats par cité85. Dans la réalité, l’omniprésence athénienne n’était pas nécessaire dans toutes les cités. L’implantation était vraisemblablement en partie fonction des risques éventuels de rébellion. Un décret interdisait à tout allié de s’en prendre aux Athéniens86. Une cité membre de la Ligue ne peut leur refuser, de même, l’accès à son territoire.
26Les sources mentionnent quatre types de magistrats : les archontes (au sens propre, les magistrats), les episkopoi (les surveillants), les phrourarchoi (les chefs de garnison) et les kérykès (hérauts). Aucun texte parvenu jusqu’à nous ne définit précisément leurs fonctions respectives. Celles-ci se déduisent de documents se rapportant à des cités particulières. Dans le décret relatif à Érythrées, les episkopoi et le phrourarchos sont chargés de veiller à la désignation par tirage au sort de 120 bouleutes et à la vérification de leur capacité à remplir cette fonction87. Au cours des années suivantes, le phrourarchos et les bouleutes érythréens doivent veiller à la limitation de l’itération prévue (une fois par période de quatre ans). De même, des episkopoi et des archontes ont une part de responsabilité dans la collecte du tribut88. Dans l’ensemble, les episkopoi supervisent les cités alliées et dénoncent le cas échéant le non respect des décisions athéniennes. Les archontes et les phrourarchoi jugent les affaires mineures, jusqu’à cent drachmes d’amende. Les affaires importantes (atimie, mort ou exil) étaient jugées à Athènes. Tous ces magistrats n’étaient pas présents dans chaque cité de l’empire. Le phrourarchos exerçait des fonctions judiciaires, en l’absence d’archontes athéniens. Lorsque ceux-ci étaient présents, ils avaient autorité sur le phrourarchos89. De leur côté, les kérykès étaient chargés d’annoncer les nouveaux décrets et décisions. À ces quatre types de magistrats, il convient d’ajouter des magistratures spécifiques, comme les hellespontophylaques chargés de surveiller les Détroits90.
27Les Athéniens installèrent également des garnisons dans certaines cités91. En se référant à l’archè du ve siècle, Isocrate déclare : « Nous implantions des garnisons sur les acropoles des autres cités92. » Mais il n’apporte pas d’autre précision. On connaît la garnison installée par Tolmidès à Chéronée en 447, une autre en Eubée sous le commandement de stratèges, une autre encore à Cyzique ou à Byzance93… Les implantations variaient en fonction de la position stratégique ou non des cités et des risques de rébellion. Certains alliés faisaient parfois appel aux Athéniens et sollicitaient l’installation d’une garnison94. La présence militaire athénienne prenait également la forme de clérouquies95. Ces dernières sont constituées à partir de lots de terre confisquée (kléroi), distribués à des Athéniens qualifiés de clérouques. Ces derniers peuvent occuper leurs propriétés ; ils disposent alors de revenus suffisants pour être des garnisaires à temps plein96. Comme les magistrats, ils sont garants du maintien de l’ordre athénien dans des cités qui, le plus souvent, ont éprouvé des velléités de révolte.
28Mais la réduction de l’archè à une présence militaire athénienne serait une erreur. L’autorité d’Athènes s’exprime également au travers de mesures fiscales. En s’emparant de Thasos, les Athéniens se rendent maître de revenus fiscaux non négligeables que les Thasiens percevaient jusque-là dans leurs ports commerciaux (emporia) sur la côte thrace97. Par ce biais, ils contrôlent les échanges, la provenance des produits et leur destination finale. Ils semblent être allés plus loin encore en accordant des exemptions aux navires qui se rendaient au Pirée, faisant baisser d’autant le coût de transport, donc le prix des biens en particulier celui du blé98. Même lorsqu’une cité alliée est couverte par la clause d’autonomia – c’est le cas pour toutes les cités après 446 et la paix de Trente ans –, Athènes décide de l’accès à la douane parce qu’elle est maître de l’accès aux ports de l’empire99. Autrement dit, la maîtrise des revenus, marque de l’autonomia d’un allié, est encadrée par les Athéniens qui ont le pouvoir d’interdire le commerce de biens en provenance d’une cité particulière.
29L’autorité athénienne s’exprime enfin dans le domaine du droit100. Les sources évoquent en effet une centralisation à Athènes du traitement des affaires judiciaires publiques. Citons, par exemple, le décret relatif à Chalcis : « Que les poursuites entre Chalcidiens se déroulent à Chalcis, comme ceux entre Athéniens se déroulent à Athènes, sauf pour les peines d’exil, de mort et de privation des droits civiques. Pour tous ceux-là, qu’il y ait appel à Athènes devant le tribunal des thesmothètes selon le décret du peuple101. » Les tribunaux athéniens rendaient la justice au sein de l’archè pour les crimes les plus graves102. Cette centralisation suffit-elle pour parler d’impérialisme athénien en matière judiciaire ? Edouard Will a mis en garde contre toute interprétation excessive103. « Que la juridiction ait été un moyen de l’impérialisme, c’est incontestable104 », mais lorsque des affaires privées venaient à être jugées à Athènes, les Athéniens s’en tenaient au respect du droit105. Quant aux affaires pouvant déboucher sur de lourdes condamnations (exil, perte de la citoyenneté, mort), en les jugeant en appel, ils accordaient aussi le droit à une procédure juste, en l’occurrence un tribunal populaire athénien106. Nul allié ne pouvait, de ce fait, être victime d’une décision arbitraire émanant d’un magistrat athénien outre-mer. Certes, par ce contrôle, les Athéniens avaient juridiction en appel sur toutes les purges possibles et sur les violences faites à leurs partisans. Ils n’en accordaient pas moins aux alliés le droit à un procès juste, ce qui revenait à leur accorder un droit reconnu aux citoyens athéniens.
