1 « La difficile conjoncture liguorienne », inDoré Joseph et Theobald Christoph (dir.), Penser la foi. Mélanges offerts à Joseph Moingt, Paris, éditions du Cerf/Assas Éditions, 1993, p. 645-661. Cette mise au point, perdue dans des Mélanges abondants offerts à un grand théologien toujours actif, voulait montrer comment ce qui était donné comme une victoire sans combat – la promotion par Gousset de Liguori en 1832 – devait se lire comme un affrontement feutré dans une conjoncture difficile. L’article a été augmenté de notes et d’éléments bibliographiques.
2 Éditions de l’université Grégorienne, Rome, 1973. La thèse a été soutenue en 1965.
3 À la Justification, parue en 1832, il faut adjoindre les Lettres de l’abbé Th. Gousset à M. le curé de *** (1834), destinées à répondre aux objections de l’abbé Vermot.
4 Groupe de la Bussière, Pratiques de la confession, Paris, éditions du Cerf, 1983 ; Delumeau Jean, L’aveu et le pardon. Les difficultés de la confession, XIIIe-XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1990.
5 Collectif, Alphonse de Liguori pasteur et docteur, Paris, Beauchesne, 1987 et Gibson Ralph, « Rigorisme et liguorisme dans le diocèse de Périgueux, XVIIe-XIXe siècles », Revue d’histoire de l’Église de France, vol. LXXV, 1989, p. 315-342.
6 Lécrivain Philippe, « Saint Alphonse au risque du rigorisme et du liguorisme », in Collectif, Alphonse de Liguori pasteur et docteur, op. cit., p. 231-272.
7 Les facultés de théologie ont été restaurées dans le cadre de l’université napoléonienne, mais n’ont aucune existence canonique.
8 Prêtres et paroisses au pays du curé d’Ars, Paris, éditions du Cerf, 1986, p. 419.
9 Le curé de Jussy-Champagne (Cher) a noté les refus d’absolution, de 1790 à 1837. Ils sont au maximum en 1825 et n’ont que peu baissé en pourcentage en 1837 (Matériaux Boulard, t. I, 1982, p. 153).
10 Sur le mennaisianisme franc-comtois, faute d’avoir pu consulter la thèse de Gaston Bordet (Le mouvement mennaisien en Franche-Comté, université de Besançon, 1973), on a utilisé, du même, Catholiques libéraux francs-comtois, 1818-1870, s. l. n. d. Voir aussi les articles de Boiteux Louis, « Les mennaisiens franc-comtois », Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, 1928, p. 65-94 et « Lamennais et les Franc-comtois », ibid., 1936, p. 73-93 et 247-280, 1937, p. 24-52. Synthèse récente, Petit Vincent, Catholiques et Comtois. Liturgie diocésaine et identité régionale au XIXe siècle, Paris, éditions du Cerf, 2011, p. 89-109.
11 Point que souligne l’auteur du compte rendu anonyme de la Justification dans l’Ami de la Religion. Dans les rééditions des Conférences d’Angers et du Rituel de Toulon, publiées au début des années 1820, Gousset « était loin d’adopter le même système d’indulgence que dans l’ouvrage dont nous rendons compte. Il a donc totalement changé son enseignement depuis dix ans » (t. 75, 2 février 1833, p. 1-6).
12 Sur le moins connu des deux frères Gaume, voir la notice rédigée par Guerber pour le Dictionnaire de spiritualité.
13 Le code civil commenté dans ses rapports avec la théologie morale. La première édition date de 1828, elle est anonyme ; la deuxième, de 1829, largement augmentée, paraît avec le nom de son auteur. L’ouvrage connaît une dizaine d’éditions jusqu’en 1877. Les éditions postérieures, comme celles de 1835 et de 1844, maintiennent le même texte condamnant le prêt à intérêt.
