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    Plan détaillé Texte intégral Les effets subjectifs de la violence Le silence et le vouloir Un besoin de punition ou une logique de destruction ? Dynamique du lien et enjeux inconscients Notes de bas de page Auteur

    Le corps en lambeaux

    Ce livre est recensé par

    • Jean-Baptiste Bonnard, Genre & histoire, mis en ligne le 16 juillet 2019. URL : https://journals.openedition.org/genrehistoire/4292 ; DOI : https://doi.org/10.4000/genrehistoire.4292
    • Laura Balzer, Clio. Femmes, Genre, Histoire, mis en ligne le 3 mai 2021. URL : https://journals.openedition.org/clio/18738 ; DOI : https://doi.org/10.4000/clio.18738
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    Table des matières

    Les motifs du silence : violence sexuelle et lien de couple

    Marie-José Grihom

    p. 321-331

    Texte intégral Les effets subjectifs de la violence La honte et la culpabilité Le silence et le vouloir Sauver le lien : la mise en avant de l’affect Un besoin de punition ou une logique de destruction ? Dynamique du lien et enjeux inconscients « Silence… on tourne ! » Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1La violence et le viol ont la même étymologie : « violentus » et « violentia » appartiennent à la famille de « violare » : traiter avec violence, violer, porter atteinte à, dévaster, profaner, outrager (notamment une vierge), souiller, etc. La violence est donc une force qui s’impose au corps ou à l’esprit. Partant de là, notre droit contemporain considère qu’est violente toute action qui exclut le consentement de la victime que ce soit par la contrainte ou par la surprise. Ainsi, seule la notion de consentement permet de distinguer les actes transgressifs, et donc punissables, de ceux qui ne le sont pas. Pourtant nous savons qu’en matière de pratiques sexuelles sadomasochistes la réalité est complexe et que certains jouissent de subir, dans un apparent consentement, certaines formes de souffrance qui s’apparentent à de la violence1. Dans ces cas, où la jouissance est au premier plan, le lien est souvent pervers ou l’un des deux partenaires l’est2, ce qui réduit d’autant l’idée que la « victime » soit libre de subir. Peut-on considérer que les femmes dont nous traitons ici acceptent elles aussi l’insupportable ? Cette question est délicate et embarrassante. Dans le champ éducatif, médical et social, lorsqu’il s’agit d’enfants, toute atteinte sexuelle dont le fondement est prouvé sera tenue pour une violence. Nous sommes bien plus gênés pour définir la violence sexuelle dans le contexte du couple et ce, dès lors que le rapport humain y semble perverti et, a fortiori, lorsque la victime n’en dit mot. La jurisprudence française a décidé récemment que toute atteinte sexuelle et sexuée sur un adulte est une violence à supposer que la personne refuse ce qu’elle a souffert et le dénonce – même si la plainte vient longtemps après les faits.

    2Cette décision est à mettre en perspective avec une réalité autrement complexe. En effet, un constat émerge tant dans le cadre des dispositifs d’aide pour les femmes victimes de violence conjugale que dans les données statistiques fournies par l’enquête Enveff3. De très nombreuses femmes qui subissent des violences physiques et sexuelles dans leur couple ne s’en libèrent pas et n’en parlent pas ouvertement. Le lien avec le partenaire violent (homme ou femme) subsiste en dépit des sévices souvent majeurs.

    3Celles qui viennent dire ou demander de l’aide, dans le cadre associatif ou en centres d’accueil, ne donnent souvent pas suite et retournent vivre dans un couple où elles se font maltraiter, nier, violer, blesser dans leur intimité physique et psychique. Que dit-on d’elles et de leur apparente passivité face à une violence jugée socialement intolérable ? Deux discours sont nettement identifiables. Soit on impute le silence au lien d’emprise du partenaire sur la femme – puisqu’elle n’est plus « qu’objet » au service de la jouissance pervertie d’un autre. Soit, à l’inverse on la suspecte de bien le vouloir en quelque sorte, comme le souligne Nadège Sévérac4 dans une perspective critique. Il nous semble utile de dépasser cette lecture antinomique dans le champ social afin de comprendre les raisons de ce qui apparaît en dehors de la raison précisément : subir de multiples traumatismes sans demander d’aide ou sans porter (sa) plainte. Nous avons choisi de ne pas simplement opposer les deux thèses en présence mais de mettre en tension les deux sortes d’aliénation psychique qu’elles désignent : la première à l’autre violent et la seconde à son propre inconscient – ce au regard de l’intersubjectivité dans le lien de couple. Nous sommes donc partie d’hypothèses cliniques faites dans le champ de la psychanalyse individuelle et de couple5 pour avancer une esquisse de réponse à la question : pourquoi le silence plutôt que la parole après une ou de multiples souffrances ?

