Le « vandalisme révolutionnaire » et la politique artistique de la Convention au temps des « terreurs » : essai de bilan raisonné
p. 403-419
Entrées d’index
Index géographique : France
Texte intégral
1Il s’agit de croiser dans cette communication deux thèmes et un ensemble de concepts incompatibles, en apparence, voire conflictuels, pour démontrer leurs relations complexes, leur filiation cachée : quoi de plus contradictoire en effet que le « vandalisme révolutionnaire » d’une part, dénoncé par l’abbé Grégoire dans trois Rapports de l’an III, et la politique artistique (du patrimoine) menée par la Commission des Arts et le Comité d’Instruction publique pendant la Convention ? Dans les années 1860, un érudit1 s’interroge dans la Revue critique quant à l’affrontement de deux lignes historiographiques. D’un côté, Eugène Despois, en 18682, met en valeur dans un titre provocateur (« le vandalisme révolutionnaire ») les créations remarquables de la Convention dans les domaines des arts, des sciences, des musées et des écoles, et une politique du patrimoine sans équivalent à cette date. De l’autre, deux écrivains3 déplorent les destructions des tombeaux de Saint-Denis et les pertes immenses d’archives pendant la période révolutionnaire. D’où le défi lancé à la postérité : « Il serait utile qu’un historien impartial et consciencieux dressât enfin la liste des pertes artistiques et scientifiques imputables à la Révolution. Ce serait faire acte de justice et rendre un réel service à l’histoire »4. À défaut d’être cet historien, il semble possible de dépasser la confrontation permanente, pour poser en d’autres termes les liens entre le « vandalisme » et la « politique des arts », à la lumière de travaux récents, individuels5 et collectifs, impulsés essentiellement par le Bicentenaire. Le point de départ est nécessairement l’analyse des Rapports de l’abbé Grégoire d’août, novembre 1794 (14 fructidor an III et 8 brumaire an IV) et de janvier 1795 (24 frimaire an IV), où la dénonciation des « vandales » et des « barbares » s’accompagne d’un plaidoyer vigoureux pour la sauvegarde du patrimoine et le rayonnement culturel de la France, nouvelle « mère des arts ». Dans un premier temps, il convient de définir ce que Grégoire – et, d’une certaine manière les Thermidoriens – entend par « vandalisme », en fondant une histoire (et des mythes) pour la postérité. Une réflexion contextualisée sur les limites et les contradictions du concept de « vandalisme » permettra ensuite de le rattacher à une politique artistique cohérente menée par les Conventionnels. Un troisième temps sera consacré à l’interprétation de cette politique par rapport au sujet central du colloque : la (ou les) Terreur(s), afin de proposer quelques hypothèses refondatrices.
Que recouvrent les Rapports de Grégoire et son réquisitoire contre le « vandalisme révolutionnaire » ?
La gestation d’un concept6
2On peut toujours épiloguer sur la paternité du concept7 revendiqué par l’abbé Grégoire dans ses Mémoires (« Je créai le mot pour tuer la chose »8). Le terme de « Vandales » appliqué à des destructions en temps de révolution est utilisé dès 1789 et 1790, tandis que d’autres intellectuels comme Lakanal ou Lequinio9 sont évoqués à ce titre. Toutefois, il est admis que le vocable de « vandalisme » est utilisé dès janvier 1794 par Grégoire dans un Rapport sur les inscriptions des monuments publics10 et repris à trois reprises dans des Rapports (premier, deuxième et troisième) présentés à la Convention, présentant des enquêtes des commissaires de la Commission des Arts. Nous sommes confrontés à un réquisitoire extrêmement argumenté et cohérent, qualifiant le « vandalisme », définissant des actes relevant de ce « vandalisme », désignant des responsables et des coupables, ainsi que la politique menacée par ces pratiques11.
3Les emplois du terme « Vandales » au siècle des Lumières ont été précisés en 198812. Le « couple Goths et Vandales », ou la référence aux seuls Goths auraient pu prévaloir, pour la fréquence des usages13, sans rupture sur le contenu. Peuples d’envahisseurs germaniques, ayant pillé Rome (410 et 455), ils « symbolisent les révolutions des peuples barbares », qui « détruisent tous les monuments »14. Que « vandalisme » et les mots dérivés (« vandaliste », « vandaliser ») l’aient emporté sur « gothisme », « iconoclasme » ou « brise-image » n’a guère d’importance autre que sémantique15. Quand Grégoire le définit dans le double cadre de la Commission des Arts et du Comité d’Instruction publique, il le fait de manière précise et référencée, qualifiant autant des pratiques que leurs causes et leurs responsables.
Des actes caractérisés
4Il donne ainsi la liste des actes de destruction constatés par les commissaires dans les biens nationaux de leurs districts et départements respectifs. « Tout est tombé sous les coups de marteau »16. Au-delà de ce qui chagrine le plus l’abbé (les arts, les livres, la religion), il est fait mention de la typologie complète de ce qui constituerait le concept de « vandalisme révolutionnaire », décliné sous des formes articulées, sinon complémentaires. Le vandalisme antimonarchique, autour de l’affaire des sépultures royales de Saint-Denis : le vandalisme antiféodal, sensible dans des arrêtés de représentants en mission comme Couthon ou Châteauneuf-Randon, relatifs aux châteaux ; le vandalisme antireligieux17, de la dilapidation des biens des monastères au destin des églises fermées au culte en l’an II. À ces formes « classiques », Grégoire ajoute les mutilations des objets d’art18, la destruction des livres et les attentats contre les objets scientifiques et les savants.
5L’ensemble de ces actes et pratiques est dénoncé de façon globale, comme un complot visant à « anéantir tous les monuments qui honorent le génie français et tous les hommes capables d’agrandir l’horizon des connaissance […] en un mot nous barbariser puis crier aux nations étrangères que nous étions des barbares pires que ces musulmans [sic] ».
Responsables et coupables
6Les précisions relatives aux espaces et aux objets se doublent de la désignation des auteurs de ces destructions et des instigateurs de ces « crimes ».
