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L'entreprise en restructuration

 | 
Claude Didry
, 
Annette Jobert

Première partie. Regard historique sur les restructurations en France

La crise des années 1930 dans l’industrie française : les ouvriers et leurs organisations face au chômage

Aimée Moutet

Texte intégral

  • 1 Moutet A., Les logiques de l’entreprise, Paris, Éditions de l’École des Hautes Études e (...)
  • 2 Fridenson P., Straus A., Le capitalisme français, xixe-xxe siècles. Blocages et dynamismes d’ (...)
  • 3 Gitton M., « Mobilisation des syndicats unitaires », VO, 1er janv. 1932, p. 1 ; Sémat R (...)

1La crise des années 1930 a fortement réduit l’activité des industries françaises. Comme dans l’ensemble des pays industriels, celles-ci ont souffert de la chute de la demande de biens intermédiaires. Les industries traditionnelles (comme la fonte ou le textile) étaient comme partout en déclin. Les nouvelles (constructions automobile ou électrique) n’avaient pas encore trouvé la clé de la consommation, et donc de la production de masse1, tandis que l’industrie chimique n’avait commencé à s’orienter vers les fabrications nouvelles (chimie organique) qu’à la suite de la Première Guerre2. Cette baisse d’activité s’est traduite par une réduction de l’emploi. Celle-ci a été d’autant plus forte que les industriels se sont servi des réductions d’emploi pour défendre leurs profits face à la déflation. Ainsi, contrairement à ce que l’on a affirmé dès les années 19303, la crise a plus durement frappé la classe ouvrière par le chômage, partiel ou complet, que du fait de la réduction des rémunérations. Nous voudrions montrer ici comment les ouvriers et leurs organisations (CGT réformiste, CGT Unitaire communiste ou syndicats chrétiens) ont réagi à une situation qui les mettait en position de faiblesse face au patronat. La CGT réformiste, à partir de son expérience de la grande guerre, avait cru, jusqu’à la crise, qu’il était possible d’introduire dans les entreprises des relations tripartites, syndicats ouvriers, patronat, État. La CFTC était assez proche de cette conception. La CGTU, sous les ordres de l’ISR (Internationale Syndicale Rouge), affirmait, à la fin des années 1920, qu’une nouvelle radicalisation des masses permettait d’unir celles-ci dans un vaste mouvement de lutte à la base. Le seul obstacle étant constitué par l’influence des organisations réformistes (CGT et SFIO), c’est contre celles-ci que les Unitaires devaient se battre dans les entreprises. Nous montrerons comment le chômage a remis en cause ces théories. Nous verrons ensuite l’action ouvrière et syndicale face à cette situation, sans succès tant qu’a duré la crise. Enfin nous envisagerons les mouvements de masse, à partir de 1935, lesquels ont achoppé sur l’échec du Front populaire en 1938-1939.

Chômage et doctrines syndicales

Le chômage dans la première moitié des années 1930

  • 4 Moutet A., La rationalisation industrielle dans l’économie française au xxe siècle (premi (...)
  • 5 ISRES, Enquête sur le chômage, Paris, Éd. Sirey, t. 1, p. 38, 44, 46 et 47.

2La crise économique s’est traduite pour les ouvriers moins par une baisse de leur pouvoir d’achat que par la montée du chômage. Très sensibles à la baisse de leur salaire nominal au début de la crise (1931-1932) puis lors des décrets-lois de déflation de 1934-1935, les ouvriers ont, au moins dans la seconde période, conservé leur pouvoir d’achat du fait de la baisse des prix. Aussi est-ce le chômage partiel ou total qui les a le plus durement frappés et qu’ils ont constamment redouté. Le chômage partiel a marqué le début de la crise, les chefs d’entreprise hésitant à perdre une main-d’œuvre qualifiée qu’ils avaient eu du mal à trouver après la guerre4. D’après nos calculs, dans l’industrie métallurgique de la région parisienne, la durée moyenne du travail hebdomadaire était tombée à un peu plus de 41 heures en mars 1932. Mais, la crise se prolongeant, les licenciements qui avaient d’abord touché plutôt les manœuvres ou manœuvres spécialisés se sont étendus à l’ensemble de la main-d’œuvre. Après la rémission de 1933, l’ensemble du chômage aurait atteint son maximum d’après l’ISRES (Institut Supérieur de Recherches et d’Études Statistiques) en 1935, date à laquelle il aurait inclus plus d’un million de personnes5.

  • 6 Prost A., La CGT à l’époque du Front populaire, 1934-1936, Paris, Presses de la Fondation (...)
  • 7 Richetta C., « Développement du chômage, la lutte des sans-travail », VO, 16 oct. 1931, (...)
  • 8 Moutet A., La rationalisation industrielle… op. cit., p. 1308.

3La première conséquence de ces licenciements a été, dans le secteur privé, l’effondrement des effectifs syndicaux, déjà faibles en 1930. D’après les estimations d’A. Prost, dès 1932, ceux-ci avaient baissé par rapport à1930 de 23 % dans la métallurgie et de 9,3 % dans le textile en sorte que le pourcentage d’ouvriers syndiqués était alors tombé à 2,5 dans le premier secteur et 4,4 dans le second6. Évidemment, les travailleurs indociles, surtout s’ils étaient syndiqués, étaient les premiers licenciés, comme l’affirmait La Vie ouvrière, en 19317. Ainsi dans la région de Saint Étienne, d’après le secrétaire du syndicat unitaire de la métallurgie, les effectifs de son organisation étaient tombés de 1 000 adhérents en 1925 à 200 en 1932, du fait des licenciements qui l’avaient frappée. Qu’ils aient été licenciés ou aient quitté l’organisation ouvrière par crainte de l’être, les travailleurs ont donc déserté le mouvement ouvrier dans la première moitié des années 19308. Comment celui-ci a-t-il réagi ?

