La boutique : un lieu de dévotion dans la seconde moitié du XVIIe siècle ?
p. 375-390
Texte intégral
1Le XVIIe siècle est trop souvent considéré comme une période où la spiritualité incita à se retirer du monde. Ce rejet fut ardemment défendu par des courants aussi divers que le jansénisme, le quiétisme, le mysticisme, le rigorisme, l’école du père Lallement ou la pensée de Surin. Selon les mots de Jean Puget de La Serre, la société était « une prison remplie de criminels condamnés à la mort par un arrêt irrévocable. » Il ne comprenait donc pas « l’aveuglement d’aimer si fort la vie et de ne penser jamais à sa courte durée » ; il concluait : « Tout le bonheur de la vie consiste au bonheur de la mort ; nos pensées, nos paroles, et nos actions, ne doivent avoir d’autre objet que celui de bien vivre pour bien mourir1. » La littérature manifestait également une grande méfiance envers la communauté humaine, des écrivains comme Guez de Balzac étant les chantres nostalgiques d’une vie campagnarde traditionnelle qu’ils opposèrent à la ville corruptrice2. L’historien Mino Bergamo résuma les aspirations de cette époque en affirmant que de nombreux contemporains recherchaient une « perte de soi3 ». Leurs positions furent parfois « extrémistes » et Leszek Kolakowski dénonça la « furie masochiste » de certains4. En se penchant sur le XVIIe siècle avec ces yeux, on pourrait avoir l’impression que le travail ne fut considéré que sous l’angle de sa pénibilité, comme une punition divine à l’encontre d’hommes profondément pécheurs5.
2Dans ce contexte, bien des lieux et des métiers pourraient être assimilés à de funestes endroits. Au premier rang se dressait la boutique où l’argent circulait, où, selon les idées d’Hésiode, on trompait le client, où les passions les plus viles s’exprimaient. Pourtant, François de Sales assurait :
« C’est une erreur, ains une hérésie, de vouloir bannir la vie dévote [...] de la boutique des artisans [...]. Il est vrai, Philothée, que la dévotion purement contemplative, monastique et religieuse ne peut être exercée en ces vacations là ; mais aussi, outre ces trois dévotions, il y en a plusieurs autres, propres à perfectionner ceux qui vivent ès états séculiers [...] Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite6. »
3Dans la boutique, le dévot pouvait vivre sa foi sans se corrompre !
4Ce regard sur le commerce procédait d’une relecture de l’Ecriture. Dès la Genèse (Gn. 2, 15), il est affirmé que le travail ne vient pas du péché mais qu’il est une émanation divine qui fait de l’homme un créateur et le possesseur d’un monde qu’il transforme. Cette idée, largement rappelée dans l’Ancien7 et le Nouveau Testament8, eut une énorme influence sur les théologiens de l’époque moderne. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, ils surent prendre en compte les changements d’une société dont les fondements économiques se transformaient rapidement, mouvement qui s’accompagna du développement de la théologie des devoirs d’états.
Les fondements théoriques
5À partir du XVIe siècle, l’Europe connut de profondes mutations économiques avec la naissance du marché du travail, le développement de nouvelles formes de production, l’affirmation renforcée d’une hiérarchie au sein des activités professionnelles... On dénonça brutalement de nombreuses procédures d’exploitation que ce soit l’esclavage ou le travail dans les mines d’Amérique du Sud ; les conditions effroyables d’extraction du mercure à Huancavelica amenèrent d’ailleurs à la création d’une législation en faveur des travailleurs indiens. Cette période fut également marquée par l’affirmation de la Réforme protestante qui remit en cause l’idée selon laquelle il y aurait un état de perfection correspondant à la vie monastique. Luther insista sur la notion de Beruf et systématisa les devoirs d’états dans les Haustafeln. Un peu plus tard, Calvin rappela avec force « l’obligation d’oeuvrer », les succès professionnels devenant une « confirmation » de l’élection divine. Selon Max Weber, ces conceptions auraient assuré la supériorité du monde protestant sur l’Europe catholique méditerranéenne en permettant l’explosion précoce du capitalisme. Il écrivait : « Et comme la réussite du travail est le signe le plus sûr qu’il plaît à Dieu, le profit capitaliste devient l’un des moyens les plus importants de savoir que les affaires bénéficient de la bénédiction divine9. » Le travail et l’enrichissement personnel gagnaient ainsi une nouvelle stature. La réaction catholique ne s’ancra pas uniquement sur ces modifications économiques10 et théologiques, elle procéda également d’une réflexion sur le Nouveau Testament, en particulier sur les textes de saint Paul qui parlait des « charismes11 » et liait étroitement les « biens spirituels » aux « biens temporels12 ». Cela intervenait à un moment où l’Église s’interrogeait sur la vocation religieuse qui, lentement, fut assimilée à une « grâce céleste et surnaturelle » selon l’expression du père Barré (1621-168613). La théologie des devoirs d’états, déjà présentée à la fin du Moyen Age, connut donc une nouvelle fortune à partir du XVIe siècle, renouveau qui procédait à la fois d’une prise en compte des réalités sociales, d’une volonté de contrer le protestantisme, d’une lecture revisitée de l’Ecriture et d’une remise en cause de l’idéal monastique.
