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Liturgie et société

 | 
Bruno Dumons
, 
Vincent Petit
, 
Christian Sorrel

Quatrième partie. La gouvernance ecclésiale à l’épreuve des réformes

La réforme liturgique au Québec

Gilles Routhier

Volltext

  • 1 Voir Laflèche Christine et Routhier Gilles, « Le mouvement liturgique au Québec : attentes et espé (...)
  • 2 Voir à nouveau Laflèche C. et Routhier G., loc. cit., et Serré S., « Les consultations préconcilia (...)
  • 3 Voir Allaire Patrick, « La consultation du clergé de Québec », in G. Routhier (dir.), L’Église can (...)
  • 4 Voir Routhier G., « The Canadian bishops and Vatican II’s Work on the Liturgy », Celebrate, 42, 4 (...)
  • 5 Sur la question de la recevabilité, voir Meyer H., « Les présupposés de la réception ecclésiale ou (...)
  • 6 Je renvoie aux études citées à la note 1.

1Au Québec, comme dans plusieurs autres pays, l’accueil de la réforme liturgique mise en avant par Vatican II a beaucoup bénéficié de la préparation des esprits réalisée par le mouvement liturgique préconciliaire et par les réformes entreprises avant le concile1. Il y avait donc non seulement une disponibilité, mais une véritable attente de la réforme liturgique à venir. Examinant la réception de Sacrosanctum concilium au Québec en regard de l’horizon d’attente des laïcs2 et du clergé3, voire des évêques eux-mêmes4, il n’est pas surprenant de constater qu’il y a des éléments qui se sont avérés immédiatement recevables5, d’autres qui ont manifesté d’emblée leur opportunité et leur pertinence, d’autres enfin qui se sont montrés moins immédiatement recevables. Le passage au vernaculaire, pour l’essentiel et si l’on excepte le canon de la messe, était chose déjà acquise dans les esprits, de même la réforme du bréviaire, la participation des fidèles à la liturgie, etc. Plus encore, on pourrait dire que la réforme liturgique était déjà amorcée à travers diverses initiatives prises immédiatement avant l’ouverture du concile6.

  • 7 Voir le mémoire de maîtrise de Mondou M., La réception de la constitution « De Sacra liturgia » de (...)

2Il importe en premier lieu d’observer cette réforme à plusieurs niveaux : au plan national, au plan diocésain et au plan paroissial. Alors que la réforme liturgique fait sentir principalement ses effets au plan paroissial, on observe que c’est à ce niveau que la mise en œuvre de la réforme a été le moins étudiée jusqu’à présent7. Par ailleurs, il faut de noter que l’expression générique « réforme liturgique » englobe plusieurs facettes et qu’elle peut être approchée par l’une ou l’autre d’entre elles. On pourrait examiner, par exemple, la production de normes qui initient et encadrent la réforme, la publication des livres liturgiques ou des textes officiels, l’information donnée aux fidèles et la formation des prêtres et des laïcs à la « nouvelle » liturgie, la production d’œuvres (architecture, musique et arts sacrés), la préparation des célébrations (les comités de liturgie, en particulier), enfin la vie liturgique elle-même ou la mise en œuvre des célébrations. On observera à nouveau que c’est cette dernière dimension qui a été la moins examinée, alors qu’il me semble qu’elle est la plus déterminante. En revanche, nous avons une littérature surabondante sur la production des normes et livres liturgiques.

  • 8 Bourdieu Pierre, « Le marché des biens symboliques », L’Année sociologique, 22 (1971), p. 49-126.
  • 9 Ibid., p. 56.

3Au plan théorique, on pourrait se représenter la mise en œuvre de la réforme liturgique à partir de la théorie des champs élaborée par Pierre Bourdieu pour décrire un processus de production des biens symboliques8. De manière schématique et en simplifiant le modèle de Bourdieu, la production de biens symboliques se structure à partir de l’opposition entre trois pôles : le pôle de légitimation, le pôle d’innovation et le pôle de reproduction. Il y a, d’une part, une opposition entre le champ de production restreinte (pôle d’innovation), constitué des producteurs de biens symboliques et des instruments visant leur appropriation, et d’autre part, entre le champ de production restreinte et de la grande production (ceux qui produisent des biens symboliques immédiatement destinés au grand public). Le champ de production restreinte (pôle d’innovation) se constitue à la suite d’une distanciation, voire d’une rupture, entre les créateurs (innovateurs ou activistes) et le grand public dont ils sont souvent issus. Le champ de production restreinte ne peut se constituer que s’il s’autonomise, c’est-à-dire s’il peut arriver à « produire et à imposer les normes de sa production et les critères d’évaluation de ses propres productions9 ». Cette production innovatrice s’impose alors parmi les autres productions traditionnelles avec lesquelles elle entre en conflit.

  • 10 Ibid., p. 122.
  • 11 Ibid., p. 70. Cette opposition/complémentarité est d’après Bourdieu du même type que celle que Web (...)

4Ce groupe innovateur ne peut toutefois imposer ses normes que si le champ de conservation (pôle de la légitimation) consacre ou avalise leurs productions qui deviennent alors des productions autorisées et légitimes. On est alors en présence d’une « annexion symbolique », suivant la terminologie de Bourdieu10. Cela ne va pas de soi puisqu’au point de départ, les innovations contestent les normes et le discours reçus, c’est-à-dire ce qui est légitime. Toutefois, il n’y a pas seulement une relation d’opposition entre ces deux champs, mais également un rapport de complémentarité puisque l’un légitime l’autre et vice-versa11. Une fois que les innovations sont légitimées, elles sont reproduites pour grande consommation, après avoir été retraduites et rendues acceptables au plus grand nombre. Il faut cependant prendre en compte une autre relation conflictuelle qui existe dans le champ de production et de circulation des biens symboliques, celle entre le pôle d’innovation et celui de la reproduction. Les biens symboliques produits par le groupe innovateur et légitimés par les autorités doivent être reproduits et assimilés par le grand public.