La révision des doctrines syndicales

  • 9 Congrès confédéral de Paris, rapport moral et financier, CGT, Paris 1931, p. 304-309.
  • 10 Oualid W., Journal officiel, 26 avril 1932, p. 14. Le XXIIe Congrès Confédéral, (...)
  • 11 Rapports moral et financier, CGT, 1931, p. 483 et 485. Le Pen, Ibid., p. 281-282. CGT, le (...)
  • 12 « Exposé du Plan de rénovation économique de la CGT », VO, Supplément, sept. 19 (...)
  • 13 VO, sept. 1934, p. 1. « La CGT devant la crise économique », ID, sept. 1933, p. (...)

4La crise a révélé l’impuissance de la CGT à s’implanter dans les entreprises pour influer sur la politique patronale, ce que la CGT reconnaissait dès son Congrès national de 19319. Aussi les réformistes ont-ils, dans le même but, réclamé le rétablissement de leurs acquis de la période de guerre afin de protéger les syndicats des licenciements : contrats collectifs selon les modérés, contrôle sur l’embauche et le débauchage selon les révolutionnaires de la Fédération de la métallurgie10. Les licenciements, multipliés du fait de la crise, ont donc conforté la CGT dans sa volonté de faire reconnaître, d’une façon ou d’une autre, la présence syndicale par les chefs d’entreprises. Sous l’influence de la FSI (Fédération syndicale internationale dont la CGT était membre), elle a présenté un programme économique opposé à celui du patronat dont la crise démontrait l’inefficacité : semaine de 40 heures, grands travaux d’utilité publique11. En 1934, elle a repris ces solutions dans un plan destiné à redresser l’économie, en s’inspirant du modèle fourni par le socialiste belge Henri de Man12. Ainsi la doctrine de la CGT est passée d’un système de réformes paritaires à un mode d’organisation économique faisant intervenir l’État. Le danger fasciste l’a convaincue après 1934 de hâter les réformes alors que l’aggravation de la crise, résultat de la politique patronale, ne pouvait que l’accroître en augmentant le chômage13.

  • 14 Moutet A., Les logiques de l’entreprise, op. cit., p. 188-189.
  • 15 Congrès de Prague sur le chômage, VO, 25 septembre 1931, p. 1 et 6.
  • 16 Galo, « La conquête des ouvriers réformistes », Les Cahiers du Bolchevisme, 1er(...)
  • 17 Racamond J., « Les thèses de l’ISR et du CNE sur les contrats collectifs », VO, 14 déc. 1 (...)
  • 18 Art. cit., ID, 16 oct. 1931, p. 3. « Rapport au XXVIIe Congrès de la (...)

5La CGTU a, quant à elle, maintenu jusqu’au milieu des années 1930 la stratégie dictée par l’ISR : le front unique à la base pour former un mouvement révolutionnaire de masse14. La lutte contre le chômage a offert à l’Internationale l’occasion d’élargir la base de celui-ci et de dénoncer la politique de collaboration supposée des réformistes avec le patronat et le gouvernement15. Ainsi le Congrès de Prague organisé par l’ISR en 1931 a mis au centre de l’action syndicale le développement du mouvement des chômeurs et son alliance avec la défense des salaires par les ouvriers en activité. Il fallait populariser le mouvement des chômeurs et le placer sous le contrôle de l’Internationale. La CGTU s’opposait également à la politique de secours aux chômeurs, prônée par la FSI. Mais devant la montée du chômage, elle ne pouvait ignorer les besoins matériels des sans-travail. Aussi les revendications qu’elle a soutenues pour lutter contre le chômage n’ont-elles pas été très différentes de celles des réformistes, ainsi que le recommandait la revue Les Cahiers du Bolchevisme. Les unitaires ne sont parvenus qu’à donner à ces revendications une apparence d’originalité. Ils réclamaient ainsi la semaine de 40 heures mais sur six jours et non cinq comme la CGT, sans réduction de salaire dans les deux cas. Les travaux d’utilité publique devaient, selon eux, être lancés par les municipalités et non par le gouvernement. Ils y ajoutaient des demandes d’exonération d’impôts, de frais de logement et de transport16. Ils ont même admis le principe de la signature de conventions collectives, mais à la condition que celles-ci ne soient conclues que pour un an afin de ne pas remettre en cause la stratégie de lutte revendicative17. Enfin les deux confédérations ont demandé la création d’une Assurance chômage qui vienne compléter la loi sur les Assurances sociales de 193018. Finalement c’est moins leur programme revendicatif que leurs méthodes d’action concernant la question du chômage qui ont distingué CGT et CGTU.

  • 19 La Trémouille P., « Les syndicats chrétiens de la métallurgie française de 1935 à 1939 », (...)

6Les syndicats chrétiens quant à eux ont soutenu un programme proche de celui de la CGT, à l’exception de l’intervention de l’État. De même, à partir de 1935, la crainte d’une montée du fascisme les a convaincus de s’associer aux conflits du travail. La CFTC a également voté son Plan, qui maintenait le principe d’accords paritaires19.

7Les objectifs des différents syndicats étaient donc proches et ne se distinguaient guère de ceux définis par la CGT. Pour autant les actions syndicales de lutte contre le chômage sont restées distinctes jusqu’en 1935.

L’action ouvrière suscitée par la montée du chômage jusqu’en 1935

Une démarche défensive des syndicats en entreprise

8Dans un rapport de forces défavorable, les organisations syndicales ont dû lutter pour tenter de maintenir les quelques éléments de reconnaissance de leur présence, qui subsistaient dans les entreprises.

  • 20 Moutet A., Les logiques de l’entreprise, op. cit., p. 84.
  • 21 Moutet A., La rationalisation industrielle…, op. cit., p. 1272-1273.
  • 22 Ibid., p. 1303-1304.

9Le plus ancien était, dans les houillères, la négociation paritaire des taux de rémunération sous la direction du représentant gouvernemental et l’élection de délégués à la sécurité par les ouvriers du fond depuis le contrat collectif de 188920. Le patronat, tel le directeur de la compagnie d’Anzin, a profité de la crise pour revenir sur les droits qu’avaient conquis les délégués au fond dans le bassin du Nord-Pas-de-Calais : utiliser leurs rapports pour présenter à la direction les revendications de leurs mandants. Champy a même tenté de réduire unilatéralement les salaires en 193421. Il n’a pas fallu moins d’une intervention des pouvoirs publics pour maintenir la convention collective de 192022.

