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Le corps en lambeaux

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Frédéric Chauvaud
, 
Lydie Bodiou
, 
Myriam Soria
, 
et al.

Deuxième partie. Brutaliser : approprier, marquer, salir

À propos de quelques procès pour violences sexuelles dans le Poitou du xviiie siècle

Fabrice Vigier

Texte intégral

Je remercie Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud et Myriam Soria pour m’avoir incité à travailler sur cette thématique, ainsi qu’Olivia Guilpain, Isabelle Girard, Brigitte Maillard, Michel Bernier, Sébastien Jahan, Olivier Jeanne-Rose, Régis Rech, Jacques Marcadé, Jacques Péret et Élise Bernier pour leur aide ou leur soutien dans l’élaboration de ce travail.

  • 2 D. Diderot et J. D’Alembert, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des m (...)

1À l’époque moderne, si l’on en croit l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des arts et des métiers de Diderot et d’Alembert, le terme de « viol » n’a pas exactement le même sens qu’aujourd’hui2. Certes, il désigne bien une agression commise « sur la personne d’une fille, femme ou veuve, pour la connoître charnellement », mais absolument jamais sur un homme ou un garçon. Il faut également que « la violence soit employée contre la personne même, & non pas seulement contre les obstacles intermédiaires, tels qu’une porte que l’on auroit brisée pour arriver jusqu’à elle ». Enfin cet acte ne peut alors être considéré comme tel qu’à la condition que « la résistance [de la victime] ait été persévérante jusqu’à la fin » et non seulement de « quelques efforts », sinon « ce ne seroit pas le cas de viol ». Pour résumer, un crime n’est qualifié de viol sous l’Ancien Régime qu’à trois conditions : la victime doit nécessairement être de sexe féminin ; la force physique est forcément utilisée à son encontre ; pour finir, il est indispensable que la victime résiste à son agresseur jusqu’à la fin de l’acte.

  • 3 M. Bricault de Verneuil (éd.), « Journal d’Antoine Denesde, marchand ferron à Poitiers et de sa fe (...)
  • 4 À défaut d’avoir donné des résultats, les archives du for privé consultées sont les suivantes pour (...)
  • 5 Toutes les références à ces travaux ou à ces dossiers judiciaires se trouvent en notes dans la sui (...)

2Pour étudier au mieux ce genre de forfait dans le cadre de la province du Poitou aux XVIIe et XVIIIe siècles, nous avons consulté successivement deux types de sources. Les archives du for privé disponibles ont d’abord été mises à contribution, dans la mesure où elles sont assez souvent friandes de faits divers ou criminels de tout ordre. Elles se sont avérées très décevantes. En effet, le journal du « marchand ferron » Antoine Denesde de Poitiers est le seul à évoquer brièvement deux horribles affaires d’abus sexuel sur des fillettes de « quatre à cinq ans » à la fin de l’année 16403, pendant que les autres mémoires, correspondances ou livres de raison ne mentionnent aucun crime de cette espèce4. On a donc dû recourir à un deuxième type de documents, à savoir les archives judiciaires. Pour cela, un grand nombre de liasses de justices poitevines a été systématiquement dépouillé, ainsi que les travaux existant sur la criminalité en Poitou pendant les dernières décennies de l’Ancien Régime5. Ces investigations ont permis de constituer un corpus assez significatif de procès pour viol s’étant déroulés dans la province avant la Révolution française.

3Même si le nombre de procédures ainsi rassemblées n’est peut-être pas aussi important qu’on aurait pu l’espérer au départ (une réelle étude statistique ou sérielle n’est donc pas envisageable), cet ensemble d’affaires et de documents offre néanmoins l’opportunité d’en savoir un peu plus sur les violences sexuelles en Poitou au XVIIIe siècle. Il permet notamment de répondre, en grande partie, aux trois questions suivantes. Tout d’abord, rencontre-t-on beaucoup de procès pour agression sexuelle dans les juridictions poitevines du Siècle des lumières ? Quels enseignements peut-on tirer de ces dossiers judiciaires sur les violences ainsi faites aux femmes ? Enfin, comment les justices de la province traitent-elles ce genre d’affaires au XVIIIe siècle ?

Des affaires de violences sexuelles peu nombreuses dans les dossiers criminels des juridictions poitevines

  • 6 D. Jousse, Traité de la justice criminelle de France, Paris, 1771, t. III, partie IV, titre XXIX, (...)
  • 7 Ibid., p. 743.
  • 8 Ibid., p. 743.
  • 9 M. Marion, Dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1923, p. (...)
  • 10 G. Rousseaud de la Combe, Traité des matières criminelles, suivant l’ordonnance du mois d’août 167 (...)
  • 11 Ibid., p. 45.
  • 12 Isambert, Taillandier et Decrusy, Recueil général des anciennes lois françaises depuis l’an 420 ju (...)
  • 13 Isambert, Taillandier et Decrusy, op. cit., t. XVIII (août 1661-31 décembre 1671), p. 372-423, en (...)
  • 14 F. Vigier, « Une justice de proximité dans les campagnes poitevines d’Ancien Régime ? Les cours se (...)

4Dans les textes de droit pénal, une agression sexuelle est désignée dans le vocabulaire juridique de deux manières différentes à l’époque moderne. Si l’on en croit le Traité de la justice criminelle de France de Daniel Jousse, elle peut d’abord être appelée « rapt de violence », qui est « à proprement parler, […] l’enlèvement qui se fait par force d’une fille, ou d’une femme, pour en jouir contre sa volonté6 ». Mais on emploie aussi, et plus simplement, le terme de « viol » pour qualifier une telle exaction, qui se définit par « toute conjonction illicite commise par force, & contre la volonté des filles, femmes & veuves7 ». Quoi qu’il en soit, les deux désignations sont alors quasiment synonymes, et sont même « regardé[es] […] comme semblables » au regard des « Loix8 ». Au même titre que le faux-monnayage, le sacrilège, la rébellion, l’acte de lèse-majesté ou d’homicide, ce type de forfait est l’un des plus graves et répréhensibles sous l’Ancien Régime. À ce titre, il fait partie des « cas royaux9 », c’est-à-dire des crimes ne pouvant être, en théorie, instruits que par des juges royaux, en raison de leur importance pour le maintien de « l’intérêt public10 ». C’est pourquoi le « viol » ou « rapt de violence » peut officiellement être « puni de mort11 », aussi bien par la déclaration royale du 26 novembre 1639 (article 3)12, que par l’ordonnance criminelle de 1670 (titre 16, article 4)13. Dans l’absolu, ce genre de crime doit donc uniquement être jugé par des tribunaux de haute justice, qui sont les seuls habilités à prononcer des sentences pouvant aller jusqu’à la peine capitale. Les juridictions de ce type sont nombreuses dans le Poitou du XVIIIe siècle : on y recense effectivement un présidial, 9 sénéchaussées ou bailliages, 5 prévôtés royales et sans doute une bonne centaine de justices seigneuriales ayant de telles compétences14.

  • 15 A. Queffeulou, Les justices seigneuriales du ressort du Siège royal de Niort au XVIIIe siècle (ver (...)
  • 16 F. Bodin, La prévôté royale de Melle au XVIIIe siècle : institutions et justice, mémoire de maîtri (...)

5Fort heureusement pour cette enquête, il existe déjà quelques travaux historiques qui se sont intéressés à l’activité judiciaire en matière criminelle de plusieurs tribunaux poitevins au XVIIIe siècle. C’est le cas pour les justices seigneuriales des châtellenies d’Availles, Cherveux, Couture d’Argenson, Ensigné, La Foye-Monjault et Sainte-Néomaye, des marquisats de Fors, l’Isle-Jourdain et Couhé, des baronnies de Dienné, Verrières et Chauvigny, ou encore du bourg de Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers15. Mais on dispose également de plusieurs études solides sur les tribunaux de la prévôté royale de Melle, du siège royal de Saint-Maixent, et surtout sur la sénéchaussée et siège présidial de Poitiers16. Or, que révèlent exactement tous ces travaux de recherches à propos des histoires de viols ou de tentatives de viol (voir tableau 1) ?

  • 17 F. Cuitot, Les justices seigneuriales du Haut-Poitou au XVIIIe siècle, mémoire de DEA, sous la dir (...)
  • 18 F. Cuitot, op. cit, p. 85-87.
  • 19 G. Murphy, « Femmes et violences dans le marquisat de l’Isle-Jourdain au XVIIIe siècle », Bulletin (...)
  • 20 G. Vigarello, Histoire du viol XVIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 2000, p. 37-38.
  • 21 M. Badosa, « Les infractions pénales instruites par les vigueries en Roussillon au XVIIIe siècle. (...)
  • 22 J. Gomez Pardo, La maréchaussée et le crime en Ile-de-France sous Louis XIV et Louis XV, Paris, Le (...)
  • 23 P. Pétrovitch, « Recherche sur la criminalité à Paris au XVIIIe siècle », dans F. Abbiateci, F. Bi (...)
  • 24 J.-Cl. Chesnais, Histoire de la violence en Occident de 1800 à nos jours, Paris, Hachette, coll. « (...)