6Le bon chrétien acceptait sa condition, ne rêvait pas du cloître et tentait de faire son salut à la place que Dieu lui avait attribuée. Ses exercices spirituels étaient adaptés à sa condition car toutes les activités menaient à la sanctification. Saint François de Sales présenta parfaitement cette théologie des devoirs d’états. Ecrivant à la présidente Brulart le 20 avril 1610 à propos d’une jeune fille qui voulait entrer aux Carmélites mais que les Supérieures avaient refusée, il assurait : « Elle doit estimer que Dieu, se contentant de son essai, veut qu’elle le serve ailleurs [...] car par plusieurs voies on va au ciel14. » Dans l’Introduction à la vie dévote (1609) il prit totalement en compte les aspects professionnels de la vie des laïcs. Dans sa préface, il proclamait :
« Ceux qui ont traité de la dévotion ont presque tous regardé l’instruction des personnes fort retirées du monde, ou au moins ont enseigné une sorte de dévotion qui conduit à cette entière retraite. Mon intention est d’instruire ceux qui vivent ès villes, ès ménages, en la cour, et qui par leur condition sont obligés de faire une vie commune15. »
7De telles conceptions lui permettaient de donner ses lettres de noblesse à la théologie des devoirs d’états qui s’affirma dans la seconde moitié du XVIIe siècle16. Les statuts des confréries de métier évoluèrent lentement, les autorités épiscopales surveillant de près la rédaction des statuts17. En fondant leurs congrégations mariales, les jésuites proposèrent des modèles de piété adaptés à chaque groupe social18 Sermons ou prédications insistèrent sur cette nouvelle approche ; les manuels de confesseurs lui accordèrent une large place19. Le livre de piété fut un autre medium qui permit à cette pensée de ne pas rester enfermée dans le cercle étroit des dévots ou des spirituels. Grâce à ces petits ouvrages explicitement destinés aux fidèles, elle sut gagner des milieux très divers. Lors de l’enquête que nous avons menée dans les bibliothèques diocésaines de Lorraine et de Savoie, nous avons analysé 2 300 éditions publiées entre 1640 et 1850, chiffre qui n’a aucune prétention à l’exhaustivité20. Plus de 25 % des ouvrages imprimés entre 1640-1669 s’intéressèrent aux devoirs d’états et à la place des hommes au sein du monde du travail, cela retomba un peu dans les trois décennies qui suivirent mais plus de 15 % des textes se penchèrent encore sur ces questions. Cependant, tout au long de la seconde moitié du XVIIe siècle, l’intérêt était manifeste.
Entrer dans une profession
8Les théologiens des devoirs d’états développèrent une hiérarchie des conditions faisant apparaître trois niveaux. Il y avait d’abord les « états criminels », activités qui damnaient par elles-mêmes comme joueur, usurier, proxénète... Ils distinguaient ensuite les « états dangereux » qui n’étaient pas condamnables mais exposaient le croyant à des périls continuels et à des tentations qui risquaient de l’entraîner inexorablement vers le péché ; cabaretier, soldat ou partisan avaient de telles professions. Il y avait enfin les « états permis », catégorie assez floue dans lequel ils plaçaient aussi bien « l’état de mariage » que la multitude des activités humaines moralement licites. Pour éviter les écueils empêchant de faire son salut, il fallait choisir avec grand soin sa future situation. S’inspirant de conseils fournis, entre autre, par saint François de Sales dans son Traité de l’Amour de Dieu21 (1616), Simon-Michel Treuvé22 (1651-1730), parmi d’autres, proposa, en 1690, une démarche rigoureuse.
9Il prévenait le jeune homme à la recherche d’une condition : « Vous ne devez pas croire que votre inclination et votre pente soit une marque assurée de la vocation de Dieu23. » Pour être sûr de ne pas se tromper, il devait s’en remettre totalement à la volonté divine :
« Tellement que si nous sommes assez heureux pour bien prendre le point de notre vocation, pour connaître les desseins de Dieu sur nous, pour entrer dans la voie qu’il nous a destinée, il n’y a rien à craindre. Car quiconque fait la volonté de Dieu, et suit ses ordres, ne peut que réussir dans toutes ses entreprises : il ne saurait périr : et fut-il embarqué sur la mer la plus orageuse, il s’y sauvera sous la conduite de Dieu, pendant qu’un autre qui aura choisi un lieu en apparence plus assuré, y périra24. »
10Afin de savoir le métier que Dieu lui destinait, Simon-Michel Treuvé conseillait au chrétien de prier dévotement « non pour obtenir celui que vous croirez le meilleur, mais pour connaître celui auquel Dieu vous veut25 ». Quelques années plus tard, le père Nepveu (1639-1708) préconisait de faire une retraite de dix jours26.
11En agissant ainsi le croyant réalisait pleinement le plan divin. Usant d’une métaphore prisée par les penseurs politiques comme Hobbes, nos auteurs comparaient la société à un corps humain dont chaque partie avait une activité indispensable à la survie de l’ensemble de l’organisme. Simon-Michel Treuvé écrivait :
« Quand chaque membre fait sa fonction, il n’y a rien de si beau que leur arrangement [...] Il en est de même du corps mystique de l’Eglise, que du corps civil d’un état. On est incapable de servir, ni l’un, ni l’autre, à moins qu’on y occupe la place qui convient aux talents qu’on a reçus de Dieu. Tous ne sont pas propres aux mêmes choses, mais Dieu appelle chacun selon qu’il lui plaît27. »
12Dieu ayant voulu la multiplicité des emplois et l’homme ayant trouvé la sienne avec Son aide, il devait accepter sa condition et ne pas éternellement rêver d’en changer. Jean Puget de La Serre (1600-1665) assura en 1664 : « Il faut chercher son repos dans la profession où l’on est appelé puisqu’on ne saurait trouver mieux ailleurs28. » À chacun sa place et « dès lors qu’on est attaché à une profession, il faut se représenter que la Providence en a fait les liens, pour nous ôter la pensée de les rompre, et nous donner le soin en même temps d’y faire son devoir, pour trouver son repos, en y cherchant son salut29 ». Usant d’images géométriques, Jean Puget de La Serre estimait que le croyant était placé au milieu d’un « cercle » : ce qui comptait ce n’était pas sa superficie mais la volonté de se concentrer sur le centre et de bien remplir l’espace que Dieu fournit à chacun.