  • 23 AN F7 13824, 18 déc. 1928, Ley D., Geerkens E., La rationalisation dans l’industrie belge (...)
  • 24 Figeac R., « Le consortium du textile », Le Peuple, 24 janv. 1928.
  • 25 AN F7 13920, 18 mai 1931, grève de la laine du Nord, L’œuvre, 19 mai 1931. Grève (...)
  • 26 AN F7 13922, Rapports du Préfet du Nord, du 6 janvier au 24 mai 1933.

10Le second secteur dans lequel les organisations ouvrières de la région du Nord se sont affrontées à l’offensive patronale a été l’industrie textile. Depuis 1919, D. Ley avait entrepris de réunir le patronat de ce secteur afin de supprimer les conventions collectives conclues au lendemain de la guerre23. Le but de D. Ley était d’exclure toute consultation des ouvriers sur les salaires. Il institua un paternalisme autoritaire en créant diverses œuvres sociales (allocations familiales, service médical gratuit), mais en refusant toute revendication d’augmentation lorsque le niveau de rémunération correspondait à la moyenne estimée par le syndicat patronal. En cas de grève, la Commission syndicale aidait financièrement l’entreprise à résister. Celle-ci aboutissait à l’élimination de ceux qui refusaient les conditions du syndicat patronal. Seule une minorité de chefs d’entreprises, de tendance catholique sociale, a refusé la dictature de celui que les ouvriers appelaient le Mussolini de Roubaix24. En mars 1931, Ley n’a pas craint, pour mâter les salariés, de provoquer une grève générale des ouvriers de la laine de Roubaix, Tourcoing, Halluin en réduisant de moitié la prime de fidélité instituée l’année précédente. Malgré l’ampleur du mouvement mené par CGT, CGTU et Chrétiens (quelque huit millions de journées perdues), seules les entreprises non adhérentes du syndicat de D. Ley ont accepté de négocier une transaction réduisant la baisse imposée25. En 1933, une grève générale des trois organisations syndicales de la toile d’Armentières et Houplines, suivie presque unanimement du 6 janvier au 24 avril, a obtenu une négociation de la réduction de salaires accompagnée d’une intensification du travail qu’exigeait le patronat. Mais celle-ci a été le résultat d’une série d’interventions des pouvoirs publics, du juge de Paix au ministre26.

11Ces exemples sont révélateurs de la spécificité du syndicalisme français. Dans une période de crise où, du fait du chômage, le rapport de forces jouait en faveur du patronat, l’action syndicale, qu’elle soit menée par les réformistes ou par l’union des trois organisations, n’a pu subsister que grâce à l’intervention de l’État.

Les réactions ouvrières au chômage

  • 27 Moutet A., 1997, p. 304-314.

12Sans défense contre les menaces de licenciement, les ouvriers n’ont eu d’autre solution, comme nous l’avons montré ailleurs, que de se soumettre aux conditions qui leur étaient imposées : produire plus pour gagner moins27. Pour se protéger, ils ont dû renoncer à la mobilité, qui assurait surtout aux travailleurs peu ou non qualifiés, une possibilité d’améliorer leur situation.

  • 28 Durand, « La lutte contre le chômage et les immigrés », VO, 12 fév. 1932, p. 3.
  • 29 « Conseil d’Administration de la CGT », La Voix du Peuple, nov. 1930, p. 851-852. ID, (...)
  • 30 Ponty J., Polonais méconnus, Paris, Publications de la Sorbonne, 1988, p. 294-295.
  • 31 « Le chômage à Nice », VO, 1er avril 1933, p. 4.
  • 32 Art. cit., ID, 12 fév. 1932, p. 3.
  • 33 Ibid. Maurin, « Le travail nécessaire de nos organisations parmi les chômeurs immigrés », (...)

13Cette impuissance face à la montée du chômage a fait naître des réactions xénophobes. Au début de 1932, la CGTU reconnaissait que de nombreux ouvriers pensaient que le départ des étrangers permettrait de donner du travail aux Français28. La CGT a, dans un premier temps, soutenu ce point de vue, démontrant ainsi qu’il touchait sa clientèle29. Mais, comme l’a montré J. Ponty, dans son étude sur les immigrés polonais en France, si la xénophobie s’est étendue jusque dans la base syndicale, elle n’a pas touché les dirigeants, réformistes ou révolutionnaires30. Ainsi à Nice, où les immigrés italiens étaient très nombreux, les membres des comités de chômeurs créés par la CGTU ont demandé que ceux-ci soient réservés aux Français31. En revanche, la CGTU démontrait aux ouvriers tentés par la xénophobie que le départ des étrangers ne suffirait pas à donner du travail aux Français. Ceux-ci étaient trop peu nombreux et n’étaient pas interchangeables32. Elle tentait au contraire d’attirer les travailleurs immigrés dans ses rangs33. Elle accusait l’ensemble des adversaires visés par le front unique, y compris les réformistes, d’être les auteurs des campagnes xénophobes.

L’action syndicale face au chômage

14L’action syndicale en faveur des chômeurs a-t-elle différé selon les organisations ?

  • 34 « CGT, circulaires confédérales », VO, oct. 1932, p. 742.
  • 35 « XXIIe Congrès national de la CGT », VO, juin 1933, p. 388.

15La CGT s’est préoccupée des conditions de vie des chômeurs. Elle a demandé aux ouvriers en activité de participer financièrement à cette aide. Pour les convaincre elle avançait deux arguments. Cette souscription permettrait d’alléger les souffrances des chômeurs. Elle éviterait que ceux-ci n’acceptent des salaires de misère ce qui menaçait la rémunération de tous les travailleurs34. En septembre 1933 la direction confédérale se félicitait du résultat35.