30En matière politique, l’archè est organisée et centralisée. « L’armature politique et fiscale » ne fait aucun doute. Toutefois, tant la fiscalité que la centralisation judiciaire contribuent à développer les échanges au sein de cet espace. Mais ce faisant, les Athéniens développent leur propre port commercial, le Pirée, qualifié plus tard « d’emporion de la Grèce107 ». La dimension politique ne doit donc pas obérer la dimension économique. Est-il pour autant possible de parler d’impérialisme économique108 ? L’archéologie est aujourd’hui à même de confirmer ce que les sources littéraires et épigraphiques laissaient supposer avec plus ou moins de certitude. Deux exemples ont été étudiés récemment qui confirment l’efficacité du contrôle athénien sur les échanges commerciaux.
31Le premier concerne la Crète109. Les archéologues y avaient observé depuis longtemps une rupture des importations à partir du début du vie siècle jusque vers la fin du ve siècle. L’explication dominante consiste à invoquer l’isolationnisme crétois, diversement expliqué. Au cours de cette période, les échanges crétois avec l’extérieur se limiteraient au mercenariat et à la piraterie. Aristote, pourtant, faisait le commentaire suivant : « Il semble que l’île, et par nature et par sa situation favorable, soit destinée à la domination de la Grèce : elle commande toute la mer sur les rivages de laquelle sont établis presque tous les Grecs110. » De fait, pour la période antérieure à 600, la Crète apparaît comme un lieu de transbordement ; elle est une étape sur la route qui relie la Phénicie à ses colonies occidentales, en particulier la côte septentrionale de l’île. La côte méridionale était située sur un itinéraire secondaire, intéressant sous certains régimes de vent. Des trouvailles épigraphiques récentes ont révélé qu’à cette époque la Crète n’entretient toutefois pas des relations qu’avec la Phénicie. L’étude des graffiti de Kommos met en lumière une route nord-sud et la présence de marchands originaires du Péloponnèse et de Grèce centrale (Béotie, Chalcis…)111. Vers 600 toutefois, le contrôle phénicien s’affaiblit112.
32Les fouilles récentes et des études renouvelées de matériels connus montrent que les contacts avec l’extérieur n’ont pour autant pas cessé de se produire. Mais le matériel retrouvé pour cette période est d’origine corinthienne, laconienne ou attique, avec une dominante péloponnésienne113. Les Péloponnésiens étaient attirés avant tout par les céréales de Cyrénaïque et d’Égypte114. Les flux partaient de la pointe sud du Péloponnèse, passaient par le nord-ouest de la Crète, avant de gagner la Cyrénaïque et l’Égypte. En raison du régime des vents, le retour se faisait par l’est, c’est-à-dire par l’Asie Mineure, d’où le rôle décisif joué par Phasélis et les Cyclades. L’importance de certaines cités crétoises dans ce commerce est soulignée par le conflit qui surgit à la fin du vie siècle pour la possession de Kydonia (actuelle Chania)115. Celle-ci est fondée par des Samiens, mais ils sont très vite chassés militairement par les Éginètes. Ainsi, l’affaiblissement des marchés de la Méditerranée orientale donnait une opportunité nouvelle aux ports et cités de Crète. Nombre d’entre elles, du reste, entretenaient des liens avec le Péloponnèse et revendiquaient une origine coloniale spartiate. L’archéologie confirme toutefois l’existence d’une rupture des importations, sur une période beaucoup plus courte, entre c. 460 et c. 400. Comment l’expliquer ?
33L’hypothèse la plus prometteuse repose sur une analyse de la politique menée par l’archè athénienne116. Elle consiste à envisager un embargo athénien sur le commerce péloponnésien, suffisamment efficace pour interrompre le flux Péloponnèse/Crète/Afrique du Nord au cours d’une période de 60 ans. Il n’y a guère de doute que le déclenchement de la première guerre du Péloponnèse en 461 marqua une rupture entre Sparte et Athènes. Forte de sa flotte et du contrôle des ports de l’archè, cette dernière décidait qui pouvait accéder à l’Égée et qui commerçait avec elle et ses alliées. Ponctuellement, les Athéniens agissaient militairement, comme lorsque Tolmidès s’en prend à Cythère en 456. En outre, l’accord avec Phasélis, conclu au tout début des années 460, permettait aux Athéniens de couper la route retour de ce commerce117. Enfin, la reddition d’Égine en 457 enlevait au camp péloponnésien un acteur essentiel de ce courant d’échanges. Cette rupture reflète selon toute vraisemblance l’hostilité entre les Athéniens et les Péloponnésiens à partir de la fin des années 460 et par voie de conséquence la puissance de l’archè.
