1 « Confession et Révolution dans le catholicisme français », inHaussy Christiane d’ (dir.), La confession et les confessions, Paris, Didier-érudition, 1995, p. 79-93. Cet article constituait la participation d’un historien généraliste à une recherche collective menée par une collègue de Paris 12, Christiane d’Haussy, qui mobilisait chaque année sur un thème différent un groupe d’anglicistes intéressés aux questions religieuses. L’article a été amputé de sa fin qui faisait double emploi avec d’autres textes, publiés ici, et augmenté de quelques éléments empruntés à une communication récente (2014) faite au séminaire sur la confession de Philippe Boutry et Guillaume Cuchet.
2 Sur le sujet, en guise d’introduction, Pratiques de la confession, Paris, éditions du Cerf, 1983 ; Delumeau Jean, L’aveu et le pardon. Les difficultés de la confession XIIIe-XVIIIe siècles, Paris, Fayard, 1990.
3 « Tout fidèle de l’un et l’autre sexe, après avoir atteint l’âge de raison, confessera personnellement et fidèlement tous ses péchés au moins une fois par an à son curé, s’appliquera, dans la mesure de ses forces, d’accomplir la pénitence qui lui sera imposée […] sinon, il sera empêché d’entrer dans l’église de son vivant et sera privé de sépulture chrétienne à sa mort, afin que personne ne puisse avoir d’excuse pour son ignorance. »
4 Bon exposé de la situation, dans Gousset Thomas M. J., Théologie morale à l’usage des curés et des confesseurs, Paris, 4e édition, 1846, t. II, p. 243, no 407. Sur la nécessité de se confesser tous les ans pour celui qui n’a pas commis de péché mortel, Gousset indique que « les théologiens ne sont pas d’accord ». Le conflit d’interprétation trouve son origine dans la nature de l’obligation : saint Thomas penchait pour l’aveu des seuls péchés mortels ; ce à quoi Suarez, bon témoin de l’esprit de la contre-réforme, répondait en affirmant que tous les chrétiens péchaient mortellement dans une année (Lemaître Nicole, « Confession privée et confession publique dans les paroisses du XVIe siècle », Revue d’histoire de l’Église de France, no 183, 1983, p. 192).
5 Le péché actuel est celui qui est imputable à la personne du fait de sa volonté.
6 Il importe de se rappeler ces obligations générales pour mieux comprendre divers conflits aigus comme ceux des « billets de confession » provoqués par la crise janséniste. Phénomène qui réapparaîtra avec l’interdiction de lire l’Action française après 1926.
7 D’après les Exercices spirituels de saint Ignace.
8 Le quatrième concile de Latran est tout aussi sévère pour tout prêtre qui trahirait le secret de la confession : « Si quelqu’un osait révéler un péché qui lui a été découvert au tribunal de la pénitence, nous décrétons, non seulement qu’il doit être déposé du ministère sacerdotal, mais encore qu’il soit voué, à perpétuité, à faire pénitence dans un monastère de stricte observance. »
9 En 1731, les jésuites ayant été accusés de violer le secret de la confession, le pape Clément XII leur donna pour patron et protecteur saint Jean Népomucène, tué en 1383 par le roi de Bohème qui voulait connaître les secrets de la reine dont il était le confesseur.
10 C’est l’accusation que Pascal lance avec talent, au nom des jansénistes, dans Les Provinciales.
11 Voir par exemple Minois Georges, Le confesseur du roi, Paris, Fayard, 1988.
12 Allusion à une littérature pornographico-politique connue par les travaux de Robert Darnton, Jean Goulemot et Antoine de Baecque.
13 Voir Archives numériques de la Révolution, Stanford et BnF.
14 Langlois Claude, « Le spectacle de la religion dans la gravure politique révolutionnaire (1789-1791) », in Plongeron Bernard (dir.), Pratiques religieuses dans l’Europe révolutionnaire, Turnhout, Brepols, 1988, p. 682-690. La caricature prend acte d’une attitude bienveillante du clergé (qui se trouve dans l’attitude du confessé) et du refus de la noblesse (tournant le dos au Tiers confesseur et refusant tout agenouillement).