13Dans cette approche du travail, il n’y avait aucune idée de stimulation matérielle ou de quête de la réussite. Pour Jean Puget de La Serre
« quand un homme peut vivre de son talent, il n’a pas sujet de se plaindre de la Fortune. Il y a du contentement à se nourrir des fruits qu’on a semés, et de cultiver la terre qui les porte pour en faire une nouvelle moisson. Il suffit que Dieu bénisse notre travail ; que si le nécessaire vient à nous manquer, la confiance en Dieu, sans doute nous a manqué la première ; qui met en lui son espérance, n’espère jamais inutilement30 ».
14Même si Dieu pourvoyait aux besoins de chacun et assurait la réussite de tous, ce n’était pas les profits matériels que cherchait le catholique mais l’approfondissement moral :
« Il faut toujours être persuadé que la place que nous occupons est la meilleure de toutes ; que si elle nous paraît trop petite, elle s’agrandira à mesure que nous nous rabaisserons ; l’humilité ne tient pas beaucoup d’espace31. »
15Toutes les professions étaient alors revêtues de la même dignité :
« Je ne méprise point la condition d’un jardinier, quand se voyant enfermé dans le petit cercle de son jardin, il en cultive et les fleurs et les plantes, pour passer à cet emploi la journée de sa vie. Il sait bien qu’elle même est une fleur qui se flétrit au hâle du temps, comme les autres au hâle du soleil ; et je ne l’estime pas malheureux, si les soucis de son jardin ne croissent point dans son âme : comme exempte d’ambition, la mesure de son repos n’est pas de la mesure de sa fortune, il peut être fort heureux dans son petit emploi32. »
16Cet auteur ne faisait cependant pas preuve de naïveté ; il connaissait la pénibilité du travail et savait ce qu’il pouvait y avoir d’aliénant dans une activité répétitive dont on ne pouvait sortir. Il consolait le travailleur en lui avouant :
« Tout passe, je l’avoue, mais la satisfaction de faire son devoir nous demeure : tout s’enfuit, je le confesse ; mais le contentement de vieillir à la suite de la Vertu, nous suit au delà du tombeau33. »
17Les professions les plus humbles eurent leurs thuriféraires. Simple curé d’un village lorrain, l’abbé Guyot rédigea, en 1679, son Agriculture morale pour apprendre aux paysans à « vivre contents en leur vacation34 ». Il les assura que loin d’être misérable comme l’assuraient des bourgeois, leur condition leur réservait de nombreux avantages car elle leur permettait de pratiquer toutes les vertus chrétiennes loin des tentations. Il passa en revue les aspects les plus triviaux pour montrer leur importance dans le salut de l’âme. Les vêtements déchirés ou boueux étaient « un avantage au laboureur » car ils l’éloignaient des vanités du monde. Le travail manuel était « glorieux » et « mère de santé », et notre auteur rappelait les nombreux versets bibliques où il est question d’agriculteurs que ce soit la parabole du semeur (Lc. 8, 4-8), celle du grain de sénevé (Mt. 13, 31-32) ou celle des épis arrachés (Mt. 12, 1-8). Il concluait en affirmant que « la vie de laboureur abonde en plaisirs licites et honnêtes » qui la rendait bien supérieure à celle menée en ville. Le paysan devenait un modèle pour tout croyant et son travail était l’image de l’existence humaine. Les deux dernières parties du volume étaient d’ailleurs symboliques et renfermaient « les deux attirails de la charrue morale ; qui sont l’un les trois vertus théologales ; l’autre, les quatre cardinales. En la suite, il est traité du labourage, des semailles, du sarcle, et finalement de la moisson, et des fruits provenants de l’Agriculture morale ».
18Dans cette seconde moitié du XVIIe siècle, le travail était donc envisagé sous un triple aspect. Il était d’abord un moyen d’obéir à Dieu qui avait élaboré un vaste plan dans lequel chacun avait sa fonction, la diversité des conditions correspondant à Son immense puissance créatrice. Cela amenait chacun à demeurer à la place qui lui avait été fixée. Autrement dit, il n’y avait aucune exhortation au changement personnel, la quête du fidèle étant avant tout morale. Ce n’était pas pour autant nier les réalités pratiques de chaque métier. Jean Puget de La Serre prévenait ses lecteurs :
« La profession où Dieu nous appelle est un Métier qu’il faut exercer, après en avoir fait l’apprentissage, et comme la Justice seule nous peut instruire, on n’a qu’à marcher dans ses voies pour y réussir35. »
19Malgré cette réhabilitation de la vocation, maints auteurs savaient que le comportement des marchands était peu édifiant. Jean-Antoine Vachet dressa un terrible réquisitoire36. S’appuyant sur les paroles de Saint Matthieu, il rappelait que
« personne ne peut servir deux maistres : car ou il en haïra un & aimera l’autre : ou il soutiendra l’un & méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir à Dieu & aux richesses [...] cherchez donc premierement le Royaume de Dieu & sa Justice & et toutes ces choses vous seront données. On voit neanmoins que la plupart des Artisans s’opposent par leurs murmures, & inquietudes à ces paroles sacrées, & qu’au lieu d’adorer la Justice de Dieu qui les condamne au travail, & de respecter sa providence paternelle en luy abandonnant tout le succès par une véritable foy. Les uns murmurent contre leur condition, & les autres se laissent déchirer l’ame de mille inquietudes, ils se mettent en peine comment ils passeront des jours & des années qu’il ne verront peutestre pas, & dans la defiance où ils vivent ils oublient les graces qu’ils reçoivent de Dieu chaque jour pour se souvenir que des maux qu’ils craignent de l’avenir ».