34Le deuxième exemple concerne Corinthe et vient confirmer l’hypothèse développée ci-dessus. En 1977, un nouveau bâtiment, dit « bâtiment des amphores puniques », a été découvert et fouillé pendant les deux années suivantes118. Le résultat de ces recherches est le suivant. Le bâtiment entre en fonction au cours du deuxième quart du ve siècle, c. 470, et est abandonné dans les années 430. Sa pleine activité peut être datée à la période c. 460-années 430. Il tire son nom des types d’amphores retrouvées (Mañá-Pascual A4 et dans une moindre mesure une variante du type Maña D). L’étude de leur contenu a révélé leur utilisation dans le commerce du poisson salé et en saumure. Grâce à l’avancée des études sur cette céramique, il est désormais possible de cartographier la présence de ce type d’amphores en Méditerranée occidentale, notamment sur les côtes atlantiques et méditerranéennes de la péninsule ibérique et le littoral du Maroc et de l’Algérie actuelle. D’importantes découvertes ont été réalisées à Gadès (actuelle Cadix), dans des ateliers de préparation de poisson salé. Des amphores Maña-Pascual A4 ont été mises au jour aussi en Méditerranée centrale, à Carthage, en Sardaigne, à Ischia et dans certains sites étrusques comme Gravisca ou Regisvilla. Elles sont peu nombreuses en Sicile, mais des fouilles ultérieures pourraient modifier cette appréciation de leur nombre. On considère qu’elles étaient fabriquées en Méditerranée occidentale, dans la région du détroit de Gibraltar (parties nord et sud). À ce jour, un seul site a révélé un atelier de fabrication de ce type d’amphores, Kouass sur le littoral atlantique marocain, à 40 km de Tanger. Dix fours y ont été mis au jour par les fouilleurs français. Ils sont datés entre le vie et le ier siècle a.C. et fabriquaient des amphores de transport de type punique. Observation et analyses chimiques ont permis de montrer que les amphores puniques trouvées à Corinthe proviennent en grande partie au moins de ce site. Kouass apparaît donc comme un centre important de production d’amphores, sans doute en raison de ses ressources en bois de chauffage.
35Toutefois, ce site ne semble pas avoir été un centre de production de poisson salé au ve siècle, en dépit de sa richesse halieutique119. Tout laisse à penser au contraire qu’il y a un intermédiaire et qu’il est à chercher en péninsule ibérique où des productions corinthiennes datant du ve siècle ont été retrouvées, non loin de Séville et dans la vallée du Guadalquivir120. Deux ateliers du ve siècle fouillés à Gadès ont révélé des aiguilles pour les filets, des hameçons, des arêtes de thon, des amphores, de la céramique locale et attique121. Ils ont également livré des amphores Maña-Pascual A4 et corinthiennes. Selon cette hypothèse, les amphores auraient été produites à Kouass, transportées vides et remplies à Gadès pour être envoyées à Corinthe122. La présence d’amphores Maña-Pascual A4 permet de retracer la route maritime utilisée. Plusieurs points de passage apparaissent : les Baléares, Carthagène, Emporion, Carthage, Sulcis, la Sicile et enfin la Grèce. Ces sites sont des points de transit, non des arrêts pour des échanges. L’importance de la production à Gadès et la consommation corinthienne mesurée par le bâtiment aux amphores puniques laissent envisager des échanges directs entre les deux sites123. La durée du voyage n’autorisait qu’un aller-retour par navire, trente jours aller minimum, le double si les conditions météorologiques étaient défavorables. Mais le poisson pouvait être consommé pendant une année entière. En raison de cette caractéristique, il faut envisager que les quantités apportées étaient importantes. Le tonnage des navires a été estimé entre 100 et 300 tonnes, soit entre 3 000 et 9 000 amphores, voire 10 000 pour les plus gros tonnages du ve siècle. Et en raison de la durée du voyage, l’investissement paraît être plus rentable pour des vaisseaux de ce tonnage. Quel événement a-t-il pu entraîner l’abandon du bâtiment aux amphores puniques dans les années 430 ?
36En 435, Corcyre entre en guerre contre sa métropole, Corinthe, au sujet d’Épidamme. Deux ans plus tard, elle demande à entrer dans la Ligue de Délos. Prudents, les Athéniens acceptent de conclure simplement une alliance défensive, de façon à mettre en garde les Corinthiens, d’autant que, comme le rapporte Thucydide, « l’île présentait pour eux [i. e. les Athéniens] une situation favorable sur le trajet côtier vers l’Italie et la Sicile124 ». Une bataille a néanmoins lieu (Sybota en septembre 433). Corinthe remporte une victoire, mais l’approche d’une flotte athénienne met un terme à l’assaut corinthien. En lien sans doute avec cette affaire, Athènes demande à son alliée Potidée (Chalcidique de Thrace) de rompre ses relations avec Corinthe dont elle est une colonie. Devant le refus de cette dernière, les Athéniens mettent le siège devant Potidée qui a reçu en secret le soutien de Sparte. Au cours de l’été 432, les Corinthiens envoient une ambassade auprès des Spartiates afin de défendre la guerre contre Athènes.
37Mais il s’agit d’un retournement. Jusque-là, Corinthe semble s’être accommodée de l’archè. Son action pendant la première guerre du Péloponnèse est modérée. Au moment du conflit entre Athènes et Samos, au cours du débat au sujet de Corcyre, les délégués corinthiens affichent leur soutien aux Athéniens125. Ils évoquent alors un traité conclu avec les Athéniens126. S’agit-il de la paix de Trente ans ? Le contexte pourrait le laisser croire. Toutefois, il est possible d’envisager une autre possibilité, celle d’une convention bilatérale entre les deux cités127. Un autre élément plaide en ce sens. Peu après en effet, les Athéniens exigent que Potidée expulse les magistrats corinthiens (epidamiourgoi) qu’elle accueille, alors même qu’elle est membre de la Ligue de Délos128. La présence corinthienne dans cette cité garantissait un approvisonnement en bois depuis la Thrace, ou du moins le facilitait129. L’affaire de Corcyre ne pouvait qu’entraîner une mesure de rétorsion, c’est-à-dire la remise en cause de la bienveillance athénienne, avec un effet immédiat sur les échanges que Corinthe entretenait avec l’Occident. De fait, les Corinthiens poussent par la suite les Spartiates à la guerre. Et ils n’hésitent pas à menacer ces derniers d’entrer dans l’archè, en cas de réponse négative de leur part130.