  • 12 Ibid., p. 60.
  • 13 Cf. Defois G., « La sociologie de la connaissance religieuse et théologie de la croyance », Le Sup (...)

5L’ensemble du champ se structure donc autour de ces deux conflits : d’une part, entre les innovateurs et le pôle de légitimité et, d’autre part, entre ceux qui produisent des biens symboliques pour le grand public et le groupe d’innovateurs qui occupent le champ de la production restreinte. Par ailleurs, on aura noté que le champ de production restreinte risque de devenir un champ clos puisqu’« il tend à refuser toute définition externe à sa fonction12 ». L’intervention du grand public, dont les principes d’évaluation sont différents, constitue toujours une menace pour lui. Cependant, le refus du grand public se manifeste rarement par une contestation explicite ; elle se traduit plus souvent « sous forme de consommation passive » ou par la création de pratiques parallèles non homologuées13. Quant au producteur situé dans le champ de la grande production, il entretiendra des relations ambivalentes avec le grand public et les instances de reproduction et de conservation puisqu’il est à cheval sur deux mondes à la fois.

6Nous avons cru qu’il était pertinent de faire usage de ce modèle compréhensif, sans toutefois en adopter tous les raffinements et toute la complexité. Il nous semblait possible, en effet, de répartir le domaine ecclésial en quatre champs regroupant des acteurs différents entretenant entre eux opposition et complicité : le pôle de légitimation (le concile, la conférence épiscopale, l’évêque diocésain), le pôle d’innovation (les promoteurs – spécialistes et activistes – du renouveau et de la réforme liturgique) le pôle de reproduction (les organismes diocésains et les curés des paroisses) et le grand public. Ce modèle semblait convenir à notre objet puisqu’il décrit ce qui se passe dans un groupe donné au moment de la production d’un bien symbolique. Or, la liturgie correspond tout à fait à la définition que donne Bourdieu d’un bien symbolique. Ce modèle théorique a également le mérite d’intégrer dans un même ensemble des positions contradictoires et il se montre capable d’assimiler un grand nombre de phénomènes. Enfin, il attire l’attention sur différents acteurs appartenant à un même univers, dans le cas, l’Église catholique saisie aussi bien au plan paroissial, diocésain ou national.

7Je commencerai mon étude en fixant mon attention sur le pôle d’innovation au cours de la période préconciliaire avant d’examiner l’action du pôle de légitimation, pour revenir à l’action du pôle d’innovation au cours de la période postconciliaire et pour terminer par le pôle de la reproduction. Ce faisant, je traverserai les trois niveaux dont je parlais plus haut (national, diocésain et paroissial) et aborderai les divers aspects sur lesquels j’ai attiré l’attention.

Le mouvement liturgique comme innovation

  • 14 Voir Bourdieu P., loc. cit., p. 56. La logique du processus d’autonomisation est analysée aux page (...)

8D’après Pierre Bourdieu, le champ de production restreinte des biens symboliques ne peut se constituer que par l’autonomisation progressive d’un corps de producteurs14, autonomisation résultant d’une rupture avec le public des non-producteurs et qui se poursuit jusqu’à ce que ce groupe soit en mesure d’imposer les normes de sa production qui sont légitimées par l’autorité compétente et reçue par le grand public. En somme, parmi les producteurs de biens symboliques, un groupe se différencie et devient de plus en plus autonome, finissant par obtenir l’exclusivité de la production.

9Au Québec, au cours de la décennie qui précède Vatican II, un groupe d’activistes promoteurs du renouveau liturgique se différencie de plus en plus, jusqu’à s’autonomiser. Ce groupe, dont le noyau est formé par les chanoines réguliers de l’Immaculée-Conception, dispose d’une revue (Liturgie et vie chrétienne) mise sur pied en 1955, d’un regroupement en mesure de fédérer les forces dispersées et de permettre une action concertée, soit les deux commissions sacerdotales (une commission de pastorale liturgique et une commission d’art sacré) créées en 1955 par l’Assemblée des évêques de la Province civile de Québec, et d’un puissant moyen d’animation et de diffusion, les sessions de pastorale liturgique dont la première a lieu en 1956. Ce groupe d’activistes est très proche de la Commission épiscopale de liturgie et d’art sacré et représente en quelque sorte le groupe conseil de la commission épiscopale de pastorale liturgique (CEPL). Ce groupe a aussi ses antennes dans les grands séminaires et les facultés de théologie et est proche des mouvements de jeunes, en particulier de la JEC.

10L’action de ce groupe va acquérir une telle légitimité qu’il finira par détrôner le premier mouvement liturgique qui travaillait l’Église du Québec depuis le début des années 30 davantage orienté vers la culture du grégorien et animé par les bénédictins de Saint-Benoît-du-Lac et l’École de musique de l’Université Laval et dont l’organe officiel est la Revue Saint-Grégoire, publiée de 1949 à 1963 et dirigée par l’abbé Elzéar Fortier. Ce mouvement grégorien, doublé d’un mouvement d’apostolat liturgique, atteint son apogée au tout début des années 1950 et ne cessera de perdre du terrain par la suite, la disparition de la Revue Saint-Grégoire en 1963 sonnant sa disparition ou son intégration au second qui occupe désormais le devant de la scène.

11À la veille de Vatican II, les partisans du mouvement liturgique ont acquis une telle légitimité que le mouvement grégorien, sans avoir disparu, n’exerçait plus de leadership fort. La bataille ne s’était pas jouée sur le terrain de l’esthétique, mais sur celui de la langue vulgaire et de la participation active des fidèles. Ce sont ces deux critères qui ont déterminé les orientations des évêques au moment de la rédaction de leurs vota et consilia à la veille de Vatican II et qui vont déterminer ensuite leurs prises de position conciliaire.