    Les effets subjectifs de la violence

    4Les effets de la violence sur la subjectivité sont connus depuis Freud comme potentiellement traumatogènes du fait d’un excès d’excitations que l’appareil psychique est inapte à contenir. Au-delà des effets somatopsychiques régulièrement relevés et systématisés sous le vocable de « stress post-traumatique », soulignons qu’il s’agit dans tous les cas de ruptures de la continuité d’existence. La première tient à l’excès d’excitations douloureuses et anxiogènes, véritable désordre psycho-affectif lié à la peur pour son corps, à la terreur de son impuissance et à l’intensité du sentiment de mort imminente. Le sujet peut aussi se retrouver sidéré et sans aucun moyen de défense, d’autant plus que toute violence comporte un effet de surprise, de saisissement même lorsqu’elle a pu être anticipée au préalable du fait des mots (violence sexuée) que le partenaire adresse ou que chacun adresse à l’autre. La seconde effraction repérable concerne les limites même de ce qui usuellement forme l’unité somatique et psychique où s’appuie le sentiment d’identité. Lorsque les limites de son corps propre, les limites de sa pensée sont ébranlées par l’intrusion sexuelle c’est l’assurance que son corps tout comme son esprit sont délimités et en cela déterminés qui est momentanément perdue. Or, le développement psychique requiert l’instauration d’un topos propre, d’un territoire psychique qui contienne et borne tout à la fois la subjectivité pour éviter autant la confusion avec l’autre que la participation sans limite au non-différencié. Le sans limite ou l’apeiron est le propre de Chaos dans la mythologie grecque, puissance non figurable qui tourbillonne et engloutit tel un trou noir de la physique moderne.

    5Il nous semble que parmi les ruptures de la vie intime engendrées par la violence, il en est une qui est trop souvent omise : l’exclusion du sujet du sens et de la parole. Pierre-Paul Costantini6 a décrit, au travers d’un cas de viol dans l’espace public, comment la force brutale qui transgresse et outrage le sexe se situe hors langage et exclut donc la possibilité d’une réponse. Le viol du corps et de l’esprit plonge le sujet dans le hors-sens, plus précisément il fait surgir ce que nous nous appliquons habituellement à ignorer : il y a du réel. Une autre chose surgit et se révèle où le psychisme ne peut que vivre une angoisse insoutenable face à ce que Costantini nomme « l’autre nuit » pour l’opposer à la nuit accueillante du sommeil voire de la mort selon certaines représentations. Il n’y a plus dès lors aucune « commune mesure » qui permette de comprendre et de nommer ce qui advient.

    6Subir la violence, marquée à la fois par l’excès et par l’irruption d’une étrangeté radicale ne peut pas précisément devenir une expérience. En effet, le sujet est dé-subjectivé, dans l’instant, car il est comme éjecté de la continuité de son sentiment d’existence, d’un savoir sur son existence propre. Aussi, au-delà du corps de chair effracté qui va porter les stigmates de la violence, c’est le processus qui permet d’être dans son logis le plus intime et donc le plus abrité qui est atteint. Cette série de ruptures de l’intime constitue un premier motif à l’impossibilité de dire la violence à un tiers (parent, ami, acteur du social, police, justice).

    La honte et la culpabilité

    7Examinons ce qui constitue une autre raison du silence souvent durable de ces femmes, aux yeux de plusieurs auteurs : les affects de honte et de culpabilité. Alain Ferrant7 a découvert, au travers du cas clinique d’une femme, les effets transférentiels de la honte qu’elle maintenait secrète. Il se sentait régulièrement méprisant à son égard et ce n’est qu’au moment où il devait traiter de ce cas devant une assemblée de collègues, qu’il se sentit honteux. « La honte est une souffrance de et dans l’intersubjectivité […] [elle] fait surgir en nous ce qui devait rester caché. C’est une déchirure traumatique devant témoins, réels ou imaginaires8. » De fait, ce sentiment est quasiment constant chez les victimes mais jamais abordé ni abordable directement dans le cadre de la prise en charge clinique. Ce sont des signes cliniques particuliers qui peuvent alerter le thérapeute sur l’enfouissement de la honte. Ainsi, dans un cas décrit par Delphine Scotto Di Vettimo9 c’est l’impossibilité de sa patiente à la regarder en face qui sert d’indice dans le lien transférentiel. Cette femme avait vécu séquestrée et violée par son compagnon. Il a fallu que la honte soit reconnue et nommée pour qu’elle puisse commencer à parler de ses tortures. Son jeune enfant présentait entre autres symptômes une coprophagie et un non accès à la parole, évocateurs d’une non-humanisation. La honte participe à l’humanisation à l’orée de la vie dans le lien aux parents. Mais des conditions sont requises pour cela : que cet affect puisse être partagé. À partir de là, il pourra être reconnu et remplir sa fonction de régulation des conduites par sa fonction de signal de danger narcissique10. La honte tient à la rencontre du cloacal en soi, de l’analité sous le regard de la mère. Un noyau primitif (honte originaire) se constitue donc en rapport avec l’établissement de l’intimité ou d’un espace psychique inaliénable. Parmi les agressions qui déclenchent la honte, le viol et l’inceste sont celles qui affectent le plus fortement les protections du moi face à l’autre ou les dits « appareillages d’emprise » par Alain Ferrant. Ils suscitent les sentiments de honte les plus enfouis, les moins dicibles et ceux qui doivent rester les plus « invisibles ». En effet, le corps violé et violenté est vécu comme un corps abject et l’enfouissement de cette honte justifie d’autant plus le silence. Il en résulte l’intériorisation d’une image honteuse de soi (corps, sexualité, identité, morale) qui va faire naître la culpabilité. C’est pour n’avoir ni su ni pu empêcher que cela advienne que le sujet va se sentir coupable voire responsable : « ce qui m’est arrivé, je l’ai bien mérité ». Nous pouvons, dès à présent, concevoir ces sentiments de responsabilité et de culpabilité comme des fantasmes de culpabilité dont la fonction est d’élaborer, d’atténuer le trauma et de lui donner sens11. En conséquence, dire ce que l’on a pu ou dû accepter de subir dans le cadre d’un lien destructeur – parce qu’on n’a pas réussi à s’y opposer notamment – se ramène à un véritable aveu, aveu de l’effraction de « l’inviolable psyché » et du sentiment d’abjection d’être un rien, un déchet anal. En effet, avouer c’est s’avouer à soi-même donc se reconnaître dans cette expérience, la subjectiver. L’aveu12 a toujours trait à la faute réelle ou inconsciente qui suscite honte et culpabilité. Il convoque en outre un (A) autre à qui il vient se dire, se mi-dire ou se laisser deviner comme dans l’exemple clinique choisi.