38Cette menace n’est en rien fictive. Elle est la conséquence du niveau atteint par la puissance athénienne. En 432, celle-ci ne peut plus être ignorée. Elle s’est concrétisée dans un décret excluant les Mégariens des ports de l’archè et du marché de l’Attique et fait suite à une interdiction similaire faite aux produits mégariens131. Cette décision est aux origines de la guerre du Péloponnèse. Elle donne tout son sens à l’affirmation de Thucydide : « En fait, la cause la plus vraie est aussi la moins avouée : c’est à mon sens que les Athéniens, en s’accroissant, donnèrent de l’appréhension aux Lacédémoniens, les contraignant ainsi à la guerre132. » Pour forcer une cité à entrer dans l’archè, même l’une des plus puissantes du monde grec, la force n’est plus nécessaire aux Athéniens, la famine qu’ils peuvent provoquer suffit. Les Corinthiens puis les Spartiates ne peuvent que se rendre à l’évidence. Ils doivent affronter Athènes ou bien devenir sujets de l’archè. Une fois la guerre déclenchée, la stratégie athénienne ne vise du reste pas à détruire l’adversaire, mais bien à l’affamer133. En 429, les Athéniens attaquent Kydonia, la cité crétoise qui bénéficie le plus des échanges commerciaux avec le sud134. En 427, suite à l’appel de Léontinoi, ils interviennent contre Syracuse « en réalité parce qu’ils voulaient que le Péloponnèse ne reçût pas de blé de là-bas et parce qu’ils faisaient un essai prélable pour voir s’il leur était possible de soumettre la situation en Sicile135 ». En 424, ils lancent une expédition contre Cythère qui « constituait, en effet, un mouillage pour les navires marchands en provenance d’Égypte et de Libye136 ». La grande expédition de Sicile, enfin, relève de la même stratégie comme l’exprime sans détour Alcibiade : « Que l’on ne s’imagine donc pas délibérer seulement sur la Sicile : il s’agit aussi du Péloponnèse137. »
39En somme, dans le discours cité au début de ce texte, le projet qu’énonce le stratège athénien n’est pas une élucubration, une exagération, mais bien l’aboutissement du projet athénien qu’il est possible de qualifier d’impérialiste138. L’archè athénienne est donc un empire. Elle couvre un espace aux frontières définies et protégées, un espace qui est organisé et centralisé autour d’Athènes et de son emporion du Pirée et qui s’inscrit dans une armature politique et fiscale. Certes, il n’est pas possible de qualifier l’archè de civilisation. Toutefois, la volonté d’appliquer aux cités membres de l’empire le statut de colonie athénienne, afin que, par ce biais, celles-ci se reconnaissent une filiation par rapport à Athènes, exprime le sentiment d’une unité qui dépasse la seule dimension politique139.
40S’il apparaît nettement que la finalité de l’archè ne saurait être réduite à la puissance et la gloire d’Athènes, s’accompagne-t-elle d’une volonté d’exploitation économique des cités ? Pour le dire autrement, l’empire se résume-t-il alors à une zone de domination au seul profit d’Athènes ? Certains éléments plaident pour une réponse affirmative. Le tribut, quel qu’en soit le montant, facilite le financement de la flotte et des expéditions militaires, même s’il ne le couvre pas en totalité. En dépit des accusations portées par les opposants à la domination d’Athènes – qu’ils soient Athéniens ou non –, il n’a toutefois pas financé les constructions publiques athéniennes140. Son bénéfice est donc limité. En revanche, il semble bien que les activités commerciales athéniennes aient connu une forte croissance au cours de la deuxième moitié du ve siècle, en relation avec l’accroissement de leur domination sur l’Égée et les Détroits. Il n’y a là nul hasard mais bien une volonté délibérée. S’il est indubitable qu’Athènes bénéficie de l’empire, qu’en est-il des Athéniens ? Ils profitent assurément des distributions de terres confisquées aux alliées. Entre 450 et 440, quatre mille Athéniens reçoivent un lot dont la valeur équivaut au cens de l’hoplite.
41Mais les cités alliées doivent être aussi considérées comme des bénéficiaires de l’empire. Pour une somme modique au moins jusqu’en 425/4 – plus des deux tiers d’entre elles versent un tribut faible équivalent à la construction d’une trière –, elles reçoivent la protection militaire d’Athènes. Elles accèdent de même librement à l’espace placé sous l’autorité athénienne. Si les échanges sont polarisés par le Pirée, ils n’en bénéficient pas moins à l’ensemble des cités de l’archè. Mais tout dépend du bon vouloir athénien comme le rappelle un ambassadeur corinthien au moment des négociations à Sparte qui précèdent le déclenchement de la guerre du Péloponnèse : « Tous ceux d’entre nous qui ont déjà été en relation avec Athènes n’ont pas besoin qu’on leur fasse la leçon pour être sur leurs gardes ; quant à ceux qui sont établis plus vers l’intérieur, en dehors des voies maritimes, ils doivent savoir que, s’ils ne défendent pas les gens de la côte, ils auront plus de mal à écouler leurs produits saisonniers et, inversement, à se procurer en échange ce que la mer fournit au continent141. »
42La défaite athénienne de 404 et la fin de l’empire surviennent lorsque les Spartiates et leurs alliés adoptent la stratégie de leurs adversaires. Ils cherchent et réussissent à tarir l’origine des ressources d’Athènes en occupant Décélie sur les conseils d’Alcibiade142. Pourtant, les Athéniens parviennent encore à assurer le ravitaillement de leur cité143. Ce n’est qu’après plusieurs années de combats incertains que Sparte remporte la victoire. Celle-ci s’explique par l’action d’un homme, Lysandre, qui a su doter les Spartiates d’une flotte et par les nouveaux revenus obtenus grâce à l’alliance avec les Perses. Dès le début du ive siècle, dans les années 390, les Athéniens tentent de reconstruire leur archè. Mais les réticences s’expriment très vite. Lorsqu’Athènes retrouve une part de sa puissance perdue un peu plus tard, elle fait face au rappel de ses exactions passées et s’engage à ne jamais recourir aux méthodes du passé144. Pour beaucoup, l’impérialisme athénien doit être condamné, car il est responsable de l’abaissement de la cité145. Cette hostilité de la part des Grecs n’est pas sans expliquer l’impossible reconstruction de l’archè. L’empire athénien disparaît donc en 404, mais il marque suffisamment les consciences pour que son fantôme hante longtemps les esprits146.