  • 15 Ibid., p. 58-59 et 70-72.

12Pierre Bourdieu signale que la lutte pour le contrôle du champ de production restreinte s’exprime en termes d’orthodoxie, d’excommunication, de schisme et d’hérésie15. D’après lui,

  • 16 Ibid., p. 58.

« lorsque les différents producteurs s’affrontent, c’est encore au nom de leur prétention à l’orthodoxie […] et lorsqu’ils sont reconnus, c’est leur prétention à l’orthodoxie qui est reconnue. Comme en témoigne le fait que les oppositions ou les divergences s’expriment spontanément dans le langage de l’excommunication réciproque, le champ de production restreinte peut n’être jamais dominé par une orthodoxie sans jamais cesser d’être dominé par la question de l’orthodoxie, c’est-à-dire par la question des critères définissant l’exercice légitime d’un type déterminé de pratique culturelle16 ».

13C’est précisément cette lutte entre deux orthodoxies qui n’a pas eu lieu au Québec, si bien qu’il n’y a pas eu de cassure fracassante. La légitimation par l’épiscopat du mouvement de pastorale liturgique n’a pas conduit à l’exclusion pure et simple du mouvement grégorien, mais à la reconversion au service de la réforme liturgique postconciliaire des hommes du mouvement grégorien. Ils (dom Mercure et Elzéar Fortier, par exemple) seront les premiers producteurs de chant liturgique en langue française au Canada.

14Ainsi, un groupe de producteurs innovateurs s’autonomise au cours des années préconciliaires. Leur action n’est toutefois pas encore complètement légitimée au plan officiel, si bien que leur autorité demeure délimitée.

Le concile comme moment de légitimation

15Cette montée en puissance du mouvement de pastorale liturgique semble avoir été légitimée par les travaux conciliaires et ses conclusions qui s’expriment à travers la Constitution Sacrosanctum concilium.

  • 17 Voir Acta, appendix, respectivement p. 213, 144-145, 96-97 et 168-169. Voir aussi archives Coderre (...)

16La constitution était largement endossée par les évêques du Québec comme en témoignent leurs interventions tout au long de la discussion. Avant même l’ouverture du concile, quatre évêques envoient à Rome leurs réactions écrites au premier schéma. Il s’agit de M. Roy (Québec), L. Audet (auxiliaire à Québec), J.-M. Coderre (Saint-Jean de Québec) et B. Desrochers (Sainte-Anne-de-la-Pocatière)17. Dans les faits, seuls Coderre et Desrochers adressent des remarques significatives. Le premier propose notamment la possibilité de concélébrer lors d’assemblées de prêtres ; l’allègement du caractère onéreux du sacrement de pénitence, l’abrègement de l’office divin en fonction des obligations pastorales de la vie actuelle ; la valorisation de la participation active des fidèles. Pour sa part, Mgr Desrochers fait plusieurs observations au sujet de l’adaptation de l’office divin et sur l’usage de la langue vivante, spécialement au cours de la liturgie de la parole. Enfin, il propose que la réforme ne s’inspire pas simplement des traditions liturgiques romaines, mais fasse aussi appel à l’histoire qui témoigne d’autres formes.

  • 18 Document de trois pages, rédigé à la main (Archives conciliaires Martin, Séminaire de Nicolet, F27 (...)
  • 19 On verra d’une part Routhier G., « Les réactions du Cardinal Léger à la préparation de Vatican II  (...)
  • 20 On verra Routhier G., « Les vota des diocèses du Québec », in G. Routhier (dir.), L’Église canadie (...)

17Cela ne signifie cependant pas que les autres évêques n’aient pas étudié attentivement le schéma qui leur était proposé. On trouve des analyses du schéma sur la liturgie dans les archives conciliaires de Mgr Martin18, mais surtout dans celles du cardinal Léger19. Tous souhaitent vivement la réforme de la liturgie, comme en témoignaient leurs vota et consilia préconciliaires20.

18Deux évêques du Québec s’exprimèrent in aula au moment de la discussion sur la liturgie : Léger (trois interventions) et Roy (une intervention). Ce sont de loin les interventions de Léger qui ont le plus de portée, en particulier celle traitant de la réforme du bréviaire. Un autre devait se distinguer en raison de sa contribution conciliaire en matière liturgique. Il s’agit de Mgr Albertius Martin (Nicolet), élu membre de la commission conciliaire sur la liturgie et, par la suite, président de la sous-commission responsable du chapitre iv de la Constitution portant sur l’office divin.

19Si certains peuvent se montrer plus tièdes, on ne trouve pas d’opposition ouverte à la réforme liturgique dans l’épiscopat du Québec, pas même chez Mgr Cabana qui est sans doute à ce chapitre conseillé par Mgr Martin à qui il fait totalement confiance. Le concile et les prises de position des évêques du Québec légitiment donc complètement ce groupe de producteurs innovateurs qui sont désormais autorisés à agir en faveur de la réforme liturgique.

  • 21 Première ordonnance de l’Épiscopat canadien pour l’application de la Constitution De Sacra Liturgi (...)
  • 22 En plus de quelques annexes fournissant des matériaux liturgiques, ce numéro spécial du « Bulletin (...)

