Administrer une ville ingouvernable : Marseille (1938-1946)

1 P. Amargier et P. Guiral, Histoire de Marseille, Paris, Mazarine, 1983, p. 312.

2 Un Provençal de l’intérieur comme Daladier ne peut porter qu’un regard méfiant sur Marseille, qui n’est pas vraiment considérée comme « provençale ». Tasso, d’origine italienne, est un homme du Vieux-Port, le quartier des pêcheurs. Il était sous-secrétaire d’État à la Marine marchande dans le gouvernement Blum. Adversaire de Sabiani (qui contrôle les quartiers voisins), il a été élu en 1935, grâce au désistement du PCF. Pour Tasso comme pour les militants de gauche dont les noms vont suivre, nous renvoyons au Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français 1919-1939, Paris, cédérom, Éditions de l’Atelier.

3 Ces élections ont eu lieu les 5 et 12 février. La SFIO garde le siège de député aux législatives partielles de mars-avril 1939, mais en enregistrant de fortes pertes de voix.

4 Journal officiel de la République française, 21 mars 1939, rapport sur l’administration de Marseille. Il existait des projets de réorganisation antérieurs car il y avait longtemps que le « cas » de Marseille posait problème.

5 R. Mencherini, Midi rouge, ombres et lumières, t. I : Les années de crise, 1930-1940, Paris, Syllepse, 2009, p. 114.

6 Marseille, à la différence de Paris et Lyon, était restée dans le droit commun de la loi de 1884. En dépit de son étendue, elle n’était pas divisée en arrondissements comme Lyon et n’avait que 36 conseillers municipaux (54 à Lyon).

7 R. Mencherini, op. cit., p. 115.

8 R. Colombani et C.-E. Loo, C’était Marseille d’abord. Les années Defferre, Paris, Robert Laffont, 1992, p. 46.

9 Déposition devant le CDL des Bouches-du-Rhône, 26 septembre 1944.

10 Se succèdent comme préfets régionaux André Viguié, Max Bonnafous (ministre de l’Agriculture et du Ravitaillement en avril 1942), Joseph Rivalland (ancien secrétaire général de la Police). L’intendance de police est aux mains d’officiers de marine Action française.

11 Il est à la tête de l’un des trois courants qui divisent la Fédération d’alors. Il a rompu avec Tasso après son échec aux sénatoriales de 1938.

12 Dont le président, Antoine Boude, sera membre du Conseil national. Comme Émile Régis, son successeur, il a été président de La Défense qui, depuis 1869, rassemble les principales dynasties économiques de la ville.

13 Revue Marseille, n^o 17, avril 1941, « Marseille porte de la France », p. 42.

14 Nombreux témoignages à ce sujet, par exemple Pierre Mendès-France qui y passe après son évasion de la prison de Clermont-Ferrand (Liberté, liberté chérie, 1^e édition, New York, Didier, 1943).

15 J.-L. Bonillo, La reconstruction de Marseille 1940-1960, Marseille, Éditions Imbernon, 2008, p. 55.

16 « La lutte contre les taudis dans le programme des grands travaux de la ville de Marseille », Revue Marseille, n^o 19, août-octobre 1941, p 2-8. Le même numéro contient un article d’Henri Ripert sur « Les taudis », p. 9-15.

17 Louis Gillet, historien de l’art et de la littérature, est alors replié à Marseille. Son article et cette citation sont utilisés par l’hebdomadaire de propagande Signal, n^o 7, avril 1943.

18 A. Rosenberg, Le mythe du XX^e siècle : bilan des combats culturels et spirituels de notre temps, Paris, Déterna, 1999, p. 96.

19 Ces actions sont le fait des FTP-MOI, voir G. Georges-Picot, L’innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence 1940-1944, Paris, Éditions Tirésias, 2000.

20 Le quartier Saint-Jean, habité par une population d’origine italienne, est l’un des quartiers historiques de la ville. La mairie a été l’un des rares bâtiments préservés.

21 C. Oppetit et al., Marseille, Vichy et les nazis. Le temps des rafles. La déportation des Juifs, Marseille, Amicale des déportés d’Auschwitz et des camps de Haute-Silésie, 1993, p. 31.

22 R. Mencherini, op. cit., p. 283 : Rivalland refuse de placer la police française sous leurs ordres, de livrer des otages et de procéder à de larges arrestations (deux mille).