6Même si leurs résultats mériteraient toujours d’être confirmés par d’autres enquêtes, ils permettent de faire au moins quelques observations d’ordre général sur ce type de procès. Tout d’abord, ils montrent que les attentats sexuels faits aux femmes ne sont pas l’apanage exclusif des seuls tribunaux royaux, comme semble pourtant le dire la législation en vigueur. À cela une explication simple : certaines justices inférieures sont parfois informées de ce genre de méfait lorsque celui-ci s’ajoute à un autre crime (comme un assassinat ou un vol) ou est partie intégrante d’un autre acte juridique (comme une déclaration de grossesse). Les justices seigneuriales d’Availles et de Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers ont ainsi chacune connaissance d’au moins une affaire d’agression sexuelle au Siècle des lumières17, tandis que celle de l’Isle-Jourdain en pays montmorillonnais en est avertie de plusieurs au cours des deux dernières décennies de l’Ancien Régime18. Ce dernier tribunal paraît d’ailleurs assez enclin à connaître ce genre de causes : il enregistre trois procédures y faisant directement référence entre 1769 et 178919. Toutefois, le résultat le plus probant de ces travaux statistiques est de mettre en évidence l’extrême rareté des violences sexuelles dans les dossiers judiciaires. On ne relève effectivement que 14 affaires de ce genre sur les quelque 3 097 procédures criminelles répertoriées : elles représentent donc environ 0,45 % du total, soit en moyenne moins d’une affaire sur 200 instruites par les tribunaux poitevins. Une si faible proportion n’est cependant pas si surprenante et se retrouve dans la plupart des juridictions du royaume20. Elle est ainsi équivalente, à quelques décimales près, aux pourcentages de viols enregistrés par les vigueries du Roussillon21, la prévôté et maréchaussée d’Île-de-France22 ou les tribunaux parisiens au XVIIIe siècle23. Le très petit nombre de cette catégorie de procès – en Poitou comme ailleurs – s’explique aisément. Porter plainte pour une victime ne permet pas de récupérer son honneur sous l’Ancien Régime : il est même préférable de garder le silence et de ne pas porter l’affaire sur la place publique pour sa bonne réputation24.

Tableau 1. – Les affaires de violences sexuelles dans les papiers criminels de plusieurs juridictions poitevines au XVIIIe siècle.

Juridictions

Années considérées

Nombre de procès criminels

Nombre d’affaires de violences sexuelles

 %

Châtellenie d’Availles

1773-1786

16

1

6,25

Châtellenie de Cherveux

1699-1790

2

0

0

Châtellenie de Couture d’Argenson

1750-1790

16

0

0

Châtellenie et commanderie d’Ensigné

1750-1790

21

0

0

Châtellenie de La Foye-Monjault

1750-1790

12

0

0

Châtellenie de Sainte-Néomaye

1720-1790

4

0

0

Marquisat de Fors

1750-1790

4

0

0

Marquisat de l’Isle-Jourdain

1770-1790

34

2

5,88

Marquisat de Couhé

1770-1789

60

0

1,66

Baronnie de Dienné et de Verrières

1773-1787

16

0

12,5

Baronnie de Chauvigny

1770-1790

59

0

0

Justice seigneuriale de Saint-Hilaire de Poitiers

1700-1789

56

1

1,78

Prévôté royale de Melle

1702-1790

421

1

0,24

Siège royal de Saint-Maixent

1780-1790

151

2

1,32

Sénéchaussée et Siège Présidial de Poitiers

1701-1730,
1738-1745,
1760-1767,
1770-1776,
1780-1781,
1787-1790

2 225

7

0,31

Totaux

3 097

14

0,45

  • 25 Je tiens à remercier Olivia Guilpain, qui prépare actuellement un travail sur les femmes victimes (...)

7Malgré cette difficulté d’ordre documentaire, on a cependant rassemblé 21 dossiers judiciaires pour violences sexuelles et trois déclarations de grossesse accusant des violeurs poitevins25. Cet ensemble d’archives concerne 24 victimes féminines et 30 hommes accusés d’agression et s’échelonne assez régulièrement dans le temps entre 1697 et 1788. À défaut de permettre une étude sérielle et quantitative de ce type de crime, ces pièces de procédure donnent de précieuses indications sur ce genre de forfait dans les décennies qui précédent la Révolution française.

Des victimes jeunes, de milieux modestes et agressées majoritairement dans des lieux isolés

8Si modeste soit-il, ce corpus archivistique de 24 affaires représente presque 1 200 pages de pièces de procédure. Or, toute cette documentation judiciaire livre plusieurs types de renseignements sur les agressions sexuelles en terre poitevine au XVIIIe siècle (voir annexe I).

  • 26 Archives départementales des Deux-Sèvres (ADDS), B 99, affaire Michelle Norigeau (7 à 8 ans) de Be (...)
  • 27 Louise Richard a pour père un « maître menuisier », Françoise Chauvière est la fille d’un « labour (...)

9Elle offre tout d’abord la possibilité d’avoir une idée plus précise sur le profil général des victimes. Celles-ci sont jeunes, voire très jeunes, puisque leur moyenne d’âge est d’un peu plus de 19 ans. Si l’on met de côté le cas un peu particulier de Michelle Norigeau26, on trouve parmi elles 4 jeunes filles entre 11 et 14 ans, 7 adolescentes entre 15 et 18 ans et 4 jeunes femmes entre 20 et 25 ans. Les deux plus âgées sont Marie Grignon et ses 30 ans passés, et surtout Anne Gascougnolle qui apparaît hors norme avec ses 61 printemps. Leur statut et leur origine sociale sont tout aussi homogènes. Ainsi, aucune des victimes – sans la moindre exception – n’est mariée. Cela ne signifie pas pour autant qu’une femme vivant maritalement n’a pas subi ce genre d’outrage en Poitou au Siècle des lumières : aucune d’entre elles, en revanche, ne semble avoir souhaité le dénoncer auprès de la justice, en raison de la honte sociale que cela pourrait entraîner. Quoi qu’il en soit, on rencontre dans notre corpus 9 servantes ou domestiques, 1 cuisinière, 1 fille de chambre, 1 veuve et pas moins de 11 filles mineures. Parmi ces dernières, une a pour père un « maître menuisier », une autre un « laboureur », une autre un « charron », une a pour curateur un « maçon », et surtout 5 autres ont pour géniteur un simple « journalier27 ». Elles appartiennent quasiment toutes à des catégories sociales extrêmement modestes. Quant à leurs lieux de vie, 4 d’entre elles seulement habitent dans une ville ou petite cité (2 à Poitiers, 1 à Parthenay et 1 à Melle), les autres ayant leur résidence habituelle dans des petits villages ou des hameaux.

  • 28 R. Muchembled, Une histoire de la violence de la fin du Moyen Âge à nos jours, Paris, Seuil, 2008, (...)
  • 29 Archives départementales de la Vienne (ADV), 1B2/78, information secrète criminelle, déposition de (...)
  • 30 ADV, 8B 8, extrait des registres de la justice, ville et châtellenie d’Availles du 17 juillet 1780
  • 31 ADDS, 4B 543, interrogatoire du 13 juillet 1788 de Jean Deschamp cardeur à La Mothe-Saint-Héray (S (...)
  • 32 ADV, 1B2/70, plainte du 15 mai 1751 contre Antoine Massairé scieur de long (Maréchaussée générale (...)
  • 33 ADV, 1B2/94, information secrète criminelle, déposition de Marie Grignon du 3 août 1763 (Sénéchaus (...)
  • 34 ADV, 1B2/13, plainte du 27 avril 1711 contre Jean Bertin et Pierre Macé (Sénéchaussée et siège pré (...)
  • 35 ADV, 1B2/16, plainte du 10 juin 1712 contre Jacques Fougnet boulanger (Sénéchaussée et Siège prési (...)
  • 36 Archives Départementales d’Indre-et-Loire, 2B 1752 (côte provisoire), déclaration de grossesse de (...)
  • 37 ADV, 6B 131, plainte du 23 septembre 1768 contre le Sieur Rougier Moricerie (Siège royal de Lusign (...)
  • 38 ADV, G 652, plainte du 19 août 1697 contre Philippe Lapierre maître huilier (Justice de Saint-Hila (...)
  • 39 ADDS, 2B 88, plainte du 12 août 1727 contre René Lucas vitrier (Siège royal de Melle).