20La première réception de la réforme liturgique procède à partir d’un modèle bien réfléchi, les évêques souhaitant agir de manière collégiale et avancer de façon coordonnée, si bien qu’il ne se développe pas de légitimités concurrentes ou opposées. L’épiscopat canadien comme corps prend le leadership de la réforme. Il publiera quatre ordonnances sur la liturgie entre 1964 et 196521 et une lettre pastorale (21 décembre 1964) alors que la Commission épiscopale de liturgie publiera une circulaire annonçant la mise en œuvre des premiers changements à la liturgie (6 décembre 1964), des directives sur la musique sacrée (21 décembre 1964) et des normes pratiques pour l’introduction de la langue vivante et l’aménagement de la célébration (21 décembre 1964). Enfin, au printemps 1964, l’épiscopat canadien consacrera deux journées (les 15-16 avril) de sa réunion plénière à discuter de la réforme liturgique. De même, il abordera à nouveau longuement la question à la plénière d’automne, en octobre de la même année. On le voit, l’épiscopat, comme corps, intervient de manière volontariste dans cette mise en œuvre. On a affaire à une avancée coordonnée, concertée, planifiée, dirigée. Le 21 décembre 1964, l’épiscopat publie l’ensemble des textes relatifs à la mise en œuvre de la réforme liturgique de manière à ce que tous les intervenants en liturgie disposent de la même information22. Cette première publication ouvre la voie à la création d’une revue, le Bulletin national de liturgie (1965) qui sera au plan national l’organe d’animation de la réforme liturgique au Canada.

Le champ de la production restreinte : experts et spécialistes de tous ordres

21Nous l’avons vu, par étapes successives, un groupe d’innovateurs, experts et activistes, s’affirment de plus en plus comme les seuls capables de produire et d’imposer aux autres groupes les normes de leur propre production. Le concile a semblé légitimer leur production. Reste alors à imposer leurs productions au grand public ou au champ de la grande production.

  • 23 Suivant les dispositions de l’instruction Inter oecumenici (articles 44 et 45), cette commission é (...)
  • 24 Bulletin de la Commission Nationale de Liturgie (BCNL), février 1965, p. 1.
  • 25 BCNL, février 1965, p. 10-13.
  • 26 La CNL publie dans son bulletin les chants notés de l’ordinaire déjà approuvés (BCNL, février p. 3 (...)
  • 27 Entre autres projets, on a celui de publier un ensemble de formulaires pour la prière des fidèles (...)
  • 28 BCNL, avril 1965, p. 47-91.

22En effet, derrière cette activité épiscopale, on retrouve les initiatives des activistes qui promeuvent la réforme liturgique. Outre les initiatives épiscopales, il faut donc souligner l’ensemble des entreprises mises sur pied par les Églises catholiques du Canada qui se sont donné des moyens pour réussir la réforme liturgique. Plusieurs organismes sont ainsi créés dont la Commission Nationale de Liturgie (CNL)23, en janvier 1965, et dont le mandat était de faciliter la mise en œuvre de la Constitution24. Celle-ci devait immédiatement encourager les artistes à composer des chants du propre et de l’ordinaire en français25 et collaborer à l’organisation d’ateliers de chant et de musique liturgique26. En février 1965, la CNL se propose d’élaborer des ouvrages qui faciliteraient la réception du renouveau liturgique par le clergé et les fidèles27. C’est encore la CNL qui transmet, dans son Bulletin, les ordonnances de la Commission épiscopale, de même que le nouvel Ordo missae et le Ritus servandus28.

  • 29 Ce nouvel organisme d’animation est le maître d’œuvre de sessions sur la liturgie, au Lac Bouchett (...)
  • 30 D’origine française, l’organisme favorisera la diffusion de la revue Église qui chante au Canada e (...)

23Par ailleurs, en février 1964, on met sur pied l’Action musicale liturgique, organisme qui jouera un rôle considérable au plan de la formation29 et, en août 1964, on assiste à la fondation de l’Association canadienne Saint-Ambroise (ACSA) pour le développement de la musique liturgique30. Au printemps 1965, le diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière publie le Livret des fidèles dont l’usage sera par la suite étendu à tous les diocèses. Cet instrument favorisera grandement la participation active des fidèles par le chant liturgique.

  • 31 Il organise des sessions de formation du 15 au 17 octobre 1963 à la Maison Montmorency (Québec) ; (...)
  • 32 En une année, 28 diocèses francophones au pays avaient fait appel à ces spécialistes pour accompag (...)

24Il ne faut pas négliger non plus l’important rôle d’animation joué, au cours de cette première étape de la réception, par différents organismes dont le Secrétariat national de pastorale liturgique créé par l’épiscopat en 196231, remplacé quelques années plus tard par l’Office national de liturgie. On pouvait également compter sur les « équipes volantes », composées d’experts et de spécialistes, créées par l’épiscopat canadien, pour répondre aux besoins de formation dans les différents diocèses32.

  • 33 L’appellation Bulletin de la Commission Nationale de Liturgie a été remplacée en septembre de la m (...)
  • 34 Membre de l’Académie pontificale de liturgie depuis 1956, consulteur de la Commission pré-concilia (...)
  • 35 SRQ, 2 janvier 1964, p. 296, et 9 janvier 1964, p. 312.

25Les spécialistes s’activent également dans les revues dont le Bulletin de la Commission Nationale de Liturgie33, organe de communication officiel de la conférence épiscopale en matière liturgique, le bulletin mensuel Documentation Liturgique du rédemptoriste Marcel Dubois34, Liturgie et vie chrétienne publiée par les Chanoines réguliers de l’Immaculée-Conception depuis 1955, et la nouvelle revue des dominicains, Communauté chrétienne35. Enfin, ils sont présents dans les diverses revues diocésaines.

  • 36 SRQ, 16 juillet 1964, p. 739-740.
  • 37 Au cours de ce congrès, la réforme liturgique fut abordée par Mgr Albertus Martin, évêque de Nicol (...)
  • 38 Un excellent rapport de la session fut rédigé dans la SRQ, 18 mars 1965, p. 480-489.
  • 39 EQ, 7 octobre 1965, p. 1040.