15 Voir Cousin Bernard, Cubells Monique et Moulinas René, La pique et la croix, Histoire religieuse de la Révolution française, Paris, Le Centurion, 1989. Et plus récemment, Pelletier Gérard, Rome et la Révolution française, la théologie et la politique du Saint-Siège devant la Révolution française, Rome, École française de Rome, 2004.
16 On parle alors de « messes blanches » ou de « culte laïcal ».
17 Et plus largement la mise en cause même de la conscience, qui loin d’être l’« instinct divin » célébré par Rousseau, devient, si elle est invoquée, un objet immédiat de suspicion comme on peut le voir à Toulouse, dans un Avis a las brabos gens du carme Sermet, favorable à la constitution civile du clergé : « La conscience ! C’est un mot fort respectable, mais quelquefois bien dangereux. Car enfin pourquoi parles-tu de conscience […], cette conscience ne lui reproche pas [il parle à un curé rejetant la constitution civile] de se laisser conduire par une clique qui veut […] faire revivre tous les anciens abus. » (Meyer Jean-Claude, Deux théologiens en révolution, Paris, Parole et silence, 2011, p. 241.)
18 Plongeron Bernard, Conscience religieuse en Révolution, Paris, Picard, 1969 et Théologie et politique au siècle des Lumières (1770-1820), Genève, Droz, 1973.
19 Catéchisme à l’usage de toutes les Églises Catholiques de l’Empire Français, 1806, ici dans sa version grenobloise.
20 Ibid., p. 19-20. Dans ce petit catéchisme, la confession est le seul sacrement présenté en détail.
21 Prière prononcée par le prêtre au début de la messe et reprise en latin par les fidèles.
22 « C’est la réparation de l’injure que nous avons faite à Dieu et du tort que nous avons fait au prochain. » La suite explicite d’abord ce qui concerne Dieu : l’impossibilité de l’homme à satisfaire « parce que la majesté de Dieu que nous offensons est infinie » et devant cette impasse, le remède : « la satisfaction de Jésus-Christ qui est infinie ». Mais si l’on est pleinement racheté en Jésus-Christ, si en lui sont remises les peines éternelles, pourquoi pas aussi peines temporelles dont rien ne dit en quoi elles consistent ? La réponse n’est pas aisée. On comprend mieux la manière de satisfaire le prochain : « C’est lui rendre ce qu’on lui a ôté ; son bien, si on l’a dérobé ; son honneur, si on l’a calomnié, ou qu’on ait blessé en quelque manière sa réputation. » (Ibid., p. 131-133.) Quelle image de Dieu est ici véhiculée, à l’image de l’homme à qui on doit rendre son bien, son honneur et sa réputation ?
23 Ou contrition imparfaite. La notion de perfection dépend du mobile qui conduit le confessé à se repentir, la crainte des conséquences du péché pour soi (imparfaite) ou l’amour de Dieu (parfaite). La contrition parfaite « justifie l’homme par elle-même et avant la réception du sacrement » (Gousset Thomas M. J., Théologie morale, t. II, op. cit., p. 246) tout en rendant nécessaire l’aveu par la confession. En arrière-fond, l’immédiateté de l’action de la grâce divine et l’obligation de passer par le canal de l’Église.
24 Ibid., p. 17-29.
25 Propos anciens repris sobrement, ibid., p. 17.
26 Sous la rubrique tripartite des péchés contre Dieu, le prochain et soi-même, à travers l’examen des péchés capitaux (ibid., p. 19-23).
27 Ibid., p. 26.
28 Les raisons canoniques tiennent à la nature des fautes encourues et à la qualité des personnes : ainsi le religieux qui se marie viole-t-il l’un des trois vœux solennels.
29 Des règles collectives sont indiquées, mais chaque cas fait l’objet d’un traitement particulier.
30 Langlois Claude et Le Goff T. J. A., « Les vaincus de la Révolution. Jalons pour une sociologie des prêtres mariés », in Collectif, Voies nouvelles pour l’histoire de la Révolution française, Paris, Bibliothèque nationale, 1978, p. 281-312.
31 La mort échelonnée des principaux protagonistes de la crise religieuse de la Révolution est l’occasion de polémiques à répétition : notamment Grégoire en 1831 et Talleyrand en 1838.