    8Les deux raisons que nous venons d’envisager : les effets de la violence sur la parole, la honte et son indicible ont sans doute un rôle notable dans l’installation des violences mais suffisent-elles à traduire cette réalité subjective qui fait « consentir » ces femmes victimes aux souffrances infligées, puisqu’elles n’y mettent pas un terme et n’en parlent pas selon Danièle Bastien13 ?

    Le silence et le vouloir

    Sauver le lien : la mise en avant de l’affect

    9Centrons-nous sur les éléments d’ordre affectif qui permettent à certains de penser qu’elles le veulent bien et se taisent pour ce motif. Maintenir le lien « d’amour » est un des leitmotivs qui empêche les femmes violentées de le rompre et souvent lorsqu’elles le font il est trop tard. Comme si toute leur énergie devait viser à maintenir le lien quel qu’en soit le prix. Nous chercherons à penser cette réalité affective du point de vue des processus en jeu en mettant en rapport les enjeux de la passion qui font concéder à Tout et ceux de la victimisation en couple.

    10En effet, est-ce de l’amour ou de la passion qui est en jeu dans ces violences conjugales ? La distinction entre ces affects est complexe et variable d’un auteur à l’autre mais des constantes peuvent se dégager. Le processus passionnel maintiendrait l’indifférenciation entre les membres du couple à moins de se transformer en amour. En ce cas, passée la phase fusionnelle de l’état amoureux, alternent dans le couple des périodes où une identité commune au couple prime et d’autres où l’accent est porté sur la différence irréductible entre l’un et l’autre. Le couple joue ainsi ses variations harmoniques ou dysharmoniques selon son sentiment de mêmeté ou de dissemblance. Par ailleurs, une distinction plus structurelle est souvent rapportée entre amour et passion. L’amour confronte à un manque existentiel que l’autre ne peut que partiellement et temporairement combler, tandis que le manque dans la passion confronte à des enjeux vitaux : l’absence de l’autre y est synonyme de disparition subjective et de mort.

    11Mettons en perspective ces quelques données avec ce que Patrick de Neuter14 repère régulièrement dans la mise à l’avant de l’affect chez ces femmes. Elles restent par amour pour leur homme ou afin d’être (enfin) aimée de lui et reconnue ou encore pour le séduire et le reconquérir. La séparation et la perte sont impensables pour elles. Le lien semble représenter illusoirement une certaine sécurité affective et elles conservent longtemps l’espoir de changer leur partenaire. S’il est violent c’est qu’il a manqué d’amour – ce qui est fréquemment le cas. Elles peuvent aussi attendre le temps de s’améliorer elles-mêmes puisque la femme est responsable de la violence – selon son discours à lui et l’intériorisation qu’elle en fait. Dans cette conception, ce que la femme désire est le désir et plus particulièrement l’amour, comme si pour révéler son être il lui fallait la rencontre d’un homme, d’une autre femme ou d’un enfant auquel se dé-vouer. Selon P. De Neuter les motifs psychiques courants sont une insatiable demande d’amour adressée au père, une sorte de fétichisation de la puissance virile du partenaire, enfin une dynamique de punition – pour n’énoncer que les principaux. Ces constats confirment l’idée de Lacan selon laquelle : « il n’y a pas de limites aux concessions que chacune (des femmes) fait pour un homme : de son corps, de son âme, de ses biens15 » mais, doit-on pour autant généraliser ce don et cet abandon de soi-même au genre féminin ? Certains hommes sont tout aussi concernés et peuvent connaître d’ailleurs des violences similaires.