20Cet incessant mécontentement
« les precippite encore dans la prophanation de la sainteté des jours que Dieu a reservez pour écouter leurs vœux, & recevoir les hommages & les louanges qu’ils devraient luy presenter pendant toute la semaine ». En outre, beaucoup « sont ignorants & foibles d’esprit, qu’on nomme scrupuleux ou superstitieux, qui prennent garde au commencement de chaque journée aux personnes rencontrees les premiers, soit en sortant de leur maison, soit dans leur boutique, pour en tirer des presages de ce qui doit arriver de bien ou de mal le reste du jour ».
Une norme professionnelle chrétienne
21Les auteurs de livres de piété n’étant pas perdus dans la sphère du spirituel et connaissant les réalités du monde du travail, beaucoup proposèrent des règles de conduite extrêmement précises, approchant en cela les statuts des confréries de métier composés au XVIe siècle dans la partie septentrionale du royaume. Curé d’une paroisse urbaine, missionnaire et confesseur, Saint-Germain rédigea un Examen général de tous les états et conditions et des péchés que l’on y commet qui connut quatre éditions entre 1670, date de la première parution, et 1724. Sans arrêt enrichi et augmenté, il comprenait, à cette dernière date, deux volumes soit plus de 800 pages consacrés aux différents états de vie, à la manière de se comporter chrétiennement dans chaque métier, véritable guide du fidèle dans le monde du travail.
22S’adressant aussi bien aux confesseurs qu’aux pénitents, Saint-Germain plaça son livre dans une perspective sacramentaire souhaitant avant tout faciliter l’examen de conscience journalier et éviter les confessions indignes. À travers ses avis et mises en garde, il dressa en creux le portrait du travailleur chrétien idéal. Pour ce faire, il s’appuya sur de multiples documents dont il donna de larges citations. Dans son « Avis au lecteur », il expliqua sa méthode : « Je ne rapporte dans cet ouvrage que les sentiments de l’Ecriture, des Pères, des Papes, des Conciles et des Ordonnances de nos rois37. » Il plaçait donc sur le même plan conseils spirituels, décrets pontificaux et textes législatifs. Cette dernière catégorie tenait une importance toute particulière à ses yeux car tous les travailleurs « doivent particulièrement examiner leur conscience sur les Statuts de leur Profession, qui sont comme leur règle, et qui leur tiennent lieu de loi, surtout quand ils se sont engagés à les garder par quelque sorte de serment38 ». Un exemple permet de voir concrètement sa manière de procéder. Il enjoignait aux cabaretiers de ne pas donner « à leur hôtes des viandes défendues dans les jours de jeûne et d’abstinence39 », prescription immédiatement suivie, en petits caractères, de citations de l’Ecclésiaste et d’extraits d’une ordonnance du 13 juillet 1666. Les Marchands Apothicaires et Epiciers étaient considérés en fonction du Statut professionnel confirmé par Louis XIII en 1638. Le chapitre concernant les marchands drapiers et manufacturiers semble une réplique de l’ordonnance de Louis XIII de 166940, s’intéressant à la longueur de la chaîne des étoffes ou à la qualité des laines.
23Le plan du livre nous éclaire parfaitement sur la hiérarchie des activités professionnelles. Sa première partie s’intéressait aux « différentes obligations des ecclésiastiques » : clercs tonsurés, sous-diacres, prêtres, bénéficiers, curés, chanoines, confesseurs, prédicateurs, docteurs, missionnaires... Puis, il passait aux états laïcs, présentant cinquante catégories. Il commençait d’une manière qui peut nous surprendre aujourd’hui puisqu’il envisageait les « gens mariés », comme si le mariage était la marque distinctive des laïcs. Ensuite, il considérait tous ceux qui gravitaient autour du cercle familial, c’est-à-dire les enfants, les maîtres, les domestiques... Puis, il abordait ceux qui avaient des responsabilités civiles : les officiers de justice, les maires et échevins, les marguilliers... Il passait alors aux professions qu’on pourrait qualifier de service : avocats, procureurs, greffiers, notaires, receveurs, commis des gabelles..., liste qu’il terminait par les banquiers et marchands. Il poursuivait par ceux travaillant pour le roi au maintien de l’ordre : gouverneurs, capitaines, officiers, soldats... Il se penchait ensuite sur vingt-cinq genres d’artisans parmi lesquels on découvrait aussi bien les orfèvres, les teinturiers, que les cabaretiers ou les vignerons. Il mêlait donc étroitement « états dangereux » et « états licites » sans effectuer aucune distinction. Il reconnut cependant n’avoir pas élaboré une liste exhaustive et prévenait : « Je me suis contenté de choisir parmi tous les métiers ceux qui sont le plus en usage, et qui se rencontrent plus ordinairement dans le commerce de la vie41. »
24Il nous est impossible ici de faire la présentation complète de ces nombreuses professions, contentons-nous de quelques exemples. Il consacra un chapitre de 38 articles aux « marchands, banquiers, changeurs42 ». Pour appuyer son propos, il utilisa 74 citations : passages bibliques (22 fois), textes conciliaires (35 fois), écrits des Pères de l’Église (17 fois)... Sa principale inquiétude semble tenir à la lutte contre le prêt à usure, ceux qui le pratiquaient étant « infames et indignes d’approcher les sacrements43 ». Mais, tout le monde sachant cet usage prohibé, son texte s’attachait à découvrir les stratégies détournées mises en œuvre par les usuriers et à dévoiler toutes les formes de contraintes financières : placer de l’argent dans un négoce en se garantissant de tous les risques44 ; prêter de l’argent dans une ville et se le faire rembourser dans une autre45 ; vendre des marchandises à quelqu’un pour les lui racheter moins cher46... Il dénonçait ensuite tous ceux qui, profitant d’une position avantageuse, abusaient clients ou fournisseurs : ceux trompant sur le poids ou la qualité47 ; ceux vendant « par-dessus le haut prix & autant qu’ils ont pu48 » ; ceux profitant de la détresse des artisans « pour les obliger à bailler leur travail ou leurs marchandises pour un prix au-dessous de ce qui leur appartenait légitimement49 » ; ceux étant « habitués à mentir & à se parjurer pour mettre les marchandises qu’ils vendent à un trop haut prix, pensant profiter de ce mensonge50 »...
