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L'économie sociale et solidaire

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Erika Flahault
, 
Henri Noguès
, 
Nathalie Shieb-Bienfait

L'économie sociale et solidaire face à la question du travail et de l'emploi

La fonction employeur en tension dans l’économie sociale : l’exemple de la MGEN de 1946 à 1991

Charlotte Siney-Lange

Texte intégral

Introduction : une mutuelle pas comme les autres

  • 1 Cette communication fait écho à un article publié dans Le Mouvement Social, « Le “patron” M (...)
  • 2 En juillet 2009, Jean-Michel Laxalt a quitté la présidence de la MGEN après dix années (...)
  • 3 Extrait de la sténotypie de l’assemblée générale de 1948, archives de la MGEN, boît (...)

1La Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN), créée le 8 décembre 1946 à l’instigation de militants du Syndicat national des instituteurs (SNI), est le fruit de la fusion de quelque 130 sociétés de secours mutuels d’instituteurs, développées en France depuis le Second Empire1. Aujourd’hui, la MGEN est la première mutuelle de France en termes d’effectifs : organisée autour d’un siège national et de 101 sections départementales, elle garantit 3,3 millions de personnes. Conformément au décret du 31 décembre 1946 sur les mutuelles de fonctionnaires, elle gère aussi les prestations de Sécurité sociale des fonctionnaires de l’Éducation nationale. En raison de son origine syndicaliste, la MGEN occupe une position inédite dans le monde de la Mutualité, marqué par un antagonisme profond et durable avec les syndicats. Cette place originale, au carrefour de deux mouvements longtemps rivaux, s’affirme au travers de ses valeurs fondatrices : tout en affichant sa fidélité aux valeurs mutualistes, son programme idéologique laisse transparaître une influence sensible des valeurs du syndicalisme enseignant. Pour ses administrateurs – qui, jusqu’à une date tardive, sont tous recrutés dans le bastion syndical2 –, la MGEN est porteuse d’une « lutte pour l’idéal, pour le respect de la dignité humaine, pour la justice sociale, pour la constante amélioration des conditions morales de la vie, [qui] ne se sépare pas du combat pour la constante amélioration des conditions matérielles3 ». Apparaissent donc nettement les échos du syndicalisme enseignant, transcrits en termes mutualistes et sur le terrain de la protection sociale et de la santé. Cette lutte idéologique se concrétise également par la politique médico-sociale de la mutuelle : ses 33 établissements médico-sociaux, progressivement mis en œuvre de la fin des années 1940 aux années 1980, sont conçus comme des œuvres de combat contre l’injustice sociale engendrée par la maladie, voire comme des armes contre les excès du libéralisme. De ce fait, ils s’inscrivent dans un projet politique, qui passe par le refus des inégalités sociales, la socialisation, l’humanisation et la démocratisation de l’accès à une médecine de pointe.

2Dans ce contexte particulier – une organisation gérée par des militants d’origine syndicaliste –, il paraît intéressant de s’interroger sur les relations entretenues par le « patron » syndicalo-mutualiste avec ses salariés. La question de la gestion des ressources humaines, telle qu’on l’appelle aujourd’hui, est d’autant plus importante que de la fin des années 1940 à la fin des années 1970, les effectifs salariés de la MGEN explosent littéralement, au fur et à mesure du développement des effectifs d’adhérents et de la création de nouveaux centres de travail : en trente ans, la MGEN met en œuvre plus de trente établissements de soins. De 1 310 salariés en 1956, ses effectifs passent à plus de 4 100 personnes en 1970, 8 000 en 1980 puis 9 500 en 1990. Par ailleurs, la MGEN est dirigée par des enseignants militants, parvenus à la tête de l’organisation mutualiste par le biais de leur engagement syndical. En conséquence, rien ne les préparait à la gestion du personnel, surtout dans les structures hospitalières, qui constituent un monde radicalement différent de leur milieu socioprofessionnel. Le fait qu’ils soient devenus de véritables « chefs d’entreprise » est donc loin d’aller de soi. En tant que syndicalistes, ces derniers entendent entretenir des relations particulières avec leurs salariés : tout en mettant en place de nombreux avantages sociaux, ils attendent de leur personnel une adhésion complète aux valeurs portées par la Mutuelle.

  • 4 Notons toutefois que cette étude, qui repose sur le dépouillement des archives de la MGEN d (...)

3On s’interrogera donc sur la nature et la portée de la politique salariale d’une organisation particulière de l’économie sociale, sur son développement progressif, sur la manière dont ses dirigeants ont su maîtriser l’accroissement de leurs effectifs salariés, et sur les limites de leur politique salariale. En effet, malgré les avantages qu’elle accorde à ses employés, la MGEN n’est pas épargnée par des conflits sociaux parfois violents, dont il semble intéressant d’essayer de comprendre la signification4.

La construction d’une politique salariale « mutualo-syndicaliste »

Les critères de recrutement

  • 5 « Projet de création d’une section de cure médicale au centre G. Hielle », 23 août 1978, (...)