    12Examinons maintenant quelques caractéristiques paradoxales de la passion amoureuse dégagées de la littérature et de la clinique16. Le premier paradoxe est qu’au plus intense de son désir, le sujet vit dans l’angoisse constante d’être délaissé, abandonné par cet objet vital dont il crie le besoin. « Ne me quitte pas ! » est son leitmotiv, créant par là même et sans le savoir les conditions de la rupture. Le second paradoxe tient à l’intrication du plaisir attendu de l’autre et de la souffrance qu’il convoie. Le passionné creuse chaque jour un peu plus le sentiment d’un narcissisme misérable, dans sa confrontation avec cet autre idéalisé comme un Tout, et dont l’évocation est source d’exaltation pour le narcissisme pantelant. L’attente est d’être restauré, réparé dans son image, complétée parfaitement dans son corps. Cet autre, seul à même de saturer par sa présence le sentiment de solitude et de rendre supportable le mouvement déstabilisant du désir est celui par qui le sujet peut enfin exister. L’origine de la passion et celle de la naissance/renaissance du sujet tendent toujours à se confondre dans les récits qui en sont faits. Troisième paradoxe : cet objet Unique ne supportant aucun rival, dont l’existence est pleine face à la sienne qui est vidée de sa valeur, est dans le même temps vécu comme habité d’un manque d’amour ou d’un manque d’être que, seul, le sujet pourrait venir combler. Il est Tout mais le passionné veut lui donner Tout. Le quatrième et dernier paradoxe consiste en un désir inavoué d’être enfin libéré de cet attachement aliénant, alors que les enjeux sont vécus comme vitaux. En résumé, le désir dans la passion est si particulier que, se fixant sur un objet, il vient à en éliminer tout autre de l’investissement du sujet. Il se fait immuable et sans possibilité, ni de déplacement, ni de transformation métaphorique. Comme s’il était fixé, une fois pour toutes à l’objet, amarré à ce qui dans le langage marin, évoque la sauvegarde. Or, c’est bien dans cette tentative de maîtrise de l’autre que constitue la passion que le sujet en vient à lâcher, à se lâcher et à s’abandonner lui-même.

    13Une certaine convergence ressort entre les logiques subjectives de ces femmes durablement victimes qui veulent sauver le lien et les enjeux du processus passionnel. Il reste toutefois à penser d’une part, comment l’Autre du passionné, auréolé d’idéal serait susceptible de se superposer avec une figure de bourreau habituel et d’autre part, comment les femmes concernées peuvent consentir à certaines formes ultimes d’abandon de leur être et à des souffrances intenses. Au bout de compte, c’est bien cela qui semble incompréhensible au public comme aux travailleurs sociaux et qui enclenche non seulement le rejet de l’homme violent mais aussi le rejet de celle qui se soumet à des conditions contraires au droit le plus élémentaire de disposer de son corps librement. Sommes-nous plus à même de saisir de telles logiques mortifères ? Nous pourrions envisager que dans le processus passionnel comme dans le processus victimaire en couple s’exprime un attachement vital au lien que l’on peut penser à l’œuvre dans le lien originaire à la mère17. À partir de ces remarques, nous pouvons supposer que la spécificité de certains de ces liens de couple serait de préserver tant l’homme que la femme d’un impensable de la séparation. En effet, leur souci pour le lien va de pair avec celui du partenaire maltraitant. Régulièrement en effet, ce dernier ne supporte pas les angoisses d’abandon que la rupture suscite et qui vont le conduire souvent au pire pour récupérer à jamais « sa possession18 ». Revenons sur l’explication courante qu’est le besoin de punition afin d’entr’apercevoir les enjeux inconscients qu’il dissimule et qui viennent éclairer la dynamique du lien de couple.

    Un besoin de punition ou une logique de destruction ?

    14Dans l’abord que nous en avons eu jusqu’ici, la honte et la culpabilité permettaient de concevoir que la femme abusée cherche à « se punir » à la mesure des fantasmes de culpabilité qu’elle a produits. P. De Neuter19 décrit une culpabilité à plusieurs visages : se punir (en se faisant battre et violenter), retourner l’agressivité contre soi, se penser « lâche » d’accepter les mauvais traitements, se sentir coupable et responsable de la peine encourue, de priver les enfants de père, etc. Une interprétation courante y voit les conséquences du masochisme moral (recherche d’une certaine quantité de souffrance au titre de punition) voire du masochisme féminin présent dans la conception du don de soi dans l’amour chez Lacan. Or, le retournement de l’agressivité sur soi (masochisme) semble être une réponse insuffisante et ce pour plusieurs motifs théoriques et cliniques. Par contre, ce dont on ne peut douter est que le lieu d’expression des pulsions agressives ou destructrices se trouve au sein de la relation imaginaire entre le sujet et son semblable.

    15En effet, les témoignages des accueillants soulignent l’agressivité voire la violence de certaines femmes victimes de diverses violences en couple qui sont demeurées de 4 à 20 ans dans des souffrances imposées. En outre, dans la pratique, De Neuter comme Bastien relèvent derrière l’apparent masochisme une agressivité intense. Le cas spécifique des violences sexuelles, infligées en dehors d’un jeu sadomasochiste20, laisse supposer que l’intention du partenaire violent est la destruction de l’autre semblable car dans ces couples où « on ne joue pas », où la réalisation réelle de la pulsion de mort est en jeu, le besoin de punition semble s’alimenter de la pulsion de destruction, ce que l’exemple de Mireille ci-après souligne nettement.