7À vrai dire, les acteurs sont présentés de façon plus confuse que les instigateurs : « on a brisé », « on détruisait », « on mutilait », « on a brûlé ». Mais d’autres désignants sont plus marqués : « les brigands de Vendée », « des hommes étrangers peut-être », à côté des administrations laxistes ou indélicates, des « hommes armés de bâtons et précédés de la terreur »19. Le terme de sans-culottes n’est prononcé dans aucun des rapports, mais la période la plus noire des destructions est celle des « huit mois »20 qui ont séparé la politique montagnarde (frimaire an II) du 9 thermidor, présenté comme la sortie du « vandalisme ». Sont désignés « les anciens comités révolutionnaires, dont la plupart étaient l’écume de la société »21, associés par Grégoire à la « friponnerie ».
8Quant aux concepteurs de l’entreprise, Grégoire offre des noms comme « un trait de lumière »22 : Manuel ; Chaumette, Hébert, Lacroix, Henriot, Dumas23, Robespierre : « ce qui dans Le Peletier n’était qu’une erreur, était un crime dans Robespierre »24. Rarement réquisitoire aura été autant argumenté et référencé. Les listes des hommes à talents exécutés, inquiétés ou incarcérés pendant les huit mois de la Terreur sont impressionnantes25. « Les conspirateurs, n’ayant pu faire de la France un vaste cimetière, en avaient fait au moins une immense prison ». Comment les faits cités ne provoqueraient-ils pas un malaise certain chez le lecteur ? Grégoire précise à plusieurs reprises les mobiles des « vandales » et de ceux qui les poussent, même si ces motivations et leurs auteurs sont de natures très diverses. Les « Vandales » agissent, comme leurs ancêtres, pour cinq raisons essentielles. La première est l’ignorance, l’inculture : « C’est faute de lumières sans doute qu’à Toulouse on envoyait à l’artillerie des ouvrages en parchemin et en vélin »26. Mais l’ignorance, qui conduit au nivellement et à l’esclavage « n’est que l’instrument […] » des fripons. L’une des causes principales serait « la cupidité », celle des « brigands » qui s’enrichissent en dilapidant les trésors de la Nation, celle des administrateurs corrompus. On rejoint ici le procès en incompétence ou en insouciance : « l’insouciance criminelle de beaucoup de municipalités et d’administrations qui s’approprient pour leur usage ou qui détériorent les œuvres d’art »27 ; « beaucoup d’administrations ne rendent aucun compte […] Qu’elles ne croient pas que nous les oublierons »28. L’ensemble est relié à un « complot contre-révolutionnaire », initié par les Anglais et les Vendéens, poursuivi par les ennemis de la République : « frappons sans pitié tous les voleur, tous les contre-révolutionnaires »29. La dernière cause sous-jacente est le fanatisme, dont les emplois se déclinent de façon complexe en l’an III30, mais qui qualifie ici les excès du jacobinisme et de la Terreur.
Les anti-vandales : une sortie de la Terreur31
9Grégoire pratique constamment la distinction entre les « vandales » et ceux qui luttent pour le patrimoine. Cette opposition traverse tous ses rapports, de façon structurelle. Les défenseurs des arts et de la culture sont les hommes libres qui « aiment et conservent » « les monuments des arts ». Avec des institutions comme la Commission temporaire des arts, le Comité d’Instruction publique et le secours des représentants et des administrations honnêtes, on pourra réprimer les destructions et permettre au « génie » français – celui des savants, des artistes, même « non doués d’une grande énergie révolutionnaire » – de s’imposer en Europe.
10Ainsi Grégoire construit-il dès l’an III les lignes de forces de la notion de « vandalisme » en les inscrivant, de façon passionnée, dans le temps de la Terreur, dont Thermidor permettrait une sortie et la mise en place d’une nouvelle politique culturelle, centrée sur la protection et l’encouragement des arts et des artistes. C’est cette dissociation opérée entre la politique culturelle de l’an II – relevant pour l’abbé Grégoire de la Terreur – et celle de l’an III, d’une France « mère des arts » et civilisatrice qui pose problème à l’historien. Sans faire preuve à notre tour d’iconoclasme, il s’agit de démontrer les limites et les contradictions de la dénonciation des « vandales » pour définir les cohérences et les continuités de la politique culturelle et artistique de la Convention, de la chute de la monarchie à la Constitution de l’an III.
Quel iconoclasme pour quelle politique artistique ?
11Ni réfuter, ni réhabiliter : un bilan raisonné, facilité par les travaux récents, peut reposer sur l’établissement de faits avérés, la détection des « à peu près » des Rapports de l’abbé Grégoire, la part des procès d’intention. Il doit s’accompagner d’une mise en perspective dialectique des pratiques de destruction et de régénération républicaines.
Des pertes et destructions irréparables
12Les enquêtes des commissaires de la Convention auprès des 550 districts, des municipalités et des agents nationaux remontent à la Commission temporaire des Arts et constituent une base irréfutable pour les rapports de Grégoire. Elles portent sur l’ensemble des biens nationaux, de première et seconde origine. Les premiers relèvent des propriétés ecclésiastiques – abbayes, monastères – réquisitionnées dès 1790, auxquels s’ajoutent les presbytères, voire les églises touchés par la « déchristianisation ». Les secondes concernent les biens de la couronne, après août 1792 et les biens des émigrés mis sous séquestre entre 1792 et 1795. Au total, près de 10 % des terres du pays et un patrimoine artistique et culturel inestimable. Après les séquestres, des commissaires ont été chargés d’inventorier, de classer et d’estimer les pertes. Il convient toutefois de distinguer deux types de disparitions.