26On les retrouve également actifs dans les nombreuses sessions de formation organisées dans les divers diocèses et dans les universités qui offrent des cours de perfectionnement en liturgie. Ainsi, le Secrétariat National de Pastorale Liturgique de la CCC organisa du 1er au 3 septembre 1964 un congrès de pastorale liturgique au Grand Séminaire de Chicoutimi qui aborda plusieurs aspects de la réforme liturgique36. D’autres congrès ont lieu, au nombre desquels celui organisé par les Pères Carmes de Nicolet37 ou les deux sessions de liturgie organisées dans la région de Montréal, la première à Ville LaSalle en janvier 196538 et la deuxième sur la rive-sud de Montréal et qui avait pour thème « La célébration de l’eucharistie39 ».

  • 40 La faculté de théologie par son Institut de catéchèse offrait déjà depuis des années des cours pub (...)
  • 41 SRQ, 1er octobre 1964, p. 66.
  • 42 Ces sessions furent organisées par l’Association canadienne Saint-Ambroise et l’Action musicale li (...)

27La faculté de théologie de l’Université Laval a aussi offert des formations en liturgie au clergé et aux laïcs. Des cours publics en théologie40 furent offerts à l’automne 1964 sur le thème de la pastorale de la messe41. À l’été 1965, la Faculté organisa une école d’été sur la réforme liturgique et plus particulièrement sur le chant et la musique liturgique afin de répondre aux besoins liés à l’usage de la langue vernaculaire dans les célébrations42.

  • 43 Voir la prochaine section sur la formation.
  • 44 EQ, 30 septembre 1965, p. 1023-1024.

28La diffusion de la réforme liturgique se fait également à travers les lettres pastorales des évêques, les revues diocésaines, les sessions de formation, les récollections des prêtres43, les congrès ou les camps liturgiques44.

  • 45 On verra la neuvième session sur la prédication organisée par le Centre de pastorale des dominicai (...)
  • 46 Pour la présentation de la session, voir SRQ, 15 octobre 1964, p. 98-99 et pour son compte-rendu, (...)
  • 47 De même, voir respectivement SRQ, 2 avril 1964, p. 491 et SRQ, 28 mai 1964, p. 621-623.
  • 48 Ces semaines de liturgie pour le clergé se sont tenues à l’abbaye Saint-Benoît-du-Lac durant l’aut (...)
  • 49 SRQ, 19 novembre 1964, p. 207.
  • 50 SRQ, 26 novembre 1964, p. 210 ; SRQ, 3 décembre 1964, p. 227 ; SRQ, 10 décembre 1964, p. 246.

29La formation des prêtres est un autre élément important car la reproduction dans le champ du grand public des productions des spécialistes n’est garantie que par la formation des « cadres intermédiaires » ou des médiateurs culturels indispensables que sont les prêtres. Celle-ci porte d’abord sur la prédication comme en témoignent les sessions annuelles de formation du mois de décembre 1963 et 196445 ou les récollections sacerdotales, « Prédicateur de l’évangile » et « Allez, enseignez46 ! », tenues au diocèse de Québec en avril47 et octobre 1964. Les prêtres sont aussi invités à se familiariser avec l’homélie durant la « Semaine de Liturgie48 ». Suite à la récollection sacerdotale d’octobre 1964, plusieurs participants expriment le désir de participer à un travail d’équipe en vue de préparer l’homélie de chaque dimanche49 » ce qui conduit la Commission Diocésaine de Liturgie (CDL) à organiser des « Laboratoire sur l’homélie de chaque dimanche » qui rencontrèrent un vif intérêt50.

30L’introduction du français dans la célébration de la messe et des autres sacrements va bientôt modifier les thèmes de ces journées de formation. C’est bientôt la façon de célébrer qui évolue et qui est l’objet du « recyclage » des prêtres. Les récollections sacerdotales constituent toujours le moyen d’assurer cette formation comme l’indique le tableau suivant.

Date

Thème de la récollection

Avril 1964

Prédicateur de l’Évangile

Mai 1964

Mois de Marie et liturgie

Juin 1964

La messe, vie du prêtre

Octobre 1964

Allez enseigner

Novembre 1964

Théologie et spiritualité de la constitution sur la liturgie

Décembre 1964

Bible et liturgie

Janvier 1965

Le prêtre, la vie religieuse et la liturgie

Février 1965

Laboratoire : façon de célébrer

Mars 1965

Renouveau liturgique. Pédagogie nouvelle

Mai 1965

Présence liturgique de Marie

Novembre 1965

Célébrant dans l’assemblée liturgique

Tableau 1. – Liste des récollections sur la liturgie dans le diocèse de Québec, 1964-1965.

  • 51 Bourdieu P., « Le marché des biens symboliques », p. 74.
  • 52 Ibid., p. 74.

31D’après Pierre Bourdieu, « à mesure que le champ de production restreinte gagne en autonomie, les producteurs tendent, […], à se concevoir comme des producteurs de droit divin, […], c’est-à-dire comme auctores prétendant imposer une auctoritas qui ne reconnaît d’autre principe de légitimation qu’elle-même51 ». D’après ce même auteur, « cette relation d’opposition et de complémentarité qui s’établit entre le champ de production restreinte et les instances de conservation et de consécration constitue sans doute un des principes fondamentaux de la structuration du champ global de production et de circulation des biens symboliques52 ». Cela s’observe dans cas présent et la tendance observée à confondre l’autorité qui revient en propre aux évêques et l’autorité revendiquée par les spécialistes, illustre bien cette relation ambivalente entre les deux champs que décrit Bourdieu.

La réforme comme processus de reproduction

  • 53 Ibid., p. 54-55.
  • 54 Ibid., p. 57.

32D’après Bourdieu, le champ global « doit sa structure propre à l’opposition, […], entre, d’une part le champ de production restreinte […] et, d’autre part, le champ de grande production53 » ; et « que l’intervention du “grand public” est de nature à menacer la prétention du champ (de production restreinte) au monopole de la consécration54 ».