    16Un patient nous a parlé à de nombreuses reprises de Mireille qu’il aimait depuis deux ans et son histoire nous a semblé éclairante. Mireille, qui avait été maltraitée dans son enfance disait : « Le jour de ma nuit de noces, j’ai compris à qui j’avais affaire. » Elle a subi et accepté pendant 20 ans d’être violée à chaque retour de son mari le week-end. Après son acte, il l’injuriait copieusement pendant longtemps d’être « une salope », une qui aime ça, d’être un « ça » en somme. Entre autres sévices, elle était privée d’argent, de chauffage, de toute forme de confort superflu alors que lui, en déplacements professionnels constants, vivait largement. Elle n’a jamais su ce que c’était que jouir pour une femme avant d’avoir 43 ans, après son départ difficile du domicile conjugal et la rencontre de mon patient. Il nous semble qu’il a été pour elle un amant de jouissance, au sens de Jacqueline Schaeffer21, qui a pu la réconcilier avec son corps et son psychisme et lui donner à penser qu’elle était aimée. Mais la « honte d’être » était telle qu’en dépit de ce nouveau lien et de son nouvel investissement professionnel – qui l’a faite s’enfuir – son narcissisme était irréparable. Elle s’est suicidée sans éclat, à force d’automédication dont elle connaissait les conséquences. Elle est morte à 45 ans sans avoir jamais dit à personne d’autre que mon patient le calvaire qu’elle avait enduré. Son ex-mari pleurait le jour de ses obsèques. Elle a continué à excuser les conduites violentes de celui-ci même après la rupture – au motif qu’il avait souffert dans son enfance, comme elle, pouvons-nous ajouter. Le lien à cet homme a-t-il un jour été vraiment rompu ?

    Dynamique du lien et enjeux inconscients

    17Que dire de la difficulté voire de l’impossibilité à dire après le parcours de ces deux ensembles de données théoriques et cliniques ? De fait, les accents sacrificiels que prennent de telles conduites ont beaucoup interrogé les auteurs sur lesquels nous avons choisi de nous appuyer pour traiter du silence. Il nous faut reconnaître que nombre d’éléments attestent de la présence d’un lien, même si celui-ci repose sur un pacte pervers. La représentation d’une relation unilatérale entre l’auteur et sa victime ne résiste pas à l’examen – ce n’est pas seulement le traumatisme et la désubjectivation agie par l’auteur qui amène la femme à subir des sévices. Ce n’est pas non plus sur la base du seul « bien le vouloir » conscient que l’on peut concevoir qu’une femme puisse se faire régulièrement entamer le corps et en cela l’amour n’y suffit pas, ni le seul masochisme, par contre une certaine logique passionnelle permettrait de comprendre qu’il n’y ait pas de limite opposable au vouloir de l’autre. « Fais de moi ce que tu veux à condition que j’existe par toi, pour toi » écrit D. Bastien qui avance l’hypothèse suivante : « La violence externe subie répétitivement constitue le reflet d’une violence interne ravageante confrontant sans relâche à une menace imaginaire d’anéantissement, de disparition, d’inexistence22. » Le problème posé est celui de l’existence subjective même, de la stabilité de celle-ci face à un Autre constamment menaçant. Curieusement on peut dire la même chose à la voix active : la violence externe agie par les auteurs réfère à une identité précaire sans cesse menacée par des fantasmes destructeurs. Dans le cas des auteurs de violence sexuelle, on fait prévaloir le poids d’imagos inconscientes maternelles destructrices ou abandonniques. Dans le cas des victimes, le rôle des mêmes imagos archaïques est mis en avant par De Neuter et Bastien. L’un comme l’autre dans le lien se protégerait de ses persécuteurs intimes : l’un en les projetant violemment dans l’autre ; l’autre en se mettant réellement aux prises avec une figure d’altérité radicale qui la laisse sans mots, en acceptant de se passiver ainsi.

    18Les enjeux d’allure passionnelle qui appellent et convoquent le pâtir, passion vient du latin pathere, souffrir, reposent sur des motifs psychiques thanatiques. La « déroute subjective » dans le fait de se soumettre à un rapport d’emprise avec un partenaire ne relève pas exclusivement de la dimension traumatique mais concerne le lien de ce couple-là et avant lui les liens avec le groupe familial et ses enjeux généalogiques23. Aussi, faut-il peut-être sortir d’une vision trop hystérisée de ces femmes victimes de violences sexuelles pour saisir que les enjeux intersubjectifs concernent la mort, la destruction. Toute leur difficulté semble justement d’être du côté des pulsions de vie et désirantes – ce qui rendrait possible l’investissement d’un nouvel objet et l’abandon d’un lien au service de leur souffrance.

    19Nous devons penser – et les pouvoirs publics en sont loin – que la violence ne vient pas en sus dans le lien intersubjectif mais qu’elle y est contenue. Le lien, dans la perspective de Kaës24 repose sur des alliances inconscientes entre les deux sujets du couple. Son but est le lien lui-même. Il doit être conservé car il donne à chacun les moyens de réaliser les buts inconscients que seul il ne pourrait atteindre ; il contient la pulsionnalité de chacun ; il maintient les enjeux inconscients insus. La même définition est applicable aux liens familiaux.