10Cet ensemble documentaire permet également d’avoir des renseignements sur le contexte général des agressions sexuelles en Poitou. Sans surprise, celles-ci semblent intervenir prioritairement au printemps (10 affaires) et en été (10 affaires), et plus exceptionnellement à l’automne (1 affaire) et en hiver (1 affaire). Ces crimes se répartissent assez équitablement entre les mois d’avril (4 agressions), mai (4), juin (4), juillet (3), août (3) et septembre (2), et correspondent en grande partie à la saisonnalité des violences déjà observée sous l’Ancien Régime28. Par ailleurs, ils ont lieu – à peu près indifféremment – tous les jours de la semaine, à l’exception du mercredi dans l’échantillon considéré sans que l’on puisse en avancer les raisons : on en relève ainsi 4 le lundi, 3 le mardi et dimanche, et 2 le jeudi, vendredi et samedi. Le moment de l’agression dans la journée donne, en revanche, des résultats beaucoup plus contrastés. Ainsi, seuls deux attentats faits aux femmes (sur 10 pour lesquels on dispose de l’information) sont enregistrés en début de matinée, 5 autres intervenant l’après-midi et les 3 derniers en soirée ou dans la nuit. Quant aux lieux précis des viols ou tentatives de viol, ils se déroulent très schématiquement dans 4 sortes d’endroits différents. Si l’on se fie au corpus d’affaires, c’est d’abord très souvent dans un pré ou sur une terre agricole ou rurale (10 cas sur 23). Par exemple, Françoise Chaigne et Anne Gascougnolle sont agressées « dans un champ » près de leur domicile29, Marie Gervais dans « le fond d’un ruisseau […] creux et couvert d’arbres30 », et Jeanne Baudou dans le « bois de Brélianché31 ». D’autres sont violentées sur une route, une rue ou une voie de passage (4 cas sur 23). C’est la mésaventure qui arrive à Radegonde Chantreau sur « le grand chemin qui conduit de Bouresse à l’Isle-[Jourdain]32 », à Marie Grignon sur « le chemin qui conduit de Parthenay à la Bretonnière33 », ou encore à la jeune Marie Jeanne Couturier « en les f[o]sses de [la] […] ville de Parthenay34 ». Un peu plus nombreuses (6 cas sur 23) sont celles qui se disent abusées sexuellement dans la demeure même de leur maître ou de leur maîtresse. Ce genre de drame se passe apparemment plusieurs fois « dans la maison du Sieur de La Brochetière » à Airvault35, au château de Pleumartin36, ou bien dans la « place forte du château ra [s] é [paroisse] d’Exoudun37 ». Enfin, le propre domicile de l’agresseur constitue le quatrième type d’endroit où peuvent se produire ces méfaits (3 cas sur 23). Une victime est ainsi attirée par son bourreau dans une construction située « proche la tour à l’oyseau » à Poitiers38, tandis qu’une autre subit le même sort dans une sordide « cave » d’une boutique d’un vitrier à Melle39.

11Toutefois, ce corpus d’affaires est surtout intéressant pour donner beaucoup de détails sur les circonstances de ce genre d’agression. Cela permet de se risquer à une sorte de typologie de ces violences sexuelles, que l’on peut classer – très schématiquement – en quatre grandes catégories :

  1. Il y aurait, tout d’abord, les violences perpétrées à l’extérieur sur des femmes ou des filles seules ou sans défense. Ce cas de figure est le plus fréquemment rencontré : il représente 13 des 24 dossiers de l’échantillon étudié (54,16 % du total), et correspond schématiquement aux deux types de scénario suivant. Tout d’abord, dans 8 affaires, il est question de bergères qui sont importunées, puis violentées, alors qu’elles gardent tranquillement des bêtes dans un pâturage isolé. Ainsi, Marie Ballereau, Françoise Chaigne, Françoise Chauvière ou Magdeleine Bordage se trouvent avec des « brebis » ou « moutons40 », Marie Lebeau avec des « bestiaux41 », Marie Gervais avec « une vache à lait42 », Marie Thimonier « une bourrique43 » et Anne Gascougnolle avec « sa chèvre seul bétail quelle aye44 ». Elles sont alors aperçues ou repérées par un homme – voire deux pour Marie Ballureau – qui s’avance vers elles pour les aborder. Parfois, un bref dialogue s’instaure, qui n’est souvent qu’un prétexte pour mieux s’approcher. On demande, par exemple, à Françoise Chauvière si « elle n’avoit point vu une jument blanche45 », à Anne Gascougnolle si « ça ne va pas46 », ou à Magdeleine Bordage « à qui étoient les bas qu’elle racommodoit47 ». D’autres échanges sont beaucoup plus triviaux. Il est ainsi « fait des propositions desonestes et d’amourettes » à Marie Gervais48, tandis qu’on interroge Françoise Chaigne pour savoir « si elle voulloit gaigner un liard » en se laissant faire49. Puis, sans attendre, l’homme use de sa force pour parvenir à ses fins. Dans 7 cas sur 8, il parvient à prendre sa victime, parfois en menaçant de la tuer, et la viole (3 cas) ou la violente (4 cas) selon qu’on lui porte ou non secours50. Parmi ces dernières, la pauvre Marie Gervais a droit à un régime spécial : son agresseur non seulement lui « fait des atouchements », mais lui « frott[e] les fesses, cuisses et les parties naturelles […] [d’une] poignée d’orties cuisantes51 ». Quant à Marie Thimonier, elle est la seule à ne pas être attrapée : l’homme se rabat alors sur la « bourrique » qu’elle garde et commet « le crime contre nature et de bestialité52 ». Après les agressions de bergères sans défense, un deuxième type de violences sexuelles commises à l’extérieur se rencontre dans 5 autres affaires du corpus considéré. Il voit, à chaque fois, une femme ou une jeune fille se déplacer sur un chemin ou une voie de communication et y faire une mauvaise rencontre. Circulant seule, l’adolescente Radegonde Chantreau est ainsi arrêtée « sur le grand chemin de Bouresse à Lisle-[Jourdain] » par un individu « sous prétexte de luy demander le chemin », mais qui en profite pour la jeter « de force dans un fossé », lui « leve[r] les juppons » et abuser d’elle53. La même mésaventure arrive à Marie Grignon près de Parthenay, qui croise un homme « près les justices de Châtillon » : ce dernier retourne alors sur ses pas pour se précipiter sur elle et fait « tout ce qu’il p[e]ut pour en jouir54 ». À peu de distance de là, Marie Jeanne Couturier connait une semblable infortune au lieu-dit des Fosses « qui est une adresse qui conduit dans la ditte ville de Parthenay ». Elle y est abordée par deux aubergistes, qui la « jett[ent] par terre, […] lui lè[vent] ses jupes » et l’auraient sans doute violé si « quelques personnes » ne lui avaient porté secours55. Quant à Jeanne Baudou, elle a le malheur de se trouver « à la mi chemin de Melle à la Mothe [Saint-Héray] » en présence d’un voyageur, qui la prend « au corps […] dans le bois de Brélianché56 ». Pourtant plus prudente, Marie Anne Petit se voit pareillement agressée, alors qu’elle est accompagnée de sa voisine Marie Mélin. Elle rencontre deux individus visiblement ivres « dans un chemin peu elloigné de chez son maître », près d’un petit hameau de Vouneuil-sous-Biard57. Ces derniers lui cherchent querelle, s’en prennent à ses chiens, puis l’un d’eux lui dit « qu’il voulloit l’embrasser », avant de la terrasser et de tenter de la violer.
  2. La deuxième grande catégorie de violences sexuelles du corpus est classique58 : elle concerne les abus faits aux servantes et représente 6 affaires sur 24, soit le quart des situations recensées. On a connaissance de la moitié d’entre elles par de simples déclarations de grossesse, dans lesquelles une domestique affirme qu’elle est enceinte de la « compagnie de force et de violence » de son maître. C’est le cas de Catherine Demay à Pleumartin, Jacquette Touffou près de Nieul l’Espoir, et Suzanne Mazereau « paroisse de Blond59 ». Toutes se plaignent, dans leur déclaration, d’avoir été abusées à plusieurs reprises par leur patron durant la durée de leur service : plusieurs fois pour la première, 4 fois pour la seconde, et au moins « six fois » pour la dernière. Les 3 autres cas rencontrés sont l’objet, en revanche, de véritables procès par-devant des tribunaux royaux. Ainsi, Marie Saunier, « fille de chambre » chez le Sieur de la Brochetière à Airvault, porte plainte contre le boulanger de la bourgade, qui a « trouvé le moyen d’entrer la nuit dans [s]a chambre » et a « avecq force et viollance [ruiné] […] son honneur par la connoissance charnelle60 ». Marie Brethonnière, domestique dans le bourg de Saint-Hilaire à Poitiers, suit une démarche similaire contre le fils de sa maîtresse61. Celui-ci semble la harceler pendant des mois, et profite de la moindre absence de sa mère pour abuser d’elle62. Il en est de même pour Magdeleine Coyault, servante chez « le sieur Rougier Moricerie fermier du château Razé d’Exoudun63 ». Cette jeune fille est aussi victime des agissements du fils de son maître. Ce dernier la viole, une première fois, « comme un furieux » dans une des dépendances du château, puis « par la suite » la prend charnellement tous les matins lorsque celle-ci fait son lit64. Il gagne néanmoins quelque temps son silence en promettant de l’épouser « sy elle devenoit grosse ». Elle tombe effectivement enceinte – comme Marie Saunier et Marie Brethonnière –, et devant le refus du géniteur de se marier, porte finalement l’affaire devant la justice pour essayer d’obtenir réparation et quelques moyens d’élever l’enfant.
  3. La troisième catégorie d’affaires s’avère beaucoup plus rare dans les dossiers criminels poitevins. Ce sont les cas de séquestration suivie de violences sexuelles : on en recense seulement deux dans notre corpus (8,33 % du total), plus une affaire un peu spéciale qu’il est délicat de joindre aux précédentes. La plus ancienne chronologiquement se déroule aux abords de Poitiers à la toute fin du XVIIe siècle. Le jour de sainte Radegonde (13 août), la jeune Jeanne Mercier se rend sur une terre près du Clain « pour y faire paistre la jument » de son père65. En chemin, elle passe « devant la porte » d’un « coutault » (sorte de construction le long d’une falaise) « proche la tour à loyseau » où se trouve posté son propriétaire. Ce dernier – qui semble avoir prémédité son geste – la saisit alors et la fait « entrer de force dans son coutault ». Puis il la « renverse par terre dans une roche », la viole, la maltraite et « la retien[t] jusques à la nuit ». Tout aussi terrible est le traitement que subit la melloise Louise Richard au milieu de l’été 172766. En fin d’après-midi, alors qu’elle revient d’aller faire une course pour ses parents avec son petit frère, elle est interpellée, dans une rue de Melle, par le vitrier qui semble être une connaissance de la famille. Celui-ci lui demande d’entrer chez lui et « de passer par la porte de derrière ». Elle s’exécute sans se poser de question. Mais dès son entrée dans la maison, l’homme « par force la mén[e] dans la cave […] où il y [a] du foin ». Là, il se jette sur elle, « lèv[e] ses jupes » et se met « en devoir de la […] connaitre charnellement », sans apparemment la pénétrer. Il la libère finalement après avoir « satisfait sa passion ». Quant à l’affaire un peu particulière que l’on a mis de côté, elle est – sur le papier – pourtant plus épouvantable, si l’on se fie au seul témoignage de la victime déclarée. La jeune fillette Michelle Norigeon, « âgée de sept ans ou environ », affirme avoir été plusieurs fois abusée par un cordonnier et un garçon tailleur d’habit de Beauvoir-sur-Niort67. L’un comme l’autre l’auraient attiré à leur domicile respectif, en lui faisant des cadeaux comme « de la miche de pain blanc », des « aiguilles », « un mauvais chausson », des « coups de vin » ou un peu d’argent. En échange, ils lui auraient prodigué « souvent des caresses », et surtout mis « ce avecq quoy il[s] pissoi[en]t en ce qu’elle pissoit ». Toutefois, la procédure met sérieusement à mal la véracité d’une telle accusation : le rapport du chirurgien assure notamment « qu’elle n’a pas été déflorée68 ». Il est donc difficile de comparer cette affaire aux deux cas de séquestrations précédents.
  4. Enfin, on recense une dernière catégorie d’agression sexuelle dans l’échantillon étudié : le viol collectif. Il est exceptionnel, puisque l’on en a repéré un seul dans les dossiers judiciaires poitevins (4,17 % du total). La victime se nomme Marie Rochaud, a 22 ans et habite la petite bourgade de Millac en 177569. Fille d’un journalier, la jeune fille fréquente depuis trois ans le « Sieur Dauvergne » et a des relations sexuelles régulières avec lui. Les deux amants ont d’ailleurs l’habitude de se retrouver chaque semaine, après l’office dominical, dans un lieu isolé. Toutefois un dimanche du mois de juin 1775, Marie Rochaud a la mauvaise surprise de trouver à son rendez-vous (dans la « garenne du Bouchet ») le Sieur Dauvergne en compagnie de deux autres individus. Elle doit alors « s’abandonner à eux », même si « elle ne voulloit pas », car « Mr Dauvergne la força70 ». Ce jour-là, la jeune fille est non seulement trahie par son amant, mais surtout victime d’un viol collectif, dont elle a ensuite toutes les peines à se relever.
  • 71 ADV, 1B2/93, procès-verbal de capture et d’emprisonnement de Louis Seigneur et Pierre Petit par le (...)