Notes de bas de page
1 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 6.90.2-4 (trad. CUF modifiée). La volonté de vaincre également Carthage est mentionnée dans un passage précédent (6.15).
2 Sirinelli J.-Fr. et Duverger M., « Présentation », Tulard J. (dir.), Les empires occidentaux de Rome à Berlin, Paris, PUF, 1997, p. 3.
3 Ibidem, p. 5.
4 Finley M., « L’empire athénien : un bilan », Id., Économie et société en Grèce ancienne, Paris, La Découverte, 1984, p. 60.
5 Tulard J., « Introduction », Id. (dir.), op. cit., p. 9-14.
6 Ibidem, p. 11.
7 Ibid.
8 Ibid.
9 Ibid., p. 12.
10 Cf. les réflexions de Rose P. W., « Theorizing Athenian Imperialism and the Athenian State », Falkner Th. M., Felson N., Konstan D. (dir.), Contextualizing Classics. Ideology, Performance, Dialogue, Lanham-Oxford, Rowman et Littlefield Publishers, 1999, p. 19-39.
11 Cf. Kallet-Marx L., Money, Expense, and Naval Power in Thucydides’ History 1-5.24, Berkeley-Los-Angeles-Londres, University of California Press, 1993, p. 7-8.
12 Finley M., op. cit., p. 78. Citons également Raaflaub K. A., « Democracy, Power, and Imperialism in Fifth-Century Athens », Euben J. P., Wallach J. R. et Ober J. (dir.), Athenian Political Thought and the Reconstruction of American Democracy, Ithaque-Londres, Cornell University Press, 1994, p. 135 : « We have to conclude, therefore, that economic motives played an important but probably not primary role ; they certainly seem to have been less dominant than we moderns tend to expect on the basis of more recent experiences ».
13 Cf. Osborne R., « Archeology and the Athenian Empire », TAPhA, 129, 1999, p. 319-332.
14 Nous laissons de côté la question de sa prolongation après 478.
15 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.96.1 (trad. CUF). 16.
16 Hérodote, Enquête, 7.139.1-4.
17 Hérodote, Enquête, 8.112.
18 Sur le choix de Délos, cf. en dernier lieu Tuplin Chr. J., « Delian Imperialism », APXAIOГNΣΩIA, 13, 2005, p. 12-15 qui souligne l’ importance de la dimension géographique à côté de la dimension ionienne plus fréquemment évoquée par les historiens contemporains.
19 Sur le déroulement de la cérémonie, cf. Ps-Arstt, Ath. pol., 23.5 et Plutarque, Aristide, 25.1.
20 Hérodote, Enquête, 9.106.4. Cette hypothèse est séduisante, mais à cette occasion les alliés ne constituent pas une nouvelle alliance. Une formule analogue se retrouve dans le serment prêté par les Érythréens (IG, I3, 14.23-24). Le rapprochement établi toutefois par Meiggs R., The Athenian Empire, Oxford, Clarendon Press, 1972, p. 45 (après Meiggs 1972) est aventureux car ce document s’inscrit dans un autre contexte, celui de la domination d’Athènes sur Érythrées.
21 Sur le tribut, cf. infra.
22 Ps-Arstt, Ath. pol., 23.5.
23 Cf. cependant Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.44.1, IG, I3, 89.28 et IG, I3, 118.17.
24 Cf. Pébarthe Chr., « Fiscalité, empire athénien et écriture : retour sur les causes de la guerre du Péloponnèse », ZPE, 129, 2000, p. 50-51 n. 36 (après Pébarthe 2000). L’autonomia n’est pas un concept bien défini au ve siècle. Elle résulte d’une négociation entre un hégèmôn et son allié.
25 Cf. infra.
26 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.96.1 (trad. CUF modifiée).
27 Kallet-Marx L., op. cit., p. 49 au sujet de Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.96.2 ; cette précision figure dans le texte même, avec l’alternance phoros/phora, cf. Hornblower S., A Commentary on Thucydides. Volume I : Books I-III, Oxford, Clarendon Press, 1997, p. 145.
28 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.96.2.
29 Cf. Hornblower S., op. cit., p. 145-146.
30 Cf. Nixon L. et Price S., « La dimension et les ressources des cités grecques », Murray M. et Price S. (dir.), La cité grecque d’Homère à Alexandre, Paris, La Découverte, 1992, p. 163-200.
31 Naxos, deux fois plus vaste que Paros, paie 6 talents et 4 000 drachmes contre 18 talents pour la seconde. Un autre exemple peut être ajouté. Égine et Thasos versent un tribut identique pour des superficies respectivement de 83 et de 380 kilomètres carrés, sans compter les possessions thasiennes sur le continent.