13D’un côté, se détachent les effets des délits de toutes sortes, des vols commis sur les biens séquestrés. Les délits forestiers par exemple se sont multipliés, dans le cadre d’une pression des usagers publics, des collectivités et des individus. Les palais et châteaux mis sous séquestre ont subi des dommages irréparables de la part de populations prédatrices et de particuliers. Des milliers de livres, d’archives32 ont ainsi disparu avec la complicité plus ou moins avérée d’administrations locales. On ne compte plus les ventes aux enchères de complaisance, les dilapidations ordinaires. Mais ces délits se placent dans un cadre de longue durée, bien sensible dans les dernières décennies de l’Ancien Régime33. Les séquestres révolutionnaires ont ajouté aux désordres et à la confusion. Mais on ne voit pas le rapport établi avec les institutions révolutionnaires.
Un iconoclasme revendiqué
14À côté de ces délits quotidiens et ordinaires, l’iconoclasme révolutionnaire relève de logiques spécifiques et irréductibles aux précédentes. Cet iconoclasme est revendiqué, légitimé, authentifié par des procès-verbaux et des actes administratifs. Il est totalement lié à la volonté de républicanisation du pays, initiée par la Convention bien avant le pouvoir montagnard. Mais il s’oppose point par point aux définitions classiques du vandalisme. Comment parler d’ignorance quand les procès-verbaux détaillent les objets ecclésiastiques ôtés des églises et apportés à la Monnaie ou à la Convention ? Comment soutenir l’accusation de cupidité quand les délégations transportent l’intégralité des biens dans des bâtiments publics, en définissent les poids et les valeurs et que la lutte contre l’enrichissement personnel, le luxe et les prévarications bat son plein en ces temps « d’égalitarisme jacobin » ? Peut-on avancer l’idée d’un complot contre-révolutionnaire quand les institutions visées (sociétés populaires, comités) sont les fers de lance de la Révolution en l’an II, que l’essentiel des confiscations est destiné à l’effort de guerre, ce que mentionne d’ailleurs Grégoire pour le salpêtre ? L’abbé aurait d’ailleurs hésité à lire son premier Rapport, tant il se décline sous la forme d’un règlement de compte politique à l’égard d’adversaires que l’on veut à tout prix discréditer pour légitimer la nouvelle prise de pouvoir consécutive à Thermidor. Aucune des accusations lancées contre les hébertistes ou les robespierristes ne tient la route. Enfin, le qualificatif de fanatisme accolé aux destructions pose problème, quand les actions sont menées précisément contre le « fanatisme et la superstition » ? Le terme de vandalisme ne convient pas non plus pour qualifier les éventuelles poursuites contre les artistes, les savants et les gens à talents. Il importe donc de distinguer les logiques qui président aux destructions, pour les définir et les requalifier.
15Le projet de régénération républicaine dépasse largement le cadre des Rapports de l’abbé Grégoire, qui en mentionne d’ailleurs certains aspects en termes d’iconoclasme, n’en déplorant que les excès. Fonder la République ne peut se faire que dans un double discours, complémentaire et dialectique : détruire pour construire.
Le discours iconoclaste : détruire les symboles
16Détruire les signes, les symboles, les titres, les mots qui renvoient au temps des privilèges, du fanatisme et de la superstition, « les monuments élevés à l’orgueil, au préjugé, à la tyrannie ». Les étapes du discours destructeur des Conventionnels sont connues. Le 14 août 1792, le discours iconoclaste l’emporte lors du renversement de la monarchie : « Ne laisser subsister aucun monument qui rappelle les idées d’esclavage ». Le 16 septembre 1792, l’équilibre entre destruction des « monuments propres à rappeler le souvenir du despotisme » et conservation tempère la tendance précédente. En juin et août 1793, est rappelée l’urgence de faire disparaître tous les « attributs » de la monarchie avant la fête de la régénération du 10 août, jusqu’aux tombeaux de Saint-Denis, « ces mausolées sans douleur qui rappellent encore des rois l’effrayant souvenir » (Barère). À l’automne 1793, le discours déchristianisateur culmine dans certains arrêtés de représentants en mission, comme celui de Maure et Dubouchet en Seine-et-Marne, relayé par le comité révolutionnaire de Coulommiers : « Plus de croix, plus de calvaires, plus de croix sur les clochers, les grands chemins et dans les cimetières […] ; Plus de saints, de saintes vierges dans les églises, et autour plus de tableaux […] ; Plus de chandeliers, plus de lampes, plus de pupitres ou lutrins en cuivre : il nous faut des canons »34. La chasse aux symboles de la féodalité et des privilèges de la noblesse se poursuit à l’hiver de l’an II. L’ensemble de la politique iconoclaste est magnifié dans un discours d’un futur Thermidorien, Boissy d’Anglas, le 30 juin 1794 (12 messidor an II) ! « Lorsque tous les attributs du royalisme, tous les signes de la noblesse et de la féodalité, tous les hochets de l’orgueil furent consommés par les flammes, ce fut un grand acte de la justice nationale, un grand exemple donné à toutes les nations de la terre, une grande et auguste cérémonie ». Le 10 août 1793 est bien la fête simultanée de la régénération et de l’iconoclasme.
Protéger les biens d’utilité publique
17Mais le discours iconoclaste génère en même temps une pratique opposée au « vandalisme » classique et un discours culturel sur la sauvegarde du patrimoine. La première est trop connue pour être développée ici. Elle consiste à protéger des destructions les objets et archives utiles ou nécessaires au bien public. Détruire les terriers, mais conserver les plans et les titres de propriété des tenanciers. Détruire les blasons et les armoiries, mais préserver les bâtiments et les murs. Détruire les « hochets du fanatisme » et les reliques mais préserver les structures des monuments et leur fonction auprès des populations. Détruire les symboles des couvertures et des tableaux, mais conserver les livres et les œuvres d’art. Le principe même de la régénération républicaine est de ne détruire que ce qui peut être immédiatement remplacé par son équivalent républicain. David excelle dans cette priorité quand il se propose de « briser le luxe pour construire la cité idéale », de réemployer les matériaux des destructions pour édifier les monuments républicains. Le principe de la substitution des symboles est constitutif de la culture nouvelle à mettre en place.