12Pour en finir avec cet essai de typologie, il convient de préciser deux éléments importants. D’une part, 1 des 24 affaires rencontrées n’a pu être classée dans aucune des quatre grandes catégories de violences sexuelles précédentes. Il s’agit du « viol d’une fille appelée Bastard » de la paroisse d’Antoigné en 1760, pour lequel on n’a pas de renseignements précis71. D’autre part, il paraît nécessaire de souligner que 5 des 24 cas d’attentats perpétrés sur des femmes sont accompagnés d’autres crimes ou délits, à savoir 3 histoires de vols, 1 d’infanticide et 1 dernière de bestialité. Ainsi, le chef d’accusation pour ces procès n’est pas le seul mis en avant dans les pièces de procédure.

Des agresseurs plus âgés et pas toujours confondus par la justice d’Ancien Régime

13Les 24 dossiers rassemblés ne donnent pas seulement des informations sur les femmes victimes de tels crimes, mais aussi beaucoup sur leurs agresseurs. Ils offrent notamment la possibilité de voir comment la justice d’Ancien Régime traite ce genre de criminels. Sans entrer dans les détails de toutes les pièces judiciaires, le corpus documentaire étudié livre trois types de renseignements sur les auteurs de tels méfaits (voir annexe II).

  • 72 Sur cette figure de grand noble particulièrement cruel, H. Carré, La noblesse de France et l’opini (...)
  • 73 ADDS, 2B 88, plainte du 12 août 1727 contre René Lucas à Melle.
  • 74 ADV, 1B2/124, interrogatoire de Pierre Brillaud journalier d’Asnières du 4 août 1772.
  • 75 ADV, 1B2/70, plainte du 15 mai 1751 contre Antoine Massairé.
  • 76 ADV, 8B 121, requête du procureur fiscal de l’Isle Jourdain contre Léonard Forest du 16 juillet 17 (...)

14En premier lieu, la procédure suivie permet l’identification et la mise en accusation d’un certain nombre d’individus. Ceux-ci sont au nombre de 30 pour les 24 situations de violences sexuelles rencontrées. En effet, si on ne recense qu’un seul accusé pour 19 affaires, on en relève 2 pour 4 autres et même 3 pour un dernier procès. Même s’il manque forcément quelques données, le profil d’ensemble de ces 30 accusés présente les traits suivants. Tout d’abord, ils semblent majoritairement issus du monde de l’artisanat et des petits marchands (14 individus sur 22) : parmi eux, on trouve notamment 2 cabaretiers, 2 scieurs de long, 1 boulanger, 1 cordonnier, 1 tonnelier, 1 cardeur, 1 vitrier, 1 voiturier ou encore 1 tailleur de pierre. Quelques-uns sont aussi des paysans (5 individus), avec 3 laboureurs, 1 journalier et un « toucheur de bœuf ». Quatre des agresseurs ont une position sociale plus enviable : l’un d’eux porte le titre de « Sieur », deux autres sont notaires (à Adriers et Exoudun), et un dernier grand noble et marquis de Pleumartin (Victor Marie Nicolas Ysoré)72. Par ailleurs, l’ensemble de ces accusés présente un âge moyen d’un peu plus de 29 ans, soit dix ans de plus que leurs victimes. Le plus âgé a 39 ans (Louis Seigneur), tandis que le plus jeune n’en a que 20 (Joseph Joubert). Quant à leurs liens avec leurs victimes, une moitié environ semble les connaître avant l’agression. C’est le cas pour toutes les affaires de servantes abusées, mais aussi pour l’acte pédophile commis par René Lucas qui paraît être un familier de la petite Louise Richard73. Il en est de même pour Pierre Brillaud, qui avoue savoir qui est Anne Gascougnolle (de 29 ans son aînée) car « il avoit travaillé pour elle du vivant de son mary74 ». À l’inverse, l’autre moitié des agresseurs se révèle être des inconnus pour les filles et jeunes femmes violentées. Cela paraît particulièrement vrai pour les viols et tentatives de viol commis sur les routes et les chemins. Deux des interpellés viennent d’ailleurs de loin : Antoine Massaimé est ainsi « natif de Saint-Amand […] en Auvergne75 », tandis que Léonard Forest est originaire d’une « province étrangère76 ».

  • 77 Archives départementales d’Indre-et-Loire, 2B 1752 (côte provisoire), déclaration de grossesse de (...)
  • 78 A. Lebigre et A. Laingui, Histoire du droit pénal, t. II : La procédure criminelle, Paris, 1979-19 (...)
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  • 83 ADDS, 2B 88, interrogatoire de René Lucas du 26 août 1727.
  • 84 ADV, 1B2/124, interrogatoire de Pierre Brillaud du 4 août 1772.
  • 85 ADDS, 4B 543, interrogatoire de Jean Deschamps du 13 juillet 1788.
  • 86 ADV, 1B2/78 : interrogatoire de Joseph Poussard du 9 juillet 1755 ; interrogatoire de Joseph Pouss (...)
  • 87 ADV, 1B2/94 : interrogatoire de François Foulonneau du 19 juillet 1763 ; interrogatoire de Françoi (...)
  • 88 ADV, 1B2/127 : interrogatoire de Joseph Joubert du 8 juin 1771 ; interrogatoire de Joseph Joubert (...)
  • 89 ADDS, B 99 : interrogatoire de Jean Raveau du 21 juillet 1742 ; interrogatoire de Jean Vrignault d (...)
  • 90 ADV, 1B2/70, information secrète criminelle du 19 mai 1751, déposition de Radegonde Chantreau ;
    ADV (...)
  • 91 ADV, 1B2/70, information secrète criminelle du 19 mai 1751, déposition de Radegonde Chantreau.
  • 92 ADV, G 652, information secrète criminelle du 19 août 1697, déposition de Jacques Bouchereau maîtr (...)
  • 93 ADV, G 652, information secrète criminelle du 19 août 1697, déposition de René Toulat.
  • 94 Il est ainsi question avant tout de bestialité contre Léonard Forest dans l’affaire Marie Thimonni (...)
  • 95 ADV, 1B2/93, information secrète criminelle du 27 avril 1761.
  • 96 ADV, 1B2/70, rapport en chirurgie du 9 mai 1751.
  • 97 ADV, 1B2/127, procès-verbal en chirurgie du 18 mai 1771.
  • 98 ADDS, 2B 88, certificat et rapport en chirurgie du 13 août 1727.
  • 99 ADV, 1B2/131, procès-verbal en chirurgie du 14 septembre 1773.
  • 100 ADV, 1B2/193, procès-verbal de visite de Marie Lebeau du 21 juillet 1778.
  • 101 ADDS, B 99, rapport en chirurgie du 3 août 1742.