25Face aux artisans, Saint-Germain était encore plus précis. Aux serruriers51, il précisait qu’ils ne devaient pas employer « de méchant fer pour du bon, où l’on fait payer plus qu’il ne valait ». Il leur était interdit de réaliser
« des contre-clefs, des roussignols, des passe-par-tout, ou levé des serrures pour des personnes qu’ils savaient, ou qu’ils se doutaient, en vouloir mal user, étant responsables des maux que ces choses ont produit ».
26Les chrétiens respectaient les contrats et engagements :
« Si après avoir fait un marché pour la livre du gros fer, ils l’ont fourni plus gros et plus long qu’il n’était besoin : ils sont obligés d’en fournir dans la quantité et dans la qualité, dont on est convenu avec eux : et ils ne peuvent s’en faire payer davantage, sans avertir du moins ceux qui les ont mis en besogne. »
27Ils travaillaient bien : « Si à l’égard des portes, croisées, et autres serrures, ils les ont fait plus faibles, et moins garnies qu’ils ne devaient : il y a obligation de réparer le dommage. » Enfin, ils ne trichaient pas : « S’ils ont employé sur le mémoire de leur livraison une plus grande quantité de fer qu’ils n’en ont livré ; il en faut faire restitution. » Aux marchands, épiciers et droguistes52, il demandait de ne pas utiliser de « drogues sophistiquées, éventée ou corrompue », de ne pas vendre les marchandises « plus quelles ne valaient », de ne pas vendre au détail ce qui devait l’être « en balles, caisses, tonneaux, barils, paniers ou sacs »...
28Sachant qu’il s’adressait à un public lettré, donc à des employeurs, Saint-Germain tint à réserver une grande place à leurs devoirs envers leur personnel53. Un patron chrétien refusait de maltraiter ses compagnons ou apprentis et ne les poussait pas à des « choses mauvaises ou illicites ». Il ne les exploitait pas car, les faire travailler à l’excès, « c’est les traiter en esclaves non en frères chrétiens », mais il ne les laissait pas pour autant oisifs. Il agissait envers eux en véritable directeur de conscience et ne tolérait pas « qu’ils aient dit des paroles sales, vomi des jurements et des blasphèmes, chanté des chansons impures et déshonnêtes ». Il veillait à ce que personne ne fasse « la neuvaine appelée de S. Hubert, ces dévotions étant toutes pleines de superstitions ». Il favorisait les promotions professionnelles en refusant les passe-droits ou les pots-de-vin lors de l’accès à la maîtrise. Ses devoirs envers ses concurrents étaient également abondamment commentés. Le maître chrétien n’avait nul envie, refusait les monopoles, ne profitait pas de ses relations pour écouler ses produits... Ayant des responsabilités collectives, il ne détournait pas l’argent de la corporation ou de la confrérie, ni ne fraudait sur les comptes.
29Se dessine, en creux, le portrait du marchand chrétien. Se dégageait un infini regret. Regret d’un monde plus ou moins mythique où les rapports professionnels auraient été simples et cordiaux. Paraphrasant saint Charles, Saint-Germain se plaignait de son époque considérée comme un temps de corruption et d’inadmissibles luttes pour le profit :
« Il se commet souvent plusieurs abus et de très grands péchés, aussi bien qu’en toutes les autres professions ; de sorte que présentement, l’on ne puisse s’engager dans les plus justes, et mêmes les plus innocentes, sans courir risque de s’y perdre, et d’y offenser beaucoup Dieu54. »
30Il acceptait cependant le monde dans lequel il vivait. Bien travailler était faire oeuvre pieuse car « le Règne de Dieu ne consiste pas dans les paroles55 ». S’appuyant aussi bien sur saint Paul que sur la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin ou les ordonnances royales, il détermina une éthique catholique du travail. Le chrétien était avant tout un bon citoyen respectant scrupuleusement les règlements et les usages de son métier, devenant un exemple pour ceux qui l’approchaient. Il comprenait le sens de la responsabilité individuelle. « Que votre vie soit le miroir de ceux qui sont sous votre conduite ; travaillez à être tel que vous voulez que soient les autres56. » Le commerçant chrétien agissait en père pour ses employés qu’il guidait aussi bien vers la vertu que sur la voie de la réussite matérielle. Il était le gérant d’un ordre social où chacun demeurait à sa place, où les hiérarchies semblaient intangibles. Cette vision avait déjà été fermement affirmée dès la fin du XVe siècle par les théologiens dissertant sur le 4e Commandement du Décalogue qu’ils interprétaient comme la nécessité d’honorer non seulement son père familial mais aussi ses substituts sociaux que sont le maître de métier ou le représentant du pouvoir ; par la suite, cette conception avait été fréquemment réaffirmée, par exemple par Canisius (1521-1597) dans son Grand Catéchisme57. Le travailleur chrétien était un modèle, excellent dévot et sujet soumis aux lois. Aucune profession n’était condamnée par avance car toutes permettaient de faire son salut à condition de respecter les lois de l’Eglise et du roi.