32 La négociation est un élément de l’autonomia des cités (Pébarthe 2000, 51-52).
33 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.96.1 (trad. CUF modifiée). Le terme grec traduit par « justification officielle » est proschèma.
34 Gomme A. W., A Historical Commentary on Thucydides. Introduction and Commentary on book I, Oxford, Clarendon Press, p. 272.
35 Kallet-Marx L., op. cit., p. 43-47.
36 Sur le modèle de la Seconde Confédération athénienne de 377.
37 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 11.47.1.
38 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 3.11.4.
39 Plutarque, Aristide, 25.3.
40 Meiggs 1972, 48.
41 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 11.70.3-4.
42 IG, I3, 269.12.
43 Hérodote, Enquête, 8.93.1.
44 Hérodote, Enquête, 2.178.3 et 7.147.2.
45 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 11.70.2-3. Comme le souligne Green P., Diodorus Siculus Books 11-12.37.1. Greek History, 480-431 BC., The Alternative Version, Austin, University of Texas Press, 2006, p. 139 n. 269, Diodore compare la révolte éginète avec la révolte thasienne. Il ne faut donc rien en déduire en matière de datation. Il y eut une guerre contre les Éginètes, peut-être en 464/3 ou peut-être seulement quelques années plus tard. La puissance d’Égine lui permettait de résister longtemps à une attaque athénienne.
46 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 11.78.4 : ἠναγκάσθησαν εἰς τὴν Ἀθηναίων συντέλειαν καταταχθῆναλ. La συντελεία évoque aussi bien le paiement en monnaie du tribut, hypothèse que renforce la perte des soixante-dix trières par Égine évoquée par Diodore dans le même passage.
47 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.108.4.
48 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.95.4 (trad. CUF).
49 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 11.70.2 (trad. CUF) : ὁμοίως δὲ καὶ Aἰγινήτας ἀποστάντας. Il établit un parallèle (ὁμοίως), renforcé par le verbe ἀφίστημι, utilisé également pour qualifier la révolte de Thasos (Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.100.2).
50 Cf. Meiggs 1972, 56-58 sur la question de l’appartenance de cités chypriotes à la Ligue.
51 Hérodote, Enquête, 7.90.1, 8.68.2 et Eschyle, Perses, 891-892.
52 Meiggs 1972, 56.
53 Plutarque, Cimon, 12.5.
54 Au moment de la fondation, les cités alliées se situent en grande majorité dans l’Hellespont et en Ionie.
55 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.118.2 (trad. CUF modifiée).
56 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.98.4 (trad. CUF).
57 Soit dans les sources, l’archontat de Phédon, sans autre précision de la part du scholiaste d’Eschine, Contre Timarque, 2.34.
58 Ces textes ne nomment toutefois pas le vainqueur.
59 Plutarque, Cimon, 8.1 (trad. CUF).
60 Pour des raisons climatiques, les bois utilisés pour la construction des trières provenaient notamment de cette région.
61 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.98.2. La date est donnée par Plutarque, Thésée, 36.1.
62 La mention implicite d’un oikistès indique le statut de Skyros.
63 La prise de Skyros est également présentée comme une restitution puisque Thésée, roi mythologique athénien, y aurait été enterré. La découverte de la tombe par Cimon confirme l’intuition… Il est intéressant de constater que Thucydide néglige le facteur religieux et ne dit rien des ossements de Thésée alors que Plutarque affirme que Cimon dut la faveur du peuple à cette trouvaille. Le personnage de Thésée s’intègre bien au projet impérial athénien, en raison de sa composante ionienne.
64 Démosthène, Sur le traité avec Alexandre, 17.19 : « L’accord, vous le savez, garantit la libre navigation sur les mers à ceux qui reconnaissent la paix [la Ligue de Corinthe] et interdit à qui ce soit de l’entraver ou de capturer leurs bateaux ».
65 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 3.71.1 et 6.52.
66 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 4.118.5 (Paix de Nicias) et 8.56.4 (au moment des négociations entre Alcibiade, Tissapherne et les Athéniens).
67 Cf. Pébarthe 2000, p. 53.
68 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.98.3.
69 Hérodote, Enquête, 9.105 avec la remarque d’Hornblower S., op. cit., p. 151.
70 Hérodote, Enquête, 6.99.2, 8.66.2 et 8.112.1-2.
71 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.98.4 (trad. CUF).
72 Il importe peu de déterminer si le mot apparaissait dans le texte puisque l’autonomia « n’est pas un concept clairement défini [et qu’elle] est le fruit d’une négociation entre un hégèmôn et une cité sous son autorité » (Pébarthe 2000, 50). Thucydide (1.97.1) mentionne l’autonomie des cités alliées de façon explicite lorsqu’il décrit la situation antérieure à la formation de l’archè. S’il est possible qu’aucune clause n’ait garanti l’autonomia (en dernier lieu Hornblower S., op. cit., p. 147 et Pébarthe 2000, 48-57), une série de dispositions devaient définir les droits des alliés, notamment leur capacité à quitter la Ligue de Délos.
73 Hornblower S., op. cit., p. 150.
74 Meiggs 1972, p. 70-71.
75 Sur la relation entre autonomia et tribut, cf. Pébarthe 2000, p. 51-55.
76 Plutarque, Cimon, 12.1 (trad. CUF) ; cf. aussi Aristophane, Guêpes, 1097-1098.
77 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.100.2. Pour la justification d’une telle traduction, cf. Pébarthe Chr., « Thasos, l’empire d’Athènes et les emporia de Thrace », ZPE, 126, 1999, p. 131-154.
78 Cf. aussi Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 11.70.1.
79 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.101.3 (trad. Pébarthe Chr., op. cit., p. 132-135).