15À l’instar des autres types de crime, ces accusations pour violences sexuelles font l’objet d’une information et d’une instruction par les tribunaux poitevins dans l’énorme majorité des situations. En effet, seules les trois déclarations de grossesse de l’échantillon se contentent de signaler le viol commis, mais sans entraîner la moindre poursuite à l’encontre de leur auteur77. Ce n’est pas le cas, en revanche, pour les 21 autres affaires du corpus considéré. Même si les dossiers conservés sont loin d’être tous complets, ces derniers paraissent suivre à la lettre l’ordonnance criminelle de 167078. Sans entrer dans les détails des différentes étapes de la procédure suivie, on relève – au hasard de la conservation des archives – 4 grands types de pièces judiciaires, qui entendent faire la lumière sur les faits reprochés. Il y a, tout d’abord, quelques procès-verbaux de capture (4 au total pour l’ensemble des dossiers), qui donnent déjà des indications sur le crime et le délinquant sexuel. Le 1er juillet 1742, Jean Raveau et Jean Vrignault sont arrêtés à leur domicile par la brigade de la maréchaussée de Melle, suite à la dénonciation de la supposée victime d’abus sexuels79. De même, les cavaliers de Parthenay prennent au corps deux violeurs qu’on leur a signalés lors de leurs « tournées ordinaires » : le premier à Secondigny le 6 juillet 175480, le second « chez le nommé Collin cabaretier […] de Parthenay » le 19 mai 177181. Quant à François Foulonneau, il est quasiment interpellé en flagrant délit par les forces de l’ordre à Châtillon-sur-Thouet le 24 juin 176382. Une fois arrêtés, les accusés sont soumis à un ou plusieurs interrogatoires, avec l’espoir des juges de leur arracher des aveux. Pas moins de 10 dossiers (sur 21) ont conservé ce genre de documentation. Sans surprise, tous sans exception jurent ne pas avoir fait subir de violences sexuelles aux victimes. C’est le cas notamment de René Lucas de Melle83, Pierre Brillaud d’Asnières84, Jean Deschamp de La Mothe Saint-Héray85, ou encore de Joseph Poussard de Secondigny (pourtant interrogé à 4 reprises)86, qui nient les faits alors que les autres éléments du dossier semblent indiquer le contraire. Pourtant presque saisi en flagrant délit, François Foulonneau affirme, lors de ses deux interrogatoires, que Marie Grignon était consentante et qu’elle avait accepté sa « proposition » contre « un écu87 ». Joseph Joubert change sensiblement de version au cours de l’instruction. Après avoir réfuté catégoriquement toute agression les 8 juin et 17 juillet 1771, il reconnaît le 26 juillet et le 19 août suivant avoir « port[é] la main sur la faice et ensuitte sous [l]es juppes » de la jeune bergère Françoise Chauvière du Tallud en Gâtine, mais sans pour autant l’avoir abusé88. Enfin, Jean Raveau et Jean Vrignault réfutent pareillement, dans leur interrogatoire, tout agissement violent et déplacé à l’encontre de la fillette Michelle Norigeau89. Leur dénégation n’a cependant rien à voir avec les précédents accusés, puisque ces deux individus sont, selon toute vraisemblance, innocents du crime pour lequel on les poursuit. Un troisième type de pièce judiciaire est présent dans presque toutes les affaires du corpus (20 des 21 dossiers) : l’information secrète criminelle, qui rassemble tous les témoignages. Cette pièce de procédure s’avère être, la plupart du temps, à charge contre le délinquant sexuel. Tout d’abord, on y trouve – à sept reprises90 – la déposition de la victime, qui n’hésite pas à insister sur la brutalité de l’agresseur et sur sa propre résistance à l’agression. Parmi ces témoignages, celui de la jeune Radegonde Chantreau (12 à 13 ans) est sans doute l’un des plus édifiants91. Alors qu’elle « gard[ait] […] des chevaux », elle y raconte qu’un « particullier à elle inconnu » « la prit par le bras et la jetta de force par terre dans un fossé où il se décullota, leva [ses] juppons […] et jouit d’elle par force de façon à ce que ses juppons furent remplies de sang ». Puis, « comme elle voullut s’écrier au secours, [il] […] tira son couteau de sa poche et menassa […] de luy couper le col sy elle crioit davantage ; et après avoir jouy d’elle il s’en fut ». Par ailleurs, bien souvent, les autres dépositions recueillies par les juges vont dans le sens de la véracité de l’attentat, voire prouvent le crime. Il en est ainsi dans l’information secrète criminelle du 19 août 1697 relative au viol de Jeanne Mercier près du bourg de Saint-Hilaire à Poitiers. Un témoin y affirme que l’accusé s’est vanté d’avoir « bais[é] une jeune fille […] âgé de seize ans [qui] […] n’avoit pas plus de poil à ses partyes que dans la main92 », tandis qu’un autre (qui avait vu l’agression) se plaint que le même accusé l’ait menacé de « vingt coups de bâtons » s’il « rapport[ait] ce qui s’étoit passé aux personnes de leur quartier et principallement à sa femme93 ». Quelques autres recueils de témoignages se révèlent, en revanche, beaucoup moins diserts sur les violences sexuelles94. C’est le cas, par exemple, des dépositions accusant Louis Seigneur, où il est exclusivement question de nombreux vols chez des particuliers et « le long des grands chemins » dont il est aussi coupable95. Enfin, on relève un quatrième grand type de pièces judiciaires dans les dossiers poitevins : les rapports de visite des victimes effectuée par des maîtres chirurgiens. On en a seulement repéré 6 dans les 21 procès. Toutefois, quand ils existent, ces documents sont souvent déterminants : ils peuvent constituer, à eux seuls, une preuve de l’agression et des dires de la plaignante. Parmi ces rapports, deux d’entre eux confirment sans doute possible l’attentat sexuel et la pénétration subis par la jeune fille. Les dénommés Martin, « mestres chirurgiens juré[s] reçu en la ville de Poitiers » constatent ainsi que Radegonde Chantreau « a été déflorée96 », tandis que leur confrère Jean Rousseau de Parthenay atteste que « l’entrée du vagin » de Françoise Chauvière est « violenté » et son « clitoris déchiré97 ». Le certificat rédigé par deux praticiens de Melle révèle la présence de « semence d’homme » sur le « derrière de la chemise » de Louise Richard98. Celui relatif à Marie Anne Petit de Vouneuil-sous-Biard note des « contusion[s] » sur « la partie antérieure et supérieure de [s]a cuisse gauche99 ». Quant aux 2 derniers rapports, ils surprennent par leur contenu, dans la mesure où ils contredisent les affirmations des plaignantes. Contrairement à ses déclarations, Marie Lebeau n’a ainsi « pas été desflorée100 » : elle a simplement été très importunée et humiliée par Jacques Descombes dans un pacage isolé de la paroisse de Mézeaux. Enfin, la jeune fillette Michelle Norigeau n’a « eu contact charnel avec aucun homme101 », elle a visiblement inventé toute l’histoire de sévices dont elle aurait été victime, sans doute avec la complicité de parents.

  • 102 G. Vigarello, op. cit., p. 37-38 ; S. Bonvalet, La sexualité en France à l’époque moderne, Paris, (...)
  • 103 ADDS, B 99, sentence du 30 août 1742.
  • 104 ADV, 1B2/8, sentence du 27 mai 1729.
  • 105 ADV, 1B2/78, sentence prévôtale contre Joseph Poussard du 7 août 1755.
  • 106 ADV, 1B2/127, arrêt portant peine de mort contre Joseph Joubert le 19 août 1771.
  • 107 S. F. Matthews-Grieco, « Corps et sexualité dans l’Europe d’Ancien Régime », dans G. Vigarello (di (...)

16Pour en finir avec ces dossiers judiciaires, ceux-ci livrent dans quelques rares cas les sentences des magistrats poitevins. À l’instar des autres tribunaux du royaume mais aussi des procès qui concernent d’autres types de crime, les jugements conservés sont peu nombreux dans le corpus étudié102, seulement 4 pour les 21 procédures. Sans surprise, l’un d’eux prononce l’acquittement pur et simple de Jean Raveau et Jean Vrignault, injustement accusés de viols sur Michelle Norigeau103. Ils sont immédiatement libérés des prisons royales de Chizé le 30 août 1742 après 60 jours de détention. Jean Chabié « Sieur de Mourière », qui a abusé pendant des mois de la domestique de sa mère et l’a mise enceinte, est quant à lui condamné par le tribunal de Saint-Hilaire-le-Grand à donner à sa victime « la somme de cinq cent livres » et à « prendre l’enfant n [é] de ses œuvres […] » et « payer sa nourriture » le 27 mai 1729104. La peine est plus lourde pour Joseph Poussart, délinquant sexuel mais aussi voleur de chevaux en Gâtine : le 7 août 1755, il est décidé qu’il sera « battu et fustigé de verges […] dans la salle du pallais » de Poitiers, « marqué sur l’épaule droitte d’un fer chaud portant l’empreinte de la lettre V », et « banni pour cinq ans […] du comté du Poitou105 ». Toutefois, la sentence la plus sévère est prononcée à l’encontre de Joseph Joubert « convaincu d’avoir viollé […] Françoise Chauvière âgée de quinze ans ». Le 19 août 1771, le conseil supérieur de Poitiers le condamne « à estre pendu et étranglé jusqu’à ce que mort s’en suive à une potence […] dressée […] en la place saint Nicollas », puis « son corps mort » devra « estre exposé sur le grand chemin qui conduit de cette ville en celle de Parthenay et attaché à un arbre avec un carcan de fer106 ». Par conséquent, ce genre de crime peut être très durement réprimé par la justice d’Ancien Régime107.