33Encore une fois, on a affaire ici à une relation ambivalente. D’une part, les innovateurs situés dans le champ de la production restreinte et qui veulent imposer leur production ont besoin des intermédiaires que représentent les curés ou les responsables diocésains. D’autre part, il leur faut s’assurer que leur production est reproduite et que ne se développe pas une autre production qui chercherait à son tour à s’autonomiser et à rechercher la reconnaissance du pôle de légitimation. Tout leur art consiste donc à favoriser la reproduction dans le champ du grand public, diocèses et paroisses.

  • 55 Pour la région de Charlevoix, voir SRQ, 11 juin 1964, p. 654-658 et EQ, 30 septembre 1965 p. 1023- (...)
  • 56 Bélanger Claude, « La Grande Mission Québec-Montmorency », SRQ, 2 juillet 1964, p. 705.
  • 57 SRQ, 21 janvier 1965, p. 341-342.
  • 58 EQ, 3 juin 1965, p. 727.
  • 59 EQ, 10 juin 1965, p. 741-743.
  • 60 Voir les propositions de la Constitution (44 et 45) sur les commissions nationale et diocésaine. C (...)

34Pour le diocèse de Québec, c’est à travers la grande mission diocésaine qui se déroule de 1964 à 1971 dans les diverses régions du diocèse que se forgent les cadres de la reproduction. En effet, la grande mission est l’occasion de mettre sur pied dans chacune des régions une commission de liturgie55, sur le même modèle que les commissions nationale et diocésaine, dont la tâche sera de « promouvoir une vie liturgique mieux comprise et en conformité avec la constitution conciliaire sur la liturgie56 ». Ces commissions régionales sont à l’origine de diverses initiatives dont l’ouverture d’un « Centre d’entraînement liturgique » à Clermont, pour les 20 paroisses de la région de Charlevoix, ou la formation et l’organisation des « équipes liturgiques » au plan paroissial. Au même moment, on met sur pied des comités Régionaux de Liturgie (CRL) dont l’objectif est d’« étudier les besoins de la région au point de vue liturgique et de susciter les initiatives susceptibles d’aider les paroisses et les institutions à se conformer aux directives de la Constitution et de l’Instruction sur la liturgie57 ». On créa ainsi autant de CRL que de régions pastorales. On observe aussi que, très rapidement, on veut organiser des équipes liturgiques dans toutes les paroisses du diocèse. En juin 1965, on inséra dans le feuillet paroissial un questionnaire à l’intention de ceux qui voulaient participer à une équipe liturgique paroissiale afin d’évaluer leurs besoins d’information et de formation58. Cette initiative fut suivie du témoignage d’une équipe liturgique de La Malbaie (circonscription de Charlevoix) qui relate son expérience dans l’organisation d’une équipe liturgique59. Tout en demeurant dans la ligne de ce qui est proposé par la Constitution sur la liturgie, on va ici bien au-delà de ce qu’elle recommande60.

  • 61 EQ, 29 juillet 1965, p. 858-862.

35Cela conduit la Commission diocésaine de liturgie à proposer les premières orientations sur la formation d’équipes liturgiques paroissiales61. En 1968, la Commission diocésaine et les différents conseils régionaux de liturgie identifient le besoin d’un moyen de communication afin de mieux former les intervenants dans le domaine liturgique. Cela conduit à la création de la revue Vie Liturgique. On y trouve de courts articles ainsi que des commentaires et des matériaux pour la liturgie dominicale. Son objectif principal est de fournir un instrument de travail aux membres des comités paroissiaux de liturgie.

  • 62 L’Association diocésaine des Servants d’Autel fut créée en janvier 1963 afin d’offrir des formatio (...)
  • 63 Alors que l’ADSA s’occupait de la formation des servants d’autel d’âge primaire ou de moins de 13 (...)

36Au plan paroissial, la formation concerne d’abord les servants d’autel. Leur formation relevait de l’Association Diocésaine des Servants d’Autel (ADSA)62 et se donnait dans le cadre de camps liturgiques organisés par la CDL et l’ADSA63, lieux de catéchèses liturgiques et de formation pratique. Plus largement, la formation des fidèles des paroisses se fit à travers le prône, les soirées de formation et le feuillet paroissial. Le P. Marcel Dubois contribua de façon quasi hebdomadaire aux feuillets paroissiaux de Montréal et de Québec en présentant les changements à venir dans la liturgie.

*

37La réforme liturgique au Québec s’est faite de manière assez paisible. D’une part, les prêtres et les évêques la désiraient, comme le montrent les consultations préconciliaires. D’autre part, la cohérence du champ ecclésial en facilita grandement la mise en œuvre. Comme on l’a vu, une fois la réforme annoncée, les évêques du Québec agirent de manière étroitement concertée, ce qui évita le double-discours et la tentation de se réclamer d’un évêque « dissident » pour justifier la désobéissance et les résistances. On ne pouvait pas y échapper en se réclamant d’une autre autorité. Par ailleurs, on observe des liens très étroits entre le pôle de légitimation (les évêques) et le pôle d’innovation composé des experts et activistes promoteurs de la réforme liturgique. Ceux-ci acquirent une légitimité immédiate et pouvaient se couvrir de l’autorité de l’assemblée épiscopale. De plus, il n’y a pas eu une forte concurrence dans le champ de la production restreinte. Les experts du mouvement grégorien s’intégrèrent au groupe de réformateurs ou disparurent, mais sans mener de combat. Il n’y avait donc pas rivalité dans le champ de la production restreinte. De plus, on observe une collaboration entre les experts situés dans le champ de la production restreinte et désireux d’imposer leur production et les curés ou responsables diocésains, situés dans le champ de la grande production. La mise sur pied d’une série d’initiatives et de moyens de diffusions et de formation a conduit à imposer rapidement une production « orthodoxe » qui a été immédiatement adoptée par les « cadres intermédiaires ». Restait alors à reproduire dans le grand public cette production, ce qui s’est fait sans trop de difficultés.