  • 36 Congrès confédéral, op. cit., 1931, Sirolles, p. 304. Chevalme L., p. (...)
  • 37 Mauvais L., « L’action pour les sept heures sans diminution de salaires et le F (...)
  • 38 Bonnefous L., « Après les scandaleux licenciements aux chantiers de Penhoët », VO, 12 fév (...)

16Hors de l’entreprise, la CGT a tenté de faire pression sur les pouvoirs publics afin qu’ils interviennent pour limiter les licenciements36. La CGTU reprochait à la confédération réformiste l’emploi de cette démarche comme remède à la crise37. Ainsi, lorsque la suspension de l’aide gouvernementale à la Compagnie Générale Transatlantique a mis au chômage les 1 700 ouvriers du chantier de Penhoët, du fait du retrait de la commande de cette dernière, la CGT, alliée aux socialistes, est intervenue auprès de Laval pour qu’il rétablisse la subvention publique. La CGTU a dénoncé cette collaboration de classe qui aboutissait à soutenir une entreprise capitaliste. Elle-même demandait que les jours chômés lors de ces licenciements soient indemnisés, ce qui supposait que le travail avait repris à la suite de la démarche de la CGT, résultat qu’elle se gardait bien de mentionner38.

  • 39 CCN de la CGT février 1934, La Voix du Peuple, mars 1934, p. 217-218. « La réor (...)
  • 40 Campagne de la CGT en province, La Voix du Peuple, juil.-août 1934, p. 503.
  • 41 Ibid, Manifestation le 23 juin, La Voix du Peuple, mai 1935, p. 271-277. Confér (...)

17À partir de la fin de 1932, la CGT a entrepris de mobiliser l’opinion par la propagande syndicale. La première campagne visait à faire connaître l’action du BIT. Elle portait sur la préparation de la Conférence Internationale du Travail de juin 1933 consacrée à la question de la réduction de la durée du travail. La CGT jugeait que l’action syndicale serait conditionnée par les résultats de cette Conférence. Aussi a-t-elle lancé une campagne de propagande dans le pays : manifestations et réunions à la base, affiche publiée en février, démonstrations régionales en mars, diffusion de documents dans les Fédérations et Unions départementales. Cela devait aboutir au 1er mai, axé sur la même revendication. De plus, le journal de la CGT, Le Peuple, a consacré en mars ses pages du samedi à la documentation sur la semaine de 40 heures. La seconde campagne d’opinion, à partir de mars 1934, était une riposte à la manifestation du 6 février. L’objectif était d’obtenir que son plan soit accueilli par l’opinion. La CGT associait donc actions économique et politique. Cette fusion s’est manifestée dans les États généraux du Travail, les 7 et 8 avril 1934. Le premier jour reprit les thèmes économiques, diffusés au cours de congrès régionaux. Le second fut occupé par une grande manifestation au Vel’ d’Hiv contre le fascisme et pour la défense des libertés39. En août la CGT lança une campagne de 200 meetings en province pour diffuser le même programme40. En juin 1935 elle organisa une journée de manifestation en faveur du Plan, suivie d’une série de conférences à l’Institut supérieur ouvrier sur le même sujet41. La lutte contre le chômage s’est fondue dans les grandes manifestations ouvrières destinées à servir de riposte au danger fasciste révélé par le 6 février.

  • 42 « L’action des sans-travail », VO, 25 sept. 1931, p. 6. « Rapport sur le chômage pour le (...)

18Seuls les unitaires ont créé un mouvement des sans-travail dés 1931, conformément à l’objectif de l’ISR. La tactique consistait à créer des comités de chômeurs qui collaboreraient avec les syndicats unitaires. Seuls les communistes et l’ISR pouvaient défendre les sans-travail, car ils visaient à renverser l’ordre capitaliste responsable de la situation des chômeurs. Seuls ils pouvaient soutenir les sans-travail dans leur lutte pour le pain et le travail42. Cette stratégie a eu du mal à se mettre en place et a dû évoluer par suite de ses propres difficultés mais aussi pour tenir compte du danger nazi.

  • 43 ID Lebas, « Accentuons notre travail d’organisation parmi les chômeurs », 18 déc. 1931, p (...)
  • 44 ID Tillon G., « À propos d’un questionnaire », 23 juin 1933, p. 4. « Rapport sur le chôma (...)
  • 45 Frot L., « La campagne électorale et les chômeurs », 13 mai 1932, p. 1-2. Gitton, « Que s (...)

19Le recrutement des chômeurs dans les comités n’a pas été facile. Les succès se sont limités aux régions dans lesquelles les mouvements revendicatifs spontanés que la CGTU pouvait récupérer étaient vigoureux : la région parisienne, celle de Saint Étienne et les grandes villes43. La Vie ouvrière estimait le nombre des adhérents aux comités à 110 000 ou 120 000, soit au maximum 10 % des chômeurs44. De plus ces comités ne sont pas parvenus à retenir leurs adhérents. Leurs effectifs se sont effondrés lors des élections législatives de 1932. Apparemment les travailleurs ont cru que le succès électoral de la gauche apporterait une solution à leurs problèmes45.

  • 46 ID « Rapport sur le chômage… », ID 8 sept. 1933, p. 5.
  • 47 ID « Le mouvement des chômeurs et la tâche des syndicats unitaires », 21 déc. 1931, p. 4. (...)
  • 48 « Projet de programme revendicatif de la CGTU », ID 16 oct. 1931, p. 3.
  • 49 5 références dans VO entre le 14 sept. et le 19 oct. 1934.

20Pour attirer les chômeurs, les unitaires ont dû, conformément aux injonctions de l’ISR, enrober le programme révolutionnaire de demandes correspondant aux besoins immédiats des sans-travail46. Sous le nom de revendications à bases multiples, ils ont demandé des secours matériels (charbon, vêtements, chaussures, soupes populaires) aux chômeurs, pour ainsi, disaient-ils, damer le pion aux œuvres philanthropiques de la bourgeoisie, réformistes compris47. Dès 1931, ils demandaient des exonérations d’impôts et de loyers pour les chômeurs48. À partir du second semestre 1933, cette stratégie visant à attirer les chômeurs en s’occupant de leurs besoins immédiats a été confortée par la nécessité d’éviter que ces derniers soient à la merci de la démagogie fasciste. Tirant la leçon de la prise du pouvoir par Hitler les Communistes voulaient barrer la route à la propagande fasciste auprès du lumpenprolétariat49.