Protéger le patrimoine : le discours culturel
18Mais le discours culturel de conservation du patrimoine35 est parallèle à celui de l’iconoclasme36, dans des étapes aussi nettes que ce dernier. Dès août 1792, les statues et les collections royales sont à regrouper dans des dépôts spécifiques. Le 16 septembre 1792, « il importe de préserver et de conserver honorablement les chefs-d’œuvre des arts, si dignes d’occuper les loisirs d’un peuple libre ». L’antidote aux destructions, sans cesse invoqué, est la conservation des œuvres d’art dans des musées, comme le préconise Cambon dès août 1792. Lequinio met en garde contre les « désastres que ne commettraient pas les Vandales », dès septembre 1792. En juillet et août 1793, la régénération s’incarne dans le musée du Louvre « encyclopédie matérielle et physique des beaux-arts », tandis que les peines sont aggravées pour les « vandales ». L’inflexion décisive est apportée les 22 et 24 octobre, au moment de l’imposition du calendrier républicain et de la naissance du « torrent déchristianisateur ». Chénier et Romme sont les porte-parole des défenseurs du patrimoine. Le 22 octobre, Marie-Joseph Chénier apostrophe les Conventionnels au sujet des bibliothèques publiques à réaliser : « Il est impossible que les représentants du peuple ne soient pas convaincus que c’est aux livres que nous devons la Révolution »37. La Révolution doit assumer tout le passé qui l’a rendue possible, et ne connaîtra pas les autodafés de certaines révolutions contemporaines. Le 24 octobre, Romme propose le décret décisif : « Il est défendu d’enlever, de détruire, mutiler, ni altérer en aucune mesure, sous prétexte de faire disparaître des signes de féodalité ou de royauté dans les bibliothèques, les collections, les cabinets publics ou particuliers les livres imprimés ou manuscrits, les gravures et les dessins, les tableaux, les reliefs, statues, vases, médailles, antiquités, cartes, plans et autres objets qui intéressent les arts, l’histoire et l’instruction »38. Cette orientation est maintenue sans faiblesse jusqu’à une Instruction du 21 mars 1794, fixant les règles sur « la manière d’inventorier et de conserver, dans toute l’étendue de la république, tous les objets qui peuvent servir aux arts, aux sciences et à l’enseignement ». Près d’un an avant le premier rapport de Grégoire, la politique muséale l’emporte ainsi sur la politique iconoclaste qui lui est parallèle.
Les musées de la République
19Un texte peut suffire pour plonger dans les logiques d’une politique muséale mise en évidence par des travaux récents et pionniers. Il qualifie l’action des commissaires des Arts chargés du domaine national du comte de Provence à Brunoy, une fois constatée l’ampleur des délits « ordinaires » : « tous les objets réservés par la Commission temporaire des Arts, une fois emballés, étiquetés, prirent le chemin des dépôts de Versailles et de Paris […]. Des sculptures furent déposées dans les jardins nationaux, deux pendules furent remises par Nadreau à la télégraphie, les palmiers des serres chaudes arrivèrent au Museum d’histoire naturelle de Paris, les plans et les modèles de la machine hydraulique de Brunoy furent déposés au Conservatoire des arts et métiers […]. Grâce à la clairvoyance de certains artistes, beaucoup d’œuvres d’art accumulées par le frère du roi ont été sauvées du vandalisme révolutionnaire et sont entrées dans le patrimoine commune ». C’est une démonstration sur le terrain d’une volonté de conservation et de mise à la disposition de la nation d’un patrimoine « des familles »39.
20Dès octobre 1792, Cambon propose que la disparition des signes soit parallèle à la promotion des œuvres d’art en objets culturels, présents dans les musées. En réalité les deux politiques – l’iconoclasme et la conservation – ne seraient solidaires qu’un temps : « Pour conserver, il faut détruire ; plus la républicanisation s’installe, plus la conservation l’emporte »40. Les dimensions de l’œuvre muséale de la Convention – en dehors des luttes de factions – mettent en avant l’action de trois institutions : le Comité de salut public, la Commission des Arts et le Comité d’Instruction publique41 qui « s’ingénièrent, en 1793 et en l’an II, c’est-à-dire en pleine Terreur, à maintenir, à défendre le patrimoine d’art de la France […] »42. L’abbé Grégoire rend d’ailleurs hommage à l’ouvrage des législateurs dans ses Rapports : « […] le travail du cadastre commencé, le télégraphe et les ballons appliqués aux opérations militaires, l’organisation du Conservatoire, du Muséum d’histoire naturelle, de la commission des arts […] »43. Il ajoute l’aventure du mètre, les poids et mesures, la politique de la langue, celle de la musique ; et pourrait intégrer la promotion du Louvre, celle des Arts et Métiers, l’ouverture de bibliothèques et de musées départementaux, en l’an II et en l’an III. Cette convergence de points de vue sur la cohérence de la politique muséale44 de la Convention semble balayer la « légende noire » du vandalisme jacobin amplifiée par le même Grégoire et porter l’attention sur la politique artistique, envisagée sur les trois ans d’exercice de cette Assemblée : « Pour qu’une véritable politique artistique voit le jour, il fallut attendre l’avènement de la République jacobine, accusée la plupart du temps de vandalisme et d’iconoclasme »45.
La politique artistique : Encourager les arts et les sciences
21« Aux arts et aux armes »46pourrait figurer en devise de la politique artistique de la Convention, saluée par des historiens contemporains en ces termes : « Aucune assemblée n’a été aussi préoccupée des beaux-arts, des monuments, des œuvres anciennes et modernes »47 ; « C’est avec la Convention, notamment sous l’impulsion de David, que naît une véritable politique artistique »48. Barère49 incarne cette ambition, entre 1791 et la rédaction de ses Mémoires.