4Parmi les principaux critères de recrutement de la MGEN, notamment durant ses deux premières décennies de vie, la laïcité apparaît comme fondamentale. Durant les années 1950, le combat laïc bat son plein, opposant partisans de l’école publique, et en premier lieu les syndicats enseignants, à ceux de l’école privée. La MGEN s’inscrit alors naturellement dans le camp de l’école publique. La sélection des candidats est particulièrement délicate dans les établissements médico-sociaux : malgré le processus de laïcisation entrepris dans les hôpitaux depuis le début du XXe siècle, ces derniers comptent encore un personnel religieux important. A l’époque, les administrateurs de la MGEN envisagent même d’insérer une clause de laïcité dans les contrats de travail. Mais ce projet est abandonné en raison de la pénurie de personnel à laquelle sont confrontés les établissements. Plus tard, ce critère perdra de sa valeur, mais en 1978, il est encore conseillé de recruter une personne en fonction « de ses qualités d’intelligence et de cœur et de son esprit laïque5 ». S’y ajoutent d’autres critères de sélection d’ordre politique : aux dires de certains chefs d’établissements, des directives leur étaient données en coulisse, afin d’exclure de l’embauche tout militant communiste. Mais ce principe se limite aux années 1950 et doit être restitué dans un contexte de tension idéologique consécutif à la guerre froide. Jusqu’aux années 1960, ces employés sont par ailleurs soudés par un autre point commun avec les administrateurs nationaux : leur engagement dans la Résistance. Beaucoup de responsables d’établissements, médecins et salariés sont en effet issus du maquis.

  • 6 Dans les sections départementales, les fonctionnaires sont mis à disposition et restent s (...)
  • 7 Hôpital psychiatrique de la MGEN installé à La Verrière (Yvelines).
  • 8 Entretien avec Pierre Chanoit, médecin directeur de l’IMR de 1972 à 1990.
  • 9 M. Caillon, La Mutuelle générale de l’Éducation nationale. Éléments de prospect (...)

5D’autres critères s’imposent ensuite, plus spécifiquement pour le personnel de direction. A quelques exceptions près, tous les responsables des établissements de la MGEN sont des fonctionnaires détachés ou mis à disposition6 par le ministère de l’Éducation nationale, recrutés dans un noyau de militants syndicalistes attachés aux valeurs mutualistes. Jusqu’à la fin des années 1970 au moins, c’est donc essentiellement par affinité syndicale que sont sélectionnés les responsables des centres de travail mutualistes. Le recrutement des médecins – qui jouent un rôle essentiel dans la vie des établissements, en particulier dans les centres antituberculeux et psychiatriques, dont ils assurent à la fois les directions médicale et administrative jusqu’aux années 1990 –, procède d’une méthode similaire : « auto-recrutement » ou cooptation sont fréquemment pratiqués par les médecins, avec l’accord du bureau national. Ainsi, les psychiatres qui entourent le professeur Sivadon, psychiatre fondateur de l’Institut Marcel Rivière7, viennent avant tout travailler avec leur « maître »8, plus que pour la MGEN. Par ailleurs, beaucoup des médecins engagés à la MGEN ont des liens avec le milieu enseignant, qui représentent un élément favorable, sinon déterminant, pour leur recrutement. Et en 1990 encore, le recrutement du personnel de direction « s’effectue par cooptation, selon des règles non écrites que sont le dévouement, la compétence, la confiance et la fidélité. Hors de question d’admettre des contestataires au sein du sérail9 ».

La politique salariale de la MGEN

  • 10 L. Chevalier, « La lutte antituberculeuse engagée depuis 1902 par l’Union des sana et (...)
  • 11 J-M. Coq, « Rapport d’activité », Assemblée générale de 1954 à Paris, boîte 137 (...)

6En contrepartie de cette sélection rigoureuse, la MGEN met d’emblée en œuvre un ensemble d’avantages sociaux pour son personnel, concentrés avant tout sur les conditions matérielles de travail. C’est en particulier le cas dans les établissements médico-sociaux, dont l’isolement, dans des régions peu urbanisées – conformément aux modalités des soins antituberculeux et de convalescence de l’époque –, complique le recrutement. La pénurie du personnel amène les administrateurs à instaurer une politique sociale, dont le premier objectif est de procurer aux salariés un « logement décent10 ». La création d’un pavillon de logement pour le personnel du sanatorium de Sainte-Feyre (Creuse), en 1950, est caractéristique de ces efforts. Mais indépendamment de ces mesures ponctuelles, la mise en œuvre d’une véritable politique du personnel est rendue urgente par l’accroissement des effectifs. En 1954, une première convention collective est signée par les sections départementales de la région parisienne, regroupées au sein d’un comité d’entente sous l’égide de trois organisations syndicales : la CGT, CGT-FO et la CFTC. En raison de la spécificité du personnel de la MGEN qui gère, rappelons-le, les prestations de Sécurité sociale du personnel de l’Éducation nationale, et qui de ce fait se rapproche de la fonction publique, les salaires sont calqués sur ceux de la fonction publique. Mais pour marquer sa fidélité à son origine syndicaliste et « traduire dans les faits les principes auxquels nous sommes tous indéfectiblement attachés11 », les zones de salaires sont supprimées. Quelques mois plus tard, cette convention est élargie aux salariés de province. De leur côté, les employés des établissements médico-sociaux restent dotés d’une convention spécifique associée au statut de la fonction publique hospitalière.

  • 12 « Les salaires du personnel privé de la MGEN », Bulletin de la MGEN n° 5, mai 1 (...)
  • 13 D. Forestier, « Complément au rapport moral », assemblée générale de 1971 à Nan (...)