  • 50 ID Frot L., « Le développement de la crise et la lutte des chômeurs », 3 fév. 1933, p. 2. (...)
  • 51 6 références dans VO entre le 8 sept. 1933 et le 18 janv. 1934.
  • 52 7 références dans VO entre le 16 fév. 1934 et le 20 sept. 1935.
  • 53 Lepetit J., ID 20 sept. 1935, p. 13.

21D’autre part, la CGTU a développé sa propagande auprès des chômeurs. Aux congrès, manifestations locales, dépôts de revendications auprès des Municipalités ou du Parlement50, s’est ajoutée en 1933-1935 l’organisation de marches de la faim51. La première marche devait aller de Lille à Paris. Elle visait à étendre le Front unique à la petite bourgeoisie en ralliant les Municipalités et les populations des localités traversées, ce qui correspondait à la nouvelle stratégie de rassemblement du peuple français contre le fascisme. Le résultat fut médiocre. La marche, interdite par le pouvoir, ne fut guère soutenue par le public visé. Seule la manifestation parisienne eut de l’ampleur. Aussi les marches organisées par la suite furent-elles limitées à une région. Ces marches associaient, comme les manifestations de la CGT, les revendications des chômeurs et le mouvement de masse de lutte contre le fascisme52. Le résultat positif fut la création de groupes de soutien aux comités de chômeurs ce qui permettait d’étendre le mouvement des sans-travail au-delà du milieu ouvrier53.

  • 54 ID Peyre E., « À Montpellier », 8 avril 1932, p. 3. Art. cit., 8 sept. 1933.
  • 55 ID « Le mouvement des chômeurs et les tâches des syndicats unitaires », 21 déc. 1932, (...)
  • 56 « Le mouvement des chômeurs et les tâches des syndicats unitaires », ID, 8 déc. 1932, (...)
  • 57 ID Frachon B., « Le mouvement des sans-travail et les batailles économiques », 11 déc. 19 (...)
  • 58 6 références dans VO entre le 8 janv. 1932 et le 23 juin 1933.
  • 59 12 références dans VO entre le 11 déc. 1931 et le 29 déc. 1933.
  • 60 3 références dans la VO entre le 8 sept. 1933 et le 22 juin 1934.
  • 61 ID « Problème du chômage », 29 juin 1934, p. 1. Frot L., « Comment guider les c (...)

22Les principaux problèmes rencontrés par les unitaires dans la conduite du mouvement des chômeurs furent la rivalité de la CGT et l’indifférence de leurs propres syndicats. La rivalité avec la CGT s’est manifestée lors de la création des comités de chômeurs. En effet des comités autonomes se sont créés spontanément et ont été soutenus par les réformistes54. En outre la CGT présentait, non sans motif, les comités comme inféodés à la CGTU pour, selon la Vie ouvrière, les déconsidérer55. Aussi les Unitaires ont-ils tenté de masquer leur rôle au sein de comités indépendants supposés résulter de l’initiative spontanée des chômeurs56. Mais cette ambiguïté a gêné la direction des comités par les Unitaires57. Celle-ci a expliqué que le terme d’indépendants s’appliquait aux réformistes, alliés de la bourgeoisie, non au programme de la CGTU58. L’autre problème de la direction unitaire et des communistes a été l’indifférence des syndicats à l’égard du mouvement des chômeurs. Celle-ci n’a cessé de se plaindre d’une inertie rendue responsable de la faiblesse du mouvement. Cette indifférence avait des causes multiples de l’aveu même de La Vie ouvrière. Les ouvriers en activité n’avaient que mépris pour les chômeurs et leur aspect misérable, cela peut-être d’autant plus qu’ils craignaient de subir le même sort. Les sections syndicales, en difficulté financière faute d’adhérents, rechignaient à recruter des chômeurs pour lesquels la direction confédérale avait abaissé le taux de cotisation. La faiblesse des effectifs syndicaux ne permettait pas de s’occuper tout à la fois des mouvements à l’intérieur des usines et des comités de chômeurs59. Cette indifférence des ouvriers en activité s’est traduite par l’isolement des travailleurs licenciés qui quittaient les syndicats et ne pouvaient servir à animer les comités comme le demandait la CGTU60. D’autre part le recrutement d’adhérents aux comités s’est limité aux chômeurs indemnisés, plus faciles à contacter. Les plus défavorisés restaient isolés alors qu’ils constituaient la principale cible visée par la CGTU. La direction confédérale a demandé que la propagande en faveur des comités soit étendue systématiquement au domicile des chômeurs, mais seulement lors de la montée de la crainte du danger fasciste61.

23En définitive, ce qui a donné au mouvement des chômeurs de l’ampleur à partir de 1934 c’est, comme pour l’action de la CGT, la conjonction des manifestations contre le chômage et de la lutte contre le danger fasciste. Ainsi, se sont formés les mouvements de masse qui ont permis la formation du Front populaire.

24Cependant la stratégie des deux confédérations a eu des visées distinctes. La CGT espérait par son action économique endiguer le chômage. La CGTU a cherché à inclure les chômeurs dans le mouvement revendicatif de masse prôné par l’ISR. Ces deux types d’action n’ont connu de succès qu’à partir du moment où ils ont été intégrés dans le mouvement de résistance au fascisme en 1934-1935.

Front populaire :la CGT tente de pénétrer dans les entreprises

25La CGT réunifiée a cherché à profiter de l’arrivée au pouvoir de la gauche pour réaliser les objectifs définis par les réformistes dans les années de crise : la reconnaissance de la représentation des syndicats dans les entreprises et le contrôle de ces organisations sur la gestion de celles-ci.