38Soulignons enfin qu’on n’observe pas beaucoup d’abus qui auraient pu inquiéter les responsables et bloquer toute cette mise en œuvre. Dans le diocèse de Nicolet, par exemple, où Mgr Martin tient un registre des abus, il n’en dénombre que deux au cours de la deuxième moitié des années 1960.

Anmerkungen

1 Voir Laflèche Christine et Routhier Gilles, « Le mouvement liturgique au Québec : attentes et espérances de l’aggiornamento conciliaire », in G. Routhier (dir.), Vatican II au Canada : enracinement et réception, Montréal, Fides, 2001, p. 129-162 et Routhier Gilles, « Les avents de la Constitution sur la Liturgie au Canada francophone », Questions liturgiques, vol. 87, no 4 (2006), p. 233-262.

2 Voir à nouveau Laflèche C. et Routhier G., loc. cit., et Serré S., « Les consultations préconciliaires des laïcs au Québec entre 1959 et 1962 », in G. Routhier (dir.), L’Église canadienne et Vatican II, Montréal, Fides (1997), p. 113-141. On verra aussi le mémoire de maîtrise de Serré S., « Les consultations préconciliaires au Québec », Université Laval, 1998, 186 p.

3 Voir Allaire Patrick, « La consultation du clergé de Québec », in G. Routhier (dir.), L’Église canadienne et Vatican II, p. 99-111 ; id., « La consultation du clergé des diocèses de Rimouski, Saint-Jean-de-Québec, Saint-Jérôme et Sherbrooke », in G. Routhier (dir.), Les Évêques du Québec (1962-1965) : Entre révolution tranquille et aggiornamento conciliaire, Québec, CIEQ, 2002, p. 4-11. Pour le diocèse de Montréal, voir Lafontaine Pierre, « L’enquête préconciliaire de l’archidiocèse de Montréal auprès du clergé : portrait d’une Église », in G. Routhier (dir.), L’Église canadienne et Vatican II, p. 81-98.

4 Voir Routhier G., « The Canadian bishops and Vatican II’s Work on the Liturgy », Celebrate, 42, 4 (2003), p. 11-14 et « Hopes for the preparatory period of Vatican II », Celebrate, 42, 3 (2003), p. 10-15.

5 Sur la question de la recevabilité, voir Meyer H., « Les présupposés de la réception ecclésiale ou le problème de la “recevabilité”. Perspectives luthériennes », Irénikon, 59, l (1986), p. 5-19.

6 Je renvoie aux études citées à la note 1.

7 Voir le mémoire de maîtrise de Mondou M., La réception de la constitution « De Sacra liturgia » de Vatican II, au niveau paroissial dans le diocèse de Québec, entre 1964 et 1967, université Laval, 2011. Je reprends ici à l’occasion certaines données mises à jour par ce chercheur.

8 Bourdieu Pierre, « Le marché des biens symboliques », L’Année sociologique, 22 (1971), p. 49-126.

9 Ibid., p. 56.

10 Ibid., p. 122.

11 Ibid., p. 70. Cette opposition/complémentarité est d’après Bourdieu du même type que celle que Weber analyse entre le prophète, le sorcier et le prêtre.

12 Ibid., p. 60.

13 Cf. Defois G., « La sociologie de la connaissance religieuse et théologie de la croyance », Le Supplément, 112 (1975), p. 118-119.

14 Voir Bourdieu P., loc. cit., p. 56. La logique du processus d’autonomisation est analysée aux pages 50-54, mais il en est plus largement question des p. 49-67.

15 Ibid., p. 58-59 et 70-72.

16 Ibid., p. 58.

17 Voir Acta, appendix, respectivement p. 213, 144-145, 96-97 et 168-169. Voir aussi archives Coderre EO 8, S7, D 2 (août 1962).

18 Document de trois pages, rédigé à la main (Archives conciliaires Martin, Séminaire de Nicolet, F277/H89/2). Ses remarques portent sur la langue vivante, notamment dans la récitation de l’office divin, la concélébration, la compétence des évêques en matière d’adaptation liturgique.

19 On verra d’une part Routhier G., « Les réactions du Cardinal Léger à la préparation de Vatican II », Revue d’histoire de l’Église de France, LXXX (1994), p. 281-302 et la Supplique Léger à Jean XXIII publiée in Brigitte Caulier et Gilles Routhier (dir.), Mémoires de Vatican II, Montréal, Fides, 1997, p. 93-115.

20 On verra Routhier G., « Les vota des diocèses du Québec », in G. Routhier (dir.), L’Église canadienne et Vatican II, Montréal, Fides (coll. « Héritage et projet », 58), 1997, p. 25-60.

21 Première ordonnance de l’Épiscopat canadien pour l’application de la Constitution De Sacra Liturgia (14-02-64) ; Deuxième ordonnance de l’Épiscopat canadien : l’emploi de la langue vivante dans la liturgie (21-12-64) ; Troisième ordonnance de l’Épiscopat canadien concernant l’emploi de la langue vivante dans la liturgie (01-04-65) ; Quatrième ordonnance de l’Épiscopat canadien concernant l’emploi de la langue vivante dans la liturgie (21-02-66).

22 En plus de quelques annexes fournissant des matériaux liturgiques, ce numéro spécial du « Bulletin » présente la Constitution sur la liturgie, le motu proprio Sacram liturgiam, l’Instruction du Consilium, les deux premières ordonnances de l’épiscopat canadien, sa lettre pastorale, ses directives sur la musique sacrée et ses normes pratiques pour l’introduction de la langue vivante.

23 Suivant les dispositions de l’instruction Inter oecumenici (articles 44 et 45), cette commission était formée de membres (3 évêques), de membres-adjoints (prêtres et laïcs) et de consulteurs (prêtres et laïcs).