7En 1955, parallèlement à la création d’une commission nationale du personnel, une convention nationale est fixée pour les salariés du siège et des sections départementales. Et en 1958, les deux conventions collectives fusionnent au sein d’une convention unique dont la référence à la fonction publique est maintenue12. Mais au début des années 1970, la convention collective doit être modifiée, en raison de la diversification des professions : les procédés de gestion atteignent un stade « industriel », qui rompt avec « le petit atelier mutualiste d’hier, avec ce qu’il impliquait jusque et y compris un peu de paternalisme13 ». Les salariés de la MGEN – plus de 4 100 en 1971 – se répartissent alors en trois secteurs dont les méthodes de travail répondent à des impératifs différents : le personnel administratif (environ 55 %), le personnel hospitalier (44 %) et le personnel hôtelier (moins de 2 %). La loi hospitalière du 30 décembre 1970 complique encore les choses pour la MGEN : en donnant la possibilité à ses établissements de participer au service public hospitalier (SPH), elle offre à son personnel médical et paramédical des avantages dont les autres catégories socioprofessionnelles sont exclues. Au terme de discussions tendues avec les organisations syndicales, un accord conclu en 1972 aboutit à la scission de la convention collective en trois branches. Finalement, en 1987, un nouveau protocole d’accord réinstaurera une double convention, l’une pour le personnel hospitalier, l’autre pour le personnel administratif.

  • 14 J-M. Coq, « Rapport d’activité », assemblée générale de 1954 à Paris.
  • 15 M. Dreyfus, Histoire de la CGT. 100 ans de syndicalisme en France, Paris, Complexe, 1995, (...)
  • 16 A-M. Guillemard, Le déclin du social. Formation et crise des politiques de la vieillesse, (...)
  • 17 R. Coustal, « Rapport d’activité », Bulletin de la MGEN n° 39, mai 1977.

8En plus des avantages de la fonction publique qui lui sont accordés en 1954, le personnel de la MGEN bénéficie d’un nombre croissant d’avantages sociaux. Officiellement, ils sont destinés à rappeler « l’origine syndicale de notre société14 ». Mais dans les faits, ces mesures ont pour but plus pragmatique de stabiliser le personnel, en particulier dans les établissements confrontés à d’incessants problèmes de recrutement, à l’image du reste des structures hospitalières françaises. Ainsi, en 1962, alors que Renault instaure une quatrième semaine de congés payés, devenant ainsi, aux yeux des Français, « une sorte de « laboratoire social », un modèle pour l’ensemble du pays […]15 », la MGEN en accorde déjà cinq à ses salariés, complétées par une sixième semaine en 1989. De surcroît, l’étalement des échelons de la grille indiciaire permet l’accès à la rémunération maximale en 15 ans, contre 21 ans dans la fonction publique. Mentionnons également les congés pour enfant malade, initialement de trois jours puis portés à douze jours en 1978. En 1975, huit ans avant l’instauration de l’âge de la retraite à 60 ans, la MGEN propose à ses salariés un contrat de préretraite. A partir du début des années 1970, nombreuses sont les entreprises à adopter cette solution comme « un palliatif commode à la crise sectorielle16 », en éliminant du marché du travail les salariés les plus âgés. Mais la MGEN, elle, est encore épargnée par les effets de la crise économique, et place cette mesure « dans le cadre de l’amélioration générale des conditions de vie des travailleurs17 ».

  • 18 M. Imbert, « Vivre le quotidien, préparer l’avenir », Revue de la MGEN n° 119, (...)
  • 19 « Préretraites en deux mesures », Le Monde, 16 mai 1987.
  • 20 P. Chevalier, « Vers un contrat de solidarité : nouvelles étapes », Revue de la (...)

9Suivent d’autres avantages, comme le congé pour convenance personnelle en 1978, l’élargissement du droit syndical et des horaires individualisés en 197918. En outre, la dotation de la MGEN au comité d’entreprise, créé en 1960, atteint 1,7 % de la masse salariale au milieu des années 1980. Mais la mesure phare de la politique salariale de la MGEN est le contrat emploi solidarité (CES). Mis en place en 1981, et supprimé deux ans plus tard, le système des contrats emploi solidarité permet alors « aux entreprises de faire partir les plus de 55 ans à condition de réembaucher autant de jeunes19 ». Leur sont associés les contrats Fonds national de l’emploi (FNE), appliqués aux personnes de plus de 56 ans et 2 mois. Grâce à ces deux formules, en 1987, 482 000 salariés ont bénéficié de départ en préretraite. A la MGEN, le CES est signé le 11 mai 1982 avec le gouvernement de Pierre Mauroy. Grâce à une réduction progressive du temps de travail – 39 heures en 1982 puis à 37 heures en 1983 –, associée à des départs en préretraite, la MGEN parvient à embaucher 900 personnes supplémentaires, soit près de 10 % de ses effectifs salariés globaux. Le coût de l’opération, échelonnée sur trois ans, est évalué à 100 millions de francs. Pour les administrateurs mutualistes, le Contrat Emploi Solidarité remplit une double fonction, en concrétisant son soutien aux options de la gauche nouvellement au pouvoir, et en marquant sa « volonté d’apporter une aide concrète à la lutte contre le chômage20 ».

  • 21 N. Imbert, Fonctionnement et dysfonctionnements dans une grande entreprise mutualiste, (...)

10Malgré ces avantages sociaux, révélateurs de la volonté des dirigeants mutualistes de rester en accord avec leurs origines syndicalistes, des conflits sociaux parfois violents éclatent à la MGEN. Contre toute attente, la volonté des administrateurs « “ d’adopter une attitude conforme aux conceptions syndicales ” […] a rendu les personnels salariés exigeants, qui se sont souvent étonnés de rencontrer des refus, des incompréhensions ». De leur côté, « les employeurs syndicalistes ne sont pas moins étonnés de rencontrer de l’hostilité et de se voir traités de “ patrons ”21 ».