22Quelques jalons suffiront, pour ne pas dépasser les bornes de la démonstration. Comme pour l’iconoclasme, la suppression des Académies, le 8 août 1793, peut être considérée comme un point de départ pour l’encouragement systématique des arts. La Société populaire et républicaine des Arts, puis la Commune des Arts (octobre 1793) en sont les principaux relais, dans la mesure où peu de peintres et sculpteurs50 ont émigré et que leurs membres – 333 peintres, 99 graveurs, 97 sculpteurs – participent à des Salons « égalitaires » et à des concours multiples, dotés. En l’an II sont ainsi lancés près de 25 concours51 qui aboutiront tardivement à une centaine de prix. Les sujets sont « dignes d’occuper des mains républicaines » : bustes de martyrs, médailles, Tableaux historiques entrent dans une « révolution iconographique », dont l’an II constituerait l’apogée, très sous-estimé, soit près de 500 tableaux réalisés. Les 114 architectes de la Commune ont rivalisé d’émulation pour construire sur leurs plans la « cité idéale »52 en 200 projets : temples de l’égalité, assemblées primaires, théâtres, casernes, bâtiments publics, bibliothèques, muséums, monuments éphémères pour le cortège des fêtes républicaines. Les manifestations artistiques pour la fête de l’Être Suprême suffisent à exprimer cette « explosion créatrice », dont la récompense sera brisée par les conséquences de Thermidor an II. La convergence de ces initiatives peut être trouvée dans la célébration artistique du culte des Martyrs, ou dans la propagande pour le calendrier républicain, thèmes mobilisateurs par excellence pour les artistes-citoyens, dont David et Chinard ont souvent été présentés comme des modèles. Les points en débat sur cette politique restent le degré de censure et d’orientation politique des concours et des encouragements, les décalages éventuels entre une culture « jacobine » et une culture « sans-culotte ». Mais le moment semble venu désormais de détacher, arguments à l’appui, cette politique muséale et artistique53 du vocable de Terreur qui l’a longtemps accompagnée et délégitimée.
Une interprétation « iconoclaste » ? Des relations dialectiques
23Nous voudrions ramasser les propositions d’interprétation des phénomènes abordés dans cette analyse en trois points essentiels : rejeter fermement la légende du « vandalisme jacobin », en liant « iconoclasme »54 et politique artistique ; puis, établir un portrait de groupe des Conventionnels défenseurs du patrimoine, au moyen de biographies croisées ; enfin, détacher cette politique de la Terreur, au sens strict de ce terme.
Le « vandalisme jacobin » est un « mythe »
24Il importe d’emblée de distinguer les destructions « sauvages » de l’« iconoclasme révolutionnaire ». Les premières, que l’on pourrait qualifier de « vandalisme ordinaire » ou « quotidien » relèvent de délits urbains et ruraux inscrits dans la longue durée. Elles restent indépendantes de la marche de la Révolution, parfois tolérées par les administrations locales, mais sanctionnées avec la plus grande sévérité par les tribunaux civils et criminels. L’iconoclasme est le volet d’une politique systématique de destruction des signes et des symboles qui relèvent du régime à détruire pour être remplacés par les signes et symboles de la régénération républicaine. Défini par des décrets et des lois qui en limitent les excès, il fonde dialectiquement la politique de mise en place de l’ordre républicain, dans la double dimension d’une préservation du patrimoine artistique, culturel et scientifique du passé et de l’exaltation d’un art républicain, où il incombe aux artistes et aux intellectuels d’édifier la Cité idéale. L’utopie du projet idéologique est subvertie par la mise en place d’institutions muséales et par l’apogée des expressions artistiques – sous les formes les plus diverses, de la chanson au théâtre, en passant la statuaire. Ce qu’il faut comprendre, c’est que les artistes qui célèbrent les valeurs et les allégories républicaines, ont réclamé au sein des sociétés et des comités qu’ils fréquentent la suppression (ou le réemploi) « de ce qui est vain et dégrade la dignité de l’homme ». Les qualifier alors de « vandales » est commettre le contresens grossier que l’abbé Grégoire favorise au moment de régler les comptes politiques de l’après-Thermidor.
Portrait de groupe des « régénérateurs » : un consensus ?
25Lorsque Grégoire fait l’éloge des institutions de défense et d’illustration du patrimoine, il suffit de gommer la part du procès politique d’intention55 pour obtenir un portrait de groupe des Conventionnels régénérateurs, dans les deux démarches décrites ci-dessus.
26D’une part, l’iconoclasme a reposé dès le début de la Convention sur un réel consensus. Grégoire lui-même est l’un des plus virulents dans la condamnation de la monarchie : « la royauté fut toujours pour moi un sujet d’horreur »56. Il accepte que « la massue nationale » frappe les monarques jusque dans leurs tombeaux57. Il est favorable à la destruction des signes de la féodalité et des privilèges. Il soutient l’effort de défense nationale et n’est pas défavorable au dépouillement des églises58. Les contre-révolutionnaires auraient pu qualifier le créateur du concept de « vandale » en l’an II59.