    20Les femmes victimes de tels outrages ont été fréquemment victimes de maltraitances ou d’abus sexuels dans l’enfance selon les résultats de Jaspard25. La violence insue de ces femmes a à voir avec des traumatismes antérieurs dont nous avons décrit les effets dé-subjectivants, ainsi qu’avec une figure maternelle hautement problématique. Évoquons simplement comment la mère, en tant qu’objet premier de désir, intervient à au moins deux niveaux au plan identificatoire : en tant qu’elle-même a été maltraitée ou abusée et qu’elle était porte-honte pour sa fille ; en tant que la fille s’est contre-identifiée à elle en se faisant, pour son compagnon de malheur, mère attentive à tous ses besoins et désirs comme le souligne P. De Neuter. Nous trouvons dans les études cliniques l’idée que la mère a été peu disponible à l’égard de sa fille, abandonnante voire rejetante comme si sa propre identification au féminin de son enfant était problématique26. Une des corrélations de subjectivité dans le groupe familial est régulièrement altérée : celle qui concerne l’investissement narcissique de l’enfant. Ce défaut d’investissement semble faire le lit de la honte future et d’une possibilité à désinvestir son corps. La violence traumatique viendrait en ce sens redoubler le déséquilibre entre pulsions de vie et de mort.

    21Dans cette étrange dynamique du couple, celui qui apparaît d’emblée comme un bourreau, comme un radical étranger, est peut-être pour elles déjà bien connu. N’incarne-t-il pas cette part d’abjection et d’étrangeté qu’elles taisent depuis toujours et qui fonde leur lien avec elle-même au plan imaginaire et inconscient ? En ce sens, ne pas dire sur l’autre serait la solution économique et dynamique pour ne pas dire sur soi. La passion dont nous avons retrouvé quelque accent et qui s’origine dans le lien mère-enfant, est au service de l’ignorance des sources de son désir dit R. Gori.

    « Silence… on tourne ! »

    22Pour conclure, parler dans le contexte de violences conjugales de l’actualité du présent a toujours pour risque de voir ressurgir les fantômes de son histoire familiale, les traumas non élaborés et la honte enfouie et masquée par la culpabilité. Parler reviendrait à avouer que le lien de couple contient depuis longtemps la répétition d’une histoire qui ne cesse de ne pas pouvoir s’élaborer. Faut-il alors « briser le silence » comme nous y invite M. E. Uriburu27 ? Il s’agit peut-être d’inventer d’autres solutions pour ces sujets que la simple rupture du couple afin qu’elles se risquent à laisser non pas ce partenaire là mais ce type de lien là. Dire, n’est-ce pas pouvoir accepter la négativité, le moins sur le dire, le moins sur les mots qui ont manqué : « je t’aime » ? D’où le travail délicat de celui qui reçoit l’aveu de la violence endurée et d’une reconnaissance jamais acquise. Il devient à la fois le dépositaire du secret et le complice de l’aveu car il va devoir à son tour, dans un assemblage transférentiel bien curieux, porter ce poids du réel qui lui est livré au travers de son propre sentiment de honte.

    Notes de bas de page

    1 J. Dor évoque ainsi un couple où l’homme contraignait sa femme à boire en quantité et l’empêchait d’uriner pendant des heures jusqu’à ce qu’elle se souille. Il l’obligeait alors à lécher ses sous-vêtements, l’empêchait d’uriner de nouveau jusqu’à ce qu’il l’autorise à uriner sur sa verge en érection. Son scénario débutait par la rencontre d’une prostituée qui acceptait qu’il urine dans son vagin (J. Dor, Clinique psychanalytique, Paris, Denoël, 1994).

    2 D. Bastien, « Clinique de passions perverses », Cliniques méditerranéennes, 69, 2004, p. 175-185.

    3 Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (2000). Cette enquête a notamment mis en évidence un écart important entre les violences subies et les violences déclarées. Conjointement à d’autres recherches, elle a montré qu’il existait une relation entre le fait d’avoir subi des violences physiques ou sexuelles pendant l’enfance et le fait de vivre avec un partenaire violent (M. Jaspard et al., « Reproduction ou résilience : les situations vécues dans l’enfance ont-elles une incidence sur les violences subies par les femmes à l’âge adulte ? », Revue française des affaires sociales, 3, 2003, p. 157-190).

    4 N. Séverac, « La part impensée de la violence conjugale de la fiction au récit vécu », Dialogue, 1, 151, Toulouse, Érès, 2001, p. 82-94.

    5 M.-J. Grihom, « Pourquoi le silence ? Violence sexuelle et lien de couple », Dialogue, 208, Toulouse, Érès, 2015, p. 71-83.

    6 P.-P. Costantini, « Violence et vérité », dans M.-J. Grihom et M. Grollier (dir.), Femmes victimes de violences conjugales, Rennes, PUR, 2013, p. 43-52.

    7 A. Ferrant, « Le regard, la honte et le groupe », Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, 2, 43, 2004, p. 145-158.

    8 A. Ferrant, op. cit., p. 148.

    9 D. Scotto Di Vettimo, « La honte au féminin… une réponse à la barbarie masculine ? », dans M.-J. Grihom et M. Grollier (dir.), Femmes victimes de violences conjugales, Rennes, PUR, 2013, p. 85-91.