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  • 108 M. Porret, « Viols, attentats aux mœurs et indécences : les enjeux de la médecine légale à Genève (...)

17Au terme de cette investigation, il convient de se risquer à faire quelques remarques d’ordre général à propos des violences sexuelles au XVIIIe siècle malgré la faiblesse du nombre d’affaires rencontrées. En premier lieu, force est de constater que l’immense majorité des victimes de viols ne porte pas plainte dans le Poitou des dernières décennies de l’Ancien Régime. On ne trouve, en effet, qu’un nombre dérisoire de procès pour ce type de crime dans les archives judiciaires. Dans la province, ils semblent représenter moins de 0,5 % du total des procédures et sont traités majoritairement par les juridictions royales, mais aussi parfois par de simples justices seigneuriales. Une si faible proportion n’est pas surprenante et se retrouve alors certainement dans toutes les autres régions du royaume. En outre, ce corpus de 24 affaires poitevines confirme certaines tendances sur les violences sexuelles (avec quelques nuances néanmoins, qui s’expliquent par le caractère très rural du Poitou) déjà observées par ailleurs au Siècle des lumières108. Les victimes sont avant tout des jeunes filles ou jeunes femmes issues de milieux modestes et parmi lesquelles les bergères et servantes sont prépondérantes. Elles ne se retrouvent à exposer leur agression devant la justice que lorsqu’elles y ont intérêt ou ne peuvent faire autrement. C’est le cas des domestiques abusées et enceintes qui demandent réparation, ou encore des filles agressées et déshonorées en public devant des témoins. Quant aux agresseurs, ils agissent plutôt l’après-midi et en soirée, prioritairement au cours des mois de printemps et d’été, et appartiennent essentiellement au monde de l’artisanat, des petits marchands et à la paysannerie. Mais il peut s’y trouver des membres de catégories sociales plus privilégiées, notamment ceux qui abusent de leur autorité sur leurs servantes. Enfin il convient d’insister sur le silence relatif de la documentation (24 affaires seulement, dans près de 3 100 procès au pénal répertoriés), qui est aussi très significatif des mentalités du XVIIIe siècle. Le faible nombre de procès met, en effet, en évidence le sentiment de honte que suscite ce genre de violence chez les victimes et leur famille. À ce sujet, il est notamment extrêmement révélateur de constater qu’aucune femme mariée (et une seule veuve) n’ait osé porter plainte pour viol ou tentative de viol dans le corpus poitevin.

Annexes

ANNEXE I. Les victimes de violences sexuelles et les circonstances de leur agression dans 24 affaires judiciaires en Poitou au XVIIIe siècle

ANNEXE II. Les accusés de violences sexuelles et quelques éléments sur leurs procès dans 24 affaires judiciaires en Poitou au XVIIIe siècle

Notes

2 D. Diderot et J. D’Alembert, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris, 1751-1765, t. XVII, p. 310, article « Viol ».

3 M. Bricault de Verneuil (éd.), « Journal d’Antoine Denesde, marchand ferron à Poitiers et de sa femme Marie Barré (1628-1687) », Archives historiques du Poitou, 1885, t. XV, p. 97.

4 À défaut d’avoir donné des résultats, les archives du for privé consultées sont les suivantes pour cette enquête : L. Desaivre (éd.), « Journal de Simon Robert, notaire à Germond, 1621-1654 », Archives historiques du Poitou, 1895, t. XXV, p. 383-416 ; V. Bardet (éd.), « Journal de M. Demaillasson, avocat du roi à Montmorillon (1643-1694) », Archives historiques du Poitou, 1907, t. XXXVI, p. 1-474 ; 1908, t. XXXVII, p. 1-145 ; A.-C. Thibaudeau, Biographie. Mémoires 1765-1792, Paris/Niort, 1875 ; A. Chuquet (éd.), Mémoires du baron de Frenilly, 1768-1848. Souvenirs d’un ultra royaliste, Paris, 1908 ; H. Carré (éd.), « Correspondance de Mme de Médel, 1770-1789 », Archives historiques du Poitou, 1931, t. XLVII, p. 1-166 ; G. Debien (éd.), « Correspondance de Félix Faulcon 1770-1789 », Archives historique du Poitou, 1939, t. LI, p. i-xlii, p. 1-357.

5 Toutes les références à ces travaux ou à ces dossiers judiciaires se trouvent en notes dans la suite de cet article.

6 D. Jousse, Traité de la justice criminelle de France, Paris, 1771, t. III, partie IV, titre XXIX, p. 742.

7 Ibid., p. 743.

8 Ibid., p. 743.

9 M. Marion, Dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1923, p. 73-74 ; R. Mousnier, Les institutions de la France sous la monarchie absolue 1598-1789, Paris, PUF, 1974, t. II, p. 267-268.

10 G. Rousseaud de la Combe, Traité des matières criminelles, suivant l’ordonnance du mois d’août 1670, Paris, 1741, p. 50, p. 146-147.

11 Ibid., p. 45.

12 Isambert, Taillandier et Decrusy, Recueil général des anciennes lois françaises depuis l’an 420 jusqu’à la révolution de 1789, Paris, 1829, t. XVI (mai 1610-mai 1643), p. 520 à 524, en particulier p. 523.

13 Isambert, Taillandier et Decrusy, op. cit., t. XVIII (août 1661-31 décembre 1671), p. 372-423, en particulier p. 493.

14 F. Vigier, « Une justice de proximité dans les campagnes poitevines d’Ancien Régime ? Les cours seigneuriales au XVIIIe siècle », dans F. Chauvaud, Y. Jean et L. Willemez (dir.), Justice et sociétés rurales du XVIe siècle à nos jours, Rennes, PUR, 2011, p. 137-159, en particulier p. 138-144.

15 A. Queffeulou, Les justices seigneuriales du ressort du Siège royal de Niort au XVIIIe siècle (vers 1750-1790). Marquisat de Fors, châtellenie et commanderie d’Ensigné, châtellenie de Benêt, de Couture d’Argenson, de la Foye-Monjault, mémoire de maîtrise sous la direction de A. Gérard et P. Tourault, université catholique d’Angers, 1998 ; F. Cuitot, Violences, délinquances et relations sociales dans le marquisat de Couhé-Vérac au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise, sous la direction de D. Poton, université de Poitiers, 1998 ; F. Cuitot, Les justices seigneuriales du Haut-Poitou au XVIIIe siècle, mémoire de DEA, sous la direction de D. Poton, université de Poitiers, 2000 ; F. Righi, Le Sénéchal et le bourg de Saint-Hilaire le Grand (1762-1789), mémoire de maîtrise, sous la direction de J. Tarrade, université de Poitiers, 1983 ; M. Corbière, Étude de trois justices seigneuriales dépendantes de la cour royale de Saint-Maixent : châtellenie de Sainte-Néomaye, châtellenie de Cherveux, châtellenie de Salles (1699-1790), mémoire de recherches de MEF1, sous la direction de F. Vigier, université de Poitiers, 2011, et L. Michaud, Le bourg de Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers dans la première moitié du XVIIIe siècle (1700-1759). Institution judiciaire, vie quotidienne et société, mémoire de maîtrise, sous la direction de F. Vigier, université de Poitiers, 1999.

16 F. Bodin, La prévôté royale de Melle au XVIIIe siècle : institutions et justice, mémoire de maîtrise sous la direction de D. Guillemet, université de Poitiers, 2003 ; D. Allard, La criminalité dans le ressort et la compétence de la sénéchaussée et siège royal de Saint-Maixent 1780-1790, mémoire de maîtrise, sous la direction de Ph. Guignet, université de Poitiers, 1987 ; É. Vieuille, Les lieux et l’heure du crime dans le ressort du présidial de Poitiers de 1701 à 1730, mémoire de DEA, sous la direction de J. Péret, université de Poitiers, 2000 ; L. Nickler, La criminalité dans le ressort du présidial de Poitiers (1738-1745) d’après l’étude des archives du greffe criminel du présidial de Poitiers, mémoire de maîtrise, sous la direction de Ph. Guignet, université de Poitiers, 1993 ; Ch. Champion, La criminalité dans le ressort de la sénéchaussée et siège présidial de Poitiers 1760-1767 d’après les archives du présidial de Poitiers, mémoire de maîtrise, sous la direction de Ph. Guignet, université de Poitiers, 1992 ; I. Foucher, Criminalités dans le ressort et la compétence de la sénéchaussée et siège présidial de Poitiers 1780-1781, mémoire de maîtrise, sous la direction de J. Tarrade, université de Poitiers, 1985 et Y. Gillium, Criminalité et société en Poitou à la veille de la Révolution. La violence des rapports sociaux en 1787-1789, d’après les archives du présidial de Poitiers, mémoire de maîtrise, sous la direction de J. Tarrade, université de Poitiers, 1987.

17 F. Cuitot, Les justices seigneuriales du Haut-Poitou au XVIIIe siècle, mémoire de DEA, sous la direction de D. Poton, université de Poitiers, 2000, p. 98 ; L. Michaud, op. cit., p. 85.