27À l’inverse, les Montagnards incriminés dans ses Rapports peuvent être qualifiés de régénérateurs et de tenants de la politique culturelle prônée par Grégoire. C’est ainsi que Robespierre s’est élevé dès le 21 novembre 1793 – et plus nettement lors du culte de l’Être Suprême – contre les débordements de l’athéisme, qualifié de fanatisme. Lequinio, Romme, Chénier (Marie-Joseph), David, Lakanal, Boissy d’Anglas, Barère, David partagent les mêmes priorités culturelles – éducation, promotion des arts et des artistes, « république des savants » au sein des institutions où ils ont partagé les pouvoirs. Rien n’empêche les Jacobins et Montagnards qui seront qualifiés de « terroristes » après Thermidor (David, Romme), d’être unis à des Thermidoriens comme Barère ou Boissy d’Anglas, qui poursuivront la politique des musées et d’encouragement à la science après leur élimination. Il faudrait ajouter à ce portrait des régénérateurs les représentants du peuple en mission qui ont appliqué sur le terrain départemental, voire local, le projet républicain. Dresser les uns contre les autres ceux qui ont partagé cet idéal culturel et artistique est de l’ordre du contresens, provoqué par la tension politique et judiciaire du moment, alimenté par Grégoire, Fourcroy, Fréron et Lakanal. Le vrai débat serait celui qui oppose une ligne « montagnarde » incarnée par Payan ou Robespierre (en floréal et prairial an II) à une ligne « sans-culotte » plus iconoclaste et « égalitaire ». Les dégâts causés par cette « légende noire » dans l’opinion publique, particulièrement à l’étranger, ont été considérables et, dans une certaine mesure, irréparables60. Mais ce qui rassemble les procureurs et les accusés de « vandalisme » est infiniment plus important, sur le plan culturel, que ce qui les sépare. La surenchère de Louis-Sébastien Mercier, pour qualifier la rage de destruction des symboles de l’an II (« Au 9 thermidor, les grands Vandales tuèrent les petits Vandales »61), relève de la même fascination perverse pour le procès d’intention politique, tout en soulignant une évidence. La notion de « vandalisme révolutionnaire »62 ne débouche sur aucune analyse sérieuse des politiques culturelles et artistiques de la période (l’an II) et des équipes mises en causes (les Jacobins)63.
Du divorce entre Terreur et politique culturelle
28Il est de plus en plus admis aujourd’hui que la Convention a mené une politique culturelle cohérente, par l’encouragement des arts et des sciences, durant son long mandat, sans rupture clairement affirmée, à l’exception peut-être de la politique éducative en direction des couches populaires.
29Il apparaît aussi nettement que la Convention a connu des phases successives qualifiées de « terreurs » : août-septembre 1792, soit-disant à « l’ordre du jour » en septembre 1793, grande Terreur après prairial an II, « Terreur blanche ». Chacune de ces phases s’est traduite par des ajustements politiques et judiciaires significatifs. Ces phases peuvent avoir des effets sur les arts et la culture, tels les retards des concours lancés en l’an II et les décalages des modes politiques64, ou la normalisation par le « bon goût ». Mais il semble indispensable de séparer maintenant des réalités aussi décalées et « autonomes ». La politique culturelle de la Convention ne peut être placée sous le signe d’une quelconque terreur, pour deux raisons essentielles.
30D’une part, les créations (musées, monuments, représentations) artistiques n’ont jamais été plus intenses qu’à l’époque qualifiée de Terreur, ce qu’a nié jusqu’à aujourd’hui une historiographie hostile au jacobinisme. De l’autre, il n’a pas existé dans le monde des arts65 et des sciences d’épuration spécifique, comparable aux épurations des factions politiques. Les études sur le théâtre de l’an II tendent à invalider la réputation d’un « théâtre de la Terreur ». Ainsi les temps de terreur et de politiques culturelles divergent-ils et sont-ils incompatibles. Dans ces conditions, la notion de « vandalisme révolutionnaire » doit être invalidée, et l’accent doit être porté sur le couple « iconoclasme républicain – politique patrimoniale et culture républicaine », couple fondateur mais appelé à se dissoudre, une fois terminée la campagne iconoclaste66. Un travail considérable de déconstruction historiographique s’avère nécessaire pour admettre cette dissociation nécessaire des terreurs et de la politique culturelle au temps de la Convention.
« Rendre un réel service à l’histoire » ? Une interprétation complexe
31On peut redouter que le choc de civilisations induit par l’irruption de la République ne maintienne les conflits historiographiques autour du concept de « vandalisme révolutionnaire » associé à la Terreur. Sans postuler au mérite de l’« historien impartial et consciencieux », il me semble judicieux de conclure par trois remarques d’inégale portée.
32En premier lieu, définir l’iconoclasme ne revient nullement à le justifier ou le légitimer. Toute destruction, même idéologique, retranche une partie du patrimoine, fût-il considéré comme « barbare » ou « tyrannique ». Détruire les symboles entraîne une mutilation de l’objet artistique. Elle expose ses auteurs à être qualifiés en retour de « barbares ». Elle conduit insidieusement au qualificatif de « vandales »67. A fortiori, les destructions choquent profondément les populations quand elles s’accompagnent d’imputation de « sacrilège »68 ou de « blasphème », quand elles touchent aux croyances et aux opinions religieuses69. On peut d’ailleurs supposer que l’abattage des arbres de la liberté ou la destruction des bustes de Marat conduisaient à des sentiments de même nature de la pa public, ndiqué gitim pa des administrations est ainsi porteur de violence à l’égard des partisans du régime que l’on veut abolir. Il doit ainsi être rapporté à d’autres paramètres pour le qualifier, comme la mobilisation patriotique, la politique de conservation du patrimoine et les enquêtes de terrain.
33En deuxième point précisément, ces enquêtes70 (locales, départementales) sont précieuses pour la compréhension des phénomènes de destruction-conservation. Des bilans partiels ont été établis pour les terriers71, les églises, les châteaux, les livres, les objets d’art, les reliques72. Ils confirment souvent l’importance des dates des destructions symboliques, et la préservation par les autorités et les populations civiles des bâtiments et des biens relevant du de la sphère et du bien publics. Ils montrent également l’ampleur de destructions anciennes, datant parfois des guerres de religion73, de la monarchie constitutionnelle, voire du Directoire74, mais imputées à la République et à la Terreur75. À titre d’exemple, un travail d’ensemble sur la question au crible des Archives parlementaires et des réalités des inventaires locaux76 rendrait de réels services à l’histoire.
34Il reste une question de qualification, débordant la Convention, du transfert des œuvres d’art des pays conquis vers les musées français. Les Conventionnels ont voulu faire de Paris l’« Athènes moderne, la capitale des arts », « la patrie des talents et du mérite ». C’est en mars 1794 que débute la saisie systématique des œuvres d’art (hollandaises), justifiée en ces termes par l’abbé Grégoire : « La République française doit être le dernier domicile des chefs-d’œuvre des républiques grecques ». Il en sera de même dans les campagnes d’Italie et d’Égypte, conformément au discours d’un des régénérateurs de l’an II et de l’an V, François de Neufchâteau, à l’été 1798 : « C’était pour la France que vous [les génies italiens] enfantiez vos chefs-d’œuvre. Ce n’est que d’aujourd’hui qu’ils montent effectivement au temple de la mémoire ». Comment qualifier ce « pillage »77, que les ennemis qualifient de « vandalisme », dès lors que ces œuvres enrichissent les musées de la République, à destination d’un peuple « libre » ?