14 Par exemple : Ligorio Beati Alphonsi de, Homo apostolicus instructus in sua vocatione ad audiendas confessiones, sive Praxis et instructio confessariorum. Editio nova, Argentinae [Strasbourg], typis L.-F. Le Roux, 1820, 3 vol.
15 Gousset Isidore (chanoine), Le cardinal Gousset, Besançon, Rossanne, 1903, p. 51.
16 Le ralliement du clergé français à la morale liguorienne, op. cit., p. 346 et suiv.
17 Gousset Isidore (chanoine), Le cardinal Gousset, op. cit., p. 46.
18 « En 1829, Besançon possédait un libraire italien, du nom de Montarsolo, qui ne s’était point enrichi dans son commerce. Il fit annoncer à tous les bibliophiles la vente au rabais de cet ouvrage […]. En recherchant ainsi il tomba sur la Théologie morale du bienheureux Alphonse de Liguori, qu’il ne connaissait guère que par les attaques dont elle était l’objet en France. C’était pour le professeur de morale, la découverte et le bonheur d’Archimède. »
19 Jean Guerber (Le ralliement du clergé français, op. cit., p. 350) a trouvé dans la bibliothèque de Gousset huit ouvrages d’Alphonse de Liguori édités à Turin entre 1827 et 1829.
20 Ibid., p. 349.
21 Sur Mgr Devie et son liguorisme, voir Boutry Philippe, Prêtres et paroisses, op. cit., p. 408-418.
22 Selon le chanoine Gousset, (Le cardinal Gousset, op. cit., p. 57), l’abbé Gousset aurait encouragé Gauthier à publier en 1832 une nouvelle édition de la Theologia moralis de Liguori. Cette nouvelle édition paraît à Besançon et à Paris, sous la direction du bisontin Receveur.
23 Guerber Jean, Le ralliement du clergé français, op. cit., p. 191.
24 Le liguorisme des missionnaires de Mazenod est connu grâce au récit des premières années du futur archevêque de Paris. Voir Paguelle de Follenay Joseph, Vie du cardinal Guibert, archevêque de Paris, t. I, Paris, Poussielgue, 1896.
25 On suit ici Gaston Bordet.
26 Parmi les premières recrues, le futur cardinal de Bonnechose, alors avocat général à Besançon, et le futur évêque de Versailles, Mgr Mabille.
27 En 1831, Rohan le nomme vicaire général honoraire ; en 1832, vicaire général en titre : c’est alors qu’il abandonne le séminaire.
28 Le cardinal de Rohan fait connaître à son clergé la décision de la Sacrée Pénitencerie par une circulaire en latin envoyée de Rome et datée du 5 juillet 1831, du même jour que la décision commentée. Gousset publie la circulaire en annexe de sa Justification, p. 251. Il aurait demandé cette intervention romaine pour pouvoir maintenir l’enseignement du liguorisme, menacé au séminaire. Gousset Isidore (chanoine), Le cardinal Gousset, op. cit., p. 57-58.
29 Vermot Alexandre (abbé), Lettres d’un curé de *** à M. G., vicaire capitulaire du diocèse de Besançon sur la prétendue justification de la théologie du B. Liguori, Reims, 1834, p. 8.
30 Voir, pour la perspective socio-culturelle, de Rosa Gabriele, « Saint Alphonse et le siècle des Lumières », in Collectif, Alphonse de Liguori, op. cit., p. 13-46.
31 Gousset publie certaines des réponses romaines en annexe de sa Justification et de ses Lettres.
32 Langlois Claude, « Le catholicisme au XIXe siècle entre modernité et modernisation », Recherches de sciences religieuses, vol. 79, no 3, 1991, p. 325-336.
33 Le compte rendu de l’Ami de la religion l’a bien vu en remarquant qu’au total Gousset se propose « moins d’établir les opinions que [Liguori] a professées que de montrer que l’on n’est pas en droit de les condamner ».