Les conflits sociaux à la MGEN

Avant mai 1968

11Depuis 1946, le personnel de la MGEN est représenté par différentes organisations syndicales : la CGT, la CGT-FO, la CFTC, le Syndicat national des personnels privés de la MGEN (SNAPP), organisme indépendant créé en 1955, et le syndicat des médecins de la MGEN, fondé en 1965 et intégré à la CGC en 1974. Enfin, la CFDT, née en 1964 de la déconfessionnalisation de la CFTC, jouit d’une popularité croissante à partir des années 1970. Mais jusqu’à la fin des années 1950, le personnel mutualiste reste à l’écart des mouvements sociaux qui agitent le pays. Durant l’hiver 1947, de grands mouvements de grève ont lieu dans les entreprises et la fonction publique, auxquels les enseignants syndicalistes prennent d’ailleurs une part active. Ces derniers sont également confrontés à la scission de la CGT, en décembre 1947, qui donne lieu à la création de la CGT-FO : quelques mois plus tard, la Fédération de l’Éducation nationale (FEN) choisit l’autonomie. Contrairement à leurs dirigeants, les salariés de la MGEN ne prennent pas part à ces mouvements. Il en va de même, en 1953 lors de la grève des fonctionnaires contre les décrets gouvernementaux sur l’âge de la retraite, adoptés sans consultation des institutions paritaires de la fonction publique. Or, c’est à cette époque que leurs conditions de travail sont les plus précaires à la MGEN, qui commence tout juste à se mettre en route : en l’absence de locaux, son personnel doit souvent se contenter de salles de classes prêtées par les inspections académiques. On peut sans doute mettre cette absence de revendications sur le compte de l’enthousiasme des débuts.

  • 22 Correspondance à M. Rivière, 4 février 1957, boîte 56363.
  • 23 Tract CGT, CGT-FO et CFTC, 1er février 1960, boîte 17960.
  • 24 Communiqué CGT, 25 janvier 1961, boîte 18064.

12Jusqu’à la fin des années 1950, les relations entre les administrateurs mutualistes et les syndicats demeurent donc satisfaisantes. En 1957, le secrétaire du syndicat FO du siège national et de la section de la Seine déclare que « depuis dix ans que la MGEN existe, et n’a cessé de grandir et de s’améliorer, sa cause est devenue un peu la nôtre22 ». Le 1er février 1960, une grève d’une heure est certes lancée par la CGT, FO et la CFTC : mais il s’agit de répondre à l’appel national de la CGT, de la CFTC, de FO, de la FEN et de l’UNEF pour exprimer leur attachement au principe de l’autodétermination en Algérie23. En janvier 1961, le premier réel mouvement de contestation est « une grève d’avertissement24 », pour protester contre le silence du bureau national face aux revendications des syndicats. A cette occasion, un représentant du SNAPP met en évidence la situation paradoxale des « patrons syndicalistes » :

  • 25 M. Vasselier, correspondance à D. Forestier, 2 février 1961, boîte 18064.

« Les dirigeants de la MGEN sont-ils patrons ou syndicalistes dans leurs rapports avec nous ? Lorsque nous faisons une demande à la MGEN et qu’elle reste sans réponse : qui a refusé de répondre ? Les syndicalistes ou les patrons ?25. »

13Les grévistes contestent le blocage des possibilités d’avancement, dû à la monopolisation des postes de responsabilité par les enseignants détachés ou mis à disposition. La participation au mouvement est toutefois inégale selon les centres de travail : 98 % au siège national, une participation très variable dans les sections départementales et quasi-nulle dans les établissements.

  • 26 M. Dreyfus, Histoire de la CGT (…), op. cit., p. 267.

14Plus généralement, jusqu’en 1967, les grèves qui ont lieu à la MGEN se caractérisent par une faible mobilisation. Il s’agit généralement de mouvements de solidarité avec les grèves nationales : ainsi, le 11 décembre 1964, certains centres de travail soutiennent la grève générale interprofessionnelle lancée par FO, la CGT, la CFDT et la FEN dans le secteur public nationalisé pour « le retour à la libre négociation des salaires ». Le 17 mai 1966, les employés des établissements manifestent à nouveau « notre devoir de solidarité et notre intérêt indirect en matière de salaire » avec le personnel de la fonction publique, et donc, indirectement, avec leurs dirigeants. Le ton change lors d’une grève lancée le 1er février 1967 au siège national. Cette dernière s’inscrit totalement dans la « remontée des luttes revendicatives26 » constatée à la veille du mouvement de mai 1968. Au terme de cette journée d’action, la direction de la Mutuelle décide de reporter la journée de travail perdue au samedi suivant. Cette mesure très mal ressentie par les syndicats, en particulier FO, est suivie d’échanges des plus tendus entre la direction mutualiste et les syndicats. Cet incident est révélateur de la dégradation sensible des relations entre administrateurs mutualistes et syndicats de salariés.

Mai 1968 et ses suites

  • 27 Communiqué de la MGEN, 28 mai 1968, boîte 12815.
  • 28 D. Forestier, « Rapport moral », assemblée générale de 1968 à Nice, boîte 13836

15Contrairement à la majorité des entreprises, mais comme le reste du mouvement mutualiste français, qui fait preuve d’une relative indifférence aux événements de mai 1968, les centres de travail de la MGEN sont faiblement touchés par les vagues de grève de mai 1968. Si le personnel cesse le travail, c’est toujours par solidarité avec les travailleurs français. La grève est d’ailleurs encouragée par les dirigeants mutualistes : dans un communiqué du 28 mai, ils demandent « à toutes les sections de mobiliser leurs responsables pour dénoncer auprès de nos camarades, en accord avec nos organisations syndicales, lors des réunions syndicales, les ordonnances relatives à la Sécurité sociale27 ». Mais en juin, cette relative inertie cède la place à des revendications de plus en plus fortes : à la « charte revendicative28 », présentée par les salariés, le bureau national répond par une fin de non recevoir. Les grévistes sont particulièrement choqués par son refus de payer les jours de grève, alors que dans le même temps, la FEN entame des pourparlers avec le gouvernement pour régler la situation des fonctionnaires grévistes. Après une journée de grève, le 27 juin, les retenues de grève – représentant plus de 97 000,00 francs – sont finalement maintenues ; mais en guise d’apaisement, elles sont affectées aux œuvres sociales du comité d’entreprise.