18 F. Cuitot, op. cit, p. 85-87.

19 G. Murphy, « Femmes et violences dans le marquisat de l’Isle-Jourdain au XVIIIe siècle », Bulletin du groupe de recherches historiques & archéologiques de l’Isle-Jourdain, 11, 2001, p. 43-72, en particulier p. 61-64.

20 G. Vigarello, Histoire du viol XVIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 2000, p. 37-38.

21 M. Badosa, « Les infractions pénales instruites par les vigueries en Roussillon au XVIIIe siècle. Étude statistique », dans G. Larguier (dir.), Les justices royales secondaires en Languedoc et Roussillon, XVIIe-XVIIIe siècles, Presses universitaires de Perpignan, 2008, p. 31-52, en particulier p. 37-38 et p. 52. Cet auteur ne recense que 30 viols sur 1 105 crimes ou délits au XVIIIe siècle, soit une proportion de 2,7 % de l’ensemble des affaires pénales.

22 J. Gomez Pardo, La maréchaussée et le crime en Ile-de-France sous Louis XIV et Louis XV, Paris, Les Indes savantes, 2012, p. 256-257. Cette étude répertorie 53 procédures pour violences sexuelles sur 8 460 délits, ce qui représente 0,63 % du total.

23 P. Pétrovitch, « Recherche sur la criminalité à Paris au XVIIIe siècle », dans F. Abbiateci, F. Billacois, Y. Castan, P. Pétrovitch, Y. Bongert et N. Castan (dir.) Crimes et criminalité en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Armand Colin, 1971, p. 215. Cette enquête a inventorié 6 cas de viol ou de tentative de viol sur un ensemble de 929 délits pour les années 1755, 1765, 1775 et 1785 à Paris, soit 0,64 % du total.

24 J.-Cl. Chesnais, Histoire de la violence en Occident de 1800 à nos jours, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », 1996, p. 170-195, en particulier p. 172 ; S. Jahan, Le corps des Lumières. Émancipation de l’individu ou nouvelles servitudes ?, Paris, Belin, 2002, p. 27-33.

25 Je tiens à remercier Olivia Guilpain, qui prépare actuellement un travail sur les femmes victimes en Poitou entre 1770 et 1776 dans le cadre d’un Master 2 de recherche sous ma direction, pour m’avoir donné les références de 3 de ces 24 affaires. Parmi les études ayant contribué à réunir ce corpus, on se doit aussi de citer : M. Moinet, Discours et regard sur le viol. Étude de cinq procès et de trois déclarations de grossesse dans le Poitou de la seconde moitié du XVIIIe siècle, mémoire de master 1, sous la direction de S. Jahan, université de Poitiers, 2007.

26 Archives départementales des Deux-Sèvres (ADDS), B 99, affaire Michelle Norigeau (7 à 8 ans) de Beauvoir-sur-Niort. Le procès en question laisse apparaitre que la jeune fillette n’a absolument pas été violée.

27 Louise Richard a pour père un « maître menuisier », Françoise Chauvière est la fille d’un « laboureur », Radegonde Chantreau a pour géniteur un « charron » et Jeanne Mercier un « maçon ». Quant aux 5 filles de « journalier[s] », il s’agit de Michelle Norigeau, Françoise Chaigne, Marie Rochaud, Marie Lebeau et Marie Thimonier.

28 R. Muchembled, Une histoire de la violence de la fin du Moyen Âge à nos jours, Paris, Seuil, 2008, p. 361.

29 Archives départementales de la Vienne (ADV), 1B2/78, information secrète criminelle, déposition de Françoise Chaigne du 31 juillet 1755 (Sénéchaussée et siège présidial de Poitiers) ; ADV, 1B2/124, information secrète criminelle, déposition d’Anne Gascougnolle veuve du 14 avril 1772.

30 ADV, 8B 8, extrait des registres de la justice, ville et châtellenie d’Availles du 17 juillet 1780.

31 ADDS, 4B 543, interrogatoire du 13 juillet 1788 de Jean Deschamp cardeur à La Mothe-Saint-Héray (Siège royal de Saint-Maixent).

32 ADV, 1B2/70, plainte du 15 mai 1751 contre Antoine Massairé scieur de long (Maréchaussée générale du Poitou).

33 ADV, 1B2/94, information secrète criminelle, déposition de Marie Grignon du 3 août 1763 (Sénéchaussée et siège présidial de Poitiers).

34 ADV, 1B2/13, plainte du 27 avril 1711 contre Jean Bertin et Pierre Macé (Sénéchaussée et siège présidial de Poitiers) ; information secrète criminelle, déposition de François Brouthier marchand paroisse du Sépulcre à Parthenay du 22 avril 1711.

35 ADV, 1B2/16, plainte du 10 juin 1712 contre Jacques Fougnet boulanger (Sénéchaussée et Siège présidial de Poitiers).

36 Archives Départementales d’Indre-et-Loire, 2B 1752 (côte provisoire), déclaration de grossesse de Catherine Dumay domestique cuisinière du 3 avril 1753 (document très aimablement fourni par Isabelle Girard).

37 ADV, 6B 131, plainte du 23 septembre 1768 contre le Sieur Rougier Moricerie (Siège royal de Lusignan).

38 ADV, G 652, plainte du 19 août 1697 contre Philippe Lapierre maître huilier (Justice de Saint-Hilaire le Grand de Poitiers).

39 ADDS, 2B 88, plainte du 12 août 1727 contre René Lucas vitrier (Siège royal de Melle).

40 ADDS, 3B 84, plainte du 13 avril 1725 contre Louis et Jean Mathé ; ADV, 1B2/78, information secrète criminelle, déposition de Françoise Chaigne du 21 juillet 1755 ; ADV, 1B2/127, information secrète criminelle, déposition de Françoise Chauvière du 17 juin 1771 ; ADDS, 4B 534, plainte du 26 mai 1783 contre Jean Maye.

41 ADV, 1B2/193, plainte du 21 juillet 1778 contre Jacques Descombes.

42 ADV, 8B 8, extrait des registres de la justice, ville et châtellenie d’Availles du 17 juillet 1780.

43 ADV, 8B 121, plainte du 12 juillet 1783 (Marquisat de l’Isle-Jourdain).

44 ADV, 1B2/124, information secrète criminelle, déposition d’Anne Gascougnolle du 14 avril 1772.

45 ADV, 1B2/127, information secrète criminelle, déposition de Françoise Chauvière du 17 juin 1771 ; J. Ayrault, Les affaires criminelles en Gâtine poitevine dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, d’après les procédures du greffe criminel du présidial de Poitiers (1750-1790), mémoire de master 1, sous la direction de F. Vigier, université de Poitiers, 2010, p. 47.

46 ADV, 1B2/124, information secrète criminelle, déposition d’Anne Gascougnolle du 14 avril 1772.

47 ADDS, 4B 534, information secrète criminelle, déposition de Magdeleine Gilleux du 21 mai 1783.

48 ADV, 8B 8, plainte du 18 juillet 1780 contre Pierre Chauveau (Châtellenie d’Availles).

49 ADV, 1B2/78, information secrète criminelle, déposition de Françoise Chaigne du 31 juillet 1755.

50 Françoise Chaigne, Françoise Chauvière et Marie Lebeau semblent réellement avoir été violées (au sens juridique de l’Ancien Régime) ; Marie Lebeau (qui est menacée de mort par son agresseur), Anne Gascougnolle, Magdeleine Bordage sont très violentées, mais non violées selon leurs dires, de même que Marie Gervais.

51 ADV, 8B 8, plainte du 18 juillet 1780 contre Pierre Chauveau (Châtellenie d’Availles).

52 ADV, 8B 121, plainte du 12 juillet 1783 (Marquisat de l’Isle-Jourdain). On trouvera une analyse exhaustive de cette affaire dans : K. Martin, Le paysan, le juge et la bête. Trois affaires de bestialité dans le Poitou du XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise, sous la direction de S. Jahan, université de Poitiers, 2002.

53 ADV, 1B2/70, plainte du 15 mai 1751 contre Antoine Massairé.

54 ADV, 1B2/94, information secrète criminelle, déposition de Marie Grignon du 3 août 1763.

55 ADV, 1B2/13, plainte du 27 avril 1711 contre Jean Bertin et Pierre Macé.

56 ADDS, 4B 543, interrogatoire de Jean Deschamp du 13 juillet 1788.

57 ADV, 1B2/131, information secrète criminelle, déposition de Marie Anne Petit du 25 janvier 1775.

58 Cl. Petitfrère, L’œil du maître. Maître et serviteurs de l’époque classique au romantisme, Bruxelles, Éditions Complexe, 1986, p. 136-142.

59 Archives départementales d’Indre-et-Loire, 2B 1752 (côte provisoire), déclaration de grossesse de Catherine Dumay du 3 avril 1753 ; ADV, 8B 101, déclaration de grossesse de Jacquette Touffou du 16 juillet 1763 ; ADV, 8B 101, déclaration de grossesse de Suzanne Mazereau du 3 juillet 1769.

60 ADV, 1B2/16, plainte du 10 juin 1712 contre Jacques Fougnet.

61 ADV, 1B2/8, plainte du 24 mai 1709 contre Jean Chabié, Sieur de Mourière.

62 ADV, 1B2/8, information secrète criminelle, déposition de Pierre Micheau du 21 mars 1709.

63 P. Charpentier, Justice et religion au Siège royal de Lusignan de Lusignan de 1759 à 1789, mémoire de maîtrise, sous la direction de F. Vigier, université de Poitiers, 2002, p. 223-226.