Exercer une profession
31Les prescriptions des auteurs de la seconde moitié du XVIIe siècle ne restèrent pas lettres mortes. Bien qu’il demeure un des grands ignorés de la spiritualité française, Saint-Germain eut une énorme influence. Dans l’Examen général de conscience sur tous les péchés qu’on peut commettre dans les différents états de la vie... paru en 1728, Jean Pontas (1638-1728) s’en inspira largement, suivant de près son plan et reprenant ses citations. Ainsi le grand théologien que Benoît XIV qualifiait de « praeclarus théologus » était lecteur assidu d’un manuel de piété publié un demi-siècle auparavant. Des écrivains plus humbles firent de même, tel celui qui rédigea les Exercices de la vie chrétienne... dont la quatrième édition fut publiée à Bruyères en 1780.
32À travers cette littérature se révèle non pas une réalité mais une vision à la fois descriptive et normative, précise et utopique du monde du travail. Elle donne à voir des types idéaux de comportements et tente d’amener le lecteur à se transformer. Elle offre l’image du travailleur chrétien idéal, dévot et citoyen qui se caractérisait par trois qualités. Il se soumettait à la volonté divine en acceptant la profession dans laquelle il était, cherchant à y être utile et à y faire preuve de vertu sans vouloir en sortir. Il se comportait toujours en véritable catholique, recourant régulièrement à la prière, respectant les jours chômés, refusant les blasphèmes et les propos obscènes. Il était respectueux des règles édictées par les hommes, porteur d’une éthique professionnelle faite d’honnêteté, de rigueur et de probité. Il est donc le miroir dans lequel l’historien peut à la fois lire le désir de l’Eglise d’encadrer et de spiritualiser la société, mais également la volonté de l’Etat de Louis XIV de contrôler et d’organiser les métiers selon les plans voulus en particulier par Colbert. Il est à la confluence des idées mercantilistes et de la théologie des devoirs d’états, reflet d’un univers où le religieux et le social s’interpénétraient.
33Ces prescriptions morales et légales pouvant sembler bien loin de la réalité, le livre de piété prit soin de dresser les figures d’archétypes dévots. Toussaint Bridoul (1596-1672), dans La Boutique sacrée des saints et vertueux artisans (1650) convoque des saints ou des martyrs pour expliquer aux artisans et boutiquiers le statut remarquable de leurs professions. Il leur fournit 549 exemples dont à peine 44 % sont des saints58. Ces auteurs apprécient de mettre en évidence des laïcs, si possible des contemporains. Le personnage le plus connu est sans doute Henry Buch auquel Jean-Antoine Vachet consacra, en 1670, une biographie59. Il expliquait immédiatement l’importance de son héros :
« Le bon Henry a suivy Jesus-Christ dans le chemin de la perfection, sans sortir de son estat de laïque, & qu’il a bien sceu joindre la pieté avec le travail & le commerce, & accorder la sainteté d’un Chrestien avec la vie d’un Artisan60. »
34Son exemple était indispensable car les marchands et artisans
« estans a present fort corrompus, les uns par oisiveté, les autres par l’avarice ou l’infidélité dans le commerce : on peut dire qu’ils avoient un extreme besoin que des Artisans mesmes leur apprissent par une vie exemplaire les vertus qui semblent maintenant leur estre tout a fait inconnues, c’est-à-dire la pratique de l’amour de Dieu dans leurs métiers, l’union avec leurs égaux, la fidélité à l’égard du prochain dans le travail & dans la marchandise, & le soin de traitter avec le monde, sans participer à la corruption qui en est inseparable61 ».
35Après avoir vécu à Arlon, Luxembourg et Metz, Henry Buch s’installa à Paris en 1623. Il y développa son apostolat laïc au sein du groupe qu’il fonda, les Frères Cordonniers. Levé à 5 heures, il priait et méditait longtemps. En partant à l’atelier, il pensait à Jésus travaillant avec Joseph ; pendant ce temps, alternativement, un des frères assistait à la messe. Le jour était entrecoupé de méditations, de cantiques, de récitation du rosaire ou du petit office de la Vierge. Les repas étaient accompagnés de lectures pieuses. Le soir, Henry courait les rues à la « recherche des âmes ». Cette vie exemplaire attira nombre de collègues qui voyaient la petite fraternité
« comme une insigne image de l’Église primitive, & comme une idée de l’état Monastique parce qu’on y garde la regularite sans sortir de l’état laïque, & en mangeant son pain à la sueur de son visage. Les autres demandoient au moins à y entrer, pour en travaillant du mestier qu’ils apprissent à se sauver62 ».
36Les milieux dévots comprirent très vite le parti qu’ils pouvaient tirer d’un tel personnage. Henry reçut donc le soutien de Gaston de Renty qui, avec quelques amis, lui
« fournit de quoy luy avoir un Privilege, afin qu’estant Maistre il peut encore faire plus de bien aux Garçons Cordonniers qui estoient pauvres, ou ignorans de la science chrestienne, & de mesme de leur mestier, en les employant dans sa boutique, & aussi afin qu’il eut moyen de tenir chez luy quelques bons garçons du mestier qui lui suivoient dans ses bonnes œuvres63 ».