  • 29 M. Dreyfus, « L’institutionnalisation des pratiques de solidarité chez les mutualistes et (...)
  • 30 L’Institut Marcel Rivière (hôpital psychiatrique de La Verrière), les hôpitaux de jour de (...)

16Durant la décennie 1970, l’ampleur des mouvements de contestation tranche avec la période précédente. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte général en France, qui subit, pendant près de dix ans, l’onde de choc de mai 1968. En outre, à l’image d’autres grandes mutuelles, telle la Mutuelle générale des PTT (MGPTT), la MGEN fait preuve de « certaines tendances bureaucratiques, ce qui est sans doute le prix à payer de [son] importance et de [son] efficacité29 ». Cette institutionnalisation des mutuelles explique le décalage croissant entre les conceptions des administrateurs et celles de leurs salariés. Les plus fortes tensions se situent entre 1970 et 1977, sous la présidence de Denis Forestier, dont la personnalité aussi charismatique qu’autoritaire n’est sans doute pas étrangère à ces difficultés. En 1970, une grève est organisée dans les services psychiatriques30 et dans les sections départementales de la région parisienne. Les syndicalistes revendiquent des améliorations de salaires, des locaux plus spacieux et un renforcement des effectifs. Le 29 avril 1970, 70 employés des établissements psychiatriques manifestent devant le siège national et demandent à être reçus par le président. Mais au terme de plusieurs journées de grève, massivement suivies, et malgré le soutien aux grévistes manifesté par les enseignants hospitalisés dans les structures psychiatriques, les dirigeants mutualistes refusent de céder. Ce conflit est caractéristique de la radicalisation des luttes entre la direction mutualiste et les salariés.

  • 31 « La grève à la Mutuelle générale de l’Éducation nationale : syndicalistes contre (...)
  • 32 « La grève de la MGEN : quand le patron est un syndicat », Politique hebdo, 26 octobre (...)
  • 33 Depuis la scission syndicale de 1947 et le choix de l’autonomie par la FEN, les syndicats (...)
  • 34 D. Forestier, « Grève à la MGEN. Assumer ses responsabilités », Revue de la MGEN n° 13, 4(...)

17En 1972, les tensions sont renforcées par les négociations sur la convention collective, que les dirigeants de la MGEN veulent diviser en trois branches. Après la signature d’une convention par la CGT et le SNAPP, en septembre 1972, la CFDT et FO, rejointes par la CGT, entament une grève illimitée. Le mouvement est massivement suivi et se prolonge durant 23 jours. Il atteint son point culminant le 9 octobre 1972, lorsque les manifestants occupent le siège national et séquestrent Denis Forestier dans son bureau. Les échos de ce conflit remontent jusqu’à la presse nationale ; le 17 octobre 1972, Le Monde accuse Denis Forestier de rester « retranché dans son bureau de verre, au-dessus de la gare Montparnasse, [car] il estime qu’il a fait le maximum31 ». De son côté, Politique Hebdo – fondé en 1970 par d’anciens militants communistes ayant quitté le parti à la suite de la condamnation de la publication par ce dernier – s’indigne contre la « bonne gestion capitaliste » de la MGEN, qui s’accompagne « des aspects les moins acceptables de l’exploitation capitaliste : rendement maximum pour salaire minimum32 ». Les syndicalistes enseignants eux-mêmes se divisent, en fonction de leur tendance – majoritaire ou minoritaire33 : les directions nationales de la FEN et du SNI expriment leur soutien à la direction mutualiste, sans toutefois prendre parti. En revanche, certaines sections syndicales condamnent ouvertement l’attitude de la mutuelle. Cette grève est l’une des plus longues de l’année 1972 et la plus longue de l’histoire de la mutualité. Elle se termine finalement par un contrat de négociation avec les syndicats, dans lequel le personnel obtient satisfaction sur certaines revendications, mais qui maintient la convention collective tripartite. À cette occasion, Denis Forestier prend conscience du fait que « ce conflit pose, ou plus exactement repose, sur un problème nouveau : celui des constructions syndicalo-mutualistes par rapport à leurs employés34 ». Ce n’est qu’à cette date que les administrateurs mutualistes commencent véritablement à réfléchir à la spécificité de leurs relations avec le personnel.

  • 35 D. Forestier, « Propos d’ouverture », assemblée générale de 1976 à Paris, boîte 13785.
  • 36 Motion de la section FEN des Yvelines, 20 avril 1976, boîte 12817.
  • 37 Lettre ouverte aux syndicats de la FEN, 19 novembre 1976, boîte 56273.
  • 38 Bureau national du 23 novembre 1976, boîte 12700.