32 Article 13 : « Sa Sainteté, pour le bien de la paix et l’heureux rétablissement de la religion catholique, déclare que ni elle, ni ses successeurs, ne troubleront en aucune manière les acquéreurs des biens ecclésiastiques aliénés, et qu’en conséquence la propriété de ces mêmes biens, les droits et revenus y attachés, demeureront incommutables entre leurs mains ou celles de leurs ayant cause. » L’État, par une contrepartie qui n’est pas donnée comme telle s’engageant à salarier le clergé paroissial.
33 Delacroix Simon, La réorganisation de l’Église de France après la Révolution (1801-1809), t. I, Paris, Éditions du Vitrail, 1962, p. 371-388.
34 « Une anthropologie religieuse du Jubilé. L’année sainte d’Alphonse Dupront », Revue de l’Histoire de l’Église de France, vol. LXXXVI, no 216, 2000/1, p. 95-117.
35 Langlois Claude, Le diocèse de Vannes au XIXe siècle. 1800-1830, Paris, Klincksieck, 1974, p. 478-479.
36 Sevrin Ernest, Les missions religieuses en France sous la Restauration (1815-1830), t. I, Paris, Vrin, 1948, p. 12-21.
37 Ibid., t. I, p. 222-248.
38 À la question : « Quels sentiments doit-on manifester en se confessant ? », le paroissien d’Auch répond en suggérant au fidèle de se tenir en face du prêtre « dans les sentiments de confusion, de douleur, de pénitence d’un criminel qui paraît devant son juge » (1833, p. 26).
39 Dominique Julia, dans une communication sur « Les pratiques de confession à la fin de l’Ancien Régime » (18 mars 2014, séminaire du CARE, dirigé par Philippe Boutry et Guillaume Cuchet sur la confession à l’époque contemporaine), avait conclu son exposé en présentant ce texte célèbre. Celui-ci a aussi sa place dans une réflexion sur le changement du premier XIXe siècle, dans la mesure où il a été rédigé après 1809 et rendu public en 1849.
40 L’évêque de Dol, Mgr de Sourches, qui crée le collège de Dol, aurait voulu le placer sous la direction des eudistes qui étaient à la tête du séminaire. Ceux-ci sous Mgr de Hercé, son successeur, assuraient la direction spirituelle des collégiens.
41 Depuis quatre ans, puisque Chateaubriand entre en 1777 au collège.
42 Si la formule traduit la réalité, il s’agit donc des confessions réitérées durant le carême.
43 Il s’agit des Événemens extraordinaires touchant la confession mal faite. Composez en espagnol par le P. Christophe de Vega…, et traduits en françois par le P. Philippe-Marie, Paris, chez David, 1746 [1649]. Il existe, selon Dominique Julia, une édition locale de 1781. Le livre est réédité encore en 1808.
44 Chateaubriand reprend les classiques de la pastorale, sévérité du prédicateur et attention paternelle du confesseur, le lion qui rugit en chaire, l’agneau au confessionnal. Ici ces deux figures classiques correspondent aux deux moments de la confession, l’inquisition pour faire avouer, l’accueil au pécheur, au moment de l’aveu.
45 Formule peu claire. Sans doute le confesseur aurait-il encore voulu retarder l’absolution pour pouvoir vérifier que le jeune homme avait fait des efforts pour se déprendre de ses « mauvaises habitudes ».
46 « Des enfants de quinze ans […] tenaient par passe-temps des propos qui auraient fait frémir d’horreur les bosquets immobiles de Versailles. La communion du Christ, l’hostie, ce symbole éternel de l’amour céleste, servait à cacheter des lettres ; les enfants crachaient le pain de Dieu. »
47 L’éloge de la confession se résume à quelques banalités : « Quand la nature et les hommes sont impitoyables, il est bien touchant de trouver un Dieu prêt à pardonner : il n’appartenait qu’à la religion chrétienne d’avoir fait deux sœurs de l’innocence et du repentir. » L’évocation de la première communion, très idéalisée, contient cette formule : « Le froment des anges est déposé sur la langue véridique qu’aucun mensonge n’a encore souillée, tandis que le prêtre boit, dans le vin pur, le sang méritoire de l’Agneau. » Comment comprendre cette expression alambiquée sinon peut-être comme une vertu d’oubli de la faute que la confession a opéré en lui ?