    10 A. Ciccone et A. Ferrant, Honte, Culpabilité et Traumatisme, Paris, Dunod, 2009.

    11 Ibid.

    12 R. Dulong, L’aveu, Paris, PUF, 2001.

    13 D. Bastien, « Fais de moi ce que tu veux à condition que j’existe pour toi, par toi », dans P. De Neuter et N. Frogneux (dir.), Violences et agressivités au sein du couple, vol. 2, Louvain-la-Neuve, Académia Bruylant, 2009, p. 43-49.

    14 P. De Neuter et N. Frogneux (dir.), op. cit., p. 43-49, et P. De Neuter et D. Bastien, Clinique du couple, Toulouse, Érès, 2007.

    15 J. Lacan, « Télévision », Autres écrits, Paris, Seuil, 1973/2000, p. 540.

    16 M.-J. Grihom et P. H. Keller, « La passion : entre aliénation et création », Revue française de psychanalyse, t. LXXIV, 2010, p. 1161-1175.

    17 M.-J. Grihom et P. H. Keller, op. cit.

    18 La plupart des meurtres de femmes se produisent au moment de la séparation ou quelques temps après selon P. Romito, « Les violences conjugales post-séparation et le devenir des femmes et des enfants », La revue internationale de l’éducation familiale, 1, 29, 2011, p. 87-105.

    19 P. De Neuter, « Les femmes, le masochisme et la pulsion de mort », dans P. De Neuter et D. Bastien (dir.), Clinique du couple, Toulouse, Érès, 2007, p. 183-208.

    20 Le sado-masochisme repose plutôt sur des identifications au bourreau et à la victime.

    21 J. Schaeffer, « La dynamique du couple ou la co-création du masculin et du féminin », Dialogue, 155, Toulouse, Érès, 2002, p. 3-15.

    22 D. Bastien, 2009, art. cit., p. 45.

    23 M.-J. Grihom, « Être à soi-même sa propre fin ou être un maillon : femme victime en déroute subjective dans ses liens », Dialogue, 204, Toulouse, Érès, 2014, p. 49-61.

    24 R. Kaës, Les alliances inconscientes, Paris, Dunod, 2009, et R. Kaës, « Le sujet, le lien et le groupe. Groupalité psychique et alliances inconscientes », Cahiers de Psychologie clinique, 1, 34, De Boeck, 2010, p. 13-40.

    25 M. Jaspard, op. cit.

    26 M.-J. Grihom et S. Reible, « Un possible parcours de subjectivation chez les femmes sous emprise », dans M.-J. Grihom et M. Grollier (dir.), Femmes victimes de violences conjugales, Rennes, PUR, 2013, p. 109-121.

    27 M.-E. Uriburu, « Quelques éléments pour “briser le silence” des violences conjugales », Cliniques méditerranéennes, 2, 88, 2013, p. 59-68.

    Auteur

    • Marie-José Grihom
      Professeure de psychologie clinique et pathologique à l’université de Poitiers, psychologue clinicienne, psychanalyste, co-responsable du master 2 de criminologie-victimologie. Ses recherches portent sur la subjectivation, les liens familiaux et l’acte. Elle s’intéresse aux violences conjugales et familiales du point de vue du fonctionnement des liens du couple et du groupe familial. Elle a publié avec M. Grollier : Femmes victimes de violences conjugales. Une approche clinique, Rennes, PUR, 2012, dirigé en collaboration : « Violences faites au corps des femmes », Dialogue, 2015, et « Penser notre époque. Mutation du sujet ou solutions subjectives », Cliniques Méditerranéennes, 2011.
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    Juger l’acte criminel aujourd’hui : actualité de l’intime conviction

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    Introduction

    Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud et Marie-José Grihom

    Conclusion

    Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud et Marie-José Grihom

    Introduction générale

    Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud, Ludovic Gaussot et al.

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    1 J. Dor évoque ainsi un couple où l’homme contraignait sa femme à boire en quantité et l’empêchait d’uriner pendant des heures jusqu’à ce qu’elle se souille. Il l’obligeait alors à lécher ses sous-vêtements, l’empêchait d’uriner de nouveau jusqu’à ce qu’il l’autorise à uriner sur sa verge en érection. Son scénario débutait par la rencontre d’une prostituée qui acceptait qu’il urine dans son vagin (J. Dor, Clinique psychanalytique, Paris, Denoël, 1994).

    2 D. Bastien, « Clinique de passions perverses », Cliniques méditerranéennes, 69, 2004, p. 175-185.

    3 Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (2000). Cette enquête a notamment mis en évidence un écart important entre les violences subies et les violences déclarées. Conjointement à d’autres recherches, elle a montré qu’il existait une relation entre le fait d’avoir subi des violences physiques ou sexuelles pendant l’enfance et le fait de vivre avec un partenaire violent (M. Jaspard et al., « Reproduction ou résilience : les situations vécues dans l’enfance ont-elles une incidence sur les violences subies par les femmes à l’âge adulte ? », Revue française des affaires sociales, 3, 2003, p. 157-190).