18L’année 1976 est marquée par une nouvelle série de conflits qui fait reconnaître à Denis Forestier « qu’il est difficile d’être mutualiste, syndicaliste et patron en même temps35 ». Lors des grèves d’avril 1976, les enseignants syndicalistes et mutualistes manifestent à nouveau leur solidarité avec les employés mutualistes. Ainsi, plusieurs sections de la FEN déplorent le fait que « le personnel de la MGEN soit encore plus maltraité que le personnel de l’Éducation nationale et qu’il soit contraint à exiger de la direction de la MGEN… ce que les syndicats de la FEN et la FEN elle-même exigent du gouvernement36 ». À la fin de l’année, une grève de trois semaines est lancée au centre médical de Paris, suivie par 25 à 30 % des employés. Soutenus par plusieurs sections départementales, ces derniers protestent contre une diminution d’horaires, accompagnée d’une réduction de salaire de 10 %, imposée à une cinquantaine de salariés. Le 19 novembre, dans une lettre ouverte, les grévistes prennent directement à parti les syndicats de la FEN37. Le 23, une réunion du bureau national de la MGEN est interrompue par l’intrusion d’une délégation de grévistes38. Encore une fois, le conflit est réglé par la négociation : les salariés obtiennent le choix entre un passage progressif aux 40 heures ou le maintien au nombre d’heures et à la rémunération antérieure. Mais la longueur du conflit et l’appel à l’arbitrage du syndicalisme enseignant sont révélateurs de la profondeur du malaise.

Un apaisement relatif

  • 39 Note d’ensemble sur le stage de la délégation du conseil d’administration de la MGEN à la (...)

19En 1977, l’accès à la présidence de Pierre Chevalier, qui succède à Denis Forestier, coïncide avec une relative accalmie dans les relations avec le personnel : les négociations reprennent au sein des commissions mixtes, et la nouvelle équipe dirigeante organise une réunion avec les représentants syndicaux pour leur exposer les grandes lignes de sa politique. A l’évidence, les nouveaux administrateurs mutualistes réalisent que « la MGEN représente un “ terrain d’expérience ” pour les organisations syndicales du personnel, pour transposer ensuite d’éventuelles victoires dans l’ensemble du monde ouvrier39 ». Les salariés participent à des grèves nationales – notamment le 27 janvier, le 24 mai et le 1er décembre 1977 –, mais leurs revendications passent au second plan derrière la dénonciation du plan Barre, la revendication d’une progression du pouvoir d’achat et de mesures en faveur des bas salaires. Il en va de même les 10 et 13 mai 1980, lors de journées d’action lancées par la CFDT, FO, la CGC, la FEN, la CGT et les organisations sociales, familiales, mutualistes et médicales. Ces grèves renouent avec les mouvements de solidarité des années 1960 : les grévistes expriment leur soutien aux mots d’ordre des centrales syndicales plus qu’ils ne revendiquent auprès de leur direction. Certes, les tensions ne disparaissent pas, mais on assiste à un relatif retour au calme.

20En 1981, l’arrivée de la gauche au pouvoir suscite de grands espoirs, tant chez les dirigeants mutualistes que chez les syndicats représentatifs du personnel mutualiste ; mais tous sont rapidement déçus. En décembre 1981 déjà, la décision prise unilatéralement par la direction mutualiste de réduire le temps de travail à 37 heures, dans le cadre du Contrat emploi solidarité, est très mal interprétée par les syndicats. Ces derniers ne contestent pas la mesure instaurée par la MGEN, qui va dans le sens de leurs revendications, mais la manière dont elle a été appliquée, sans négociations préalables avec les salariés. Le 9 décembre 1981, le personnel se met en grève et revendique le passage aux 38 heures, aux 33 heures pour les femmes enceintes et aux 35 heures pour les employés exécutant des travaux pénibles. Avec le retour à l’austérité économique, en 1983, l’amertume des syndicats se porte tout autant contre le gouvernement que contre la MGEN, dont les difficultés financières appellent un changement de politique : en 1983, elle est déficitaire pour la première fois de son histoire. La Mutuelle décide alors de ne plus créer de nouveaux établissements médico-sociaux, fermant ainsi une page de son histoire. En 1986, la Direction départementale de l’action sanitaire et sociale (DDASS) de la Drôme impose une restructuration à son établissement pour handicapés profonds du Royans, qui implique la suppression de plus de 30 emplois. Cet événement est un facteur supplémentaire de tension. La décennie 1980 est également marquée par une série de grèves de solidarité avec le secteur public, avec les sidérurgistes et avec les étudiants. Cependant, la mobilisation est globalement plus faible que dans la décennie précédente : il s’agit de mouvements locaux ou impulsés par une seule des organisations syndicales, qui, du fait de leurs divergences, agissent sans coordination. Parallèlement, se développent des mouvements propres à des professions jusque-là en marge de la scène : les infirmiers.

Le réveil des professions paramédicales

21En mai et juin 1982, l’Institut Marcel Rivière (IMR), dans les Yvelines, est le théâtre de grands mouvements de grève du personnel infirmier qui, comme dans les années 1970, proteste contre la rigueur des conditions de travail et un sous-effectif permanent. Les pensionnaires mutualistes manifestent leur solidarité avec les grévistes en adressant une pétition au président de la MGEN et en s’organisant en « collectif des soignés mutualistes de l’IMR ». A la suite de ce conflit, les infirmiers de la MGEN participent à des actions nationales. En 1988, la mobilisation est particulièrement forte lors de la grève contre le décret Barzach (27 décembre 1987), qui abroge toute condition de niveau pour le concours d’accès aux écoles d’infirmières. Débuté en mars 1988, le mouvement, encadré par des coordinations, se prolonge jusqu’en octobre. A son terme, le 24, les infirmiers obtiennent l’abrogation du décret et des améliorations de salaires. À la MGEN, les infirmiers, toujours soutenus par les adhérents mutualistes en traitement à l’IMR, suivent massivement le mouvement. Le 12 octobre, ils créent une coordination sur le modèle national. Le 22 décembre, les négociations avec les dirigeants mutualistes aboutissent à de substantielles améliorations de salaires. À la suite de cette forte mobilisation, le début des années 1990 est marqué par d’autres mouvements de contestation des infirmiers, mais aussi des médecins et des psychologues. Loin d’être propres à la MGEN, ces actions s’inscrivent dans un contexte de montée du malaise des professions médicales et paramédicales. Elles font surgir des revendications propres au personnel des établissements mutualistes qui, excepté en région parisienne, se contentait jusque-là de suivre des actions initiées par le siège national ou les sections départementales.