Délégués ouvriers et conventions collectives

  • 62 Moutet A., Les logiques de l’entreprise, op. cit. p. 346, 347, 360-361 et 367.
  • 63 « CCN du 16 juin 1936 », La Voix du Peuple, juin 1936, p. 362-380.
  • 64 « Résolution du 4 août du CCN », ID août-sept. 1937, p. 540. Arch. UIMM, 22. 11. 03, Délé (...)
  • 65 La grève du 30 novembre 1938, l’Humanité, 1er déc. 1938. Licenciements chez Ren (...)

26Les accords de Matignon et leurs décrets-lois d’application ont introduit des délégués ouvriers dans les entreprises. Ainsi était généralisée la pratique conquise par les syndicats lors des grèves contre les baisses de salaire et l’intensification du travail, en 1931 et 1933 dans les industries textiles, en 1935 dans la métallurgie (grève de l’usine de la Marine et Homécourt à Saint-Chamond, soutenue par les syndicats chrétien et unitaire62). Mais cette institution n’a pas suffi pour concrétiser le principe de reconnaissance légale des syndicats inscrit dans les Accords de 1936, contrairement à ce qu’avaient cru les dirigeants de la CGT, L. Jouhaux, B. Frachon ou P. Semard63. Si les délégués étaient élus par les ouvriers de l’entreprise, ils n’étaient pas des représentants des syndicats, dont le rôle se réduisait à désigner les candidats. Les fonctions des délégués étaient mal définies et disparates car elles avaient été fixées par des conventions collectives d’entreprises. Le patronat, sous la direction de l’UIMM (Union des Industries Métallurgiques et Minières), a veillé à ce que ces faiblesses perdurent lors du renouvellement des conventions collectives en 1938, en dépit des revendications de la CGT64. Enfin les chefs d’entreprises ont profité de la grève générale du 30 novembre 1938 contre le décret-loi supprimant les 40 heures pour éliminer les délégués qui avaient défendu activement les revendications ouvrières65.

Contrôle de l’embauchage et du débauchage

  • 66 « Conférence Nationale des Fédérations pour le renouvellement des Conventions collectives (...)
  • 67 Moutet A., La rationalisation industrielle… op. cit., p. 1614-1615.

27La CGT espérait par ce contrôle avancer vers la représentation syndicale en entreprise par la négociation d’une convention collective sur le modèle des accords de Matignon66. En même temps elle a joué la carte de la participation au recrutement du personnel des entreprises. Pour obliger les patrons à embaucher la masse des chômeurs non qualifiés, ce que les industriels affirmaient impossible faute de professionnels pour encadrer les manœuvres, elle a créé sa propre école de formation accélérée67. Ainsi la CGT espérait tout à la fois permettre que la semaine de 40 heures se traduise par la réduction du chômage, et devenir un interlocuteur reconnu par les chefs d’entreprises pour l’embauche du personnel. 

  • 68 Moutet A., ibid., p. 1435 et 1436. AN 91 AQ 15, 18 et 29 janv. 1937 correspondance (...)
  • 69 « La CGPF au Président du Conseil », La Voix du Peuple, août-sept. 1937, p. 449 (...)
  • 70 « CCN de la CGT, 14-15 février 1938 », Jouhaux L., ID, fév. 1938, p. 113.
  • 71 Gignoux C.-J., « Le statut moderne du travail », Revue Politique et Parlementai (...)
  • 72 « Réponse de Gignoux au Président Chautemps », L’Humanité, 11 janv. 1938, p. 5. C.-J. art (...)
  • 73 Moutet A., 1992, p. 1544. Prost A., « Climat social », in Rémond R., Bourdin J. (...)

28Mais elle s’est heurtée à un refus systématique. Dans la construction automobile, les chefs d’entreprise ont refusé, contrairement aux engagements pris à Matignon, d’embaucher tout postulant présenté par la CGT. Il a fallu que le gouvernement serve d’intermédiaire pour présenter aux industriels les travailleurs formés par la CGT68. En ce qui concernait le contrôle syndical sur l’embauche et le débauchage, la Confédération Générale du Patronat Français (CGPF) a d’abord refusé toute reprise de négociation collective et demandé au gouvernement de prendre ses responsabilités69. C’est ce qu’a fait Chautemps en présentant à l’approbation des partenaires sociaux un projet de « Statut moderne du travail » incluant les conditions d’embauche et de licenciement par les entreprises. La CGT a globalement approuvé ce texte70. La CGPF a refusé de l’examiner avec la confédération ouvrière. Selon C.-J. Gignoux, les pouvoirs publics n’avaient pas le droit de légiférer dans un domaine qui relevait de la seule autorité des chefs d’entreprises71. Le Président de la CGPF dénonçait la revendication de contrôle ouvrier sur l’embauche et le débauchage par la CGT comme une étape vers la prise de contrôle sur la gestion des entreprises72. Le gouvernement de Chautemps est tombé en mars avant que cet article de la loi soit voté. Daladier, Président du Conseil à partir du 9 avril 1938, s’est bien gardé de le reprendre73.

Conclusion

29Les années du Front populaire ont montré la difficulté d’une entente entre syndicats ouvriers et patronat. La colère ouvrière après la crise, et les grèves entretenues par la hausse des prix n’ont pas aidé la CGT à se faire reconnaître comme interlocuteur par les chefs d’entreprises. Du côté patronal l’objectif a été d’annuler les concessions obtenues par les syndicats à la suite des grèves de 1936. Seuls les pouvoirs publics ont évité une rupture totale entre les deux parties par leur intermédiation. La formation d’un gouvernement dirigé par É. Daladier a brisé ce dernier lien.

30La crise des années 1930 a vu la CGT, à partir de la stratégie de sa branche réformiste, tenter de faire reconnaître les syndicats comme interlocuteurs de la direction ayant un pouvoir de contrôle sur un aspect de la gestion de l’entreprise (embauche et licenciement). La conjonction à partir de 1934 des actions sociale et politique due à la lutte contre le fascisme a rendu possible l’application de cette conception. Mais cette nouvelle perspective de la place du syndicat dans l’entreprise a disparu avec la fin du gouvernement de Front populaire en 1938. Elle ne reparaîtra que dans l’application du programme du CNR après la Seconde Guerre mondiale.