34 Justification, op. cit., p. 7-8.
35 L’ouvrage était prêt dès le second semestre 1831. La Justification paraît introduite d’une lettre de Rohan envoyée le 3 avril 1832 de Rome, avant son retour à Besançon, dans laquelle l’archevêque donne son imprimatur après avis de deux censeurs romains, dont l’un est le père Roothan, général des jésuites. Or, l’ouvrage de Gousset est signalé dans la Bibliographie de la France du 17 novembre 1832. Il paraît au plus tôt en octobre. L’Ami de la religion en rend compte le 2 février suivant. Entre-temps a eu lieu la condamnation mennaisienne (Mirari vos, 15 août 1832) qui a retardé la publication de l’ouvrage.
36 Guerber Jean, Le ralliement du clergé français, op. cit., p. 230.
37 C’est sur ce terrain, solidement argumenté, que se situe, d’entrée de jeu, Vermot. Gousset y répond dans sa lettre II (Lettres, p. 18-46). Ibid., p. 222-226.
38 Vermot Alexandre (abbé), Lettre d’un curé, op. cit., p. 1.
39 Si Gousset distingue, en matière matrimoniale, la loi divine, la loi ecclésiastique et la loi humaine, pour les contrats, il suit sans contestation, la nouvelle législation.
40 Huot-Pleuroux Paul, Le recrutement sacerdotal dans le diocèse de Besançon de 1801 à 1960, Besançon, 1966.
41 Langlois Claude, « La déchirure », postface de Tackett Timothy, La Révolution, l’Église, la France. Le serment de 1791, Paris, éditions du Cerf, l986.
42 Confirmation fournie par l’enquête de terrain effectuée par Gibson Ralph, « Rigorisme et liguorisme dans le diocèse de Périgueux, XVIIe-XIXe siècles », art. cité, p. 325 et suiv.
43 C’est ce que rappelle le compte rendu de l’Ami de la Religion : en France la théologie de Liguori « a été accueillie avec moins de faveur, on la regarde comme autorisant le relâchement, et on l’admet point généralement dans les séminaires ». Et pour l’avenir, la manière même de poser la question – « Pour n’être pas aussi sévère que la plupart de nos moralistes français peut-on accuser [Liguori] de favoriser le relâchement ? » – n’augure pas d’une approbation prochaine. Mgr Mathieu, évêque de Langres en 1832, explique à un collègue en épiscopat que, interrogé sur Liguori que Gousset mettait en avant, il avait répondu : « je n’étais pas d’avis d’en parler au séminaire comme d’une théologie unique et modèle » (lettre du 21 déc. 1832 citée par Petit Vincent, Catholiques et Comtois, op. cit., p. 121).
44 Lettres, p. 191-194. Sur l’intériorisation du probabilisme chez Liguori et l’importance des valeurs de vérité, de conscience et de liberté, Vereecke Louis, « Saint Alphonse de Liguori dans l’histoire de la théologie morale du XVIe au XVIIIe siècle », in Collectif, Alphonse de Liguori, op. cit., p. 112-125.
45 Lettres, p. 187.
46 Paguelle de Follenay Joseph, Vie du cardinal Guibert, t. I, op. cit., p. 253 et suiv. L’abbé Guibert, oblat, supérieur du pèlerinage de Notre-Dame du Laus, s’oppose vivement, au moment même où paraît le livre de Gousset, à Mgr Arbaud, évêque de Gap : l’un des points de friction est l’obligation faite aux fidèles de faire leur confession pascale à leur seul curé. En 1839, Gousset, alors évêque de Périgueux, introduit la possibilité de se confesser à quelqu’un d’autre que son curé dans le nouveau Compendium de son diocèse.
47 Justification, chap. vii, p. 107-118. Point qui suscite un étonnement réprobateur de l’Ami de la Religion.
48 Ibid., p. 111 et 110.
49 Sur ces deux points sensibles, Gousset publie en note les réponses des congrégations romaines à de récentes interrogations : sur l’« onanisme », ibid., p. 270-276, et sur « l’intérêt légal », p. 277-283.