Quelle spécificité du patronat syndicalo-mutualiste ?

22L’analyse de la construction de la politique salariale de la MGEN révèle la difficulté pour des militants « syndicalo-mutualistes » à devenir des patrons, tout en préservant la spécificité liée à leur ancrage dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. Malgré leur sincérité qui semble indéniable, les contraintes gestionnaires auxquelles les administrateurs de la MGEN sont confrontés, comme n’importe quel employeur, sont de redoutables freins à la construction d’une relation spécifique avec leurs salariés. Dans le même temps, apparaissent d’autres facteurs de blocage, de plus en plus problématiques, telles les rigidités de la structure mutualiste, sa bureaucratisation et la monopolisation des postes de direction par les enseignants, sans réelles possibilités d’avancement pour le personnel privé. Jusqu’à la fin des années 1960, la MGEN reste une mutuelle à taille humaine et peut, de ce fait, nouer des relations satisfaisantes avec ses salariés, dans un contexte de prospérité global. Il n’en va plus de même à partir de la décennie suivante, lorsqu’elle devient une « entreprise » aux effectifs croissants, gestionnaire de services de plus en plus nombreux, et tandis que le contexte socio-économique se dégrade.

  • 40 A. Brodiez (2004), Le Secours populaire français, 1945-2000 : de l’organisation de (...)
  • 41 S. Pattieu (2009), Tourisme et travail : de l’éducation populaire au secteur marcha (...)

23À l’époque, d’autres groupements connaissent des difficultés similaires : banques, usines, mais aussi des dirigeants syndicalistes ou mutualistes, notamment la CGT, contrainte d’adapter ses effectifs salariés à la baisse de ses effectifs militants. Dans d’autres univers, apparaissent des problématiques du même type, notamment au Secours populaire40, ou encore à Tourisme et Travail41.

  • 42 V. Aubert., A. Bergounioux, J-P Martin, R. Mouriaux (1985), La forteresse enseignan (...)

24Ces conflits révèlent peut-être également d’autres carences de l’institution mutualiste, en particulier l’insuffisance des efforts de communication de la direction mutualiste avec les syndicats, qui n’ont pas eu le sentiment d’être suffisamment intégrés à la gestion de l’entreprise. S’il n’entre pas dans notre propos de remonter aux origines de ces conflits, reste qu’à la MGEN, ils sont révélateurs du décalage croissant qui s’opère entre les militants mutualistes, porteurs du programme idéologique fondateur de la mutuelle, et leur personnel, qui se retrouve de moins en moins dans ce projet et qui « n’a plus le sentiment d’appartenir à une construction collective qui serait, par essence, différente d’une entreprise classique […]. Il perçoit ses employeurs comme des patrons ordinaires42 ». Les administrateurs de la MGEN ont certainement attendu de leurs salariés un investissement total, à l’image de leur propre dévouement militant, ce qui apparaît d’emblée comme une utopie. On retrouve là un exemple caractéristique de la tension fondatrice, et difficilement surmontable pour les acteurs de l’économie sociale, entre militantisme et contraintes gestionnaires.

  • 43 C. Siney (2010), « Syndicalisme et mutualité enseignante, des relations complexes de la (...)

25Enfin, ces grèves sont l’occasion de voir surgir, au sein de la structure mutualiste, les conflits entre les différentes tendances de la FEN ; se répercutent ici les tensions du syndicalisme enseignant, dans lesquelles la MGEN est impliquée malgré elle, et en dépit de sa farouche volonté d’indépendance vis-à-vis des syndicats enseignants43. Sans doute serait-il judicieux de compléter cette analyse interne du « cas » MGEN par d’autres structures du même type, telles la MAIF dans le monde de l’Éducation nationale, ou la MGPTT, dans le cadre plus large de la Fonction publique. Cette analyse comparative permettrait d’identifier des éléments communs, et des différences de gestion, entre ces patrons sociaux.

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Notes

1 Cette communication fait écho à un article publié dans Le Mouvement Social, « Le “patron” MGEN : un exemple de gestion salariale syndicalo-mutualiste (1946-1991) », Le Mouvement Social 3/2010, n° 232, p. 75-90.

2 En juillet 2009, Jean-Michel Laxalt a quitté la présidence de la MGEN après dix années passées à sa tête. Son successeur, Thierry Beaudet, est le premier président de la Mutuelle à ne pas avoir eu de responsabilités syndicales. Symboliquement, une page majeure de l’histoire des relations syndicalo-mutualistes a ici été tournée.

3 Extrait de la sténotypie de l’assemblée générale de 1948, archives de la MGEN, boîte 13782.

4 Notons toutefois que cette étude, qui repose sur le dépouillement des archives de la MGEN dans le cadre d’une thèse sur ses structures médico-sociales, donne une vision exclusivement interne de cette gestion salariale et insiste sur les établissements. Elle mériterait donc d’être complétée par des études comparatives, ainsi que par des sources externes, tels les syndicats nationaux et enseignants.

5 « Projet de création d’une section de cure médicale au centre G. Hielle », 23 août 1978, boîte 13047.