    4 N. Séverac, « La part impensée de la violence conjugale de la fiction au récit vécu », Dialogue, 1, 151, Toulouse, Érès, 2001, p. 82-94.

    5 M.-J. Grihom, « Pourquoi le silence ? Violence sexuelle et lien de couple », Dialogue, 208, Toulouse, Érès, 2015, p. 71-83.

    6 P.-P. Costantini, « Violence et vérité », dans M.-J. Grihom et M. Grollier (dir.), Femmes victimes de violences conjugales, Rennes, PUR, 2013, p. 43-52.

    7 A. Ferrant, « Le regard, la honte et le groupe », Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, 2, 43, 2004, p. 145-158.

    8 A. Ferrant, op. cit., p. 148.

    9 D. Scotto Di Vettimo, « La honte au féminin… une réponse à la barbarie masculine ? », dans M.-J. Grihom et M. Grollier (dir.), Femmes victimes de violences conjugales, Rennes, PUR, 2013, p. 85-91.

    10 A. Ciccone et A. Ferrant, Honte, Culpabilité et Traumatisme, Paris, Dunod, 2009.

    11 Ibid.

    12 R. Dulong, L’aveu, Paris, PUF, 2001.

    13 D. Bastien, « Fais de moi ce que tu veux à condition que j’existe pour toi, par toi », dans P. De Neuter et N. Frogneux (dir.), Violences et agressivités au sein du couple, vol. 2, Louvain-la-Neuve, Académia Bruylant, 2009, p. 43-49.

    14 P. De Neuter et N. Frogneux (dir.), op. cit., p. 43-49, et P. De Neuter et D. Bastien, Clinique du couple, Toulouse, Érès, 2007.

    15 J. Lacan, « Télévision », Autres écrits, Paris, Seuil, 1973/2000, p. 540.

    16 M.-J. Grihom et P. H. Keller, « La passion : entre aliénation et création », Revue française de psychanalyse, t. LXXIV, 2010, p. 1161-1175.

    17 M.-J. Grihom et P. H. Keller, op. cit.

    18 La plupart des meurtres de femmes se produisent au moment de la séparation ou quelques temps après selon P. Romito, « Les violences conjugales post-séparation et le devenir des femmes et des enfants », La revue internationale de l’éducation familiale, 1, 29, 2011, p. 87-105.

    19 P. De Neuter, « Les femmes, le masochisme et la pulsion de mort », dans P. De Neuter et D. Bastien (dir.), Clinique du couple, Toulouse, Érès, 2007, p. 183-208.

    20 Le sado-masochisme repose plutôt sur des identifications au bourreau et à la victime.

    21 J. Schaeffer, « La dynamique du couple ou la co-création du masculin et du féminin », Dialogue, 155, Toulouse, Érès, 2002, p. 3-15.

    22 D. Bastien, 2009, art. cit., p. 45.

    23 M.-J. Grihom, « Être à soi-même sa propre fin ou être un maillon : femme victime en déroute subjective dans ses liens », Dialogue, 204, Toulouse, Érès, 2014, p. 49-61.

    24 R. Kaës, Les alliances inconscientes, Paris, Dunod, 2009, et R. Kaës, « Le sujet, le lien et le groupe. Groupalité psychique et alliances inconscientes », Cahiers de Psychologie clinique, 1, 34, De Boeck, 2010, p. 13-40.

    25 M. Jaspard, op. cit.

    26 M.-J. Grihom et S. Reible, « Un possible parcours de subjectivation chez les femmes sous emprise », dans M.-J. Grihom et M. Grollier (dir.), Femmes victimes de violences conjugales, Rennes, PUR, 2013, p. 109-121.

    27 M.-E. Uriburu, « Quelques éléments pour “briser le silence” des violences conjugales », Cliniques méditerranéennes, 2, 88, 2013, p. 59-68.

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    Grihom, M.-J. (2016). Les motifs du silence : violence sexuelle et lien de couple. In F. Chauvaud, L. Bodiou, M. Soria, L. Gaussot, & M.-J. Grihom (éds.), Le corps en lambeaux (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.45439
    Grihom, Marie-José. « Les motifs du silence : violence sexuelle et lien de couple ». In Le corps en lambeaux, édité par Frédéric Chauvaud, Lydie Bodiou, Myriam Soria, Ludovic Gaussot, et Marie-José Grihom. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. https://doi.org/10.4000/books.pur.45439.
    Grihom, Marie-José. « Les motifs du silence : violence sexuelle et lien de couple ». Le corps en lambeaux, édité par Frédéric Chauvaud et al., Presses universitaires de Rennes, 2016, https://doi.org/10.4000/books.pur.45439.

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    Chauvaud, F., Bodiou, L., Soria, M., Gaussot, L., & Grihom, M.-J. (éds.). (2016). Le corps en lambeaux (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.45385
    Chauvaud, Frédéric, Lydie Bodiou, Myriam Soria, Ludovic Gaussot, et Marie-José Grihom, éd. Le corps en lambeaux. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. https://doi.org/10.4000/books.pur.45385.
    Chauvaud, Frédéric, et al., éditeurs. Le corps en lambeaux. Presses universitaires de Rennes, 2016, https://doi.org/10.4000/books.pur.45385.
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