Administrer une ville ingouvernable : Marseille (1938-1946)

1S’il est une différence entre Lyon et Marseille, elle réside assurément dans leur réputation réciproque. Peu de villes ont une image aussi forte que celle de la cité phocéenne et peu de villes vont le payer aussi cher pendant les années d’occupation. Elle est le premier port de France et de Méditerranée. Son territoire est très étendu, bien plus que celui de Lyon (23 000 ha pour 4 000). Sa population, bien que surestimée dans les recensements, n’en fait pas moins la deuxième ville de France avec près de sept cent mille résidents en 1941, dont plus de dix-sept mille réfugiés. C’est un pôle industriel plus important qu’il n’est souvent dit. Sa chambre de commerce est l’une des plus anciennes et des plus puissantes du pays. Sa bourgeoisie n’a pas grand-chose à envier en matière de patrimoine et d’influence à celle de métropoles comparables. L’Église catholique y tient partout des positions solides, notamment dans les riches quartiers sud. Cependant, prévaut déjà la « mauvaise rép