80 Cf. les options différentes défendues par Picard O., « Thucydide I.CI et le tribut de Thasos », REA, 100, 1998, p. 591-598 et par Pébarthe Chr., op. cit., auquel on peut ajouter Pébarthe 2000, p. 52 n. 52.
81 Pour un parallèle, cf. Xénophon, Helléniques, 1.3.9.
82 Cette chronologie n’est pas conforme à l’historiographie traditionnelle de l’empire athénien. Elle tient compte de nos précédents travaux (cf. notamment Pébarthe Chr., op. cit. et id. 2000). Elle justifie que nous n’accordions pas un développement particulier au transfert du Trésor de la Ligue à Athènes.
83 Pébarthe Chr., op. cit. et Id. 2000, p. 55-56.
84 Ps-Arstt, Ath. pol., 24.3. Cf. aussi Ps-Xénophon, Ath. pol., 1.19.
85 Balcer J. M., « Imperial Magistrates in the Athenian Empire », Historia, 25, 1976, p. 258.
86 Aristophane, Oiseaux, 1031-1035 avec Balcer J. M., op. cit., p. 263-264.
87 IG, I3, 14.13-16.
88 IG, I3, 34, 5-10.
89 Nous reprenons la conclusion de Balcer J. M., op. cit., p. 279.
90 IG, I3, 61. Sur un percepteur d’une taxe d’un vingtième à Égine, cf. Pébarthe 2000, p. 56-57.
91 Nease A. S., « Garrisons in the Athenian Empire », Phoenix, 3, 1949, p. 102-111.
92 Isocrate, Aréopagitique, 7.65.
93 Respectivement, Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.113.1 ; IG, I3, 40.76-79 ; Eupolis, Poleis, frg 247 K-A ; Aristophane, Guêpes, 235-237.
94 Par exemple Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.103.4 (Mégare), 1.115.3 (Samos)…
95 Cf. Pébarthe Chr., « Émigrer d’Athènes. Clérouques et colons aux temps de la domination athénienne sur l’Égée au ve siècle a.C. », Kaiser W., Moatti Cl. et Pébarthe Chr. (dir.), La mobilité des personnes en Méditerranée, colloque de Madrid (janvier 2004), Bordeaux, Ausonius (à paraître).
96 Ou bien ils se contentent de percevoir le loyer.
97 Cf. Pébarthe Chr., op. cit., 1999.
98 Rappelons qu’Athènes importait chaque année plus de la moitié des céréales que sa population consommait.
99 Pébarthe Chr., « La perception des droits de passage à Chalcis (IG I3 40, 446 a.C.) », Historia, 54, 2005, p. 91-92.
100 Cf. Pébarthe Chr., « Contrats et justice dans l’Empire athénien », Brun P. (dir.), Mélanges Pierre Debord, Bordeaux, Ausonius, 2007, p. 237-260.
101 IG, I3, 40.71-76 (trad. Brun P., Impérialisme et démocratie à Athènes. Inscriptions de l’époque classique, Paris, Armand Colin, 2005, p. 42 n° 12). Cf. Balcer J. M., The Athenian Regulations for Chalkis. Studies in Athenian Imperial Law, Wiesbaden, Steiner, 1978, p. 102-118.
102 Ibidem, p. 119-144 et, en dernier lieu, Forsdyke S., Exile, Ostracism, and Democracy. The Politics of Expulsion in Ancient Greece, Princeton, Princeton University Press, 2005, p. 223-226.
103 Will E., Le monde grec et l’Orient. Tome I : Le ve siècle (510-403), Paris, PUF, 1989, p. 194-201.
104 Ibidem, p. 200.
105 Cf. Pébarthe Chr., op. cit.
106 Cette vision est développée par Forsdyke S., op. cit., p. 205-239.
107 Cf. Pébarthe 2000, p. 70-71.
108 Nous choisissons délibérément de ne pas aborder la question du décret sur l’usage de la monnaie, des poids et mesures athéniens au sein de l’archè (IG, I3, 1453), non pas tant en raison des incertitudes qui pèsent sur sa datation et sur la compréhension générale du texte qu’en raison du fait qu’il résulte, selon nous, de l’empire et de l’impérialisme sans en être lui-même une étape.
109 Cf. Erickson Br., « Archaeology of Empire : Athens and Crete in the Fifth Century B.C. », AJA, 109, 2005, p. 619-663.
110 Arstt, Pol., 2.10.3-4.1271b32s. (trad. CUF).
111 Cf. Csapo E., « An International Community of Traders in Late 8th-7th c. B.C. Kommos in Southern Crete », ZPE, 88, 1991, p. 211-216 et Id., « A Postscript to ‘An International Community of Traders in Late 8th-7th c. B.C. Kommos in Southern Crete », ZPE, 96, 1993, p. 235-236.
112 La destruction de l’empire assyrien aurait eu pour conséquence une reconfiguration des routes.
113 Erickson Br., op. cit., p. 627-636.
114 Cyrène, Tocra et Naucratis ont révélé la présence de céramique laconienne et corinthienne.
115 Hérodote, Enquête, 3.59.
116 Erickson Br., op. cit., p. 657 : « The most promising line of inquiry posits a correlation between fluctuations in Cretan overseas contacts and the economy of the Athenian empire. » Il y voit une hypothèse de travail. Nous pensons au contraire qu’il est possible d’avancer un certain nombre d’éléments pour valider cette hypothèse (cf. Pébarthe 2000).