35Ces nuances nécessaires permettent de prendre la mesure de la complexité des phénomènes étudiés78, même si la conclusion demeure nette : toute assimilation de la politique culturelle et artistique de la Convention à un quelconque « vandalisme révolutionnaire » et aux mécanismes politiques et judiciaires de Terreur reposerait sur des contresens historiques, que nous espérons avoir mis en lumière.
Notes de bas de page
1 Jules Guiffrey, « Le vandalisme révolutionnaire. Examen critique de quelques publications récentes relatives à l’histoire de la Révolution », Revue critique, 1868.
2 Eugène Despois, Le vandalisme révolutionnaire. Fondations littéraires, scientifiques et artistiques de la Convention, Paris, E. Alcan, 1868.
3 Georges d’Heilly, L’extraction des cercueils royaux à Saint-Denis en 1793, Paris, Hachette, 1868 et le marquis de Laborde, Sur les Archives de France pendant la Révolution, Paris, Renouard, 1867.
4 Revue critique, 1868.
5 Serge Bianchi, « Le vandalisme révolutionnaire ou la naissance d’un mythe », dans La légende de la Révolution (Clermont-Ferrand 1986), Clermont-Ferrand, Université Blaise Pascal, 1988, p. 189-199.
6 Daniel Hermant, « Destructions et vandalisme pendant la Révolution française », Annales ESC, 33, 1978, p. 703-719. L’auteur étudie le débat entre historiens républicains et catholiques.
7 Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française des origines à 1900, IX, 2e partie, Paris, 1937, p. 653, et XX, 2e partie, p. 268.
8 Abbé Henri-Baptiste Grégoire, Mémoires, Paris, 1837, t. I, p. 346.
9 En septembre 1792, il déplore pour Versailles des désastres « que ne commettraient pas les Vandales ».
10 « Ce vandalisme qui ne connaît que la destruction »…
11 Pour l’iconographie du « vandalisme », Michel Vovelle, La Révolution française. Images et récits, Paris, Messidor, 1988, 5 vol.
12 « Des Vandales au vandalisme », dans Marie-Claude Chemin, Jean Ehrard, Simone Bernard-Griffiths (dir.), Révolution française et « vandalisme révolutionnaire », Paris, Universitas, 1992, p. 15-24.
13 Gabriele Sprigath, « Sur le vandalisme révolutionnaire », AHRF, n°242, 1980, p. 511-514. Catherine Volpihac, Dany Hadjadj, Jean-Louis Jam, « Des Vandales au vandalisme », Révolution française..., op. cit., p. 16-23
14 Bertrand Barère, discours du 26 mai 1791 à l’Assemblée constituante.
15 Lire à ce sujet Ferdinand Brunot et Sébastien Mercier, Néologie ou vocabulaire des mots nouveaux, Paris, 1801-1807.
16 Second rapport sur le vandalisme, op. cit., p. 331.
17 Serge Bianchi, « Les mascarades de l’an II dans la région parisienne », dans Jean Nicolas (dir.), Mouvements populaires et conscience sociale (Paris 1984), Paris, Maloine, 1985, p. 149-157.
18 « Détruire les tableaux d’une femme peintre parce qu’on la disait émigrée ».
19 Souligné par nous.
20 « Dans l’espace d’un an, ils ont failli détruire le produit de plusieurs siècles de civilisation », Troisième Rapport, op. cit., p. 340.
21 Ibid., p. 348.
22 Premier Rapport, op. cit., p. 284-285.
23 Troisième rapport, op. cit., p. 341, avec le propos prêté « Nous n’avons plus besoin de chimiste » !
24 « Le vandalisme, que l’infâme Robespierre avait soufflé dans toute la République », lettre de Nîmes (11 frimaire an III), citée dans ibid., p. 345.
25 25 noms dans le troisième rapport, dont Florian, Quatremère, Rouget de Lisle (ibid., p. 341).
26 Second rapport sur le vandalisme, op. cit., p. 338.
27 Troisième rapport, op. cit., p. 347.
28 Ibid., p. 342.
29 Premier rapport, op. cit., p. 293.
30 Serge Bianchi, « Fanatiques/Fanatisme (1789-1795) », dans Dictionnaire des usages socio-politiques, 1, Paris, 1985, p. 71-78.
31 Bronislaw Baczko, Comment sortir de la Terreur. Thermidor et la Révolution, Paris, Gallimard, 1991.
32 Edgar Boutaric, Le vandalisme révolutionnaire, les Archives pendant la Révolution française, Paris, V. Palmé, 1872.
33 Octave Festy, Les délits ruraux et leur répression sous la Révolution et le Consulat. Étude d’histoire économique, Paris, Marcel Rivière, 1956.
34 Adresse du 21 brumaire an II (11 novembre 1793).
35 Article fondamental de Régis Pommier, « Discours iconoclaste, discours culturel, discours national, 1790-1794 », dans La Révolution française et le « vandalisme (...), op. cit., p. 299-313.
36 Gabriele Sprigath, art. cit., p. 523-524.
37 Archives parlementaires, t. 77, p. 432.
38 Ibid., p. 487-489.
39 Puthod de Maisonrouge, 1790.
40 Annie Jourdan, Les monuments de la Révolution. Une histoire de représentation, Paris, Honoré Champion, 1997, p. 309.
41 James Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention nationale, Paris, 1891-1897.
42 Dominique Poulot, Musée, nation, patrimoine, Paris, Gallimard, 1997, p. 20.
43 Premier Rapport, op. cit., p. 287.
44 Jean-Rémy Mantion, « Déroutes de l’art : la destination de l’œuvre d’art et le débat sur les musées », dans Jean-Claude Bonnet (dir.), La Carmagnole des muses, Paris, Armand Colin, 1988, p. 97-128.