24 Bulletin de la Commission Nationale de Liturgie (BCNL), février 1965, p. 1.

25 BCNL, février 1965, p. 10-13.

26 La CNL publie dans son bulletin les chants notés de l’ordinaire déjà approuvés (BCNL, février p. 3-9) et propose de nouveaux chants liturgiques du missel romain (BCNL, mars 1965, p. 31-42)

27 Entre autres projets, on a celui de publier un ensemble de formulaires pour la prière des fidèles et un livret pastoral pour la semaine sainte.

28 BCNL, avril 1965, p. 47-91.

29 Ce nouvel organisme d’animation est le maître d’œuvre de sessions sur la liturgie, au Lac Bouchette à l’été 1964 (24-30 juin), à Sainte-Anne de la Pocatière et à l’université Laval, les deux étés subséquents.

30 D’origine française, l’organisme favorisera la diffusion de la revue Église qui chante au Canada et verra à l’organisation de sessions de formation en chant et musique liturgique.

31 Il organise des sessions de formation du 15 au 17 octobre 1963 à la Maison Montmorency (Québec) ; du 19 au 22 janvier 1965 à Ville LaSalle (Montréal) et du 19 au 21 octobre 1965 à Châteauguay (Montréal).

32 En une année, 28 diocèses francophones au pays avaient fait appel à ces spécialistes pour accompagner leurs premiers pas dans la réforme liturgique.

33 L’appellation Bulletin de la Commission Nationale de Liturgie a été remplacée en septembre de la même année par le Bulletin National de Liturgie (BNL).

34 Membre de l’Académie pontificale de liturgie depuis 1956, consulteur de la Commission pré-conciliaire pour la liturgie, Marcel Dubois est consulteur du Consilium à partir de 1965. Son bulletin mensuel était une initiative privée. À la suite de la promulgation de la constitution sur la liturgie en 1963, la plus grande partie de ce mensuel de plus de 100 pages est consacré à l’explication de la Constitution de même qu’à une certaine vulgarisation. Il reproduit aussi certains articles sur la Constitution en provenance de l’étranger.

35 SRQ, 2 janvier 1964, p. 296, et 9 janvier 1964, p. 312.

36 SRQ, 16 juillet 1964, p. 739-740.

37 Au cours de ce congrès, la réforme liturgique fut abordée par Mgr Albertus Martin, évêque de Nicolet, secrétaire de la Commission épiscopale de pastorale liturgique, membre de la Commission Conciliaire sur la liturgie et, par la suite, membre du Consilium. Un atelier avait pour thème le renouveau du chant liturgique (SRQ, 16 juillet 1964, p. 738).

38 Un excellent rapport de la session fut rédigé dans la SRQ, 18 mars 1965, p. 480-489.

39 EQ, 7 octobre 1965, p. 1040.

40 La faculté de théologie par son Institut de catéchèse offrait déjà depuis des années des cours publics en théologie. À la suite de la promulgation de la Constitution sur la liturgie, elle orienta plusieurs de ses cours publics sur la réforme liturgique.

41 SRQ, 1er octobre 1964, p. 66.

42 Ces sessions furent organisées par l’Association canadienne Saint-Ambroise et l’Action musicale liturgique, en collaboration avec la Commission nationale de liturgie et la faculté de théologie de l’Université Laval. Un bloc d’ateliers fut offert sur la prédication, Un important bloc d’ateliers était consacré à la musique liturgique avec des ateliers sur le chant liturgique, le chant choral, le chant en français et l’utilisation de l’orgue en liturgie.

43 Voir la prochaine section sur la formation.

44 EQ, 30 septembre 1965, p. 1023-1024.

45 On verra la neuvième session sur la prédication organisée par le Centre de pastorale des dominicains de Montréal (décembre 1963). La dixième session d’étude sur la prédication a pour thème « Année liturgique et prédication ».

46 Pour la présentation de la session, voir SRQ, 15 octobre 1964, p. 98-99 et pour son compte-rendu, SRQ, 19 novembre 1964, p. 202-204.

47 De même, voir respectivement SRQ, 2 avril 1964, p. 491 et SRQ, 28 mai 1964, p. 621-623.

48 Ces semaines de liturgie pour le clergé se sont tenues à l’abbaye Saint-Benoît-du-Lac durant l’automne de 1964 (SRQ, 13 août 1964, p. 802).

49 SRQ, 19 novembre 1964, p. 207.

50 SRQ, 26 novembre 1964, p. 210 ; SRQ, 3 décembre 1964, p. 227 ; SRQ, 10 décembre 1964, p. 246.

51 Bourdieu P., « Le marché des biens symboliques », p. 74.

52 Ibid., p. 74.

53 Ibid., p. 54-55.

54 Ibid., p. 57.

55 Pour la région de Charlevoix, voir SRQ, 11 juin 1964, p. 654-658 et EQ, 30 septembre 1965 p. 1023-1024 pour la région de Portneuf.

56 Bélanger Claude, « La Grande Mission Québec-Montmorency », SRQ, 2 juillet 1964, p. 705.

57 SRQ, 21 janvier 1965, p. 341-342.

58 EQ, 3 juin 1965, p. 727.

59 EQ, 10 juin 1965, p. 741-743.

60 Voir les propositions de la Constitution (44 et 45) sur les commissions nationale et diocésaine. Cela n’est pas sans lien avec ce que met en avant la Constitution (19) sur la formation des fidèles et la participation active.

61 EQ, 29 juillet 1965, p. 858-862.

62 L’Association diocésaine des Servants d’Autel fut créée en janvier 1963 afin d’offrir des formations aux jeunes qui désiraient servir aux différents offices paroissiaux (SRQ, 20 février 1964, p. 402-403).

63 Alors que l’ADSA s’occupait de la formation des servants d’autel d’âge primaire ou de moins de 13 ans, la CDL s’occupait de la formation des jeunes de niveau collégial et des adultes.

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