117 Nous n’en connaissons qu’un avenant (IG, I3, 10).
118 Cf. Zimmerman Munn M. L., « Corinthian Trade with the Punic West in the Classical Period », Bookidis N. et Williams Ch. K. (dir.), Corinth. Vol. 20 : The Centenary 1896-1996, Athènes, American School of Classical Studies at Athens, p. 195-217 dont nous reprenons ici les principales conclusions.
119 Deux rivières proches offraient des ressources en poisson et les embouchures sont des lieux de pêche privilégiés aussi bien pour les dorades que pour le thon.
120 Ibidem, p. 206-207.
121 Gadès et son poisson sont cités par Eupolis dans une pièce datant de 421 (Marikas, frg 199 K-A). Pour d’autres références, cf. Zimmerman Munn M. L., op. cit., p. 209.
122 L’hypothèse est faite par Ibidem, p. 209.
123 Il n’y a plus lieu aujourd’hui d’envisager l’existence d’un blocus carthaginois : cf. Ibid., p. 211 ; cf. aussi Bresson A., « Les accords romano-carthaginois », Moatti Cl. (dir.), La mobilité des personnes en Méditerranée de l’Antiquité à l’époque moderne. Procédures de contrôle et documents d’identification, Rome, École Française de Rome, 2004, p. 656-659 notamment.
124 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.44.3 (trad. CUF).
125 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.40.5 : « Nous avons […] soutenu ouvertement la thèse que chacun devait punir seul les ressortissants de son alliance » (trad. CUF).
126 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.40.4.
127 C’est l’hypothèse que nous avons retenue dans Pébarthe 2000.
128 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.56.2.
129 Ps-Xénophon, Ath. pol., 2.11-12 indique que « la construction de bateaux peut être empêchée, soit en interdisant la vente des matériaux stratégiques à des cités considérées par les Athéniens comme dangereuses ou bien en prévenant les cités possédant des flottes qu’en cas de fourniture de matériaux stratégiques, Athènes leur interdirait l’accès à la mer » (trad. Cl. Leduc).
130 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.71.4 ne nous semble pas faire référence à une alliance avec Argos. Le parallèle avec la situation postérieure à la Paix de Nicias ne nous paraît pas recevable.
131 Pébarthe 2000, p. 64-72.
132 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.23.6 (trad. CUF).
133 Avec comme corollaire la protection de leurs propres routes commerciales. Ainsi, au cours de l’hiver 430-429, les Athéniens envoient six navires en Carie et en Lycie sous l’autorité du stratège Mélésandros, « afin d’exiger des paiements et d’empêcher que la piraterie des Péloponnésiens n’utilise cette base pour porter atteinte au trafic des cargos venant de Phasélis, de Phoinikè et du reste de la côte » (Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 2.69.1 [trad. CUF modifiée]).
134 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 2.85.5.
135 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 3.86.4 (trad. CUF).
136 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 4.53.3 (trad. CUF). Ce passage n’invalide en rien la thèse d’Erickson Br., op. cit. sur la rupture des importations entre l’Égypte et la Cyrénaïque d’une part et le Péloponnèse d’autre part.
137 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 6.91.4 (trad. CUF).
138 Cette volonté d’expansion de l’empire, sans limite autre que le monde grec, est à mettre en relation avec la polypragmosynè athénienne, un activisme forcené qui n’a d’autres finalités qu’acquérir toujours plus (par exemple Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.70.7-8, 1.73.1).
139 Cf. Pébarthe Chr., « Émigrer d’Athènes. Clérouques et colons aux temps de la domination athénienne sur l’Égée au ve siècle a.C. », Kaiser W., Moatti Cl. et Pébarthe Chr. (dir.), La mobilité des personnes en Méditerranée, colloque de Madrid (janvier 2004), Bordeaux, Ausonius (à paraître).
140 Cf. notamment Kallet-Marx L.,« Did Tribute Fund the Parthenon ? », CA, 8, 1989, p. 252-266, Giovannini A., « Le Parthénon, le trésor d’Athèna et le tribut des Alliés », Historia, 39, 1990, p. 129-148, Samons L. J., « Athenian Finance and the Treasury of Athena », Historia, 42, 1993, p. 129-138 et Giovannini A., « La participation des alliés au financement du Parthénon : aparchè ou tribut ? », Historia, 46, 1997, p. 145-157.
141 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.120.2 (trad. CUF).
142 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 6.91.6-7.
143 Xénophon, Helléniques, 1.1.35-36.
144 Cf. le texte de la Seconde Confédération athénienne de 377 (Brun P., Impérialisme et démocratie à Athènes. Inscriptions de l’époque classique, Paris, Armand Colin, 2005, p. 93-96 n°46 et Rhodes P. J. et Osborne R. (dir.), Greek Historical Inscriptions 404-323 b.C., Oxford, Oxford University Press, 2003, p. 92-105, n°22).
145 Il est probable qu’Aristote y voie un contre-modèle lorsqu’il affirme : « C’est, en effet, pour elle-même et non pour les autres qu’une cité doit se faire commerçante. Alors que les gens qui se mettent à la disposition de tout le monde pour servir de marché le font en vue d’un gain, une cité au contraire ne doit pas partager ce goût exagéré du profit, ni posséder une place commerciale de ce genre » (Arstt, Pol., 7.6.1327a27-31, trad. P. Pellegrin).
146 La formule est de Badian E., « The Ghost of Empire. Reflections on Athenian Policy in the Fourth Century B.C. », Eder W. (dir.), Die athenische Demokratie im 4. Jahrhundert v. Chr. Vollendung oder Verfall einer Verfassungsform ? Akten eines Symposiums 3-7 August 1992 Bellagio, Stuttgart, Steiner, 1995, p. 79-106.
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