45 Annie Jourdan, op. cit., p. 305. Pour notre part, nous entendons dissocier le « vandalisme » de « l’iconoclasme ».
46 Philippe Bordes, Régis Michel (dir.), Les arts et la Révolution. Aux armes et aux arts !, Paris, Adam Biro, 1988.
47 Ibid., p. 314.
48 Michel Biard et Pascal Dupuy, La Révolution française. Dynamiques, influences, débats 1787-1804, Paris, Armand Colin, 2004, p. 196.
49 Chargé des monuments publics, des théâtres, des bibliothèques et de l’instruction.
50 C’est le cas, en plus spectaculaire, pour les savants jusqu’à l’adoption de la formule « la mobilisation scientifique et technique de la Nation », Patrice Bret, L’État, l’armée, la science. L’invention de la recherche publique en France (1763-1830), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2002, p. 75.
51 Anthony Vidler, « Grégoire, Lenoir et les « monuments parlants », dans Jean-Claude Bonnet (dir.), La Carmagnole(...), op. cit., p. 131-153.
52 André Chastel, L’Art français. Le temps de l’éloquence 1775-1825, Paris, Flammarion, 1996. Il parle du génie de l’architecture, « la grande utopie jacobine », p. 27. Voir les ouvrages de Werner Szambien, Les projets de l’an II, Paris, École nationale supérieure des beaux-arts, 1986.
53 Voir à l’appui de cette analyse l’ouvrage de François Benoit, L’art français sous la Révolution et l’Empire. Les doctrines, les idées, les genres, Paris, Société française d’éditions d’art, 1897, et celui d’Édouard Pommier, L’Art de la Liberté, Paris, Gallimard, 1991.
54 Gabriele Sprigath, art. cit., p. 510-535.
55 James Guillaume, « Grégoire et le vandalisme », La Révolution française, 41, 1901, dénonce les excès du réquisitoire dans sa première édition critique.
56 Déclaration du 15 novembre 1792.
57 Il demande le 2 août 1793 que Louis XII ne soit pas épargné et lui refuse le qualificatif de père du peuple ! Archives parlementaires, t. 70, p. 103.
58 Comme curé d’Embermesnil, il refusait le luxe dans son église.
59 James Guillaume, art. cit., p. 155-180 et 242-269. Serge Bianchi, « Grégoire et le concept de vandalisme », dans Langages de la Révolution (1775-1815), Paris, Klincksieck, 1995, p. 591-598. Rita Hermon-Belot, L’abbé Grégoire. La politique et la vérité, Paris, Seuil, 2000. Le récent colloque de Metz (2006) n’aborde guère cet aspect de la pensée de l’abbé.
60 Exemple parmi d’autres de Hans-Ulrich Seifert, « L’opinion publique allemande et le « vandalisme révolutionnaire de l’an II à 1815 », dans La révolution et le vandalisme, op. cit., p. 61-72.
61 Louis-Sébastien Mercier, Néologie ou vocabulaire des mots nouveaux, à renouveler ou pris dans des acceptions nouvelles, Paris, 1801.
62 Pour une réhabilitation historique du peuple vandale, voir Christian Courtois, Les Vandales et l’Afrique, Paris, 1955.
63 Gustave Gautherot, Le vandalisme jacobin. Destruction administrative d’archives, d’objets d’art, de monuments religieux, Paris, Bauchène, 1914. Il parle de 6 millions de documents détruits ! Serge Bianchi, « Le vandalisme révolutionnaire... », art. cit., p. 198.
64 « Une fois David évincé, la République des arts se retrouve sans direction réelle », Annie Jourdan, op. cit., p. 405.
65 André Chastel recense onze peintres émigrés et huit exécutions d’artistes (L’Art français […], op. cit., p. 29).
66 André Chastel lie les deux notions (ibid., p. 146).
67 Louis Réau, Histoire du vandalisme. Les monuments détruits de l’art français, Paris, Robert Laffont, 1984.
68 Jean Dumont, La Révolution, ou les prodiges du sacrilège, Paris, Critérion, 1984.
69 Voire aux idiomes et aux patois.
70 Enquête lancée auprès des services des Archives départementales dans le cadre du colloque de Clermont-Ferrand, op. cit., p. 102-120 et 127-129.
71 Serge Bianchi, « Terriers, plans-terriers et Révolution », dans Terriers et plans terriers (Paris, 1998), Rennes, Bibliothèque d’histoire rurale, 5, 2002, p. 309-324.
72 Parmi les exemples abordés à Clermont-Ferrand, la Bretagne (Yves Tripier, p. 147-156), le Nord (Christian Bonnet, p. 169-181), le Puy-de-Dôme (Jean-Pierre Fanget, p. 183-215), l’Allier (Elisabeth Liris, p. 217-228), la Provence (Marie-Hélène Froeschlé-Chopart et Régis Bertrand, p. 229-250), l’Ain (Louis Trénard, p. 251-261), l’Île-de-France (Serge Bianchi, p. 157-167).
73 Olivier Christin, « Les iconoclastes savent-ils ce qu’ils font ? Rouen 1562-1793 », op. cit.
74 Maurice Beurdeley, La France à l’encan, Paris, Taillandier, 1979.
75 Anne-Sylvie Benoit, Le « mot » et la « chose ». La question du vandalisme révolutionnaire dans le district de Saint-Malo, 1789-an III, Mémoire de Master, Université de Rennes 2.
76 Quelques exemples suggestifs dans les guides Flohic et les inventaires de la Direction du patrimoine (par cantons).
77 Gabriele Sprigath, art. cit., p. 529, note 41.
78 Discussion nuancée du concept chez Michel Morineau, La Révolution française et le vandalisme, op. cit., p. 400-410.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008