Notes

1 Moutet A., Les logiques de l’entreprise, Paris, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences sociales, 1997, p. 160 et 423.

2 Fridenson P., Straus A., Le capitalisme français, xixe-xxe siècles. Blocages et dynamismes d’une croissance, Paris, Éd. Fayard, 1987.

3 Gitton M., « Mobilisation des syndicats unitaires », VO, 1er janv. 1932, p. 1 ; Sémat R., « 20 pour cent des ‘‘métallos’’ sont victimes de la crise », VO, 18 déc. 1931, p. 3.

4 Moutet A., La rationalisation industrielle dans l’économie française au xxe siècle (première moitié), Thèse de doctorat d’État (ancien régime), université de Paris X-Nanterre, 1992, p. 1259-1263.

5 ISRES, Enquête sur le chômage, Paris, Éd. Sirey, t. 1, p. 38, 44, 46 et 47.

6 Prost A., La CGT à l’époque du Front populaire, 1934-1936, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1964, p. 201, 202 et 206.

7 Richetta C., « Développement du chômage, la lutte des sans-travail », VO, 16 oct. 1931, p. 6.

8 Moutet A., La rationalisation industrielle… op. cit., p. 1308.

9 Congrès confédéral de Paris, rapport moral et financier, CGT, Paris 1931, p. 304-309.

10 Oualid W., Journal officiel, 26 avril 1932, p. 14. Le XXIIe Congrès Confédéral, 26-29 sept. 1933, La Voix du Peuple, sept. 1933, p. 693. XIe Congrès de la Fédération des Métaux, 24-25 septembre 1933, Versailles, 1933, p. 130 et 132.

11 Rapports moral et financier, CGT, 1931, p. 483 et 485. Le Pen, Ibid., p. 281-282. CGT, le 1er mai 1931, VO, avril 1931, p. 228. « Pourquoi la semaine de 40 heures », ID, nov.-déc. 1932, p. 793-797.

12 « Exposé du Plan de rénovation économique de la CGT », VO, Supplément, sept. 1934, p. 1-18. « Le Plan belge de réalisations socialistes de Henri de Man », La Vie Ouvrière, janv. 1934, p. 10-23.

13 VO, sept. 1934, p. 1. « La CGT devant la crise économique », ID, sept. 1933, p. 939.

14 Moutet A., Les logiques de l’entreprise, op. cit., p. 188-189.

15 Congrès de Prague sur le chômage, VO, 25 septembre 1931, p. 1 et 6.

16 Galo, « La conquête des ouvriers réformistes », Les Cahiers du Bolchevisme, 1er mars 1933, p. 293. « Projet de programme revendicatif de la CGTU », VO 16 oct. 1931, p. 3.

17 Racamond J., « Les thèses de l’ISR et du CNE sur les contrats collectifs », VO, 14 déc. 1934, p. 1.

18 Art. cit., ID, 16 oct. 1931, p. 3. « Rapport au XXVIIe Congrès de la CGT, septembre 1931 », 1931, p. 50

19 La Trémouille P., « Les syndicats chrétiens de la métallurgie française de 1935 à 1939 », Le Mouvement social, janv.-mars 1968, p. 29-30. Launay M., Le syndicalisme chrétien, 1885-1940, Thèse Paris IV, 1980, p. 2140-2145 et 2160, 1631.

20 Moutet A., Les logiques de l’entreprise, op. cit., p. 84.

21 Moutet A., La rationalisation industrielle…, op. cit., p. 1272-1273.

22 Ibid., p. 1303-1304.

23 AN F7 13824, 18 déc. 1928, Ley D., Geerkens E., La rationalisation dans l’industrie belge de l’entre-deux guerres, Bruxelles, Palais des Académies, 2004, t. 1, p. 642-646.

24 Figeac R., « Le consortium du textile », Le Peuple, 24 janv. 1928.

25 AN F7 13920, 18 mai 1931, grève de la laine du Nord, L’œuvre, 19 mai 1931. Grève de la laine du Nord, Le Quotidien, 19 mai et 11 juin 1931. Grève de la laine terminée, L’Humanité, 29 juillet 1931.

26 AN F7 13922, Rapports du Préfet du Nord, du 6 janvier au 24 mai 1933.

27 Moutet A., 1997, p. 304-314.

28 Durand, « La lutte contre le chômage et les immigrés », VO, 12 fév. 1932, p. 3.

29 « Conseil d’Administration de la CGT », La Voix du Peuple, nov. 1930, p. 851-852. ID, « Conseil Confédéral National », mars 1931, p. 167.

30 Ponty J., Polonais méconnus, Paris, Publications de la Sorbonne, 1988, p. 294-295.

31 « Le chômage à Nice », VO, 1er avril 1933, p. 4.

32 Art. cit., ID, 12 fév. 1932, p. 3.

33 Ibid. Maurin, « Le travail nécessaire de nos organisations parmi les chômeurs immigrés », VO, 14 avril 1933, p. 2. ID, Secrétariat général de la Main-d’œuvre Immigrée de la CGTU, « Le droit à l’allocation pour les immigrés ». « Rapport Main-d’œuvre Ouvrière Immigrée pour le VIIe Congrès de la CGTU », 1er sept. 1933, « Rapport chômage pour le VIIe Congrès de la CGTU », 8 sept. 1933, p. 5.

34 « CGT, circulaires confédérales », VO, oct. 1932, p. 742.

35 « XXIIe Congrès national de la CGT », VO, juin 1933, p. 388.

36 Congrès confédéral, op. cit., 1931, Sirolles, p. 304. Chevalme L., p. 484. Programme de la CGT contre la crise, La Voix du Peuple, p. 812.

37 Mauvais L., « L’action pour les sept heures sans diminution de salaires et le Front unique », VO, 14 sept. 1932, p. 2.

38 Bonnefous L., « Après les scandaleux licenciements aux chantiers de Penhoët », VO, 12 fév. 1932, p. 1.

39 CCN de la CGT février 1934, La Voix du Peuple, mars 1934, p. 217-218. « La réorganisation économique dans la liberté », ID avril 1934, p. 237-242 et Conseil d’Administration, L. Jouhaux, Ibid., p. 272.