64 ADV, 6B 131, plainte du 23 septembre 1769 contre le Sieur Rougier notaire royal à Exoudun.

65 ADV, G 562, plainte du 19 août 1697 contre Philippe Lapierre maître huilier à Poitiers.

66 ADDS, 2B 88, plainte du 12 août 1727 contre René Lucas vitrier à Melle ; F. Bodin, op. cit., p. 80.

67 ADDS, B 99, information secrète criminelle, déposition de Michelle Norigeon du 3 août 1742.

68 ADDS, B 99, rapport en chirurgie du 3 août 1742.

69 L’affaire a été analysée dans l’étude très complète de G. Murphy, « Marie Rochaud, femme violée et mère infanticide (Millac, 1776) », Bulletin du Groupe de Recherches Historiques & Archéologiques de l’Isle-Jourdain, 10, 2000, p. 35-67.

70 ADV, 8B 119, interrogatoire de Marie Rochaud du 14 mars 1776.

71 ADV, 1B2/93, procès-verbal de capture et d’emprisonnement de Louis Seigneur et Pierre Petit par les cavaliers de la maréchaussée de Thouars le 11 janvier 1761.

72 Sur cette figure de grand noble particulièrement cruel, H. Carré, La noblesse de France et l’opinion publique au XVIIIe siècle, Paris, 1920, p. 298-308 ; F. Vigier, « Une cruauté d’un autre temps ? Le martyre de quatre huissiers de Châtellerault au milieu du XVIIIe siècle », dans F. Chauvaud, A. Rauch et M. Tsikounas (dir.), Le sarcasme du mal. Histoire de la cruauté de la Rennaissance à nous jours, Rennes, PUR, 2016, p. 159-172 ; B. Maillard, « Illégitimité et société à Tours au XVIIIe siècle », Vivre en Touraine au XVIIIe siècle, Rennes, PUR, 2003, p. 45-56, en particulier p. 52-53.

73 ADDS, 2B 88, plainte du 12 août 1727 contre René Lucas à Melle.

74 ADV, 1B2/124, interrogatoire de Pierre Brillaud journalier d’Asnières du 4 août 1772.

75 ADV, 1B2/70, plainte du 15 mai 1751 contre Antoine Massairé.

76 ADV, 8B 121, requête du procureur fiscal de l’Isle Jourdain contre Léonard Forest du 16 juillet 1783.

77 Archives départementales d’Indre-et-Loire, 2B 1752 (côte provisoire), déclaration de grossesse de Catherine Dumay du 3 avril 1753 ; ADV, 8B 101, déclaration de grossesse de Jacquette Touffou du 16 juillet 1763 ; ADV, 8B 101, déclaration de grossesse de Suzanne Mazereau du 3 juillet 1769.

78 A. Lebigre et A. Laingui, Histoire du droit pénal, t. II : La procédure criminelle, Paris, 1979-1980, p. 87-109.

79 ADDS, B 99, procès-verbal de capture de Jean Raveau et Jean Vrignault par les cavaliers de Melle le 1er juillet 1742.

80 ADV, 1B2/78, procès-verbal de capture de Joseph Poussard par les cavaliers de Parthenay du 6 juillet 1754.

81 ADV, 1B2/127, procès-verbal de capture de Joseph Joubert par les cavaliers de Parthenay le 19 mai 1771.

82 ADV, 1B2/94, procès-verbal de capture de François Foulonneau par les cavaliers de Parthenay le 24 juin 1763.

83 ADDS, 2B 88, interrogatoire de René Lucas du 26 août 1727.

84 ADV, 1B2/124, interrogatoire de Pierre Brillaud du 4 août 1772.

85 ADDS, 4B 543, interrogatoire de Jean Deschamps du 13 juillet 1788.

86 ADV, 1B2/78 : interrogatoire de Joseph Poussard du 9 juillet 1755 ; interrogatoire de Joseph Poussard du 10 juillet 1755 ; interrogatoire de Joseph Poussard du 17 juillet 1755 ; interrogatoire de Joseph Poussard du 7 août 1755.

87 ADV, 1B2/94 : interrogatoire de François Foulonneau du 19 juillet 1763 ; interrogatoire de François Foulonneau du 5 août 1763.

88 ADV, 1B2/127 : interrogatoire de Joseph Joubert du 8 juin 1771 ; interrogatoire de Joseph Joubert du 5 juillet 1771 ; interrogatoire de Joseph Joubert du 26 juillet 1771 ; interrogatoire de Joseph Joubert du 19 août 1771.

89 ADDS, B 99 : interrogatoire de Jean Raveau du 21 juillet 1742 ; interrogatoire de Jean Vrignault du 21 juillet 1742.

90 ADV, 1B2/70, information secrète criminelle du 19 mai 1751, déposition de Radegonde Chantreau ;
ADV, 1B2/78, information secrète criminelle du 31 juillet 1751, déposition de Françoise Chaigne ;
ADV, 1B2/94, information secrète criminelle, déposition de Marie Grignon du 19 juillet 1763 ;
ADV, 1B2/127, information secrète criminelle, déposition de Françoise Chauvière du 17 juin 1771 ;
ADV, 1B2/124, information secrète criminelle, déposition d’Anne Gascougnolle du 14 avril 1772 ;
ADV, 1B2/131, information secrète criminelle, déposition de Marie Anne Petit du 25 janvier 1775 ;
ADV, 1B2/193, information secrète criminelle du 21 juillet 1778, déposition de Marie Lebeau.
Nous n’avons pas mis, dans cette liste, la déposition de Michelle Norigeau qui semble être un faux-témoignage : ADDS, B 99, information secrète criminelle du 3 août 1742, déposition de Michelle Norigeau.

91 ADV, 1B2/70, information secrète criminelle du 19 mai 1751, déposition de Radegonde Chantreau.

92 ADV, G 652, information secrète criminelle du 19 août 1697, déposition de Jacques Bouchereau maître vinaigrier.

93 ADV, G 652, information secrète criminelle du 19 août 1697, déposition de René Toulat.

94 Il est ainsi question avant tout de bestialité contre Léonard Forest dans l’affaire Marie Thimonnier (ADV, 8B 121, information secrète criminelle du 16 juillet 1783), ou encore d’infanticide dans l’affaire Marie Rochaud (ADV, 8B 119, information secrète criminelle du 19 mars 1776). Par ailleurs, les témoignages recueillis à l’encontre de Joseph Poussard concernent essentiellement des vols de chevaux (ADV, 1B2/78, information secrète criminelle des 7 juillet 1754 et 31 juillet 1755).

95 ADV, 1B2/93, information secrète criminelle du 27 avril 1761.

96 ADV, 1B2/70, rapport en chirurgie du 9 mai 1751.

97 ADV, 1B2/127, procès-verbal en chirurgie du 18 mai 1771.

98 ADDS, 2B 88, certificat et rapport en chirurgie du 13 août 1727.

99 ADV, 1B2/131, procès-verbal en chirurgie du 14 septembre 1773.

100 ADV, 1B2/193, procès-verbal de visite de Marie Lebeau du 21 juillet 1778.

101 ADDS, B 99, rapport en chirurgie du 3 août 1742.

102 G. Vigarello, op. cit., p. 37-38 ; S. Bonvalet, La sexualité en France à l’époque moderne, Paris, Armand Colin, 2010, p. 293-302.

103 ADDS, B 99, sentence du 30 août 1742.

104 ADV, 1B2/8, sentence du 27 mai 1729.

105 ADV, 1B2/78, sentence prévôtale contre Joseph Poussard du 7 août 1755.

106 ADV, 1B2/127, arrêt portant peine de mort contre Joseph Joubert le 19 août 1771.

107 S. F. Matthews-Grieco, « Corps et sexualité dans l’Europe d’Ancien Régime », dans G. Vigarello (dir.) Histoire du corps, t. I : De la Renaissance aux Lumières, Paris, Seuil, 2005, p. 167-234, en particulier p. 198-200.

108 M. Porret, « Viols, attentats aux mœurs et indécences : les enjeux de la médecine légale à Genève (1650-1815) », Équinoxe. Revue romande des Sciences Humaines, 8, automne 1992, p. 23-43 ; A. Bernard, « Les victimes de viols à Lyon aux XVIIe et XVIIIe siècles », dans B. Garnot (dir.), Les victimes, des oubliées de l’histoire ?, Rennes, PUR, 2000, p. 455-467, et J.-Ch. Robert, « Le viol et sa répression par les juridictions intermédiaires du Roussillon au XVIIIe siècle », dans G. Larguier (dir.), Les justices royales secondaires en Languedoc et en Roussillon XVIIe-XVIIIe siècles, Presses universitaires de Perpignan, 2008, p. 83-102.

Auteur

Maître de conférences d’histoire moderne et membre du Centre de recherche interdisciplinaire en histoire, histoire de l’art et musicologie (EA 4270) de l’université de Poitiers. Plusieurs fois président de la Société des Antiquaires de l’Ouest, il est le fondateur de la Revue historique du Centre-Ouest. Ses publications portent principalement sur l’histoire du Centre-Ouest français aux XVIIe et XVIIIe siècles, plus particulièrement sur les thématiques suivantes : histoire religieuse et ecclésiastique, histoire des auberges et des cabarets, histoire de l’université de Poitiers, et plus récemment histoire de la justice et des justiciables.

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