50 Texte latin dans la Justification, op. cit., p. 249-50. Gousset se contente dans le corps du texte d’une traduction libre (p. 26 et 34). Traduction plus rigoureuse dans Lettres, p. 66-67.
51 Vereecke Louis, « Saint Alphonse de Liguori… », art. cité, p. 120.
52 Ce que souligne l’Ami de la religion en indiquant que Gousset « transforme en principes généraux des décisions […] qui ne s’appliquaient qu’à des cas déterminés et qui peuvent varier selon les circonstances ».
53 Tendance à douter de tout.
54 Lécrivain Philippe, « Saint Alphonse au risque du rigorisme et du liguorisme », art. cité, p. 261. La lettre est datée du 6 mai 1833. L’ouvrage de Gousset est paru depuis au moins cinq mois. Sur le fond, Lamennais dans le second volume de l’Indifférence (t. II, 1823, p. 23), mettait en garde contre le risque de scepticisme qui résultait de l’apologétique rationnelle : « Dès qu’on veut que toutes les croyances reposent sur des démonstrations, l’on est directement conduit au pyrrhonisme. »
55 Vermot Alexandre (abbé), Lettre à un curé, op. cit., p. 23.
56 Weiss Otto, « Alphonse de Liguori et la théologie allemande du XIXe siècle », in Collectif, Alphonse de Liguori, op. cit., p. 198-203.
57 L’abbé Jean-Étienne Pierrot publie, en annexe de son Dictionnaire de théologie morale (2 vol. 1849), une « histoire abrégée de la théologie » qui contient de précieux éléments de bibliographie commentée. Sur Gousset, t. II, col. 1541-1542.
58 Gousset, Lettres, op. cit., p. 77-79.
59 « Vous m’objectez l’autorité de l’un de nos plus pieux et de nos plus savants évêques. C’est l’autorité de Mgr l’évêque de Belley » : ainsi commence la 4e lettre de Gousset à son détracteur (ibid., p. 76).
60 Manière élégante de faire savoir à son interlocuteur anonyme qu’il connaît son identité. (Ibid., p. 1, note 1.)
61 Ibid., p. 80-81.
62 Ibid., p. 302.
63 Gousset Isidore (chanoine), Le cardinal Gousset, op. cit., p. 77. Entre autres aménités, un confrère charitable convainc la mère de Gousset que son fils prêche le relâchement des mœurs.
64 Bordet Gaston, « Catholiques libéraux francs-comtois, 1818-1870 », art. cité, p. 50. Lettre du 26 novembre 1832.
65 Gibson R., « Rigorisme et liguorisme dans le diocèse de Périgueux, XVIIe-XIXe siècles », art. cité, p. 328 et suiv. Gousset a surtout introduit des questions de tonalité liguorienne dans les conférences ecclésiastiques et fait acheter les ouvrages de Liguori. D’après une enquête de 1841, effectuée auprès des curés par le nouvel évêque, Mgr Massonnais, la théologie de Liguori représente le sixième des ouvrages utilisés mais est entre les mains du tiers des prêtres. En 1839, paraissait à Toulouse un Compendium theologiae moralis Sancti A.-M de Ligorio, avec l’encouragement de Gousset. Celui-ci, en 1841, insère quelques pages d’inspiration liguorienne, également intitulées Compendium, dans son Ordo diocésain.
66 de Rosa Gabriele, « Saint Alphonse et le siècle des Lumières », art. cité, p. 39. Une enquête décanale, effectuée en 1838, contient de précieuses données sur la pratique pascale. Celle-ci est de 36 % pour le diocèse ; elle tombe à 22 % dans l’arrondissement de Reims.
67 Ibid., p. 40.
68 Guillemant Charles, Pierre-Louis Parisis, t. I : L’évêque de Langres, Paris, Gabalda, 1916, p. 198. Lettre du 12 mars 1846. Et pour lui, en 1846 « la transformation du rigorisme en liguorisme » était à ce jour consommée.