40 Campagne de la CGT en province, La Voix du Peuple, juil.-août 1934, p. 503.

41 Ibid, Manifestation le 23 juin, La Voix du Peuple, mai 1935, p. 271-277. Conférences de l’Institut supérieur ouvrier, p. 305-353.

42 « L’action des sans-travail », VO, 25 sept. 1931, p. 6. « Rapport sur le chômage pour le VIIe Congrès de la CGTU », 8 sept. 1933, p. 4, 5, 6.

43 ID Lebas, « Accentuons notre travail d’organisation parmi les chômeurs », 18 déc. 1931, p. 3. « Le sabotage de l’action des comités », 8 sept. 1933, p. 5. Tillon G., « Apportons plus d’attention aux intérêts des chômeurs », 23 juin 1933, p. 4.

44 ID Tillon G., « À propos d’un questionnaire », 23 juin 1933, p. 4. « Rapport sur le chômage », 8 sept. 1933, p. 4.

45 Frot L., « La campagne électorale et les chômeurs », 13 mai 1932, p. 1-2. Gitton, « Que se passe-t-il chez les chômeurs ? », 20 mai 1932, p. 1.

46 ID « Rapport sur le chômage… », ID 8 sept. 1933, p. 5.

47 ID « Le mouvement des chômeurs et la tâche des syndicats unitaires », 21 déc. 1931, p. 4. Frot L., « Le développement de la crise et la lutte des chômeurs », 3 fév. 1933, p. 2. Art. cit., 8 sept. 1933, p. 6.

48 « Projet de programme revendicatif de la CGTU », ID 16 oct. 1931, p. 3.

49 5 références dans VO entre le 14 sept. et le 19 oct. 1934.

50 ID Frot L., « Le développement de la crise et la lutte des chômeurs », 3 fév. 1933, p. 2. Raynaud H., « Un beau congrès des chômeurs dans la région parisienne », 22 janv. 1932, p. 1. « Le 9 décembre les chômeurs accompagneront en cortège leur délégation au Parlement », 25 nov. 1932, p. 1 et 2.

51 6 références dans VO entre le 8 sept. 1933 et le 18 janv. 1934.

52 7 références dans VO entre le 16 fév. 1934 et le 20 sept. 1935.

53 Lepetit J., ID 20 sept. 1935, p. 13.

54 ID Peyre E., « À Montpellier », 8 avril 1932, p. 3. Art. cit., 8 sept. 1933.

55 ID « Le mouvement des chômeurs et les tâches des syndicats unitaires », 21 déc. 1932, p. 4. « Le Front unique et l’indépendance des comités », in art. cit., 8 sept. 1933, p. 5.

56 « Le mouvement des chômeurs et les tâches des syndicats unitaires », ID, 8 déc. 1932, p. 3.

57 ID Frachon B., « Le mouvement des sans-travail et les batailles économiques », 11 déc. 1931, p. 1. « Le mouvement des chômeurs et les tâches des syndicats unitaires », 8 déc. 1932, p. 3.

58 6 références dans VO entre le 8 janv. 1932 et le 23 juin 1933.

59 12 références dans VO entre le 11 déc. 1931 et le 29 déc. 1933.

60 3 références dans la VO entre le 8 sept. 1933 et le 22 juin 1934.

61 ID « Problème du chômage », 29 juin 1934, p. 1. Frot L., « Comment guider les chômeurs dans leurs luttes », 14 sept. 1934, p. 2.

62 Moutet A., Les logiques de l’entreprise, op. cit. p. 346, 347, 360-361 et 367.

63 « CCN du 16 juin 1936 », La Voix du Peuple, juin 1936, p. 362-380.

64 « Résolution du 4 août du CCN », ID août-sept. 1937, p. 540. Arch. UIMM, 22. 11. 03, Délégués ouvriers, 1936-1939, 23 janv. 1937, Avis de l’UIMM. Ibid. 10 sept. 1937, Lettre de la CGT. Ibid., 3 mai 1937, Du Service social de la CGPF au Comité du Conseil d’Administration de l’UIMM.

65 La grève du 30 novembre 1938, l’Humanité, 1er déc. 1938. Licenciements chez Renault, ID 13 déc. 1938, p. 7. Région parisienne, licenciements dans la métallurgie, ID, 12 janv. 1939, p. 5. Moutet A., Les logiques de l’entreprise, op. cit., p. 375-380. Moutet A., La rationalisation industrielle…, op. cit., p. 1456, 1463 et 1464.

66 « Conférence Nationale des Fédérations pour le renouvellement des Conventions collectives, 21 oct. 1937 », La Voix du Peuple, oct. 1937, p. 654 et 655. ID, « Conseil d’Administration de la CGT, 6 mai 1937 », mai 1937, p. 465 et 466. Le Président du Conseil au CCN, 4 août 1937 », août-sept. 1937, p. 545.

67 Moutet A., La rationalisation industrielle… op. cit., p. 1614-1615.

68 Moutet A., ibid., p. 1435 et 1436. AN 91 AQ 15, 18 et 29 janv. 1937 correspondance Renault-Petiet.

69 « La CGPF au Président du Conseil », La Voix du Peuple, août-sept. 1937, p. 449-551.

70 « CCN de la CGT, 14-15 février 1938 », Jouhaux L., ID, fév. 1938, p. 113.

71 Gignoux C.-J., « Le statut moderne du travail », Revue Politique et Parlementaire, 10 fév. 1938, p. 203 et 204.

72 « Réponse de Gignoux au Président Chautemps », L’Humanité, 11 janv. 1938, p. 5. C.-J. art. cit., Revue Politique et Parlementaire, 10 fév. 1938, p. 206.

73 Moutet A., 1992, p. 1544. Prost A., « Climat social », in Rémond R., Bourdin J. (dir.), Édouard Daladier chef de gouvernement, Paris, Presses de la FNSP, 1977, p. 133.

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