37Grâce à Buch, les dévots purent mener, dans l’été 1645, une offensive contre le compagnonnage
« un des plus grands maux qui corrompit dans se Siecle l’Esprit du Christianisme parmy les Artisans [...] ces maximes estoient d’autant plus nuisibles quelles estoient cachées sous le voile d’une piété apparente, mais tres fausses dans l’effet64 ».
38Le texte de Vachet, contemporain de celui de Saint-Germain, offrait le même portrait d’un dévot en action dans son échoppe ; mais il restait une figure exceptionnelle. C’est au détour de biographies que nous pouvons découvrir des modestes marchands devenus des agents de la propagation des dévotions. Jeune, Gaston de Renty ne fut pas d’une grande piété. Puis « le temps estoit venu que Dieu vouloit travailler de plus près son ouvrage & disposer cette ame d’élite à l’exécution de son dessein ». Pour cela, le Ciel passa par l’intermédiaire du libraire chez qui il se fournissait en livres « nécessaires à contenter sa curiosité & le désir ardent qu’il avoit de scavoir toutes les sciences convenables à sa condition ». Un jour, le commerçant lui présenta un exemplaire de l’Imitation de Jesus-Christ « & le pria de le lire » mais il le refusa n’en ayant pas le goût. Quelques semaines plus tard, le marchand vint livrer à son hôtel particulier des ouvrages commandés. Il lui tendit à nouveau l’Imitation « & le supplia, mesme avec instance, de le vouloir lire ». Renty en fut touché : « il se rendit à ce coup & le lût, & en fut si éclairé & si touché [...] il se résolut de s’appliquer sérieusement à son salut, & de se donner à Dieu65 ». Tout au long du XVIIe siècle, se dressèrent ces humbles figures qui firent de l’échoppe un relais vers le Ciel. Dans son auberge près de Paris, Marie Rousseau (vers 1596-1680) chercha à convertir ses clients et prodigua des conseils spirituels à des personnages de la haute noblesse comme la princesse de Condé ou la duchesse d’Aiguillon.
39À travers leurs exemples mis en exergue par la littérature de piété, les normes édictées par les moralistes et la théologie des devoirs d’états, se dessine le paysage complexe d’un demi siècle qui ne bouda pas le monde du travail et de l’argent, qui tenta de le placer au centre d’une dévotion laïque. Le travail n’était plus uniquement une punition ou une occasion de Rédemption, il était la manifestation des desseins de Dieu et la volonté de faire progresser la société. Cette reconnaissance de la valeur sociale du travail préfigurait Gaudium et Spes (7 décembre 1965), texte qui appela le chrétien à achever la création dans le « triple cercle des états du monde » : les communautés nationales, la famille et le travail. Saint-Germain ou d’autres auteurs du XVIIe siècle n’auraient pas désapprouvé cette vision d’un chrétien réalisant le plan divin par son labeur.
Notes de bas de page
1 [La Serre, Jean Puget de], La Vie heureuse ou l’homme content enseignant l’art de bien vivre où les plus belles Maximes de la Morale sont représentées, pour servir de Guide à conduire nos passions, pratiquer la Vertu et fuir les Vices, Paris, G. Quinet, 1664, rééd., p. 185, p. 243. La première édition date de 1664.
2 François Guéry (éd.), L’idée de la ville, Actes du colloque international de Lyon, Seyssel, Champ Vallon, 1984 (dans ce volume, voir en particulier les articles de Pierre Vallin, Angela Marino et Pierre Sansot).
3 Mino Bergamo, La Science des saints. Le discours mystique au XVIIe siècle en France, Grenoble, Édit. Jérôme Million, 1992.
4 Leszek Kolakowski, Chrétiens sans Eglise. La conscience religieuse et le lien confessionnel au XVIIe siècle, Paris, Gallimard, 1969, p. 464.
5 Jean Plaquevent, « De quelques aventures de la notion de travail », Esprit, juillet 1933, p. 475-559.
6 François de Sales, Œuvres, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1986, Introduction à la vie dévote, 1re partie, chapitre III, p. 36-37.
7 Voir, par exemple, Si. 38, 34.
8 Voir, par exemple, Mc. 6, 3.
9 Max Weber, Sociologie des religions, Paris, Gallimard, 1996, p. 312.
10 Sur cette dimension voir, par exemple, Monica Martinat, « Un modello cattolico di sviluppo economico ? La riflessione teorica a la pratica degli scambi nell’Europa mediterranea (secc. XVI-XVIII) », in Religione e istituzioni religiose nell’economia Europea (1000-1800), Florence, Firenze University Press, 2012, p. 413-429.
11 I Co. 12, 4-31.
12 Voir, par exemple, Rm. 15, 26.
13 François Giry, Méditations pour les sœurs maîtresses des écoles charitables du Saint-Enfant Jésus, de l’Institut defeu le R. P. Barré, minime, Paris, P. De Launay, 1687, 1re partie, p. 6.
14 Sur cet aspect de saint François de Sales, voir chanoine Francis Mugnier, Toute la vie sanctifiée. Le devoir d’état à l’école de Saint François de Sales, Paris, édit. P. Lethielleux, 1940.
15 François de Sales, Œuvres, op. cit., Introduction, préface, p. 23-24.
16 En ce XVIIe siècle, l’intérêt pour les devoirs d’état ne s’est pas uniquement porté sur le monde du travail et de la boutique. Il a aussi concerné ce que nous pourrions appeler l’élite sociale : diplomates (voir Michel de Certeau, « Politique et mystique. René d’Argenson (1596-1651) », Revue d’ascétique et de mystique, 153, 1963, p. 45-82) ; nobles à l’armée (voir Philippe Martin, « Thomas Le Blanc : une volonté de spiritualiser le soldat », in Liturgie und Lebenswelt. Studien zur Gottesdienst-und Frömmigkeitsgeschichte zwischen Tridentium und Vatikanum II, sous la direction de Jürgen Bärsch et Bernhard Schneider, Münster, Aschendorff Verlag, 2006, p. 93-103).