23 J.-L. Bonillo, op. cit., p. 65 et suiv.

24 « Marseille conservera la façade du Vieux-Port », article imposé à la presse le 7 février (André Négis, Marseille sous l’Occupation, Marseille, Éd. du Capricorne, 1947, p. 67). L’édition française de Signal (n^o 7, avril 1943) consacre un long article laudateur à « la plus grande rafle du monde ».

25 J.-L. Bonillo, op. cit., p. 66.

26 « L’urbanisme à Marseille en 1943 », Revue Marseille, n^o23, août 1943, p. 19-26.

27 Barraud, mis en accusation (avec le conseil municipal), se défend en publiant une sorte de mémoire en défense sur le sujet.

28 Lemoine devient secrétaire d’État à l’Intérieur en décembre 1943. Bussières meurt en déportation.

29 La première cour martiale, réunie, peu après leur création par la loi du 20 janvier 1944, à la prison marseillaise des Baumettes, condamne à mort de façon expéditive un jeune FTP. Andrieu, qui a accepté de la mettre en place, démissionne le jour de son exécution, le 26 janvier, estimant incompatibles ses fonctions et la désignation de ce tribunal d’exception. Il est alors interné à Saint-Paul d’Eyjaux.

30 AD BDR, 58W22, dossier de procédure Paneboeuf.

31 Ce KdS vient de faire l’objet de la thèse de G. Vieira, La répression de la Résistance par les Allemands à Marseille et dans sa région (1942-1944), université d’Aix-Marseille, 2013.

32 M. Chevance-Bertin, Vingt mille heures d’angoisse, Paris, Robert Laffont, 1990, p. 99.

33 Sur la distinction d’avec les « résistants socialistes », notre contribution « Les socialistes. Un comportement politique », in L. Douzou, R. Frank, D. Peschanski et D. Veillon (dir.), La Résistance et les Français : villes, centres et logiques de décision, Paris, IHTP, 1995, p. 381-396.

34 P. et M. Massenet, Journal d’une longue nuit 1940-1944, Paris, Fayard, 1971, p. 215. P. Massenet devient préfet du Rhône en 1949.

35 Sur ce mouvement, la notice dans F. Marcot et al. (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, Paris, Robert Laffont, 2006, p. 725.

36 Le Mouvement de libération nationale (MLN) est le nouveau nom des MUR et les Corps francs de la libération (CFL), celui de l’Armée secrète. Les états-majors des Forces françaises de l’intérieur (FFI) sont dirigés par les chefs CFL. Les FFI rassemblent théoriquement les CFL-FTP et l’Organisation de la résistance de l’armée (ORA), mais n’existent de fait qu’au niveau des états-majors (régional et, en théorie, départementaux).

37 Le MLN accepte de n’avoir qu’un seul représentant au noyau actif en échange de la présidence du CDL (qui sera assurée par Leenhardt, le chef régional MLN étant blessé).

38 R. Aubrac, Où la mémoire s’attarde, Paris, Odile Jacob, 1996, p. 129.

39 Sur cette représentation, É. Témime, Histoire de Marseille de la Révolution à nos jours, Marseille, Jeanne Laffitte, 2012, p. 298-299.

40 C. de Gaulle, Mémoires de guerre. Le salut 1944-1946, Paris, Plon, 1959, p. 11-12.

41 R. Aubrac, op. cit., p. 138-139. Le premier arrêté est pris le 10 septembre ; quinze entreprises sont concernées. Voir R. Mencherini, La Libération et les entreprises sous gestion ouvrière. Marseille 1944-1948, Paris, L’Harmattan, 1994.

42 R. Aubrac, op. cit., p. 162.

43 Monmousseau, dont ses camarades se demandent ce qu’il a fait dans la clandestinité, a peu de soutiens locaux.

44 En même temps qu’il mène campagne sur le ravitaillement (Le Provençal, 11 août 1945 : « On mange mieux à Lyon qu’à Marseille »).

45 Minoritaire à Marseille aux municipales et aux cantonales, contesté par Ferri-Pisani revenu de déportation, Defferre entend refonder la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône qui a été dissoute.

46 Récit passionné et partisan dans J. Cristofol, Batailles pour Marseille, Jean Cristofol, Gaston Defferre, Raymond Aubrac, Paris, Flammarion, 1997. Seize arrondissements et onze quartiers sont créés, avec 63 conseillers municipaux. En revanche, les maires prévus pour les neuf arrondissements périphériques ne sont pas mis en place.

47 Avec 94 500 voix contre 35 300 à la SFIO et 56 200 au MRP. Le PC et la SFIO font liste commune au deuxième tour. Le conseil compte 42 communistes et 17 socialistes.