6 Dans les sections départementales, les fonctionnaires sont mis à disposition et restent salariés par l’Éducation nationale - bien que leurs traitements soient remboursés par la MGEN au ministère en signe d’indépendance. Dans les établissements, les enseignants détachés sont retirés de l’enseignement et directement rémunérés par la MGEN.

7 Hôpital psychiatrique de la MGEN installé à La Verrière (Yvelines).

8 Entretien avec Pierre Chanoit, médecin directeur de l’IMR de 1972 à 1990.

9 M. Caillon, La Mutuelle générale de l’Éducation nationale. Éléments de prospective, mémoire en vue de l’obtention du diplôme d’économiste, CNAM, 1992, 164 p., p. 13.

10 L. Chevalier, « La lutte antituberculeuse engagée depuis 1902 par l’Union des sana et par la MGEN, son héritière depuis 1946 », procès-verbal du conseil d’administration de Paris, sd, boîte 13061.

11 J-M. Coq, « Rapport d’activité », Assemblée générale de 1954 à Paris, boîte 13783.

12 « Les salaires du personnel privé de la MGEN », Bulletin de la MGEN n° 5, mai 1961.

13 D. Forestier, « Complément au rapport moral », assemblée générale de 1971 à Nantes, boîte 13933.

14 J-M. Coq, « Rapport d’activité », assemblée générale de 1954 à Paris.

15 M. Dreyfus, Histoire de la CGT. 100 ans de syndicalisme en France, Paris, Complexe, 1995, p. 262.

16 A-M. Guillemard, Le déclin du social. Formation et crise des politiques de la vieillesse, Paris, PUF, 1986, p. 222.

17 R. Coustal, « Rapport d’activité », Bulletin de la MGEN n° 39, mai 1977.

18 M. Imbert, « Vivre le quotidien, préparer l’avenir », Revue de la MGEN n° 119, mars-avril 1989, p. 8-13.

19 « Préretraites en deux mesures », Le Monde, 16 mai 1987.

20 P. Chevalier, « Vers un contrat de solidarité : nouvelles étapes », Revue de la MGEN n° 65, juin-juillet 1982, p. 2-3.

21 N. Imbert, Fonctionnement et dysfonctionnements dans une grande entreprise mutualiste, maîtrise en information et communication, Paris IV, 1980, p. 19.

22 Correspondance à M. Rivière, 4 février 1957, boîte 56363.

23 Tract CGT, CGT-FO et CFTC, 1er février 1960, boîte 17960.

24 Communiqué CGT, 25 janvier 1961, boîte 18064.

25 M. Vasselier, correspondance à D. Forestier, 2 février 1961, boîte 18064.

26 M. Dreyfus, Histoire de la CGT (…), op. cit., p. 267.

27 Communiqué de la MGEN, 28 mai 1968, boîte 12815.

28 D. Forestier, « Rapport moral », assemblée générale de 1968 à Nice, boîte 13836.

29 M. Dreyfus, « L’institutionnalisation des pratiques de solidarité chez les mutualistes et les syndicalistes », P. Guillaume (dir.), Les solidarités 2. Du terroir à l’État, colloque des 20-21 juin 2002, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 2003, p. 187.

30 L’Institut Marcel Rivière (hôpital psychiatrique de La Verrière), les hôpitaux de jour de Paris et la clinique de Rueil-Malmaison sont les différents pôles du service psychiatrique de la MGEN, mis en œuvre à partir des années 1950.

31 « La grève à la Mutuelle générale de l’Éducation nationale : syndicalistes contre syndicalistes … », Le Monde, 17 octobre 1972.

32 « La grève de la MGEN : quand le patron est un syndicat », Politique hebdo, 26 octobre 1972, boîte 12815.

33 Depuis la scission syndicale de 1947 et le choix de l’autonomie par la FEN, les syndicats enseignants sont divisés en trois tendances : la majorité autonome, « Unité, indépendance et démocratie », « Unité et action » (UA), d’idéologie communiste, et École Émancipée, plus marginale, de tendance trotskiste et anarcho-syndicaliste.

34 D. Forestier, « Grève à la MGEN. Assumer ses responsabilités », Revue de la MGEN n° 13, 4e trimestre 1972.

35 D. Forestier, « Propos d’ouverture », assemblée générale de 1976 à Paris, boîte 13785.

36 Motion de la section FEN des Yvelines, 20 avril 1976, boîte 12817.

37 Lettre ouverte aux syndicats de la FEN, 19 novembre 1976, boîte 56273.

38 Bureau national du 23 novembre 1976, boîte 12700.

39 Note d’ensemble sur le stage de la délégation du conseil d’administration de la MGEN à la commission mixte, 16-17 mars 1978, boîte 12818.

40 A. Brodiez (2004), Le Secours populaire français, 1945-2000 : de l’organisation de masse à l’association de solidarité, histoire d’engagements, thèse de doctorat d’histoire, sous la direction de Danielle Tartakowsky, Paris VIII.

41 S. Pattieu (2009), Tourisme et travail : de l’éducation populaire au secteur marchand (1945-1985), Paris, Presses de Sciences Po,.

42 V. Aubert., A. Bergounioux, J-P Martin, R. Mouriaux (1985), La forteresse enseignante : la Fédération de l’Éducation nationale, Paris, Fayard, p. 169.

43 C. Siney (2010), « Syndicalisme et mutualité enseignante, des relations complexes de la Libération aux années 1970 », L. Frajerman, F. Bosman, J-F. Chanet, J. Girault (dir.), La Fédération de l’Éducation nationale (1928-1992). Histoire et archives en débat, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, p. 207-217.

Auteur

Historienne, Centre d’histoire sociale du XXe siècle/CHS – UMR CNRS 8058, université Paris 1.Siney.charlotte@orange.fr

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