17 Marc Venard, « Si on parlait des confréries de métier... », in Sacralités, culture et dévotion. Bouquet offert à Marie-Hélène Froeschlé-Chopard, textes réunis par Marc Venard et Dominique Julia, Marseille, La Thune, 2005, p. 221-238.
18 Louis Châtellier, L’Europe des dévots, Paris, Flammarion, 1987.
19 Jean Delumeau, L’aveu et le pardon. Les difficultés de la confession XIIIe-XVIe siècle, Paris, Fayard, 1990.
20 Sur le livre de piété, voir Philippe Martin, Une Religion du livre, Paris, Le Cerf, 2003. Pour les années 1640-1710, nous avons un corpus de 337 titres.
21 F. de Sales, Œuvres, op. cit., Traité de l’amour de Dieu, Livre VIII, chapitre XIV, p. 753-755. Il fournit une « brève méthode pour connaître la volonté de Dieu ».
22 Nous nous servons d’une réédition : Simon-Michel Treuvé, Le directeur spirituel pour ceux qui n’en ont point, Paris, L. Josse et C. Robustel, 1732.
23 Ibid, p. 327.
24 Ibid., p. 322.
25 Ibid, p. 328.
26 François Nepveu, Conduite chrétienne ou règlement des principales actions et des principaux devoirs de la vie chrétienne, Nancy, A. Balthazard, édit, de 1721, p. 181-193. La première édition date de 1704.
27 S.-M. Treuvé, op. cit., p. 328-329.
28 [La Serre, Jean Puget de], La Vie heureuse, op. cit., p. 105.
29 Ibid., p. 106.
30 Ibid., p. 112-113.
31 Ibid, p. 118-119.
32 Ibid., p. 121-122.
33 [La Serre, Jean Puget de], La Vie heureuse, op. cit., p. 108.
34 Extraits de Antoine Guyot, Agriculture morale qui enseigne au laboureur chrétien les moyens de vivre content en sa vacation, y faire son salut et de moissonner de ses travaux corporels des fruits spirituels tant en la vie présente, qu’en la future, Toul, J. et A. les Laurents, 1679.
35 [La Serre, Jean Puget de], La Vie heureuse, op. cit., p. 108.
36 Jean-Antoine Vachet, L’artisan chrestien ou la vie du Bon Henry, maistre cordonnier à Paris, Instituteur et Supérieur des Frères Cordonniers & Tailleurs, Paris, G. Desprez, 1670, préface non paginée.
37 Saint-germain (Pierre de La vergne de tressan, sieur de), Examen général de tous les états et conditions et des péchés que l’on y commet, Paris, G. Desprez, 1671, avis au lecteur.
38 Ibid., avis au lecteur.
39 Ibid., édit. 1724, tome II, p. 391.
40 L’article 1 de Saint-germain reprenait les articles 1 et 32 de l’ordonnance, le 2 était copié sur le 41, le 3 sur le 31, le 4 sur le 32, le 5 sur le 32, le 6 sur le 41... L’ensemble du chapitre de Saint-Germain comprend 23 articles. Il n’hésite pas à « découper » et à mettre en valeur certains passages de l’ordonnance qui lui semblent importants, en particulier l’article 47.
41 Saint-germain, op. cit., tome I, avis au lecteur.
42 Ibid., édit. 1671, 2e partie, p. 275-301. Si la nature des articles évolua peu d’une édition à l’autre, la liste des professions s’enrichit.
43 Ibid., p. 275.
44 Ibid., article 6.
45 Ibid., article 12.
46 Ibid., article 15.
47 Ibid., article 30.
48 Ibid., article 31.
49 Ibid., article 36.
50 Saint-germain, op. cit., article 37.
51 Ibid., édit, de 1724, tome II, p. 401-402.
52 Ibid., 1671, 3e partie, p. 110-113 ; édit, de 1724, tome II, p. 343-346.
53 Ibid., édit. 1724, tome II, p. 408-423, « Des obligations communes aux marchands, artisans, et autres gens de métiers. »
54 Saint-germain, op. cit., avis au lecteur.
55 Ibid., tome I, avis au lecteur.
56 Ibid., tome II, p. 285.
57 Canisius y explique parfaitement que les domestiques et employés ont des devoirs imprescriptibles envers ceux qui les surpassent, tant ecclésiastiques que responsables laïcs. Cf. Karlheinz DIEZ, Christus und seine Kirche : zum Kirchenverständnis des Petrus Canisius, Paderborn, Verlag Bonifatius-Druckerei, 1987.
58 Cet ouvrage est publié au format in-16° à Lille, chez Nicolas de Rache. Sur ce texte, voir : Philippe Martin, « Des saints pour des artisans. Des devoirs d’états à Lille au milieu du XVIIe siècle ? », Revue du Nord, tome 95, n° 400-401, avril-septembre 2012, p. 581-592.
59 J.-A. Vachet, op. cit. Sur Henry Buch, voir Albert Bessières, Au temps de Vincent de Paul. Deux grands méconnus, Gaston de Renty et Henry Buch, Paris, Spes, 1931.
60 J.-A. Vachet, op. cit., p. 40.
61 Ibid, p. 87-88.
62 Ibid., p. 101.
63 J.-A. Vachet, op. cit., p. 35.
64 Ibid., p. 41-42.
65 Jean-Baptiste Saint-jure, La Vie de Monsieur de Renty, Paris, P. Le Petit, 1653, 4e édition, p. 5-6.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008